07 juillet, 2007

Soirée d'un socialiste ! Stéréotypes et préjugés !


Ce soir, j'ai eu une activité de jeune militant socialiste supporteur de Delanoë puisque pour la première fois de ma vie, je suis allé à la Cinémathèque française !

Lorsque j'ai connu mon épouse, elle était abonnée à Télérama. Autant vous dire que je n'ai eu de cesse que de la convertir à Télé7Jours, un journal convenable ! Télérama pour moi, c'était un peu l'antichambre du régime de Pol Pot. Dans mon cerveau étroit, on commençait par lire Télérama, puis on allait forcément à des soirées à l'ambassade d'URSS pour copiner avec des responsables de goulags, et enfin on adhérait au PCF, tandis qu'on ne séparait plus d'une photo de Pol Pot, Staline, Enver Hodja ou Mao, ou encore Kim Il Jong, ou tout autre grand démocrate de son choix. Télérama chez moi, c'était le ver dans le fruit.

Dans les faits mon épouse est cinéphile et amatrice d'expos ou autres sorties culturelles alors que je ne le suis pas et c'est pour cela qu'elle lisait Télérama. J'ai une épouse extrêmement intelligente, brillante et très cultivée. C'est la vraie parisienne d'origine contrôlée, qui n'a eu le permis de conduire que tardivement, qui connait tous les bus par coeur et qui profite pleinement de la vie culturelle parisienne. Je n'allais pas non plus épouser la dernière des connes ! Je suis gentil mais pas stupide ! A côté d'elle, je suis vraiment un gros plouc. Quelques soient les diplômes que j'aie pu amasser, et j'en ai des tas, et les gens que je fréquente, je connais des tas de gens connus, rien à faire, on distinguera toujours sous mon vernis mon extraction banlieusarde.

Pour moi un film, c'est sympa mais cela reste un passe-temps, rien de plus et j'ai du mal à crier au génie. Je préfèrerai toujours la littérature parce que je peux me faire mon film à moi dans la tête. Quant aux expos, n'en parlons pas, je n'y mets jamais les pieds, ce qui ne m'empêche pas d'avoir, comme vous le savez une culture encyclopédique. Mais pourquoi perdre son temps un samedi, faire la queue, payer, alors que le cul sur un fauteuil, il me suffit de taper une requête dans Gogol. Hein ? On se demande !

Tant et si bien que mon épouse est abonnée à la Cinémathèque française, ce qui veut dire qu'elle a une carte nominative qui lui offre tout un tas de possibilités, tandis que moi, non. Evidemment je n'ai pas de carte. La Cinémathèque française, pour moi c'était un peu le repère de socialistes cultureux, c'est à dire des nanas un peu désagréables et fringuées comme des sacs et des mecs aux cheveux, courts, avec des pattes, des lunettes à monture épaisse et des pulls ridicules près du corps. Tout à fait le genre d'endroit où je ferais tache. Voilà pour le stéréotype que j'avais vis à vis de la Cinémathèque.

Encore, quand elle était à Chaillot, je veux bien, mais là, paumée rue de Bercy, bof, ce n'est pas le genre de quartier que j'affectionne. Tout y est neuf et je me méfie de ce qui est neuf. C'est mon côté vieux con réactionnaire diront les plus mal intentionnés. Ceci dit, comme vous allez le constater, autant j'ai des avis nets et définitifs sur tout, autant je suis capable d'en changer, car sous des dehors de plouc je suis un type brillantissime et loyal.

Je décide d'accompagner ce soir mon épouse à la Cinémathèque afin de voir le film "L'inconnu de Las Vegas", dont le titre original est "Ocean's Eleven". Oui, la pouillerie avec Clooney, l'homme de chez Nespresso qui est nettement moins beau que moi, n'est qu'un remake d'un vieux film dans lequel joue toute la bande du Rat Pack : Frank Sinatra, Dean Martin, Samy Davis Jr, Peter Lawford et Joey Bishop.

C'est un film dont je possède l'affiche originale mais que je n'avais jamais vu. Cela m'intéressait puisque j'adore Las Vegas et qu'on y voit la ville telle qu'elle était à la fin des années cinquante, quand on fumait partout et que les femmes étaient belles avec des décolletés vertigineux et des talons aiguille. Me voici donc parti avec mon épouse vers la Cinémathèque. Bien que rempli d'aprioris sur la Cinémathèque, et la bande de socialos cultureux que je vais devoir côtoyer, j'avoue être surpris dès mon arrivée.

Le bâtiment est propre et original et les gens à la caisse sont sympas. La programmation est correcte et fait la part belle à ce que l'on nomme le cinéma commercial, c'est à dire les bons films. Il n'y a donc pas que des daubes françaises et imbitables comme je l'imaginais. De plus, il y a même un petit restaurant sympa et design avec une terrasse en plein air. Je suis donc agréablement surpris. De plus, c'est un truc privé même si j'imagine que les subventions publiques doivent couler à flot !

Bien sûr, je scrute parce que je n'aime pas avoir tort et je m'aperçois qu'il y a une écrasante majorité de gens normaux. Moi qui m'attendais à ne voir que des laiderons fringués comme des sacs étalant leur Libé et des nazes pseudo-intellos suffisants, je reste sur ma faim. Se pourrait-il que j'aie eu tort et que j'aie été victime de mon mauvais esprit ? Dans tous les cas, aucun t-shirt Génération Mitterrand ou Vote for Delanoë à l'horizon ! C'est suspect, je suis sur qu'ils en portent mais cachés sous leurs vêtements ! c'est traître un gauchiste !

La salle Jean Epstein, dans laquelle le film est projeté est jolie, propre et dotée d'un excellent matériel. Les gens sont calmes et polis. De plus, il est impossible de rentrer plus de cinq minutes après le début du film. Ainsi, vous n'avez pas les casse-couilles de service qui vous dérangent. Ce n'est pas un écran géant mais cela reste largement suffisant pour ce type de films. Le film en lui-même n'est pas un chef-d'oeuvre mais tant pis, je l'aurais vu et je pourrais jouer les malins quand on me parlera de Ocean's eleven. Je dirais, "Lequel ? L'original ou le remake ?". Et alors là, je sais qu'on me dira "Ah bon, il y en avait un avant ?". Et l'air de rien, je répondrai "ben oui, bien sur, il passe rarement mais on peut parfois le voir à la Cinémathèque".

Donc voilà, je l'avoue, j'ai été agréablement surpris et même moi qui n'aime pas vraiment le cinéma, je sais que j'y retournerai. Je me referai une sortie de jeune socialiste. Alors voilà, pour me faire pardonner d'avoir pensé plein de mal de cette Cinémathèque française, alors que je ne connaissais pas, je vous donne le lien : Cinémathèque française.


Addendum :
Bon, n'imaginez cependant pas que je rende les armes si facilement. En me baladant dans le bâtiment et en regardant les affiches et autres prospectus, j'ai constaté qu'il y avait aussi des tas de daubes cultureuses calamiteuses. Et enfin, mec qui était assis juste devant moi dans la salle, était grand, ultra mince, vêtu d'un pull près du corps, avait une coupe moderne à la con avec des pattes et portait une paire de lunettes avec de grosses montures en écaille et arborait un sourire suffisant. Dix contre un qu'il était socialo, il avait bien la tête en tout cas ! Désolé pour le stéréotype mais, à mon âge on ne se refait pas !

Addendum bis :
J'ai déjà réalisé un superbe article sur les notions de stéréotypes et de préjugés, merci de vous y reporter ! Il doit être, euh assez loin, et je n'ai pas le courage de le rechercher pour vos coller un lien. Sinon regardez sur Wikipedia !

3 Comments:

Blogger El Gringo said...

Psychotérapeute.blogspot.com, what else?

7/7/07 3:21 AM  
Anonymous Anonyme said...

vous l'avez vu en V.O. ? moi c'est en araméen que je le préfère ! faaaaaaaaa-bu-leux

8/7/07 3:42 PM  
Blogger Arnaud M. said...

Il ne faut pas oublier que la cinémathèque est un bâtiment de Frank Gehry, icône gauchiste s'il en est.

9/7/07 1:23 PM  

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