21 janvier, 2011

Un capricorne nous a quitté.


"Je n'ai jamais été heureux mais j'ai toujours été gai"

N'écoutant jamais les infos, ce n'est que tardivement que j'ai appris le décès de Jean Dutourd survenu le dix-sept janvier dernier. Aujourd'hui à dix heures piles, ses obséques auront lieu en l'Eglise de Saint-Germain à Paris.
 
Pour beaucoup, cet écrivain restera une sorte de type tout à fait paradoxal, aussi cultivé qu'empreint d'un esprit franchouillard qui l'aura sans doute empêché d'être célébré à sa juste valeur.

Pour moi, c'était avant un tout un homme doté d'une culture et d'une mémoire prodigieuses, capable d'aligner les citations en rafales, mais aussi doté d'un humour corrosif comme seuls savent le pratiquer les capricornes. Ceux que Saturne rend tellement lucides qu'ils savent que tout est vain et que c'est justement pour cela qu'il faut rire de tout. Jean Dutourd savait donc masquer sa gravité derrière une sympathie de bon aloi ce qui lui fit dire : "je n'ai jamais été heureux mais j'ai toujours été gai".

Capable de mélanger les genres de manière inhabituelle en étant un jour à l'Académie le française et un autre aux Grosses têtes, de se présenter à des  élections tout en se revendiquant monarchiste, une manière de vivre, il aura vécu en dandy d'une manière que bien peu pourraient pratiquer de peur de perdre leur statut d'intellectuel ou pire de "penseur". Dutourd aura été à la littérature ce qu'un cabinet de curiosités est aux musées actuels, un endroit où l'on trouvait de tout.

Fabuleux auteur trop peu connu, j'ai souvent recommandé certains  de ses ouvrages à mes plus jeunes patients parce qu'il avait su, mieux que quiconque, parler de lui et expliquer combien ses débuts dans la vie avaient été difficiles, sans fard,  mais avec simplicité, humour, réserve et sensibilité comme Sénèque , un autre capricorne célèbre, le fit dans Les lettres à Lucillius voici deux-mille ans. 

Alors pour tous ceux qui ne les ont pas encore lus, ruez-vous sur Le complexe de César, Le demi-solde et bien sur L'âme sensible. Enfin, en bon capricorne né vieux, il détestait les jeunes !


"Le destin déplorable des jeunes dans le vent est de finir dans la peau de vieillards enrhumés"

"A la jeunesse : j'écris pour des gens qui auront vingt ans quand vous serez de vieux cons"




Label !


Chaîne haute fidélité certifiée Gringeot !

Mon dernier patient qui est un de mes lecteurs connait évidemment le Gringeot, un personnage récurrent de mon modeste blog, mon Gabin à moi. Je lui expliquais que la semaine passée j'avais fait passer le Gringeot afin de le présenter à une patiente habituée à lire ses exploits. 

Mon patient a trouvé l'idée marrante et a fait immédiatement le parallèle avec les personnages de Disney avec qui on se fait photographier dans le parc d'attraction. Il m'a dit que ce serait sympa de faire une séance photo pour mes lecteurs en les conviant à une sorte de réception où ils pourraient se faire prendre en photo avec le Gringeot comme on le fait avec Mickey ou Gooffy. J'ai trouvé l'idée assez sympa mais pas très pratique à mettre en oeuvre. Et puis je ne suis pas sur que le Gringeot accepte de se déguiser en Mickey.

Mais petit à petit l'idée murit et l'idée de déposer la marque "Le Gringeot" me plait assez. Bien sur,  je suis loin d'imaginer un parc d'attraction Gringeotland qui nécessiterait des investissements massifs mais un label Gringeot, comme d'autres existent, pourrait valablement s'imposer. Les produits certifiés Le Gringeot seraient des produits fiables, peu onéreux et faits pour durer, adaptés à une clientèle exigeante et un peu suspecte vis à vis du progrès technologique. On pourrait même ressortir des objets du passés que chacun de nous regrette.

C'est ainsi qu'avec l'inévitable saucisse de Morteau certifiée Gringeot (peu chère et nourrissante), on verrait une réédition de la 504 diesel labellisée Gringeot (increvable 65cv et boîte 4 vitesses) et bien sur la cuisinière Faure à gaz, 4 feux et mijoteur, brun flammé siglé Gringeot. Et peut-être qu'avec un peu d'espoir, les rayons de la FNAC cesseraient de n'offrir que des écrans plats 3D dispendieux pour proposer aussi aux clients plus classiques un téléviseur à tube cathodique Radiola (8 chaînes en présélection sur la façade, mono 6,5 w et pas de télécommande) dans une belle livrée de plastique en imitation acajou signée Gringeot.

Acheter un produit labellise Gringeot, ce serait un peu lutter contre la vie chère et cesser d'être dépendant du marketing. Quelques années après le phénomène serait devenu une mode puis une manière de vivre.On parlerait alors de produits Gringeot-équitables adaptés aux Gringeot-citoyens. Le label Gringeot serait aux gens sérieux ce que la signature de Stark fut aux "branchés" des années 90. On pourrait même imaginer des villages-vacances Gringeot avec des prestations classiques telles qu'un jeu de boules et une soirée miss seins nus hebdomadaire ou la frange conservatrice de notre pays aimerait se retrouver lors des congés d'été pour écouter du Sardou.

Bien sur, les faussaires et autres profiteurs pulluleraient, ne faisant pas vraiment du vrai produit Gringeot mais quelque chose d'approchant pour surfer sur la vague Gringeot-citoyenne. On dirait alors de ces pratiques discutables que c'est du Gringeot-washing. Les banques ne seraient pas en retard proposant aux plus soucieux de leurs clients des fonds Gringeot-certifiés n'investissant que dans des entreprises sures telles que Peugeot, Boussac ou les houillères de Lorraine. 

Dans un monde fou et  privé de repères, en proie à la mondialisation, le label Gringeot serait rassurant.  L'écologie avec ses  fondements malthusiens, son aversion pour le progrès, sa haine du genre humain est morte, seule l'attitude Gringeot-citoyenne peut nous apporter le bonheur.
 Un coffret de DVD, une idée cadeau Gringeot-compatible.

Le roi de l'organisation !


La semaine dernière, c'est tout guilleret que j'accueille une de mes charmantes patientes venue pile à l'heure. Hélas, elle n'est pas encore assise dans le fauteuil que voici mon interphone qui sonne. Je vais répondre et l'accent allemand que j'entends me donne à penser que j'ai fait une connerie.

Non que je redoute les allemands et que j'aie peur de voir un feldgendarme m'embarquer à la Kommandantur, mais simplement que je sais que quand Beate sonne à la porte, c'est qu'elle a vraiment rendez-vous. Cette femme, charmante au demeurant est estampillée TÜV et d'une rigueur absolue. Avec elle, la date c'est la date et l'heure c'est l'heure. Et je me dis que si elle sonne, c'est qu'elle a bien rendez-vous et que la jeune femme qui vient de s'asseoir en face de moi n'avait pas rendez-vous. Ou plutôt, si, elle aussi a rendez-vous simplement parce qu'ayant oublié de noter celui de cette chère Beate, je lui ai refilé.

Bref, il est dix-neuf heures et j'ai deux patients sur les bras, ce que je déteste surtout parce que c'est Beate, que je la connais bien et que j'imagine très bien sa tronche quand je vais lui dire que je me suis trompé. Elle va me regarder comme si j'étais le roi des crétins, me sourire comme si j'étais un gamin un peu idiote en exprimant toute la commisération qu'elle a pour moi. Et même si je sais qu'elle tient en haute estime mes compétences de psy, je sais aussi que je n'ai jamais réussi à la convaincre de mes compétences de gestionnaire. Putain, c'est pas demain que j'irai bosser chez Messerschmitt comme Georges Marchais ; à l'époque du STO personne n'aurait voulu de moi, même pour passer le balai.

Bref, quitte à passer pour un con, j'arrange le truc avec Beate à qui je donne un autre rendez-vous me confondant en excuses et l'assurant que je ne suis qu'un vermisseau de français et que si nous sommes doués pour le vin et la fête, nous ne sommes décidément pas des gens sérieux. Je songe alors que nul ne m'y reprendra et que maintenant je vais faire super attention. Parce que je sais que si je suis un gros branleur au niveau de l'organisation, j'étais pourtant fier de gérer mon agenda comme un grand, un peu comme un enfant ravi de savoir noter ses devoirs dans son cahier de texte !

C'était bien mal me connaitre parce que pas plus tard que dans l'après-midi c'est Victoire qui m'appelle pour me demander si c'est bien à dix-huit heures que nous avons rendez-vous. Je regarde d'un œil distrait mon agenda pour lui dire que c'est à dix-neuf heures. Les heures passent alors et les patients s'enchainent et voici qu'à dix huit heures et douze minutes, toujours pas de patient.

Pris d'un doute subit je regarde mon agenda plus attentivement et je constate qu'en  fait j'avais donné rendez-vous à Victoire à dix huit heures et non dix neuf heures. Mais comme je suis stupide et qu'au lieu de noter les noms, je ne note que les initiales, j'ai confondu Victoire avec Vincent mon patient suivant vu qu'ils ont eu la sotte idée de porter non seulement un prénom mais aussi un nom commençant par la même lettre.

Je rappelle immédiatement Victoire pour lui faire part de mon erreur et lui présenter mes excuses et celle-ci m'explique qu'elle est finalement rentrée chez elle et revient en voiture et qu'elle sera donc là à dix-neuf heures mais pas avant. Je lui explique alors que je préviens les autres patients suivants pour décaler tout le monde. Je me confonds ainsi en excuses auprès de Vincent et du suivant en leur expliquant que malheureusement je suis obligé de les décaler d'une demie heure, ce qu'ils acceptent gentiment. 

Je rappelle ensuite Victoire pour lui dire que c'est d'accord, et que même si la séance ne sera pas entière, je me fais fort de rattraper le temps perdu lors de la prochaine séance, ce qui soit dit en passant me permettra de décaler tout mon emploi du temps encore une fois. Mais comme manifestement il y a des embouteillages monstres, Victoire me rappelle pour me dire qu'elle ne pourra jamais être là à l'heure. Comme sa séance est amputée de la moitié, je lui dis que venir pour un quart d'heure ne serait pas forcément intéressant, aussi reprenons nous rendez-vous pour la semaine prochaine. Bien sur, je suis ensuite obligé de rappeler les deux patients suivants pour les avertir que finalement ils pourront venir à l'heure initialement prévue.

Bref je démontre à ceux qui en doutaient que je suis le roi de l'organisation. Mais je feins de rire de tout ça alors que cela me rend plutôt triste parce qu'en fait j'étais super fier de savoir gérer mon agenda comme un grand. En plus cette année, j'avais acheté le 2011 avant que l'année nouvelle ne débute et je me trouvais en progrès.


20 janvier, 2011

Suspens et sagesse !


Cet après midi-je, recevais Mlle C. quand je lui demandai : "Pensez-vous que je devrais mettre mes coordonnées sur le blog ?". Immédiatement ou presque, parce qu'elle est assez joueuse, Mlle C. m'a dit que je ne devrais surtout pas faire cela. Sinon, me consulter ne deviendrait plus le privilège des plus intelligents, ceux capables de me trouver, mais deviendrait une formalité banale accessibles même aux gens les plus médiocres.

Je trouve qu'elle a raison. Je me souviens encore que voici quelques semaines, j'ai reçu le mail d'un type qui écrivait fort bien. Il me racontait son histoire et me demandait mes coordonnées afin de me consulter. Parce que je l'avais estimé brillant, je m'étais contenté de lui répondre que je pourrais être compétent pour traiter ce qui le tracassait sans pour autant lui confier mes coordonnées. Et quelques jours après, tandis qu'il me les demandait, je me contentai de lui répondre que l'estimant tout à fait intelligent, je ne doutais pas qu'il trouverait mes coordonnées de lui même s'il tenait absolument à me consulter. 

Deux ou trois jours après, il m'appela pour prendre un rendez-vous et m'expliqua qu'il avait trouvé l'épreuve amusante. Je m'excusai un peu de la manière dont je l'avais traité avant de lui expliquer, que ne manquant pas de patients, j'avais trouvé très récréative cette manière de sélectionner la patientèle qui viendrait éventuellement de mon blog.

De fait, ne consultant jamais l'adresse mail que j'ai proposée ici pour me joindre par manque de temps et du fait d'une totale négligence, ce ne sont pas moins de douze personnes qui ont finalement découvert mes coordonnées et m'ont appelé : dix hommes et deux femmes. Que ceux qui pensent que les hommes sont plus intelligents que les femmes n'y voient qu'une simple coïncidence !

Les douze sont très brillants et les deux femmes très jolies. Si ces douze personnes forment un échantillon représentatif de mon lectorat, alors à défaut d'avoir les connections pharamineuses de blogs plus important que le mien, je crois posséder les lecteurs les plus intelligents (et les lectrices les plus jolies). La qualité l'emportant sur la quantité, je suis bien forcé d'admettre qu'un de mes lecteur vaut  dix de ceux qui fréquentent d'autres blogs et encore je sous-évalue largement le cours de mon lecteur comme la Chine le fait pour son yuan

Sur les douze personnes que j'ai reçues, onze sont manifestement surdouées. C'est bien sur un peu cruel de jeter ce chiffre en pâture car j'imagine bien que chacun d'entre eux va maintenant se demander s'il est surdoué ou pas.

Mes propos n'ont évidemment rien de cruels. Que l'on songe que ceux qui sont manifestement surdoués verront là une manière d'apprendre l'humilité quand à celui qui ne l'est pas,  il pourra imaginer qu'il l'est et ressentir l'ivresse absolue de se sentir surdoué.


S'il se vante, je l'abaisse; s'il s'abaisse, je le vante; et le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible. 
Blaise Pascal, Pensées, 420 

15 janvier, 2011

Célébration de la cybercombattante !


Je regardais benoitement la chute du régime du président Ben Ali en Tunisie sur Itélé. Ne suivant que rarement l'actualité, j'avoue que je ne m'attendais pas à un tel revirement de situation. 

L'émission spéciale est amusante puisqu'en même temps que l'on nous présente les mêmes vidéos qui tournent en boucle, on peut aussi écouter en direct des intervenants tunisiens nous parler des événements. L'une des intervenant, une jeune femme très occidentalisée malgré son léger accent, a retenu mon attention. Sous son nom que je n'ai pas retenu, figure la mention cyberactiviste. Elle présente bien, c'est une femme, et en plus elle utilise Facebook et Twitter alors manifestement les journalistes l'aiment bien. C'est une bonne rebelle aseptisée, de ceux qui font la révolution sur internet, à l'endroit où l'on ne risque évidemment pas les mauvais coups.

La journaliste lui a demandé si le net avait été un facteur important ayant amené la fuite du président tunisien. Et cette jeune femme d'expliquer avec une assurance étonnante que le fait d'être invitée là sur ce plateau prouvait qu'elle était quelqu'un d'important et que son action sur les "médias sociaux" avait été cruciale. 

J'ai été extrêmement choqué que personne ne relève l'outrecuidance de cette abrutie en se souvenant qu'il y avait tout de même eu cent morts parce que des combats avait avant tout eu lieu dans les rues.  Ainsi, nul n'a plus songé non plus à ce pauvre type qui s'est immolé par le feu tandis que l'état lui avait confisqué son étal de fruits et légumes, son seul moyen de subsistance. Non, les feux étaient braqués sur cette gamine insolente et arrogante qui va bientôt nous expliquer que sans elle et sa connection internet, le régime n'aurait pas basculé. 

Nul ne constate que son absence d'humilité en dit long sur ses qualités humaines. Et la voici partie dans des imprécations, on va voir ce qu'on va voir, du premier ministre encore en place, en passant par je ne sais quel ambassadeur, et puis aussi par la France, tout le monde va en prendre pour son matricule. Le pire c'est que personne ne parvient à la faire taire et que personne ne constate que sous ses abords policés, cette petite peste a tout d'une future dictatrice en jupons. Donnez lui une once de pouvoir et les têtes tomberont.

C'est sidérant de voir comme les journalistes, caste qui ne prend aucun risque s'il en est, parvient à minimiser le sacrifice des uns pour mettre en valeur les faux exploits de certains autres. Peut-être que cela leur donne bonne conscience en imaginant que leurs petits doigts sur le clavier suffit à faire changer la face du monde ? 

Nous sommes à une époque où ces crétins célèbreraient uniquement leurs confrères de Radio-Londres tout en faisant l'impasse totale sur les résistants morts en déportation ou les boys venus mourir sur les plages normandes. La révolution est devenue un truc doux et tranquille qui se fait sans effusion de sang uniquement sur les réseaux sociaux.

14 janvier, 2011

Pfff !

J'ai une dizaine d'articles à publier mais je dois aller chercher Lapinou à la gare ! Fais chier, je suis bien trop gentil !

Je suis petit, obèse avec une voix criarde !


Je reçois maintenant plus d'une dizaine de patients venus du blogs, les plus malins ayant non seulement discernés mes hautes compétentes mais ayant en plus trouvé mes coordonnées. C'est ma manière de sélectionner en ne recevant que les plus malins d'entre vous.

Dernièrement une de mes charmantes patientes, lectrice de mon modeste blog, est venue en consultation. Comme elle connait comme vous tous le Gringeot, je lui ai fait la surprise. J'ai rajouté une heure à notre consultation et sans lui dire, j'ai fait venir le Gringeot qu'elle a pu voir en chair et en os. J'avais évidemment pris soin de lui faire boire un litre de bromure avant afin qu'aucun accident n'arrive. On n'est jamais trop prudent quand on a un Gringeot en présence d'une jolie femme !

Nous sommes donc allés boire un coup dans le rade en face du cabinet. Et nous parlions de l'image que nous pouvions avoir les uns des autres. Il se trouve que j'ai connu le Gringeot via ce blog et il a donc expliqué à ma patiente comment il m'avait imaginé.

Elle a donc embrayé et expliqué comment elle m'avait elle aussi imaginé d'après la lecture de mon blog. Et la voici partie en disant qu'elle songeait que j'avais sans doute la dégaine d'un de ces mecs qui font la pub pour les rasoirs dans le genre musculeux, grosse machoire ultra carrée comme les ricains nourris au boeuf aux hromone et tignasse noire et drue. Je suis donc ravi qu'au travers de mes propos on devine le mâle qui sommeille en moi.

Puis poursuivant, elle me regarde et me dit qu'elle a donc été surprise en me voyant parce qu'elle avait eu une fausse image de moi et que je ne ressemblais pas à ce qu'elle imaginait. Putain, j'ai évidemment immédiatement vu rouge puisqu'elle était carrément en train de me dire que je n'avais pas la gueule à faire de la pub pour les rasoirs ou la mousse à raser !

La pauvre réalisant qu'elle gaffait tente alors vainement de me rassurer en se perdant de plus en plus dans des explications alambiquées. Moi j'avais juste retenu que je n'avais pas la gueule du mannequin qu'elle imaginait. Je lui ai donc dit que je regrettais d'être une sorte de nain, obèse, chauve avec une voix criarde ! Je l'ai évidemment fait exprès et j'ai adoré quand elle m'a dit que je n'étais pas nain pour restaurer mon égo qu'elle avait mis à mal ! Putain me dire cela à moi, avec ma sensibilité de gonzesse de douze ans, c'est comme dire à une femme qu'elle n'est pas belle mais qu'elle a du charme !!!

Bon trêve de digressions, je ne suis pas nain, je ne ressemble ni à Michel Petrucianni (format compact) et encore moins à Alain Minc (modèle crevard à grosse tête) ! Et j'ai tout à fait le physique pour faire des pubs pour les rasoirs ou la mousse à raser. Et il se trouve que si je n'en fais pas, c'est que moi j'ai un vrai métier et je n'ai pas le temps de faire le con dans des pubs !

Et je suis châtain voilà ! J'ai mon pote Chico qui a une grosse tignasse brune et drue et je ne trouve pas ça terrible, je trouve ma couleur de cheveux plus belle, c'est moins commun.

J'ai lu le Nouvel Obs !


La semaine dernière, avisant l'état d'un kiosque, je vois la manchette du Nouvel Observateur, annonçant fièrement "Les secrets des psys". Je me dis que putain, ces enculés sont capables de dévoiler tous nos trucs comme on révélerait les secrets des magiciens et j'ai peur.

Je m'approche du kiosque et un peu honteux, comme le Gringeot quand il achète son "Veilles et nues magazine", je me saisis furtivement du Nouvel Obs et le paye. Je cours ensuite à une terrasse de café afin de savoir ce qu'ils racontent. Je prends évidemment soin de cacher la couverture du magazine parce que j'aurais un peu honte d'être pris pour un mec de gauche.

Je feuillette alors fiévreusement l'article et je comprends qu'en fait de secrets, le plumitif de service qui a torché l'article ne révèle pas nos secrets à nous, c'est à dire la manière dont on fait nos thérapies, mais simplement les secrets liés à l'intimité des psys. En bref, il s'agit de savoir si le psy assis en face de vous est aussi clair et parfait qu'il donne à voir ou s'il n'a pas lui aussi quelques problèmes.

Christophe André le cognitiviste qui trouve le temps d'écrire tout un tas de livres, se lâche en premier et semble plutôt sincère. D'autres parlent aussi de leurs cas et je n'apprends pas grand chose. Parce qu'à moins d'être le roi des cons, les psys étant des êtres humains il est évident qu'ils ont aussi des émotions et connaissent tant la joie que la douleur.

Le plus rigolo c'est surtout le débat consistant à se demander si le fait de parler de nous peut aider le patient ou si au contraire il faut se murer dans une "neutralité bienveillante" comme nos petits camarades psychanalystes qui sont de vrais "sphinx mutiques". Or cette "révélation sur soi", cette "self disclosure" fait débat car on se demande si c'est utile ou non, et si c'est utile comment il faudrait la doser. En bref la discussion tourne un peu en rond parce que les psys sont généralement des controlants voire des putains d'analysants pour qui la liberté est une angoisse. Tant qu'un confrère ne leur a pas donné un papier avec ce qu'il est autorisé de faire ou non et surtout comme le faire, ils ont peur. C'est même assez rigolo de choisir d'aider les autres en ayant si peu confiance en l'être humain, en refusant la spontanéité pour des recettes toutes faites.

Moi, j'ai toujours pensé que la révélation sur soi était un plus. Il ne s'agit pas de raconter sa vie parce que le patient est là pour raconter la sienne. Toutefois il est utile de faire comprendre que je suis un être humain et que ce que je propose, je me le suis appliqué à moi même. L'important dans une thérapie est l'alliance thérapeutique, c'est à dire la qualité du lien que vous aurez avec votre patient. Et c'est au psy de comprendre, de deviner ce qu'il faut dire ou non et quand le dire. On peut être très libre en restant responsable et respectueux.

Un psychologue génial nommé Albert Bandura avait formalisé tout ceci dans sa théorie du "modèle imparfait". De fait, s'agissant des thérapies cognitives et comportementales, on est en droit de dire que l'on fournit un apprentissage vicariant par imitation puisque l'on propose des règles simples à appliquer comme un prof de piano apprendrait à son élève à bien jouer. S'agissant d'un apprentissage social, on sait que le modèle parfait ne fonctionne pas en ce sens qu'il place le psy tellement loin du patient que ce dernier peut sembler décourager à l'avance.

Bandura, et Piaget avant lui, a démontré que dans l'apprentissage par imitation, il était important de devenir "imparfait" afin que la personne qui reçoit l'enseignement trouve dans son modèle suffisamment de petites failles pour le rendre humain et finalement proche de lui. En ce sens, en termes de révélations sur soi, il est parfois utile de dire à la personne assise en face de soi : "rassurez-vous ,'aj connu la même chose et on s'en sort très bien". C'est pour cette raison que je préfère privilégier l'alliance thérapeutique au transfert que je trouve souvent trop inopérant.

Je me souviens qu'il y a quelques années, j'avais reçu une jeune fille encore mineure dont la mère était terrorisée par l'absentéisme. La gamine était jolie et capable mais extrêmement réservée. J'avais vite compris que pour elle, je serais et resterais une sorte de mec bardé de diplômes incapables de la comprendre. J'étais une sorte de modèle parfait aussi amusant que cela puisse paraitre pour ceux qui me connaissent (même si on admet généralement que je puisse être presque parfait).

Un jour voyant que rien ne progressait, je voulus lui lire un extrait d'un livre qui cadrait parfaitement avec ce qu'elle vivait. Et tandis que je savais parfaitement où était ce livre dans mon border, je fis exprès de fouiller et farfouiller en lui disant d'un air penaud que je n'étais pas très ordonné ce qui est une putain de litote.

La gamine me regarda en souriant et me dit qu'effectivement elle avait noté le joyeux bordel qui régnait dans mon cabinet et que cela l'avait amusée. J'embrayais alors là-dessus lui disant que moi en revanche j'avais noté qu'elle était très carrée ce qui était vrai nonobstant sa situation d'échec scolaire.

Il n'en fallut pas plus pour que je cesse d'être le mec parfait brillant à diplômes pour devenir le même mais avec une sacrée faille consistant à être un gros bordélique. De modèle parfait je devenais le modèle imparfait et l'alliance thérapeutique commença à bien fonctionner. De fait, elle eut son CAP et tout rentra dans l'ordre.

Si je m'en étais tenu à n'être qu'une sorte de "sphinx mutique" muré dans "mon splendide isolement", la thérapie n'aurait pas fonctionné. La révélation sur soi fut donc une bonne chose même si je n'avais pas révélé grand chose si ce n'est une incapacité chronique à être ordonné.

J'ai donc apprécié que le Nouvel Obs fasse un article sur le sujet, d'autant plus que les propos étaient positifs? Mais comme nous sommes en France et que même en psycho, la police de la pensée veille, ce dossier a été conclu par un psychanalyste à qui l'hebdomadaire accorde une pleine page d'interview et qui nous rappelle que non la révélation sur soi ce n'est pas bien et que ce qui est bien, c'est la psychanalyse.

Tout est bien qui finit bien, on est en France, un des rares pays au monde où le réel est banni au profit de solutions éculées ayant prouvé leur inefficacité. Peu importe que ce que je fasse fonctionne,  que j'ai du succès dans l'exercice de ma profession, le Nouvel Obs se soumettant à la doxa, me rappelle que je ne suis qu'un con qui ne soigne que les symptômes et qu'au-dehors de la psychanalyse il n'y a pas de salut.

12 janvier, 2011

Anima animus !


Moi qui n'ai aucune amitié particulière pour la psychanalyse, j'ai gardé un vieux fond de tendresse pour Jung dont j'ai lu tous les livres sans exception. Il faut se dire qu'à l'époque où je cherchais un psy, je n'y connaissais rien et il aura fallu que j'en fasse six pour tomber sur un septième que je trouve sympa. Les six premiers m'ont souverainement déplus pour différentes raisons. En réalité, je crois qu'il y a eu deux types de psys qui ne m'ont pas plus.

Il y a eu ceux qui me prenaient de haut, le cul collé sur une fauteuil derrière leur bureau, tel des PDG recevant un agent de maîtrise venant mendier une augmentation. Tout dans leur gestuelle et leur manière d'être me déplaisait, qu'il s'agisse du ton de leur voix, de leur manière de se croiser les mains, leur façon de s'asseoir bien calé dans leur fauteuil comme s'ils s'éloignaient sciemment de moi et même leurs somptueux cabinet où tout était trop ordonné. Comme j'étais venu partager et non me soumettre, j'ai rapidement mis fin à nos échanges.

Puis il y a eu les bizarres, les étranges, les cas graves avec lesquels je ressentais une impression de malaise. Ceux qui me donnaient des explications alambiquées me donnant à penser que ce n'était pas possible d'avoir fait autant d'études pour dire autant de conneries ou encore ceux qui jouaient leur rôle de psy à fond en s'astreignant à me regarder fixement en ne me répondant que des "hmm-hmm" parcimonieux. J'ai ainsi le souvenir d'un mec, psychiatre de son état, dont le cabinet était décoré dans un camaïeu de beige à vomir et dont le costume beige aussi se confondait dans le décor : une sorte de caméléon avec une paire d'énormes lunettes.

Et puis, il y a eu le septième avec qui j'ai accroché. J'ai su très très rapidement que ce ne serait pas le meilleur psy du monde mais qu'en revanche il serait d'une droiture et d'une honnêteté sans faille. Qui à choisir entre des mauvais, autant aller vers celui qui est honnête : c'est déjà quelque chose. D'ailleurs quelques mois après quand il m'avait demandé pourquoi j'avais décidé de rester avec lui, j'avais été très franc. Je lui avais expliqué que je venais de consulter une telle brochette de toquards que j'avais apprécié sa simplicité. Et puis j'avais rajouté que j'avais apprécié le joyeux bordel qui régnait dans son cabinet qui me rappelait mon côté désordonné. Et enfin, je lui avais glissé qu'ayant aperçu un Figaro posé sur le lit, je m'étais dit que pour une fois que je tombais sur un psy qui ne soit pas de gauche, cela méritait que je m'arrête un peu.

A l'époque, je ne connaissais rien de Jung et il était jungien. Afin de me mettre à niveau et de savoir à quelle sauce je serais mangé, j'avais commencé à lire Jung afin de partager le plus de connaissances avec mon psy. J'avais trouvé Jung un peu inefficace mais plutôt marrant à lire dans la mesure où j'avais apprécie son côté professeur Nimbus cherchant de tous côtés. Et donc j'ai fait une analyse jungienne qui ne m'a pas apporté grand chose. En revanche mon psychanalyste et moi nous tutoyons et buvons des coups aujourd'hui et ça c'est très sympa.

Dans les faits, j'ai retenu peu de choses de ces années d'analyse jungienne. En revanche j'ai apprécié les archétypes et notamment les notions d'anima et d'animus dont il faisait état. Ces pôles féminins présents chez les hommes ou masculins chez les femmes, à un degré variable, m'ont toujours fasciné. Et je crois que dans de nombreux cas, mon travail de clinicien aura consisté à régler l'anima ou l'animus de mes patients en évitant qu'ils soient dans le trop ou le trop peu. J'ai donc appris à reconnaitre en moi une anima assez monstrueusement puissante et à l'accepter. Ce qui fait de moi un mec hyper sensible, autant qu'une fille de douze ans qui vient d'avoir ses premières règles, tout en n'oubliant pas de rester un mec avant tout.

J'ai aussi su reconnaitre l'animus chez les femmes et c'est quelque chose que j'apprécie. Rien de plus chiant qu'une femme qui ne soit que femme, je m'en lasse très vite. J'ai toujours adoré les nanas un peu couillues, chez qui un solide animus positif se manifestait. Je préférerai toujours Jeanne d'Arc ou Scarlett O'Hara que les héroïnes coconnes de films sentimentaux.

Tout cela pour vous dire que si vous avez été étonné par les deux derniers messages postés par cette chère Laurence parce que vous étiez habitué à ma manière d'écrire, ne vous inquiétez surtout pas ! Laurence est une femme dotée d'un animus positif assez puissant. Ce qui fait que tandis que je n'aurais pas osé poster de telles photos, me retranchant derrière mes pudeurs de vieille fille, Laurence bien plus couillue que moi n'a pas hésité un seul instant. Je suis d'ailleurs ravi de cette liberté qu'elle a prise.

Cela m'amuse toujours que la petite Laurence (155cm au garrot) et cette grosse brutasse de Gringeot (198cm et 135 kilos) puissent s'entendre comme larrons en foire. Il faudrait que je leur demande s'ils n'ont pas été potes de régiments ? Parfois je les imagine bien dans un régiment d'infanterie perdu dans l'est de la France.

Je préviens simplement le Gringeot qu'il doit se méfier car si Laurence donne toute la puissance de son animus, il se pourrait qu'un jour elle lui mette la main au panier en lui disant "alors ça roule ma grosse ?". Et si d'aventure il se trouvait que le Gringeot soit offusqué de ces manières, je suis sûr que Laurence saurait lui répondre "Allez fais pas ta pimbêche ma jolie !" pour le mettre en confiance.

A la tienne Gringeot !

La meilleure façon de trinquer, c'est celle du Gringeot !


Croupe de champagne

Photographie certifiée conforme et fournie par le sieur El Gringo en personne


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12 JANVIER ! C'EST NOEL !

En ce 12 janvier de l'An de Grâce 2011, c'est le deuxième Noël de l'année :
l'anniversaire de notre vénéré, grand, beau, riche et fort
Philippe Psy, illustre auteur de ce blog !



Tous en choeur : "BON ANNIVERSAIRE PHILIPPE"



Pour ceux qui n'aiment pas se fondre dans la masse (et ayant encore les clés du blog mouarf mouarf), voici quelques variantes pour souhaiter un anniversaire digne de nom :


Il est venu marcher sur nos routes,
Partager notre vie, nos joies et nos peines ;
Il est venu sauver tous les hommes,
Nous apprendre à aimer et vaincre la haine.

Philippe Psy s'est lev
é parmi nous ;
un dieu a visité son peuple.
Philippe Psy s'est levé parmi nous ;
un dieu a visité son peuple.


Vœux Anniversaire version Benoît XVI


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Vœux Anniversaire version socialos cultureux

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Vœux Anniversaire version Gringeot


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Vœux Anniversaire version Contrôlant-Analysant


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Vœux Anniversaire version Bisounours

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Vœux Anniversaire version AA


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Vœux Anniversaire version psychopathe


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Vœux Anniversaire version "Quand le chat n'est pas là, les souris dansent"

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Vœux Anniversaire version Mme T.


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VœuxAnniversaire version faouine
(le meilleur pour la fin)

02 janvier, 2011

Statistiques !


C'est la nouvelle année et je ne dérogerai pas à la règle en publiant mes comptes. Alors pour l'année 2010, j'aurais eu 196 772 lecteurs contre 138 781 l'année précédente, ce qui fait une augmentation de 41,8% !

Contrairement à mes petits camarades blogueurs qui sont capables de fournir tout un tas de statistiques élaborées, je m'en tiendrai là. Je ne suis pas ingénieur et je me tape de savoir quel article  a eu le plus de succès !
Je vous remercie donc tous d'être venus jour après jour lire mes élucubrations et espère que vous serez encore plus nombreux cette année. Non que cela change vraiment ma vie, mais c'est toujours sympathique de savoir qu'on est lu et de plus en plus lu. 

Oui, même moi pourtant timide petite violette, je peux avoir des accès d'orgueil insensés. Donc, encore merci à vous d'être venus me lire.

01 janvier, 2011

Meilleurs voeux pour 2011 !


Bon, allez je m'y colle, je rédige ce petit billet afin de vous présenter mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2011. Puisse-t-elle vous garder en bonne santé et vous apporter la prospérité.

Alors que je vous dise, si je ne vous en avais jamais parlé. Autant Noël ne m'ennuie pas du tout, autant je déteste le nouvel an. Si je pouvais m'endormir tôt ce seul soir de l'année, moi qui suis plutôt couche-tard, je le ferais avec plaisir afin de me réveiller le lendemain en me disant que ça y est, c'est passé. Je déteste le nouvel an et je refuse systématiquement les invitations si je sens qu'il y a un "je-ne-sais-quoi" de festif caché quelque part. L'idée même de présenter mes vœux à des gens ivres m'ennuie profondément, ce d'autant plus qu'il me faudra feindre une joie que je ne ressens pas.

Il se trouve qu'étant né un douze janvier, pour moi le premier de l'an n'a pas la même incidence que pour d'autres. Pour moi, plus qu'une fête, c'est un an de plus au compteur. Et je suis comme les gonzesses, je déteste me dire que je vieillis. D'ailleurs, quand on me demande mon âge, je réponds que j'ai trente-neuf ans et demie.

Quant aux photos, celles que vous pourriez voir de moi ne vous instruirons pas sur mon apparence véritable vu que j'y figure toujours surexposé et le visage tartiné d'une couche de fond de teint épaisse destiné à rendre mon visage aussi lisse que le cul d'un nourrisson.

Dans tous les cas, meilleurs vœux à vous et merci de fréquenter mon blog. Ceci dit, vous tous qui avez trinqué à cette nouvelle année en levant votre flute de champagne, n'oubliez pas que celle-ci aussi vous rapproche toujours plus de la fin !