31 mars, 2009

Pattes de nounours !

Deux morceaux au répertoire, ça y est je pars en tournée !
Casquette fournie aimablement par El Gringo !

Comme je n'avais pas envie de jouer J'ai du bon tabac dans ma tabatière au bout de trente semaines mais que je n'arrivais à rien tout seul, je me suis dit qu'il me faudrait un prof de basse. Et j'en ai trouvé un pas loin de mon cabinet.

Ça m'a fait drôle de me balader avec un étui de basse dans le RER. Moi, qui n'ai jamais joué que du piano qui est un instrument très classe - et peu transportable surtout mon quart de queue -, voici que je me retrouve à me balader comme un loquedu avec une basse sur mon dos !

Le contact avec mon prof de basse a été très fructueux. Il est plus jeune que moi et très sympa et suffisamment cool pour savoir me prendre. A savoir qu'il ne se la raconte pas et a compris qu'avec moi, il aurait des problèmes.

Je suis l'archétype même de l'élève chiant qui veut tout tout de suite sans faire trop d'efforts. Le genre de mec qui demande dès le premier cours à jouer des trucs super compliqués. Alors mon prof, plutôt que me traiter de gros con prétentieux, a su me prendre et s'adapter à mon cas.

Il m'a dit qu'il faudrait peut-être quelques semaines avant de faire des trucs super compliqués mais qu'on pouvait tout de même s'amuser dès le début. Alors il m'a proposé deux morceaux sympas.

Le premier c'est Natural mystic de Bob Marley. Ça parait tout con, quatre notes à faire, rien de plus. Mais bon, pas facile à mettre en place, surtout que les grosses cordes de la basses blessent mes petits doigts sensibles. Le second morceau, c'est Chaméléon de Herbie Hancock. Là aussi, on se dit qu'une petite montée chromatique et deux notes pourries de rien du tout, ça sera simple. Ben non, c'est pas simple du tout à faire ! Enfin, c'est plus motivant que J'ai du bon tabac dans ma tabatière. Ce qui est chiant par contre, c'est que je ne sais pas encore si je vais devenir rasta ou m'orienter vers le funk ! Peut-être que je vais me faire des dreadlocks et porter uncostume à paillettes pour être un peu polyvalent.

Sinon mon prof est vraiment bon et il a deux superbes basses, ce qui fait qu'à terme je ne serai plus obligé de me trainer dans le RER avec mon instrument comme un vulgaire intermittent du spectacle. Putain j'ai craint à un moment de m'abonner à Libération.

Et puis ce qui est rigolo, c'est que mon prof de basse a de toutes petites mains. On dirait des petites pattes de nounours. On s'imagine toujours que pour jouer de la basse il faut de grosses paluches, et bien non, il y arrive avec ses petites mimines. Et il y arrive même super bien, ce qui est normal puisque c'est un musicien professionnel.

En plus, lui qui est plutôt calme, et même assez calme pour me supporter, c'est rigolo de le voir danser quand il prend sa basse pour jouer ou me montrer un truc. Je crois que c'est ça qu'il appelle groover. Peut-être qu'un jour moi aussi je me dandinerai tout seul en jouant de la basse ! Pour le moment, j'avoue humblement que je me dandine mieux que je ne joue de la basse !

Et puis en plus il a un bouc roux même s'il persiste à me dire qu'il est blond vénitien et pas roux. Mais moi, je trouve ça plutôt sympa d'avoir un prof de basse roux, je suis sur que ça va me porter chance ! Si vous rêvez de jouer de la basse mais que vous êtes orgueilleux et passablement casse-couilles, c'est le prof qu'il vous faut : calme et humble, il sait très bien s'adapter aux gens pénibles !

Bon en bref, j'ai réussi à trouver un prof de basse roux, avec des toutes petites pattes de nounours, qui joue super bien, se dandine de manière rigolote, possède de superbes instruments et est à deux minutes de mon cabinet. Si avec tout ça, je ne deviens pas un des plus grands bassistes du monde, c'est que je l'aurai fait exprès. Parce que putain, tripoter quatre cordes, c'est pas la mer à boire !

Moi je vous le dis, le monde du rock va subir un cataclysme phénoménal ! Peut-être que l'an prochain, devenue musicien professionnel, je me retrouverai dans le jury de La nouvelle star à me foutre de la gueule des jeunes !

25 mars, 2009

Loin du blog !

Ne soyez pas jaloux ! Dans le rock, on est un peu obligés de se la péter ! L'apparence compte beaucoup !

Ben oui, je n'ai pas écrit beaucoup ces derniers temps. Pourtant, j'ai mis des trucs en brouillon mais je n'ai pas eu le temps de rédiger. La faute à ma nouvelle carrière de bassiste de rock. Parce que ça a beau n'avoir que quatre cordes et être un instrument de branleur comme dirait Olive mon pote riche qui roule en Alfa-Roméo pleine d'enceintes Bose, ben faut quand même apprendre à en jouer. Ça ne vient pas comme ça, même à un mec super doué comme moi.

J'ai d'abord branché la basse sur l'ampli. Et j'ai touché les cordes et .. rien. Enfin si, juste un son merdique qui est sorti du haut-parleur. J'ai failli arrêter de suite. Parce que comme j'ai toujours eu des facilités pour tout, je n'aime pas faire des efforts.

Mais bon, comme je suis sérieux aussi, je me suis dit que je pourrais m'acheter une méthode pour apprendre. Alors je suis allé dans un magasin pas très loin de chez moi. Le problème c'est que quand j'y suis allé je n'étais pas très clair.

En fait, le midi on avait déjeuné avec mon pote Olive dans un restau où ils filent le pinard à volonté. Alors Olive et moi on avait un peu chargé la mule et je n'avais pas les idées très claires quand après déjeuner on est allé dans le magasin de musique.

On était très volubiles et on puait la vinasse et on devait avoir trente pour cent de cerveau disponible. D'ailleurs les vendeurs nous regardaient d'un drôle d'air. Il faut dire qu'Olive jouait avec une grosse table de mixage dans son coin tandis que je prenais la tête d'un vendeur en lui expliquant en long, en large et en travers ma future carrière de bassiste de rock.

Ils ont fini par m'envoyer un autre vendeur, un tout jeune, qui s'est présenté comme étant bassiste. C'était un mec tout petit et très patient. C'est connu que les bassistes sont patients. D'ailleurs il faut de la patience pour jouer de la basse vu qu'on répète les mêmes notes tout le temps sur un morceau.

Alors le mec m'a conseillé deux méthodes que j'ai achetées. De retour chez moi, je me suis dit que c'était de la daube ce que j'avais acheté. Je n'ai qu'à m'en prendre qu'à moi-même parce qu'il faut être le roi des cons pour aller acheter une méthode de basse en étant à moitié bourré. L'abus d'alcool, non seulement est nocif pour la santé, mais en plus rend con ! C'est moi qui vous le dis !

J'ai quand même testé les trucs. J'ai compris que je m'y prenais mal pour toucher les cordes parce que sur une basse, faut pas faire comme sur une guitare. Mais bon, claquer 60 euros dans deux méthodes pourries pour apprendre juste ça, ça fait un peu cher !

Sinon, les méthodes sont bien merdiques et les CD fournis avec sont de la pure daube. On entend un mec répéter les mêmes notes à longueur de temps. En bref ça ne groove pas du tout et moi je veux que ça groove. En plus le son est tout pourri !

En plus, sur une des méthodes, ils disent que c'est progressif et en fait, au bout de trente semaines vous pouvez jouer "J'ai du bon tabac dans ma tabatière". C'est super motivant !

Vous vous offrez une basse pour faire des super trucs et vous vous retrouver à bosser comme un damné pour jouer des merdes enfantines !

Moi, j'aime quand ça va vite !

23 mars, 2009

Nouvelle lubie !

Rock et voiture de sport ! Qui a dit que les psys étaient des gens chiants ?

C'est sans doute parce que je connais plein de guitaristes que j'ai eu envie d'acheter une guitare. Mais bon, je redoutais aussi le risque d'être confronté à eux lorsque j'en jouerais. Et puis, comme je suis un grand indécis, je me demandais si je devais jouer de la guitare ou bien de la basse.

J'ai interrogé quelques personnes. Les guitaristes ont tous vanté leur instrument tandis que les bassistes ont vanté le leur. Olive, mon pote riche qui roule en Alfa-Roméo pleine d'enceintes Bose et qui n'a jamais joué d'aucun instrument, m'a dit d'acheter une basse parce que son petit frère lui avait dit que c'était plus facile et que c'était l'instrument l'idéal quand on ne voulait pas se casser le cul à jouer de la guitare mais qu'on voulait tout de même faire le beau dans un groupe.

Enfin Laurence m'a dit que la basse c'était un instrument pour les gens sérieux parce que cela tenait tout dans un groupe. Effectivement, la basse ne s'écoute pas mais elle s'entend ; elle lie le rythme à l'harmonie. Vous noterez que j'en connais des trucs !

Comme je suis un mec sérieux et non un de ces affreux types adorant faire du show en faisant des moulinets sur sa guitare, je me suis dit que la basse était faite pour moi. Le mec carré qui structurera la bande de camés formant le groupe, ça sera moi !

Alors hop, direction e-bay parce qu'il y en a plein à vendre. Me connaissant suffisamment pour savoir que mes lubies ne tiennent pas, je n'allais pas m'acheter une super marque du genre Musicman ou Alembic, ni même une simple Fender, Epiphone, Gibson ou Ibanez, ou même une Yamaha. (Putain, vous noterez que je connais toutes les marques ou presque !)

Pas du tout, je suis un mec sujet aux lubies mais aussi un mec raisonnable alors, je me suis contenté d'acheter aux enchères une basse sans doute fabriquée en Chine. A 49,90€ le morceau, j'ai fait une bonne affaire ! Elle est blanc vernis et super belle.

Et puis, comme il me fallait un ampli, j'ai remis des enchères. Là encore, j'aurais pu acheter un ampli de marque pour me la raconter mais non. Toujours aussi sérieux, j'ai opté pour un truc basique et efficace adapté à mon niveau merdique en basse.

Et toc, sur Ebay j'ai remporté un bel ampli 20watts livré avec la guitare. C'était un lot sans doute acheté par un gamin qui voulait tenter une carrière de bassiste de hard-rock. mais qui s'est découragé quand il a vu que c'était moins facile que ce qu'on voyait à la télévision. Alors la basse est de couleur bois mais avec des impressions têtes de mort !

Elle craint un peu mais elle vachement plus agréable en mains que la blanche. Bon, comme je suis super doué, vous me verrez sans doute en concert prochainement. Et si vous entendez parler d'un nouveau bassiste qui déchire sa race : ce sera moi !

Bon vous noterez qu'entre temps, j'ai bossé le sujet parce que même si je n'ai jamais touché une guitare de ma vie, je connais les marques ! John Entwistle, le bassiste prodige des Who, a bien fait de mourir en 2002, parce que je crois que je l'aurais humilié !

Je sais pas, mais quand j'ai ma basse "tête de mort" entre les mains, il se passe un truc et ça groove très fort. Bon, je vais me faire pousser les cheveux.


La honte que je lui aurais mise à lui !

17 mars, 2009

La peur de l'uniforme !


L'expérience de Milgram est une expérience de psychologie réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram. Cette expérience vise à estimer à quel niveau d'obéissance peut aller un individu dirigé par une autorité qu'il juge légitime et à étudier le processus qui mène à un maintien de cette obéissance ; notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Cette expérience a permis d'estimer à quel point un individu peut se plier aux ordres d'une autorité qu'il accepte, même quand cela entre en contradiction avec son système de valeurs morales et éthiques.

C'est une expérience passionnante qui prouve que face à une autorité, le flic, le pompier, l'élu, le médecin, etc., la plupart des gens abandonnent tout sens critique et toute morale pour se plier aux ordres. Et c'est encore pire si ladite autorité, est revêtue d'attributs spéciaux : uniforme, stéthoscope, etc.

Être un héros nécessite donc des valeurs transcendant toute autorité ou bien un mépris avéré pour cette dernière. Dans la grand majorité des cas, ceux qui disent "non" seront donc soit des saints, soit des militants purs et durs, soit encore des sociopathes, mais jamais des gens "normaux".

L'écrasante majorité des gens est donc naturellement soumise et il n'est pas difficile de leur faire faire ou dire, ce qu'ils avaient juré de ne jamais faire ou dire. Pour cela, nul besoin de recourir à la torture, le recours à la figure de l'autorité suffit. Tout bon politicien le sait et le Général les avait d'ailleurs traités de "veaux" en son temps. D'ailleurs, parmi les politiciens existent aussi des soumis prêts à se renier parce que le président l'ordonne par exemple.


Vendredi dernier, quand les pompiers sont arrivés pour venir en aide à cette femme. Deux se sont occupé d'elle tandis que le troisième, une femme, une sorte de petit "pot à tabac" avec le grade de caporal-chef est passée parmi nous pour nosu demander qui les avait appelés.

J'ai dit que c'était moi. Aussi m'a-t-elle demandé ce qui était arrivé. J'ai juste dit que j'avais vu cette femme se retourner pour saluer quelqu'un. Que ce faisant, sa chaussure avait accroché une aspérité du trottoir et qu'elle était tombée à la renverse, son crâne heurtant violemment le sol. Dans le cadre d'une assistance médicale, mes renseignements auraient du lui suffire. Mais la vilaine curieuse semblait vouloir en savoir plus car un "petit flic" sommeillait en elle.

Alors, elle m'a interrogé pour savoir si cette femme sortait du café ou si elle marchait dans la rue. Elle affichait un air soupçonneux dans lequel je lisais toute la haine qu'elle portait à la confédération des cafetiers. Peut-être un père alcoolique et violent ? Allez savoir ce qui peut motiver une vocation de sapeur-pompier chez une femme ?!

A une époque où les fumeurs se retournent contre les vendeurs de cigarettes quand ils ont leur cancer, je ne sais pas quelle funeste obligation pèse sur un bistrotier dont un des clients aurait le malheur de tomber dans la rue. J'imagine, que si n'importe qui est libre d'aller au bistro, il doit forcément exister quelque loi stupide rendant le tenancier responsable au cas où le client ferait un faux pas en sortant de l'estaminet.

Aussi, pour ne pas mettre mal le cafetier que j'aime bien mais aussi pour emmerder l'uniforme, je lui ai dit que je n'en savais rien parce que je n'étais pas chargé de surveiller les faits et gestes de mes concitoyens, lesquels allaient où bon leur semblaient.

"Vous êtes sûr que vous n'en savez rien ? Vous êtes vraiment sûr que cette femme ne sortait pas du café ?", m'a encore demandé avec insistance cette odieuse "fliquette" déguisée en pompier. Alors comme elle commençait vraiment à m'emmerder, je lui ai juste demandé si elle était pompier ou flic et si elle n'avait rien de mieux à foutre plutôt qu'à poser des questions idiotes, parce que sinon, la prochaine fois j'appellerais le SAMU plutôt que les pompiers. Elle n'a pas apprécié du tout et je m'en fous. Moi, faire le 15 ou le 18, c'est pareil ! Allez donc joeur les bons samaritains et voici qu'on vous ennuie avec des questions oiseuses !

Tout aurait pu en rester là, si deux individus bien intentionnés à qui on n'avait rien demandé, n'avaient aussitôt surgi à mes côtés, en disant : "Si si, cette femme sortait du café". Ah, ils étaient beaux les deux, tout fiers d'avoir aidé un représentant de l'état. Se tenant droits et avides de répondre à toutes les questions. On leur aurait demander d'aller chercher le bistrotier pour le faire fusiller sur le champ, qu'ils auraient obéi, espérant sans doute une médaille. Le genre de mecs prêts à clamer haut et fort "qu'ils font confiance à la justice de leur pays".

Oublié le scandale d'Outreau, la présence pénible de la maréchaussée sur la route, prête à vous ôter des points pour tout et n'importe quoi, les taxes iniques, etc., et de manière générale la mainmise liberticide de l'état sur nos vies, plus rien de cela comptait. Il y avait face à eux, un petit bout de femme boudinée dans un moche uniforme avec un misérable grade de capo-chef, et les voilà qu'ils collaboraient activement.

Pourquoi ? Rationellement, rien ne les y obligeait. J'avais appelé les pompiers puis un type nanti d'un brevet de secourisme avait mis en oeuvre ce qu'il fallait pour que cette femme attende les secours. Tout le reste, une fois les pompiers sur place, ne nous regardait plus. Chacun de nous pouvait retourner vaquer à ses occupations. Si la responsabilité du cafetier devait être recherchée : c'était l'affaire de la police et non la nôtre.

Mais, il y avait la soumission à l'autorité qui sommeille chez le commun des mortels. Un peu comme dans les documentaires animaliers quand on voit les gnous traverser la rivière dans le Seringetti. Le troupeau ralentit et attend, puis les animaux de tête se jettent à l'eau, et le reste du troupeau suit. Peu importe qu'il y ait des crocodiles embusqués, si les chefs y vont alors les autres suivent.

Une fois les pompiers partis, je leur ai demandé pourquoi il avaient dit cela. Je voulais à tout prix savoir ce qui avait motivé leur envie soudaine de donner des renseignements alors que personne ne les y avait forcés.

L'un d'eux, a évoqué la peur du gendarme. Quand je lui ai objecté qu'il s'agissait des pompiers, il m'a dit qu'il avait eu peur que la police n'arrive sur les lieux ensuite pour poser des questions. et qu'il avait donc préféré parler à un pompier Lorsque je lui ai dit, qu'il suffisait de répondre qu'il n'avait rien vu. Il a semblé terrorisé. Sans doute un grand anxieux, terrifié à l'idée d'être interrogé à coups de claques avec une lampe dans la figure par la police. Il avait vu trop de films noirs et il y a cru.

Le second m'a simplement dit que lui était un bon citoyen et cela lui avait semblé naturel de collaborer avec les "autorités". J'ai alors objecté que lesdites "autorités, n'étaient représentées que par un simple caporal-chef des pompiers qui par ailleurs, ne lui avait rien demandé. C'est à ce moment là, qu'il a réalisé qu'effectivement personne ne lui avait rien demandé. mais qu'il s'était spontanément porté volontaire pour témoigner Il m'a alors répondu que "c'était comme cela, point barre". Le sentant un peu coupable d'avoir été si soumis, alors qu'il passe sa vie à jouer les caïds, j'ai ressenti son profond malaise. Alors, j'en suis resté là.

Il y a sans doute un désir atavique chez la plupart des individus de se soumettre à une autorité. Ou alors, une recherche "inconsciente" de reconnaissance, laquelle ne pourrait provenir que de cette autorité, à laquelle on attribue le pouvoir de récompenser ou de sanctionner. Je suis sûr que si cette petite nana déguisée en pompier leur avait donné des petites tapes sur la tête en leur disant "c'est bien ça, bons chiens !", ils lui auraient léché la main !

Ou bien peut-être était-ce aussi une manière d'avoir sa minute de gloire, en participant activement à ce qui était l'événement de leur soirée ! Rendez-vous compte, j'ai assisté à un accident de voie publique et j'ai été interrogé et j'ai même répondu volontairement ! Je suis une sorte de héros ! C'est aussi une explication valable.

Quant à moi, j'aime bien l'ordre mais pas de là à sucer la bite des représentants de la loi. Je n'oublie jamais que le flic sympa un jour, peut être celui qui le lendemain m'alignera parce que j'ai encore oublié de prendre la carte grise de ma voiture. Et quand je lui demanderai d'être indulgent, il sera le premier à me dire que nul n'est sensé ignorer la loi et qu'il ne fait que son boulot. Le port de l'uniforme ou d'un titre conféré par l'état aboli souvent toute humanité. L'individu se retranche derrière sa fonction et devient souvent très con.

Alors moi aussi, je fais mon boulot de "tête de con" et de "petit rebelle". Je résiste comme je peux. Ce n'est pas demain que j'entrerai dans une milice. Bien sûr en cas de meurtre, j'aurais été plus loquace mais bon, à condition qu'on me parle gentiment et avec respect. Ce n'est pas parce qu'on porte un uniforme qu'il faut oublier les convenances.

Ceci dit, je ne sais pas pour autant ce que j'aurais fait dans le cadre de l'expérience de Milgram , si j'y avais été soumis. Maintenant, tout serait faussé. J'ai lu trop de bouquins de psychologie sociale, pour me faire avoir par l'autorité.

14 mars, 2009

Le simplet et les gros vilains !


Tous les vendredis, en fin de journée, j'apporte mes chèques à la banque et ensuite je vais dans mon petit rade favori où j'ai fini par connaître un peu tout le monde. J'ai plus d'affinités avec certains bien sûr, mais comme j'ai le contact assez facile, je serre des tas de mains.

Il y en a un assez rigolo. Un tout petit gars âgé d'une vingtaine d'années qui semble un peu simplet. Il a une drôle de tête rigolote avec de grosses lunettes et un sourire perpétuel accroché aux lèvres. S'il n'est pas trisomique 21, il n'a pas l'air très clair non plus. Il pourrait être trisomique 20 si ça existait !

En tout cas il possède une grande habileté dans l'alcoolisme puisqu'il descend whisky après whisky. Je suppose que sa paye passe là-dedans. Mais bon, je suppose que c'est un de ses rares plaisirs. Et puis, il est content parce que tout le monde lui parle, nous on est gentils avec lui. Alors c'est sûr que son foie rendra grâce tôt ou tard mais au moins il se sera moins fait chier que s'il était resté à faire des puzzles dans son appartement thérapeutique. D'ailleurs, je ne suis même pas sûr qu'il soit capable de faire un puzzle ou alors un truc de dix pièces seulement.

Vendredi dernier, un drame est survenu dans ce café. L'une des habituées, une septuagénaires discrète qui vient vider quelques rosés est sortie et est tombée. Ca s'est passé très vite. Elle s'est retourner pour saluer quelqu'un, son talon a accroché une aspérité sur le trottoir et elle est partie en arrière. Elle est tombée de tout son long. Je l'ai regardée tomber sans rien faire, j'ai juste entendu son crâne cogner durement contre le bitume de la chaussée.

Lorsque je me suis approché, je l'ai crue morte. Elle avait les yeux ouverts, et une rigole de sang s'écoulait de son crâne. Un bon copain me hurlait de faire quelque chose mais je lui ai dit que je n'étais pas médecin. J'ai gardé mon sang-froid et j'ai appelé les pompiers. Faire le 18 était tout ce que je pouvais faire.

Un autre copain, pharmacien de profession, s'est occupé d'elle car il a son BSR. Il nous a alors demandé un manteau pour la couvrir. Et là, silence total. Je regarde ceux qui sont dehors et personne ne bouge. Le copain ingénieur du son ne moufte pas, un autre DG d'une grosse PME regarde le ciel, un avocat fixe ses chaussures. Quant à moi, je ne réagis pas plus à cette demande, me disant que j'ai déjà donné puisque j'ai appelé les pompiers. Aucun de nous n'a envie de salir son beau manteau !

Tant et si bien que c'est notre ami Simplet qui ôte son pauvre blouson pour couvrir cette malheureuse femme. Et le voici en t-shirt dans l'air frais de la soirée tandis que les pompiers tardent à arriver. Il ne le récupérera qu'une heure après sans se plaindre. Il sourit toujours.

Après le départ de l'ambulance des pompiers, je parle un peu de notre comportement à mes copains. Tous se sentent un peu minables car effectivement, chacun de nous attendait que l'autre se dévoue ! J'avance l'hypothèse selon laquelle Simplet, dans son innocence s'est révélé bien plus humain que nous, malgré notre intelligence. Chacun l'admet, trop content d'évacuer sa culpabilité en rendant hommage à Simplet. C'est une manière de célébrer l'idiot et sa touchante gentillesse dénue de tout calcul.

Tout le monde semble d'accord quand tout à coup, je casse cette belle unité. Ces abrutis en ont presque les larmes aux yeux, tout contents qu'ils sont de s'abaisser face à l'idiot pour se soustraire à leur mauvaise conscience. Je leur dis que ce sont vraiment des idiots parce que si Simplet a donné son blouson, c'est justement parce qu'il lui manque ce qui nous caractérise, nous les "normaux" : la capacité d'anticipation.

Là où nous avions vu un enchainement de faits, manteau tâché sur la chaussée par le bitume et le sang, pressing, coût du pressing, temps perdu, etc., lui n'avait rien anticipé.

Nous ne sommes pas plus des salauds qu'il n'est un saint, nous ne sommes victimes que de ce que nous sommes. Intelligents, nous avons anticipé les conséquences de notre acte tandis que notre camarade simplet, n'a obéi qu'à sa frustre génétique qui le rend incapable d'envisager les conséquences complexes de ses actes.

Le vrai saint aurait été celui qui comme nous aurait été doté d'une intelligence normale, mais serait passé outre, pour aider cette femme, quitte à assumer les conséquences de son acte (pressing,tc.). Il n'y en avait pas ce soir là.

D'ailleurs, les évangiles ne célèbrent pas les "simples d'esprit" mais les "pauvres en esprit". Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient" écrit Mathieu (5.3). Il s'agit non de célébrer la crétinerie mais simplement ceux, qui éloignant l'orgueil, ont une attitude suffisament humble pour se soumettre à Dieu.

Mais fort heureusement ce soir là, à défaut de véritable "pauvre en esprit" il y avait Simplet. Et comme j'ai malgré tout apprécié son geste, je lui ai offert un whisky. Pas terrible pour son foie, mais il était super content !

De toute manière, je ne suis pas sûr qu'un livre lui aurait fait énormément plaisir. Et puis à défaut de sacrifier mon manteau, j'ai un peu dilué ma culpabilité en lui payant le coup.

Et puis, et puis, merde ! C'est tout de même moi qui ai appelé les pompiers non ?! Je n'ai pas été complètement nul sur ce coup ! Je me souviens encore de leur tronche à tous quand cette pauvre femme était par terre. Ils se regardaient tous pour savoir qui appellerait le premier. Et c'est moi qui l'ai fait. Alors l'autre pouvait bien filer son manteau, chacun son tour !

Etre un héros en passant un coup de fil, je pouvais encore. Devenir un super héros en filant mon manteau, ça aurait blessé mon humilité.

J'ai préféré partager l'héroïsme ! Je ne suis peut-être pas loin de la sainteté ...

13 mars, 2009

De l'utilité de la cigarette dans le processus de reconnaissance !

Fumer tue bien sûr !

Voici quelques années, un médecin que je connais bien m'expliquait combien l'attitude d'un de ses patients l'avait attristée. après être venu la consulter pour de graves problèmes de toxicomanie, il l'avait laissée tomber une fois traité pour aller consulter un confrère près de chez lui. Il était parti comme cela. Il avait disparu, sans un merci, sans l'avertir de quoi que ce soit, une fois traité. Elle ne cessait de me répéter : "tu te rends compte, après tout ce que j'ai fait pour lui ? Ce n'est vraiment pas sympa ".

Je comprenais sa tristesse parce que c'est sans doute le meilleur médecin que je connaisse. Dès que j'ai un cas un peu complexe, une personnalité un peu difficile, c'est à elle que je fais appel.

Je lui avais ensuite expliqué qu'il ne fallait rien attendre de nos patients au-delà des honoraires que nous percevions pour remplir notre obligation de moyens. Tout ceci est un peu rigide mais c'est la réalité. Quoique nous fassions, nous ne sommes que des prestataires de services et la plupart des personnes nous consultent comme tels. C'est un phénomène assez connu . "Quand on va mal, on apprécie la douceur de l'infirmière mais quand on va mieux, on ne se souvient que de la douleur des piqûres" dit un proverbe, et c'est assez vrai.

Personnellement, je n'ai pas à me plaindre car j'ai une clientèle assez sympa à 99%. Pourtant, quelle que soit l'affection que je puisse avoir pour eux, je n'oublie pas que ce sont des patients que je vois dans le cadre d'un travail rémunéré et non des amis. Une fois traités, je sais que je ne les reverrai plus. Autonomiser les gens est d'ailleurs l'essence de ma fonction. Mon but n'est pas d'accrocher les patients pour en faire des amis.

Cela peut arriver avec certains parce que nous partageons autre chose que l'alliance thérapeutique, une certaine manière de considérer la vie et des valeurs. Cela reste assez rare et concerne sans doute un pour mille des patients. Ceux-là, une fois le "travail" fini, et un peu de temps passé, j'aurais toujours du plaisir à les revoir en dehors du cabinet.

C'est assez curieux et bien des confrères hurleraient à cette idée, mais cela ne me choque pas de voir quelqu'un que j'aie pu connaitre en thérapie. Comme je pratique des thérapies comportementales et cognitives, je décourage le transfert et le contre-transfert. La relation thérapeutique que je peux avoir avec les patients n'est donc en rien comparable avec celle qu'un psychanalyste pourrait avoir. L'idée que j'ai de ma fonction est plus celle qu'aurait un professeur de piano. Aller mieux s'apprend, j'en suis persuadé. Et rien n'empêche un prof' de piano de fréquenter certains des élèves avec lequel il a beaucoup d'affinités à l'extérieur du conservatoire.

Voilà à peu près où j'en suis. Une fois les honoraires payés en contrepartie du travail que j'éffectue, je n'attends rien des patients. Cela s'appelle ne pas être dans la "toute puissance" dans mon métier. Le contrat étant clair, je ne risque pas d'être déçu ! Si je décide d'en faire "plus", c'est de ma responsabilité et parce que je le veux bien et non dans l'espoir d'avoir "plus" de la part du patient. Il m'est arrivé de recevoir gratuitement des paumés. C'était mon choix et je n'attendais rien en contrepartie.

En revanche, parfois je suis agréablement surpris par la reconnaissance de certains. Ainsi, voici quelques temps, je reçois une patiente venue exprès de province pour me voir parce qu'on lui a dit beaucoup de bien de moi. C'est une femme plus très jeune et très anxieuse avec qui le contact s'établit parfaitement. Un cas finalement assez simple malgré ses symptômes importants. Elle repart manifestement contente et rassurée. Je lui ai donné les coordonnées d'un médecin qui pourra lui prescrire un traitement adapté.

Deux semaines après, elle me demande si j'aurais cinq minutes pour elle. Elle me dit que bien sûr elle me paiera des honoraires. Comme elle de gros problèmes d'argent, je lui dis que je ne vais rien prendre pour cinq/dix minutes de mon temps. Rendez-vous est fixé pour cet entretien téléphonique. Tout se passe parfaitement bien et nous raccrochons au bout d'un quart d'heure.

J'ai oublié cet épisode quand voici une semaine, je reçois un courrier. Manuscrit, ce qui est rare de nos jours, il a été rédigé par cette patiente. Il commence par "Je tenais à vous remercier très chaleureusement pour les conseils et le temps que vous m'avez accordés".

Et se termine par :
"Encore merci docteur X, je suis contente que mes amis m'aient permis de rencontrer des personnes rares comme vous et le docteur Y. Votre simplicité et votre chaleur me touchent droit au coeur. Le style de votre cabinet, le thé que vous m'avez offert et une cigarette contribuent à rendre les choses plus simples et plus humaines... Avec toute ma reconnaissance"

J'ai beau jouer les blasés et me dire que je n'attends rien d'autres que mes honoraires, je pense que chaque fois que j'ai donné de mon temps gratuitement c'était aussi pour avoir l'occasion, fut-elle rare, d'avoir un peu de cette reconnaissance. Il est gratifiant de rencontrer parfois des gens qui comprennent que ma pratique est un peu différente de celle de la plupart de mes confrères. Mais je garde la tête froide et ne me reconnais pas le droit d'exiger quoi que ce soit.

Et puis, vous aurez noté que si la cigarette est nusibile pour la santé, elle reste toujours le symbole d'un moment fort de sympathie que l'on partage. Les pneumologues et les psychologues ne seront décidement jamais d'accord sur les bienfaits du tabac.

09 mars, 2009

Bienvenue aux chtis !

Et si on traversait les voies ? On gagnerait du temps !

Allez, je commencerai de manière soft en présentant mes condoléances aux familles des victimes de l'accident de RER survenu samedi soir.

Ceci étant dit, je trouve surprenant le traitement réservé à ce fait divers qui trouve son origine plus surement dans la bêtise humaine que dans nulle autre cause. Il me semble que lorsque j'étais petit, ce genre d'informations aurait fait quelques lignes dans le Parisien. On en aurait alors profité pour rappeler les règles élémentaires de sécurité en expliquant aux rares crétins qui ne l'auraient pas encore compris, qu'on évite de marcher sur des voies de chemin de fer, lorsque celles-ci sont empruntées par des rames de RER roulant à soixante kilomètres à l'heure. Car, pour les idiots qui l'ignoraient encore, il faut un peu de temps pour arrêter un train.

Je lisais tout à l'heure le journal et j'étais étonné par les réactions à ce drame. Passe encore que la mère venant de perdre son fils en veuille à la SNCF. Viendra bien un moment où passée la sidération, elle examinera plus justement la responsabilité de son mari, qui ayant la responsabilité de trois de leurs cinq enfants, a jugé raisonnable et judicieux de les faire marcher le long d'une voie de chemin de fer pour retourner au bus. Ceci personne n'en parle encore.

La palme de la bêtise revient sans doute à une élue locale du Modem qui juge que c'est le stationnement anarchique des cars qui est responsable de l'accident. Parce que vous comprenez que si les cars se garaient plus près du stade, les supporters feraient courir moins de risques à leurs enfants ! C'est si pénible après une heure et demie passée à brailler en regardant un match de faire un détour de trois minutes !

Puis, c'est la SNCF que l'on pointe du doigt. On juge que les voies ne sont pas assez sécurisées et on parle de mettre des caméras infra-rouge partout. Ce qui est sans doute la pire des bêtises puisque, se sachant enfin détectables, nul doute que même les plus prudents se diront qu'ils peuvent enfin marcher sur les voies, dans la mesure où c'est le train qui s'arrêtera pour les éviter. De plus, pourquoi toujours faire supporter à la collectivité, le coût de la bêtise de quelques uns.

En bref, c'est toujours la même chose depuis des années. La responsabilité personnelle n'existe plus. On invoque toujours une cause extérieure pour s'exonérer soi-même. La solidarité, version putassière et galvaudée de la charité devient la règle. Aujourd'hui, le Parisien faisait une double page sur ce fait divers. Mais à aucun moment, le journaliste n'a osé rappeler des règles de sécurité simples. Non, on est resté dans l'émotionnel comme si ce genre de drame pouvait arriver à tout le monde ce qui n'est pas le cas. A ce niveau de bêtise, on est pourtant dans le darwinisme social, et ce sont les plus crétins qui meurent faute de s'adapter.

Lorsque j'étais étudiant en droit, on expliquait que la loi n'était pas faite pour protéger les plus faibles, mais que pour ces derniers existaient des régimes spéciaux : la sauvegarde de justice, la curatelle et enfin la tutelle pour les cas les plus graves. Je me suis amusé un jour à regarder cela et je me suis aperçu que la liste des personnes protégées s'était considérablement allongée. C'est ainsi que les personnes âgées mais aussi les femmes enceintes sont devenues au regard du droit des "personnes vulnérables". Le législateur ferait bien de rajouter prochainement les supporters de Lille à cette liste "d'espèces protégées".

Il serait pourtant utile de rappeler que lorsqu'un adulte a la responsabilité de trois enfants et qu'il est assez stupide pour les faire traverser une voie de RER pour gagner quelques minutes, ce n'est pas de compassion dont il a besoin avant tout mais d'une greffe de cerveau.

A défaut d'entendre une parole adulte qui ne vient plus lorsque de tels drames se produisent, au moins les roues du RER ont tranché : la bêtise ne pardonne pas.

On devrait peut-être mettre la motrice de la rame de RER en garde à vue ?

06 mars, 2009

Peuples en lutte !


Ne comptez pas sur moi pour vous dire si les "enseignants chercheurs" ont raison ou non de se mettre en grève, pas plus que je ne saurai svous dire si notre bienaimé président (slurps slurps) a été bien inspiré ou pas d'envisager la réforme de ce statut. Je n'ai pas suivi l'affaire et je m'en fous. Comme le dit vulgairement l'adage : chacun sa merde !

En revanche, hier j'ai été le témoin d'une scène magnifique que n'aurait pas reniée un réalisateur talentueux. Malheureusement, aucune caméra pour enregistrer ce moment magnifique. Aucun de nos plumitifs n'était là pour saisir cet instant magique qui aurait permis aux futures générations de comprendre que la solidarité n'est pas un vain mot ni un concept flou mais une réalité qui unit les gens en lutte ! Heureusement que moi j'étais là, fier d'appartenir à une nation solidaire !

J'avais pris le RER B et le wagon était plein d'étudiants-diants-diants chevelus et inélégants comme seuls savent l'être des étudiants en sciences de la Faculté d'Orsay ! Je les entendais, rigoler pour certains, argumenter à coups de statistiques pour d'autres, leurs pancartes revendicatrices posées à côté d'eux. Vif d'esprit comme je le suis, j'ai immédiatement saisi que j'étais dans un wagon rempli d'enseignants-chercheurs ou de futurs enseignants-chercheurs unis autour d'un combat terrible contre un pouvoir arrogant et vraiment très méchant.

J'ai été très flatté d'être parmi eux, parce que je me suis dit que moi aussi je pourrais être pris pour un enseignant-chercheur, alors que la seule chose que j'ai jamais cherchée dans ma vie, ce sont mes clés. Dans ce wagon, je n'étais plus un psy à deux balles diplômé en sciences-humaines mais carrément un de ces brillants cerveaux jonglant avec les équations différentielles du second degré ! Parfois, le RER vous transforme un homme ! J'ai bien pensé à sortir un kleenex pour y écrire "Moi aussi, je suis contre !", c'eût été une toute petite banderolle que j'aurais agitée, ma modeste contribution en faveur du combat de mes nouveaux condisciples.

Je suis descendu à la station Luxembourg où je me suis immédiatement dirigé vers la terrasse d'un estaminet bordant le Boulevard Saint-Michel où j'ai mes habitudes afin d'y attendre Laurence qui devait débarquer incessamment de sa lointaine Lotharingie. Plongé dans mon livre en fumant du tabac de Virginie, j'avais vite oublié les révoltés du RER B !

Lorsque tout à coup, les revoici non loin de moi. Ils sont tout au plus quatre-vingt à défiler bruyamment sur le boulevard Saint-Michel en direction de Denfert-Rochereau, dont une voie a été fermée à la circulation pour l'occasion. Je me dis immédiatement que c'est vraiment impressionnant le peuple en lutte ! Si j'étais à l'Élysée, je crois que je tremblerais face à cette vague terrible d'étudiants mal fagotés ! Nicolas, souviens-toi de Louis XVI !

Je les regarde benoîtement passer lorsque j'avise un véhicule bleu "sac poubelle" venant en direction inverse sur le boulevard. C'est, si je ne me trompe pas, une Renault Kangoo appartenant à l'une de nos grandes entreprises nationales qui font la fierté de notre beau pays ! La voici qui passe en trombe mais j'ai le temps de voir le fier logo d'EDF sur la portière.

Et là, d'un coup d'un seul, alors que son automobile remonte le maigre cortège d'enseignants-chercheurs en lutte, Vif comme l'éclair, le syndicaliste qui conduit klaxonne bruyamment pour signifier son soutien à cette juste lutte contre le grand capital et l'hydre libérale ! C'est immédiatement une explosion de joie parmi les rangs clairsemés des manifestants ! Une clameur s'élève et je distingue même une voie féminine crier "EDF avec nous !".

Je pense à l'instant à toute cette fausse compassion envers les miséreux qui meurent sur les trottoirs de Calcutta tandis qu'ici même, tant de malheur nous accable dans l'indifférence la plus totale ! Si je n'avais pas été là, qui aurait pu raconter cette scène poignante. J'en ai les larmes aux yeux ! Comme c'est beau l'union de ces damnés de la terre que sont les étudiants de la faculté d'Orsay et les salariés d'EDF !

EDF a klaxonné et les étudiants ont répondu ! Ce que Jean-Paul Sartre aura vainement tenté de créer en 1968 à la Régie Renault, cette alliance improbable entre le prolo et l'étudiant, s'est déroulée sous mes yeux ! Vous verrez qu'un jour, au rythme où vont les choses, on verra des salariés du privé faire grève ! Si !

J'ai vécu un moment d'intense émotion. Tant pis si le bus 82 qui doit me mener à l'Ecole militaire ne fonctionne pas à cause de cette petite manifestation : la solidarité vaut bien une marche à pieds ! J'entends de-ci de-là des gens maugréer et un monsieur pourtant bien mis se permet même un "ils commencent vraiment à nous faire chier !". Je n'y prends pas garde. Son loden vert et la journal violemment réactionnaire qu'il tient en main me le désignent comme faisant partie de la classe des possédants.

Cet après-midi, le quartier latin, c'était un peu le Chiapas et le sous-commandant Marcos roulait en Renault Kangoo. C'est si beau un peuple qui lutte pour préserver ses avantages acquis !

02 mars, 2009

Pensée profonde !

François Bayrou : l'homme des phrases lourdes de sens !

Il y a une première fois à tout ! Rappelez-vous toutes vos premières fois ! Que de souvenirs bons ou mauvais ! Moi, par exemple je me souviens très bien de la première fois que j'ai embrassé une fille ! C'était en 1979 à la Fête des fraises à Bièvres ! Cela ne s'invente pas ! En revanche, je ne suis jamais allé à Foire aux haricots d'Arpajon. Je restais assez select malgré tout !

Le plus drôle c'est que j'ai retrouvé la demoiselle, aujourd'hui âgée de quarante-et-un ans sur Facebook, le service pour crétins exhibitionnistes. Comme tout imbécile basique qui se respecte, je traînassais sur ce site en tapant les noms de gens que j'avais fréquentés et dont je pouvais me souvenir.

L'exercice n'est pas si facile. Tenez, essayez simplement de vous souvenir de vos condisciples de classe de terminale ! Bien vite, vous aurez en tête des visages mais vous vous direz : "Comment s'appelait-il(elle) ce(tte) con(ne) déjà ?".

Et puis, au bout d'une heure passée à cette intelligente activité, vous remonterez encore plus loin dans vos souvenirs. Et là, vous exhumez des noms enfouis dans les strates les plus profondes de votre enfance. C'est ainsi que je me suis demandé ce qu'était devenue Sandrine, puisque tel était son petit nom. Elle était sur Facebook. Comme quoi, on avait tout de même un truc en commun, : on ne s'est pas embrassé par hasard !

Gentleman comme je suis, je l'ai évidemment saluée en lui demandant si elle se souvenait de moi. Bien sûr, comme tout homme qui se respecte, vaniteux, sûr de lui et un peu crétin, j'étais sur de lui avoir laissé un souvenir impérissable. Elle m'a répondu "oui", ni plus ni moins. J'aurais pu prendre cette laconique réponse comme la preuve flagrante que je la faisais chier, et qu'elle ne tenait pas plus que cela à engager le dialogue mais je sais être positif.

D'une part, elle aurait pu ne pas me répondre ou pire, répondre : "non qui êtes-vous monsieur ?". Or, ce petit "oui" signifiait que la belle se souvenait de moi. Comme quoi même trente ans après mes puissantes phéromones s'étaient imprégnées dans son cerveau.

D'autre part, ce simple petit "oui" pouvait aussi signifier que la belle, la gorge serrée, et la larme à l'œil, n'avait pas eu assez de ressources pour répondre autre chose. Le fait est qu'elle ne m'avait pas oublié et cela me suffisait.

Bourré d'empathie comme je le suis, je me suis mis à sa place. Aussi, me suis-je dit que tout ceci ne devait pas être drôle pour elle. Trente ans après, le premier mec qu'elle embrasse revient et il s'agit du plus grand psy du monde. Encore une qui doit regretter de ne pas m'avoir épousé !

Ah la pauvre malheureuse, comme la vie est parfois cruelle ! Sachant reconnaitre les grandes douleurs et satisfait de son "oui", je ne suis pas allé plus loin, la laissant à ses rêves brisés d'amour impossible et sans doute submergé de douloureux et doux souvenirs.

Bon bref, il y a plein de nouvelles fois ! Compte-tenu de mon grand âge, je ne m'attends pas à d'exaltantes nouvelles fois. Au stade où j'en suis, on ne découvre plus grand chose. Et moi, j'adore ça parce que j'aime bien ce que je connais. Je n'ai rien d'un baroudeur ! Savoir ou imaginer savoir que rien ne m'étonnera me remplit de joie !

Mais comme la vie réserve bien des surprises, j'ai été confronté voici deux jours à une "nouvelle fois" que je n'attendais pas ! Un bon ami que je connais depuis dix-huit ans m'a en effet adressé un mail dans lequel, en guise de conclusion, il citait François Bayrou !

Oui, vous avez bien lu, j'ai un ami, par ailleurs fort intelligent et fin lettré, qui cite François Bayrou dans ses écrits ! C'est bien la première fois que je vois quelqu'un citer François Bayrou. Dire qu'âgé de quarante-deux ans, je me trouvais blasé et revenu de tout, comme ces vieux soldats ayant tellement de campagnes à leur actif que plus aucune atrocité ne saurait plus les émouvoir ! Et bien non, j'ai eu le droit à une "nouvelle fois".

Alors, vous devez tous vous demander quelle phrase lourde de sens a pu proférer Bayrou au point qu'on la cite dans un mail. Petits veinards que vous êtes, je ne vous laisserai pas l'ignorance plus longtemps puisque la voici :

"Si l'on pense tous la même chose, c'est que l'on ne pense rien du tout !"

Donc, si j'en crois François Bayrou, lorsqu'il fait jour et que nous pensons tous qu'il fait jour, nous ne pensons rien du tout ? Alors que faisons-nous ?

Au sens large, la pensée est une activité psychique, un processus par lesquel l'être humain élabore, au contact de la réalité, des concepts qu'il associe pour rendre compte d'une réalité, apprendre ou pour créer.

C'est aussi, une représentation psychique, un ensemble d'idées propres à un individu ou à un groupe, une façon de juger, une opinion (façon de penser), un trait de caractère (avoir une pensée rigoureuse), etc.

Dans mon jargon, on appelle une pensée une cognition, laquelle est l'ensemble des activités intellectuelles et des processus qui se rapportent à la connaissance et à la fonction qui l'a réalisée. Il y a donc pensée ou cognition, dès lors qu'il y a une activité intellectuelle, et ce indépendamment de la qualité de cette production. On peut penser mal ou bêtement comme monsieur Besancenot ou un lycéen gréviste, mais une pensée reste une pensée.


Mon dandysme imbécile me fait souvent fuir la meute, la masse, les groupes ou la foule, c'est un fait. J'adore avoir raison face à tout le monde ou du moins face au plus grand nombre. Ceci dit, j'estime qu'il faut être un imbécile doublé d'un fat pour songer que parce que tout le monde pense la même chose, alors cette pensée ne vaudrait rien et serait donc assimilable à une absence de pensée.

Donc, n'en déplaise à Monsieur François Bayrou, même lorsque tous pensent la même chose, ils pensent tout de même. Monsieur Bayrou a sans doute des tas de qualités, mais il aurait fait un mauvais cognitiviste.

A sa place, j'aurais eu honte de proférer de telles phrases creuses et vides de sens. N'est pas Sénèque qui veut ! A ce propos, voici une citation de Sénèque que Monsieur Bayrou pourra méditer utilement :

"L'erreur est aussi grande de se fier à tous que de se défier de tous"

01 mars, 2009

Encore tagué !

Concentré sur le défi que m'avait jeté H16 à la face, à savoir linker les sept blogs que je préfère, j'en avais oublié la demande de Roman (et non Romain).

Il semblerait que je sois tenu de publier ma sixième photo la plus récente. Enfin, à vrai dire je n'en sais rien car il n'est pas très clair. Puisque tout en me "taguant" parmi d'autres, il explique qu'il me délie de cette obligation. Ceci semblerait indiquer, que mes cinq confrères et moi-même ne soyons plus tenus de publier cette photo.

Alors, je crois avoir tout dit de la photo dans un article dans lequel je parlais d'art. Pour moi, la photo n'est pas un art, tout juste un passe-temps ou à la rigueur la première marche permettant d'éduquer une sensibilité artistique afin de passer à des choses plus sérieuses telles que la littérature ou la musique qui exigent plus de qualifications que d'appuyer sur un bouton.

Certes on m'objectera que la photographie est plus complexe, qu'il faut un œil, qu'il faut apprécier la lumière, connaitre tout de même des tas de trucs techniques, focales, vitesse, etc. Je m'en fous, je n'aime pas la photographie ! Voilà !

Enfin bon, je ne suis pas si bourrin tout de même et en voyant un film par exemple, je sais apprécier le travail d'un directeur de la photographie. Mais bon, je n'y vois pas plus de génie que dans celui d'un bon ingénieur du son. A mon sens, si l'on veut parler d'art, pourquoi pas, mais on en reste au niveau des arts mineurs, c'est à dire un "art des matériaux", un "art mécanique".

Je ne prétends pas que je pourrais devenir le meilleur photographe du monde. Mais je suppose qu'en suivant un apprentissage quelconque, je pourrais faire des photographies correctes et "dans la moyenne". De la même manière que je pourrais aussi devenir un honnête boulanger ou un boucher acceptable si l'idée me venait d'apprendre à faire du pain ou à découper un quartier de bœuf.

C'est donc amusant pour moi d'avoir été "tagué" parmi les blogueurs photographes ! D'une part, je ne possède qu'un appareil assez médiocre et ancien choisi à l'époque par mon épouse pour son "look". Pour vendre un truc à mon épouse, il faut que cela soit miniature. Pensez donc qu'elle est prête à se faire arnaquer par Apple pour acquérir un Mac Air, l'escroquerie de l'année. Il n'y a guère que moi, qu'elle n'ait pas choisi miniature !

C'est un Minolta Dimage XI acheté voici six ans en raison de sa très petite taille. Mon épouse l'avait vu entre les mains d'une jeune femme à NY et elle l'avait immédiatement voulu. Elle se moquait bien de ses performances techniques, elle le voulait parce qu'il était ... petit ! Sitôt rentrés à Paris, elle l'avait acheté.

Il est bien sûr certainement dépassé mais suffit parfaitement pour l'usage que j'en ai. Il est posé sur mon bureau à coté de moi, où il prend la poussière gentiment avec sa batterie déchargée. Grâce à lui, j'aurais pris des milliers de photos que je ne regarde jamais. Je m'en fous pas mal car je suis doté dune excellente mémoire. Si je veux me souvenir d'un truc, je n'ai qu'à tourner mon disque dur personnel et c'est comme si j'y étais. Et si je dois décrire, je peux le faire aussi. Je pense avoir des qualités de conteur.

Je n'ai jamais possédé de bridge,un de ces gros appareils perfectionnés, et n'en achèterai sans doute jamais. L'idée de devoir me trimbaler avec une sacoche pleine d'objectifs et un flash m'ennuie. Le dernier type que j'ai vu avec cela était sur un bateau sur la Chicago River, il prenait les mêmes photos que moi. Et je suppose que ses résultats n'étaient pas forcément meilleurs. De toute manière, je n'ai qu'à faire appel aux compétences de Laurence sur Photoshop si je veux améliorer un cliché.

Et puis, comme je l'expliquais, je ne regarde jamais les photos que je prends. Elles s'entassent dans des fichiers sur mes PC et maintenant sur mon MAC. Je pense d'ailleurs que le numérique en rendant la photo trop facile a tué cette dernière.

Une pellicule, on faisait attention à ne pas la gâcher tandis qu'une carte mémoire, on s'en fout, on prend tout et n'importe quoi. Et puis, avant pour voir ce que l'on avait pris, il fallait faire tirer les photos. On avait donc obligatoirement un support physique que l'on pouvait regarder de temps à autre. C'était la bonne époque des albums photos. Les gens de ma génération, ont tous leurs album personnel réalisé par leur père, dans lequel on est allongé sur la table à langer le cul à l'air ! Tandis que les fichiers d'aujourd'hui encombrent nos disques durs et deviennent rarement de vraies photos que l'on regarde.

Quant aux dernières photos que j'ai prises, je les ai déjà publiées ici. Mais puisque c'est une demande officielle, je remets la sixième photo la plus récente que j'ai prise. Attention les yeux !

Qu'elle est belle ! Les amateurs auront noté que c'est une version S !