20 janvier, 2013

Journalistes et éditeurs et projet !


Parfois, je suis lu par des journalistes ou des éditeurs. C'est toujours très flatteur pour moi lorsque l'un d'eux me demande si je pourrais leur écrire quelque chose. J'ai beau savoir que je suis une feignasse avérée qui ne peut rien faire à moins d'y prendre plaisir, mon orgueil prend le dessus et voici que je prends des rendez-vous pour rencontrer tous ceux qui m'ont tendu un miroir dans lequel me mirer.

Passé le premier moment de la rencontre au cours duquel il est toujours amusant et flatteur de rencontrer un de ses lecteurs, vient enfin le pensum, le moment ou la personne que j'ai en face de moi, pensant sérieusement que je pourrais mettre par écrit mes idées, me propose enfin l'idée, le livre ou l'article qui ferait de moi, enfin de nous parce que mon interlocuteur ne s'oublie jamais, les heureux gagnants d'une collaboration qui verrait accoucher du "truc" qui nous rendrait célèbre et un peu riches.

On parle alors projet et je me laisse entrainer de peur de blesser mon interlocuteur. J'aimerais lui dire qu'il s'est trompé et que si mon petit blog est sympathique et finalement pas mal lu, ce n'est qu'un jeu et non une entreprise très sérieuse qui laisserait augurer chez moi un talent caché insoupçonné. Mais, je crois que je m'en veux de décevoir la personne qui a tant investi en moi. Alors j'écoute et je dis oui, je raconte que dans une semaine, un mois ou deux, il ou elle aura sont texte ou son plan et que notre collaboration sera fructueuse. On en reste là, je quitte le restaurant ou le bureau en me demandant pourquoi j'ai dit oui alors qu'au fond de moi, je savais que je ne ferais jamais rien.

Non que je ne sache pas le faire, parce que durant tout le temps de l'entretien, j'ai eu dans ma tête des idées de plan, de romans ou de tout ce que l'on me demandait, mais simplement qu'une fois sorti de l'entretien et rendu à moi-même, je sache que je ne vaux pas grand chose si ce n'est pour perdre mon temps à lire tout et n'importe quoi. Je crois, non je sais, que je mourrais en ayant en tête, cent idées de roman et dix fois plus encore d'idées de thèses et sans doute mille fois plus de théories fumeuses, sans que rien ne soit transcrit dans le monde réel. Je suis le type le moins réalisateur qui soit.

Et puis dernièrement, j'en ai rencontré qui n'était pas pareil que les autres. Éditeur de son état, il semble plus fin et plus amusant que les autres. C'est d'ailleurs une bien curieuse rencontre que j'ai faite puisque ce type m'a remercié de l'avoir aidé à arrêter de boire alors que nous ne nous étions jamais rencontrés. 

Il semblerait que ce miracle ait eu lieu parce que dans notre bref échange de mail, je lui ai dit que ce n'était pas si compliqué d’arrêter de boire. Et hop, sans savoir pourquoi cette phrase bien banale a eu un effet étonnant et il a cessé de picoler. Le plus drôle c'est que dans mon souvenir, j'avais surtout l'image d'un emmerdeur qui passait son temps à m'écrire sans jamais oser me rencontrer et que je crois bien que le jour où je lui ai torché ce mail, c'était une sorte de fin de non recevoir, une manière un peu expéditive de lui dire de cesser de geindre et de s'arracher un peu les doigts du cul !

Bref, ça a marché comme quoi la clinique est une discipline bien mystérieuse. Alors pour me remercier, ce quidam a enfin voulu me rencontrer et m'a invité à déjeuner. Bon, ce ne furent pas des agapes mais le déjeuner fut sympa. Et lui comme les autres, pensant peut-être que j'avais la tête à cela, me proposa son aide pour écrire enfin un livre ou même peut-être le livre.

En bon éditeur qu'il est, il avait déjà en tête tout le plan du livre et même le plan média qui irait avec. Alors là, j'étais sur de passer sur les plateaux de télé qui comptent avec la certitude, soutenu comme je l'aurais été par une grosse boite d'édition, d'être bien traité par les journaleux. 

L'idée était séduisante, sauf qu'à moins de faire un livre de commande, ce dont je me sens capable mais dont je n'ai pas la moindre envie, je ne me voyais pas m'inscrire dans un tel projet qui m'aurait coûté au bas mot deux mois de vie pour un résultat sans aucun intérêt autre que financier. 

Déjà le sujet étant l'alcoolisme, il m'aurait été difficile de me placer en spécialiste de la chose puisque, même si je crois avoir obtenu de bons résultats en la matière, ceux-ci ne furent en définitive dus qu'à ma sagesse qui m'a toujours fait préférer sous-traiter cette addiction à de vrais spécialistes comme les AA plutôt qu'à m'évertuer à la traiter moi-même. 

Si en la matière j'ai pu être un bon architecte, ceux qui ont posé les parpaings, qui se sont "tapé le sale boulot" ce sont bien les AA. Alors je ne me voyais pas les spolier de leurs droits légitimes pour m'arroger leurs succès. Je crois même que les succès que j'ai eu ne consistent qu'en le fait que j'ai pu être suffisamment persuasif pour pousser les patients venus me consulter à aller aux AA.

Bref, nous en étions là quand cet éditeur m'a proposé autre chose, à savoir du réel, tenter de comprendre comment se passaient les relations avec les personnes alcooliques. Et là, c'est vrai qu'il y a matière à raconter des tas de choses intéressantes. Alors je lui ai promis un texte que je publierai ici afin qu'il voie un peu ma manière d'écrire, de relater les faits.

Bien sur, me connaissant, il y aura du retard. Mais je le ferai. Je ne sais pas sur quoi cela débouchera mais je le ferai.

15 janvier, 2013

Clope électronique !


Comme tout fumeur, j'avais parfois envie d'arrêter et puis je ne me décidais pas vraiment parce que j'aime bien cloper. Non seulement j'aime ça mais en plus je crois que mon côté rebelle apprécie de faire un peu chier le monde en continuant une pratique que l'on abhorre aujourd'hui. C'est un peu con, je sais mais que voulez-vous chaque époque apporte ses combats. Entre 4à et 45, peut-être que j'aurais choisi le maquis et aujourd'hui, je clope.

Bon, évidemment, je ne suis pas idiot et je sais que cela nuit plus à moi qu'aux autres mais j'avoue avoir un vrai plaisir à être contre ces putains de mouvement healthy qui veulent nous faire vivre vieux et en bonne santé en nous empêchant de fumer et en nous obligeant à bouffer des fruits et des légumes. J'avoue prendre parfois le même malin plaisir à allumer ma clope qu'à ne pas faire de tri sélectif en foutant tout dans une seule poubelle.

Faire face au consensus aujourd'hui n'est pas plus compliqué que de virer la cellophane d'un paquet, de retirer l'opercule d'alu puis de saisis une clope et de l'allumer. C'est vraiment cool d'être rebelle. D'ailleurs, regardez un film américain policier récent et vous verrez qu'il n'est pas dur de mener l'enquête puisque le vilain, c'est toujours celui ... qui fume !


Mais bon, en lâche que je suis, il suffit que je toussote un peu pour que viennent à moi les images d'une tumeur se métastasant ! Dans ces moments là, plus que coupable, je me sens un peu anxieux et je tente de me rassurer comme je peux. C'est ainsi que depuis quelques années, j'aime bien voir de vieux fumeurs. Dès que j'en vois un, hop je me dis qu'après tout avaler cette merde de fumée de clope et en prendre plein les poumons, n'est pas si grave que cela.

Bref, je suis comme tout bon toxico, accro à ma dope et parvenu au stade où j'aimerais bien arrêter tout en voulant continuer mais sans endurer les syndromes de sevrage. Parce que j'ai beau faire le beau face aux alcoolos et autres toxicos venus me consulter, en ce qui concerne ma dope à moi, la clope, je manque d'un élémentaire courage. Bref, jusqu'à présent j'attendais le produit miracle, le genre de pilule magique qui m'aurait sevré du tabac sans aucun effort. Après tout, pourquoi est-ce que les héroïnomanes ont leur méthadone et leur subutex et nous que dalle ou presque ?

Bien sur l'industrie pharmaceutique, alléchée par l'appat du gain s'est penchée sur la question. Mais à part des trucs aux effets indésirables monstrueux comme le Champix ou des daubes comme les patchs et les trucs à mâcher, je n'ai rien vu de miraculeux. Peut-être que ces trucs ont fonctionné avec d'autres mais pas sur moi. Et je ne crois pas que ces produits aient été à l'origine d'arrêts du tabac, tout au plus ont-ils été un modeste support. Parce que dans la clope, y'a bien plus que la nicotine. D'ailleurs, si la nicotine était aussi dangereuse que cela, on se réveillerait pour cloper. Dans la clope, il y a le geste, les beaux paquets, les briquets, les articles du fumeur comme on disait à une autre époque. C'est une dépendance peut-être bien plus comportementale que biochimique.

Je ne me voyais pas non plus consulter un tabacologue. J'ai toujours trouvé ce job marrant en fait. Certes, le tabac est une came en soi, mais de là à ne recevoir que cela, putain moi je regretterais toutes mes années de médecine. Mais les gens font ce qu'ils veulent et si ça marche sur d'autres pourquoi pas. Quant à moi, imaginer que je vais payer une consult' out plutôt la faire payer à la collectivité parce que je veux cesser la clope me semblait un peu dingue. Pour qu'on me dise quoi ? Sans doute rien de bien nouveau que je ne sache déjà. Cependant, le créateur de la tabacologie, le professeur Molimard a eu des réflexions intéressantes sur le sujet, s’éloignant fort heureusement des conneries qu'on avait l'habitude d'entendre sur le sujet.

A la base pour s'arrêter, il faut juste en avoir envie. Rien de plus. Tant que l'envie de prendre votre clope l'emporte sur l'envie de ne pas la prendre, on n'arrête pas. La volonté ne sert à rien de toute manière ! C'est comme pour tout, ça nous titille durant un jour, un mois, un an ou plus et paf, on trouve le moyen de cesser. Mais je crois que dans notre tête, on ne cesse jamais d'être un peu toxico parce que l'addiction c'est plus fort que nous finalement, on trouve simplement des trucs de substitution.

C'est pareil pour toutes les addictions. Il faut toucher ses limites pour cesser un comportement d'addiction, se prendre le mur en pleine face ou du moins être si proche du mur qu'on se sent obligé de braquer le volant fissa. Tant qu'on n'a pas fait cette expérience, on ne cesse jamais l'addiction. Et puis de toute manière, on connait par cœur les mécanismes psychologiques de l'addiction, du moment où l'on y entre jusqu'à ce que l'on en sorte.

Ce qui marche aussi, c'est de trouver des trucs pour se motiver. Bon, bien sur il y ala santé et c'est sensé compter. Mais on a beau voir des cas de cancer un peu partout, on se dit que c'est pour les autres et non pour soi. On vit tous avec un biais d'inférence positif consistant à se dire que la merde c'est pour les autres et non pour soi. Heureusement d'ailleurs, sinon on se flinguerait dès que l'on prend conscience des dangers inhérents à la vie.

Moi, j'ai réfléchi un jour que je faisais une carte bleue pour payer ma cartouche de JPS noires. Bon, que je file du blé au producteur de tabac me vendant sa merde, pourquoi pas. C'est un contrat loyal entre mon dealer et moi et ce d'autant plus que je ne peux plus ignorer que la clope tue vu que c'est marqué sur les paquets. Je peux me filer des tas de mauvaises bonnes raisons de continuer mais sur le côté létal de l'objet, j'ai été prévenu, je ne suis pas pris en traître. Et puis bon, sans être riche, je ne suis pas à plaindre non plus et je peux me payer mes clopes. Mais, je me suis amusé à imaginer quel montant de taxe je pouvais filer à l'état socialiste en fumant et là, je me suis fait peur. 

J'ai beau savoir en bon écocitoyen que l'impôt est un instrument de justice sociale, je me dis que quand je raque 80% de taxes sur mon paquet de clopes, il y a comme une depardieudisation de ma situation fiscale ! J'ai beau être un clodo à côté d'eux, mais là avec ce que je raque sur ma ration de tabac, je me range carrément dans la catégorie des Arnault, Bettencourt et consorts au niveau du prélèvement fiscal sauf qu'aucun étant ne m’accueillera pour fuir cette pression intolérable vu que le fumeur aujourd'hui est le paria par excellence. Imaginer que dans toute clope que j'allume, il y a une fraction du prix qui ira payer le salaire de Cécile Duflot par exemple m'a tout de même foutu un coup !

Et puis j'en était là de mes réflexions, alternant entre le légitime souci de prendre soin de ma santé et celui de ne pas soutenir la politique socialiste, quand tel Jésus descendu du ciel pour m'apporter son aide, apparu le jeune J. Sauf que Jésus avait les cheveux longs et pas de rouflaquettes tandis que le jeune J porte le poil court dessus mais touffu sur les joues, un peu comme Tom Jones, Engelbert Humperdinck ou encore Elvis Presley. Les plus sagaces auront noté qu'on peut être comme Jésus et Elvis, être natifs du même signe astrologique sans pour autant suivre la même voie ni avoir le même style capillaire, mais assurer comme des bêtes en étant chacun à sa manière un king !

Il se trouve que le jeune J, ingénieur de formation, en avait un peu raz le cul de bosser pour d'autres. Alors il s'est demandé ce qu'il pourrait faire, et allez savoir comment il a trouvé cette idée, mais le fait est là, il a ouvert une boutique qui vend des clopes électroniques. Bon, ce n'est pas le premier mais si je ne parle que de son business, c'est parce que je le connais. Et puis peut-être que tout au fond de moi j'espère un tout petit peu qu'il me fera 5% sur les trucs que je lui achèterai !

Alors, il se pointe un jour de décembre et comme deux chiens, on se colle en terrasse d'un rade, vu qu'on est fumeurs. Et c'est là que le jeune J me parle de son projet tout en sortant une mégaclope électronique. Bon, au début, je lui dis que l'idée n'est pas mauvaise mais pas neuve tout de même.

Deux ans avant, sur les conseils de GCM, j'avais acheté une pauvre clope électronique. J'ai du téter mon morceau de plastique deux semaines avant de la la lâcher. Faut dire que le père GCM en bon pingrounet qu'il est avait acheté une merdouille pas chère qui n'envoyait que des taffes merdiques. Et pour le gros fumeur que j'étais, c'était un peu comme passer de mes deux paquets quotidiens à rien ou presque. Alors j'avais remisé l'objet dans sa boîte où elle prenait la poussière dans mon bureau.

Voilà ce que je racontais au jeune J qui m'expliqua le pourquoi du comment en bon ingénieur qu'il est. Et me tendant son drôle de truc, il me dit d'essayer pour voir si je sentais une différence. Et là, moi en bon gros con revenu de tout, j'attrape le bouzin et je me mets à tirer dessus comme sur une clope, comme un gros fou. Et woooow, je manque de m'étouffer et me mets à cracher mes poumons comme le gosse de quatorze ans que j'étais lorsque j'ai cessé de crapoter sur mes Marlboro à cinq francs cinquante le paquet.

Et comme je suis gars un peu emporté et enthousiaste, je lui dis que je veux la même. Et là, il me dit qu'il ne sera livré que dans deux semaines. Moi, je m'entête et je veux lui acheter son truc et il me dit d'attendre. Bon, ben j'attendrai et en attendant on parle. Et vient le jour où il inaugure son échoppe, moi je bosse et c'est Chico qui ira voir les lieux.

Et Chico me ramène alors un beau coffret avec deux clopes électroniques grand modèle et des tas d'accessoires. C'est tout beau, on croirait le bordel sorti de chez Apple, c'est vous dire ! Comme chez Apple, y'a même pas de mode d'emploi, c'est vous dire si c'est bien. Je m'en saisis et hop, je me mets à vapoter comme on dit maintenant vu que c'est de la vapeur d'eau que l'on inspire. Et ma foi, tant en termes de nicotine, que de consistance de la fumée, je suis ravi ! Bref, je fume sans fumer tandis que j'épargne mes petits poumons.

Bon, j'ai tout de même eu quelques merdes dues à un mauvais fonctionnement du bordel mais le jeune J a tout pris en garantie et c'est cool (et normal aussi). De passage à sa boutique, j'ai même acheté une troisième clope électronique et d'autres parfums de tabac rien que pour tester. C'est vendu en petites fioles qu'on met goute à goutte dans un tit réservoir sur la clope. Enfin, bon je ne vais pas vus expliquer le fonctionnement mais sachez qu'une batterie chauffe un produit qui produit de la vapeur d'eau que l'on inhale. Ensuite, chaque produit peut contenir un certain dosage de nicotine en fonction du fumeur que vous êtes. Voilà en gros ce que je peux vous dire dans le cadre de ce blog.

Bref, j'ai le machin depuis le premier janvier et je suis passé de deux paquets de clopes quotidiens à un demi paquet sans ressentir le moindre manque. Je crois même que je préfère vapoter que cloper maintenant. J'aime bien la saveur et la texture de la vapeur d'eau, plus que celle de la fumée de clope. Et puis dans l'idée, j'aime bien le fait de fumer sans fumer. Ca emmerde les fâcheux comme toutes ces assoces anticlopes bourrées de paranoïaques sadiques qui auraient rêvé de nous voir nous sevrer dans la douleur alors qu'avec la clope électronique, ça se fait en douceur comme dans du beurre.

En ce qui concerne le danger, je n'en sais rien. Toute le monde s'accorde à dire que certes, si l'on se fout encore de la merde dans les poumons, cette merde serait quatre mille fois moins nocives que la fumée de clope. Moi, je n'en sais rien. certains tabacologues soutiennent l'idée tandis que d'autres s'insurgent. Mais bon avec le lobby des pharmaciens, des médecins et des labos pharmaceutiques, auxquels se rajoutent l'opacité des autorités de santé publique, allez donc savoir qui a raison ou tort.

D'ailleurs à titre personnel je m'en branle, je verrai bien. Je suis un être fondamentalement libre et tant qu'on ne m'a pas apporté la preuve flagrante que cette vapeur est plus nocive que ma clope habituelle, je continuerai, constatant qu'il y a un mieux entre ce que je me foutais dans les poumons et ce que je me colle aujourd'hui. En tout cas, cette clope électronique m'aura permis de faire ce que jamais je n'aurais cru capable de faire. Parce qu'à moins de me trouver tout crevard avec un poumon en moins dans un service de pneumologie, je crois que jamais je n'aurais renoncé à mes clopes.

C'est un peu cela, cesser une addiction, c'est le faire jour après jour en enregistrant les petits progrès. Je suis plein de bonne volonté et cela me suffit. Suivre les conseils d'un médecin qui n'a jamais fumé de sa vie ne me semble pas une voie que je veuille suivre. Car si j’imagine qu'il possède tout un tas de connaissances sur le sujet que je n'ai pas, j'ai du fait de mon expérience de fumeur, trente ans de pratique qui me valent bien une certaine expertise. C'est mon coté officier sorti du rang. Et puis, je vous le disais et j'en suis convaincu, tout fumeur est un rebelle par nature.

Voilà, donc ma modeste expérience. Bien sur elle n'engage que moi. Prenez conseil auprès de votre médecin, pharmacien et autre représentant de l'état préféré afin d'avoir un avis dument autorisé ou appeler le numéro payant de tabac info service. Moi, ici je n'écris que de petits chroniques et rien de plus. Voilà, je crois que je suis couvert légalement ! Je me suis couché devant tous les puissants, c'est bon je peux publier !

Alors il ne me reste qu'à vous filer l'adresse de la boutique du jeune J, c'est au 32 de la rue Custine dans le 18ème arrondissement de Paris et ça s'appelle NOMEGO.


14 janvier, 2013

Anniversaire !


Bon, dans quelques dizaines d'années, on me rendra enfin justice et le douze janvier, jour de mon anniversaire, sera une fête nationale qui éclipsera le quatorze juillet.  

Pour le moment, obscur parmi les obscurs, je me contente de ma modeste vie. Je remercie cependant tous ceux qui y ont pensé et me l'on souhaité. 

C'est ainsi qu'entre les commentaires postés ici, les SMS, et les appels directs, ce ne sont pas moins de quarante-quatre personnes qui ont pensé à moi sans y inclure les membres de ma famille. Sans doute qu'un jour, comme feu Jean-Luc Delarue, il me faudra louer l'Olympia pou ry fêter dignement mon anniversaire.

En attendant ce jour là, merci pour ces marques de gentillesse qui m'ont touchées. 

04 janvier, 2013

Piano et schizophrénie !


Bon, je cesse de déconner un instant et je redeviens sérieux. Après tout, je suis psy et non vendeur de bagnoles. Et je me dois de penser à tous ces nouveaux lecteurs qui venant ici, se trouveront fort marris de ne trouver que des articles sans queue ni tête ni suite logique au lieu de lire des textes roboratifs traitant de psychopathologie. Ceci dit, ceux qui veulent des conseils en matière de Visa seront aussi les bienvenus.

Ceux qui me connaissent déjà savent que voici quelques mois, j’accueilli un jeune et sémillant patient que l'on avait à mon sens, un peu abusivement diagnostiqué comme schizophrène alors qu'à première vue il ne l'était pas du tout. Bien entendu, je ne me suis jamais posé en spécialiste de cette pathologie. Je ne sais que ce que j'ai étudié et c'était forcément parcellaire parce que la schizophrénie est un vrai casse-tête. Mais comme sous mes abords déconneurs, je suis quelqu'un de sérieux, j'ai lu, beaucoup lu sur le sujet depuis que j'ai reçu ce patient.  S'il avait fallu que je lui facture toutes les heures durant lesquelles j'ai réfléchi à son cas, il serait déjà ruiné. Et pourtant, je ne suis vraiment pas cher, croyez moi ! 

Non que je pensais vraiment apprendre quelque chose en lisant toute cette littérature mais que je n'avais surtout pas envie de me retrouver tout seul à penser ce que je pensais, à savoir qu'à mon sens le diagnostic de schizophrénie est un peu porté à l'arrache, dès lors que le patient manifeste des symptômes pas très orthodoxes. Etre seul contre tous, c’est très sympa mais assez inconfortable aussi. J’avais besoin dans le cadre de ces petites recherches de trouver de l’appui. Etre seul à dire que tous les autres sont des cons, c’est sympa mais ça l’est encore plus quand on peut dire qu’on n’est pas le seul à le penser.

Finalement, mes lectures m'auront prouvé que j'avais raison. Je n’étais pas seul à penser que ce diagnostic est parfois porté à tort à travers. Effectivement, même si je ne veux aucunement mettre en doute les compétences des psychiatres (dont je baise les mains respectueusement moi qui ne suis qu'un infâme vermisseau), il semblerait que parfois, il puisse y avoir quelques abus et que la schizophrénie soit une entité mal définie dans laquelle on puisse faire rentrer des tas de gens pour leur plus grand malheur. Qui plus, le DSM dans son désir louable de synthèse a aussi réussi à mettre de l’ordre là où il n’en aurait pas fallu autant. Et là, c’est devenu un peu binaire et la psychiatrie américaine aura tôt fait de vous coller une pathologie sur le dos dès lors que vous variez un peu par rapport à la norme. Faut pas trop déconner et marcher en dehors des clous.

De là à dire que face à un tel diagnostic, il faille tout de même exiger un second avis me semble évident. Comme j'ai eu l'occasion de l'écrire, si vous en êtes à demander deux devis pour faire changer les plaquettes de frein de votre voiture ou monter des pneus neufs, il me semble judicieux de faire de même quand vous êtes confrontés à des diagnostics aussi terribles. Et ce n’est pas parce que c’est monsieur le docteur qui vous l’a dit que c’est forcément vrai. 

Bien sur parfois, le diagnostic est évident. Tenez, moi qui vous parle, votre humble serviteur, saviez vous que j'avais diagnostiqué ma première schizophrénie alors que j'étais encore juriste ? Je vous assure que c'est vrai. Je prenais à l'époque des cours de piano jazz et d'harmonie dans une petite école parisienne de musique assez réputée. 

J'avais un prof, un capricorne, âgé d'un an de plus que moi. C'était à la fois le meilleur pianiste que je connaisse mais aussi le prof le moins pédagogue. Mais mu par ma brillante intelligence et mon orgueil absolu, c'est lui que je voulais avoir parce que c'était tout bonnement le meilleur. On m'en avait proposé de plus simples et accessibles mais que nenni, je voulais celui-ci et pas un autre. Les autres, j’avais bien tenté, mais je ne les admirais pas. Je savais qu’avec un peu de boulot, je leurs mettrais une vraie branlée parce qu’ils étaient dénués de talents. Mais lui, ce putain de capricorne, je savais que dussè-je bosser vingt ans, je n’arriverais pas à l’égaler.

Comme je suis un bon garçon, lui et moi on a fini par devenir potes. Et comme c'était un peu une tête de con, il a fini par se faire lourder de l'école de musique pour finir par donner des cours de piano chez lui. Il faut dire qu’il avait une notion assez élastique des horaires et du respect de la hiérarchie.  Et moi, je l'ai suivi. Et j'ai ainsi assisté à sa descente spectaculaire.

Semaine après semaine, je le voyais décliner. Son appartement devenait une porcherie sans nom et lui-même était plutôt cradingue. Comme je suis un bon gars, comme je viens de le dire, je persistais à venir le voir. Un jour, comprenant qu'il n'avait plus un seul client et qu'il ne pouvait même pas bouffer, je lui avais ramené un carton du Monoprix le plus proche contenant des produits de première nécessité, ce qui prouve que j'étais vraiment un bon gars comme je l'ai déjà dit deux fois.

Aujourd'hui, je saurais mettre des mots sur tout cela mais à l'époque, je trouvais cela juste bizarre et je mettais ce changement sur le compte de son caractère parfois un peu difficile et de la difficulté à se faire une place en tant qu’artiste. Et puis, comme nous nous entendions bien, on prenait parfois des cafés ensemble. On aimait bien se retrouver place de la Sorbonne au tabac pour discuter de tout et de rien.

Et là aussi, il a commencé à changer, à changer vraiment dans le sens où je trouvais qu'il déraillait. Des conneries, on en dit tous et moi le premier, mais chez lui ce n'était plus des conneries mais de gros délires. Croyez-moi, même moi qui ai des amis socialistes, je n’avais jamais entendu de tels trucs. 

Je savais que très sensible aux honneurs, il était tout fier de m’expliquer qu’il venait d’être initié chez les francs-maçons. Alors j’ai au début imaginé que se balader entre Boaz et Jakin et entretenir une sorte de proximité avec Isis et Osiris avait pu un peu lui taper sur le système. Sans doute que les planches qu’il devait se farcir lors de ses tenues avait pu le mettre HS quelques temps. Ce n’était pas été le premier que j’observe se faire une overdose de symbolique. Ca arrive aux apprentis psychanalystes qui voient des trucs partout alors pourquoi pas aux jeunes frères trois points ?!

D’ailleurs, il était devenu un peu space, me signifiant par là que je n’étais qu’un profane alors que lui avait été initié. Il en parlait beaucoup sans rien dire. C’était assez rigolo. D’ailleurs, comme c’était un bon pote, il m’avait fait approcher par l’un de ses frères pour que moi aussi j’entre dans ce cénacle. J’avais vu le mec qui ne m’avait pas vraiment emballé. Et donc j’avais un peu joué au con, tant et si bien que j’avais été classé déviant réactionnaire et persona non grata dans leur obédience. Moi je m’en foutais vu que je n’aime pas les activités de groupe. Déjà qu’aller à un club de voitures anciennes me gave, imaginez ce que j’aurais pu ressentir dans un temple maçonnique. Et puis, je n’aime pas trop me taire et il parfait que durant un an, on n’a pas le droit de l’ouvrir. Bref, ce n’était pas pour moi.

Mais bon, semaine après semaine, les délires de mon pote pianiste avaient pris de l’ampleur. C'est ainsi qu'un jour, alors que nous étions assis en terrasse à un café, il m'expliqua qu'autour de nous, des hommes nous surveillaient mais qu'on pouvait les reconnaitre parce "qu'ils avaient les canines légèrement taillées en pointes comme tous les francs-maçons". Comme je me demandais pourquoi il me sortait de telles conneries, je m’étais d’abord retourné pour constater que nul vampire ne hantait les lieux. Il faut dire qu’il était super persuasif mon pote quand il était perché dans ses délires. Et puis, moi, je ne connaissais rien aux francs-maçons, ils auraient bien pu se tailler les canines en pointe après tout, qu'est-ce que j'en savais !

 Mais bon, ce jour là, je me suis tout de même dit qu'il avait passé un cap et qu'il venait de péter une durit. Comme internet n’existait pas en ce temps là, je suis allé à la bibliothèque de Beaubourg compulser les livres de psychiatrie. Et en très peu de temps, j'ai trouvé l'explication et compris que si mon pote pianiste semblait barré c'est parce qu'il était schizophrène à n'en pas douter ! Tout y était, les symptômes déficitaires et productifs, tout, tout, tout ! 
 
C'est ainsi que compulsant fiévreusement l'annuaire, parce qu'en ce temps là, c'était comme cela, on avait des bottins, j'ai trouvé une liste de dix numéros pouvant correspondre à celui de ses parents dont je ne connaissais que le nom et la ville de résidence. Par chance, au troisième appel alors que j'expliquais que j'étais Philippe, un élève pianiste de X, une voix féminine m'a répondu que son fils lui avait déjà parlé de moi. Bingo, j'avais sa mère au téléphone à qui j'ai pu expliquer que son fils allait très mal et qu'il semblait que ce soit suffisamment grave pour qu'elle vienne immédiatement le chercher. Bien sur, je n'ai pas prononcé le terme de schizophrénie.

Le lendemain, les parents de mon ami se pointaient en avion et le surlendemain il était interné et mis sous Haldol, un bon gros neuroleptique qui calme tout. Les parents m'ont alors rappelé pour me remercier et me dire que leur fils avait été diagnostiqué schizophrène et qu'ils me donneraient de ses nouvelles régulièrement.

Lui et moi n'avons jamais perdu le lien qui nous unissait et nous avons toujours des contacts. Il va mieux, cela se sent au téléphone, mais il a foiré sa vie sans doute moins à cause de la maladie que de la très mauvaise prise en charge qu'il a eue puisque l'aspect psychothérapie n'a jamais été envisagé pour compléter la prise en charge médicale. Il faut dire qu’il pouvait être une sacrée tête de con et que les confrères qui avaient tenté de le traiter avaient déchanté. Moi, je pense qu’il m’aurait amusé parce que je sais être très con aussi.  Mais bon, dans son cas, je ne m'étais pas trompé, c'était une vraie et pure schizophrénie paranoïde.

Pourtant si ces cas existent, ils ne sont pas tous aussi clairs que cela, d'où l'importance de se souvenir que le diagnostic de schizophrénie est un diagnostic qui se fait par défaut, une fois qu'on a éliminé toutes les explications banales possibles. Il ne s'agit jamais de se jeter sur ce diagnostic par facilité simplement parce que la personne que l'on a face à soi est un peu étrange.

Entendons-nous bien, je ne me fais pas le chantre de l’antipsychiatrie mais vous recommande juste d’être circonspect. Parce que plein de trucs peuvent expliquer un pétage de plombs transitoire sans pour autant que ce soit une schizophrénie. Tenez, un truc aussi con que de se shooter sans oser le dire à son médecin parce que le patient a peur qu’il le répète à papa et maman et hop, on passe à côté du bon diagnostic !

Alors ces derniers temps, j’ai lu des tas d’ouvrages plus ou moins savants. Si je ne devais vous en recommander qu’un, ce serait celui d’Alain Bottéro « Un autre regard sur la schizophrénie : de l’étrange au familier ». C’est intelligemment rédigé avec beaucoup de sensibilité et d’érudition. Et c’est édité chez Odile Jacob.

Et comme vous êtes vraiment vernis, c’est aussi accessible en ligne en cliquant sur ce lien là.

01 janvier, 2013

Meilleurs voeux !




Chers lectrices et chers lecteurs, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2013. 

Puisse-t-elle vous garder en bonne santé et vous apporter ou vous conserver l'amour et la fortune.