31 août, 2007

Consultants ou con-sultants ?!

Robert Georges Nivelle, un grand manager !

Voici quelques temps, je reçois une jeune femme chef de produit dans une grande multinationale. Diplômée d'un doctorat scientifique et d'un master d'une très grande école de commerce, on lui avait promis une promotion de chef de service où elle aurait à encadrer des chefs de produits.

Dans les faits, elle occupe ces fonctions depuis près d'un an déjà et encadre trois chefs produits. Finalement, rémunérée comme un simple chef produit, elle a les fonctions d'un chef de service, ce qui représente une substantielle économie pour sa société qui ne la paye pas en conséquence.

Jusque là, je n'ai rien à redire, si ce n'est qu'elle aurait peut-être pu s'affirmer afin que son titre et son salaire correspondent effectivement aux fonctions réelles qu'elle exerce. Manifestement, puisqu'elle est dans ce no man's land depuis bientôt un an, c'est qu'elle fait l'affaire. Je n'imagine pas qu'une société aussi importante que la sienne, lui aurait laissé les rênes d'un service, si elle n'en avait pas montré les capacités !

Tout semble rouler jusqu'à ce que le directeur de la division dans laquelle est intégré ce service, se souvienne que son cas n'est pas très clair. Qu'un chef de produit puisse effectivement gérer un service, n'est pas fait pour lui plaire. Ce monsieur aime l'ordre et les choses carrés. Un chef produit est un chef produit et s'il gère un service, alors il doit être chef de service, point barre ! On ne badine pas avec l'organigramme !

On pourrait imaginer que ce monsieur, constatant les bonnes performances de la demoiselle, va simplement entériner sa situation de fait en la nommant chef de service. Au pire, on peut estimer qu'il al recevra pour lui faire un laïus lui expliquant tout un tas de trucs sur son nouveau statut, histoire de marquer le coup et d'obéir à un petit rituel.

C'est évidemment oublier que l'on n'est pas dans la PME du coin mais dans une multinationale qui se targue d'être à la pointe des RH et du Management avec un grand M. Alors puisque la demoiselle vient de prouver durant presque un an qu'elle avait effectivement fait preuve de compétences en gérant un service, sans rien demander à personne, tout cela semble trop simple. Il faut la tester et être vraiment sur qu'elle ait les capacités. Parce que dans ce genre de boîtes, tant qu'on n'a pas dûment testé et validé, on n'est jamais sur de rien.

Alors, ni une ni deux, notre directeur adresse immédiatement cette demoiselle a un cabinet de consultant spécialisé en management. Certes, me direz-vous, elle avait fait ses preuves durant près d'un an, alors à quoi bon, est-ce vraiment utile d'aller claquer du fric chez un consultant ? Je vous répondrai qu'à mon avis, ce n'est pas nécessaire et qu'à la place du directeur, constatant qu'elle avait fait ses preuves, je me serais contenté de la maintenir à son poste, en lui filant le titre et le salaire correspondant.

Aussitôt dit, aussitôt fait, on adressa la demoiselle à un cabinet spécialisé en RH et plus particulièrement en Assessment, anglicisme foireux qui une fois traduit perd de sa superbe puisqu'assessment signifie tout bêtement évaluation, estimation. C'est une simple mise en situation, cela s'est toujours pratiqué, notamment pour les métiers manuels plus faciles à évaluer. Mais bon, comme les spécialistes en RH, et consultants de tout poil, n'ont pas inventé la poudre et adorent se gargariser et se faire mousser, ils sot persuadés que l'assessment est un truc vachement moderne. C'est ainsi qu'un spécialiste qui enfonce des portes ouvertes et s'ingénie à réinventer l'eau chaude, sur ce site, précise :

"L'assessment permet d'apprécier avec une grande fiabilité l'adéquation entre les comportements d'une personne, liés à sa personnalité et à son expérience, et les exigences de ses futures missions."

Ben oui, tu l'as dit bouffi, si tu veux recruter un bon maçon, tu peux effectivement le tester en lui demandant de monter deux rangées de parpaings, tu verras immédiatement s'il est vraiment maçon ou si c'est un tâcheron, et tu seras content car tu seras devenu par la même occasion, un spécialiste en assessment pour maçon ! Sur ta jolie plaque de crétin, en bas de ton immeuble, tu pourras mettre ton nom suivi de la mention ! Bricklayer Assessment Specialist !

Ma patiente n'y coupa pas et se trouva donc engagée dans un processus d'assessment, non parce que c'était utile, puisqu'elle avait prouvé son efficacité depuis un an, mais simplement parce que cela fait bien et moderne. Précisons, qu'elle fut envoyée dans un cabinet spécialisé, sans qu'on la prévienne de ce qui allait lui arriver.

Elle se présenta donc au jour et l'heure dites à ce cabinet où elle fut reçue par un spécialiste autoproclamé, ayant sans doute suivi une formation sur deux jours à l'assessment, afin d'être évaluée. De ce qu'elle m'a dit, l'accueil fut froid, à la limite de l'amabilité. On lui expliqua qu'on allait la tester, ce qui déjà représente un stress, vous en conviendrez. L'assessment se déroula comme ce site très drôle l'explique avec force mots savants et creux, ne reposant sur aucune validation scientifique. Quand Diafoirus est aux commandes, cela fait toujours rire !

On lui donna ensuite trois cas de management, qu'elle était sensée retrouver dans l'exercice de ses futures fonctions de manager, en tant que chef de service. Elle analysa les situations intelligemment, n'y trouvant aucun lien avec ce qu'elle vivait quotidiennement dans sa vie professionnelle, et y répondit du mieux possible, continuellement observée par deux clampins moroses et malaimables. Après deux jours passés à faire ces conneries, elle revint dans son entreprise et n'eut plus de nouvelle du fameux assessment.

Ce n'est qu'un peu plus d'un mois après qu'elle fut convoquée par son directeur qui lui remit le résultat de l'assessment qu'elle avait raté. On lui communiqua un compte-rendu dans lequel il s'avérait que la pauvre fille était aussi faite pour le management que François Hollande pour gagner les présidentielles. De ce que j'ai lu et pu comprendre, ce qu'on lui reprochait était son manque de fermeté. Le tout était ficelé dans un jargon pseudo-scientiste faisant appel à moult termes psychopathologiques tentant d'esquisser un profil psychologique. On la jugeait trop souple et apte à la négociation, mais en plus on lui taillait un joli costard sous forme de diagnostic abusif.

Personnellement, je ne vois pas en quoi ces qualités nuisent à un bon management, sachant, et cela a été suffisamment démontré, qu'il peut exister plusieurs types de management. De plus, compte-tenu de la spécificité de sa société et des gens qu'elle encadrait, tous titulaires d'un doctorat et d'un mastère d'une grande école, elle n'aurait jamais été confrontée à des bourrins mais plutôt à des profils de spécialistes, que l'on n'a pas besoin de gérer à coups de gueule. Il ne s'agissait pas d'encadrer une section de légionnaires !

De plus, comme je ne cesse de le répéter, elle avait assumé ces fonctions durant près d'une année sans aucun problème, réussissant à fédérer les énergies autour de sa gentillesse authentique. C'est d'ailleurs une demoiselle qui m'avait été adressée par une patiente ayant été sous ses ordres. Cette précédente patiente, à l'époque où je la recevais, n'avait d'ailleurs jamais tari d'éloges concernant sa responsable, m'expliquant que même si elle manquait de poigne, sa volonté d'aplanir sincèrement les conflits, faisait qu'on se pliait en quatre pour lui faire plaisir.

J'ai donc reçu cette demoiselle peu de temps après qu'elle ait été avertie du résultat de l'assessment et de son échec. Elle, qui pensait qu'elle serait jugée équitablement sur ce qu'elle avait produit, et qu'elle pourrait légitimement enfin, accéder au poste de chef de service, fut mise en pièces par la décision. En effet, en grand pervers, en bon salaud ordinaire que l'on retrouve si souvent à ce genre de poste, son directeur lui avait expliqué que compte-tenu de son échec à la procédure d'assessment, il ne pouvait la nommer chef de service, mais qu'elle restait en poste, c'est à dire qu'elle continuait à faire fonction de chef de service en gardant le grade et le salaire de chef produit.

Le travail thérapeuthique que j'ai fait avec elle, a simplement consisté à retrouver l'estime d'elle-même afin de ne plus jamais se retrouver dans ce genre de situation ou du moins à pouvoir s'en sortir. En effet, si personne ne pouvait lui garantir que jamais plus elle ne se retrouverait face à ce genre de directeur tordu et pervers, elle pouvait apprendre à les détecter et à déjouer leurs manoeuvres en se montrant plus ferme.

Elle a admis qu'elle aurait pu, après avoir constaté que l'assessment n'avait aucun lien avec sa pratique quotidienne, l'expliquer aux consultants et refuser de s'y soumettre. Enfin, même si elle avait suivi cet assessment, elle aurait du immédiatement après avoir eu connaissance du résultat, contester ce résultat en argumentant par écrit, en exigeant de connaitre les qualifications réelles des consultants qui avaient osé émettre des avis aussi tranchés sur elle, quitte à menacer l'employeur des prud'hommes ou à exiger un rendez-vous avec le supérieur direct de son directeur.

A un moment donné, elle aurait simplement du se souvenir que la gentillesse ne doit jamais devenir de la faiblesse et que bon et con, sont deux mots bien différents ! Que même s'il est vrai qu'on n'est jamais trop gentil, il faut se souvenir qu'au quotidien, de grands méchants risqueront toujours d'exploiter cette gentillesse. Je lui ai aussi proposé une liste d'ouvrage sur le management rédigés par des spécialistes mondialement reconnus afin qu'elle se rende compte, qu'elle avait toutes les aptitudes pour manager.

Mais tout est bien qui finit bien, puisque la multinationale en question, reine de l'assessment, a connu récemment sept départs de salariés hautement qualifiés travaillant sous les ordres de ce directeur. Le service de ma patiente n'existe plus car les trois chefs produits ont démissionné, et elle-même a présenté sa démission, car elle a été recrutée par un concurrent direct.

De plus, connaissant une personne à la DRH de cette multinationale, je sais qu'actuellement, devant l'hémorragie de sa division dont les effectifs ont fondu des deux tiers, et l'extrême difficulté à recruter dans ce secteur d'activité hautement concurrentiel, le directeur est sur la sellette et qu'il ne devrait pas tarder à être lourdé.

Ce pauvre con ayant décidé de jouer les durs, de se comporter comme un pervers dénué d'empathie, sera limogé. Avant lui, on avait déjà fait l'expérience du désastre que peuvent provoquer ce genre de crétin stupide, sur de lui et fermé aux autres.

Un des plus illustres représentant de cette caste de nazes qui ne devraient jamais avoir de postes de commandement parce qu'ils n'en ont pas les capacités humaines, s'appelait Robert Georges Nivelle, et on lui doit le désastre du Chemin des dames en 1917, qui occasionna 30 000 morts français (360 000 morts alliés) pour cinq-cents mètres gagnés au lieu des dix kilomètres annoncés. Pour prendre le plateau de Craonne, on compta plus de 100 morts à la minute. En raison de ce grand succès militaire, il fut limogé.

Vers une société de blaireaux ? 2

"Coucou, je vais à un entretien de recrutement !"

Mais le blaireau recruteur va toujours plus loin, car à défaut de connaître le fonctionnement psychique d'un être humain, ce qui prendrait du temps et nécessiterait un minimum d'intelligence, il préfère créer de nouvelles tendances.

L'équation est pourtant simple puisqu'il s'agit, en fonction d'un poste donné, de recruter un individu ayant des compétences techniques et humaines adéquates. On ne peut pas dire, que le métier soit bien difficile. Toutefois, à défaut d'être efficace, le recruteur préfère inventer des trucs bizarres. Après les batteries de tests débiles ou inadaptés, j'ai vu que la dernière tendance était d'aller recruter sur Second Life, ce phénomène de société cucul qui fait tellement moderne.

A la limite, qu'on aille sur des messageries, draguer la gueuse, ou qu'on se paluche face à des photos légères, je comprends. Le besoin d'amour et de relation sexuelle est ancré dans nos gênes. Alors après, en fonction de son physique, de ses fantasmes, des rencontres possibles, j'admets que l'Internet puisse être un sacré atout. Mais Second Life, j'ai du mal à comprendre ! encore, s'il s'agissait d'un truc pour ados, pourquoi pas. Nous avons tous été jeunes et cons, et je ne vois aucun mal à ce que les ados actuels, élevés dans cette débauche technologique puissent désirer être cons sur Second Life : chacun vit avec son temps ! Si en 1932, on rigolait avec Ouvrard, on peut bien en 2007 s'amuser sur Second Life !

Par contre, je ne saisis pas ce que les adultes vont y chercher, sauf à s'y inventer une vie fantasmatique, ce que je comprendrais fort bien. Auquel cas, Second Life n'a rien de nouveau. Moi qui ai possédé une messagerie télématique à la fin des années quatre-vingt, je peux vous affirmer que le fantasme tournait à fond. Tous nos connectés, avaient généralement vingt ans de moins, plus de cheveux, dix centimètres en plus, et un meilleur salaire que dans leur vie réelle. Les connectées, à la place d'un jeune éphèbe voyaient souvent un petit gros se pointer au rendez-vous. Mais, soyons justes, les connectés, trouvaient souvent que les connectées avaient forci, en passant du dialogue virtuel à la rencontre réelle. Alors que Second Life soit un 3615 Truc avec des moyens en plus, je n'en disconviens pas, mais que ce soit un fabuleux outil, là je me gausse !

Enfin, revenons à nos moutons. Et toujours est-il que les recruteurs, blaireaux devant l'Eternel et jamais avares de techniques bidons et fumeuses, ont récemment tapé un grand coup. En effet, Accenture, entité issue de la scission en 1997 de la branche conseil du grand cabinet d'audit Andersen, inquiété dans le scandale Enron, a décidé de frapper un grand coup en allant recruter sur Second Life. Le Figaro enavait déjà parlé en mai dernier mais je n'avais pas accroché plus que cela. Mais, ce mois-ci, je ne sais plus 'il s'agit de Capital ou de Management, fait un papier dithyrambique sur cet évènement.

Chaque candidat d'Ac­cen­ture devra d'abord créer son « avatar », c'est-à-dire son double virtuel. Car ce sera l'avatar qui dialoguera avec un recruteur pendant 20 à 30 minutes. Les horaires d'entretiens sont prévus pour coller au mieux à la vie active des candidats puisqu'ils se dérouleront le ma­tin de 7 h 30 à 9 h 30 et de 18 h 30 à 21 heures. Pour personnaliser l'univers de Second Life et le rendre plus compatible avec l'image d'Accenture, l'entreprise a choisi de créer une île virtuelle spécialement pour l'occasion.

L'île aura des allures de terrain de golf pour rester fidèle au groupe de conseil, partenaire de Tiger Woods. Alors là, on croit rêver puisque Second Life, monde onirique de tous les possibles, redevient finalement un truc bien propret. A la limite, je trouve que Accenture, aurait du demander à un progammeur de leur créer la réplique exacte de leurs bureaux ! Au moins, ça aura collé à la réalité.

« Bien sûr, ces rencontres sur Second Life ne remplaceront pas les entretiens de visu dans la vraie vie », in­siste Caroline Rigaud, responsable du recrutement d'Accenture. À partir du 25 juin, les candidats retenus seront d'ailleurs auditionnés. Ce qui veut dire, que pour les futurs recrutés, c'est encore une problème supplémentaires. Non seulement il fallait envoyer un Cv et une lettre de motivation, dans laquelle il fallait mentir comme un arracheur de dents, mais en plus, il faudra en plus se créer un avatar sur Second Life.

Personnellement je serais ravi de savoir comment s'est soldé cette fumeuse campagne de recrutement. J'imagine que si au départ quelques hurluberlus se sont amusés à jouer aux cons, peu à peu, il y a du avoir une foule d'avatars en costumes sombres ou tailleurs stricts.

De toute manière, Accenture qui semble vouloir recruter des profils moins conventionnels, est-elle une société qui a les moyens de ses ambitions ? Imagine-t-on une seule seconde le petit génie de l'informatique, être fantasque et créatif, vouloir aller chez eux ? Englué dans des protocoles rigides, avec des grades omniprésents, comme dans une armée, de stagiaire à partner, en passant par consultant junior, senior, executive, manager, etc., Accenture est le prototype même de boîte anglo-saxonne de conseils typiquement faite pour des profils très typés analysant, c'est à dire à l'écoute et centrés sur la tâche (genre expert-comptable ou diplômé de l'ENA).

Pas une seule seconde, je n'imagine un mec imaginatif, libre et créatif, pouvoir rester chez eux plus de deux ou trois ans ; et encore faudrait-il qu'il soit jeune. Tous ceux que j'ai connu à une époque, ayant ce profil, y sont allés pour la carte de visite, parce que ça fait bien et que c'est formateur. Pour eux, être imaginatifs et parfois fantasques, Accenture (ou andersen Consulting avant), avait un peu l'image d'une école d'application, mais pas d'une branche où l'on puisse faire carrière. Un peu comme l'armée, on reste un temps, et si on aime la liberté, on finit par se barrer dans le civil.

Mais, le plus amusant, c'est que malgré la bêtise récurrente des recruteurs, qui pensent qu'ils suffit de peindre des rayures sur un âne pour le transformer en tigre, le réel ne ment pas. Tandis que, sous l'emprise d'une lubie incompréhensible, Accenture, décidait de jouer les jeunes et les foufous, je recevais depuis quelques temps déjà plusieurs patients salariés chez eux. Ces jeunes gens, bardés de diplômes et créatifs, sont venus semaine après semaine me conter combien ils étaient malheureux chez Accenture. Non que la boîte soit mauvaise, mais simplement qu'elle était inadaptée à ce qu'ils étaient.

Les quatre ont finalement foutu le camp ou s'apprêtent à le faire, minés par le côté pointilleux, peu créatif, trop administratif de leur employeur. L'un(e) d'eux m'avait d'ailleurs expliqué qu'un soir, il(elle) avait du rester jusqu'à une heure du matin au bureau parce que son abruti de chef de mission, voulait à tout prix lui faire refaire son document Powerpoint pour le rendre plus joli, ergotant sur les couleurs et les virgules. Comme me l'expliquait en substance ce(tte) patient(e) : "je ne me suis pas tapé une sup de co et un master, pour jouer les secrétaires, tout ça pour un crétin obsessionnel et borné".

Ceci dit, et je me dois de rétablir la vérité, tout ceci ne concerne évidement pas qu'Accenture et je reçois souvent des jeunes à qui on a promis monts et merveilles, puis qui se retrouvent à s'emmerder à cent sous de l'heure. Alors souvenez-vous chers recruteurs que ce n'est pas parce que vous recruterez des techniciens de surface plutôt que des balayeurs, que vous rendrez le boulot consistant à passer le balai plus passionnant. La carte peut-être appétissante, si ce que vous mettez dans l'assiette est médiocre, les gens se barreront.

Alors, pour pas un rond, c'est cadeau, totally free, je voudrais expliquer à ces pitres de recruteurs, que recruter des hauts potentiels, un peu atypiques, nécessite d'avoir en face des gens taillés comme eux pour les gérer et les faire évoluer. Car c'est toujours le défaut des gens capables, imaginatifs et intelligents, que vous rêvez de recruter : ils s'ennuient vite quand ils ne sont plus intelligemment stimulés !

Juste pour rire !

Vers une société de blaireaux ? 1


Courant août, en passant lire mon confrère La Cage aux Phobes, je tombe sur l'article suivant, narrant un entretien d'embauche. Ca m'a rappelé bien des souvenirs, à l'époque où j'étais moi aussi salarié, quand il fallait que je me plie au rituel de l'entretien d'embauche. Généralement, il s'agissait d'un poste dans le tertiaire, ne réclamant pas de talent particulier, mais correctement payé, qu'un abruti, dénommé recruteur, s'ingéniait à rendre passionnant, un peu comme si votre futur job consistait à sauver le monde !

D'ailleurs, il y avait deux types de recruteurs. D'une part les cabinets de recrutement, chargés de trier les candidatures, s'appuyant sur cela sur des outils fiables et tout prêts que l'on nomme des tests, dont ils avaient payé la licence, puis sur une prétendue expertise un peu bidon, qu'ils facturaient très cher. Alors à chaque fois, il fallait expliquer son parcours, ses choix et ses motivations à un clampin (ou une clampine d'ailleurs), qui vous regardait de l'oeil froid de l'expert avisé. Le mec (ou la nana) du cabinet de recrutement jouait alors au professionnel qui sait, tandis que je faisais le comédien, mimant le mec super concerné.

Je me suis toujours demandé si ces abrutis pensaient que nous leurs disions la vérité, lorsque moi, ou d'autres postulants, leur expliquions que le job proposé était vraiment le rêve de notre vie ? Dans les faits, mon rêve aurait été d'être seigneur féodal parce qu'au moins on m'aurait foutu la paix et que j'aurais pu appliquer ma devise : "Chacun mes idées !"

D'ailleurs je l'ai dit une fois. A l'époque, j'étais évidemment salarié, mais dans la fonction publique. Le DRH, un type plutôt sympa qui voulait un peu se la raconter en jouant les mecs modernes, avait décidé de faire un audit social. C'est en général un truc très mal fait par des gens n'ayant jamais étudié la psychologie du travail, et dont le rapport bourré de termes ronflants et pompeux, ira dormir dans un tiroir parce qu'il est généralement totalement dépourvu d'applications pratiques.

Mais le DRH aura sa conscience pour lui en se disant qu'ils nous a apporté vachement de reconnaissance puisqu'il est allé jusqu'à investir dans ce genre de daube. C'est le genre de démarche qui rappelle un peu celle de Elton Mayo enquêtant dans les ateliers de cablage de Western Electric à Hawthorne à la fin des années 20 ; ça n'est pas vraiment utile mais ça fait plaisir aux petites mains.

Ainsi, durant un peu plus d'une semaine, une greluche, taillée sur le même modèle que celles que l'on retrouve dans les cabinets de recrutement, était passée nous voir pour nous poser plein de questions. J'étais à l'époque juriste, spécialisé dans le montage juridique et financier d'opérations immobilières de logements sociaux. Je brassais plein de fric, j'étais plutôt doué, mais je m'emmerdais parce qu'au bout de trois ans, c'était toujours la même chose. Ma seule perspective de l'époque aurait été soit de faire l'ENA, soit de finir directeur général d'une SA HLM et cela ne m'enchantait guère.

C'est ainsi qu'un jour l'experte en audit social, après que nous eussions pris rendez-vous, se rendit dans mon bureau. Pour parfaire mon côté froid de juriste saturnien spécialisé en finances publiques, j'avais aménagé mon bureau de manière à ce que n'importe qui, y entrant et ne me connaissant pas, se dise : "oh lui ce doit être un sacré peine-à-jouir (ou une tête de con au choix)". Mes codes Dalloz et Litec étaient alignés sur lr bureau formant une barrière entre mon interlocuteur et moi.

La greluche vint donc me voir mais ne tomba pas dans mon piège. Je ne pense pas qu'elle m'ait percé à jour en devinant que sous ma froideur, j'étais quelqu'un de chaleureux, parce qu'elle n'était pas suffisamment intelligente pour cela. Non, je suppose qu'elle appliqua une bête méthode genre consultant en communication ou en RH, consistant à jouer la nana ouverte d'esprit, ultra professionnelle, celle à qui on ne la fait pas, et qui se fait fort d'ouvrir toutes les portes.

Comme, je peux être une vraie tête de con, notamment quand quelqu'un à qui je n'ai rien demandé et dont je n'attends strictement rien, s'impose sur mon territoire, je décidais de persister à jouer la caricature du juriste, dans le genre animal à sang froid hyper-controlant. Elle s'ingénia à me servir sa soupe indigente avec force mots compliqués dument estampillés RH. Je restais évasif, la regardant de l'air bienveillant du type qui ne comprend pas en quoi il peut être utile mais qui reste plein de bonne volonté, un peu comme lorsque Tintin s'efforce de comprendre les aboiements et les mimiques de Milou !

A un moment, tentant le tout pour le tout, elle décida de rentrer dans mon intimité, et me balança un questionnaire, auquel je répondis tout aussi froidement, mes réponses n'excédant jamais deux mots. L'une des questions était : "plus jeune quel métier ou quelle fonction auriez-vous rêvé d'occuper ?". Je décidais de lui dire que je rêvais peu et que si cela m'était arrivé, dans tous les cas un service de financement du logement n'était pas le lieu le plus propice pour continuer à rêver.

Elle m'expliqua alors, je m'en souviens encore, que je ne devais pas me censurer, mais au contraire me laisser aller et me rappeler mes rêves d'adolescent. Comme beaucoup de consultants en RH ou en Communication, dont la formation en psycho du travail est souvent acquise dans Psychologie Magazine ou Elle (parfois Femme Actuelle ou Cosmo), elle se décidait à jouer la psy sympa et compréhensive qui va m'aider à entrer en contact avec les formidables richesses de mon inconscient.

C'est alors que je lui répondis que dans mes rêves je me serais fort bien vu seigneur féodal. Je la vis rire jaune et aussitôt, elle me répondit, jouant la fille détendue, qu'il s'agissait d'écrire quelque chose de possible. Je lui répondis que si elle m'interrogeait sur ce dont je rêvais, alors seul rêver l'impossible m'amusait, parce que rêver du possible était sans intérêt et n'était pas du rêve mais de la planification tout au plus.

Ainsi, s'il s'agissait de faire expert-comptable, je me serais inscrit en DESCF et je serais aujourd'hui expert comptable ou tout autre boulot de ce genre. Elle tenta de m'expliquer qu'elle devait inscrire une réponse sur sa feuille, aussi lui dis-je d'écrire "seigneur féodal", ce qu'elle fit à contre-coeur non sans m'avoir rappelé que ce document serait remis à ma hiérarchie, en l'occurrence mon directeur qui me connaissait fort bien. Considérant que j'étais un mauvais cobaye pour sa connerie inutile d'audit social, elle se leva, ramassa son questionnaire, me salua et disparut.

Le plus souvent, j'ai eu envie de foutre des tartes dans la gueule à ces spécialistes des RH, qu'ils soient consultants ou bien recruteurs, mais je m'en suis abstenu parce que j'avais besoin de travail pour vivre et aussi parce que je ne suis pas violent.

Rassurez-vous je ne suis pas négatif, et il m'est arrivé de croiser des professionnels vraiment compétents dans ce secteur dont une jeune personne à qui je consacrerai un article un jour. Toutefois, ce fut rare et je suis toujours ébahis par ces abrutis qui se gargarisent avec les mots "humains", "ressources humaines", "hommes", "forces vives", etc., et qui sitôt qu'ils n'ont plus de tests disponibles destinés à mettre les gens dans des boîtes ou des cases, sont incapables d'évaluer quelqu'un intelligemment et intuitivement.

Le test psychotechnique est certes une aide valable, mais n'importe quel psychologue sérieux vous répondra qu'un individu est bien plus complexe que cela et que le vrai travail psy n'est pas de faire passer le test, car un ordinateur le fait fort bien, mais consiste en l'évaluation dudit test. D'ailleurs l'être humain se ne laisse pas piéger aussi facilement. Sachant qu'un blaireau de recruteur va le tester, que fait-il ? Il se rue immédiatement dans une librairie pour tout connaître des tests employés afin de répondre correctement en déjouant les pièges.Cela m'est arrivé récemment avec une patiente qui devait être recrutée dans une grande banque. Lorsqu'elle m'expliqua quel test elle passerait, je n'eus qu'à lui dire, faites-ci, faites-cela, évitez ceci et cela et surtout achetez tel livre et révisez. Elle a d'ailleurs été recrutée.

Amusez vous à taper sur Google "déjouer les tests psychotechniques" et vous constaterez que face à la société de blaireaux pseudo-scientifiques, l'être humain s'adapte toujours !

Ah vous faites un joli métier ! Pratique comportementale anti-frustration !


Même si j'adore mon métier, il m'arrive parfois d'être frustré dans la mesure où les profits ne sont aucunement en rapport avec l'activité. Ce métier nécessite de vastes connaissances, de la culture, de la disponibilité mais aussi d'avoir suffisamment travaillé sur soi afin de ne pas projeter ses propres problèmes sur nos patients. Et pourtant, malgré tout cela, on ne gagne que médiocrement sa vie. Enfin, moyennement, je ne vais tout de même pas geindre comme un malheureux !

Bien sur, il y a l'aspect non financier et il est certain que c'est toujours plaisant de voir des gens arriver dans un sale état puis repartir en forme et que l'on puisse se dire "mais putain, c'est moi qui ai fait ça !". Et puis, il y a le diagnostic, la concentration, les efforts nécessaires pour entrer en phase avec le patient, bien le comprendre pour l'aider, etc., qui stimulent intellectuellement. Ce qui fait que je pourrais recevoir dix heures de suite non-stop sans réellement fatiguer simplement parce durant ce temps, je sens mon cerveau qui carbure et que c'est un vrai bonheur. J'ai d'ailleurs reçu une fois onze patients d'affilée sans ressentir la moindre fatigue.

Mais il y a l'argent. J'ai beau m'être tapé tous les stoïciens et avoir notamment adoré ceux de l'époque impériale, je n'échappe pas au vice du commun des mortels : j'aime consommer. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que mon niveau de consommation est sans rapport avec mes diplômes et mon exceptionnelle intelligence. A moins que je ne sois finalement suffisamment idiot et orgueilleux pour avoir exigé une activité en rapport avec mon intelligence sous prétexte que sinon je m'ennuie vite. Auquel cas, pratiquer mon activité serait un luxe que je paye. Je manque de sagesse !

Toutefois, il m'arrive de me dire que si j'avais pratiqué une activité moins exigeante intellectuellement comme celle de commercial, j'aurais pu vivre en utilisant un tiers de mes capacités intellectuelles en gagnant trois fois ce que je perçois aujourd'hui. Alors je me prends à rêver d'une activité un peu simplette, comme commercial dans l'informatique par exemple. Je ne sais pas, je pourrais me mettre dans la sécurité, vendre des anti-spams, des antivirus, des trucs un peu concons quoi, que je ne maitriserais même pas techniquement.

J'aurais un super costard, une caisse rutilante dans le genre Touareg, une carte de visite avec écrite dessus "ingénieur commercial", ou bien un autre titre en anglais parce que ça le fait, quand bien même on ne vend qu'en France. Je fréquenterais tout un tas de blaireaux, avec lesquels je déjeunerais en employant des termes franglais un peu stupides, histoire de masquer ma dérisoire activité derrière un vernis lexical ronflant. Bref, je serais un peu bête, content de moi, mais je ferais du blé !

J'y ai d'ailleurs souvent pensé et il y a du des périodes de ma vie, où je me suis dit, que c'était décidé je fermais mon cabinet, que j'envoyais chier mes patients et que je me trouvais un job intellectuellement peu exigeant mais plus rémunérateur ! Avec ma pratique de la psychopatho et ma capacité à profiler, ce ne serait "que du bonheur" comme disent les djeuns ! Hop, j'observe, je traite les données, je recrache une synthèse, je mets le mec dans le viseur et je lui vends n'importe quoi, et hop, à moi le blé facile, les séminaires avec open bar en compagnie de mes crétins de collègues, et les discussions nazes sur les bagnoles du genre :

- T'as vu le nouveau Q7, il est géant !
- Ouais, bof, moi j'ai commandé un classe M.
- Ah bon, et pourquoi pas le GL, il est mieux le GL, et en plus tu as la 7g-Tronic, c'est de la balle !
- Ouais j'y ai pensé mais alors là tu vois, quitte à prendre plus gros, je pense que j'aurais opté pour un Cayenne carrément. Olivier le dircom France de TechXtremeSecurity, tu sais l'éditeur, en a un et c'est top !
- C'est sur que le Cayenne il est super. Si je suis recruté par SecureFranceComputerLinks, c'est sur que je craque pour un Cayenne.
- Ca je te comprends surtout avec le blé que tu feras en revendant tes stock-options de chez NewComputerSecurity, tu peux carrément le prendre full-option !
- Tiens au fait, en parlant de chez NewComputerSecurity, t'as vu la blonde qu'ils ont recrutée ? Tu verrais le canon !
- Rassure-toi je suis sur le coup, je l'emmène déjeuner chez Quai-Ouest la semaine prochaine. Elle est super bonne, mais y'a déjà un mec de chez FreeSpamSecureTopLinks, sur le coup et cet enculé à un Touareg W12 !

(Si vous ne comprenez rien au dialogue, c'est que vous êtes indigne d'être commercial dans l'informatique ou que vous êtres trop intelligent !)

Mais comme je suis un peu con et passablement crétin, plutôt que de m'offrir la belle vie en côtoyant des gens sans cerveaux, je persiste à aimer mon travail et à repenser parfois le soir à des cas que j'ai rencontrés en me demandant si par exemple, une-telle n'aurait pas un trouble bipolaire plutôt qu'une dépression classique.

Et puis je redescends sur terre et je me dis que je suis stupide, que j'aurais du aller dans l'informatique, et deux minutes après, je me dis que je m'y serais tellement ennuyé que j'aurais fini alcoolique et dépressif. Et puis, il y a l'aspect moral. J'ai finalement un côté très catho, un peu père la morale, c'est pour cela que j'adore Cicéron et Sénèque, et j'aurais eu peur de me retrouver visé par la parabole des talents décrites dans l'évangile de Mathieu (Mt, 25, 14-30).

Alors, pour ne plus tergiverser, être en proie au doute, et me fortifier dans mon choix, j'emploie des ruses comportementales. Vu que je fais des thérapies comportementales et cognitives, et que je suis malin, je connais des trucs et je me les applique. C'est ainsi que dans les moments de doutes atroces, par exemple quand je vois le prix des pièces détachées pour Saab, je monte subrepticement devant mon ordinateur, je vérifie que personne ne peut me surprendre et je me délecte en regardant une vidéo dans laquelle les commerciaux apparaissent pour ce qu'ils sont : des monstres amoraux animés uniquement par l'esprit du lucre et l'argent facile !

Et là rasséréné, je me dis que j'ai bien fait de persévérer dans mon métier. Je ne roule peut-être pas en Q7 mais mon honneur est sauf !

La formation de commerciaux ! C'est pas joli-joli !

Ah, messieurs, vous faites un joli métier ! Je ne vous félicite pas !
"L'entourloupe" de Gérard Pirès, 1980

28 août, 2007

Magie d'Internet : un article passionnant qui va vous enchanter !

Putain de suédoises ! (les bagnoles pas les femmes)

Me voici de retour de vacances(*), sans inspiration particulière, aussi le message présent n'a-t-il aucun lien direct avec le blog. J'écris parce qu'il fallait bien que je donne de mes nouvelles, que j'annonce quais-officiellement mon retour et non parce que j'ai quelque chose de précis à dire. Cela n'étonnera personne puisque voici bien longtemps que la ligne éditoriale a foutu le camp.

Lorsque je repense aux bonnes intentions qui m'animaient à l'ouverture de ce blog, je constate que je suis allé dans tous les sens, au mépris total du titre que j'avais choisi. Les seules choses qui me consolent sont que, d'une part le fait d'avoir choisi ce titre a empêché un confrère vaguement psychanalyste de gaver le public avec des considérations oiseuses sur la psychopathologie, et que d'autre part, la plupart du temps j'ai bien rigolé.

L'ami Rantanplan(**), avec qui je déjeunais récemment, calculait qu'avec mes quarante-deux mille lecteurs, il me suffirait qu'un demi pour cent me consulte, pour que je remplisse totalement mon cabinet. Aussi m'enjoignait-il de mettre mes coordonnées professionnelles ou du moins, regrettait-il que je ne les aie pas mises.

Ceci dit, son calcul s'avère assez faux, puisque le compteur enregistre non pas le nombre de lecteurs mais le nombre de connections, ce qui fait que j'ai bien moins de lecteurs dans la réalité puisque les gens viennent plusieurs fois, voire sont carrément fidèles. Enfin, vu le niveau de certains articles, et ma liberté de ton, je ne suis pas sûr, que ce blog soit le vecteur commercial le plus approprié pour augmenter ma clientèle. Qui aurait envie de consulter un psy qui vous entretient de la croutonnade ou risque une guerre avec le Québec ? Donc, Rantanplan, même si j'apprécie son côté bassement calculateur et âprement mercantile, a finalement tort.

J'écris ici pour me faire plaisir, pour me lâcher et m'amuser, sans autre but. Peut-être qu'au départ, je fus animé de bonnes intentions, avec un projet sérieux auquel j'adhérais, avec même peut-être l'idée de rédiger des articles tellement géniaux que je serais passé à la postérité. Mais que tout ceci est loin, l'idée de gloire m'est passée et je ne sais même plus pourquoi j'ai ouvert ce blog. On a coutume de dire qu'il y a des activités de maîtrise et des activités de plaisir. Tandis que les premières n'ont d'autres buts que de se maintenir ou de prospérer (travailler, se former, ranger, etc.), les secondes sont purement gratuites.

Faire cette césure est importante car on a pu constater que les déprimés ou dépressifs, avaient presque uniquement des activités de maîtrise et aucune de plaisir. C'est ainsi, que même le cul scotché dans un canapé, alors qu'on imaginerait qu'ils glandouillent tranquillement, les dépressifs ruminent à la manière de s'en sortir. Leur proposer un programme d'activités quotidien, permet justement de les sortir de cette pseudo léthargie en leur permettant d'agir, ce qui a pour corollaire qu'ils peuvent de nouveau avoir des activités de plaisir méritées.

Ce blog est pour moi une activité de plaisir, par laquelle je me défoule. Scotché face aux patients, à devoir fermer ma gueule toute la journée, même si parfois j'ai un peu de mal, il me fallait mon espace de liberté. Le sport et le bricolage m'ennuient, alors j'ai choisi cette activité. Alors tant pis, même si je connais un petit succès d'estime, je ne profiterai pas de cela pour me faire du blé en mettant mes coordonnées. Ceci dit, tout cela n'a aucun lien, fut-ce lointain avec le titre de l'article comme vous l'aurez constaté. Alors entrons dans le vif du sujet.

En effet, hier, alors que je voulais prendre ma vieille Saab pour aller polluer et embouteiller le Paris de Delanoë, klaxonner les crétins en Vélibs en les doublant, et profiter des derniers jours de parking gratuit, voilà que la clé refuse de tourner dans le contacteur ! Sachez que, sur les Saab, le contacteur est positionné entre les deux sièges et non à côté du volant. Aussi, compte-tenu de cette position curieuse, je me suis dit que la poussière avait dû s'y accumuler ou bien que j'avais du y faire tomber des trucs, du genre cendre de cigarette, miettes de pain au chocolat, etc., empêchant la clé de rentrer correctement pour tourner. Impossible de démarrer ni même de bouger cette putain de voiture dans la mesure où la marche arrière est enclenchée et ne peut s'ôter qu'en mettant le contact.

Ben oui, c'est ainsi chez Saab, lorsque vous arrêtez votre caisse, vous mettez la marche arrière, et ensuite seulement vous pouvez retirer la clé. Impossible d'ôter a clé du contacteur si vous êtes au point mort. Je me retrouve donc avec ce tas de boue immobile et j'enrage. Ma tendance naturelle, serait de prendre une masse et de tout casser.

De plus, je repense à ce que me dit sans cesse mon copain Olive, celui qui a réussi et roule en Touareg :"dégage-moi ça, fous cette vieille bagnole à la casse !". C'est dans ces moments là, que je me dis qu'il a raison, alors que la plupart du temps, je trouve qu'il a tort parce que je l'aime bien ma vieille Saab. Mais bon, sachant que la dernière passion d'Olive est le VTT, je me dis qu'il faut tout de même se méfier d'un type dont le plaisir est de rouler dans les bois sur un engin sans moteur, c'est un profil à louer un Vélib dans Paris.

Mais comme j'ai lu les stoïciens et que je tente d'appliquer leur philosophie, je me calme enfin. Je vais ensuite devant mon ordinateur perpétuellement allumé et me rends sur Google, vous savez le moteur de recherche fabuleux complice de la dictature chinoise, sur lequel je tape la requête suivante : "saab clé bloquée barillet".

Et là, comme par magie je trouve un forum dans lequel une discussion sur le sujet a eu lieu car il semblerait que mon problème soit assez récurrent. Il s'agit d'un simple problème de neiman bloqué auquel il est aisé de remédier. Muni du précieux renseignement, je redescends donc à ma voiture, m'assieds au volant, entre la clé dans le contacteur, déserre le frein à main, pose le pied gauche par terre et fais remuer la voiture tout en titillant la clé. Et là, magie, elle tourne enfin et je peux démarrer, en espérant que cela ne se reproduira pas.

Voilà, vous savez à peu près tout du débloquage des clés de contacts des Saab 900 ! Alors, on dit merci qui ? Merci Philippe. Mais, comme je vous sens très demandeurs, pour en savoir encore plus, allez sur ce site. Vous constaterez aussi que même sans aucune inspiration, je peux tout de même torcher un article vite fait bien fait et relativement long ! Dans tous les cas, à défaut de vous avoir passionné, j'espère vous avoir convaincu de la magie de l'Internet !

(*) J'espère bien entendu que vous avez vous-même passé de superbes vacances et que vous n'aurez pas trop souffert de la canicule ayant sévi en France !

(**) Je présente mes plus plates excuses à Rantanplan pour l'avoir encore appelé Rantanplan alors qu'il déteste ce surnom pourtant affectueux, mais je n'ai pas trouvé de surnom de remplacement ! Qu'il m'en propose un et je me hâterai de l'utiliser !

Alors, elle est où la clé ? Entre les sièges avant !

20 août, 2007

GCM communique !

Blanc-Sablon au Québec (Dire qu'on se plaint de la température de la Manche à Dunkerque !)

Comme vous le savez, ou ne le savez peut-être pas, je connais trois Sylvains. C'est fou parce que c'est un prénom assez rare. Mais ce qui est encore plus fou, c'est que par le plus grand des hasards, je les ai reçus chez moi le soit de la Saint-Sylvain !

Donc, hormis le premier que j'aie connu, que je continue donc à appeler Sylvain puisqu'il bénéficie d'une antériorité, les deux autres ont le droit à un surnom stupide. Bien entend, face à eux, je les appelle Sylvain et non par leurs surnoms.

Le second Sylvain est roux, une vraie tête d'écossais, avec une peau blanche grêlée d'éphélides, et que je surnomme "le roux" ou "George Killian", selon mon humeur. Enfin, le troisième Sylvain est grand, très mince, brun avec un regard un peu inquiétant. Et comme tous ceux qui ont fait du port de haut niveau (lui, il pratiquait ce sport stupide consistant à mettre des baballes dans un panier), il est cassé de partout. Alors, comme il est grand, mince, brun et quasi impotent, je l'ai surnommé GCM, parce que ce sont les initiales du slameur Grand Corps Malade.

Donc lorsque ce Sylvain vient me lire et me laisse un commentaire, il le signe GCM. Et donc hier soir, tard dans la nuit puisqu'il était 02h53, il m'a laissé le commentaire suivant, relatant l'installation d'un couple de français dans le Belle Province. Voici son commentaire in extenso :

"Tiens Phil, pour toi qui envisage de t'installer outre atlantique ;-p (ça ce doit être un smiley ?)

Journal de Bord d'un couple exilé au Québec :

1er AOUT :
Nous venons d'emménager dans notre nouvelle maison au Québec. C'est très beau ici. Tout est si immense et sauvage, et les montagnes sont si majestueuses. J'ai très hâte de les voir recouvertes de neige, et de voir le fleuve pris dans la glace.

1er OCTOBRE :
Le Québec est le plus bel endroit du monde. Les feuilles des arbres ont pris toutes les teintes possibles de rouge et d'orange. Nous sommes allés nous promener en montagne et nous avons vu des chevreuils. Quelles créatures gracieuses ! Ce sont certainement les plus beaux animaux de la création. Cet endroit est le paradis sur terre ! Je l'adore.

1er NOVEMBRE :
La saison de chasse au chevreuil commence bientôt. Je ne peux pas croire qu'on puisse tuer un si bel animal. J'espère qu'il neigera bientôt. J'aime vraiment le Québec (sauf en ce qui concerne ses lois sur la chasse, bien sûr. Mais, il est vrai que nature et sauvagerie vont un peu de pair...).

1er DECEMBRE :
Il a neigé hier soir. Nous nous sommes réveillés ce matin pour découvrir que tout était devenu blanc. Une vraie carte postale ! Nous sommes tous sortis et avons fait bataille de boules de neige. C'etait vraiment le pied ! L'air est pur, tout est propre et blanc. C'est magnifique !

10 DECEMBRE :
Encore de la neige hier soir. C'est merveilleux ! La charrue nous a encore fait une petite blague dans l'entrée. (les québécois appellent "charrue" le camion qui pousse la neige hors des chemins. Une autre de leurs cocasses expressions si typiques...) Les Québécois sont sympas... De bons vivants qui aiment s'amuser malgré la neige et le froid, quoi !

15 DECEMBRE :
Encore de la neige hier soir. J'ai été un peu embêté hier parce que je n'ai pas pu sortir la voiture de la cour pour aller travailler. La neige, c'est très beau, mais j'avoue que je suis un peu épuisé de pelleter. "Crisse de charrue", comme disent si typiquement les Québécois ! "Crisse" est un juron utilisé par les habitants de ce pays ayant une tradition catholique très imprégnée. Les habitants semblent l'utiliser assez fréquemment, à cause de l'hiver peut-être... A éviter quand même car il s'agit d'une expression vulgaire, me disent les gens d'ici. Je crois que leur manque de vocabulaire amène les Québécois à utiliser ce juron plutôt que des expressions plus recherchées.)

21 DECEMBRE :
Il est encore tombe de la merde blanche hier soir. Tu ne le croiras pas, mais j'ai des ampoules plein les mains à force de pelleter. Je crois que le gars de la "charrue" se cache dans un coin de la rue et attend que je finisse de pelleter pour remplir la cour à nouveau. J'ai d'abord cru qu'il nous faisait ça parce que nous étions nouveaux au pays, mais je crois maintenant que c'est parce qu'il est fondamentalement un calisse de chien sale. ("Calisse de chien sale" est une expression parfois employée par les gens d'ici pour désigner les gens avec qui ils ont des conflits ou qu'ils
n'aiment carrément pas.)

25 DECEMBRE :
Joyeux Noël ! "Hostie de crisse de temps des fêtes à marde", comme ils disent parfois ici. Il est encore tombe de la tabarnac de neige ("Tabarnac"est un autre juron catholique qui vient du mot "tabernacle"). Un Noël blanc, c'est bien beau, mais n'empêche que si jamais je mets la main sur le calisse de chien sale qui conduit la charrue, j'm'en vas y faire faire un hostie de boute sur les coudes. (Autre expression typique,mais tu commences à t'en foutre, des expressions typiques...) Je ne comprends pas pourquoi ils n'épandent pas plus de sel (ils disent"calcium", ces cons...) sur les routes pour faire fondre la glace.

27 DECEMBRE :
C'est pas croyable, mais il est encore tombe de la crisse de neige hier soir ! Et ce matin, on se les gèle à se les fendre ! Cà fait trois jours qu'on n'est pas sortis de la maison, sauf pour pelleter la tabarnac d'entrée à chaque fois que le calisse de chien sale passe avec son hostie de charrue ! On peut pas aller nulle part. Le char (Ils disent "char" au lieu de voiture parce qu'ils ont tous la bouche gelée) était pris dans une véritable montagne de neige. Quand j'ai eu enfin fini de tout gratter, le crisse de bazou voulait pu partir à cause du frette ! Y faisait moins vingt-sept à matin, calice ! Cà se peut presque pas ! Avec le facteur vent à marde, ça faisait moins 44 Celsius ! Incroyable ! Tu vas pas pisser dehors avec un temps pareil, j'te jure ! Sauf que nous,il faut qu'on aille pomper l'eau à bras dans le hangar à côté... Si on avait su, on aurait acheté une maison avec pompe électrique et puits intégrés comme eux ! Ce midi, la gonze de la météo a annoncé qu'il ferait un peu plus chaud mais qu'il allait tomber 10 pouces de plus de neige à soir. Dix pouces, ça fait dans les 20 centimètres...

28 DECEMBRE :
La gouine de la météo se l'est mise complètement dans le trognon, la connasse ! On en a eu pour 24 pouces de c'te calisse de marde-la ! 24 pouces, crisse de calisse de tabarnac ! Soixante centimètres ! Non, mais tu te rends compte ? Ca sera pas fondu avant l'mois d'août ça, calvaire ! Pis tu le croiras pas, mais la charrue est restée prise dans le banc de neige en face, pis l'hostie d'écourant qui la conduit est venu cogner chez nous pour demander s'il pouvait emprunter ma pelle ! Après lui avoir dit que j'avais passé au travers six pelles pour pelleter toute la marde qu'il m'avait poussée dans l'entrée, j'y ai casse la septième sur sa crisse de tête de fif!

30 JANVIER :
On a fini par sortir de la maison aujourd'hui. On a enfin pu se rendre à l'épicerie pour acheter de quoi manger, mais en revenant un calisse de chevreuil s'est crisse devant le char pis j'l'ai frappé. J'ai pour 3000$ de dommage ! L'hostie d'imbécile m'a vu arriver, j'ai klaxonné, mais y est resté là à nous regarder foncer su lui comme un crisse d'innocent ! Comment ça se fait que les hostie de chasseurs les ont pas tous tués au mois de novembre, ces hosties de pourritures-là ? J'ai jamais pensé qu'un animal puisse être si stupide !

1er MAI :
J'ai emmené le char au garage. Y'est plein d'hosties de trous ! Plein, d'un boutte à l'autre, calvaire ! Y a pas six pouces carrés qu'y a pas de rouille, calice, à cause de l'hostie de calcium qu'ils mettent partout dans les chemins, c'te gang de tabarnac d'épais-là ! Ca peut ben leu coûter cher de vivre icitte, hostie de calice y scrappent un char par année, c'est sûr, à marcher d'même, gang de tabarnac !

30 MAI :
Marie-Maude pis moé, on a décidé de crisser notre camp en France. La neige a même pas fini de fondre dans le bois que les hosties d'maringouins pis les tabarnac de mouches à marde commencent à sortir. On peut même pas prendre une bière dehors sans en avoir plein la face, calice, moi qui voulait profiter de mon beau lac ! J'en ai plein le cul du Québec ! J'peux pas comprendre qu'y aille du monde assez innocent pour rester dans une crisse de trou pareil."

Merci à GCM d'alimenter notre petit débat franco-québécois ! Ca faisait longtemps ! Et encore, le texte n'aborde pas les féministes québécoises ! Pires que des maringouins qu'elles sont !


Un maringouin !

14 août, 2007

Apaisement, consensus, harmonie, détente et diplomatie !


Juste une petite vidéo, faites comme si je n'étais pas là, je ne serai de retour qu'au début du mois de septembre. Je passais vite fait, en coup de vent. Aucun article prévu dans les deux prochaines semaines, sauf si je craque. Mais bon, je suis en vacances, j'ai autre chose à faire. Alors je ne craquerai pas !


"Les Vieux de la vieilles" Gilles Grangier, 1960

11 août, 2007

O Tempora O Mores !


Cicéron : 3 janvier 106 av J.-C - 7 décembre 43 avant J.-C

Je viens de dépasser largement les quarante mille visiteurs. Je m'étais dit qu'après ce chiffre fatidique, je prendrais un peu de distance pour me reposer. Je vais donc écrire mon article sur la cyclothymie et mettre le blog en veille pour des vacances méritées. Le succès du blog est honnête et j'en suis ravi.

Toutefois, j'enrage un peu de voir qu'un article, comme celui consacré à la présence des hommes aux accouchements, a eu un tel succès, alors que de mon point de vue, c'était un texte mineur, tandis que d'autres, dont j'étais plutôt satisfait voire fier, sont restés dans l'ombre. Mais ainsi va la vie. Je reste cependant très heureux d'avoir pu faire resurgir de l'oubli la célèbre croutonnade faouine, dans un article qui curieusement, fut aussi publié en Mars.

Ma contribution au folklore toulois aura moins marqué les esprits. Je suis très fier que chaque fois qu'un citoyen de ce vaste monde tape "croutonnade" ou "croutonade" sur Gogol, l'url de mon blog soir la première. C'est un succès inespéré, et peut-être le seule que je pouvais envisager. Et j'en profite pour louer la gentillesse et le sens de l'humour des lorrains qui ont parfaitement bien pris mes délires folklo-ethno-gastro-régionalistes. Si nos amis d'outre-atlantique pouvaient s'en inspirer, cela les rendrait plus sympathique.

O tempora, O mores, s'exclamait Cicéron en s'élevant contre la perversité des hommes de son temps (Catilinaires I,1). J'admire trop Cicéron, capricorne comme moi, pour ne pas trouver finalement un grand bonheur à partager son dépit, deux mille cent ans après, auprès des Catilina de mon époque.

Cicéron démasque la conjuration de Catilina au Sénat!
Cesare MACCARI XIXème siècle.

10 août, 2007

Ethnopsychologie et réflexions sur ma condition d'européen !

""Les tontons flingueurs", Georges Lautner, 1963 (fiche)
"Ooh les vilains misogynes !" (réflexion de l'auteur du blog)


Alors que j'ai essuyé des tonnes de reproches, savez-vous que je n'avais même pas relu le texte incriminé ? Comme pour moi, ce texte était du passé, je m'en foutais même si je sais qu'aujourd'hui j'aurais réécrit la même chose. Dieu que je suis entêté, ce doit être du à on ascendant bélier car je n'ai pas d'autre explication.

Alors, je l'ai relu pour comprendre les réactions et je n'ai pas compris. Finalement, seul le premier paragraphe, destiné à mon cher filleul, relevait de la private joke, et était forcément provocateur compte-tenu de la relation que j'entretiens avec lui.

Par contre, je trouve le reste de l'article bien construit, argumenté, et en aucun cas désobligeant pour les femmes. en effet, je ne fais que reprendre des arguments glanés sur des sites encourageant les pères à assister aux accouchements, auxquels je réponds. Bien sûr, on pourra me reprocher mon style, mais c'est le mien. Je n'ai jamais eu vocation à écrire de manière toute mignonne, et j'aime lorsque les mots percutent et cognent. Sans doute est-ce du au fait que j'aime la boxe anglaise.

Autant, je puis comprendre que ni mon style, ni ma thèse concernant la féminisation de la société ne plaisent, autant je suis encore étonné par les proportions qu'aura pu prendre ma prise de position. Décidémment, j'ai eu beau lire deux fois mon article, je le trouve bien, et ne le renie pas. Ce sont mes idées et mon style, voilà tout. Et je n'ai jamais exigé que l'on soit d'accord avec moi, que je sache ? De plus,je me souviens qu'à l'époque, Laurence l'avait lu et l'avait trouvé très bien. Donc, si je voulais me trouver un alibi, j'en ai un puisque j'ai l'aval d'une femme, c'est vous dire si je suis bordé ! De plus, une foule de lectrices l'avait lu sans que j'enregistre la moindre explosion.

En fait, et cela fait plusieurs jours que j'y réfléchis, je suis un peu dans la peau de l'arabe ou du latino de service à qui la Grande Amérique, aurait décidé d'apporter la civilisation, parce que ses us et coutumes ne plaisent pas. Pour la Grande Amérique, le reste du monde, c'est un peu un gigantesque deep south. Comme le faisait justement remarquer Philippe Muray dans "L'empire du bien", la Grande Amérique, a décidé de coloriser le monde à sa manière.

Dans son ouvrage, il s'amusait ainsi à souligner que dans le cinéma le public américain ne supportait pas les films sous-titrés, et qu'il fallait donc les retourner là-bas aux USA pour les rendre compatibles avec les attentes des spectateurs. Muray donne ensuite des exemples assez désopilants. Ceci dit, souvenez-vous que récemment, les film "Les visiteurs" a eu un tel succès, qu'une version américaine fut tournée spécialement intitulée "Les visiteurs en Amérique".

Ce qui m'avait beaucoup amusé lorsque ce fil fut tourné, c'est de savoir que le Comte de Papincourt (Jean Reno) et Jacquouille la fripouille (Christian Clavier) avaient, contrairement à la version originale dans laquelle ils possèdent d'affreux chicots (comme Céline Dion jeune avant que René ne lui finance des ratiches neuves !), des dents d'une blancheur immaculée. L'explication du producteur était que les américains attachant beaucoup d'importance à l'hygiène dentaire, il avait paru impossible et insensé de les présenter avec des chicots noirâtres et pourris.

Ainsi, le diktat impensable de la Grande Amérique, prenait forme en instituant Colgate au douzième siècle parce que la réalité leur serait apparue un peu trop crue et repoussante. On est donc en plein conte de fée, dans une vision remastérisée du monde et de l'histoire afin de la rendre compatible avec les us et coutumes du vingt-et-unième siècle tels qu'admis par le pasteur de la Maison Blanche. On est donc mûr, pour créer des chats sans griffes qui n'abimeront plus les fauteuils, des enfants tout le temps sages à coup de Ritaline et bien sur des hommes lisses et castrés. Mais aussi de gentils petits irakiens, même si là, pour le coup la Grande Amérique semble plutôt mal barrée !

N'étant pas arabe, ni latino, il m'aura fallu quelques temps pour comprendre, que tout élément extra nord-américain, était de toute manière traité pareillement. Je suis l'européen de service. Une sorte de pauvre type vivant sur un vieux continent rempli de trucs à visiter mais avec des coutumes rétrogrades et révulsantes. Et rassurez-vous, cela ne tient pas au fait que je vive dans une ville sans gratte-ciels ! Non, regardez, même les allemands qui ont pourtant une très jolie skyline à Francfort, s'en sont pris plein la gueule quand ils ont décliné l'invitation à aller dans le bourbier irakien.

Je dois aussi rajouter que j'adore les Etats-Unis où je me suis rendu très souvent et où j'ai toujours été fort bien reçu. J'avouerai toutefois, un petit malaise à New-York, qui chaque fois que j'y vais, passé l'étourdissement lié à la débauche d'activité, est une ville dans laquelle je me sens mal et oppressé. C'est tout de même l'une des rares ville à avoir des trottoirs non fumeurs ! Alors quand l'hygiénisme est poussé ainsi à son comble, j'ai un peu peur. Alors vous voyez, je suis nuancé et je ne pratiquerai pas l'antiméricanisme primaire. Mon grand-père paternel était même américain ; Alors ça va ?


S'agissant de lecteurs québécois, j'avoue ne pas l'avoir tout de suite compris. Je pense que le fait que notre langue soit commune, m'a engagé sur une mauvaise piste. J'ai un peu été étonné, comme si un lecteur breton, lorrain, ou basque, ou d'une quelconque province était venu m'engueuler. Toutefois, même s'il existe des similitudes entre la France et le Québec, nous sommes cependant des cousins très éloignés. Le Québec situé en Amérique du Nord subit sans doute l'influence du géant voisin, aujourd'hui gouverné par une sorte de pasteur prédicateur un peu bizarre. Quels liens culturels réels subsistent-ils vraiment entre eux, environné d'anglo-saxons, et nous, pays presque latin ?

C'est à l'aune de cette réflexion que je comprends fort bien les remarques acerbes de ces dames québécoises. C'est un peu comme si j'avais eu des américaines du middle-west profond, de Milwaukee par exemple, parlant français sur mon blog. Il est impossible de nous comprendre. Nos manières de considérer le monde sont tellement imprégnées de parcours différents, qu'une entente est difficilement admissible.

Je viens d'un pays si particulier. Chez nous, il y eut le roman courtois, les libertins, les opérettes légères d'Offenbach, le théatre de Labiche, Guitry est encore joué et applaudi par les femmes et les hommes, et on peut même complimenter une femme sans se retrouver au tribunal pour harcèlemetn sexuel.

Et ces braves dames, d'où viennent-t-elles ? D'une province d'un pays anglo-saxon, voisin d'un autre immense pays aussi anglo-saxon. Donc, cette province, même si elle a gardé ses spécificités, n'en a pas moins forcément subi des influences différentes des miennes, sans doute protestantes, donc rigoureuses, éthiquement rigides. D'ailleurs je vous le prouve.

Que je vous avoue, je trouve que le Québéc est bien plus en avance que nous dans l'enseignement de la psychologie. J'ai donc très souvent acheté des livres édités au Québec. Hélas à l'heure où j'écris ce texte, je suis incapable de me rappeler du nom d'un éditeur québécois et ces livres sont à mon cabinet donc je ne vous en citerai aucun. Je me souviens qu'en les ouvrant j'avais été très amusé par la mention figurant en première page et expliquant à peu près ceci :

"Le fait que le masculin soit utilisé est du aux règles de grammaire française, et non à un quelconque sexisme."

Imaginez-vous que dans un pays francophone, dans lequel n'importe quel gamin sait logiquement que le masculin domine pour les accords et qu'on doit donc écrire "Laurence et Philippe sont très beaux", il faille mettre ce genre de précisions ? Dire que je fus amusé, alors j'aurais du être terrorisé et me demander ce qu'étaient en train de foutre nos cousins québécois pour sombrer dans de telles conneries fascistes. Je n'aurais pas été étonné d'une telle bêtise dans le régime de Kim Il Jung en Corée du Nord ou dans la défunte Roumanie de Ceaucescu, mais dans une démocratie, c'est atterrant !

Jusqu'où iront-ils ? Est-ce que dans un magasin de meubles, lorsqu'on achète un fauteuil, il faudra bientôt une étiquette expliquant "qu'Ikea est désolé mais que si cet article est masculin, c'est du à une effroyable règle de grammaire, mais pas à un quelconque sexisme" ? C'est assez drôle que je ne me sois souvenu de cette mention que fort récemment, sinon j'aurais immédiatement mis les récriminations de ces dames sur le fossé culturel qui nous sépare. Mais que voulez-vous à force de se dire qu'elles parlent français, que leurs noms sont français, j'en suis venu à considérer que nous étions cousins germains, voire frères et soeurs, et en pays de connaissance.

D'ailleurs, c'est amusant de voir que quelques uns, dans leurs commentaires, tout en s'offusquant de mes propos, précisent aussitôt que "oui on m'avait dit qu'en France mais même en Europe on avait le droit de dire cela et que c'était courant". Le truc fou, comme si le fait de publier ce texte était un truc terrible ! Je les entendais presque rajouter : "mais vous ne savez pas tout, il parait que non seulement les français sont sexistes, mais qu'en plus ils mangent les bébés et sacrifient des vierges au Dieu de la Vigne ! Si, c'est Marie, la cousine du Gros-Pierre, qui me l'a dit !".


Sandale ! Un blogueur détenu à Guantanamo pour entrave au politically correct !

Non, finalement je pense que pour moi, français, et pour elles, québécoises, discuter ensemble c'est tenter de communiquer entre des gens d'une même famille qui auraient grandi séparément dans des milieux différents et ne se retrouveraient qu'à un âge avancé. Notre vie est faite, on tente de se trouver des similarités, mais les jeux sont faits et c'est définitif. On ne se verra pas, on se contentera de s'envoyer une carte de voeux chaque année, mais rien de plus.

Finalement nos colères respectives ne sont dues qu'à notre terrible envie de projeter nos systèmes de pensées l'un sur l'autre. Pour elles, je suis un monstre antédiluvien ! Pensez-vous, j'applique la règle du masculin qui domine, sans y penser et sans même m'excuser et en plus, je m'en prends au féminisme exacerbé, justement venu d'outre-atlantique. C'est sur que là-bas, on me châtrait, et on me pendait. Ce que j'ai écrit doit être terrible pour elles ? C'est un peu comme s j'avais été pris en train de me masturber à poils devant l'hôtel de ville de Montréal, ou comme si j'avais voulu bouffer une côte de boeuf à Calcutta, j'ai eu un comportement totalement déviant par rapport aux normes.

Et de leurs côtés, elles ont totalement oublié à qui elles avaient à faire. Je suis français, habitant le pays de l'amour, le pays ou la drague est reine, où l'on peut complimenter une femme, lui offrir des fleurs, même lui sourire ou lui faire un clin d'oeil sans finir menotté et condamné à suivre un stage de bienpensance animé par des psys jouant les flics de la pensée, où le crime passionnel est reconnu et jugé différemment des autres parce que même les juges savent ce que l'amour fait faire, où finalement quoiqu'on en dise, les rapports entre hommes et femmes sont plutôt harmonieux. Alors, voilà qu'elles projettent leur système de valeur nord-américain.

Finalement voyez-vous, méfions toujours des fausses ressemblances, ce n'est pas parce que l'on parle la même langue et qu'on a des origines communes que nous sommes jumeaux. D'ailleurs, lorsque je reçois des patients étrangers, je tiens toujours compte des spécificités. Un américain, une japonaise, un mexicain, même parlant parfaitement le français, même installé depuis quelques années à Paris, n'a pas le même système de valeur.

Il y a d'ailleurs une discipline appelée ethnopsychologie qui étudie ceci et dont je ne suis pas spécialiste. L'Ethnopsychologie en tant que discipline psychologique, permet une définition affinée de la notion de culture en connexion avec la psyché. Communiquer entre personnes n'ayant pas été élevés dans le même système de valeurs, est même si compliqué que certains psychologues n'hésitent pas à affirmer que la notion de dépression serait essentiellement une notion occidentale.

On a aussi admis que l'anorexie mentale était une pathologie occidentale et que sa survenue sur d'autres continents signait l'occidentalisation du pays ou d'une population donnée. De la même manière, sans sombrer dans un relativisme total qui remettrait en cause toute la psychopathologie, on admet par contre que les symptômes d'une dépression seront totalement différents, qu'il s'agisse d'un japonais, d'un sénégalais, et d'un canadien. L'analyse des liens entre la culture et nos émotions sont vitaux si l'on veut comprendre l'autre.

Alors oui, aujourd'hui je le reconnais. Ici, j'écris principalement pour des français même si je sais être lu par des francophones. Et peut-être que mes lecteurs maghrébins sont finalement plus proches de moi que les québécois ? Dans tous les cas, je n'ai jamais eu de remarque désagréable et infondée de leur part.

Quoiqu'il en soit, nos différences entre québécois et français sont réelles. Peut-être aurais-je du imaginer que je parlais presque à des américains parlant couramment français ? Ce fut mon erreur. D'ailleurs sur le site du ministère des affaires étrangères français figurent des conseils aux voyageurs se rendant aux Etats-Unis. Voici ce que l'on y dit en termes d'us et coutumes :

"Us et coutumes

Les Américains étant généralement très respectueux de la loi, le même respect est attendu des touristes qui sont appelés à se conformer scrupuleusement aux réglementations en vigueur.

En cas de contact avec la police, il est impératif de ne pas élever la voix, de ne pas faire de gestes brusques ou agressifs et de ne pas faire de fausses déclarations. En cas de litige, il convient d’alerter le Consulat Général compétent pour la circonscription concernée.

Les Américains sont très tolérants en matière vestimentaire. Cependant, le monokini est formellement proscrit, même pour les petites filles. Les enfants, bébés compris, doivent porter un maillot (changer un nourrisson en public peut choquer).

Il est recommandé d’adopter une attitude réservée à l’égard des personnes du sexe opposé.

Des propos, attitudes ou plaisanteries, anodins dans les pays latins, peuvent mener au tribunal. Les plaintes pour harcèlement sexuel peuvent également être déposées contre les mineurs. Les enfants doivent utiliser, comme les adultes, les toilettes correspondantes à leur sexe."

Oui, vous avez bien lu, on nous met en garde ne nous expliquant que sur certaines choses, nos spécificités latines ne feront certainement pas rire les américains. Et notamment que :

"Des propos, attitudes ou plaisanteries, anodins dans les pays latins, peuvent mener au tribunal."

Finalement des québécoises américanisées sont venues me lire, et n'ont pas trouvé anodines les réflexions développées dans mon article. Dans leur système, je méritais le tribunal et j'ai donc été jugé. Jugé, comme si j'étais moi-même un citoyen du nouveau monde inféodé à un système de pensée étroit et quasi-paranoïaque dans lequel on doive appeler un chat, un chien, parce qu'on vous l'ordonne.

Je rétorquerai que je ne suis pas citoyen nord-américain mais français. Qu'en tant que tel, j'ai ma culture, ma vision du monde et mon idiosyncrasie. Que j'adore les vieux films de Lautner, que les vannes de Guitry sur les femmes me font aussi rigoler. Mais surtout, qu'en tant que citoyen français, je suis soumis à la territorialité de la loi, qui pour moi reste française. Et que par conséquent, je refuse d'aller dans leur Guantanamo féministe et virtuel.

"Plaisante justice qu'une rivière borne. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà"

Blaise Pascal, Pensées sur la religion

«On les a dans ses bras - puis un jour sur les bras - et bientôt sur le dos.»
Sacha Guitry à propos des femmes, N'écoutez pas mesdames

Qu'est-ce qu'être un homme ? Voilà ce que regarde les français ! Comment ne pas être rétrograde après cela !
"Le cave se rebiffe" George Lautner.

Message à Karine !

Je viens de voir vos appels dans vos commentaires laissés ce jour et tiens à vous assurer que vous vous n'êtes pas sous la coupe de la censure ou de l'indifférence ! Un peu de patience, nous ne vivons pas scotchés à nos ordinateurs, nous avons tous une vie sociale et professionnelle, sans compter le décalage horaire entre le Québec et la France.

Je ne publie pas les commentaires tant que Philippe ne les a pas vus, car ils sont nombreux et c'est beaucoup plus facile de les consulter quand ils sont tous dans la boîte de réception. Une fois qu'ils sont publiés, c'est assez compliqué de les retrouver sur le blog puisqu'ils se répartissent dans les différents articles qui sont maintenant au nombre de 420, voire plus.

Je compte sur votre compréhension et vous dis à plus tard. Je sens beaucoup d'humour en vous et je pense que nos échanges seront productifs.

Laurence

Le soufflé retombe !

Après consultation rapide des statistiques de connections, il semblerait que la décrue s'amorce. Le soufflé retombe, la tempête dans le verre d'eau s'assagit, les forces de l'Empire du Bien ont manifestement trouvé un autre sujet de mécontentement contre lequel s'élever vertueusement, à moins qu'elles ne célèbrent quelque événement futile.

Victime de l'empire du bien !


Il faut lire et relire sans cesse Philippe Muray. Aujourd'hui, loin des gloires frelatées sans cesse encensées par les médias traditionnels, le discret Philippe Muray, qui était loin d'avoir la même réserve dans ses écrits, reste sans doute le meilleur spectateur et analyste de l'époque contemporaine.

En m'élevant contre cette mode stupide, qui consisterait à affirmer que pour être un bon père, il faut à tout prix assister à l'accouchement, je n'avais pas d'autre ambition que de m'attaquer à une sorte de mode stupide ne reposant sur aucune donnée scientifique mais uniquement sur une sorte de code issu du polically correct anglo-saxon, cette lèpre véhiculée par des prédicateurs fous qui attaque la raison.

S'agissant de ce problème, pour ma part, je pense les hommes font ce qu'ils veulent, pourvu que leurs désirs soient, comme on dit en droit, libres et éclairés, et non manipulés par une clique de bienpensants à la solde de féministes hystériques. Dans ce texte, j'expliquais en gros, entre autres choses, que le danger était grand d'assister à une vaste entreprise de dévirilisation qui ne dit pas son nom.

Bien entendu, je ne suis pas le seul à penser cela, et des confrères plus médiatiques ont le même avis, de même que des philosophes de renom. Le style était volontairement polémique et provoquant puisque ce texte était destiné à être lu par mon cher filleul et non pas une bande de débiles décérébrées. De plus, je constate qu'aucune de ces demeurées n'a pris le temps de lire le texte figurant sous le titre de mon blog. Non, ces micro-hyènes stupides se jettent sur l'os et c'est la curée.

Ce que vit l'homme occidental contemporain est un peu ce que vit la grenouille que l'on placerait dans un récipient d'eau froide que l'on mettrait à chauffer à feu doux. La température croissant doucement, la grenouille s'endormira paisiblement pour mourir enfin, sans même s'en apercevoir. Alors que si elle avait été placée directement dans l'eau bouillante, il est évident qu'elle aurait sauté hors du récipient. Petit à petit, on tente de soulever des problèmes qui n'existent pas afin de faire croire à l'oppression de la femme occidentale. Et petit à petit, l'homme de plus en plus coupable, se renie. L'excellent texte de mon confrère Il Sorpasso, illustre bien un de ces faux problèmes dont la propagandastaffel nous abreuve.

Curieusement, la réalité que je croise dans mon cabinet est différente. Je reçois entre deux tiers et trois quarts de femmes. Etant installé à Paris, dans un joli quartier, l'immense majorité de ces femmes est éduquée et diplômée. Toutefois, la plupart ne m'entretiennent que de leurs histoires d'amour. Et le moins que l'on puisse dire, mais je rédigerai des articles spécifiques sur ce sujet, est que les relations entre hommes et femmes sont loin d'être idylliques. Si il était évidemment normal que les femmes accèdent aux même droits que les hommes, le fait qu'elles aient finalement plus de droits, puisque victimes déclarées des hommes, leur confèrent dorénavant un statut ambigu.

Toujours adorées parce qu'elles sont capables, en tant que femelles de l'espèce de donner de belles érections, il semble pourtant que leurs revendications perpétuelles les rendent moins fréquentables au long cours. J'ai tellement de célibataires de plus de trente ans (seules, larguées, etc.) que je ne sais qu'en faire. Le plus amusant est qu'une femme qui organise des diners pour célibataires et à qui une de mes patientes avait donné mes coordonnées, m'a téléphoné voici quelques mois pour me demander si je n'avais pas des hommes célibataires à lui envoyer. J'ai aussi pu constater que si on nous reproche toujours notre sempiternelle envie de sexe, laquelle peut être une faille voire une dépendance, ce qui me marque généralement chez les femmes, c'est leur dépendance à l'amour, à la relation à deux, à la fusion.

Chose amusante, voici quelques temps l'émission Zone interdite du 24 juin 2007 intitulée "Elles cherchent l'amour au soleil", nous montrait une nouvelle forme de tourisme sexuel, dans laquelle nous assistions à de tristes scènes. Il s'agissait de canadiennes célibataires, venues en République Dominicaine pour tenter de se trouver un gigolo apte à satisfaire leurs désirs sexuels mais aussi pour combler leur solitude. D'abord assez amusé, j'avais trouvé d'une tristesse poignante toutes ces presque vieilles occidentales, obligées de faire des milliers de kilomètres pour avoir ce qu'elles avaient contribué à faire disparaitre chez elle : un homme.

C'était d'autant plus pathétique, que la manière dont les jeunes hommes les traitaient avait tout de la putasserie la plus ignoble. Ces canadiennes n'en étaient pas dupes mais se contentaient de croire que leur amant du moment avait un minimum d'affection pour elles. Certaines envisageaient même de ramener leur amant au pays. Pourquoi pas, puisqu'incapables de nouer des relations correctes avec un homme, elles avaient le loisir d'en acheter un. Mais ce genre de choses, on préfère l'ignorer et s'occuper de faux problèmes.

Quoiqu'il en soit, c'est très amusant qu'un texte aussi confidentiel ait pu à ce poitn déchaîner les passions. Je fus très amusé de voir, comment mes propos furent colportés, relayés, déformés, jusqu'à aboutir à une stupide caricature qui doit tout à l'émotion mais rien à la raison. Ceci, le cher Philippe Muray, l'a fort bien analysé dans un ouvrage magistral intitulé : "L'empire du bien". Il me serait trop long de citer cet ouvrage car je crois que chacun de ses pages mérite par son acuité et la qualité de son écriture d'être citée !

Comme l'explique si bien l'auteur, au dos de l'ouvrage :
" Les valeurs que notre époque juge excellentes, et même indispensables au bien commun, m'apparaissaient depuis longtemps comme néfastes, grotesques, et plus en­core dangereuses pour la liberté des individus. Elles sont ici critiquées, flétries, piétinées autant que je l'ai pu. la dictature implacable des Vertueux de profession envahit la fin de ce siècle, armée d'un terrorisme philanthropique inviolable puisqu'il prétend s'exercer au nom de l'intérêt général et du bonheur de tous. L'Empire du Bien triomphe: il est donc urgent de le saboter."

S'il est urgent de saboter l'empire du bien, et je suis ravi, fut-ce par ce très modeste article d'y avoir contribué, il est tout aussi urgent de lire ce livre, qui je crois donne des clés pour comprendre l'atroce société dans laquelle on vit, sorte de dictature molle où l'émotionnel a remplacé toute analyse.

Et puis pour bien finir, permettez moi de citer un extrait d'un fabuleux article du même auteur :
"Rien n'est plus dangereux que l'Avant-gardiste acculé dans ses retranchements dorés. Ce ne sont pas des valeurs qu'il défend, ce sont des intérêts. Pour un peu, il en oublierait d'être poli. Attaqué, on le voit se raidir en accusant ses adversaires de raideur. Notable comme il y en eut rarement parmi les artistes, il traite les autres de notables. Créateur officiel, protégé, survivant dans une tiède sécurité, il continue à revendiquer pour lui-même la flamme, la nouveauté, la hardiesse de la recherche, la fraîcheur de l'inexpérience fracassante, I'audace, le charme, la spontanéité pimpante et fringante. Nanti, il tient absolument à passer pour maudit. Sa force inusable, c'est son insolence. Bien sûr, il n'y a plus que lui qui s'imagine encore qu'il transgresse quelque chose en "faisant parler" le corps, en "déconstruisant" la langue ou en "provoquant" le marché de l'art par ses exhibitions ; mais ne le lui dites pas, ça lui ferait de la peine. Il dure depuis si longtemps avec la certitude confortable que la lutte de l'innovation contre la tradition est la condition du principe de développement de la société, et se solde automatiquement par la déroute ridicule de la tradition ! C'est tout ce qui lui est resté du marxisme évanoui, cette croyance attendrissante que "le nouveau est invincible", qu'il a l'avenir pour lui et le vent de l'Histoire dans les voiles. Du coup, si on fait mine de l'attaquer, c'est un sacrilège, un affront-inqualifiable. Un crime qui va bien plus loin que l'avant-garde elle-même : rien qu'en le critiquant, c'est toute l'humanité qu'on risque de priver de ses raisons d'espérer."

Pour le texte complet, c'est ici ---> cliquez !
Pou le connaitre encore mieux, c'est là ---> cliquez !
Pour l'apprécier, c'est dans ses livres !

Philippe Muray (photo officielle)

604 ! Record Absolu !


Les lecteurs habituels connaissent suffisamment bien Philippe pour savoir qu'à peine rentré de ses consultations, il se jette sur son service de statistiques comme un petit commerçant avide sur ses comptes, pour savoir combien de connections ont été faites dans la journée. Il a beau jouer le désabusé et dire qu'il écrit pour passer le temps et s'amuser, je le connais bien et je sais qu'il aime l'audience. Ce soir, par contre, je l'ai coiffé au poteau et suis passé voir les statistiques avant lui.

Le rythme habituel est d'environ deux cents connections par jour, voire largement moins en ce moment, du fait des lecteurs partis en vacances, mais voici que je constate qu'hier, il y a eu six cent quatre connections, ce qui est le record absolu. Comme j’ai pris plaisir à écrire, j’ai aussi pris la liberté de publier ce message commémorant ce succès plus qu’honorable !

Ceci dit, il me semble que le soufflé commence à retomber et les connections prévues par le service de statistiques sont à la baisse. Dans tous les cas, pour fêter ces excellents chiffres, je prends sur moi de vous proposer une petite vidéo qui permettra de resserrer les liens franco-québécois. Il y a tant d'artistes de talent dans la Belle Province que j'aurais eu du mal à choisir. Et puis en choisir un, c'était mécontenter les fans des autres et c’eut été terriblement indélicat. Vous comprendrez qu’en tant que petite française parfaitement éduquée, j’aie à tout prix voulu éviter l’impair et provoquer l’ire de nos nouvelles lectrices. Alors pour être parfaitement consensuelle, j'ai choisi quelque chose que je pourrais qualifier de mixte. Je suis persuadée que Philippe aurait fait le même choix.


09 août, 2007

Article à venir !


Bon, pff, avec cette histoire de vieil article qui m'aura valu un succès inespéré, je n'ai pas bossé moi ! J'avais initié une liste d'articles sur les troubles bipolaires et j'ai laissé tomber pour me consacrer à des trucs peu sérieux qui m'ont tout de même bien fait rire.

Donc, très prochainement, je vous promets, à vous lecteurs fidèles et intelligents, un bel article super sérieux sur la cyclothymie.

Et juste après je pars en vacances même si je ne sais pas encore où ! Peut-être qu'avec toutes les nouvelles copines que je me suis faites, j'irai au Québec ? C'est une idée çà. Je suis sur d'y être bien reçu, y'a même Chocolyane qui veut m'inviter à diner et me présenter son chum !

Si cela se trouve, je vais me retrouver à faire une virée grandiose comme de Gaulle en 1967, année de ma naissance. Tiens je leur referai le coup pour les faire rigoler ! Du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, je gueulerai "Vive le Québec libre !".

Et puis, compte-tenu du nombre d'ami(e)s que j'ai maintenant là-bas, je me demande si je ne devrais pas négocier avec Sarko pour un poste de Consul de France à Montréal. Il y a peut-être une perspective. Faut que je réfléchisse à tout ça.

Mais, promis, avant d'embrasser la carrière diplomatique, je livrerai mon article sur la cyclothymie.