30 avril, 2008

Morosité ambiante !

Hier, je lis dans le Parisien, que l'ADN de Bruno Cholet, violeur et meurtrier de la jeune suédoise aurait été perdu.

Depuis 1998, la France dispose d'un fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), créé pour les infractions sexuelles qui a été élargi en 2003 à d'autres types d'infractions. "Le fichier est aujourd'hui encombré car nous enregistrons de plus en plus d'empreintes. Il est nécessaire d'avoir de nouveaux moyens pour le faire et c'est inscrit dans la future loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure", précise Michèle Alliot-Marie. C'est tout de même un outil pratique pour les enquêtes non ?

L'ADN prélevé sur un individu est transmis à un laboratoire qui encode l'empreinte puis transmet sa numérisation au siège de la PTS (Ecully, Rhône), à laquelle il revient de la valider dans le fichier. "Un gros travail est actuellement mené pour, notamment, rendre plus rapide et plus fluide la transmission d'une trace", assure le ministère de l'Intérieur. Manque de pot, celui de Cholet s'est perdu. Comment ? Nul ne le sait.


Ce qui m'amuse, c'est qu'en lisant le journal, j'apprends qu'un haut fonctionnaire, occupant le poste de directeur de je ne sais quoi, au ministère de l'intérieur, s'est trouvé "embarassé" par la perte de cet ADN ! Tandis que la ministre Michelle Alliot-Marie "concède" qu'il y a "sans doute un dysfonctionnement".

J'adore le sens de la mesure dont font preuve nos fonctionnaires ou nos élus (ils sont souvent l'un et l'autre) pour s'absoudre de leurs fautes. On se montre "embarassé" et on "concède sans doute". Curieusement, le justiciable lambda lorsqu'il se fait arrêter pour des choses nettement moins graves, ne bénéficie pas d'autant de mansuétude.

Roulez à 51km/h au lieu de 50km/h ou sans ceinture, fumer dans un lieu public, autant de délits sans victimes, ne vous vaudront aucune bienveillance. Vous aurez beau expliquer que vous concédez que sans doute il ya erreur ou même vous montrer embarassé, les foudres de la loi s'abattront sur vous. Et pourtant, il ne s'agit que de d'infractions mineures. Dans les cas suscités, votre impéritie ne risque pas de retarder la capture d'un criminel abject.

C'est peut-être une des raisons de la morosité des français. Je ne suis pas assez bête pour imaginer que beaucoup de mes concitoyens fassent confiance à ceux qui nous gouvernent. Non, depuis trente ans au moins, il savent bien qu'ils sont médiocres.

Mais fut un temps, où l'on pouvait s'imaginer rétablir la balance. "Ils se foutent de nous, je vais faire pareil" pouvait penser celui qui dépassait les limites de vitesse sans vergogne. "Ils me niquent, je les nique", était capable de s'imaginer le vil fraudeur du fisc.

Aujourd'hui, à l'heure des fichiers informatiques, ces choses sont devenues de moins en moins possibles. Car si les fichiers ADN ne fonctionne pas, les autres, ceux nécessaires à la ponction pécuniaire fonctionnent bien, soyez en surs. Le plateau de la balance penche encore du côté du justiciable lambda tandis que l'élu et le haut fonctionnaire s'en sortent toujours. Bien sur, on nous explique qu'une enquête administrative a été diligentée.

Lorsque j'entends les termes "enquête administrative", je ne sais pas pourquoi mais c'est un vieux sketch de Coluche me revient en mémoire. Vous savez, celui où il explique qu'au bout de x avertissements, puis de x blâmes, Robert risque d'être dégradé mais qu'il s'en fout parce qu'il n'est pas gradé. Autant vous dire que l'enquête administrative me glace les sangs par ses conséquences terribles ! Par leur arrogance, leur incompétence, leur irresponsabilité persistante, leur insolence et leur cynisme, nos élites vérolées tendent chaque jour à composer une société de plus en plus ignoble et inégalitaire en droit.

Tandis qu'avant, on pouvait avoir l'illusion de contrôler l'environnement menaçant en se ménageant des plages de libertés, fussent-elles illégales ou illusoires, aujourd'hui, c'est de plus en plus impossible. L'environnement vous contrôle entièrement. Cette notion d'absence de contrôle de l'environnement, point central de l'expérience de Seligman sur l'impuissance apprise, explique que finalement, comme la grippe, le malheur s'attrape. La résignation apprise (learned helplessness) lorsque l'on est en face de stresseurs psychosociaux jugés incontrôlables pourrait être la voie royale permettant à la dépression de s'installer chez un individu.

Alors, face à cette ignominie, que faire sinon endurer encore et toujours ? On peut bien sur aller voir Bienvenue chez les ch'tis et s'imaginer que ce que l'on voit est vrai. Et si malgré tout, on sombre dans la morosité, on peut tenter de résister à l'aide de psychotropes. Et pour cela, on conviendra la France est généreuse et ne vous refusera jamais votre Prozac ou votre Effexor. La toxicomanie légale est une des libertés qui reste au citoyen.

On peut aussi tenter de devenir philosophe. Parmi les différentes voies, le stoïcisme, bien que très rigoureux et ascétique, offre sans doute la meilleure défense face à ces agressions. En pratiquant suffisamment, en se corrigeant, en maitrisant ses accès de colère, on apprend finalement à rester hors du monde. C'est ce qui ressemble le plus au bouddhisme (dont sont tellement friands nos chers bobos), mais cela ne nécessite pas de s'attifer comme un clown avec le crâne rasé, c'est plus pratique quand on a une vie sociale, ni même de soutenir l'indépendance du Tibet quand on s'en moque.

Et, à la la longue, on finit par ne plus s'étonner de rien et surtout pas des ratées et autres carembouilles de nos médiocres élus et de leurs sbires. On finit par les laisser à leur médiocrité crasse et à leurs bassesses sans cesse renouvelées. Mais, c'est difficile parce que de temps à autre, on a de furieuses envie d'en pendre un avec les tripes de l'autre. J'ai beau connaître presque par coeur le Manuel d'Epictète, je vous avoue que parfois je suis un peu .. agacé. Mais bon, même Jésus se mit en colère contre les marchands du temple.

Soyons clair, pour le stoïcisme, il faut certes de la pratique mais tout de même aussi de sérieuses aptitudes.

29 avril, 2008

J'ai été un très gros vilain !


Le problème quand vous communiquez votre blog à des gens que vous connaissez, c'est qu'ils peuvent un jour s'y retrouver. Maintenant, je fais super gaffe alors qu'avant, je me contentais de changer les prénoms. Ainsi Laurent devenait Marcel. Maintenant je ferai super gaffe. Laurent non seulement deviendra Marcel mais je rajouterai un truc du genre "mon copain roux barbu" pour que je sois sur qu'il ne se reconnaisse pas ! Malin non ? Bien sur je dis Laurent comme j'aurais pu dire euh ben Laurent puisque c'est le seul qui se soit reconnu un jour. Mais c'est un malin lui ! Il est pas haut, il fait pas de bruit mais il est rusé comme un renard !

Par contre, Olivier, quand je parle de lui en disant "Olive, mon ami qui a réussi et roule en Touareg W12", ne s'est pas encore reconnu. Parfois, il me dit même "qu'il est con ton pote Olive dont tu parles !". Et moi, je ne dis rien. Je sais que c'est machiavélique ! Mais bon, c'est pour pouvoir continuer d'écrire ici en gardant mes amis que je me dois d'être aussi rusé ! C'est des ruses d'auteurs voire de journalistes que je vous livre ici ! Mais chuuut !

Mais bon, un autre s'est aussi reconnu. Alors, que je vous raconte. Dans l’après-midi, mon épouse me téléphone et m'explique que L. vient de l'appeler en expliquant qu'il a été extrêmement choqué en lisant un de mes messages sur le blog. Il s'agit d'un message intitulé « Diner de cons » daté du 10 octobre 2006.


Ayant une excellente mémoire, je me souviens parfaitement du message qui date des débuts du blog. Je crois même qu’il doit figurer dans les quinze premiers tout au plus. Je réponds donc immédiatement à mon épouse que je vois parfaitement ce qui a pu heurter L. dans ce texte (L. c'est une ruse pour qu'il ne se reconnaisse pas). C'est vrai que j'ai le souvenir d'un texte un peu vif et pas super flatteur ! Mais mon bon, quand on est énervé, il faut ce qu'il faut !

Elle me précise aussitôt que L. m'a envoyé un mail à ce sujet auquel il m'accuse de ne pas vouloir répondre. Me connaissant bien, mon épouse lui a expliqué, que ne faisant déjà jamais ma banque, ce n'était pas pour aller lire mes mails.

C'est totalement vrai. D'une part je déteste tout ce qui est administratif et enfin si on a quelque chose à me dire, on me téléphone. Je ne me ruine pas chez SFR pour rien ! Les mails, c'est utile pour les pièces jointes, c'est tout. Et puis, les conversations de copines et les crêpages de chignon par mails interposés, cela me saoule.

Je clos l’entretien en expliquant à mon épouse que ce n’est pas très grave et qu’on connaît suffisamment L. et son côté choupinette qui s’offusque d’un rien. Je lui explique que si il et très fâché, ben on ne se verra plus et que sinon, tout sera oublié après une bonne bouteille, enfin pas une trop bonne quand même parce que c'est cher ! On se salue et on raccroche. Fin de la première partie. Bon, je me sens un tout petit peu en faute tout de même parce que je me souviens bien du texte, et c'est vrai que j'y suis peut-être allé un peu fort.

Quelques minutes après, je suis assailli par ma conscience qui me met un grand coup de patte griffue dans la tronche. Parce qu’il faut dire que ma conscience m’apparaît toujours sous les traits d’un gros ours brun. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Pinocchio, lui, c’était un criquet pourri, moi c’est un ours. Je suppose que notre conscience doit se matérialiser à notre image. Ainsi, moi bel homme au corps d’athlète, c’est un grizzly puissant.

Tenez, il m’est déjà arrivé d’imaginer les consciences des gens que je côtoie. Celle de mon épouse, doit ressembler à un ourson mignon, mais du genre qu’on n’a pas intérêt à gratouiller entre les oreilles sous crainte d’être mordu cruellement ! Celle de Laurence, je l’imagine bien sous la forme d’un Yorkshire avec un petit nœud sur la tête et GCM ce serait un échassier mélancolique. Je pourrais continuer à imaginer leurs consciences à tous.

Celle d’Olive, mon pote riche, prendrait la forme d’une Porsche Cayenne qui parle, peinture blanche nacrée avec intérieur cuir framboise et bourrée d’électronique inutile. Celle d’El Gringo serait un bloc de béton brut tandis que celle de Sean pourrait ressembler à une sorte d’ectoplasme, parce que lui, il n’a pas vraiment de conscience. Tiens puisqu’on parle de L., sa conscience à lui, je la vois bien sous les traits d’une jeune fille prépubère s'alarmant d'un rien.

Mais revenons un peu à ma conscience morale qui me tient à peu près ce langage :
- Tu as violemment heurté la sensibilité de ton ami L. et tu t’en fous ? Tu t’en fous, tu bois ton café en lisant le Parisien ! De quel bois es-tu donc fait gibier de bagne ! Tu ne culpabilises même pas ?

- Ben non, pas vraiment parce qu’il est du genre à faire tout un tas d’histoire pour rien ! Ok, j'ai été trop loin, un peu vif dans mes propos mais bon, il me téléphonait, je l'invitais à bouffer (pas trop cher) et on réglait cela !

- Ah bravo, ricane ma conscience, monsieur donne dans le narcissisme maintenant ! Tu es en train de me dire que tu n'as aucune empathie et que tu n'es pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui. Il est peut-être très choqué ! Qu'en sais-tu ?

- Ah ta gueule, je connais ça par cœur, c’est le septième point de la personnalité narcissique dans le DSM-IV. Je ne dis pas que je ne reconnaisse pas y être allé un peu fort mais bon, il me connaît, il a du se douter que c’était sous la colère que j’avais écrit ! Et il sait que ce que j'ai écrit sur le fond, je lui aurais dit en face.

- De mieux en mieux, hurle ma conscience en me refoutant un gros coup de patte dans la tronche ! Monsieur manifeste une absence de remords, indiquée par le fait d'être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui !

- Ca suffit, ça c’est le septième point de la personnalité antisociale dans le DSM que tu me cites et je ne suis pas sociopathe ! Et puis tu me fais chier avec ta psychopathologie à deux balles !

- Quoi, c’est ma faute peut-être si je suis la putain de conscience d’un psy à la con hein ? Tu crois que j'aurais pas préféré être celle de Kerviel ? J'aurais bossé moins souvent et j'aurais vu du pays ! Mais toi, toujours à te prendre la tête ! Mais voilà maintenant que tu t’en fous. Je crois que tu es perdu, tu vas finir trader à la Société Générale ou dans la politique si tu continues comme ça, m’explique ma conscience avant de disparaître dans les limbes.

- OK, que je réponds, je vais y réfléchir, je te promets. Je te l'ai dit, je sais que j'y suis allé un peu fort. J'ai pas été cool, c'est vrai. J'étais en colère et la colère est mauvaise conseillère, je sais, je sais. Je lui écrirai un mail sympa pour apaiser le conflit. S'il n'est pas con, il se doutera que j'ai été plus stupide que méchant. C'est la faute de mon ascendant bélier ! Lui, il a un ascendant balance, alors ça le rend plus élégant que moi, mais moins emporté !

- Voilà, c’est bien, me dit ma conscience, tu es un bon garçon et tu le sais. Tu fais le fier mais tu n’aimes pas blesser les gens. Tu vas donc calmer le jeu et réparer ta faute ! J'espère que vous vous retrouverez pour faire la paix autour d'une bonne bouteille !

- Non, je n’aime pas blesser les gens et s’il y a un problème, je le réglerai mais je n’aime pas non plus qu’on vienne me casser les burnes avec des faux problèmes ! Donc, ok pour régler tout cela mais certainement pas pour une reddition sans conditions ! Plutôt mourir ! Et puis, ce sera une bouteille pas trop chère pour la réconciliation. De toute manière, je dois être le mec avec qui il s'entend le mieux alors je ne l'imagine pas se fâcher à vie. Il se retrouverait tout seul avec ses autres copains tout nuls ! Et puis, comment peut-on vivre sans moi ???

- Arrête, tu ne vas pas recommencer hein ? Tu ne vas pas rajouter l'orgueil à la méchanceté en plus !! Tu vois ce que tu peux faire, c’est tout et tu agis en accord avec moi ! D'ac? Parce que j'en ai marre de bosser là ! Si tu as fauté, tu le reconnais, tu présentes des excuses sincères et tu calmes le truc ! Tu sais que parfois, pour le plaisir d'une bonne vanne ou le désir de faire une remarque juste et acerbe, tu as tendance à trop l'ouvrir ! Tu le sais non ?

- Ok ok, que je dis pour apaiser ma conscience qui commence soudainement à prendre l'apparence d'un surmoi envahissant que décrivait très bien Freud.

Aussitôt, j’appelle Laurence pour lui demander si elle se souvient de l’article incriminé. Elle s’en souvient fort bien et me dit, que si je n’y suis pas allé avec le dos de la cuiller, il n’y a tout de même pas de quoi fouetter un chat et rien qui ne puisse s'apaiser autour d'une bonne bouteille (pas trop chère !). Elle m’explique que j’étais en colère ce jour là. Et puis, elle pense que L. aurait pu me téléphoner directement plutôt que de passer par mon épouse. Moi intérieurement, je me dis qu’effectivement, c’est bien un truc de grosse fiotte d’appeler mon épouse, mais je me le dis tout doucement pour ne pas réveiller ma conscience morale.

A toutes fins utiles, je demande à Laurence de virer le message incriminé quand elle aura le temps en l’enregistrant en brouillon parce que je compte bien le republier quand L. aura tout oublié. Je demande aussi à Laurence de bien vouloir remplacer le titre Dîner de cons par Dîner de bons et que dès que j’aurais le temps, j’irai réécrire un chouette texte pas sincère mais dans lequel je flatterai L. Quinze minutes après, Laurence me rappelle pour me dire qu’elle a tout fait. Quelle efficacité !

Me voilà à demi rassuré, et je sens ma conscience qui s’apaise en moi. A toutes fins utiles, je demande à mon épouse d’aller lire l’article. Comme Laurence l’a collé en brouillon, je lui explique la marche à suivre pour le consulter. Je lui demande de me rappeler entre deux rendez-vous pour me dire ce qu’elle en pense.

Lorsque mon épouse me rappelle, elle m’explique que mon texte n’a rien de terrible. Certes le ton était un peu sec et outré mais le fond est juste. Et puis, comme j’ai changé les prénoms, personne ne peut comprendre qu’il s’agit de L. Ma conscience totalement apaisée s’endort totalement. Profitant d'un quart d'heure entre deux consultations, je rédige rapidement le nouvel article Dîner de bons et me voici tranquille.

Sacré L. ! Faire tout un tas d’histoires pour si peu de choses ! Oui, d’accord, j’y suis allé un peu fort dans ce texte, c’est certain. Mais bon, je me souviens que lors de cette soirée, ils m’avaient tous fait chier. Je les avais tous trouvés cons comme des manches à balai. C’était nul et je déteste les soirées nulles. Alors en revenant chez moi, un peu d’alcool plus beaucoup de colère, et hop j’avais rédigé un texte assassin. Si je n’en renie pas le fond, la forme est discutable. C’est certain qu’en cas de désaccord, on peut aussi bien dire « monsieur je ne suis pas de votre avis » que « t’es qu’un gros enculé et je t’emmerde », le message passera sans doute mieux. Alors je présente mes plus sincères excuses à L.

Mais justement pour revenir à L., quelle drôle d’idée d’aller lire mes textes d’octobre 2006 ! Et puis, d'abord dans ce texte je lui donnais un autre prénom ! Il n'a aucune preuve que je parlais de lui. Ca ne tiendra jamais devant un juge ! Je connais peut-être des gens pareils que lui d'abord ! Il a pu confondre !

Je me doutais bien qu’il n’en branlait pas une dans sa boîte, mais de là à imaginer qu’il avait le temps de lire mes sept cents et quelques textes, je ne le croyais pas ! Et voilà, on glande, on perd son temps sur mon blog, et on finit par se mettre en colère, voir des scandales là où il n’y en a pas, venir m’emmerder et se tourner en ridicule ! Oser me faire un reproche, moi qui suis aussi blanc qu'une colombe et pur qu'un agneau venant de naître ! Y'a des gens qui osent tout !

Qu'il se souvienne que l’oisiveté est mère de tous les vices !

PS : comme je suis un bon garçon, j'ai tout de même écrit un mail sincère à L. pour lui expliquer que mes mots avaient dépassé ma pensée et que je lui présentais mes excuses. Comme cela ma conscience cesse de me tourmenter. Et puis bon L. a certes des raisons légitimes de m'en vouloir mais je ne vois pas comment il ferait pour me remplacer si il voulait se fâcher définitivement !

27 avril, 2008

Sombrez dans le vice avec modération !

"Maman et son bébé" : allégorie à la communication entre l'état et le citoyen !


On y avait le droit sur les paquets de clopes, sur les bouteilles d'alcool, dans n'importe quelle publicité vantant un aliment et maintenant, le jeu même n'est pas épargné. L'avertissement, le rappel à l'ordre, le ton sentencieux, et le conseil avisé sont partout !

C'est ainsi qu'en rédigeant mon article précédent, je me suis rendu sur le site du casino d'Enghien-les-Bains. A peine arrivé, vous êtes déjà assuré que vous êtes bien en France, patrie du maternalisme et de l'hygiénisme à vomir, pays où l'on s'occupe de vous de la naissance à la mort, et où l'on vous conseille pour tous les actes de votre vie.

Dans le menu gauche du site, vous êtes immédiatement averti que l'établissement, devenu lieu de convivialité, est bien sûr non fumeur et que vous pourrez aller soit vous droguer dans une cabine comme un pestiféré à moins de préférer la sucette offerte. Mais bon, face à la scélératesse de l'état totalitaire, l'établissement observe la loi et s'adapte comme il peut mais ses efforts sont louables, j'en conviens.

Le plus drôle est de constater qu'aujourd'hui les casinos font aussi dans le contrôle social et l'assistanat en prônant un "jeu responsable". Et là, c'est un morceau d'anthologie, puisqu'il est carrément indiqué sur le site que :

Le jeu, un loisir à consommer avec modération !

La politique du Groupe Lucien Barrière pour un jeu responsable, un engagement à long terme.
Nous sommes convaincus que le jeu est un loisir et qu'il doit le rester ; il est donc de notre responsabilité de continuer à renforcer notre programme de prévention à l'abus de jeu et la sensibilisation de nos équipes à cette cause. Cette responsabilité commence dès l'entrée de nos établissements par le contrôle d'identité obligatoire qui permet de mieux protéger les mineurs et les interdits de jeu, en leur refusant l'accès aux salles de jeux.

Aujourd'hui, notre engagement est également l'assurance pour tous nos clients de trouver dans nos établissements une personne formée et à l'écoute, en mesure de répondre aux questions en matière de jeu abusif.

De plus, nous collaborons avec des organismes sociaux et des associations spécialisées reconnues afin d'orienter au mieux les clients qui le souhaitent ; nous nous impliquons aussi dans les différentes initiatives de l'administration et de la profession.

Souvenez vous : le jeu est un loisir à consommer avec modération !

Le premier paragraphe n'appelle aucun commentaire. Le jeu est interdit aux moins de vingt-et-un ans et aux interdits de jeux volontaires et il est normal que le casino surveille les entrées et leur interdise l'accès.

Le reste de la mise en garde est par contre surprenant puisque l'établissement nous explique qu'il collabore avec des "organismes sociaux" et des "associations". Qui sont donc ces organismes sociaux et ces associations, aurait-on envie de demander ? L'industrie du jeu ferait-elle allégeance aux bonnes oeuvres ? A quand le jeu gratuit alors ? C'est à dire, le jeu sans intérêt pour ... les joueurs !

Gageons qu'à la vitesse où la la France (et l'occident de manière générale) s'engage dans un hideux puritanisme, d'ici quelques années, chacun des casinos annoncera qu'une fraction des gains est reversée à une ONG quelconque. Et peut-être même, verrons-nous bientôt une plaque attestant que la roulette utilisée a été fabriquée à partir d'un bois ne provenant pas d'une forêt ancienne", les cartes réalisées à partir de papier recyclé ou que le tapis de jeu est en coton équitable.

Le point d'orgue est atteint avec la phrase de conclusion annonçant que chacun de nous doit se souvenir que le jeu est un loisir à consommer avec modération. Tout est dit dans cette unique phrase, cette incantation stupide. Comme si ce genre de mise en garde pouvait empêcher le joueur compulsif de s'adonner à son vice. Et puis, jouer avec modération, qu'est-ce que cela signifie quand il y a l'excitation de la partie et la rage de gagner ? Doit-on se dire, dans un coin de son cerveau de rester calme car tout ceci n'est qu'un jeu ?

Il n'y qu'à lire Le joueur de Dostoïewski pour le comprendre. Non, on est accro au jeu comme au sport. Un vrai joueur, tout comme le vrai sportif joue pour gagner, quelques soient les raisons inconscientes qui le poussent à cela. Les joueurs se ruinent au jeu comme les vrais sportifs usent leur santé en pratiquant leur sport favori. Devra-t-on expliquer à nos athlètes de pratiquer modérément ?

Ceci dit, loin de moi l'idée de blâmer cet établissement puisqu'il semble cependant que cette initiative ne soit pas uniquement due au groupe Barrière, propriétaire du casino d'Enghien. Ainsi, deux autres propriétaires de casinos se penchent sur la santé mentale de leurs clients puisque le programme Adictel fonctionne chez Partouche, tandis que chez Moliflor, vous aurez le droit au programme Misez sur vous. Si vous pensiez être libre dans un casino, c'est raté. Sous son uniforme de croupier veille une assistante sociale qui vous a l'oeil.

S'agissant de ces groupes vantant "le jeu responsable", je ne sais pourtant pas si leur éthique nouvelle est due à une énième règlementation ou à un "simple conseil" de Bercy. Cependant depuis le 1er novembre 2006, les casinos sont tenus de contrôler l'entrée de toutes les personnes alors qu'avant, seules celles se rendant en salle de jeux étaient contrôlées, tandis que l'accès aux machines à sous ne l'était pas. Ce qui permettait aux mineurs et aux "interdits de jeux" de pouvoir jouer tout de même. Je trouve toutefois ce contrôle accru juste, sinon à quoi bon faire le nécessaire de se faire interdire de jeux.

Certains sites en ligne proposent même un test afin de déterminer si vous êtes un joueur compulsif ou non. Même notre célèbre Française des jeux est soumise à l'obligation de "prévenir les phénomènes de dépendance" en vertu d'un décret du 17 février 2006. Dans un rapport d'information du Sénat, l'un des fous qui nous gouvernent explique toutefois que :


"Quant au PMU, il lui faudrait, grâce à son excellente organisation, exploiter le fichier informatique rénové des interdits du ministère de l'intérieur pour leur interdire les paris PMU et PMH, que ce soit sur les hippodromes, les poins de vente ou internet.

Bien entendu, pour que cela se mette en place, il y faut une décision de l'Etat et une mise en réseau des fichiers et des points de vente : absolument rien d'insurmontable."

Il est certain qu'il n'y a rien d'insurmontable pour un bar-tabac-PMU à demander les pièces d'identité de tous les joueurs afin de vérifier s'ils sont majeurs et non interdits de jeu ! Il faut vraiment n'avoir jamais mis les pieds dans un PMU au moment des courses ! Ceci dit, je suis mauvaise langue car en embauchant un vigile chargé de filtrer les entrées dans le PMU la mesure devrait être applicable.


Certes, personne ne peut nier l'addiction au jeu et on pourrait admettre qu'une mention discrète mettant en garde contre les dangers du jeu compulsif en offrant les ressources d'une association spécialisée (adresse, site internet, téléphone, etc.) puisse être apposée dans les casinos. Il est aussi normal que les établissements imposent un contrôle très strict des entrées (mineurs et interdits de jeux).

Mais doit-on obligatoirement utiliser cette communication lénifiante et mièvre et toujours aller vers plus de contrôle social et de mise sous tutelle ? Comme si cela suffisait à calmer les ardeurs du joueur compulsif. Le jeu est tellement important que sur Second Life, les casinos avaient fleuri ce qui avait valu à Linden Labs une descente virtuelle du FBI !

La compulsion, et c'est bien le sens de ce terme, c'est plus fort que tout ! C'est d'ordre neurobiologique (dépression, hyperactivité, troubles bipolaires, etc.) et certainement pas moral ! Il n'y pas de dépendance stricto sensu au jeu, il n'y a que la dépendance, la vraie ! Pour ma part, je reste persuadé que la vraie dépendance, c'est la dépendance à la dépendance parce que c'est biologique.

Otez son héroïne à un héroïnomane et vous constaterez qu'il y a de fortes chances pour qu'il sombre dans l'alcool : c'est un fait avéré. Les dépendances fonctionnent comme des vases communicants ; il suffit de se débarrasser d'une pour tomber dans une autre.
On ne guérit jamais d'une dépendance, on ne fait qu'en troquer une mauvaise pour une bonne.

Il faut vraiment être dans un pays géré par des crétins pour croire que ce genre de mise en garde fonctionne.
En attendant, le poker explose en France et des parties privées et intéressées ont lieu dans des dizaines de milliers d'endroits chaque jour. A moins de fliquer le pays comme a pu l'être la RDA, je ne vois pas comment régler le problème. Faire peser plus de charges sur les exploitants du jeux (PMU, casinos, etc.) ne peut à terme que développer le jeu clandestin.

Et puis, posons-nous la question de savoir pourquoi le jeu explose ? Y-a-t-il une étude épidémiologique sur ce sujet . Pourrait-on voir un lien entre ce phénomène et le fait que notre pays détienne le triste record de consommation de psychotropes ? Lorsque l'on a une vie décevante, dans laquelle on se sent contrôlé par son environnement, le jeu est un moyen simple de tenter de s'en sortir. Dans un pays rongé par la sinistrose, on finit par croire que Bienvenue chez les ch'tis représente la vraie vie et que le salut passe par le poker ! On a les paradis artificiels que l'on peut !


Mais bon, rassurons-nous, incapables de changer le présent et de préparer l'avenir, nos gouvernants sont là pour nous assurer un ersatz de bonheur insoutenable, sorte de bouillie sucrée, indigeste et écœurante. L'état, devenu mère omnisciente, omnipotente, et castratrice, nous prévient dorénavant tous : "vous pouvez aller jouer les enfants, mais soyez sages !".

Souvenons-nous que seuls les enfants sages écoutent leurs parents, les autres n'en feront toujours qu'à leur tête. C'est la dure loi de l'addiction : n'en faire qu'à sa tête... ou plutôt qu'avec ce que l'on a dans sa tête.


Scoop : Dès 1947, Bugsy Siegel en avait fait son cheval de bataille !

J-6 !


Aaah, dans sept jours exactement, l'avion nous déposera à l'aéroport Mc Carran de Vegas. C'est pour cela, que j'ai besoin d'être en excellente santé.

Parce que dès le premier soir, ce sera bombance. Je prends ma caisse et je file dans un Denny's pour baffrer un énorme cheese-burger accompagné d'une bassine de Coca et je finirai peut-être par un milk-shake de deux litres parce qu'ils en font de très bons avec des oreo qui surnagent dedans ! Amérique, prépare-toi à la venue d'un gourmet ! En plus, le Denny's dans lequel je compte aller a la même bande son depuis sept ans, des vieux tubes de motown !

Ceci dit, le plus difficile n'est pas tant d'assumer mes préférences alimentaires, que mon plaisir chaque fois renouvelé de retourner à Las Vegas. Pour la nourriture, j'en fais mon affaire. Aux esprits chagrins qui me reprochent sans cesse de préférer une côte de boeuf frites à un étoilé du Michelin, je réponds régulièrement que je détestais déjà ce genre de restaurants lorsque adolescent mes parents m'y trainaient croyant me faire plaisir et m'éduquer le palais.

Les serveurs obséquieux, les plats curieux, et souvent de mauvais goût, servis en portion microscopiques et l'arrogance des cuisiniers se prenant pour des artistes m'horrifiaient déjà. L'étoilé du Michelin reste pour moi la transposition des errements de l'art contemporain à la cuisine. Il faut vraiment être fou pour ne pas apprécier un bon cheese-burger que l'on déguste vautré dans une banquette de moleskine en contemplant par la fenêtre une rangée de pick-ups heavy duty garés sur le parking ! Le capricorne est un être frustre !


Pour Las Vegas, c'est un autre problème. Je crois que si j'allais à New-York, Kuala-Lumpur, Marrakech, où dieu sait où, je n'aurais pas à me justifier. Les gens, même s'ils ne savent pas pourquoi, estimeraient que j'ai de bonnes raisons de m'y rendre. Voire aucune raison et n'en chercheraient donc pas. En revanche, chaque fois que je dis que je vais à Sin City, la première question que l'on me pose est de savoir si je suis joueur. Non, je ne suis pas joueur du tout ! Si je l'avais été j'aurais choisi une autre profession.

J'ai du faire trois lotos dans ma vie et encore, il s'agissait de tirages flash parce que remplir des petites cases m'apparait déjà ennuyeux. Alors, imaginez combien le poker peut me sembler pénible ! Une année, tandis que mon épouse gagnait sur une machine à sous, j'ai appuyé sur le bouton pour qu'elle se fasse payer ses gains. Elle était furieuse, tandis que moi, sérieux comme je sais l'être, je lui ai dit que c'était plus sage et que cela nous paierait le restaurant !

Mais, les gens ont bien d'autres raisons de trouver étrange l'idée d'aller passer quelques jours à Las Vegas. Ainsi, la mère de Laurence trouve bizarre qu'on parte en vacances loin de la mer. Courtois comme je suis, j'aurais pu répondre que Paris n'est pas non plus réputé pour son bord de mer, et que pourtant près de trente millions de touristes s'y rendent chaque année. Mais, je me suis abstenu.

En fait, je crois que c'est parce que malgré tous ses effort, Las Vegas traine derrière elle sa réputation sulfureuse. Je pense qu'au fond, la mère de Laurence se demandait surtout ce que sa fille allait faire dans une ville dédiée au jeu et à la prostitution. Dans son idée, la ville n'avait pas varié depuis l'avant-guerre. Elle imaginait qu'il s'agissait d'une succession de bars louches, avec devant les tapineuses attentant le client tandis que dans les arrière-salles enfumées, des joueurs patibulaires se livraient à des parties de poker acharnées. Ce doit être le fait de vivre dans l'est qui fait qu'elle imagine que Las Vegas ressemble à une ville de garnison avec une succession de bars à putes, d'échoppe de tatoueurs et de boutiques de vins et spiritueux le long des rues ! Désolé, mais Las Vegas n'a rien à voir avec Mourmelon.

Et puis, il y a aussi les abrutis, plutôt classiques, qui ne comprennent pas pourquoi on se tape autant d'heures d'avion pour si peu de choses. Ainsi, tout à l'heure, dans mon rade favori, un type me disait qu'il ne comprenait pas qu'on puisse aller admirer le grand canyon alors que chez nous, on a les gorges du Verdon. Il a poursuivi en disant, que ce n'était même pas la peine de partir si loin pour aller faire du surf vu qu'un des meilleurs spots du monde était à Hossegor au pays basque. Certes j'aurais pu expliquer à ce crétin, que Las Vegas, ville située en plein milieu du désert, n'était pas la destination la plus prisée des surfers. Mais je n'ai rien dit parce que je crois que cela m'a un peu flatté qu'il imagine que j'étais un surfer !

Quant aux casinos, on m'a aussi explique qu'il n'était pas nécessaire de faire un si long voyage puisqu'il suffisait d'aller à Enghien ! Drôle d'idée de comparer les trois-cent-cinquante machines à sous de ce casino francilien aux milliers de n'importe quel géant de Vegas dont les salles de jeux font parfois plus d'un hectare et demie ! Et puis, il suffit de se rendre sur le site du casino d'Enghien et au hasard sur celui du Flamingo pour voir qu'ils ne jouent pas dans la même cour.

Remarquez, en cherchant le site du Flamingo de Las Vegas, je viens de constater que le Groupe Tranchant avait ouvert un Flamingo en Camargue ! L'adresse, route de l'espiguette, est déjà un vrai gag mais c'est encore plus drôle de voir que ce groupe vous annonce qu'on "vous accueille dans un cadre hors du commun de 5700 m² !". Ouh la la, que c'est grand il y a de quoi se perdre ! Quant aux animations, que du bon et du meilleur, puisque le 16 mai 2007, c'était carrément Jean-Luc Lahaye qui était à l'affiche ! Le "Flamingo, route de l'espiguette", ça fleure bon la contrefaçon française, un peu comme à l'époque, lorsque les Simca Chambord tentaient de ressembler maladroitement à des Chevrolets Bel-Air en arborant de timides ailerons et surtout des dimensions ridicules.

Enfin, dernières remarques, celles faites par les intellos bon teint, m'expliquant que c'est une destination dramatique car la culture y est absente. Justement, venant d'un pays où j'entends le mot "culture" à chaque minutes, je trouve que cela fait du bien de se retrouver dans un endroit sans musées ni exposition. Dans les faits, ce n'est d'ailleurs pas vrai puisque bien des casinos proposent des expositions variées. Il se trouve simplement que je n'irai pas.

Alors pourquoi partir à Las Vegas ? Sans doute, parce que ça bouge tout le temps, que ça vit, que tout y est ouvert h24 et j7, que d'une année sur l'autre, on s'aperçoit que tel géant a été détruit pour être remplacé par un autre. Pour se mettre du bruit plein les oreilles, des néons plein les yeux, pour la chaleur accablante du désert qui vous cuit à partir de neuf heures du matin, pour les limousines délirantes, parce qu'un hôtel familial a plus de cinq cents chambres, pour marcher sur le strip et voir la tour Eiffel, mais aussi pour des tas d'autres raisons.

Et parce qu'à Las Vegas, même si on sait que tout n'est que de l'arnaque, on passe une semaine en pensant sincèrement que la vie est facile et belle et que c'est agréable d'y croire.

Offensive française pour concurrencer Las Vegas ! Toujours plus !

26 avril, 2008

Justice immanente !


Mon ami Sean, le slave fou, dont j'ai abondamment parlé sur ce blog, paye enfin son comportement monstrueux puisqu'il vient d'être lourdé. Manager ayant tout appris des RH dans les mémoires de Gengis Khan, on lui doit sans doute une bonne part du déficit de la sécurité sociale puisque ses salariés sombraient soit dans l'alcoolisme pour supporter leur vie de misère, soit dans la dépression anxieuse lorsqu'ils étaient à bout.

On aurait pu compter sur l'aide des syndicats mais Sean est tellement crédible quand il joue le mec de gauche que même le cégétiste le plus acharné aurait renoncé. Sean dans son rôle de militant communiste façon années cinquante, c'était grand à voir ! De toute manière, chaque fois que je discute avec Sean, j'ai l'impression de parler à Staline. Je suis sur que même le mec le plus acharné de SUD renoncerait face à Sean.

Pour autant Sean, comme tout apparatchik, ne s'oubliait pas, puisque c'était le type capable d'aller voir son vice-président pour négocier des hausses de salaire de vingt pour cent ou des avantages en nature ahurissants. Et si le vice-président ne voulait pas, Sean menaçait de partir, comme un enfant qui fait sa crise. Jusqu'au jour où ledit vice-président lui a déclaré qu'il en avait marre de ses manières de stars et a décidé de le lourder.

Sean, s'en fout pas mal puisqu'il part avec un chèque avec la certitude du travail accompli et l'assurance qu'il a été incompris par son vice-président. Le plus drôle c'est qu'il a organisé une réunion dans son entreprise pour annoncer son départ. Bien sur, il aurait pu être honnête mais tel n'a pas été le cas.

Non, il a préféré expliquer qu'il quittait son poste parce qu'il avait un cancer de la peau et partait se soigner. En fait, de cancer de la peau, il s'agissait d'une minuscule verrue au cou qu'un dermatologue lui avait ôtée en lui disant qu'il fallait la faire analyser pour plus de sécurité mais qu'il n'y avait aucun risque. Effectivement, ce n'était rien du tout !

Mais bon, le truc a marché puisque les éléments féminins de l'entreprise se sont mis à pleurer tandis que les hommes se disaient que si il avait été aussi dur, c'est sans doute parce qu'il souffrait atrocement. Son faux cancer permet de légitimer tous les comportements dictatoriaux de Sean.

Le plus drôle, c'est qu'un de ses salariés m'a appelé pour me faire part de cette nouvelle. Plus malin que les autres, il m'a dit : "Ce gros voyou a été jusqu'à s'inventer un cancer, tu le crois ça ?". Moi j'ai répondu que connaissant Sean, je croyais tout. Et l'autre de poursuivre : "C'est dingue, ces abrutis étaient tristes alors que l'autre était frais comme un gardon en nous parlant de son cancer, c'était ahurissant. Et moi, je me disais que si un jour je voulais faire la carrière de Sean, j'avais toute les qualités requises sauf que j'étais définitivement trop honnête". Effectivement, ce ne sont jamais les plus intelligents qui réussissent mais ceux qui osent.

Le plus amusant, c'est que Sean ne reculant devant rien a même été capable de mettre à pied une de ses salariées durant trois jours, alors qu'il n'a plus qu'un mois à faire dans son entreprise. N'importe quel chef d'entreprise aurait laissé couler mais pas Sean.

Voyant que la demoiselle arrivait tous les jours avec une près d'une demie-heure de retard, il ne l'a pas toléré. Et tandis qu'elle invoquait son état, parce qu'il semblerait qu'elle soit malade, Sean lui a rétorqué que lui même ayant un cancer, il ne se permettait pas pour autant d'être en retard. Et il vous raconte l'anecdote en rigolant.

Ai-je été triste pour les salariés de Sean ? Même pas, parce que j'ai toujours été étonné qu'ils ne se barrent pas. Sean travaille dans un secteur de pointe où l'on manque de bras. J'ai toujours trouvé étonnant que des gens puissent rester alors qu'il leur suffisait de partir. En une semaine, ils auraient retrouvé un emploi sans problème.

Il y a forcément une explication psychologique. Sans doute qu'à force de travailler pour lui, on parvient à perdre toute estime de soi, tant et si bien qu'on n'imagine même plus qu'il existe un ailleurs. Il faudrait que je relise L'archipel du goulag, Soljenytsine a du parler de cela. Peut-être que cette passivité pourrait s'expliquer par une sorte d'état de sidération, comme si l'esprit des gens était figé ou gelé face à la menace.

Par exemple, je me souviens d'une fois où déjeunant avec Sean et certains de ses cadres, j'avais été outré par la manière dont il leur parlait. Pourtant, bien que tous aient des diplômes et de l'expérience, pas un n'avait bronché. J'avais été le seul à lui tenir tête, estimant qu'il avait largement dépassé le bornes de la bienséance. Alors sidération ou soumission, je ne sais pas.

Comme il n'y a aucune justice sur terre, biens sur Sean a trouvé un autre boulot trois jours après. C'est un poste plus important et encore mieux payé. Alors, je m'interroge sur la vie, je me dis qu'il fait beau, que c'est le mois de mai qui va commencer avec ses ponts. En France, des gens vivent tranquillement sans soucis, grisés par les premiers rayons de soleil. Et parmi ces gens, dans un mois à peine, certains vont se retrouver avec Sean comme directeur général.


La morale de cette histoire ? D'une part, ici-bas les méchants ne sont pas toujours punis, et enfin, profitez de la vie, vous ne savez jamais ce qui va vous tomber sur le coin de la gueule.

Mauvais patient et autodiagnostic !

La grande classe ! Bon appétit !

Tout le monde le sait, les médecins et les psys sont de grands anxieux. En décidant de s'occuper des pathologies des autres, ils tentent de mettre à distance leurs propres angoisses. Un médecin ne peut être malade pas plus qu'un psy ne saurait souffrir de problèmes psychiques. Les problèmes, ce sont les autres, ceux qui sont en face de nous qui les ont !

Ainsi, pour la petite histoire, sachez que tel l'ours, animal que j'adore et auquel je ressemble, j'ai un fort appétit. Je suis un prédateur opportuniste mangeant beaucoup de ce qu'il n'aura aucun mal à se procurer. Si un met me plait, je me ressers bien que je sache que cette attitude est stupide. C'est ainsi, je suis un peu goinfre, le mec qu'une maîtresse de maison adore avoir à table parce qu'il fait honneur à la cuisine.

Ne parlons pas pour autant de gloutonnerie qui est un état que l'on observe souvent dans les états démentiels. Non, moi, si j'aime quelque chose, je me dis qu'il y aura toujours de la place. Et comme, je digère tout et n'importe quoi, je ne me soucie pas de cela.

Bien sur, parfois, cela ne passe pas. Ainsi mardi dernier, rentrant après mes consultations, je retrouve ma chère épouse qui m'a préparé quelque chose de succulent. Ayant déjeuné au restaurant le midi, je n'ai pas vraiment faim mais je cède. Je suis même d'accord pour un second plat et hop, par ici la bonne soupe. Comme dit la sagesse populaire, il vaut mieux m'avoir en photo qu'à table !

Ce qui devait arriver, arrive, je suis victime semble-t-il d'une indigestion, le truc idiot. Mais, moi qui ne suis jamais malade, voici que je m'inquiète. Je me vous déjà atteint des pires trucs. Je m'imagine calancher dans les semaines avec a tête de Chantal Sebire (paix à son âme) à à venir avec de la chance. Tant et si bien, que ce soir, invité à diner chez Sean, je néglige le champagne pour boire de la Quézac et que je mange à peine ! Il faut dire que dans l'après-midi, ayant une heure à tuer, je suis allé sur le Boul'Mich acheter des livres chez Gibert. Et qu'apercevant l'enseigne d'un Mc Donald's, je me suis dit que ce n'était pas raisonnable d'avoir le vendre vide !

Bien sur, j'aurais pu appeler des potes médecins et leur demander une consultation à l'oeil. Mais les médecins m'emmerdent. Je les connais, je suis sur qu'ils voudront avoir leur revanche en exigeant que je fasse une prise de sang et des conneries de ce genre. Moins je les vois, sauf pour bouffer avec eux, mieux je me porte.

Cela fait trop d'années que je fais le beau en professant le plus grand mépris pour le corps pour que je tombe dans le piège ! Je me la suis toujours joué "pur esprit". Ils seraient trop heureux de me voir anxieux comme une jeune fille lors de ses premières règles ! Je les imagine déjà se frotter les mains en me demandant des tas d'examens et en me prodiguant moult conseils.

Jamais le grand Philippe ne se rendra, ce qui, je l'admets est une attitude stupide ! "La mort vaut mieux que le déshonneur" affirment toujours les être pétri d'orgueil ! Et même si je devais me décomposer sur place en schlinguant comme le pire des clodos, je persisterai à dire que tout va bien. Sauf si j'ai mal, parce que je suis très sensible à la douleur comme tous les hommes !

Alors, que fais-je ? D'abord, j'ennuie mon épouse en lui demandant si à son avis ce que j'ai est grave. Elle rigole et me dit que si je n'avais pas mangé comme un ogre, je n'aurais pas eu d'indigestion. Sérieux, je la questionne et lui demande si pour elle, ce ne serait pas un truc grave. Comme quoi, je suis un peu débile parce que consulter une avocate pour des symptômes physiques, n'est pas malin. C'est comme si j'étais passé chez Saab pour demander au chef d'atelier ce qu'il pense de mes symptômes !

Voyant que je n'aurais aucune aide de la part de mon épouse mais simplement des sarcasmes et des sourires amusés, je décide de m'auto-diagnostiquer en tapant mes symptômes sur Google. Et là, c'est l'horreur. A partir de mes minuscules symptômes, je tombe sur des trucs bien pourris !

En premier, j'ai le droit au "syndrome carcinoïde" qui est un truc grave puisqu'un carcinome est un cancer ! Je suis en sueur, et je me mets à regretter les clopes fumées et me dis que dès demain j'irai brûler un cierge à Sainte Rita !

Puis, avisant les autres liens, on m'amène vers la "rougeole". Moui, c'est moins grave. Ensuite, j'ai le droit au "choléra", ce qui n'est pas très cool non plus. Je sens la camarde au dessus de ma tête et je me dis que si je vois l'été j'aurais de la chance. Et ce d'autant plus qu'ensuite, j'ai le droit au "syndrome méningé".

Et puis, c'est au tour d'une "maladie opportune du sida" de faire son apparition. Plus léger, Google me propose enfin "l'ictère du nourrisson" ce qui me fait dire que j'ai su rester jeune. Le moteur de recherche conclut enfin sur les "troubles de la ménopause" ce qui m'étonnerait, même si je ne nie pas ma part féminine et ma grande sensibilité !

Je reste dubitatif et anxieux. Si je fais la synthèse de tous ces résultats, je me dis que j'ai du choper un "cancer du sida du nourrison ménopausé" ce qui est une pathologie rarissime, du genre maladie orpheline ! C'est bien ma chance ! D'ici un mois, moi qui ai joué les donneurs de leçons, je supplierai peut-être qu'on me donne l'euthanasie ! Et puis, les symptômes sont toujours là.

N'y tenant plus, je me lève, vais dans mon jardin et là dans un coin sombre, je me plie en deux, mets deux doigts dans la gorge à la romaine, dans le plus pur style orgiaque, et gerbe comme un goret de l'espace ! Deux minutes après m'être rincé la bouche et lavé les pognes, parce que je suis propre, je me sens déjà mieux !

J'ai du expulser mon "mon cancer du sida" ! C'est pas aujourd'hui, que je vais mourir. Bien entendu, ne suivez jamais mon exemple et faites confiance à votre médecin qui est une chouette femme ou un chouette gars dont c'est le métier de veiller sur votre santé.

Il va sans dire que je conseille toujours à mes patients de consulter leur médecin. Il n'y a qu'avec moi que je ne suis pas sérieux ! Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.

24 avril, 2008

Bienvenue chez les lorrains !

Désolé, il n'existe pas de photos en couleur !

Devant le succès du film Bienvenue chez les ch'tis, Laurence est en train d'écrire un scénario qui s'appellera Bienvenue chez les lorrains. Entièrement tourné à Foug, sympathique bourgade à taille humaine, le film racontera l'aventure d'un cadre EDF muté de Paris à Foug. Il y rencontre Jean-Bulot, releveur de compteur un peu idiot mais confondant et touchant de naïveté, qui va lui présenter sa belle région.

Le scénario sera fini d'ici peu mais un synopsis est déjà parti chez les principaux producteurs. Laurence recherche des figurants possédant un accent à couper au couteau ! Peu importe qu'ils jouent comme des cochons, l'important est qu'ils soient typiques !

Bien entendu, aucune référence historique ou culturelle à propos de la Lorraine ne sera tolérée. On se moque éperdument de la Place Stanislas, de l'Art nouveau, et généralement de tout ce qui pourrait présenter la Lorraine de manière sympathique et intelligente et laisser deviner son très riche passé. Evidemment, Jeanne d'Arc, trop connotée religieusement a aussi été passée à la trappe. Comme le dit Laurence : "Daum et Gallé, le Duc Stanislas, et de manière générale tout ces trucs là, on s'en tape, ça n'amènera pas de public".

Laurence a donc choisi de faire simple, voire simplissime : il s'agira de faire rire au dépens de la région en faisant passer ses habitants pour des ploucs alcooliques et dégénérés évoluant dans une région misérable et sinistrée. L'axe du film est : "puisque personne ne peut nous envier, on n'a qu'à montrer qu'on est de braves gens quand même car mieux vaut passer pour des cons que l'on plait, qu'être ignorés !"

Le film offrira donc une belle galerie d'êtres moches tout droits issus du lumpen prolétariat et on montrera qu'à part faire carrière dans l'administration, pour ceux qui ont la chance d'avoir obtenu au moins un CAP (concours de catégorie C oblige), la région n'offre aucune autre perspective à part le refuge dans l'alcoolisme pour les plus courageux ou le suicide pour les plus lucides. Mais bien sur, il s'agira de faire rire et non d'attirer des investisseurs potentiels !

Les moments cultes du film sont déjà écrits ! D'abord une scène désopilante au cours de laquelle un vieil homme, interprété par Jean Rochefort (son agent a été contacté) parlera à ce cadre EDF de la Lorraine en ces termes :

"Comment la Lorraine ? Mais il y fait très froid en Lorraine. On dit que l'hiver, les jours ne durent que quatre heures et que la température peut descendre à près de moins cinquante. D'ailleurs, géographiquement, c'est très proche de la Sibérie, la Lorraine.

Et puis, il n'y a que des mines fermées et des aciéries sinistrées. La Lorraine c'est Longwy, des rues noires, des corons et des galeries qui s'affaissent entrainant les maisons dedans. Mon pauvre, ne va pas là-bas !

Et puis, il y a eu la guerre là-bas, il parait qu'on ne peut pas faire un trou dans son jardin sans tomber sur des munitions non explosées ou des ossements."


Cela ne vous rappelle rien ? Vous constaterez qu'on rit déjà beaucoup de la grosse caricature. Par la suite, bien entendu le film comprendra une scène au cours de laquelle le cadre EDF se retrouvera convié à une fête lorraine traditionnelle super rigolote au cours de laquelle il sera démontré que les lorrains sont de braves gars, pas bien malins mais super sympas.

Pour ce faire, Laurence a déjà planté le décor et prospecte dans le toulois. Elle a jeté son dévolu sur un café fermé depuis dix ans et suffisamment en mauvais état pour que les gens puissent rire de la saleté repoussante de l'endroit. La scène offrira une légère incursion dans la gastronomie locale afin de mériter les subventions du Conseil Régional et du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle.

C'est ainsi qu'au cours de cette mémorable scène du repas, on présentera des gens mangeant de la quiche lorraine et du pâté lorrain puis du baba au rhum et enfin des bergamotes, car sans bergamotes, on n'est pas en Lorraine. Bien entendu, force bouteilles de Gris de Toul seront bues de manière à montrer que si en Lorraine, c'est la misère (insister lourdement sur ce point destiné à rassurer tous les pauvres spectateurs sur leur propre vie), on sait tout de même bien rigoler. A la fin, les convives se finiront à la Mirabelle avant de retourner leurs chaises pour sauter dessus autour de la table ! Toute la salle sera pliée en quatre dans les cinémas !

Afin de satisfaire les amateurs de bluette, se déroulera en filigrane une belle histoire d'amour qui verra à la fin l'union du héros Jean-Bulot et de la jolie jeune femme qu'il courtise déjà depuis plusieurs années. Pour cette dernière, qui interprètera le rôle de Jeannine employée à la facturation chez EDF, on pressent Alice Taglioni, égérie montante du cinéma, à qui on demandera de s'entraîner à pratiquer l'accent lorrain. On s'en fout si elle n'y parvient pas. Après tout Line Renaud n'a pas du tout l'accent ch'ti et en est grotesque mais le film a tout de même marché ! Ce n'est pas un documentaire !

Le film montrant une belle bande de cons alcooliques à l'accent à couper au couteau devrait obtenir un franc succès et ravir les français adeptes d'ancrage dans le terroir. Plusieurs producteurs se sont déjà montré intéressés. Laurence s'est juré de faire un film gai et léger. Tandis que je l'interrogeais pour savoir si les lorrains ne seraient pas furieux de passer pour des cons à cause d'elle, elle m'a répondu : "Bien sur que non, je suis Lorraine moi aussi. Est-ce que les nordistes en veulent à Dany Boon de passer pour de gentils simplets ? Non, tant que c'est un nordiste ça passe. Par contre, il ne faut pas que cela soit écrit sur des banderoles du PSG, c'est tout. Ben là, c'est pareil, moi j'ai le droit !". Elle a réponse à tout !

Immédiatement jaloux de l'entreprise de Laurence, et moi aussi désireux de surfer sur la vague ch'ti, j'ai tenté d'écrire un scénario. Ayant épousé une corse, j'avais projeté d'écrire Bienvenue chez les feignants mais mon épouse m'en vivement dissuadé. Dardant son regard noir sur moi, elle m'a dit que cela ne ferait sans doute pas rire ses cousins Ange et Dominique et que si je tenais à la vie, j'abandonnerai ce projet. Soit il existe des gens qui se respectent encore soit certains sont plus susceptibles que d'autres.

Il y a vraiment des gens sans humour ! Je suis jaloux du futur succès de Laurence !

Ci-dessous, scène dramatique tournée en lorrain :

"Y‘avait eu une drache mais le temps était redevenu clarteux. Au cours d’une chouille chez l’dabich de Laurence, on cheûlait du chnaps avec des chailles. Je râouais comme un reuleuleu la p’tite à côté de moi parce que j’en aurais bien fait ma meuss. Moi j’ feugnais dans ma poche pour chercher une chmère quand j’entends la clanche remuer. C’était Jean qui venait nous voir avec un de ses potes que je ne connaissais pas.

«Comment qu’c’est gros ? Ca geht’s mohl ?» que je lui dis poliment.

Et l’autre fatche y me répond : « "Wha gros c'est schteuff ! Arkeut, c’est à ma meuss que tu parles là !»

« Pas du tout » que j’lui dis ! "Tais-donc ta grande jatte. Répète ça et je te beugne ta feuts. En plus, je l’ai même pas bouillave c’te chaille. J’sais pas qui m’a boucave ! T’es chouèche ou quoi ? Mais j’ai bien vu que tu la chpenais ! »

Le pelo, il a eu la schouff et il s’est tchâré sur son schable et son pote, une vraie tête de Hantz çui-là, sur son pelunche !"

Bien entendu, pour la traduction, merci de vous adresser à Laurence ou d'aller sur ce site. Bien que je la connaisse depuis des années, je ne la comprends pas toujours.

Quelle époque !


Un certain Sylvain, mais lequel puisque j'en connais trois, m'explique qu'il a trouvé le film Bienvenue chez les cht'is frais et léger :

"J'ai trouvé ce film frais, charmant, léger. Je l'ai consommé comme tel. Si l'objectif était la réussite commerciale, foin des jaloux et des snobs car cet objectif est atteint. Mac Do se fout pas mal de savoir si ses produits sont goûteux ou non. Mac Do a pour objectif de maintenir sa domination sur son marché. Les critiques d'ordre gastronomique font comme un bouclier les mettant à l'abri de critiques fondamentales."

Lorsque Sylvain compare ce film et Mac Donald, je crois qu'il a tort. Mac Donald est une cuisine alternative qui plait ou non. Ce n'est pas plus mauvais qu'un restaurant étoilé du Michelin, c'est simplement autre chose. Mac Donald s'appuie sur des produits sélectionnés et sur des recettes établies.

Pour le reste, Sylvain a raison et j'ai aussi raison mais je crois qu'il n'a pas compris mes propos. Si j'avais été producteur, nul doute que j'aurais aligné le blé pour produire ce film. J'aurais estimé que compte-tenu du scénario facile, puisqu'il s'agit d'utiliser la grosse ficelle que constitue l'opposition nord-sud, et de la personnalité de Dany Boon, qui réussit brillamment dans le one-man-show, je tenais là un bon produit avec lequel je pouvais obtenir facilement trois ou quatre millions d'entrées. Je me serais dit que je tenais un nouveau Brice de Nice, c'est à dire le truc bricolé à partir d'un personnage de sketch à succès.

Jamais, je n'aurais songé que mon film puisse faire dix-huit millions d'entrées. J'aurais donc eu une belle surprise. Je crois que je n'aurais pas imaginé que le pays soit à ce point en manque de gaudriole pour qu'il puisse réserver un tel accueil à un produit somme toute très moyen. Disons-le tout net, le film n'est pas une daube totale mais un produit médiocre +, le genre de truc qui vous fait sourire et que l'on oublie aussitôt après l'avoir vu. Il faut manquer de sérieux pour oser le comparer à La grande vadrouille, lequel est une satyre sociale parfois caustique opposant "le gars de la haute et le prolo". Quelle conclusion doit-on tirer d'un tel succès ?

Je pense que d'une part, on peut estimer que le peuple de France n'a finalement pas changé. On peut tenter de lui faire avaler jusqu'à la gueule de l'art contemporain, du film d'auteur et du nanar français engagé et larmoyant, ce n'est pas son truc. Le bon peuple de France n'a que faire de ces produits frelatés réservé à quelques happy fews dont le cerveau curieux est capable de visionner de telles âneries et surtout d'en retirer du plaisir.

Moi qui ne cesse de brailler que je ne crois pas au progrès humain, en voici une preuve éclatante. Entre les années soixante-dix de mon enfance, et les films de bidasse qu'on produisait, et les années deux-mille, rien ne change, les gens veulent massivement des choses simples. Les choses complexes, ils les vivent dans le quotidien. On a beau leur proposer des paupiettes de saumon sauce framboise, la blanquette de veau et le pot au feu ont encore de beaux jours devant eux.

Comme les bidasses de 14-18 qui avaient très rapidement cessé de croire aux qualités de leurs chefs, mais qui ont continué vaillamment à se battre parce qu'il le fallait bien, le citoyen de 2008 est condamné à vivre dans ce monde frelaté mais démontre qu'au fond il n'a pas changé en se moquant des prétendues élites. Il préfère donc des films simples.

D'autres part, un tel succès, quelque chose d'aussi énorme, fait un peu peur. Car je persiste et signe, quelles que soient les qualités indéniables de ce film, il ne méritait pas dix huit millions d'entrées. Jamais un film moyen de Pierre Richard, pourtant du même acabit, n'avait fait un tel succès. Alors comment expliquer un tel succès ?

Peut-on dire, que tels les toxicomanes, la France qui travaille et paye ses impôts est accro aux petits moments de bonheur ? Chacun sait qu'en fonction des arrivages, le toxico sera parfois contraint d'acheter de la drogue de plus ou moins bonne qualité. N'est-ce pas ce qui arrive aujourd'hui ? Fut un temps, où les films du type Bienvenue chez les ch'tis étaient légion. Le public avait alors le choix entre plusieurs produits et il pouvait honorer celui qui lui semblait le meilleur.

De nos jours, est-ce encore possible ? Cette comédie, bien que brillant par un scénario poussif et un jeu outré, se distingue par son ancrage dans un réel magnifié. Il s'agit de la petite ville de Bergues avec ses commerçants, des gens qui se connaissent et une absence totale de violence. Le citoyen de 2008, vivant au gré des délocalisations, de la mondialisation, de l'extrême violence urbaine, et des décisions d'un état fasciste et hygiéniste, a sans doute besoin de retrouver des racines, des choses simples qui lui permettent de trouver des repères. Alors Bienvenue chez les ch'tis était fait pour lui.

Effectivement, c'est frais et léger comme un petit rosé acheté pas cher en été. Ce film a peut-être agi comme une drogue à moins qu'il ne s'agisse d'un antidépresseur. Rappelons que la France consomme deux fois plus de psychotropes que ses voisins européens. Alors pouvons-nous estimer que les choses vont si mal, à défaut de trouver des ressources personnelles qui font défaut, le citoyen de 2008 se rue sur Bienvenue chez les ch'tis comme sur une boîte de Lexomyl ou de Stilnox ? Moi, j'en reste persuadé.

Aimable pochade d'un intérêt plus que discutable, ce film aurait eu du succès, c'est évident. Et je suis persuadé que moi-même, j'aurais pu le louer à mon vidéoclub pour le regarder après une journée de travail. Maintenant, pour que ce film ait eu une telle audience, j'estime que c'est le signe que quelque chose va mal au royaume de France. Les gens rêvent d'un ailleurs, d'un monde plus simple, d'un environnement qu'ils puissent enfin contrôler.

Pour que ce film ait fait dix huit millions d'entrée, cela signe que les gens n'ont pas changé et rêvent de choses simples mais que face à la disette de comédie traditionnelle, ils sont prêts à se ruer pour voir n'importe quoi en faisant semblant de croire que c'est un chef d'oeuvre.

Souvenons-nous que durant le siège de Paris par les prussiens en 1870, les parisiens mangèrent du chien et du chat. Nous savons aussi que pendant la grande dépression américaine des années trente, les hobos, ces vagabonds cherchant du travail, n'hésitaient pas à faire bouillir une chaussure de cuir débarrassée de son cirage pour en faire une soupe afin de pouvoir manger quelque chose. Plus proche de nous, lors de la dernière guerre, on vit des ersatz comme le jus de gland remplacer le café. Et aujourd'hui, face à l'augmentation du stress et la pénurie de comédie, les gens se précipitent pour voir Bienvenue chez les ch'tis ou Disco !


Comme dit le proverbe : "Faute de grives on mange du merle". Durant les périodes de pénurie, c'est toujours ainsi.

23 avril, 2008

J'ai honte !

Putain, même Tarzan s'y met !

Lundi matin, j'ai peur d'être en retard. Je téléphone alors à mon premier patient pour le prévenir et lui dire de m'attendre au rade situé à côté de mon cabinet. Finalement, j'arrive à l'heure et mon patient et moi, prenons un café en terrasse puisqu'en tant que fumeurs, nous sommes comme les chiens, contraints de rester dehors.

Cela faisait un certain temps que je n'étais pas retourné dans un rade, surtout celui-ci. Les patrons plutôt jeunes sont malaimables et on comprend vite que le blé est leur seule motivation. Mais bon, quand on a du courage mais qu'on est nul à l'école, on finit cafetier et aigri. La petite tôlière a beau jouer les belles avec ses bagouzes, elle reste bistrotière et ça se sent.

Le service étant lent, c'est mon patient qui décide d'aller passer la commande en salle. Resté seul, je perçois alors le brouhaha parvenant de l'intérieur par la porte restée ouverte. C'est à ce moment que j'entends distinctement le crétin de patron accueillir l'un des habitués par un sonore "Bonjour biloute !". Je n'en reviens pas et reste médusé. Un autre habitué se voit accueilli de la même manière.

Effaré je constate que Bienvenu chez les ch'tis a fait des émules et des ravages. Je déteste aller au cinéma. C'est cher, on ne peut pas appuyer sur pause pour aller pisser et en plus c'est non fumeur. Alors, je n'y vais pas. De plus, il suffit qu'un film ait beaucoup de succès pour que je n'aille pas le voir. C'est stupide mais c'est ainsi, c'est mon dandysme à deux balles. On fait ce que l'on peut.

Lorsqu'ils sont sortis, je n'ai pas vu Le grand bleu, Trois Hommes et un couffin, Le Grand bleu, Titanic ni même Amélie Poulain. Je les ai vus par la suite lorsqu'ils furent projetés à la télévision. J'ai trouvé ces films médiocres et je n'ai même pas vu la fin de certains. Et pourtant, je suis bon public puisque je suis capable de mater cinq ou six Tarzan de suite sur NRJ12 avec l'ineffable Wolf Larson dans le rôle titre.

Il faut que je vous avoue que j'ai vu Bienvenue chez les ch'tis. Je sais que c'est lamentable mais c'est ainsi. C'était par un après midi pluvieux et mon père avait envie d'aller au cinéma. Comme il y va souvent, il ne restait que ce film qu'il n'avait pas vu. Nous ne nous attendions pas à un miracle mais à un truc gentillet et regardable.

Durant une heure et demie, nous avons tout juste souri. Le scénario est basique à la limite de l'indigence, les gags téléphonés sont une resucée de ce que fait Dany Boon dans ses spectacles, le tout donnant une bouillie d'une mièvrerie affligeante. Ca suinte tellement de bons sentiments qu'à côté, La Grande Vadrouille fait figure de film engagé ! Et puis, n'oublions pas la mention spéciale pour Line Renaud qui à force d'avoir trop descendu les marches du Casino de Paris, se retrouve le cul par terre à tenter de prendre l'accent ch'ti sans y parvenir en préparant des tartine de maroille.

On dit que le film donne une image sympathique de nos concitoyens nordistes, moi je ne trouve pas. Songer que ce film donne une image exacte du Nord, c'est comme de croire que Jamel serait l'ambassadeur de la culture marocaine. Enrico Macias avait su trouver des images plus dignes de cette région quand il chanta Les gens du nord en 1967.

Mais bon, si les nordistes admettent que passer pour de braves cons est une opération de communication acceptable pourquoi pas. Moi, je trouvais que les usines, les mines et les champs de bataille, ça avait plus de gueule. D'ailleurs, tout en gardant son côté bon enfant, ce film aurait pu rappeler le passé glorieux de la région. On peut faire une comédie sans tomber dans la caricature outrancière. Le nord, ce n'est pas que la poste. Si les gens du cru imaginent que l'on peut réduire l'histoire du Nord et son fabuleux patrimoine artistique à une baraque à frites, un accent insupportable et une bande de débiles alcooliques bossant à la poste, pourquoi pas ! Cela semble convenir à certains.

Moi je m'en fous, je n'ai aucune racine dans ce coin. Il n'en reste pas moins que cela me fait chier d'avoir payé vingt euros (deux places) pour aller voir cette daube. Je comprends qu'il y ait des fans du téléchargement. Une merde pareille, cela ne s'apprécie que si on n'a pas payé une thune pour la voir, et si on peut la mater en catimini, un après-midi pluvieux, le derche calé dans un canapé (*). Et puis maintenant, il faut assumer la honte de faire partie des dix-huit millions de crétins qui sont allés voir ça. Je vous jure que ce n'est pas facile.

Bien sûr, je pourrais toujours nier y être allé. Après tout, j'ai réglé en liquide et j'ai baissé la tête en passant près des caméras de contrôle du cinéma. Mais bon, pour cela il faudrait mentir. Qu'est-ce qui est pire ? Mentir ou bien avouer que l'on est allé voir Bienvenue chez les Ch'tis ?

Je ne sais pas mais bon, cette faute de goût me pesait. Eduqué dans un établissement privé catholique et pétri de valeurs chrétiennes, je ressentais le besoin de me confesser pour me soulager. J'ai même voulu aller voir un prêtre. Je lui aurais dit "Pardonnez moi mon père parce que j'ai péché".

Le saint homme en soutane, avisant mon physique d'homme à femmes, se serait attendu a des turpitudes croustillantes. Mais, je lui aurais simplement dit : "Je suis allé voir Bienvenue chez les ch'tis", puis j'aurais fondu en larmes.

Je crois que le pauvre prêtre n'aurait pas compris. Au pire, imaginez même qu'il m'ait répondu au travers de la fenêtre du confessionnal : "Ah oui, ben moi aussi, vous avez vu, c'est super quand Kad passe la commande dans le restaurant, etc." Et là, je risquais de perdre la foi et je ne voulais pas.

Ou pire, imaginons ce brave prêtre imitant maladroitement l'accent ch'ti, et tentant de me réconforter en me disant : " Hein ? Ben Biloute ch'est pô grave cho ! Faut pas braire pour chi peu ! Fais pô ton bourbourse". Là, je crois que je l'aurais étranglé !

Alors, ce soir, seul face à mon vieux HP, j'écris pour soulager ma conscience. Tel l'alcoolique débutant sur le chemin long et difficile de l'abstinence, venu pantelant et coupable pour la première fois à une réunion des AA, j'ose vous dire chers lecteurs :
- Bonjour je m'appelle Philippe et j'ai vu Bienvenue chez les ch'tis.

Ne me jugez pas trop durement ...

Pulp Fiction bientôt en ch'ti !

(*) Bien entendu, je réprouve le téléchargement puisque c'est interdit par la loi !

22 avril, 2008

Pub Renault, Foug et nostalgie !

Initiative récente du maire de Foug

J'ai constaté que je suis l'un des seuls à parler de Foug (54570) bien que je n'y aie jamais mis les pieds. Parfois quand je parle à Laurence, sans qu'elle se rende compte bien sur, je l'observe et je me demande comment c'était de vivre et de grandir à Foug.

Ca me rappelle lorsque j'étais petit et que RTL tournait en boucle dans la cuisine. Le stupide animateur Fabrice annonçait le montant de la Valise RTL et peu de temps après, il téléphonait à un quidam dans la France profonde pour lui demander s'il connaissait le montant exact de ladite valise. S'il le connaissait, c'était bon, il reportait la somme, ou bien il avait le droit à la phrase "tant pis, ce sera pour une prochaine fois". Mais, les gens n'étaient pas bête, même en France profonde, et savaient bien que la Valise RTL, c'était le truc qui vous arrivait une fois dans votre vie mais pas deux.

J'entendais les noms des villes et je me mettais à rêver. J'essayais toujours d'imaginer à quoi ressemblait le patelin en question, comment on pouvait y vivre. Pour moi, alors jeune et bête, il me semblait impossible de vivre ailleurs qu'à Paris. Encore une fois, j'avais l'excuse de la jeunesse mais vous noterez que là, où la plupart des jeunes bovins de mon âge n'auraient songé à rien, moi, âme torturée et déjà brillantissime, je me posais déjà plein de questions existentielles. J'étais déjà un génie !

C'était l'époque à laquelle, lorsque mon frère ainé et moi, avions été de bons petits gars, mes parents nous emmenaient au Pub Renault déjeuner ou manger une glace. Le Pub Renault, c'était un truc délirant mêlant un show-room montrant la gamme du constructeur avec juste derrière un restaurant remplis de box qui avait un avant-goût d'Amérique. D'ailleurs, à cette époque, on ne disait pas encore "show-room", on disait "exposition" ou encore "présentation".

Déjà très goinfre, je m'arrangeais tout le temps pour prendre la plus grosse des glaces qui s'appelait la "Voiture de grand papa", et dans laquelle quatre meringues rondes figuraient les roues. Ensuite, je me levais prestement de table et allais admirer les véhicules rutilants exposés.

Et là, je montais dans toutes les voitures, m'esbaudissant devant les fabuleuses R15 ou R17, voitures de sport de la marque et pour tout dire équivalents français des Chevrolet Camaro et autres Pontiac Trans-am. Puis, lassé je me laissais choir dans le skaï accueillant de quelque R20 GTS, dotée d'un quatre cylindres deux litres et de vitres électriques ! Oui, des vitres électriques, carrément, je sais que c'est à peine croyable.

Depuis, tout a changé, je ne suis plus allé sur les Champs-Elysées depuis bien longtemps parce qu'il n'y a que des racailles ou des présidents bling-bling. En faisant cet article, j'ai cherché si le Pub Renault existait encore, j'ai vu que cela s'appelait l'Atelier Renault. C'est ainsi que j'apprends que :

"L’Atelier Renault a pour ambition de porter et d’incarner le dynamisme et l’identité de Renault.

Conçue par Franck Hammoutène, l’architecture exprime l’esprit d’ouverture avec un parti-pris de transparence et de fluidité. Modulaire, elle permet de réinventer l’espace intérieur au gré des événements.

L’Atelier Renault crée des événements liés à l’actualité de Renault : Formule 1, lancement d’un nouveau modèle, focus sur un pays… Il accueille également des événements artistiques, culturels ou sportifs en affinité avec l’univers Renault.

L’espace événementiel, situé au rez-de-chaussée, propose ainsi quatre à cinq expositions majeures par an ainsi que des animations ponctuelles : retransmissions d’événements sportifs , plateaux télé ou radio, rendez-vous musicaux…"

La novlangue et les communicateurs, sans doute des pétasses diplômées du Celsa, sont passés par là, débarrassant ce haut lieu de mon enfance de tout ce qu'il y avait de magique. C'est décidé, je n'irai pas parce que je serais à coup sur déçu. Je n'ai jamais aimé "l’architecture exprimant l’esprit d’ouverture avec un parti-pris de transparence et de fluidité" ou "réinventant l’espace intérieur au gré des événements" et encore moins les "espaces événementiels". Ces mots là me donnent des envie de pelotons d'exécution au petit matin, ou de cordes et de réverbères !

Bande de salauds, ils ne respectent rien et surtout pas mon enfance. Je suis sur qu'ils ont enlevé la "Voiture à grand-papa" de la carte parce que cette énorme glace était trop calorique et ne cadrait plus avec les critères diététiques du temps. Peut-être qu'ils l'ont même remplacée par une odieuse petite pâtisserie que l'on doit savourer en faisant des mines de vieille coquette ?

Une chose est sure, si un jour je suis élu Président de la République, je fais évidemment un coup d'état et me fais sacrer à Reims Philippe VII. Puis, la première mesure de mon règne sera de réouvrir le Pub Renault en y faisant de nouveau exposer toute la gamme 1975 ! Et mon premier privilège sera de pouvoir m'asseoir dans chacun des modèles pour de nouveau sentir les parfums envoutants de la moleskine et du skaï qui enchantèrent mes jeunes années. Avec moi, ça va changer, pas de yacht de Bolloré, ni de conneries ostentatoires comme l'autre abruti !

Finalement, il n'y a que Foug qui ne bouge pas. Peut-être qu'on leur téléphone encore pour la Valise RTL ? Peut-être même que dans la mairie, c'est encore le portrait de Georges Pompidou qui est encore accroché ?

Alors, nostalgiques de tous poils, amateurs de la formule "c'était mieux avant", contempteurs d'un avenir qui doit toujours ressembler au présent et au passé, amis capricornes adeptes de l'immanence, rendez-vous tous à Foug !

En venant de Paris, c'est simple, vous prenez la N4 à la porte de Bercy et vous sortez à Foug. Pour le plan du village, c'est ici, vous ne risquez pas de vous y perdre !

News from Tibet !

Piquée sur l'Organe !

Bon, on nous a suffisamment saoulé avec le Tibet, pays que je ne connais pas et dans lequel je n'irai jamais. Je me demande simplement si les tibétains s'alarment de la disparition de l'industrie française ? Je suis sur que non, les tibétains ne pensent qu'à leur gueule et à leurs petits soucis. Parfois, je me dis qu'on devrait faire de même. Je n'ai pas entendu les tibétains défendre les salariés d'Arcelor-Mittal de Gandrange et je vous avoue que je leurs en veux un tout petit peu !

D'ailleurs, les rues parisiennes sont aussi envahies de traiteurs chinois, est-ce qu'on gueule nous ? Non, nous savons accueillir l'autre ! Donc un peu de dignité, de compassion et de retour aux sources les tibétains ! C'est le moment d'appliquer les principes bouddhistes et de vous dire que parfois la vie est dure ! Toute petite bobote parisienne adepte du dharma sait qu'avec des actions bienveillantes et une générosité sans réserve, elle purifie son corps ! Alors faites de même !

Mais bon, vous vous doutez que je ne voulais pas vous entretenir du Tibet, situation géopolitique complexe à laquelle je n'entends rien et dont je me fous totalement, même si je pense que c'est super triste et grave à moins que ce ne soit l'inverse. Non, c'est juste qu'en surfant, j'avais trouvé de chouettes photos rigolotes (haut et bas de l'article) et qu'il me fallait un prétexte pour les insérer dans mon blog de la mort !

"Bouddha-purée", photo envoyée par Laurence, qui décidemment ne respecte rien ni personne !
Pour la peine, elle récitera 1000 ave et 2000 pater noster et ira à genoux à Saint-Jacques de Compostelle !

Un bon petit gars !

Vue de Foug, le Las Vegas de Meurthe et Moselle
Bar Tabac Le Flamingo idéalement situé en face de l'arrêt des autocars venant de l'aérodrome
(navettes Foug-Toul quotidiennes en Latécoère 28 ! (54 570)

Rapidement, en un éclair, en milieu d'après midi, je me rue sur le portable que j'ai à mon cabinet et l'allume. Puis, fiévreusement, les yeux brillants et le front perlé de sueur, je me précipite sur blogger.com pour modérer mes commentaires puis voir mes statistiques.

Motigo, mon service de statistiques rien qu'à moi et que je trouve parfait, m'annonce que je pourrais avoir 500 connectés aujourd'hui au lieu des 300 habituels. Je m'interroge alors, me demandant la cause d'un tel engouement pour mon misérable petit blog insignifiant où telle un vermisseau indigne je persiste à écrire d'ineptes petits articles ?! Je tombe évidemment à genoux, remerciant Dieu qui a bien voulu donner la grâce d'un tel succès au cloporte indigne que je suis ! Le soir venu, je constate que finalement 432 personnes ont honoré mes divagations médiocres de leur venue ! J'ouvre la fenêtre et hurle pour manifester mon contentement, tant pis pour mes imbéciles de voisins.

De deux choses l'une, soit j'ai commis un article insensé d'intelligence, mais ce n'est pas mon habitude, soit l'une de mes productions a plu à quelqu'un qui en aura fait la promotion. Une dernière explication existe encore. Il se trouve que dimanche soir, j'ai parlé à la mère de Laurence via MSN avec la cam.

Se peut-il alors que cette brave femme ait colporté la nouvelle à Foug, s'écriant "ich habe mit einem Pariser gesprochen !" ("j'ai parlé à un parisien !") et qu'au café du centre (spécialité de croutonnade faouine, réservations au 03 83 62 71 15), qui fait aussi cybercafé (un PC IBM XT en accès libre avec modem 56ko), une foule de faouins (habitants de Foug) se soit précipitée pour admirer mon oeuvre ? Je ne sais pas et ne pourrai jamais en avoir la preuve à moins de me procurer L'est Républicain (édition de Toul) !

Débauche technologique au café du centre !

Déterminé à en savoir plus, c'est encore à mon fidèle service de statistiques que le dernier mot reviendra. J'apprends ainsi que Le grand Charles, site conservateur d'excellente facture a publié un article faisant référence à mon blog. Manifestement grand admirateur de Pierre Richard, le jeune homme qui préside aux destinées de mon blog a eu l'heur de considérer que mon dernier article intitulé Le test du galet, dans lequel je parlais du film Un chien dans un jeu de quilles, était digne d'être cité.

Je tiens aujourd'hui donc à remercier le Grand Charles de l'honneur qu'il m'a fait en me citant dans son blog et l'assure que dans les jours qui viennent, je n'hésiterai pas à consacrer un article entier à des chefs d'oeuvre tels que La course à l'échalotte (1976), Je suis timide mais je me soigne (1978) voire même C'est pas moi, c'est lui (1980).

Dans tous les cas, le Grand Charles est un bon petit gars, doublé d'un esprit puissant puisqu'il a vu dans No country for old men, des tas de choses que je n'ai pas vu comme l'atteste notre échange de points de vue d'une puissance intellectuelle encore jamais vue à ce jour figurant sous l'article suivant. Je lui ai envié la fougue de sa jeunesse et sa capacité encore intacte à s'émouvoir d'un rien. Pour le coup, je me suis presque retrouvé dans la peau du vieux shérif Bell interprété par Tommy Lee Jones. Moi personnellement, j'ai trouvé que le film démarrait bien mais que ça partait en eau de boudin sur le final !

Pour tout savoir sur l'expression désuète "partir ou tourner en eau de boudin", merci de vous rendre sur cette page.

Le grand Charles à l'âge de sept ans. Notez le classicisme du capricorne. J'étais pareil au même âge !
(coll. privée)