27 février, 2007

Gauchisme, Lénine, tolérance et autres notions !


« Lorsqu’on montre la lune du doigt à un imbécile, celui-ci regarde le doigt », nous enseigne un proverbe chinois. C’est un peu ce que fait un(e) lecteur(trice) dans un commentaire sur mon dernier article. Car curieusement, d’un aussi long article, traitant d’un tout autre sujet, ce(tte) lecteur(trice) n’aura retenu qu’un mot : gauchiste. Voilà donc le commentaire :

« Où s'arrête votre tolérance puisqu'il semble que votre tolérance soit mieux que celle des "gauchistes" ?
Vous prônez la plus haute tolérance pourtant en employant le terme "gauchiste", vous ne semblez guère apprécier et tolérer les personnes de gauche... et paaaaaaaf »

Si, j’ai employé le terme gauchiste, c’est à loisir, tel que l’a employé Lénine. En effet, La maladie infantile du communisme (le "gauchisme") est un livre de Vladimir Illitch Oulianov (dit Lénine), datant de 1920 et portant initialement le sous-titre suivant: « Essai de causerie populaire sur la stratégie et la tactique marxistes ».

Lénine y critiquait la stratégie aberrante suivie par une partie des communistes, promouvant l’abstentionnisme aux élections, en régime de démocratie. Il semblait incohérent et puéril à Lénine, qu’au nom d’une pureté de principes, il faille se priver des tribunes que représentaient des élections. Lénine, dans la lutte politique pragmatique imaginée pour prendre le pouvoir, ne désirait pas se laisser enchaîner par des pratiques qu’il jugeait idéaliste et contre-productives. Voilà, si un jour on m’avait dit que je citerais Lénine (beurk) ! Par « gauchisme », j’entendais donc une prise de position esthétisante et immature, digne d'un étudiant de première année de sciences humaines, bien loin des réalités pratiques observables lors d’une psychothérapie. Et Paaaaaaaaf !

Quant à la tolérance dont vous me parlez, ce mot issu du latin tolerare signifiant : soutenir, supporter. La tolérance se définit simplement comme le degré d'acceptation face à un élément contraire à une règle particulière. La tolérance est la capacité d'un individu à accepter une chose avec laquelle il n'est pas en accord, sont attitude face à ce qui est différent de ses valeurs.

La tolérance apparaît actuellement comme une des vertus cardinales de notre époque moderne, comme une véritable obligation morale. Elle semble être une conquête des Lumières sur l'obscurantisme religieux mais aussi un progrès lié à l’avènement de la démocratie.

La tolérance consiste à respecter le droit inaliénable de l'individu à penser conformément à ses propres convictions parce qu'il n'y a pas en effet de vérité, ou de principe transcendant absolu, et traduirait donc le règne du subjectivisme. Toutes les opinions se valent et tout le monde a le droit de les exprimer.

Cette conception moderne de la tolérance repose toutefois sur des contradictions, voire des paradoxes. Excellent slogan politique, le concept de tolérance se dégonfle face aux réalités des faits. Ainsi, il est curieux que le principe de tolérance se pose comme un absolu alors que ce même principe affirme qu'il n'existerait pas d'absolu. De même, la tolérance s’érige en universel alors qu'il résulte de la dissolution de l'universalisme. D’un côté on nie absolument l'existence de principes de morale et de justice universels, mais de l'autre on érige en absolu ce principe de relativité et d'équivalence qu'est la tolérance !

La tolérance est donc difficile à définir et à appliquer parce qu’elle porte en elle d’énormes contradictions. Ainsi, si la tolérance existe vraiment, on ne peut rendre compte de son essence puisque, pour le faire, on devrait faire appel à des présupposés universalistes que nie justement la tolérance pour quoi, il n’existe pas d’absolu .

De plus, la tolérance traduit son attitude comme étant le respect d'autrui, or le respect suppose une égalité de droit tandis que la tolérance sous-entend une forme de supériorité octroyée à celui qui tolère, et de ce fait une inégalité. En effet, celui qui tolère est celui qui veut bien consentir à supporter ce qui ne correspond pas à ses croyances. De la même manière, elle ne peut valoir comme un droit universel puisque, dans son essence - ne rien imposer, tout se vaut, il n'existe que des valeurs relatives - elle en est la négation. Bref, l’idée de tolérance est extrêmement vague dès lors qu’on cherche à l’étudier.

Le risque est donc que la tolérance devienne ainsi une attitude d'indifférence généralisée, voire de désintérêt ou de mépris de l'autre, dans laquelle un individu considère que toutes les opinions se valent. Elle traduit facilement une forme de confort de l'irresponsabilité et l'individualisme égoïste d'une société cherchant l'assouvissement de toutes les pulsions. Dès lors, incapable de se réfréner et de se contrôler, l'individu souhaitant devenir cohérent avec lui-même et ses travers, devient forcément tolérant, frôlant là aussi une forme de complicité. C’est aussi pour cela que j’avais employé le terme « gauchisme », au sens ou Lénine l’emploie, de maladie, infantile, le risque étant grand de considérer qu’au nom d’une sacro-sainte tolérance, l’intolérable soit toléré.

Si l’on souhaite aller plus loin, la tolérance n’est pas pour autant de l’indifférence, puisqu’elle est l'acceptation de la différence. Or l'indifférent n'a pas d’être tolérant envers qui ou quoi que ce soit. De même, la tolérance n’est pas forcément de l’indulgence, même si elle en partage certaines caractéristiques, qui est une disposition à la bonté, à la clémence et une facilité à pardonner.

Enfin, et j’insisterai sur cette notion, la tolérance n’est surtout de la complicité qui, elle, est une association active dans le mal. En ce sens, tolérer une situation, une conduite, parce que celle-ci fait notre affaire, est une complicité passive. Cette tolérance n’est plus de la tolérance mais un moyen d’obtenir un alibi, une excuse, un prétexte.

De ce fait, le terme « tolérance » que j’ai employé devient sans doute un abus de langage tellement ce terme est difficile à circonscrire. Dès lors il serait faux de dire que tolère tout au nom de cette tolérance. Je l’ai d’ailleurs expliqué dans les articles traitant de gypsophilie et d’acrotomophilie.

Ainsi, lorsque ces pratiques « déviantes » ou paraphiliques ont lieu entre adultes consentants, je suis tolérant, peut-être dans le sens d’une forme d’indifférence, n’ayant pas à m’immiscer dans des affaires privées, quelque soit mon sentiment sur lesdites pratiques.

Par la notion d'adultes consentants, j'entends ceux détenant la capacité de contracter, c'est à dire la possibilité de passer des contrats quels qu'ils soient, tel que le definit le Code civil dans les articles suivants :
  • Art. 1123 : Toute personne peut contracter, si elle n'en est pas déclarée incapable par la loi.

  • Art. 1124 : Sont incapables de contracter, dans la mesure définie par la loi :
    - les mineurs non émancipés ;
    - les majeurs protégés au sens de l'article 488 du présent code.

  • Art. 488 : La majorité est fixée à dix-huit ans accomplis ; à cet âge, on est capable de tous les actes de la vie civile.
    Est néanmoins protégé par la loi, soit à l'occasion d'un acte particulier, soit d'une manière continue, le majeur qu'une altération de ses facultés personnelles met dans l'impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts.
    Peut pareillement être protégé le majeur qui, par sa prodigalité, son intempérance ou son oisiveté, s'expose à tomber dans le besoin ou compromet l'exécution de ses obligations familiales.

Il était donc évident que ma tolérance a des limites et l’article 488 du Code civil est suffisamment large pour envisager tous les cas ou cette capacité de contracter serait empêchée. Par tolérance envers la paraphilie, il va de soi que les pratiques visées, doivent avoir lieu entre deux adultes consentants, c’est à dire majeurs et capables d’envisager les risques et les conséquences de leurs actes quels qu'ils soient.

Voilà pour la tolérance !

26 février, 2007

Norme et tolérance ! Réaction à mon article précédent !


Je suis content, très content, tel le boutiquier surveillant son chiffre d’affaires, je vois le nombre de mes lecteurs remonter. Alors que je plafonnais depuis trois semaines à 25/35 lecteurs par jour, hier il y en eut près de trois cents et aujourd’hui, à l’heure à laquelle j’écris vous êtes plus de deux cents à être venus lire ma modeste prose.

J’ai aussi eu certains commentaires. D’une part on me signale que parfois l’affichage fonctionne mal et notamment celui des illustrations. C’est sans doute du à votre navigateur ou votre système d’exploitation car, pour moi qui utilise Firefox, tout va bien.

Enfin, je voulais intervenir à propos du commentaire que m’envoie une certaine Isabelle et que je reproduis ci-dessous in extenso :
» […] Toutefois, au sujet de cet article. En tant que psy, ne trouvez-vous pas « anormal » d'être attiré par les femmes amputées ? C'est tout de même étrange et très bizarre. Je vous trouve trop conciliant pour un psy. En tout cas votre blog est sympa. »

Je remercie déjà cette lectrice de venir me lire mais aussi de prendre le temps de m’écrire un petit commentaire. Alors il semblerait que dans ce court commentaire, on me demande de me prononcer sur ce qui serait normal ou non. Et enfin, on me trouve trop conciliant dans l’article que j’ai rédigé à propos de l’acrotomophilie. Je vais donc répondre à ces deux points :


1 - En ce qui concerne la norme, rappelons ce qu’est une norme. Une norme (du latin norma, équerre, règle) désigne un état habituellement répandu ou moyen considéré le plus souvent comme une règle à suivre.

Ce terme générique désigne un ensemble de caractéristiques décrivant un objet, un être, qui peut être virtuel ou non. Tout ce qui entre dans une norme est considéré comme « normal », alors que ce qui en sort est « anormal ». Ces termes peuvent sous-entendre ou non des jugements de valeur. En philosophie, une norme est un critère, principe discriminatoire auquel se réfère implicitement ou explicitement un jugement de valeur.

La norme sous-entend forcément la notion de pouvoir car, pour qu'une norme, une règle de vie entre en vigueur dans une société, elle doit être acceptée par la majorité, devenant la loi du plus grand nombre, ou imposée par un pouvoir.

En matière sexuelle, puisque l’acrotomophilie traitait d’une attirance sexuelle, il est difficile de définir une norme. La norme, en tant que telle, ne signale que des pratiques courantes et majoritaires. Dès lors, l’homosexualité dans la Grèce antique est la norme et les unions hétérosexuelles ne sont valorisées que parce qu’elles permettent la perpétuation de l’espèce. Sinon, les femmes dont le statut est fortement dévalorisé, restent au gynécée, tandis que les hommes restent entre eux.. Le gynécée est le terme utilisé pour désigner l'appartement des femmes dans les maisons grecques et romaines. La zone dévolue aux femmes comporte les activités qui leur correspondent. La société issue de la civilisation grecque les confine dans des rôles liés au foyer. La pensée grecque les excluait des tâches intellectuelles.

De nos jours, malgré une forme de reconnaissance, l’homosexualité reste marginale et donc anormale, d’un point de vue statistique. Dès lors, que doit-on faire ? Rééduquer les homosexuels pour en faire de parfaits hétérosexuels ? Ou admettre qu’à la marge de la norme, définie uniquement statistiquement, existent des tas de pratiques sexuelles, dont la rareté n’entraîne pas forcément le fait qu’ils s’agissent de pathologies.

Je connais pour ma part des homosexuels à qui je pourrais délivrer un certificat de bonne santé mentale, alors que je peux recevoir des hétérosexuels dotés d’une personnalité pathologique. Dans le même temps un homosexuel pourra être paranoïaque, hystérique, ou que sais-je encore, tandis qu’un hétérosexuel pourra être exempt de toute personnalité pathologique.

Tout ceci pour vous dire que la norme ne m’intéresse pas particulièrement d'un point de vue professionnel parce qu’elle ne permet aucune objectivité diagnostique. La norme est avant tout une définition statistique et peut-être exploitée de la sorte. Peut-être existe-t-il, comme origine de ces attirances hors normes, une cause génétique ? C’est une piste vers laquelle on s’oriente.

Et donc ? Etre roux en France, c’est faire partie d’une minorité représentant environ 7% de la population, c’est donc anormal, par rapport au fait d’être brun, châtain ou blond, c’est génétique et ce n’est pas pathologique pour autant. Je ne me vois pas recevoir une personne rousse du fait de sa couleur de cheveux, sauf si de ce fait, elle a enduré des moqueries dont elle subi encore le préjudice. Si je devais rééduquer les roux, alors je pense qu’un coiffeur ou un coloriste seraient plus adaptés. Et encore, restera un type de peau spécifique, ne supportant pas le soleil et présentant parfois des éphélides. Dès lors, il faudra que le coiffeur s’adjoigne les services d’un dermatologue !

Ainsi, comme je le précisais dans cet article, et dans l’article traitant de gypsophilie, je peux traiter les conséquences psychologiques d’un état, tout en ne considérant pas l’état en lui-même comme étant pathologique. Curieusement, je constate que les personnes dotées d’un comportement hors norme, aspirent souvent à entrer dans la norme.

Soit, elles imaginent que le comportement qui les rend hors norme, est nuisible pour leur santé et peut-être éradique utilement, auquel cas, elles cesseront ce comportement anormal pour entrer dans la norme et par exemple le toxicomane deviendra non toxicomane.

Soit, il est impossible pour cette personne d’arrêter ce comportement hors norme, c’est le plus souvent le cas pour les attirances sexuelles, auquel cas, la personne créera un environnement plus favorable à son environnement, afin que son anormalité devienne la norme. C’est ainsi que les homosexuels auront leurs bars, leurs quartiers, pour bénéficier d’une forme de paix, tandis que les acrotomophiles (ou autres), développeront leurs réseaux sur Internet afin d’avoir un répit au sein d’une communauté ayant le même type de comportement.

Voilà ce que je peux dire de la norme.

2 – Ma lectrice me reproche aussi d’être trop conciliant. J’en profite pour rappeler qu’il existe des comportementaux anormaux sur lesquels je n’ai pas à me prononcer : chacun fait ce qu’il veut avec son cul. Je ne suis pas sergent recruteur pour le compte de l’Etat et mon métier ne me fait pas obligation de rendre les gens normaux en les rééduquant, mais de les rendre plus conscients et épanouis. J’ai trop vu de personnes malheureuses du fait de la norme pour verser dans ce genre de rééducation.

Pour répondre à ma lectrice, oui, je trouve que l’acrotomophilie est étrange et bizarre, et même anormale osons carrément le dire, du fait de son caractère phénoménal. Mais finalement, ce comportement n’est pas plus étrange et bizarre que d’aimer exclusivement les brunes ou les blondes, les petits seins ou les gros seins, les yeux bleus, les torses velus, les jolis pieds, les beaux culs, etc. Et je pense qu’on peut (et doit) unifier une société sur des valeurs autrement plus élevées, telles que la droiture, l’honnêteté, le sens de l’effort, que sur des critères d’attirance sexuelle que je trouve sans grand intérêt.

Dans les faits ce qui vous choque dans cette pratique, c’est qu’une personne puisse être attirée par ce que l’on nomme un handicap. En effet, votre jugement peut être obscurci par la vision que vous avez du handicap. Chère Isabelle, si pour vous, le handicap est quelque chose d’atroce, de monstrueux, et de laid parce qu’il vous impose l’idée d’un corps morcelé, dysfonctionnant, et cassé, dès lors vous discriminez en pensée les handicapés, et leur ôtez toute possibilité d’être aimés pour ce qu’ils sont ! Ou alors, vous imaginerez qu’on peut les aimer d’une manière platonique, à la manière d’un bénévole associatif regorgeant de faux bons sentiments, mais surtout pas d’une manière érotique, parce que pour vous, un corps hors norme, ne peut absolument pas être érotique. Avez-vous raison ou tort, c’est votre point de vue et je n’ai pas à me prononcer. Simplement, en décrétant l’acrotomophilie étrange et bizarre, n’oubliez pas que vous projetez uniquement votre conception de l’érotisme d’un corps. Vous édictez une norme sans pour autant être capable de me prouver la pathologie d’un comportement !

Et vous alors ? Plaisez-vous à tous les hommes ? Peut-être donnez-vous une érection de folie, à l’homme qui partage votre vie, tandis que vous laisserez d’autres hommes totalement froids, et pourtant vous êtes valide. Mais, même en étant valide, vous êtes finalement une handicapée pour d’autres hommes qui ne vous voient pas en tant qu’être érotique.

Ma profession, et ma formation dirai-je, implique le fait que je ne projette pas ma propre norme sur mes patients. Ne jamais projeter et rester perpétuellement objectif est certes impossible, toutefois, je m‘y emploie en ne jugeant pas moralement mes patients. C’est la base de mon métier. Mon jugement n’intervient que si je me retrouve face à un pervers, mettant en danger autrui, et je vous rappelle que le fait d’avoir une perversion sexuelle, que l’on nomme aujourd’hui une paraphilie, n’implique pas du tout, le fait d’être pervers. Voilà pourquoi je peux me montrer conciliant, c’est à dire légitimement tolérant et ouvert, dès lors que la personne n’est pas perverse.

De plus, je vous rappelle que le fait pour un homme de coucher avec une amputée ou un autre homme, ou par exemple, pour une femme de coucher avec un paraplégique ou une autre femme, n’est pas interdit par la loi. Et c’est tant mieux.

En conclusion, si je peux trouver des choses étonnantes, bizarres et anormales, mon métier et ma vocation m’incitent à ne pas les juger à l’aune de mes propres pratiques. Et je vous rappele que ces anormalités de comportement, sont le plus souvent de grandes souffrances pour les gens qui en sont affligés. Si vous me trouvez trop conciliant, alors je vous incite vous-même à vous montrer plus tolérante. Non pas tolérante de manière immature, bêbête et gauchiste idéaliste, en acceptant tout et n'importe quoi, mais simplement en admettant que les gens ne choisissent pas ce qu'ils sont et que parfois, changer est impossible.

Et pour conclure, une vidéo qui n'a rien à voir avec le sujet ! Mais comme ma télévision est restée allumée, j'entends la scène qui passe sur Télé Monte-Carlo, à l'instant ou je conclus cet article !



Je ne m'en lasse pas même si c'est stupide !

25 février, 2007

Ouf 10 000 ! Enfin ! Ouéééééééééééééé !


Bon, il s'agit d'un message sans grande importance si ce n'est que je me félicite d'avoir enfin atteint les dix-mille lecteurs malgré une baisse sensible du lectorat.

Je remercie donc l'ensemble de mes lecteurs mais aujourd'hui plus particulièrement les gypsophiles et acrotomophiles qui sont passés me voir aujourd'hui !

Il semble en effet que ces articles aient connu un certain succès.

Acrotomophilie, et hop on continue dans la paraphilie !


Alors je recommence ! En plus j'ai la pêche et je suis super concentré, vu que j'écoute Sambre et Meuse et la Marche Lorraine par l'orchestre de la Garde républicaine. Par contre, je me dis que pour les illustrations ce sera dur, or j'aime bien qu'il y ait des illustrations dans mes articles !

Donc, voici quelques jours, j’avais mis en illustration à la fin d’un article, la superbe prothèse de Heather Mills, ex Madame Mc Cartney. Certains d’entre vous, lecteurs assidus, vieux grognards fidèles qui me restez attachés en ces temps de disette lectoriale, telle la garde impériale, se sont étonnés de cette illustration de prothèse, qui tombait tel un cheveu dans une soupe, dans un blog dédié à la psychologie. Stop Ô mon trop impétueux et brillant sérieux ! J’arrête là cette digression et j’entame enfin la rédaction de l’article que je me suis promis d’écrire !

Voici deux articles, vous avez eu le bonheur extrême de lire un sujet consacré à la paraphilie que j’ai rédigé à propos des interrogations d’une lectrice.

Pour ceux qui n’ont pas suivi, la paraphilie est un terme en usage dans la psychiatrie américaine puisqu’il est évoqué dans le DSMIV et qui désigne toute conduite sexuelle déviante par rapport à une norme observable.

S’il est une paraphilie qui m’a toujours étonné, c’est celle qui répond au doux nom d’acrotomophilie. Elle m’a sans doute étonné, non du fait de son objet, mais parce que j’en ai pris connaissance, voici bien des années, à une époque ou Internet n’en était qu’à ses balbutiements, et ou moi même était sans doute benoîtement trop conforme pour imaginer qu’il puisse exister des attirances tellement hors normes et phénoménales ! J’en étais resté aux descriptions de Kraft-Ebbing, psychiatre allemand contemporain de Freud, dans son célèbre Psychopathia Sexualis mais n’étais pas allé plus loin. Je le confesse, j’étais alors un puceau de la connaissance en matière de perversions sexuelles, doublé d’un gros con suffisant, revenu de tout parce qu’il croyait tout connaître.

J’étais alors jeune et naïf et la vie, maîtresse cruelle et implacable, ne tarda pas à m’apprendre beaucoup de choses. Aujourd’hui, alors que mes tempes ont blanchi, et que le lourd soc de la charrue de la vie a buriné mon visage, je réalise combien je fus sot, même si je confesse que j’ai toujours été largement moins sot que les autres parce que je suis tout de même excessivement brillant.

Or voilà, que face à moi, et à mes folles prétentions m’incitant à croire que je savais tout, un individu m’avoua qu’il était attiré par un certain type de femme très particulier. Je n’avais jamais entendu parler de ce qu’il me conta et j’appris par la suite que sa paraphilie s’appelait l’acrotomophilie ! Je précise à ce point de mon exposé qu je fais exprès d’utiliser le terme paraphilie plutôt que perversion sexuelle, ce dernier terme me semblant détenir une connotation moralisatrice excessive eu égard au sujet traité.

Alors, me direz-vous, enthousiastes, et pris dans un suspens incroyable : qu’est-ce que l’acrotomophilie ?

L'acrotomophilie (du grec acro, extrémité ; tomo, coupure ; philia, amour de) est une paraphilie dans laquelle une personne souhaite avoir des relations sexuelles avec un partenaire amputé, étymologiquement donc, qui est attiré par un paternaire ayant un membre coupé. Sans doute, et là c'est le distngué helléniste qui sommeille en moi, eut-i mieux valu parler de Mélotomophile car mélos signifie membre tandis que acro signifie extrémité et on peut avoir une extrémité coupée sans être amputé (je pense à l'oreille) !

L'amputation peut être partielle et concerner n'importe quelle partie du corps. On notera toutefois que selon les personnes, il peut exister des attirances plus fortes en fonction du type d’amputation. C’est ainsi que si certains se sentent plus particulièrement attirés par les amputés d’un membre inférieur, d’autres au contraire privilégieront l’amputation d’un membre supérieur. Les particularités vont même plus loin puisque certains préféreront l’amputation de plusieurs membres, inférieurs ou supérieurs. Dans les faits, sachant qu’on peut amputer un bras ou une jambe, les deux, trois ou les quatre, à différents niveaux, toutes les combinaisons sont possibles !

Les acrotomophiles emploient un jargon technique au sein de leur communauté. Ce jargon est issu du vocabulaire technique employé aux USA par les prothésistes pour décrire les types d’amputation. C’est ainsi qu’une SAK, sera une « single above the knee », soit une femme amputée d’une jambe au dessus du genou. Une DAK, sera, elle, une « double above the knee », soit une double amputée fémorale bilatérale comme on dit chez nous. L’amputée du bras droit en dessous du coude, sera une RBE, ce qui signifie « right below the elbow ». On peut complexifier la chose, car si l’acrotomophile ne jure que les SHD, « single hip desarticulated », c’est que ses préférences iront vers une femme dont une des jambes a été désarticulée au niveau de la hanche. Enfin, il y aura les irréductibles des DAE, "double above elbow", soit amputée bilétarale des bras. C’est simple non, il faut juste connaître un minimum de vocabulaire anglais ! Donc admettons qu’être acrotomophile n’est pas forcément négatif, puisque c’est révélateur d’un don pour les langues et une occasion de progresser en anglais !

Plus curieusement, il semble que des préférences existent aussi entre les causes de l’amputation. Certains préfèrent les amputations traumatiques aux amputations congénitales, du fait de la présence d’une cicatrice sur le moignon. D’autres iront plutôt vers une amputation traumatiques que vers une amputation médicales (diabète, cancer,e tc.) sans doute parce que dans le premier cas, l’amputée en tant que victime d’un accident, est vécue comme une sorte de déesse ayant survécu à quelque chose de grave ayant instantanément bouleversé sa vie : c’est une femme idéalisée dans laquelle l’homme peut projeter une anima (je reviendrai sur ce terme) défaillante. Ces choix sont importants pour comprendre le patient.

Comme pour toutes les autres déviances, l’origine de celle-ci est totalement méconnue. Les acrotomophiles peuvent fournir différentes explications tendant à illustre la genèse de leur attrait, mais il s’agit d’explications finalistes, finalement assez peu intéressantes. Par contre, tous peuvent attester de souvenirs extrêmement précoces de personnes amputées dans leur entourage. Alors est-ce le fait d’avoir vu jeune des amputés qui prédisposera à l’acrotomophilie ou bien au contraire, est-ce l’acrotomophilie qui précède et fait que le sujet déjà très jeune parvient à isoler une personne amputée parmi d’autres et à s’y intéresser.

J’ai depuis rencontré de nombreux acrotomophiles, ayant entamé des psychanalyses, qui n’ont eu pour effet que de les soulager de leur argent, en enrichissant l’analyste, sans qu’il y ait de progrès notables dans leur connaissance des origines de leurs penchants. Je ne pense pas que l’on puisse expliquer d’où vient cette paraphilie. Sa genèse nous restera forcément inconnue. Tout au plus peut-on tenter de faire un portrait psychologique de celui qui en est atteint, ce que je ferai dans un futur article. Certains sont normaux tandis que d’autres pourront avoir des tendances pathologiques, guère différentes pourtant d’autres individus ne présentant pas ce type de paraphilie.

Encore une fois, lorsque j’ai reçu, à deux reprises, des personnes souffrant d’acrotomophilie ; j’ai été incapable de leur fournir la moindre piste certaine pour expliquer l’origine de cette déviance, mais nous avons pu travailler sur les conséquences psychologiques de cette paraphilie. Car ces conséquences sont immenses, et aussi importantes que le bouleversement provoqué chez l’adolescent qui entrevoit qu’il est homosexuel.

Quoique puissent en dire les belles âmes, la normalité s’impose dès le plus jeune âge et dès lors, être anormal, c’est sentir peser sur soi le regard réprobateur de la masse et être jugé que l’on soit roux, porteur de lunettes, trop petit, trop gros, trop maigre, homosexuel, attiré par les amputées, etc. C’est aussi endurer, en fonction de ladite anormalité, un mode de vie différent avec des difficultés inhérentes. Si j’ai pu apporter une aide, et je crois qu’elle fut efficace, c’est en travaillant calmement sur ces conséquences psychologiques, notamment en nommant les choses, en rappelant la définition de la normalité, en donnant des définitions claires, par exemple en expliquant qu’une perversion sexuelle n’implique pas le fait d’être pervers, etc. Car la plupart des personnes frappées d’acrotomophilie, devant l’aspect phénoménal de leur attirance, redoutent soit d’être pervers, soit au contraire d’être pris pou des pervers.

Dans les faits, lorsqu’ils expliquent les raisons de leur attirance, certains expliqueront qu’ils aiment ces femmes parce qu’ils ont envie de s’en occuper, de les aider, tandis que d’autres, au contraire fourniront des explications esthétiques, parant la femme amputée de tous les atouts, auprès de laquelle, une femme valide n’offre rien de comparable.

Je dois aussi préciser que je parle au masculin et que c’est un abus. Il existe aussi des femmes attirées par les hommes amputés, et cela ne semble pas rare. Mais l’aménagement particulier qu’une femme fait de sa sensibilité, et l’image que l’on a globalement des femmes, la rend sans doute moins vulnérable à la culpabilisation. Ainsi, si l’on voit une femme en compagnie d’un homme amputé, on mettra son choix sur le compte de l’amour, de sa propension à aimer au-delà de toutes les difficultés et elle apparaîtra en tant que sainte ou infirmière mais jamais comme individu sexué ayant des choix propres. A l’inverse, un homme vu en compagnie d’une femme amputée, risque d’apparaître suspect. On lui reprochera éventuellement son manque de goût et il subira de fait une baisse de sa virilité dans le fait que, pour beaucoup, il ait choisi une femme au rabais. Et dans le pire des cas, on le jugera bizarre, étrange voire pervers d’avoir choisi une telle femme. A moins que l’on se dise qu’il ait choisi cette femme pour son argent ou les avantages matériels qu’elle puisse lui prodiguer. Comme on le voit la parité n’existe pas dans le fantasme.


Comme pour la gypsophilie que j’exposait dans un article précédent, il faut là aussi faire la différence entre la perversion sexuelle t le comportement pervers :

  • Etre attiré par une femme amputée, parce qu’elle plait ainsi, quelles qu’en soient les raisons, est une simple déviance n’offrant aucun intérêt d’un point de vue psychopathologique. C’est comme préférer les brunes ou les blondes, c’est un choix, rien d’autre malgé le caactère phénoménal de ce type d'attirance ;

  • Etre attiré par la femme amputée, et généralement handicapée dans ce cas, parce qu’on l’imagine comme une proie facile et donc apte à satisfaire les goûts d’un prédateurs sexuel ou narcissique est un comportement profondément pervers. Et généralement, seront pathologiques, toutes les attirances dans lesquelles le partenaire est instrumentalisé et nié en tant que personne. Dans ce cas la vision du partenaire amputé devient monstrueuse et il n’existe pas de partage.< /li>
Le terme acrotomophile est rarement utilisé, les adeptes préférant s’appeler entre eux « devotee », terme anglais circonscrivant l’attirance pour le handicap et signifiant littéralement « passionnés » mais dont l’acception est plutôt « fétichistes ». Cette paraphilie semble ne pas être si rare et il existe une vraie communauté de devotees sur plusieurs groupes de discussion, sites et forums.

La littérature tout comme le septième art, ne sont pas avares d’exemples dans lesquels apparaissent des héros ou héroïnes amputés. Cette paraphilie n’est donc pas un épiphénomène mais par son ampleur et sa durée, s’inscrit comme un courant, une sorte de communauté d’intérêt inscrite dans l’histoire de tout temps.

Voilà ce que l’on peut dire aujourd’hui de cette étrange déviance, discrète et que l’on connaît peu. Dans leur immense majorité, les devotees, sont des gens normaux, hormis leurs goûts particuliers.

Et comme je suis et serai toujours un éternel optimiste, je trouve que la vie est bien faite. Si l’on considère que la vie, du fait de la maladie, des accidents, ou de la génétique, n’offre pas d’autre alternative pour certain(e)s que de vivre diminués et amputés, alors il est plutôt encourageant de considérer que d’autres les aiment ainsi.

Finalement, la pierre d’achoppement pour une femme amputée sera d’apprendre à être aimée pour ce qu’elle déteste en elle. Cela fera l’objet d’un prochain article.

Amputée, danse contemporaine et Beach-Boys !

Putain de digressions !

Scènes de vie, en Lorraine, chez Laurence ma chère D.A.

Voici quelques jours, j’avais mis en illustration à la fin d’un article, la superbe prothèse de Heather Mills, ex Madame Mc Cartney. Certains d’entre vous, lecteurs assidus, vieux grognards fidèles qui me restez attachés en ces temps de disette lectoriale, se sont étonnés de cette illustration de prothèse, qui tombait tel un cheveu dans une soupe, dans un blog dédié à la psychologie.

Or s’il est admis qu’on peut mettre des morceaux de pain dans la soupe, voire du vin rouge, pour faire chabrot, il est généralement admis qu’un cheveux dans la soupe est plutôt dégueulasse sauf si c’est son cheveux à soi. Sinon, imaginez un cheveu d’un quelconque cuisinier malpropre, un peu gras et orné de quelques pellicules translucides, nageant nonchalamment dans votre soupe, et vous admettrez que c’est immonde.

Alors pour les ignares ou les étrangers, « faire chabrot ou chabrol » consistait autrefois, avant de finir la soupe, à l'allonger avec un demi-verre de vin et, à même l'assiette, avant de la boire à petites gorgées. C'est un usage qui perdure encore. C’est ainsi que Laurence ma chère D.A., responsable des illustrations de ce blog, fait chabrot quand elle mange une soupe, parce qu’elle est provinciale. Et comme elle est lorraine, elle utilise du Gris de Toul, un vin blanc sec excellent, pour faire chabrot.

Pour ceux qui ne le saurait pas, le « Gris de Toul » que l’on nomme aussi « Côtes de Toul » est un vin blanc rosé dont la robe est teintée de gris, d’ou son nom. Il est produit sur les côtes convenablement exposées proches de la ville de Toul, située à l'ouest de Nancy, en Meurthe-et-Moselle.

Ces vins ont reçu un label AOC, le 31 mars 1998. L'Appellation d'Origine Contrôlée est limitée aux vignobles de Blénod-lès-Toul, Bruley, Bulligny, Charmes-la-Côte, Domgermain, Lucey, Mont-le-Vignoble et Pagney-derrière-Barine, soit un total d'un peu plus de 110 hectares de vignes.

Sur le plan gastronomique, le gris de Toul est un blanc très sec, considéré comme le vin s'associant le mieux aux plats lorrains typiques, comme la quiche lorraine le pâté lorrain ou la salade de pissenlits aux lardons. J’en profite pour remercier Laurence de m’en avoir ramené une caisse. Qu’elle sache qu’il sera apprécié avec modération.



Puisque j’en suis réduit à vous éduquer pour que vous ne perdiez pas le fil de ma pensée magistrale et emprunte d’une gigantesque culture, voici quelques précisions historico-géographiques. Toul est une commune, située dans le département de Meurthe-et-Moselle en Lorraine. Ses habitants sont appelés les Toulois. Toul est située sur la Moselle, à l'ouest de Nancy, dans une cuvette formée à l'ouest par les côtes de Meuse (appelée côtes de Toul, du nom du vin du même nom comme je le précisais plus haut) et à l’est par les côtes de Moselle.

Toul fut fortifiée par Vauban, puis intégrée dans le système de défense de la France face à l'Est, depuis la moitié du XIXe siècle. Assiégée, elle dut capituler devant les troupes prussiennes lors de l'invasion de 1870. Ce fut à nouveau le cas en 1914 et 1940, où la ville et ses monuments subirent des dégâts très importants. La restauration de ses monuments est lente en raison des coûts trop élevés pour être supportés par la seule ville elle-même. Cependant, depuis 2001, des efforts considérables sont entrepris avec l'aide de l'État et des collectivités régionales et départementales pour accélérer ce programme de restauration de la Ville et de la cathédrale en particulier.

La cathédrale Saint-Etienne de Toul

Avec tout cela, vous aurez appris des tas de choses sur les coutumes françaises, le patrimoine viticole, et la Lorraine, mais je n’ai toujours pas rédigé mon article.

Il faut toujours que je fasse des digressions ! Normal, mon cerveau puissant toujours ne constante ébullition ne peut se reposer une minute. Parfois je vous assure que j'aimerais être normal ! C’est comme pour ma manière d’écrire. Avez-vous noté, le nombre de mises en appositions et de subordinations relatives, que j’utilise ?

Alors pour les ignares en grammaire, sachez qu’une mise en apposition permet de qualifier un nom tandis que la subordination relative permet d'intégrer à la phrase une proposition qui a un (pro)nom en commun avec elle.

«Philippepsy, psychothérapeute génial, dont la prose enchante chaque jour des centaines de lecteurs, publie un blog, que l’on s’accorde à considérer comme étant le meilleur du monde ».

En rouge, voilà un exemple de mise en apposition tandis qu’en bleu, ce sont des propositions subordonnées relatives.

Maintenant que j’ai fait une énième digression du côté de la grammaire, promis, je rédige tout de suite un article qui vous permettra de comprendre pourquoi j’ai mis la prothèse de Heather Mills, charmante amputée, comme illustration !

Gypsophilie, paraphilie et autre !

Inaugurons maintenant une série d'articles plus décalés, traitant toutefois de psychopathologie, puisque je dois absolument dépasser la barre des dix-mille lecteurs. Pour cela intéressons-nous à la paraphilie.

Voici quelques temps une lectrice m’a adressé le texte suivant sur mon mail en m’autorisant expressément à le reproduire ici :


« Depuis ma tendre enfance, je suis en admiration devant les personnes plâtrées que je vois marcher en béquilles. D'où me vient cette admiration ? Difficile de l'expliquer avec précision mais pourtant je sais que cela est avant tout une question de sensibilité.

J'adule la fragilité qui est conférée par le plâtre, c'est ce qui touche de prime abord ma sensibilité. En voyant un superbe plâtre lisse et blanc et de jolis orteils dénudés au bout de ce plâtre, je parviens à en déduire immédiatement si cette personne est dotée ou non de sensibilité, de force et fragilité, de sensualité.

Depuis de nombreuses années, je me surprends également à rêver d'avoir une jambe plâtrée et marcher en béquilles.

En plus de ma sensibilité, cela stimule également ma sensualité jusqu'à faire naître des pensées érotiques. Pour moi, il n'y a rien de plus sensuel et attendrissant que de laisser ses orteils nus au bout du plâtre. En avouant cela, je ne pense pas faire preuve de cruauté ou de sadisme. L'idée de souffrance me fait horreur mais lorsque je vois quelqu'un avec un membre plâtré, ma sensibilité canalisée par une étrange et puissante force intérieure galvanisent mon envie de me montrer protectrice, encore plus tendre et câline. Si j'imagine être plâtrée, je rêve de caresses douces et sensuelles, de jeux érotiques, également d'être noyée d'amour.

J'ai longtemps laissé ce rêve enfoui en moi car je ne me comprenais pas vraiment et avais peur d'être un peu dingue. A certains moments difficiles de ma vie, je rêvais d'avoir de très graves fractures et un plâtre pendant de longs mois afin que la vue de mon plâtre m'accorde un peu de répit, comptant sur l'empathie et la compassion de mon entourage. J'étais parfois à deux doigts de me jeter dans les escaliers ou même prendre ma voiture pour m'encastrer dans un mur. La raison reprenait toujours le dessus et je ne pouvais me résoudre à ces actions qui apparaissaient à mes yeux comme de la faiblesse, voire de la lâcheté.

Puis j'ai rencontré une amie avec qui j'ai pu parler librement de tout cela. Elle est psychologue et m'a beaucoup aidé à me connaître et me comprendre. Je sais que je ne suis ni dingue ni névrosée et parle volontiers de cela avec les personnes qui partagent les mêmes affinités que moi. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous déjà eu des cas similaires ?»

***

Alors qu’en dire ? Tout d’abord, que ce n’est pas bien grave et que j'ai eu quelques très rares cas de personnes ayant ce genre de penchants dans mon cabinet. A moins d’imaginer qu’il existerait un être humain normal, ne faisant que des choses normales, n’ayant que des attirances normales, vers lequel on doive tendre, force est de constater, que tout le monde a des zones d’ombre sans que cela ne soit forcément grave. Dans les faits, ce sont plus souvent les conséquences psychologiques qui sont à redouter, que les zones d’ombre elles-mêmes.

Alors déjà, en psychopathologie, il va falloir nommer ce dont souffre cette demoiselle. Quel nom donner à cette curieuse attirance ? Déjà il s'agit d'aimer le plâtre ! Alors, le plâtre médical, comme tous les plâtres, quels qu’ils soient, est réalisé à partir de gypse, roche sédimentaire abondante, que l’on broie finement et dont on ôte les impuretés. L’étymologie du mot gypse, étant gypsum en latin, lui même issu du grec gypsos, c’est cette dernière racine que je garderai. Puisque la demoiselle aime le plâtre, je rajouterai le suffixe grec philos, signifiant aimer, et me voici l’auteur d’un nouveau terme : la gypsophilie.

Reste maintenant à quoi rattacher ce terme que l’on ne peut décemment laisser isolé. Dans la mesure, ou il est teinté d’une forme d’érotisme et qu’il est peu courant, voire anormal, par rapport à la sexualité classique, on pour rattacher la gypsophilie à la catégorie des paraphilies.

Mais avant de poursuivre sur la paraphilie, je m’arrête un instant pour conclure sur le cas de cette jeune femme en lui disant qu’a priori, ce qu’elle évoque n’est pas d'une grande gravité. Compte tenu de mon expérience clinique de ce type de comportements, je suis prêt à parier, que cette jeune femme doit avoir un abord extrêmement froid et masculin tandis qu’elle doit être en réalité hyper sensible.

J’imagine que si elle a une famille, soit on s’est désintéressé d’elle, au motif qu’on a toujours imaginé qu’elle s’en sortirait seule du fait de ses capacités ou parce qu’un membre de la fratrie mobilisait trop ses parents. Ou alors, elle peut ne pas avoir eu de famille proche, ce qui fait que dans des moments de crises, personne ne lui ait venu en aide l’obligeant toujours à ne compter que sur elle-même. Dès lors j’imagine que ce fantasme du plâtre intervient de manière symbolique pour faire comprendre aux autres sa souffrance et son besoin d’être parfois prise en charge par autrui. De plus je l’imagine plus intelligente que la moyenne et sans doute enfant précoce ou surdouée. Son fantasme en lui-même ne pose aucun problème. Toutefois je l’engage pour vivre mieux à canaliser sa sensibilité de manière à faire coïncider son apparence comportementale avec son intimité psychologique, ce que Carl Gustav Jung aurait appelé intégrer son animus (Je ferai un article sur ce sujet).

Voilà ! Vous aurez noté au passage, combien je suis balèze en profilage ! Si le FBI recrute et qu'ils ont les moyens pour s'attacher les services d'une star, qu'ils me contactent !

***

Mais puisque j’ai évoqué le terme : qu’est-ce qu’une paraphilie. Hein, qu'est-ce donc que cela vous demandez-vous ?

La paraphilie est un terme utilisé dans la psychiatrie américaine puisqu’il est évoqué dans le DSMIV et qui désigne toute conduite sexuelle déviante. Le terme de paraphilie peut donc désigner, suivant qu'on l'emploie dans le sens fort ou faible, soit toute pratique sexuelle différente de l'acte sexuel hétérosexuel le plus classique (la pénétration du pénis dans le vagin).

Les paraphilies sont ce que l’on a coutume d’appeler des perversions sexuelles. La pertinence clinique de ce terme est difficilement opérante dans la mesure ou il fait référence à des pratiques difficilement observables et donc méconnues et surtout non quantifiée statistiquement. Or avant tout, la normalité et une affaire de statistiques. De plus, l'être humain, étant capable d’avoir des rapports sexuels en dehors des chaleurs des femelles, il semble logique qu’il utilise son néo-cortex sophistiqué, pour faire fonctionner sa machine à fantasmes. Dès lors déclarer que tel fantasme relève d’une pathologie mentale est difficile.

Si la seule attirance ou le fantasme paraphilique n'est généralement pas condamnable dans les sociétés modernes, surtout en occident, les actes que peuvent induire certaines paraphilies sont souvent réprimés par la loi. En règle générale, on admettra que toute relation sexuelle, quelle qu’elle soit, réalisée entre adultes consentants est admise.

De ce fait, on admet qu’une paraphilie existe quand la condition spéciale est toujours nécessaire. De ce fait, une personne qui est aussi capable d'avoir des relations avec quelqu'un qui ne possède pas la caractéristique particulière n'est pas un paraphile, il a simplement une préférence sexuelle.

Dans les manuels et publications médicaux et psychologiques, le terme « normal » signifie « habituel », c'est à dire, qui appartient à l'état de la majorité définie d'un point de vue statistique. Le terme "normal" ne signifie pas nécessairement « bien » ou « bon », mais est employé simplement pour dénoter ce que la plupart des personnes sont ou font. La paraphilie est donc une activité sexuelle « anormale ».

Un paraphile se distingue par une préoccupation liée à un objet ou un comportement au point d'en dépendre totalement pour parvenir à une satisfaction sexuelle.

Par exemple le fétichisme, masochisme, voyeurisme, exhibitionnisme, etc., sont des paraphilies.
Le terme reste toutefois à employer avec prudence car souvenons-nous que jusqu’à une date récente l’homosexualité était une paraphilie et donc une perversion sexuelle et présente telle quelle dans le DSM.

De toute manière, la paraphilie dès lors qu’elle ne contrevient pas à la loi (comme la pédophilie dans laquelle je rappelle que l’enfant n’est pas consentant) , est avant tout une affaire privée. Pour ma part, chaque fois que j’ai été confronté dans mon cabinet à une paraphilie, la personne était venue :

  • Pour comprendre l’origine de cette pratique sexuelle ;

  • Parce qu’elle endurait des conséquences psychologiques de cette paraphilie qui la plaçait en dehors d’une forme de normalité et les amènent à considérer qu’ils sont pervers ;

  • Parce que l’intensité de la paraphilie était parfois telle, que la recherche de son assouvissement, en faisait un handicap social ;

Alors si nous reprenons les trois points suivants, nous pouvons tenter d’apporter des réponses :
D’où viennent les paraphilies ? Alors là, on se perd en conjectures même si mes confrères psychanalystes adorent ce genre de recherches ! Comprendre comme s’est élaborée la paraphilie me semble non seulement impossible mais aussi sans grand intérêt. C‘est aussi dénué d’intérêt que si vous demandiez à votre généralise préféré de savoir où vous avez attrapé votre rhume !

Les conséquences psychologiques de la paraphilie sont des éléments pertinents qui amènent un individu à souffrir et éventuellement à consulter un psy. Toutefois, Internet en rendant possible le partage de différentes pratiques a brisé la solitude de l’individu paraphile en lui permettant de comprendre qu’il n’était pas seul à avoir ce type de préférences. J’avais déjà évoqué cela dans l’article intitulé « Aux pieds des femmes ». De ce fait, savoir que son penchant est partagé par des milliers d’autres personnes, dilue la culpabilité.

A ce titre il ne faut pas confondre la perversion sexuelle (terme que je trouve abusif) et le comportement pervers ! Ainsi, si l’on reprend l’exemple de cette lectrice gypsophile m’ayant amené à rédiger cet article, on peut faire le distinguo suivant :

  • Soit on apprécie les personnes plâtrées, parce qu’elles sont touchantes et permettent de mobiliser utilement une hypersensibilité généralement occultée, auquel cas, cela n’a rien de grave. Amusez-vous, épousez un(e) handicapé(e) et vivez heureux(se) ;

  • Soit on appréciera les personnes plâtrées, parce qu’elles sont vulnérables physiquement et deviennent dès lors des proies destinées à combler les appétits dignes d’un prédateur sexuel. Dès lors, ce n’est plus le plâtre qui motive le paraphile mais la vulnérabilité. On sort donc de la perversion sexuelle pour entrer de plain pied dans un comportement pervers et c’est fort différent !

Parfois, l’intensité de la paraphilie est intense et amène un individu à être le sujet de pulsions le rendant particulièrement dépendant de sa paraphilie. J’ai pour ma part observé que l’intensité de la paraphilie était directement liée au stress qu’endurait l’individu. Dès lors, la paraphilie ou plutôt le moyen de l’assouvir est une manière de combler plus ou moins le vide d’une vie, de trouver un sens dans des périodes de stress intense, ou simplement de « s'occuper » ou de « se remplir » ! Faire en sorte que l’individu puisse de nouveau agir sur son environnement permet de faire baisser l’intensité de la paraphilie.

On peut aussi rajouter que la paraphilie dès lors qu’elle augmente démesurément devient une dépendance sexuelle et pourrait être un moyen de calmer la souffrance au même titre que tout autre dépendance comme l'alcool, la boulimie, la drogue, etc. Entre un réel difficilement acceptable et lui, l’individu déciderait d’intercaler sa paraphilie qui agirait comme un filtre gommant les moments les plus durs de l’existence. Certains confrères pensent qu’une pourrait être semblable à de l'automutilation, une façon de se punir soi-même et de se rabaisser pour ce que l'on est ou ce que l'on n'est pas, mais je ne partage pas cette thèse.

***
Pour conclure, je pense qu’il est impossible de guérir ou de soigner quelqu’un d’une paraphilie et que la plupart du temps ce n’est pas souhaitable lorsqu’elle n’est qu’une simple perversion sexuelle mettant en œuvre deux adultes consentants.

Bien sur cela pose le problème de paraphilies particulièrement préjudiciables telles que la pédophilie ! En outre, on peut aussi avoir à faire à des individus particulièrement pervers, dans les jeux sexuels desquels, l’autre est instrumentalisé et éhontément exploité. Il s’agit alors de sociopathie et l’on entre alors dans une problématique différente car certains de ces individus outre leur perversion sexuelle, seront eux-mêmes de grands pervers sans aucun sens moral.

L’instinct sexuel et ses représentations semblent telle profondément ancrés dans la psyché de l’individu, que toute thérapie semble généralement inefficace. Dès lors rien n’existe pour ces grands pervers. De toute manière, et la psychopathologie criminelle le prouve, on ne peut faire naître une conscience chez quelqu’un qui n’en possède pas.

Ne confondons plus, les perversions sexuelles, qui n'engage que deux adultes consentants, et la perversité qui est quelque chose de gravissime !

24 février, 2007

Intermède musical ! Quelques marches militaires pour se revigorer !

Quand on n'a pas la pêche, qu'on a du mal à se lever, de la difficulté à travailler, on peut bien sur venir me consulter. Pour un tarif tellement peu onéreux qu'il fait rire, je saurais vous remettre sur pieds en un rien de temps. Mais on peut aussi écouter une bonne marche militaire pour se donner la pêche. Moi j'adore ça. Alors rien que pour vous, en voici une !

Cette marche célèbre, Stars and stripes for ever, fut composée par John Philip Sousa (1854-1932), américain d'origine portuguaise (photo ci-dessus). Ce fut un compositeur et chef d'orchestre de la fin de l'époque romantique, extrêmement connu pour ses marches militaires. Celle que je vous propose est la marche militaire américaine par excellence. Nul film historique dans lequel elle ne figure !

Alors pour l'illustration, je vous propose cete sympathique vidéo. Stars and Stripes for ever est interprété par la musique du US Marine Corps, malheureusement tronquée puisqu'elle ne fait que 1mn31 au lieu d'environ 4mn30. Quant à la chorégraphie, c'est une interprétation très libre mais plutôt bien foutue !



Bon si d'aventure, j'avais quelques lecteurs américains que j'aurais choqués avec cette vidéo irrévérencieuse, voilà la version non tronquée de la marche avec plein de belles photos patriotiques comme ils les aiment ! En bonus, si vous aviez trop la pêche, vous aurez même la sonnerie aux morts pour vous calmer !



Pour honorer la France, j'aurais bien mis Sambre et Meuse, mais rien à faire, ça n'existe pas sur Youtube ou Daily Motion et sur Blogspot, on ne peut pas mettre de fichier son. J'en profite pour dire que je dédierai un article dythirambique à celui qui saura mettre Sambre et Meuse sur Youtube. Alors pour ne pas privilégier uniquement le nouveau monde, voici de la cornemuse écossaise ! La marche militaire s'appelle Scotland the brave.



Bon et l'aspect psychologique dans tout cela ? Euh, disons que cet article est un vibrant plaidoyer pour une plus grande tolérance puisque dans la première vidéo, on voit un extraterrestre danser avec des êtres humains, dans la seconde vidéo, des alliés que tantôt on déteste, tantôt on aime, tandis que dans la dernière vidéo, on comprend que les hommes peuvent parfois aussi des jupes sans être forcément ridicules.

22 février, 2007

Message privé ! Je vais mieux !


Message privé adressé à mon filleul préféré.

Je lui rappelle d'une part qu'il est mon filleul préféré, parce que je n'ai que des filleules. Qu'il ne se fasse donc pas d'idées fausses parce que je l'appelle mon filleul préféré. C'est d'ailleurs assez chiant les filleules, notamment au moment des cadeaux ! Choisir une poupée ou un jouet à la con chez Toy's R Us relève de l'exploit ! Et plus elles grandissent, plus elles veulent des trucs chers ! Mon filleul, lui, veut des trucs sympas, genre table de poker. Il est totalement dépravé ! Je ne sais pas où il est allé chercher de tels exemples !

Mais trève de digression, je voulais lui faire remarquer que cela fait longtemps que je n'ai pas parlé de tabac ni de décret liberticide !

Qu'est-ce que je suis gentil non ? Encore un peu, et je vais finir par croire que les élus sont des gens honnêtes qui veulent notre bien ! Et subsidiairement que Coluche est réellement mort dans un accident fortuit de moto !

Ce qu'il ya de bien avec la normalisation, c'est qu'on est zen, on est bien.

Comme dans un bois !


Cela fait longtemps que l’on me dit que je ne suis pas cher, c’est à dire que mes honoraires sont plutôt moins élevés que ceux pratiqués par mes confrères.

J’ai toujours appliqué ce qui me semblait raisonnable et pour les patients et pour moi, et ne me suis jamais soucié de vérifier les tarifs pratiqués par la concurrence. C’est une faute impardonnable, dans la mesure où la thérapie est un marché comme un autre, malgré les particularités de notre métier. Si je sais parfaitement situer mes compétences, le niveau de mes résultats ainsi que mes limites, il est idiot de ne pas pouvoir me situer « économiquement ».

Deux amies qui me parlaient de cela, se sont proposées d’auditer des confrères afin de connaître la réalité des honoraires pratiqués par la concurrence. L’une s’est chargée de Paris et l’autre d’une grande ville de province. Chacune a appelé dix confrères psychologues ou psychiatres.

Les résultats sont éloquents ! Tandis que cette fameuse loi, votée à l’initiative du député Accoyer, souhaite éliminer les charlatans, il semblerait qu’il eut mieux valu appliquer les règles déjà existantes, afin d’éradiquer les escrocs. Car le moins qu’on puisse dire, c’est que l’opacité règne.

En gros, mais je ferai un tableau chiffré précis plus tard, pour obtenir dix psys, il faut passer vingt coups de téléphone. Sans doute que certains sont en vacances ou tout bonnement en séances et ne peuvent être dérangés.

La prise de contact était simple puisqu’il s’agissait d’une demande de rendez-vous pour des symptômes dépressifs. Si le psy était disponible, chacune demandait alors le montant des honoraires par séance ainsi que la durée de la séance. C’est une question simple à laquelle j’aurais répondu : « De 45€ à 65€ en fonction de vos possibilités, pour une séance de 1 heure, sachant qu’une thérapie, en fonction des problèmes, prend de 3 mois à un an ». Voilà, c’est clair et sans appel mais manifestement pas pour tout le monde. Sur les dix confrères qui ont été contactés, à Paris ou en province :

  • 1/3 des confrères interrogés n’a pas souhaité répondre, arguant du fait que cela se discutait lors du premier rendez-vous - c’est l’habitude en psychanalyse - pour une moitié d’entre eux. L’autre moitié s’est révélée méfiante et a cru qu’il s’agissait d’une enquête journalistique ! Et donc ? Si l’on a des honoraires clairs, on les communique, fut-ce à la presse ou pas ?! Mais tous ont donné rendez-vous pour le jour même ! Les cabinets doivent être sacrément vides, ce qui ne m’étonne pas avec une telle opacité financière. Il est fini le bon temps où c’était la mode de se faire psychanalyser pour figurer dans le club des intellos mondains.

  • 1/3 des confrères interrogés ont donné directement le montant de leurs honoraires et la durée de la séance. Les honoraires s’établissent entre 45€ et 75€ pour des durées allant de 20mn à 45mn. J’en déduis que je pratique des honoraires ridicules.
  • 1/3 des confrères interrogés étaient des psychiatres. Dans ce cas, ils annoncent généralement 45€ par séance de 30mn pris en chargé par la sécurité sociale, sachant que tous réclament une partie additionnelle d’honoraires. La sécu a bon dos, puisqu’on attire le chaland en faisant raquer la communauté mais se réservent bien sur une petite part en plus pour eux, que le patient sera amené à verser soit en liquide soit par chèque. Dans ce cas, il a été impossible de connaître le montant de ce dépassement d’honoraires.
Voici donc le résultat de ce premier sondage. Bien entendu, l’échantillon n’ayant pas été testé, c’est à titre indicatif que je fournis ces résultats. Il ne s’agit en aucun cas d’un état des lieux de la profession. Reste à savoir si la tendance observée se précisera dans les futurs sondages.

Quoiqu’il en soit, je ne m’étonne pas de la réputation que les psys peuvent avoir. Lorsque j’entends parler de ma corporation, les mots qui reviennent sans cesse sont : à moitié dingues, escrocs et incompétents. Sympa non ? Il n'y a guère que les assureurs, les garagistes et les plombiers qui nous dépassent. Et encore, eux on ne leur reproche pas d'être dingues !

Voici quelques mois, j’étais allé voir un forum, sur Doctissimo je crois, qui parlait de thérapie. Une discussion avait été initiée au sujet des honoraires pratiqués et la révolte grondait. La tendance nette des consommateurs qui fréquentaient ce forum, était dire que nous étions des salauds et des escrocs. Si les expériences relatées sur ce forum sont vraies, alors c’était un vrai désastre.

Ce petit sondage, bien qu’encore une fois, il n’ait rien de scientifique, me permet de comprendre la colère de ces internautes.

Adieu Paris !

Voici un texte qui n'a pas grand chose à voir avec le blog mais qui me touchait particulièrement. J'adore Paris et j'y ai toujours vécu. Ces dernières années, je n'y viens que pour travailler ou alors, je ne me risque plus hors de certains arrondissements, tellement le reste m'affige. Paris s'est affadie, boboïsée, a changé, s'est enlaidie, à un tel point que l'on croirait une ville de province un peu ringarde. Même Las Vegas a plus d'authenticité ! Il m'aurait été difficile d'écrire un texte qui puisse réfléter exactement ce que je pense de la modification de cette ville que j'adore. Par miracle, j'ai trouvé un texte auquel j'adhère totalement sur le site satirique "Le perroquet libéré", toujours très amusant à lire. Ce qui est étonnant, c'est qu'un tel texte soit paru dans le journal moribond Libération ! Je vous fais un copier-coller dudit texte :


La destruction de Paris

Tribune de Michel Deguy, écrivain, universitaire et directeur de la revue Poésie, publiée dans les pages Rebonds de Libération, le 24 janvier 2006.

En gelant la circulation, la mairie a instauré un «couvre-vie» sur la ville.

"Paris n'est plus une très grande ville. C'est une agréable cité, qui ressemble à un gros bourg paisible. Souvent le soir, traversant le boulevard Saint-Michel ou le Saint-Germain, à l'heure où Londres, New York grondent, j'aperçois un bus ou deux, vides aux trois quarts, trouant la nuit; quelques piétons se hâtent chez eux, comme dit le romancier. Les rez-de-chaussée commerciaux ont mis la veilleuse. Les surgelés Picard grelottent. Les SDF déplient leur couchage de carton.

J'accuse la mairie de Paris d' «entrave à la circulation», délit punissable.

Ils ont voulu la province ­ le tramway obsolète, la plage ou la pétanque, la piétonisation villageoise, les maraudes ou les parcages des gros autocars touristiques, les quartiers chichi, les foires à brocante et à charcuterie.

Le commerce a horreur du vide? Qu'on lui donne (?) les grandes places et les larges trottoirs; couverts à chaque fête (c'est tout le temps) de baraques de bois accolées où les crêpes, boudins et autres pots d'étain, attisent la convoitise de l' occasion. La fripe a rasé la librairie au Quartier-ex-latin; la plus-belle-avenue-du-monde (sic) est affermée par la boutique.

Faute d'agrandir Paris en annexant la banlieue, on a transformé Paris en banlieue. Huit millions d'urbains sont traités de, et en, banlieusards; et les intra-muros, ces malheureux deux millions immuables bouclés à jamais dans leur ceinture et leur périphérique, obéissant à une poignée de dogmatiques omnipotents, subissent, paralysés, une transformation dévastatrice de leur Ville. On a détruit les grandes et belles avenues, jadis à la fois encombrées et rapides, les voici découpées en couloirs incompréhensibles, obstruées de trottoirs médians au profit de sinistres allées centrales avec leurs arrêts de bus en guérites-miradors au milieu de la chaussée. Partout les panneaux contradictoires, les Decaux exhibitionnistes, les interdictions peintes sur le bitume. La ville fléchée à mort se traîne.
Montparnasse, Port-Royal, Gobelins, Saint-Marcel, Rivoli, Magenta, Sébastopol, Jean-Jaurès, l'axe Pigalle-Père-Lachaise, des kilomètres d'autres voies étranglées. Tout doit s'enfiler dans une interminable queue leu leu monomaniaque d'un exode harassé. A contresens, ils ont réussi cette prouesse d'installer à la fois la thrombose latérale et le vide central, le bouchon et le désert! Les deux mauvais opposés se gênent, conjuguant le pire, au lieu que les deux beaux contraires associés s'ajointent, la «spaciosité» avec l'animation. Dans la rue du Bac, un de nos rares axes Nord-Sud, et qui va se rétrécissant du Saint-Germain à la Seine, il n'y avait que deux files, et déjà saturées; on vient d'en supprimer une, en «autorisant le stationnement à seule» fin d'enrayer plus encore le débit!

A-t-on augmenté le nombre des taxis et des bus? Nullement. A Londres, ils se touchent; à New York on ne voit qu'eux. Ici on les cherche. Il n'y a que le métro qui fonctionne bien, où l'on s'entasse. Tout ça pourquoi? Pour les vélos, les rollers, le jogging. Ils remodèlent Paris pour le dimanche des cyclistes et des familles. Pour cent vélos et quelques patins, ils vont fermer les voies sur berge et rêvent de «piétonniser» la Concorde. Le piéton roi a la priorité absolue, ce monstre légal, cette faute de jugement.

Est-ce au nom d'un principe de réalité? Au contraire. Ni de plaisir. Parce que le Parisien n'est pas, et ne veut pas se faire, cycliste. Le Parisien n'est ni hollandais ni chinois. C'est dommage mais c'est comme ça. Premièrement il a «peur»; il croit que l'automobiliste veut sa mort. Deuxièmement, on l'a persuadé que l'air était irrespirable; ce qui est entièrement faux. (Attention: c'est un cycliste qui vous parle.) On ne s'étouffe que dans le métro.
La Ville lumière est passée au couvre-feu, couvre-vie. Or ce qui compte, c'est l'animation. La vitalité d'une grande ville se mesure aux déplacements qu'on y doit et peut faire. Une ville mondiale n'est pas faite pour la promenade, le lèche-vitrines, les touristes. Attrape-soldes ou vacanciers, ils sont surnuméraires, parasitaires... Très importants, certes, mais secondaires. Le tourisme n'est pas le but, mais la bonne conséquence. Il ne faut pas prendre la marge pour le centre; erreur la plus répandue aujourd'hui. Paris n'est pas une plage, ni une station de ski; Paris-pétanque, Paris-pêche, Paris-pique-nique, ce n'est pas le programme. L'activité primaire, comparable (banalement) à celle d'un organisme, un scanner imaginaire en montrerait les vecteurs et les synapses d'échanges fourmillants, proliférants, inlassables. L'activité requiert la circulation. Il faut donc remettre en jeu «contradictoirement» les deux conditions de celle-ci: la «spaciosité» et la sanction contre les «stationneurs» abusifs. Démolir tout ce qui réduit la largeur des voies et des vues, et punir durement les «obstructeurs». Rendre à la circulation, au bon stationnement, et aux bons «embarras de Paris» un maximum de surface, ce qui implique de démolir les obstacles, les privilèges d'acier, recoins, vestibules en pavé, ronds-points accapareurs, barrières plantées, trottoirs géants; et conjointement traquer le parking sauvage et redompter le piéton-qui-a-tous-les-droits. Ne pas configurer la rue «pour» l'exception (l'invalide du coin, le corps diplomatique infatué), mais pour l'aisance générale. Faire monter le contentement et non la «râlerie», faciliter la danse des citoyens enlaçant leur ville.
On a tout investi dans la voirie pour la saccager, rien dans le logement. Des millions d'euros furent coulés dans le bétonnage d'obstacles, l'«insularisation» des «quartiers», le «labyrinthage» des circuits; mais les hôtels insalubres brûlent, les églises ou les gymnases sont occupés, les loyers montent. Il faut «construire» ­ mais du logement social, de l'habitation modérée, des cités universitaires. Il faut ouvrir la ville à ses confins, et réinventer de beaux monuments. Ou renoncer à la gloire et à la modernité. Ce qui précisément arrive: le Comité olympique ne s'y est pas trompé.

Tant qu'il y aura de l'auto-mobile, de tout format, c'est-à-dire vraisemblablement encore pendant tout le siècle, il est capital (c'est le cas de le dire) que les flux de circulation aient leur fluidité. Si vous ne voulez pas que les moteurs à explosion polluent, ce n'est pas le «transport» et ses véhicules qu'il faut entraver, ce sont les machines «à essence» qu'il faut remplacer. Inventez! Et comme il y eut des milliers d'attelages dans une belle odeur de crottin ( «sentez-vous» les vieilles cartes postales haussmanniennes?), il pourrait y avoir des dizaines de milliers de «voitures» d'un troisième type. Ce n'est pas le voiturage qui doit disparaître pour une cité inanimée, interdite comme dans le tableau fameux, c'est le gaz d'échappement! Une métropole doit demeurer un tourbillon attractif; le mouvement l'emporter ­ en avant."

Beurk !

Ne jamais s'encombrer de choses inutiles !

J'explique souvent aux personnes stressées, qu'un de smoyens, entre autres, de faire baisser leur stress, est de se débarasser des choses inutiles. Que le désordre, l'empilement, et le fait de tout garder, était un facteur de stress important. Jeter, c'est vivre plus clairement, mais aussi affirmer de manière symbolique mais parfaitement claire, que l'on n'a nul besoin de tout un tas de choses inutiles pour bien vivre. Je me suis appliqué mon conseil à moi-même.

S’il y a une chose que je déteste par dessus tout, c’est de me faire planter un rendez-vous le jour même. Comme je ne suis pas médecin généraliste, je n’ai pas une salle d’attente pleine, aussi m’est-il impossible de dire « au suivant ». Moi, lorsque l’on me plante, c’est un manque à gagner et donc si je laissais cette attitude désobligeante dégénérer, je pourrais rapidement laisser s’installer un laisser-aller nuisible à mon train de vie fastueux. De plus, c’est un manque de correction total que je ne supporte pas. Je comprends toutefois, qu’il puisse y avoir des cas de force majeure, mais tant pis, ce n’est pas à moi d’en assumer les conséquenceS. Dans mon cabinet, figure même en bonne place, un cadre dans lequel j’explique que toute séance non décommandée 24h à l’avance sera due. Je vais même passer ce délai à 48 heures.

Il y a trois manières de me planter, de la pire à la plus correcte :

  • En ne venant pas, auquel cas, j’attends comme un con, me demandant ce que la personne fout. En général j’appelle et dans ce cas, il est rare qu’on me réponde. La personne s’écrase.

  • En m’envoyant un SMS auquel cas cela sent la mauvaise conscience alliée à une grande couardise. En règle générale, quelqu’un qui vous fait cela, n’ira jamais bien loin dans une thérapie. Ce n’était pas le moment de commencer. Je ne réponds pas à ces SMS.

  • En m’appelant directement et là, il y aussi deux manières de faire. Il y a les gens corrects, qui de suite, précisent qu’ils me règleront cette séance, puisqu’ils me préviennent le jour même. Et ceux, qui comme des fleurs, se permettent de me dire qu’ils me rappelleront pour prendre rendez-vous ou qui reprennent rendez-vous pour un autre jour. En règle générale, s’il y a possibilité de reprendre rendez-vous pour la semaine même, je ne dis rien. Quand c’est impossible, je les attends au tournant. Et lors du prochain rendez-vous, au moment de me régler la séance, je regarde le chèque et explique qu’il me manque la séance passée. De deux choses l’une, ou la patient de bonne foi, s’excuse et me refait un chèque, ou bien, celui de mauvaise foi, m’explique qu’il n’est pas venu avec un grand sourire. Auquel cas, je réponds que, moi je suis venu, et que je suis comme un cours de tennis, qu’on vienne y jouer ou non, il est retenu et c’est payant, que c’est la règle.
Or voici deux semaines une jeune femme extrêmement déprimée m’est adressée. Je la reçois, prends le temps de l’écouter. Je suis sur de régler son cas en quelques mois, mais elle me laisse une impression diffuse, l’impression de ne pas être très courageuse. Je lui explique ensuite les modalités de la thérapie, lui donne le montant des honoraires, et lui rappelle la règle en cas d’annulation de dernière minute. Comme elle était stressée, le patient suivant arrive, tant et si bien, qu’elle part précipitamment après avoir pris rendez-vous, mais que j’oublie même de lui demander le règlement de la séance. Tant pis, cela m’apprendra, ce n’est pas bien grave.

Le jour même du notre second rendez-vous, une heure avant à peine, elle m’appelle en m’expliquant qu’elle ne pourra pas venir. Calmement, je lui dis que ce n’est pas grave, et que je la rappelle.

Dans l’après-midi, je l’appelle et lui propose un nouveau rendez-vous dans la semaine. Comme c’est impossible, je lui dis que ce n’est pas grave, qu’elle me règlera la séance ratée et qu nous nous verrons la semaine prochaine. Et là j’entends de timides protestations, arguant du fait qu’elle n’est pas venue et que c’était un cas de force majeure. Je lui réponds que ja la comprends fort bien, mais que son cas de force majeure ne m’est pas opposable, et que si c’était tel cas, je n’aurais qu’à mettre la clé sous la porte. Que si au lieu de ma séance, elle avait raté un spectacle, à moins d’être spécialement assurée, et bien elle en serait de sa poche. Que c’est dommage mais que c’est ainsi, c’est la vie.

La demoiselle argumentant encore, j’ai finalement coupé court à la conversation. D’une part je lui ai rappelé que c‘était elle qui déprimait et non moi et que c’est à elle de voir de quelle manière je pouvais lui être utile ou non. Qu’elle devait faire un arbitrage entre sa volonté de ne pas payer et sa motivation pour suivre une thérapie en acceptant un cadre et le fait de devenir adulte. Et enfin, que d’autre part, suivre une thérapie demandait de la volonté, des efforts, comme tout travail, et l’acceptation de règles, qui de toute manière étaient clairement affichées dans le cabinet. N’ayant pas de temps à perdre et surtout pas pour mendier après une séance, je lui ai dit que c’était à prendre ou à laisser, je l’ai saluée et ai raccroché. Et toc, un peu de ménage.

J’ai décidé, comme je vous l’expliquais dans l’article précédent de trier ma clientèle, un peu comme un entraîneur trierait les athlètes qu’il entraîne. C’en est terminé du gentil Philippe dans l’empathie ++ qui finit par se faire baiser. Très vite, on s’aperçoit des personnes avec qui cela marchera, que l’on emmènera loin, de celles qui ne feront rien et qui après me feront des reproches. Désormais, il y aura un « concours » pour venir me consulter ou plutôt une sélection. Je n’ai pas envie d’être « une pute à l’abattage » comme me l’expliquait un de mes patients médecins quinquagénaire qui avait perdu sa vocation, face à des patients exigeants et peu sympathiques, venus chercher sans cesse des arrêts de travail et des solutions faciles à tous leurs maux.


Voici quelques années, un de mes amis, pilote d’hélicoptère, qui avait fait du secours en haute montagne, m’expliqua la chose suivante. Les premières fois, en tant qu’ancien pilote militaire, il appliquait les procédures d’urgence, vivant en combinaison de vol, le casque à portée de main. A la moindre alerte, il sautait dans l’hélico, faisait la check list d’urgence, lançait les turbines et attendait en engueulant le médecin qui n’arrivait pas assez vite. Un jour le médecin lui expliqua que ce qu’il faisait était professionnel mais inutile. Il lui montra sa trousse en lui expliquant qu’il n’avait que cela sur lui. Et que dès lors, si un accidenté était à deux minutes près, c’est que c’était un cas gravissime et que de toute manière, il ne pourrait rien pour lui, n’ayant pas le matériel nécessaire. Et que dès lors, deux minutes avant ou après, l’accidenté mourrait, que c’était évident.

Je pense qu’à la différence de ce médecin, moi j’aurais couru, parce que c’est dans mes gênes et que je m’y serais senti obligé par ma « mission ». Aujourd’hui, je suis entièrement d’accord avec ce médecin. Donc si quelqu’un me trouve cruel d’avoir jeté cette pauvre patiente, il n’en est rien. Quand dès le départ, on ne parvient pas à s’inscrire dans un cadre minimal, et pourtant je vous assure que je suis quelqu’un de sympathique, que l’on confond le psy avec un papa, c’est que l’on n’est pas prêt pour une thérapie. Dans ce cas, mieux vaut revenir le jour où l’on aura compris la nécessité de telles règes, que de s’engager dans une thérapie qui de toute manière avortera.

Il y a un temps pour tout. Une thérapie, quoi que que puissent en penser les scientistes adeptes de la médicalisation, est avant tout un travail sur soi, qui réclamera des efforts, et une vraie motivation. Je ne peux pas sauver les gens contre eux-mêmes, ni leur aménager leur réel de manière à ce qu’il corresponde à leurs souhaits immatures.

Je suis content de commencer ce grand ménage, ça m’apaise !

Nettoyage de printemps ! A dégager ! Vive la liberté !

Liberté efflanquée vaut mieux que gras esclavage.
Thomas Fuller, physicien anglais, 1652-1734


D’abord, j’aimerais vous soumettre deux questions :

Peut-on dégager un patient qui nous emmerde ?
Est-il possible d’apprendre à jouer du piano à tout le monde ?

Je ne sais pas ce que vous répondriez, mais moi à ces deux questions je réponds « oui ». Oui, il est possible et même souhaitable de dégager un patient qui nous emmerde. Et, oui, tout le monde peut apprendre à jouer du piano. Bien su,r je reste persuadé que le talent st quelque chose d’inné, une sorte de disposition avec laquelle on naît. Mais je suis aussi certain, que tout un chacun, peut en trois ans, pourvu qu’il y mettre une certaine assiduité, devenir un honnête pianiste de bar capable d’exécuter la plupart des standards de jazz et des morceaux de variété.

Pourquoi lier ces deux questions me direz-vous ? Simplement, parce que tout comme le piano, la réussite en thérapie n’est pas liée à un niveau d’instruction ou à un niveau d’intelligence : on peut être très moyen et réussir. Et ça, c’est une bonne nouvelle.

Il m’est arrivé plus jeune de donner quelques cours de piano, et j’avoue que j’ai toujours été motivé non par le talent de l’élève mais plutôt, par son engagement, sa motivation à réussir. En thérapie, c’est pareil, je reste toujours disponible et prêt à monter sur le ring, pour ceux qui se donneront la peine de persévérer. Je pense qu’il fait partie de mon métier d’encourager la motivation, notamment face aux patients particulièrement déprimés, mais parfois, celle-ci restera absente, quelques soient mes efforts. Et dans ce cas, je reste durant des mois face à quelqu’un qui vient, de manière plus ou moins assidue, me parler ou plutôt s’écouter, geindre, se plaindre, me livrer ses considérations souvent très connes et immatures sur la vie. Et moi j’écoute et je prends le blé à al fin de la séance.

C’est totalement déprimant, parce que d’une part j’ai l’impression de voler le patient, ça à la limite je m’en fous, mieux vaut que son fric soit dans ma poche que dans la caisse d’un mauvais restau branché. Mais le pire, c’est que lorsque je vois le monsieur ou la dame pérorer, je comprends, que ce type de patient n’a rien compris à ce qu’était une thérapie. Qu’il reste persuadé qu’une thérapie, c’est comme à la télévision, dans les films, où un mec écoute en faisant des « hmm-hmm » entendus, tandis qu’un patient donne dans une logorrhée merdeuse et insignifiante, dans laquelle surnagent parfois quelques morceaux intéressants.

Pour moi, ce monologue narcissique, n’est pas de la thérapie, du moins pas au sens où je l’entends, c’est à dire un exercice philosophique donnant du sens à nos expériences malheureuses, afin de grandir, c’est du n’importe quoi et ça me fait chier. Je ne saurais pas vous dire pourquoi cela m’emmerde d’écouter cela. ? Comme d’habitude, plutôt que de creuser en moi, j’en rendrai responsable mon ascendant bélier qui doit me donner un petit côté martial. Donc, ce genre de thérapie m’ennuie, ça n’a ni queue ni tête, et j’ai l’impression de devenir une sorte de cuvette de chiotte dans laquelle un patient déverse son trop indigestion.

A la limite, je pourrais me calmer et me dire, que je me fais du blé facile. Mais non, je déteste cela. Pas me faire du blé facile, non, ça c’est plutôt sympa. Non, ce que je déteste, c’est de voir le peu de valeur que m’attribuent ce genre de patients. Et encore, cela serait ma propre valeur, je m’en foutrais car on est forcément le con de quelqu’un. Non, ce qui m’ennuie, c’est le peu de cas que ce genre de patients, puissent faire de ma profession, des connaissances que j’ai pu acquérir, qu’elle ne puissent pas les utiliser plus utilement qu’en jouant à « je vais chez mon psy et je vais bavasser comme dans les films ». Il faut un minimum de respect, sinon, comme diraient les psychanalystes, y’a un mauvais contre-transfert qui s‘établit. Durant quelques temps, le blé qu’on me file amoindrit ma douleur, mais à force, j’ai envie de cogner, et de mettre des claques. Il faudrait réellement qu’on me file mille euros de l’heure pour que je puisse supporter ces bavardages stupides.


Bon, tout ceci pour vous dire quoi ? Que le temps est clément. A Paris, il fait 14 degrés, on se croirait au début du printemps. ? Et dans mon jardin, les forsythias sont en fleurs ! Et que fait-on au printemps ? Allez vous le savez tous ! On fait le ménage !

Donc la semaine dernière, j’ai commencé à faire le ménage. J’ai commencé par un beau spécimen, une emmerdeuse qui en plus me réclamait des rendez-vous super tôt le matin, alors que je ne suis pas du matin. Et semaine après semaine, j’ai enduré ses babillages stupides. Des dizaines de fois, j’ai proposé des pistes, des choses à faire, des modifications à envisager. Mais mon cul, pareil que pisser dans un violon, elle ce qu’elle veut c’est parler et après aller bien. Comme si parler servait à aller mieux ! Ca se saurait !

Et la séance dernière, ne voilà-t-il pas qu’elle ose me dire que son médecin, un abruti qui la blinde d’antidépresseurs et d’anxiolytiques depuis des mois, trouve qu’elle ne progresse pas et qu’il lui faudrait peut-être voir un psychiatrE. Bon, je lui réponds que déjà si le psychiatre qu’il lui propose est aussi doué que lui, ça ne pas être utile. Deuxièmement, je lui explique qu’elle n’a rien de grave mais que venir me voir, c’est un peu comme prendre des cours de piano. Que je ne suis pas chien, que je comprends qu’on ait aussi d’autres choses à faire dans la vie mais que si elle espère réussir à jouer du piano en approchant jamais d’un clavier et en venant au cours en parlant de musique sans en jouer, qu’il y peu de chances, à moins d’un gros cierge à Sainte Rita patronne des causes désespérées, qu’elle parvienne à des résultats probants. Je lui explique ensuite que nous avons déjà eu cette explication dix fois ensemble et que cela n’a servit à rien mais qu’après tout, c’est sa vie. Elle se décompose, et elle qui me connaît soucieux d’elle, se demande où va la conduire la liberté de ton que j’adopte.

"L'exigence de liberté est une exigence de pouvoir"
John Dewey, philosophe anglais (1859 - 1952)


Elle s’entête. Alors je lui propose de me régler et d’en rester là en lui expliquant que devant le manque de collaboration et d’engagement thérapeutique qui existe, il ne sert à rien de poursuivre car nous perdons tous les deux notre temps, et elle son argent. Qu’il ne manquait de psychanalystes prêts à l‘accueillir. Que bien sur, le jour elle aurait envie de faire quelque chose, et non de bavasser stupidement, mon cabinet lui sera grand ouvert. Putain, elle la grande gueule, exerçant de hautes responsabilités dans une entreprise connue, toujours à me tenir tête et à pinailler, je l’ai vue médusée, défaite, sur le cul. On n’avait pas du lui parler comme cela depuis des années. Je lui ai donné deux adresses de sites Internet où elle pourrait me trouver un remplaçant. Après on donne son manteau à la dame, on la pousse gentiment vers la porte. Et, dehors et à bientôt peut-être mais à mes conditions. Et comme il me reste vingt minutes avant la séance suivante, je prends mes clopes, mon manteau et je file me prendre un petit café et lire le Parisien.

Ca m’a fait tellement de bien, que j’ai réitéré cette semaine. J’en ai encore viré quatre, dont une qui n’a eu le temps que de faire deux séances. Hop à dégager. Demain, je vois mon banquier pour lui dire que durant quelques temps, il y aura une baisse de mes revenus et qu’il m’augmente mon découvert autorisé.

Pauvre mais libre, putain que ça fait du bien. De toute manière, je suis meilleur coach et entraîneur que psy. Bon, il me reste à me refaire une clientèle. Mais je compre plutôt diversifier la source de mes revenus. Cela me permettra de choisir ma clientèle. Etre libéral sans choisir, c’est atroce. La liberté, c’est avoir le choix et pour moi, c’est un bonheur extrême, celui de bien vivre.

«Personne ne se soucie de bien vivre, mais de vivre longtemps, alors que tous peuvent se donner le bonheur de bien vivre, aucun de vivre longtemps.»
Sénèque, Lettres à Lucilius.


Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.
Périclès, homme politique grec, Vème siècle avant J.C.