29 mars, 2010

Syllogomanie !


Un ami a lu mon texte sur le syndrome de Diogène. Il a été pris de panique quand il a lu le symptôme "syllogomanie" et il est allé voir sur le net ce que cela signifiait exactement. Je lui ai dit qu'il aurait du m'appeler et que je l'aurais apaisé en deux minutes.

Il faut dire que cet ami a une nette tendance à l'entassement d'objets hétéroclites et au désordre. Pour autant, même si son logement est un capharnaüm ou dirons-nous un joyeux foutoir, on ne peut parler de syllogomanie. Comme la plupart du temps, une attitude ne devient un symptôme psychologique que lorsque l'on constate un excès évident. Être bordélique peut être pénible à vivre pour soi ou pour les autres, mais ne saurait devenir un symptôme.

La syllogomanie est un trouble obsessionnel compulsif qui conduit à amasser ou à ne pas jeter un grand nombre d’objets inutiles même si leur accumulation cause un inconfort majeur. Dans la syllogomanie, l'amoncellement d'objets est proprement ahurissant, jusqu'à ne plus pouvoir circuler dans le logement. Il y a souvent dans ces cas là, d'autres troubles associés qui motivent la consultation auprès d'un psychiatre.

Je me souviens que lorsque je cherchais un psychanalyste, j'étais toujours rebuté par un cabinet trop propre et trop bien rangé. Je ne sais pas si le désordre me rassurait en me permettant de poser mon regard sur des objets divers et variés, voire si cela me permettait de me faire une plus juste idée de la personne que j'avais en face de moi.

Toujours est-il que je n'ai jamais donné suite lorsque je me retrouvais dans un cabinet trop bien ordonné. Sans doute qu'une similarité entre mon analyste et moi était importante, comme dans tous types de communication, et que j'avais pris le désordre comme une bonne entrée en matière, un lien me signalant que le type en face de moi n'était pas tellement différent de moi.

J'ai fini par trouver un tel analyste. Je ne peux pas dire qu'il ait été un merveilleux psy mais humainement c'était quelqu'un de vraiment bien, extrêmement cultivé et curieux de tout. Le désordre et l'entassement de choses diverses et variées n'est donc parfois que cela : Les conséquences matérielles de sources d'intérêts diverses et variées.

Je ne suis pas devenu pour autant son digne successeur puisque je ne suis pas psychanalyste. En revanche, j'ai copié son foutoir puisque mon cabinet n'est pas l'endroit le mieux rangé du monde. Parfois, muni d'un sac poubelle, je fais un peu le vide et c'est toujours angoissant. Tenant un magazine en main, je suis obligé de me répéter que si je ne l'ai pas ouvert depuis un an, je ne l'ouvrirai jamais plus.

On ne m'a jamais fait de remarques sur mon désordre. A croire que les gens le prennent pour un fait acquis et ne s'en soucient plus. La plupart se concentrent sans doute plus sur nos échanges. Peut être que certains autres en tirent certaines conclusions ? D'aucuns doivent se dire que c'est un peu normal pour un psy compte tenu de la réputation étrange que nous avons parfois. D'autres encore trouvent peut-être cela rassurant, sans doute parce que cela permet d'incarner le modèle imparfait décrit par Bandura, comme meilleure source d'apprentissage. Je n'en sais rien.

Peut-être qu'un jour, je recevrai quelqu'un de terriblement angoissé qui me dira qu'il a peur à l'idée de souffrir de syllogomanie. Tendant alors le bras vers le reste du cabinet, je lui demanderai si chez lui, c'est pire que ce qu'il observe. S'il me dit que c'est pareil, alors je le rassurerai en lui disant qu'il n'est que désordonné.

Tout est définitivement thérapeutique.

Lib dub !


Je déteste Facebook mais j'y vais de temps en temps pour voir ce qui s'y passe. Généralement j'accepte les gens qui veulent être amis même si je ne les connais pas. Ensuite, je parcours la page d'accueil très rapidement pour constater que la sœur de Machine vient d'accoucher d'une fille ou que Truc est parti en vacances. Cette fois-ci, c'est l'ami Sylvain dont j'ai eu peu de nouvelles depuis quelques mois qui mettait en ligne le lipdub de son entreprise.

Un lip dub est une vidéo réalisée en playback et en plan-séquence par des collaborateurs au sein du milieu professionnel et généralement destinée à une diffusion sur Internet ou autres réseaux.

Venu du monde anglo-saxon, le lip dub a pris son essor en 2007 avec celui élaboré par Connected Ventures, une agence média américaine. Réalisées plus particulièrement dans le milieu de la communication, ces vidéos cherchent généralement à témoigner de la créativité et de la bonne humeur qui règnent dans une équipe ou une entreprise. Elles peuvent être associées à une volonté de créer du buzz afin de bénéficier d'une promotion gratuite grâce à l'engouement actuel pour la vidéo sur Internet ou à une volonté de créer des liens entre les participants.

Celui que je viens de visionner n'échappe pas à la règle. Sur la bande son de I gotta feeling de Black Eyes Peas, on y voit les salariés du siège de l'entreprise chanter en playback et danser avec plus ou moins de grâce.

J'imagine que lorsque Connected Ventures a réalisé le sien, c'était un truc vraiment nouveau, quelque chose d'amusant et même éventuellement une entreprise presque spontanée du genre "eh les mecs et si on se filmait en train de chanter et de danser sur une chanson en playback ?". Je veux bien admettre qu'il y ait eu quelque chose de frais et de novateur mais il y a eu les suivants.

C'est un peu comme ces calendriers sur lesquels les gens posent nus. Au départ, ce fut un gros buzz, un truc iconoclaste, une rupture totale des conventions et puis tout le monde s'y est mis. Pour faire parler de vous, c'est simple posez à poil dans un calendrier. Jusqu'à ce qu'il y en ait tant que votre entreprise devienne d'une ringardise absolue. La bonne idée en marketing fait rarement recette chez les suiveurs. Ça fait un peu ce que la copie chinoise vendue 9,99$ sur Ebay est à l'Ipod : un ersatz.

Aujourd'hui, on ne compte plus les calendriers où les posent nus et il en va de même pour les lip dubs. La spontanéité, l'explosion de joie, le pétage de plombs se sont transformés en tristes plans médias. J'imagine qu'on se choisit une agence de com' qui doit sans doute décider et de la chanson qui figurera en playback et de la chorégraphie un peu simplette pour que même la mémère qui ne danse plus depuis la fin du disco et le chauve de la compta qui n'a jamais mis les pieds en boîte de nuit puissent suivre. On fait deux ou trois répétitions et ensuite, ne reste plus aux salariés qu'à mimer la joie et la bonne humeur pour donner de l'entreprise une image dynamique destinée à assurer aux clients qu'il a eu raison de leur faire confiance parce qu'ils sont cools et humains et bien sur ... festifs.

Ensuite, on publie sur Youtube la vidéo de ce triste événement qui n'intéressera que les salariés de l'entreprise concernée et leurs familles et amis. On assiste alors à une sinistre parodie de spectacle dans une zone d'activité qu'on n'ose même pas filmer en plan large de peur de déprimer les spectateurs, Au milieu de bureaux gris, sous des néons encastrés dans des dalles de polyester, des femmes en tailleurs et des hommes en costumes se dandinent maladroitement en articulant grossièrement les paroles d'une chanson anglo-saxonne dont ils ne comprennent pas le sens. Et tout cela est sensé véhiculer un message de joie !

Cela me rappelle les initiatives de ma vieille cousine germaine, DRH de son état, quand elle était jeune dans les années quatre-vingt. Ses pauvres salariés ont tâté de toutes les merdes à la mode à cette époque. Toutes les vacheries de la cohésion d'équipe, ils y ont eu le droit et interdiction de renâcler sous peine d'être perçu comme un mauvais coucheur. Alors, ils sont allés se perdre en forêt de Fontainebleau de nuit au cours de courses d'orientation stupides avant de se brûler la plante des pieds en marchant sur les braises. Puis, last not least, ils ont eu le droit à l'analyse transactionnelle avant de basculer dans la programmation neuro-linguistique. Taillables et corvéables à merci, ces pauvres cadres à qui on ôte même la dignité du simple ouvrier qui vous mettrait son poing dans la gueule si vous le soumettiez à pareil traitement, se sont appuyés tous les délires novateurs de leurs dirigeants. En revanche, en cas de licenciement, les choses se sont réglées plus traditionnellement avec une LRAR les conviant à un entretien.

La culture d'entreprise touche alors ses limites. On s'est copieusement moqué des chinois et autres nord-coréens défilant au pas pour la plus grande gloire de leurs tyrans. Qui se moquera enfin de ces salariés se tournant en ridicule pour la plus grande joie des actionnaires.

Et si je leurs dis cela, ils me répondront que je suis "chiant", que je ne sais pas "m'amuser" et d'autres choses. La soumission librement consentie est vraiment la plus grande conquête de la psychologie sociale.

Un jour un psychiatre militaire qui acceptait de rompre le contrat d'un ami pilote pour le renvoyer dans le civil lui a dit que certains étaient plus faits pour le vol en solo qu'en escadrille. Peut-être est-ce mon cas ?

27 mars, 2010

Incurie !


Suite à mon article précédent, certains lecteurs m'ont laissé des commentaires dans lesquels ils me parlaient de personnes peut-être atteintes du syndrome de Diogène. Comme point central de ce symptôme figure l'incurie.

L'incurie est un manque total de soin de soi et d'hygiène, accompagné d'une indifférence aux conséquences de ce comportement. L'incurie s'observe au cours de la psychose, des dépressions graves, des démences. Voilà ce qu'en dit un dictionnaire médical. Pris isolément, cela reste donc un symptôme mettant en évidence une pathologie plus ou moins grave.

Dans tous les cas, il faut distinguer l'incurie de la simple négligence ou de l'absence de soin. Vivre dans un appartement un peu cracra ou négliger son apparence n'a rien de pathologique : l'incurie va plus loin que cela. Ce qui frappe aussi dans l'incurie, c'est que la personne qui en souffre peut ne pas l'ignorer tout en ne modifiant pas son comportement. En même temps que l'incurie apparait, s'observe aussi un retrait important des liens sociaux. C'est donc un symptôme préoccupant qui peut augurer l'entrée dans une pathologie aussi grave que la psychose. D'autres fois, il s'agit d'un syndrome de Diogène dont on ne connait à peu près rien puisque les gens qui en sont atteints n'émettent que peu de plaintes et conservent un fonctionnement psychique correct.

Lorsque j'avais une toute petite vingtaine d'années, j'ai été en relation avec quelqu'un souffrant d'incurie. C'était mon professeur de piano avec qui je suivais des cours d'harmonie jazz. Âgé d'une année de plus que moi, je l'avais connu au sein d'une école où il enseignait. Admirablement doué, il se distinguait aussi par des relations conflictuelles. Tout dans sa personnalité signalait le jeune pianiste bourré de qualités mais terrorisé à l'idée de se lancer. Ainsi, la reconnaissance qu'il n'obtenait pas sur scène, il la cherchait de manière maladroite au sein de de la structure qui l'employait en se comportant en starlette pénible (retards répétés, arrogance, etc.). Lassé de son comportement, le directeur avait du se séparer de lui à contrecœur car il convenait qu'il avait un immense talent.

Ce pianiste s'était alors installé chez lui pour donner des cours. Plusieurs de ses élèves dont moi, l'avions suivi, essentiellement pour ne pas le laisser tomber mais aussi parce qu'il était réellement doué. Au fur et à mesure que les mois passaient, nous avions tous senti une dégradation des conditions de vie du pianiste. Confronté au réel, mais incapable de négocier avec lui, il se laissait aller. Plutôt que de reconnaitre les torts qu'il avait eus, sa fierté qui confinait à une vraie protestation virile de l'adolescent, l'avait conduit à poursuivre coûte que coûte dans une voie sans issue. Paniqué à l'idée de jouer devant un public, il affectait un comportement blasé donnant à penser que rien n'était assez bon pour lui. C'est ainsi qu'il avait sciemment torpillé deux rendez-vous que je lui avais trouvé pour jouer.

Un an à peine après qu'il eut quitté l'école dans laquelle il enseignait, c'était devenu un semi-clochard. Les derniers cours que j'ai pris chez lui étaient ahurissants. Sale, pas rasé, vêtu de vêtements tâchés et malodorants, il m'ouvrait la porte et m'accueillait comme si de rien n'était. Son logement était devenu une bauge innommable. La vaisselle sale s'empilait dans l'évier et il était devenu impossible d'accéder aux toilettes à moins de porter un masque à gaz.

Je m'étais aussi aperçu qu'il avait maigri de manière dramatique. Un jour, j'avais regardé dans son frigo pour constater qu'il n'avait strictement rien à manger. Aidé par ses parents qui lui payaient le loyer, le peu peu d'argent qu'il gagnait passait dans le café et les cigarettes. Tant et si bien qu'un jour je lui avais ramené un carton rempli de vivres de premières nécessités. Comme nous étions devenus amis, il m'avait confié que c'était "un peu dur" mais qu'il n'y avait rien de grave. Ses conditions de vie clamaient évidemment le contraire.

Tout ce que j'observais de sa vie, montrait qu'il était en train de "dévisser". Vint un cours où je notais aussi des absences. Assis près de moi au piano, je le sentais différent, ailleurs. Ce jour là, j'avais aussi trouvé que son élocution était étrange et ses propos parfois incohérents. Comme il n'avait pas de problèmes d'alcool ou de toxicomanie, j'avais été étonné.

Vint enfin un jour où je le trouvais pire que d'habitude. Je crois que j'étais alors son seul élève, tous les autres ayant mis les voiles vers des rivages plus cléments. L'incurie s'était installée de manière alarmante. Il était carrément repoussant et son appartement avait repoussé très loin les limites de la propreté telles que peuvent le concevoir les jeunes hommes célibataires. Pourtant il continuait à très bien jouer du piano. Mais ce jour là, je m'aperçus que lui si soucieux de son instrument n'hésitait pas à laisser un mégot se consumer sur son piano, entamant le vernis. Il était de plus en plus bizarre et étrange. J'étais resté un peu avec lui ne parvenant pas à nouer un bon contact.

Comme nous nous connaissions bien, il m'avait un peu parlé de sa famille dont il était assez proche. Je savais dans quelle ville, ses parents vivaient. Le lendemain, j'avais simplement cherché dans l'annuaire les gens portant le même nom que lui dans la ville de résidence de ses parents. Au bout de deux ou trois appels, j'étais entré en contact avec sa mère en me présentant. Elle avait entendu parler de moi par son fils. Je lui avais simplement fait part de mes craintes quant à la santé de son fils lui expliquant ce que j'avais pu observer.

Elle même avait noté quelque chose d'étrange chez son fils et en avait parlé à son mari. Toutefois les parents n'ayant pas vu leur fils depuis quelques mois ne se doutaient pas de la manière dont il vivait. Ils mettaient son mutisme sur le compte de sa fierté à réussir dans la musique. Toutefois, alertés par ce que je venais d'expliquer, le lendemain, ses parents venaient à Paris et le surlendemain le pianiste était interné dans une clinique psychiatrique pour y suivre un traitement.

Bien que j'aie gardé des contacts avec lui, je n'ai jamais vraiment su ce qu'il avait. J'ai toujours penché pour une schizophrénie mais cela aurait pu être une grosse dépression anxieuse compliquée. C'est l'explication qu'il m'a donnée sans doute pour protéger son égo.

Lorsque je l'ai revu plusieurs mois après, il avait repris un appartement à Paris. Le traitement semblait avoir agi. Il était changé. Il avait grossi et je ne retrouvais pas le pianiste que j'avais quitté l'année précédente. L'élocution était différente, le regard aussi. Je suppose qu'il avait un traitement, sans doute des neuroleptiques, qui produisaient ce genre de symptômes. Toutefois, il avait gardé son talent intact.

Resté quelques mois à Paris, il était de nouveau reparti chez ses parents en province. Il fit comme cela plusieurs allers et retours. Chaque fois qu'il reprenait un appartement à Paris, il restait là sans activité aucune, se contentant de ressasser les décisions qu'il avait prises sans jamais passer à l'acte. Quelques mois durant, il vécut même avec une jeune femme dont il se sépara finalement. Après être revenu sur Paris ainsi cinq ou six fois, il partit définitivement s'installer à côté de chez ses parents.

Nos rapports sont devenus épisodiques. Il m'appelle de temps en temps pour prendre de mes nouvelles et me donner des siennes. Percevant une allocation d'adulte handicapé, il ne travaille pas se contentant de jouer chez lui. Toutes les fois qu'il m'a parlé de projets, rien n'a jamais abouti. Je suppose qu'il est suivi mais je ne lui en parle jamais.

Je fais comme si il avait toujours vingt-trois ans et que le monde était à ses pieds. Je fais comme si il était toujours le prodigieux musicien que j'ai connu. Je fais comme si dans les mois qui viennent il allait enfin réussir. Je pense que c'est aussi pour cela qu'il a m'appelle deux ou trois fois par an.

Bien sûr, je sais que pour lui, c'est bâché, plié, et qu'il n'y a plus rien à faire. Mais quand je mets un CD de Bill Evans, je suis toujours surpris par la ressemblance de leurs interprétations.



26 mars, 2010

Syndrome de Diogène !


J'ai déjà du écrire un article sur ce sujet. Les obsèques de Michel, et le fait d'avoir parlé de lui, m'ont rappelé ce curieux comportement. Le syndrome de Diogène est un syndrome décrit par Clark en 1975 pour caractériser un trouble du comportement de la personne âgée conduisant à des conditions de vie négligées, voire insalubres.

Ce syndrome associe entre autres :

  • Une négligence parfois extrême de l'hygiène corporelle et domestique ;
  • Une accumulation d'objets hétéroclites nommée également syllogomanie ;
  • Un déni de son état, associé en conséquence à une absence de toute honte ;
  • Un isolement social selon les critères habituellement admis dans sa culture ;
  • Un refus d'aide concernant cet état, celle-ci étant vécue comme intrusive ;
  • Une personnalité pré-morbide : soupçonneuse, astucieuse, distante, tendant à déformer la réalité (là encore selon les critères culturels en cours).
La personne présentant ce syndrome choisit un isolement social aussi grand qu'il lui est possible ; elle en arrive à vivre presque recluse chez elle, n'ayant dès lors plus autant de raisons d'entretenir son logement et se désintéressant en même temps, à un degré plus ou moins grand, de son hygiène personnelle. On trouve souvent un tel comportement chez des personnes d'âge avancé souffrant de solitude après la mort d'un conjoint ou d'un parent très proche. La solitude, subie ou voulue, semble être le facteur de déclenchement principal.

Voilà l'exemple même de la psychiatrisation d'un comportement qui, bien qu'il ne soit pas pathologique, est pris en compte et poursuivi simplement parce qu'il diffère trop de la norme statistique. Si l'on peut comprendre que le syndrome de Diogène soit une nuisance pour les voisins proches (odeurs, risques sanitaires) et qu'il soit jugulé, j'ai du mal à comprendre en quoi il relève de la psychiatrie.

En revanche, je comprends mieux pourquoi aux Etats-Unis les psychiatres sont parfois surnommés des shrinks (rétrécis) car ils sont surtout passionnés par le fait de réduire les comportements humains à une norme plutôt que de tenter de les comprendre. Le lien suivant décrit un cas clinique assez révélateur, dans lequel une femme âgée de 82 ans ne présentant aucun trouble psychique est tout de même internée et mise sous tutelle du fait de son syndrome de Diogène. Dans les faits, elle n'a rien fait d'autre que de ne plus entretenir son logement et vivre en compagnie de vingt chats. Si ce comportement n'est pas commun, il ne révèle pas forcément de la démence mais un choix personnel.

J'ai bien connu deux personnes souffrant de ce syndrome, la seconde étant encore en vie. Les deux ont des points communs : père absent, niveau d'études bas et sans commune mesure avec le niveau social d'origine élevé, culture encyclopédique, intelligence très supérieure, susceptibilité importante à la limite de la personnalité sensitive de Kretschmer, immaturité psycho-affective se présentant sous la forme d'un attachement/rejet portant sur la même personne et bien sur fond dépressif important. L'ensemble des traits de caractères que j'ai pu observer donnent à penser que ces personnes appartenaient plus à la catégorie des surdoués que des cas pathologiques. Aussi prodigieusement doués que sensibles, il aurait fallu dans les deux cas une approche éducative spécialisée tendant à canaliser leurs dons.

Ces deux personnes m'ont toujours donné l'impression d'avoir cherché durant les quarante et quelques premières années de leur vie, la reconnaissance de leur père. Cette quête obstinée est une forme de revanche sur la société. Dans les deux cas, quelque soit le talent réel, cette quête n'a pu aboutir du fait d'une grande immaturité psycho-affective qui semblait les avoir maintenu dans une sorte d'attitude oppositionnelle les obligeant à affronter la société plutôt qu'à tenter de coopérer. Dans les deux cas, malgré des débuts prometteurs, il semblerait que ces personnes se sont sabordées comme si elles avaient eu à cœur de réaliser une prophétie autoréalisatrice du type "tu es nul mon fils tu ne feras rien dans la vie". La peur de l'échec m'a toujours semblé telle que dans les deux cas, j'ai pu constater qu'ils se mettaient eux mêmes en échec en accroissant la difficulté notamment par leur refus du compromis.

Dans les deux cas, j'ai pu constater que le syndrome de Diogène s'était installé aux alentours de la quarantaine. Il semblerait que ce soit un cap symbolique après lequel, ces deux personnes ont considéré que plus rien ne serait possible. Dans les deux cas, j'ai pu constater que les symptômes décrits plus hauts étaient une forme curieuse de suicide. Réduisant leurs échanges sociaux au minimum, n'entretenant plus avec la société que des rapports lointains, j'ai eu l'impression de voir deux navires moteurs coupés continuant sur leur erre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pourtant, hormis lors de phases de découragement où ils m'ont fait part de leur souffrance morale, les deux se sont révélés d'agréables compagnons.

Lorsque l'on décrète que vivre ne sert plus à rien, le suicide n'est pas la solution adoptée par tous. Sans doute que chez certains, subsistent une petite étincelle les empêchant de passer à l'acte, une sorte d'espoir infime les poussant à continuer au ralenti pour le meilleur ou pour le pire.

C'est ce que j'avais souvent constaté lorsque voici bien des années, je retrouvais Michel dans la queue des Restaus du Coeur, place de l'Ile de Sein dans le quatorzième. Lorsque je l'apercevais, il me donnait l'impression, grand et vouté, d'avoir cent ans. Puis, une fois qu'il avait accepté d'être mon invité, il était capable de se conduire comme un prince dans le petit restaurant où je l'invitais.

J'ai toujours imaginé que les deux attendaient un sauveur, quelqu'un capable de réparer subitement l'injustice que la vie leur avait faite en les créant aussi intelligents pour en définitive n'être rien.

25 mars, 2010

Eulogie !

Demain, je suis d'obsèques. Il m'a fallu annuler quelques rendez-vous mais je ne pouvais pas manquer la crémation de mon ami Michel. Il y a certains derniers hommages que je me dois de rendre.

Cela faisait bien six ans que je n'avais pas vu Michel, peut-être plus. Je l'avais eu une fois au téléphone au moment des vœux. Chaque année, je me promettais d'aller lui rendre visite dans le quatorzième. Mais, que voulez vous la rive gauche est loin à atteindre. Et à force de remettre mon projet aux calendes grecques, Michel qui fumait beaucoup et buvait pas mal a fini par mourir d'un cancer du poumon. Je l'ai appris cet après midi d'une amie que je n'avais pas vue depuis des années mais qui était restée en contact avec lui.

Quand je le fréquentais, je me demandais ce que deviendrait Michel lorsqu'il vieillirait. Indigent autant que fier, affligé d'un trouble bipolaire et d'un rare syndrome de Diogène, je ne voyais pas comment il aurait pu finir ses jours. J'avais toujours imaginé qu'un quelconque voisin, ne le voyant plus depuis plusieurs jours avertirait la police qui le découvrirait mort dans le taudis qu'il habitait. A la vérité, je pense que ses voisins ne s'en souciant guère, c'est l'odeur qui les aurait alertés. Ou encore qu'on ne l'aurait retrouvé que des années après, pauvre momie de cuir sec oubliée de tous.

Michel était une de ces personnes qui peuvent se targuer d'avoir frôlé la sainteté autant que l'infinie bassesse. Âgé de vingt ans de plus que moi, je l'ai rencontré à une période charnière de ma vie où je savais que je ne voulais plus de la vie que je menais sans savoir vraiment vers quoi m'orienter. A l'époque ce brave Michel comptabilisait déjà vingt-huit ans derrière les barreaux, la plupart du temps pour vol à main armée, ce que l'on nomme vulgairement des braquages.

La première fois que je l'ai vu. Je dinais en compagnie de son ex qui vivait en face de chez lui. Comme ils étaient en bons termes, il était passé nous voir. Je ne le connaissais pas, mais j'en avais beaucoup entendu parler. La belle m'en ayant dit beaucoup de bien, je le détestais secrètement. Elle ne l'aimait plus mais gardait pour lui une réelle tendresse et sans doute que leur différence d'âge avait transformé le vieil amant en jeune papa.

Lorsqu'il arriva au cours du repas, je sus qu'il y avait deux coqs dans la basse cour. Comme j'étais déjà très intelligent, fin et cultivé, je me crus autorisé à répondre à ses petites piques, pensant que je le terrasserais sans problème. La seule réponse qu'il me fit fut : "c'est complètement con ce que tu dis". Il argumenta ensuite parfaitement et acheva de me faire passer pour un parfait crétin avide de victoires faciles. Dès cet instant il m'intéressa.

Michel m'intéressa pour deux raisons. D'une part, j'avais conscience d'avoir été borgne au royaume des aveugles et de n'avoir connu que des victoires faciles. Mes études avaient été une sinécure et je n'avais jamais admiré mes professeurs. Les plus brillants n'étaient pour moi en définitive que des fonctionnaires fussent ils agrégés. La vie que je rêvais de mener ne pouvait se satisfaire de demi-vérité glanées sur les bancs de la faculté. Je rêvais de manier le sabre et je ne m'étais exercé qu'au fleuret moucheté. Michel m'offrait enfin la possibilité de croiser le fer d'une manière radicale et en échange, il n'attendait rien de moi.

Dès ce premier soir, il m'intrigua. Orgueilleux comme je l'étais, je m'étais trouvé un adversaire à ma mesure. Il m'autorisait juste à me mettre dans son sillage quitte à ce que je me noie. Je me mis à le fréquenter et je considérais comme un grand honneur qu'il consentit à m'accueillir dans sa bauge où il ne recevait aucun visiteur. Avare de compliments comme de marques d'affection, j'ai pourtant toujours su qu'il m'appréciait. J'ai même l'insigne outrecuidance de songer qu'il avait perçu en moi le même appétit d'infini qu'il avait en lui. Et comme il adorait l'astrologie, je pense qu'il appréciait que j'aie tout comme lui, le soleil en maison X, la position de ceux qui ne se rendent jamais.

De toutes nos entrevues, je garde en mémoire nos fabuleux diner que l'on faisait dans un bouge de son quartier, auprès duquel l'Assommoir de Zola serait passé pour Maxim's. Michel n'avait pas de revenus si ce n'est un maigre RMI qu'il s'empressait de dépenser au poker ou au casino. Comme il lui aurait semblé injurieux de ne pas me rendre une invitation, il ne condescendant qu'à être invité dans ce bouge infâme où nous faisions ripaille de couscous, n'hésitant jamais à redemander un supplément de merguez ou une bouteille de "côte" d'un litre. Parfois certains soirs, il piquait des crises hypomaniaques et on l'aurait cru habité par une puissance supérieure, comme halluciné.

En fréquentant Michel, j'ai appris à ne plus me contenter de peu. J'ai lu, beaucoup lu, encore plus lu, moi qui adorais déjà lire. J'ai aussi appris à argumenter, à songer à tous les détails, même les plus infimes. J'ai aussi appris l'irrévérence, ce total irrespect pour tous ces pitres qui voudraient qu'on leur témoigne du respect simplement parce qu'ils produisent un diplôme ou revêtent un uniforme.

Et puis au fur et à mesure des années, j'ai commencé à devenir un adversaire coriace pour lui. Il m'avait montré des bottes secrètes. Peut-être qu'il espérait que je serais comme lui tout en sachant que je ne pourrais jamais l'atteindre. Mais j'ai simplement développé mon style. Jusqu'à la fin, il sera resté plus stylé que moi, plus amateur de détails tandis que je développais ma technique à la flamberge, me contentant juste d'être violent en frappant là où cela faisait mal. Et lorsque j'ai commencé à lui octroyer de sérieux revers, mon cabinet commençait à bien marcher. Je me suis éloigné faute de temps et j'ai fini par oublier Michel parce que je suis un fils spirituel indigne. En vérité, je pensais que j'aurais l'occasion de le revoir mais le temps passe si vite.

Aujourd'hui qu'il est décédé, je m'interroge de nouveau pour savoir pourquoi Michel était sur terre. J'ai toujours supposé que la nature envoyait par générations des êtres un peu exceptionnels. Fut-il né avant guerre, que les circonstances auraient pu faire de lui un grand homme. Né après guerre dans une époque douillette de social-démocratie, il n'aura été qu'un semi-clochard, méprisé par les mercantis et rarement évalué à sa juste valeur.

C'était une âme tourmentée et il avait en lui autant de Georges Darien que de Barbey d'Aurévilly. Malgré une vie mouvementée, Michel n'était certainement pas de gauche et de plus il craignait Dieu. Il faisait partie de ces rares personnes qui ne croient pas mais savent. Il faisait partie de ces gens sur qui la psychopathologie, cette manière de classer les gens moyens buttent sans jamais pouvoir les mettre dans une petite boîte. La science politique qui classe aussi les gens, regroupe les gens comme Michel dans une famille disparate dénommée aristocratisme libertaire.

Demain, nous serons trois à ses obsèques. Sa fille avec qui il s'est réconciliée quelques mois avant sa mort et notre ex à tous les deux. En le voyant disparaitre dans l'incinérateur, je me demande à quoi je penserai. Je voudrais que tout ceci ne soit pas vain et qu'il n'ait pas vécu pour rien.

J'essaierai de discuter avec sa fille que je ne connais pas. Simplement pour la convaincre qu'on peut sans doute être un père absent et indigne tout en étant un homme bien, un braqueur fiché au grand banditisme et un homme intègre.

22 mars, 2010

C'est curieux !


Les régions, tout le monde s'en fout. Leurs compétences sont limitées et à part des lycées et des transports en commun, on se demande de quoi elles s'occupent ? J'ai du apprendre cela dans mes jeunes années et ça a du changer au fil de ans. D'ailleurs je m'en tape.

Je lisais en regardant sur le téléviseur les gens faire la fête rue de Solférino. Je me disais que voici cinq ans, ils avaient fait la même fête tout en se prenant une branlée aux présidentielles. C'est même assez curieux cette alternance qui s'est imposée au fil des ans. Soudain j'ai eu un éclair de lucidité. Mes chers compatriotes n'aiment pas vraiment la politique. Peu audacieux, repliés sur eux-mêmes, asservis et assistés de la naissance à la mort, ils se sont choisi une alternance qui a tout du couple parental. Les français sont des enfants qui ne veulent pas grandir.

C'est ainsi que tandis que dans les élections de proximité, les électeurs préfèreront la gauche, il me semble que dans les grands scrutins nationaux, ils s'en remettent à la droite. C'est assez marrant, un peu comme une maman et un papa idéalisés.

Tandis qu'on s'en remettrait à une maman socialiste et bienveillante pour toutes les affaires courantes, on préférerait s'en remettre à papa UMP pour les choses très sérieuses. Tandis que la maman nourricière tient son rôle de proximité très à cœur en s'occupant de l'école et des transports publics, le papa normatif plus distant part au bureau à Paris pour s'occuper de choses plus compliquée( (économie).

En bref, pour s'occuper de l'intendance, remplir le frigo et inscrire le petit au cours de piano ou lui payer son passe Navigo, la gauche est très bien. Mais pour les trucs très sérieux comme faire bouillir la marmite en allant chercher l'oseille ou nous défendre, on s'en remet plutôt à papa !

Ce que les français sont conservateurs !

21 mars, 2010

Waouh !


Je corrigeais mon dernier article et j'ai ensuite affiché mon blog. J'ai vu sur le petit compteur à droite de l'écran, qu'il y avait six connectés. Si je m'ôte, il y a donc au moment même où je vous écris cinq connectés sur mon blog ! Ah les chanceux ! Ils sont là à me lire l'air de rien et dans quelques minutes, le temps que je publie cet article ci, ils se diront qu'ils ont lu mon blog tandis que le grand homme (moi) était là !

Euh ... bonsoir ... merci d'être passés !

S'ils m'avaient eu avec eux !

Eh Xav ! Ce soir c'est moi qui te la mets !

Bande de blaireaux me disais-je en regardant mollement la soirée électorale. Le PS qui triomphe et nous ressert la même soupe sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe chez nos voisins grecs. Et de l'autre côté, la tête du pauvre Xavier Bertrand, forcé de se manger dans les dents la grosse branlée que son parti vient de prendre. Xavier Bertrand qui ne perd pas une once de son arrogance tout de même. Dommage que je ne sois pas dans les parages, sinon je lui aurais dit :"Ben alors elle est où ta grande gueule mon garçon ? Et ce ton odieux et plein de componction de petit arriviste, c'est fini ?". Putain, j'aurais débouché un Champagne millésimé que j'aurais bu sans les socialistes parce que fait pas exagérer quand même.

Putain pour la première fois de ma vie, je ne suis même pas allé voter. Avant j'y allais toujours, même si la plupart du temps c'était pour un bulletin nul parce que j'aimais bien écrire des trucs cons sur un papier et le glisser dans l'enveloppe bleue destinée à l'urne. Là, que dalle, je ne me suis même pas déplacé, qu'ils aillent tous se faire foutre. J'ai réparé mon poulailler et j'ai maté un film.

Je regrette juste un peu de ne pas être allé au dépouillement rien que pour voir la gueule de mes élus UMP. Juste pour leur dire "ben dans le cul la balayette les mecs !". Ils m'auraient traité de gauchiste ou je ne sais quoi. Moi impavide, j'aurais répondu qu'ils n'avaient qu'à consulter leurs listes pour voir que je n'avais pas voté, que je n'étais venu que pour voir la tête des faux vainqueurs et des vrais vaincus.

J'écoutais les socialistes et cela n'a pas raté. Comme d'habitude, ils mettaient dans les dents de l'UMP le cadeau fiscal aux "riches" dénommé "bouclier fiscal". Moi je trouve que c'était une vraie bonne mesure afin d'éviter l'évasion fiscale et pour récompenser le travail. Il faut arrêter avec la lutte des classes, avec cette vision politique basée sur l'envie et la jalousie. Mais comme cela a été mal appliqué ! Justement parce que les pitres de l'UMP n'ont pas compté avec la jalousie des autres, de ceux qui ne payent rien et qui se diraient forcément "et nous alors ?".

Ces derniers temps, un observateur neutre venu dans notre pays aurait pu se dire qu'il valait mieux être François Pinault qu'un prolo. C'est tout le temps vrai que mieux vaut être riche que pauvre mais fut un temps où l'on pouvait se dire "on n'a pas de thunes mais qu'est-ce qu'on rigole". Aujourd'hui, c'est fini. Tandis que le premier se sentait soutenu par une sorte de droite de l'argent totalement amorale, le second a pu se sentir un peu abandonné. D'accord, il y a eu la crise et là les gens ont morflé et on n'y pouvait pas forcément grand chose. Mais il y a eu aussi le prix de l'essence, l'interdiction de fumer dans les bistros, les radars partout, l'interdiction de picoler si on ne voulait pas finir en garde à vue menotté au radiateur comme un délinquant et l'administration très conne dont la vocation semble être de vous faire chier de votre naissance à votre mort.

Si l'UMP m'avait eu dans l'équipe, je les aurais peut-être averti d'une théorie baptisée "théorie de l'équité d'Adams". Que dit-elle cette théorie de la motivation ? Dans les faits, elle est simple. Selon cette théorie datant de 1963, l'individu qui n'est pas aussi con qu'il en a l'air mais aussi beaucoup plus irrationnel qu'on le croit, calculerait un « score » pour lui même, et un score pour autrui, afin de déterminer s'il y a de la « justice sociale ». La motivation viendrait donc des représentations mentales (théorie cognitiviste).
Score = \left ( \frac{R}{A} \right )

Sachant que R correspond aux Résultats (ex. : salaire), et A à l'Apport (ex. : effort donné).

  • Si le score du sujet est égal à celui d'autrui, alors il y a équité, et donc il sera motivé ;
  • Si les scores sont inégaux, alors il n'y a pas équité, et la motivation baisse. Même dans le cas où le sujet serait surestimé, il va perdre de sa motivation, non pas par un changement de comportement, mais par un changement de perceptions.
Dans tous les cas, c'est l'iniquité qui pose problème. L’iniquité survient dans deux cas :

  • Lorsque l’individu est « sous-rétribué », c’est à dire lorsque son score est inférieur à celui de l’individu auquel il se compare ;

  • Lorsqu’il est « sur-rétribué » c’est-à-dire lorsque son score est supérieur à celui de l’individu auquel il se compare.

  • Il semblerait par ailleurs que le sentiment de sous-équité soit plus vite atteint que celui de sur-équité. L’individu vit évidemment mieux le fait d’avoir un score plus élevé que plus bas qu’autrui, situation qu’il justifiera toujours plus facilement.

Le sentiment d’iniquité entraîne toujours chez l’individu un état de tension psychologique :

  • En situation de sous-équité, l’individu va avoir un sentiment de colère de frustration. C'est ce qui s'est passé pour ces élections avec un bras d'honneur massif ;

  • En situation de sur-équité il va culpabiliser. Cela arrive rarement car la plupart des élus et leurs amis vivent tellement éloignés du monde réel qu'ils ne perçoivent pas cette sur-équité. Une certaine frange présente de tels traits sociopathiques que de toute manière leur absence totale d'empathie les empêche à tout jamais de réfléchir aux problèmes du prolo.

Quoiqu'il en soit, rappelons nous que l'individu a toujours en lui une perception de l'équité et qu'en cas d'iniquité, il cherchera toujours chercher à rétablir le sentiment d’équité afin de résoudre sa tension psychologique.

Aujourd'hui pour résoudre ce sentiment d'iniquité, certains ne sont pas allés voter pour ceux qui se disaient leurs amis (fuck l'ump parti de traitres) tandis que d'autres ont voté pour les adversaires.

C'est pourtant simple. Depuis l'empire romain on sait qu'il faut du pain et des jeux pour que le peuple vous foute la paix. Et depuis John Stacey Adams, on sait qu'aussi con qu'il paraisse, le pékin moyen a une perception du rapport de ce qu'il fournit et de ce qu'il ramasse et qu'il a tendance à se comparer aux voisins. Voici des basiques à ne pas oublier. Parfois on se demande ce qu'ils apprennent à l'ENA. Les mecs, passez moins de temps sur les "notes de synthèse" et achetez vous des livres de psychologie sociale ou de psychosociologie des organisations.

J'avais parlé de cette théorie en 2007. Si au lieu de brutaliser de pauvres journalistes de canards locaux, Xavier Bertrand était venu me lire, peut-être qu'il aurait pu dire à ses copains qu'il fallait aussi ne pas désespérer le prolo. Mais non, ce dingue saisi d'Ubris, cet agent d'assurance saisi de vertige après avoir atteint les cimes, se distinguait dans le mangibousime et la vie saine, ne cessant de soumettre les gens à toujours plus de règles, de contraintes, de taxes, de servitude et d'iniquité !

Bon, c'est vrai que les régions on s'en tape un peu mais c'est toujours rigolo de savoir que certains n'iront pas asseoir leurs gros culs dans les fauteuils des conseils régionaux pour dépenser notre blé. Et puis la dernière fois c'était pareil, les socialistes l'avaient emporté aux régionales avant de se prendre une branlée aux présidentielles.

Moi, mon RER B aura toujours du retard. Je m'en tape, grâce au privé, j'ai un portable qui marche et qui me permet de prévenir mon premier patient de mon retard. Ce soir, l'UMP doit regretter et se dire qu'ils auraient du m'avoir avec eux.

Je les préviens que si je suis très bien, je suis aussi très cher. Mais comme disait Audiard, le prix s'oublie mais la qualité reste.

20 mars, 2010

Pas le temps !


Bon, j'ai vu mes patients et je pensais être dispo pour écrire vers 18h00. Et voilà qu'un bon pote d'enfance m'appelle. Aussitôt dit, aussitôt fait, je me retrouve à la terrasse d'un rade. Cela faisait plusieurs mois qu'ils ne m'avait pas donné de nouvelles. Comme nous avions été proches et que nous l'étions moins, je n'étais pas plus inquiet que cela, me disant qu'il m'appellerait quand cela lui chanterait.

Il m'attend au café et je suis ravi de voir que tout comme moi, il ne change pas. Il est né un jour avant moi et physiquement et psychologiquement, c'est mon clône ! Emporté dans mon élan, je lui dis "ben alors, je t'ai appelé deux fois et tu ne rappelais pas, tu étais mort ou quoi ?". Et là ce gros pince-sans-rire, me répond :" moi non mais ma femme oui".

Je reprends mes esprits et je lui dis : "euh tu déconnes ?". Et il me répond qu'il aime bien déconner mais que là il est sérieux. Effectivement son épouse est morte d'une rupture d'anévrisme sans prévenir. Un soir il est rentré, il l'a trouvée qui se plaignait d'un mal de tête. Comme cela durait, il s'est décidé à appeler le SAMU et douze heures après elle était décédée !

Je lui présente mes condoléances, tout en chassant un type bourré que je connais bien et qui vient nous casser les burnes alors que ce n'est pas le moment. C'est assez surréaliste d'être assis là à la terrasse de ce petit café pour entendre des choses aussi graves, ça manque de solennité. Et puis, mon ami me dit qu'au-delà du deuil et de ses conséquences bien connues, tout cela l'a encouragé à manger gras et à continuer à fumer.

Parce que m'explique-t-il, son épouse faisait plutôt attention à elle et cela ne lui a pas réussi. Je lui dis sagement qu'on peut aussi espérer vivre vieux. Et là, le voici qui me rétorque que vivre vieux et dépendant avec une sonde dans l'urètre en se chiant dessus sans se souvenir de son nom n'est pas forcément une fin en soi. Je lui explique pour noircir le tableau qu'il a omis de préciser que les gosses ne viendront pas le voir, tout occupés qu'ils seront à se battre pour l'héritage. Il me rassure en disant qu'il y a pensé. C'est bien d'avoir un pote capricorne car on peut être noir et négatif sans faire peur. Après un court silence, il me dit : "tu vois maintenant j'en profite. J'abandonne mes velléités de vie saine. Je ne fais toujours pas de sport, je mange gras et je fume et je picole un peu".

Là, je ne réponds rien parce qu'il y a de la sagesse derrière ces paroles, même si cela heurte le mangibougisme voulu par le gouvernement. Alors, chacun de notre côté, on fume notre clope en silence en songeant que nous sommes bien peu de chose !

La morale de l'histoire ? Celle que vous voudrez bien en tirer.

(je vous parlerai de Xavier Bertrand tout à l'heure parce que des amis viennent d'arriver !)

Tête à claques !

Bon, je n'ai pas le temps de l'écrire parce que je trime encore et que j'ai des rendez-vous cet après-midi, mais je vous annonce un article sur Xavier Bertrand. Autant, je peux avoir de la compassion pour ma copropriétaire, autant je n'en ai pas pour ce type. Si les femmes bafouées me touchent, les narcissiques à petite bite m'ont toujours agacés !

18 mars, 2010

Surprenant !


Je n'ai jamais été fan de Jean Ferrat. Pour moi, c'était un vieux changeur gauchiste, dont on retrouvait les pochettes de disques au milieu de celles de Joan Baez, Le Forestier, Moustaki et consorts. Tout à fait le genre de fatras musical que possède un prof sexagénaire retraité de l'Ednat, les trucs qu'il écoute en lisant Télérama. De plus, je n'ai jamais compris la phrase "la femme est l'avenir de l'homme". Mais putain, au delà de la formule, du slogan, qu'est-ce que ça veut dire ???

Même si je ne connaissais pas grand chose de Ferrat si ce n'est deux ou trois titres trop entendus à l'époque ou les radios FM n'existaient pas, il m'a toujours semble que pour un coco, il était un peu moins con que la moyenne. J'avais cru surprendre de sa part quelques prises de position un peu hardies.

Et puis, comme il ne faut jamais trop attendre d'un type qui se déclarait communiste, le verdict est tombé et il est sans appel. J'ai ainsi appris que Jean Ferrat, s'était laissé pousser la moustache après avoir rencontré Fidel Castro, afin de lui rendre hommage tellement l'homme l'avait impressionné. Putain, faut-il être con pour se laisser pousser la moustache pour une telle raison ??? C'est vraiment le truc de groupie de douze ans !

Je me demande ce qu'aurait donné Jean Ferrat s'il avait été fana de Dany Boon ? Peut-être qu'il aurait chanté avec l'accent chtit ?

Vocation ?


Une jeune patiente me parlait de je ne sais plus quoi. Toujours est-il que cette conversation dériva sur les sectes. Elle se demandait si tout le monde pouvait adhérer à une secte. Je lui expliquai alors que pour qu'il y ait gourou, il fallait qu'il eut des personnes "gourouïsables". Que d'ailleurs ce qui marchait pour une secte était le même phénomène que celui qui poussait les mêmes électeurs à voter sans fin pour les mêmes escrocs.

Finalement, les gens ont besoin de croire fut-ce en abdiquant leur libre arbitre et leur sens des réalité. Je rajoutai aussitôt qu'à ma connaissance, ou plutôt selon mes observations, je ne pensais pas que tout le monde soit "gourouïsable" : il y aurait toujours des gens peu ou moins influençables. Il y aussi des gens qui se font enc.... une fois mais pas deux.

Comme nous parlions, je lui expliquais qu'il m'aurait été facile de monter une secte car je connais les recettes qui marchent. Globalement c'est assez simple.
  • Sélectionnez des gens qui doutent (anxieux et dépressifs) ;
  • Affirmez que vous, vous savez ;
  • Affirmez qu'en vous obéissant, ils n'auront plus de tourments ;
Si vous appliquez cette recette, votre mouvement sectaire marchera. Vous pourrez au gré de vos envies, selon la croyance que vous aurez mise au point pour tromper les crédules, devenir gourou, chef de parti politique, vendeur d'art contemporain ou même psychanalyste renommé. Et dans tous les cas, l'argent tombera.

Ma patiente en plaisantant m'a demandé si j'aurais été tenté de créer ma secte. Je lui expliquai que financièrement c'était très intéressant. Pour le reste, même si je pense avoir de bonnes aptitudes d'escroc, ce qui m'aurait gêné c'est la durée. C'est très fatigant de maintenir un mensonge sur des années : n'est pas sociopathe qui veut !

Et puis, je crois que je suis finalement trop moral.

Art contemporain !

Piero Manzoni vendit ses excréments en boîte et créa ainsi le mouvement de "l'art pauvre".

"Les gens ne se rendent pas compte de la créativité qu'il faut pour être marchand d'art. Le le marché actuel, c'est le galeriste, et non l'artiste, qui fait le plus gros boulot. Sans nous, il n'y aurai ni modernisme, ni minimalisme,e , aucun de tous ces mouvements. Les plus grandes stars de l'art contemporain seraient peintres en bâillement ou profs de dessins des des cours du soir; Les collections des musées s'arrêteraient à la la Renaissance ; les sculpteur en seraient encore à modeler des dieux païens : la vidéo seraient le domaine exclusif de la pornographie ; le graffiti un délit mineur et non la base d'une industrie multimillionnaire. L'art, en somme, cesserait de prospérer. Et ce parce que dans une société post-Eglise, post-mécénat, ce sont les marchands qui raffinent et canalisent le fuel qui fait tourner le moteur de l'art, qui l'a toujours et le fera toujours tourner : l'argent.

De nos jours, en particulier, il y a tout simplement trop d'œuvres en circulation pour qu'une personne lambda puisse faire le tri entre les bonnes et les mauvaises. C'est le travail du galeriste. Nous sommes des créateurs aussi, sauf que nous créons des marchés et que notre production englobe les artistes eux-mêmes. Les marchés à leur tour, créent des mouvements et les mouvements des goûts, une culture, le canon de l'acceptabilité : en bref, ce que nous appelons l'Art avec un grand A. Une œuvre d'art devient une œuvre d"art, - et un artiste un artiste, dès l'instant où je vous fais sortir votre chéquier."

Jesse Kellerman "Les visages", Éditions Sonatine

15 mars, 2010

Trop facile !

Parfois les prévisions s'avèrent trop faciles !

Avec 53,5 % d'abstention, taux record, les élus ont eu ce qu'ils méritaient. Finalement une majorité de personnes ont cessé de se préoccuper de leurs pitreries. Et si l'on ajoute environ 2/3 % de bulletins blancs ou nuls, c'est encore pire. Il n'y a pire mépris et sanction pour ces histrions que de les laisser s'agiter seuls sans leur prêter la moindre attention. Ce cynisme est la claque ultime, une manière raffinée et élégante de leur dire d'aller se faire foutre.

Mon maire adjoint est tombé dans le panneau. Ce matin, tandis qu'il présidait le bureau de vote, il m'a demandé si je voulais dépouiller et je lui ai répondu que cela dépendait de la somme que l'on me proposait. Il a été outré et m'a dit que le bénévolat était une vertu républicaine. Je lui ai alors demandé pourquoi il était rémunéré en tant qu'élu. Il n'a pas voulu me répondre. J'ai poursuivi en lui expliquant de manière très ferme que j'avais du mal à supporter des leçons de civisme d'un type qui vivait sur mon dos tout en espérant me faire bosser gratuitement. Le pauvre était tout rouge et ne savait plus quoi dire et dans le bureau de vote, les gens qui me connaissaient rigolaient. Je me suis encore fait un copain.

Enfin le petit Thomas a voté PS. C'est normal moi aussi à son âge j'étais très idéaliste pour ne pas dire très con. Pensez-donc que j'ai même collé des affiches ! un jour il comprendra qu'avoir préféré les toquards du PS aux nuls de l'UMP n'est pas un enjeux vital.

14 mars, 2010

Mourir par la France !

Général Nivelle : aussi efficace qu'un élu moderne !

Le petit Thomas, aujourd'hui âgé de vingt-et-un ans et qui était le plus jeune de mes colistiers est passé nous voir à la maison. Il m'a exprimé sa volonté de vouloir voter PS pour les régionales. J'ai été étonné puis, je me suis souvenu qu'il était jeune.

Il m'a demandé si j'irais voter. Je lui ai dit que je mettrai un bulletin nul dans l'enveloppe enjoignant aux élus d'aller se faire foutre. Mais surtout que je me ferai un malin plaisir de me payer le maire adjoint qui tiendra sans doute mon bureau de vote. Je sais que comme à chaque fois, il me demandera si je veux bien participer au dépouillement ce soir. Alors, rien que pour l'emmerder, je lui dirai que cela dépend de la somme qu'on me propose en échange. Je sais que ce crétin poussera des cris d'orfraie en me parlant de mon devoir de citoyen et autres bêtises.

Et moi, je lui dirai simplement : "vous êtes bien payé pour ne pas faire grand chose en tant qu'élu, je ne vois pas pourquoi mon travail ne serait pas rémunéré ?". C'est imparable, le connaissant il sera tout rouge mais ne dira rien, se contentant d'afficher un air scandalisé et outré. Il tournera la tête à droite et à gauche, cherchant du soutien en me faisant passer pour une sorte d'anarchiste mais ne cherchera pas à polémiquer parce qu'il perdra face à moi. Ma logique est imparable : toute peine mérite salaire. Soit tout le monde est payé soit personne ne l'est.

Et puis s'il la ramène trop je pourrais lui glisser un petit mot sur les notes de frais que lui et ses copains laissent dans les cafés ou restaurants de la commune quand ils vont baffrer à nos frais. Notes qui ne sont payées que très tardivement et encore quand les commerçants osent aller demander leur du. Comprenez que pour un cafetier, aller demander ce qui lui est du, c'est risquer de voir sa terrasse interdite pour le printemps qui vient. Dans un pays ou l'élu a droit de vie ou de mort sur votre entreprise via des textes et règlements fluctuants, l'entrepreneur n'a pas d'autres choix que d'être très précautionneux avec tout ce qui porte une ceinture tricolore ou une cocarde de la même couleur derrière le pare-brise. On vire plus simplement un syndic de copropriété indélicat qu'un maire. D'ailleur sà la différence 'un député, un syndic n'a pas la possibilité de s'auto-amnistier et ne bénéficie d'aucune immunité.

C'est ce que j'ai expliqué à Thomas. Il m'a demandé si je n'allais vraiment pas voter UMP. Je lui ai répondu que cela ne me serait même pas venu à l'idée et que de toute manière que l'Ile de France soit présidée par le PS ou l'UMP, rien ne changerait pour moi. Que ses élections étaient surtout pour ceux qui se présentaient l'occasion d'avoir un job en or ou non mais que ma vie n'en serait pas bouleversée. Mon RER B continuera toujours à afficher des retards exaspérants et je devrai encore supporter les journées d'actions des syndicats.

Il était un peu dubitatif et trouvait ma réponse curieuse sans doute parce qu'à son âge on est encore idéaliste. Idéaliste et suffisamment idiot pour croire que son bulletin de vote fait progresser les choses. D'ailleurs les élus comptent beaucoup sur l'idéalisme des jeunes. Ça permet de leur sortir des discours creux basés sur l'émotion afin de les embobiner.

Il m'a dit qu'en ne votant pas, il avait l'impression de laisser les autres décider pour lui. Je lui ai répondu que ce seraient toujours les autres qui décideraient pour lui. Il a rajouté qu'il tenait à accomplir son devoir électoral et j'ai rétorqué le vote était un droit et non une obligation et que parfois le vote blanc ou nul voire l'abstention étaient des signaux plus forts que de voter pour le premier toquard venu. Je le sentais un peu vaciller.

Mais ses réflexes de jeune militant on repris le dessus. Il m'a parlé du PS de son engagement que je ne remets pas en cause. Je lui ai juste parlé de deux ou trois personnes présentes sur la liste pour laquelle il voulait voter. Je lui ai parlé de vol avec violence, de montres, et d'intermittents du spectacle. Il aurait pu me rétorquer que c'était pareil à l'UMP mais comme je voterai nul, je ne me sens pas concerné.

Après, il nous a fait un laïus sur la justice sociale de l'impôt et sur la justesse de la gestion de Jean-Paul Huchon grâce auquel il avait pu bénéficier d'un bon lycée et de transports publics à un prix abordable. Nous l'avons laissé dire ou presque. Parfois il a sombré dans l'erreur. Il parlait de gestion d'entreprise et mon épouse lui a rappelé des règles de droit qu'il ne connaissait pas. Il est tombé des nues. Il devait se croire dans un pays libre. Son socialisme, pétri d'idéalisme et de justice sociale, en a pris un coup face à la leçon de réel qu'elle lui a infligée. Je lui ai rappelé que la vraie vie était plus compliquée qu'avec ses playmobils ou ses nounours. Bon, il est intelligent et je pense que dans une dizaine d'années, après avoir trimé, il aura enfin perdu son pucelage.

J'aime beaucoup Thomas. C'est un jeune intelligent, cultivé, extrêmement courtois et d'une grande sensibilité. Finalement, je m'en fous qu'il vote socialiste demain. Il sera toujours le bienvenu à la maison.

Ce qui me fait toujours de la peine, c'est de voir qu'en 1917 ou 2010, des jeunes sont toujours prêts à suivre des menteurs et à se sacrifier pour eux, qu'ils soient galonnés ou ceints d'une écharpe tricolore. Près d'un siècle a passé mais pour les jeunes, c'est toujours le même enthousiasme pour faire le Chemin des Dames et crever pour le plateau de Craonne.

Ils croient mourir pour la France et ne meurent que par la France.

(Je suis content de savoir qu'en lisant ce message, Thomas apprendra en plus plein de choses sur le Chemin des Dames)

08 mars, 2010

Journée des femmes et campagne électorale !


J'aurais bien aimé titré "Mais quelle salope !" mais je pense que j'aurais été sous le coup de la loi. Nadine Morano est en effet connue pour son attitude procédurière sans doute pour compenser ses maigres prestations politiques. Car si elle a été élue députée UMP, la ville de Toul lui résiste toujours et encore.

J'apprends en effet que notre chère ministre en tournée électorale pour les régionales, était en campagne ce weekend-end en Lorraine accompagnant le tête de liste UMP dont elle est colistière. Venue à Neuves-Maisons, une ville proche de Nancy, à l'occasion de la braderie annuelle, elle rentre alors dans un bar et constate que plusieurs clients fument.

Vous imaginez ce scandale ? Des clients fument dans un lieux privé alors que l'état policier, appuyé par des associations ne représentant que leurs adhérents, l'avait interdit ! D'irréductibles francs (oui les lorrains sont des francs) ont décidé que l'état pouvait aller se faire foutre et qu'ils continueraient à s'adonner à leur vice coupable avec l'autorisation et la bénédiction du propriétaire des lieux.

Rappelons que si le citoyen lambda peut-être sévèrement sanctionné parce qu'il fume dans un café, lequel est une propriété privée, rouler à 140km/h sur une nationale (espace public) de nuit est toujours autorisé pour certains.

Le Parisien rapportant l'information de l'Est Républicain, explique que :

"Mme Morano rappelle alors au patron que, depuis l'entrée en vigueur le 1er janvier 2008 de la loi anti-tabac, il est interdit de fumer dans les établissements dits «de convivialité», notamment les cafés, a expliqué la secrétaire d'Etat, confirmant une information dévoilée par L'Est Républicain dans son édition de dimanche. «Je suis ministre de la République, si j'arrive et que je ne dis rien, c'est comme si je cautionnais», a-t-elle expliqué.

Elle a ensuite tenté de faire entendre au patron et aux clients qu'ils devaient aller fumer dehors et, selon la secrétaire d'État, le gérant, qui n'était pas joignable dimanche en fin d'après-midi, lui aurait répondu : «S'il fallait que je respecte les lois, il y a longtemps que j'aurais fermé boutique».

Madame Morano s'est ensuite rendue à la gendarmerie, située de l'autre côté de la rue, où elle a signalé aux militaires la situation. «J'ai prévenu le patron que j'allais voir les gendarmes», a-t-elle indiqué.

Lorsque les gendarmes sont arrivés, «les cigarettes étaient éteintes et les cendriers évacués des tables», selon L'Est Républicain, qui indique que le gérant, convoqué, a toutefois reconnu les faits."

J'imagine déjà la tronche du pauvre Laurent Hénart devant les agissements de sa colistière. Dire qu'il s'agit avant tout de rencontrer les gens, de rentrer chez les petit commerçant afin de serrer des paluches et de faire des voix ! Et voilà que la lourdaude, prenant son rôle très au sérieux, plutôt que d'aplanir le différend comme tout vieux renard politique le ferait, n'hésite pas à aller chercher les pandores situés en face.

C'est vraiment con de perdre des élections simplement parce qu'une loi inique vous impose un quota de femmes. Mais bon, je suppose qu'à l'UMP ils se préparent déjà à la branlée qu'ils vont prendre ?


07 mars, 2010

Ma jeunesse fout le camp !

A l'usine on sait rigoler !

Roger Gicquel est décédé ! Un pan entier de ma jeunesse qui fiche le camp. A partir d'aujourd'hui, tous les enfants venant à naître débarqueront dans un monde où Roger Gicquel n'est plus ! Cela fera une différence de plus entre eux et moi. Déjà qu'ils n'avaient pas connus le franc, ils ne connaitront pas notre présentateur vedette non plus. Bien entendu, la même chose s'applique aussi à Patrick Topaloff, artiste lui aussi décédé ce week-end et dont on aurait tort de déconsidérer l'œuvre. Topaloff est en effet le témoin d'une époque révolue, période légère et insouciante qui avait le mérite de ne pas tout prendre ni au sérieux ni au tragique.

Vendredi, au cours d'une soirée, le Gringeot, Olive mon copain riche et moi avons abordé des tas de trucs comme cela, vestiges engloutis de nos belles années enfuies. J'ai soudainement pris conscience que mon arrière-grand-mère que j'ai connue très âgée, avait ainsi fait la révérence à l'impératrice Eugénie, l'épouse de Napoléon III. Le Gringeot nous racontant sa jeunesse m'a fait prendre conscience qu'effectivement les cinémas pornos avaient disparu.

Je me souviens encore de celui du boulevard Saint-Michel, presqu'en face de la Sorbonne, maintenant remplacé par un Gibert. Les titres à l'affiche étaient toujours rigolos. C'est ainsi qu'une année, il y avait eu "Charlotte mouille sa culotte". Mes amis et moi, plutôt prudes et bien éduqués, nous demandions toujours qui pouvait aller dans ce genre d'endroits. Nous imaginions une salle un peu cradingue avec des messieurs éloignés les uns des autres se livrant à des activités coupables.

Le Gringeot étant plus âgé que nous et ayant suivi une filière technique, a longtemps fréquenté ce genre d'endroit et nous a expliqué qu'il y allait avec ses copains et que ce n'était pas du tout comme cela. Généralement les salles étaient bondées et malgré une nette tension dans le pantalon, les gens restaient plutôt sages, se contentant d'emmagasiner du fantasme dans lesquels ils puiseraient le moment venu, seuls ou accompagnés.

J'ai trouvé cela curieux. Moi je ne m'imagine pas regardant un porno dans une salle avec un copain assis à côté. C'est vrai quoi, on n'est pas des bêtes ? Ou alors peut être que nous sommes trop sensibles ? Sans doute a-t-on des pudeurs d'officiers que ne possède pas le seconde classe. D'ailleurs qui étaient ses fameux amis avec lesquels il fréquentait les cinémas pornos ? Sans doute des gens alors sans histoire mais rattrapés quelques années plus tard par leur sexualité exigeante : Jean-Pierre Treiber, Francis Heaulme, etc

Peut-être que le mâle, le vrai est un mec capable de faire ça comme il irait "aux putes" : en groupe, passant après son copain sur la prostituée avec laquelle il aurait négocié un tarif de groupe. Tiens, il faudra que je demande si le Gringeot fréquentait les prostituées avec ses copains Treiber et Heaulme après leur séance de porno ? .

Ça me rappelle quand j'ai effectué mon "stage ouvrier" en première année de sup-de-co. J'aurais pu l'effectuer dans un bureau à ne rien glander mais j'ai préféré être sérieux et je me suis retrouvé à faire les "trois huit" dans une usine. On commençait à six heures du matin et à dix heures il y avait une pause durant laquelle on allait fumer notre clope en mangeant d'énormes sandwiches offerts par la direction. J'avais vingt et un ans et j'étais le jeunot perdu parmi des hommes, des vrais. De vraies brutes épaisses auprès desquels je passais pour un gamin bien que je n'aie jamais été un gringalet. Mes manières me désignaient comme un petit branleur parmi ces hommes faits aux nuques épaisses et aux mains calleuses.

Je me souviens qu'un des grands jeux de ces brutasses étaient de se poursuivre en tentant de se "choper les couilles" selon l'expression consacrée. S'attraper les testicules, bien que plus correct et courtois n'eut en rien décrit la sauvagerie de la pratique consistant à faire mal à son camarade en lui comprimant les bourses. Un type plus brutal et plus bête que les autres était champion ! Il parvenait toujours à prendre un de ses copains par le cou et d'un coup vif il refermait sa grosse patte d'ouvrier sur son entre-jambe jusqu'à ce qu'il gueule.

Comme mon père était pote avec le proprio de l'usine, j'ai échappé à ce traitement fort heureusement. Je me demande si le Gringeot a joué à se "choper les couilles" avec ses copains de la filière technologique ? Si c'est une sorte de rituel obligatoire quand on travaille dans le secteur secondaire ? D'ailleurs, à l'époque ou l'ouvrier en bleu de chauffe est devenu un opérateur en blouse blanche, cette charmante pratique a-t-elle perduré ?

En bref, ma jeunesse fout le camp. Les cinémas pornos ont fermé, vaincus par la VHS puis par le Net, et Roger Gicquel est mort terrassé par une longue maladie. J'espère tout de même que dans les rares ateliers qui restent en France, la tradition du "chopage de couilles" perdure. Ce serait dommage que tout foute le camp.

Même si l'on sait que rien ne dure, et surtout pas les hommes mortels ni certains loisirs vaincus par d'autres technologies, ça a tout de même du beau les traditions.

05 mars, 2010

Drame !

Ce fonctionnaire grec risque de ne pas avoir son quatorzième mois de salaire mais il a un joli costume et une belle gonzesse !

Compte-tenu de mon boulot, des drames, j'en vois tous les jours croyez-moi. Fort heureusement, ce n'est pas toujours atroce mais les gens qui viennent me voir vont mal, c'est un fait. Je pensais avoir connu le fin du fin ou plutôt le fond en matière de souffrance humaine et morale mais je me trompais.

Hier, m'aménageant une pause d'une demie-heure dans mon emploi du temps, je bondis tel un fauve hors de mon cabinet pour aller poser mon cul sur la terrasse de mon estaminet favori afin d'y lire le Parisien. Le quotidien titre sur les pays en crise grave : Grèce, Espagne et Portugal. Je me jette dans le lecture de l'article. Manifestement ça semble chaud dans ces coins là. Heureusement qu'ils ont le soleil car comme le clame Charles Aznavour : "la misère semble moins pénible au soleil".

J'en étais là de mes réflexions crétines lorsqu'une phrase attire mon attention. Ainsi, drame parmi les drames, scandales scandaleux, je lis en toutes lettres que "les fonctionnaires grecs pourraient renoncer à leur quatorzième mois de salaire" ! Les larmes aux yeux et la gorge serrée, je paye mon café et rentre à mon cabinet avec une démarche de zombie : pauvres fonctionnaires grecs.

Ma patiente suivante est une femme déjà âgée et terriblement anxieuse parce qu'une de ses filles est atteinte d'une pathologie gravissime. Je l'écoute, je fais mon travail mais de temps autre j'ai envie de lui jeter :

"Allons madame, certes votre fille est atteinte d'un cancer, mais et alors est-ce que cela vous oblige à oublier les pauvres fonctionnaires grecs qui pourraient ne pas toucher leur quatorzième mois de salaire ! Madame pour aller mieux, souvenez vous que les vrais problèmes sont en Grèce. Ainsi la tumeur de votre fille vous semblera risible".

Peut être que si quelqu'un a une idée, on pourrait monter une opération humanitaire pour venir en aide aux fonctionnaires grecs ? Moi, je suis prêt à venir chanter !

Le couple !

Les rapports entre hommes et femmes sont plus épanouissants qu'on ne le croit !

Les femmes, jeunes ou moins jeunes, constituent deux tiers de ma clientèle. Autant vous dire que je leurs dois une fière chandelle puisqu'elles me font vivre. Depuis onze ou douze ans que je pratique, que je les entends, qu'elles me livrent leur intimité, je commence à bien les connaitre. Et je suis toujours très étonné quand je vois des initiatives comme celle-ci ou celle-la.

Aujourd'hui après avoir entendu tellement de confessions, je crois pouvoir affirmer que :

- Les hommes et les femmes ne connaissent pas. En ce sens que les femmes sont bien moins compliquées que ne le laissent supposer leur apparence comportementale. Elles se maquillent, elles minaudent, elles psychologisent mais elles sont bien plus dures et moins complexes qu'on ne l'imagine généralement. A l'opposé, les hommes peuvent adorer jouer les machos mais sont bien plus complexes qu'il n'y parait. D'ailleurs, la clientèle masculine est bien plus compliquée à traiter !

- Les femmes ont beau être en quête de reconnaissance sociale afin de ne pas être cantonnées dans le rôle de "sois belle et tais-toi", elles n'en apprécient pas moins les hommes restant des hommes. Et le machisme, qui je le rappelle n'est pas de la goujaterie, est une valeur sure pour faire un couple. Parfois elles épousent même des types trop doux et trop gentils et lorgnent du côté du macho viril.

De tout cela, je déduis qu'il doit sans doute exister une forme de double communication entre hommes et femmes, dans laquelle le néo-cortex (sièce de l'intelligence) et le système limbique (siège des comportements instinctuels) devraient être coordonnés. Si l'intelligence est appréciable, il faut bien comprendre que cela n'a jamais donné d'érection à un homme. De la même manière que de l'autre côté, les qualités morales n'ont jamais donné envie à une femme de se faire faire des enfants. Ainsi, comme je le répète souvent à ma chère clientèle : "femme de tête certes mais femme d'abord, de même qu'homme sensible mais homme aussi".

Il s'ensuit donc que si la culture transcende la nature, il ne faut pas oublier celle-ci et qu'il est bon qu'une femme reste une femme et un homme un homme avec leurs bons et moins bons côtés. Mon expérience, à laquelle je ne reconnais pas de valeur scientifique je l'admets, m'a démontré qu'une femme simplement accaparée par sa protestation féministe au nom de son intelligence, et qu'un homme qui se maintiendrait uniquement dans sa sensibilité, ont peu de chance d'être heureux en couple. Tandis que les premières attireront des hommes dévirilisés dont elles se plaidront (il ne fait rien, il ne choisit jamais, etc.), les seconds finiront plaqués ou trompés au profit d'hommes plus virils. La femme hommasse de même que l'homme trop efféminés lassent.

En bref, malgré quelques paires de claques, violence psychologiques et autres mauvais traitements de part et d'autre, car les femmes ne sont pas des anges non plus, je pense que les rapports entre les deux sexes ne sont pas aussi terribles qu'il apparait du moins en Occident ou pour des gens ayant une culture occidentale.

Je me demande donc quel genre de femmes et d'hommes sont à l'origine de telles propositions de lois et tests idiots ? J'ai peut-être un début de réponse.

Je pense que les propositions de loi sont toujours le fait d'élus stupides ayant décidé un jour ou l'autre d'avoir leur heure de gloire ou de ratisser plus large avant des élections. Quant aux tests stupides, sans doute émanent-ils d'intellectuels pusillanimes et vains ayant une vision purement intellectualisée des rapports humains et oubliant que bon nombre de nos comportements sont issus de nos gènes. Controlons mieux nos élus et en les renvoyant à ce qui devrait être leurs tâches et rendons l'accès aux facultés de sciences humaines plus difficile et nous serons peut-être débarrassé de ces deux plaies. En bref refusons que ces deux "castes" veuillent prendre en charge "notre éducation".

"Ces gens-là sont appelés « intellectuels », mais il s'agit en réalité plutôt d'une sorte de prêtrise séculière, dont la tâche est de soutenir les vérités doctrinales de la société. Et sous cet angle-là, la population doit être contre les intellectuels, je pense que c'est une réaction saine.

En France, si vous faites partie de l'élite intellectuelle et que vous toussez, on publie un article en première page du Monde. C'est une des raisons pour lesquelles la culture intellectuelle française est tellement burlesque : c'est comme Hollywood."

Comprendre le pouvoir, premier mouvement, Noam Chomsky

01 mars, 2010

Quand on cherche on trouve !


Mon père a repris une seconde chienne (la femelle du chien, pas une salope). Tout juste âgée de trois mois, il lui a fait passer une visite de contrôle chez son véto habituel, une blonde un peu grasse à l'humeur maussade.

Catastrophe, le petit animal semblait affligé de tares terribles que nous n'aurions pas vues puisque nous ne sommes pas spécialistes. Ainsi, elle souffrirait d'une terrible boiterie mettant en jeux un diagnostic terrible sur ses deux hanches. Moui bon, moi je n'ai rien vu et quand je la regarde trottiner dans la maison ou dans le jardin, ce n'est vraiment pas flagrant.

Et puis je connais mon père, si vous le lâchez chez un véto avec son carnet de chèques il est aussi vulnérable qu'une nana de vingt piges face au chef d'atelier d'un garage à qui on expliquerait que son balai d'essuie-glace étant HS, il faut forcément changer aussi l'embrayage mais que "rassurez-vous, je vous fais ça pour le moins cher possible !".

En bref, mon cher père s'étant fait arnaquer pour une série d'examens à mon sens pas justifiés, je lui ai dit de laisser tomber et que c'est moi qui irait chercher la petite Etna. C'est ainsi que rasé de frais, coiffé mais habillé en prolétaire lambda, je me présente à la clinique vétérinaire afin d'y quérir la jeune Etna (oui l'an dernier c'était l'année des "E").

Après avoir poireauté trois quarts d'heure à lire de vieux Géo, je suis enfin reçu. En premier lieu, la donzelle me recevant sans même s'excuser pour l'attente, je lui fais poliment mais fermement remarquer que moi aussi j'ai un emploi du temps qui ne m'autorise pas forcément à poireauter dans sa salle d'attente durant près d'une heure. Cette prise de contact est importante puisqu'elle évite une forme de communication asymétrique dans laquelle un véto peut tout se permettre parce qu'elle est véto et que vous seriez forcément un plouc soumis.

Nous attaquons enfin le fond du problème. Elle affiche une belle radio des hanches de la petite chienne. Elle m'explique qu'elle n'a rien. Je lui réponds que vu la manière dont elle court et saute partout, ce diagnostic ne m'étonne qu'à demi. Forte tête, elle me contre en me disant que pourtant elle boîte. Je pose alors la chienne par terre, laquelle part gambader dans le cabinet.

Après observation, je lui dis que la boiterie ne m'apparait pas flagrante. Elle m'assure que si et poliment je lui demande si elle a un bon ophtalmologiste puisqu'elle porte des lunettes. Elle rétorque alors que non, pour moi elle ne boite pas ou alors c'est une claudication tellement infime qu'à moins d'avoir passé dix ans à Maison-Alfort, nul ne peut s'en rendre compte.

Voyant que je ne suis pas preneur, elle m'explique alors que puisque rien n'apparait sur la radio, ce doit être neurologique. Elle me dit que la petite chienne a d'ailleurs "pleuré" quand on lui a tiré sur la patte droite. Je réponds alors que si on lui tire trop fort sur la patte droite, il se peut qu'elle ait mal. Que c'est neurologique mais donc pas forcément pathologique. Un peu lasse, elle m'enjoint d'aller consulter un neurologue pour chiens.

Comme j'esquisse un sourire, elle me dit que dans sa profession, il existe les même spécialités que pour l'être humain. Moi sérieux, je lui dis qu'il doit y en avoir plus puisqu'il y a des animaux avec des branchies et d'autres avec des ailes et même certains qui ont les deux, tandis que les humains n'ont pas ces appendices.

Comme elle est du genre super-controlante et qu'elle n'a pas fait l'école du rire, elle m'observe avant de me dire qu'elle me dit cela "au cas où" je veuille rendre la chienne à l'éleveur et qu'elle va d'ailleurs me faire une attestation. Rien que pour l'ennuyer, je lui dis qu'une attestation précisant qu'un chien pleure quand on lui tire trop sur la patte, juridiquement ça ne va pas nous mener bien loin.

Les lèvres un peu pincées elle ne répond rien et se contente de me signaler un défaut mineur de la machoire qui n'engage pas de pronostic sérieux. Pour le reste, me dit-elle, elle ne peut me dire ce qu'il adviendra de la petite chienne. Alors je lui dis que c'est un peu comme avec les enfants. Fut-on agrégé de médecine, on a toujours du mal à savoir si son fils finira Nobel, tueur en série ou si malheureusement il mourra d'une tumeur au cerveau le jour de son douzième anniversaire. Les gènes c'est un peu la loterie. Je vois que je l'énerve, un peu comme le serait une institutrice habituée à débiter des conneries à des gosses de cinq ans et qui aurait un adulte chiant sur le banc du fond.

Je règle 152,5 € d'examens sans intérêt et je retourne chez mon père avec cette petite chienne, qui une fois dans le jardin court dans tous les sens et ne manifeste pas le moindre signe de boiterie. Pour près de mille de nos anciens francs, j'ai appris que si on lui tire trop sur la patte droite arrière, Etna couine comme un goret qu'on égorge.

Tout ceci pour vous dire que multiplier les examens revient à trouver forcément quelque chose puisque quand on cherche vraiment on finit par trouver. S'agissant d'un chien, si l'on admet que le critère pour la race soit de cent, la finesse des examens actuels permet de détecter le moindre écart. A partir de là, ce qui serait passé inaperçu voici encore vingt ans et aurait permis au maitre inconscient de profiter de son chien durant quinze ans, peut maintenant être détecté et amener à ce que l'on pique un chien en parfaite santé.

L'obéissance à une autorité et l'intégration de l'individu au sein d'une hiérarchie est l'un des fondements de toute société. Cette obéissance à des règles et à une autorité permet aux individus de vivre ensemble et empêche que leurs besoins et désirs entrent en conflit et mettent à mal la structure de la société.

L'obéissance n'est donc pas un mal mais elle devient dangereuse lorsqu'elle entre en conflit avec la conscience de l'individu. Ce qui est dangereux, c'est l'obéissance aveugle.

Un autre moteur de l'obéissance est le conformisme. Lorsque l'individu obéit à une autorité, il est conscient de réaliser les désirs de l'autorité. Avec le conformisme, l'individu est persuadé que ses motivations lui sont propres et qu'il n'imite pas le comportement du groupe. Ce mimétisme est une façon pour l'individu de ne pas se démarquer du groupe.

Conclusion : entre les arnaqueurs profitant de leur "état agentique" et les enculeurs de mouches, traquant le moindre truc, les spécialistes ont tôt fait de vous faire chier. Souvenez-vous que si le spécialiste a plus de connaissances que vous, il n'est pas forcément plus intelligent que vous.