17 juin, 2013

Si vous voulez savoir pourquoi nous avons péri ...


Bon, comme je publie en antidatant mes messages, c'est facile à dire mais, je vous assure que dès que j'ai eu connaissance du CV du sieur Méric, le jeune gars qui a été tué dans une rixe, je savais tout de lui.

Sciences-po suivi d'un parcours chez les antifas, la jeune victime sentait le fils de profs de fac voire de journalistes à plein nez. Car comme me le disait fort jsutement un de mes patients diplômé de Centrale (Paris) et pourtant issu d'une cité pourrie, autant en maths-physique, on est bon ou pas, et on peut bosser, autant pour Sciences-Po Paris, Normale-Sup ou ce genre de trucs, si on n'a pas baigné depuis tout petit dans les livres, c'est mort.

Et puis, il n'y a que dans les milieux intellos et totalement vains qu'on est fier que son môme s'enrôle dans ce genre de luttes stupides. Chez les "gens normaux", les parents responsables dissuadent leurs enfants d'aller se battre et les encourage à avoir des loisirs plus sains. Quant aux prolos dont l'horizon se borne à obtenir des moyens de subsistances, on n'a pas trop le temps de faire ce genre de conneries, les mômes vont au turbin ou non mais ils ont assez le sens des réalités pour ne pas perdre leur temps de cette manière. C'est amusant mais moi qui aime profiler, sans le connaitre, j'étais persuadé que le jeuen Méric avait grandi dans un environnement avec à portée de main, le Monde et Télérama.

Bon sur le gamin, j'aurais pu me lâcher et dire plein de trucs méchants et vilains voire même peut-être très rigolos. Mais ce ne serait pas correct, je ne vais pas jouer le militant et devenir aussi con que les antifas qui applaudissent chaque fois qu'un de leurs ennemis meurt. Je dois être un brin naïf ou idiot mais, je ne me réjouis pas de la mort d'un gamin de dix-huit ans d'une manière aussi bête. 

Même si manifestement, c'est lui qui a attaqué le premier et que l'autre n'a fait que se défendre, le môme Méric méritait sans doute une bonne rouste, genre gifle maousse ou pain dans la tronche, mais sans doute pas de mourir. C'est la faute à pas de chance. Faut dire que quand on fait cinquante kilos tout mouillé et qu'on se relève d'une leucémie, comme l'a révélé la presse, si on se passionne pour la politique, on devient théoricien du parti, on chausse ses besicles et on écrit un manifeste à la con, mais on évite d'aller à la baston. 

Et encore je dis qu'avec Esteban, le petit Méric avait une chance de s'en sortir mais je n'ose imaginer ce qui se serait passé si c'était le Gringeot qui lui avait envoyé une droite. Sans doute que le gamin serait mort asphyxié en orbite autour de la terre. A l'heure qu'il est, il serait satellisé, coincé entre les débris d'engins spatiaux. Enfin, il y avait peu de risques, vu que le Gringeot n'est pas très engagé politiquement. Lui tant qu'il a une bonne baise et ses bécanes, tout va bien et je ne pense pas que la crevette Méric aurait été de taille à piquer une de ses Harley.

Je ne m’appesantirais pas non plus sur l'immonde instrumentalisation de la mort de ce gosse par le pouvoir en place, toujours ravi de trouver un bouc émissaire fasciste ou crypto-nazi pour nous refaire le coup du "retour de la bête immonde dont le ventre est encore fécond" ou pour tenter de nous faire entendre les fameux "bruits de bottes" dont on a tous peur. Je laisse toutes ces analyses aux blogs politiques ou parodiques qui ont déjà fait d'excellents papiers sur le sujet.

Ce qui me fascine moi, c'est la légèreté avec laquelle les gauchistes de tous poils prennent la chose, sous des couverts d'indignation outrée. Il fallait les voir hurler, commémorer, en appeler à la justice, à la police, à la vengeance, sans jamais, une seule fois se remettre en cause. Sans jamais une fois, ne serait-ce que l'espace d'un instant, se dire que si le gamin était mort c'était en grande partie de leur faute d'adultes, du fait que depuis des années, à coups de mensonges, d'arnaques de toutes sortes, de manipulations grossières, de minables combines politiques, ils entretiennent une fiction dans laquelle, on serait perpétuellement menacé par des forces obscures rêvant de faire planer l'aigle allemand sur la bonne vieille terre de France contre lesquelles il faut se mobiliser. Méric, comme n'importe quel gamin idéaliste n'a fait que trouver sa place dans cette sinistres pièce de théâtre écrite par ces manipulateurs et il en est mort.

De fait, Méric n'est pas un héros moderne, ce n'est pas Guy Moquet ou Honoré d'Estienne d'Orves, ce n'est pas un résistant, mais juste un pauvre gamin qui aurait du avoir l’avenir devant lui, mais qu'on a jeté dans les affres d'un pseudo-combat destiné à sauvegarder les avantages que tirent des gens comme messieurs Besancenot et Mélenchon, l'un profitant du statut de postier et l'autre de celui de sénateur, vautrés chacun dans leurs sinécures, ne prenant aucun risque mais les faisant courir à d'autres, tandis qu'ils retirent les marrons du feu. Je les imagine presque, apprenant la nouvelle du décès, le sourire aux lèvres en se disant, que ça y est, ils le tenaient leur martyre ! 

Pensez donc, un gamin malade et bon élève de tout juste dix-huit ans, tué d'un coup de poing donné par une petite frappe apparentée à l'extrême droite. La réalité dépassait la fiction, jamais ils n'auraient osé imaginer pareille aubaine : la mort d'un môme fauché en pleine jeunesse, victime des nervis d'un groupuscule fasciste. Ca y est c'était le retour des années trente, le front populaire contre les Croix de feu, l'histoire avait enfin un sens.  Bien sur, il semblerait qu'une vidéo de la RATP ait depuis démenti tout cet échaffaudage politico-médiatique : Clément Méric n'est pas aussi innocent qu'il en avait l'air et manifestement le petit ange chéri des gauchistes a les ailes sales.

Ce qui me désole dans ce qui n'est pas une affaire politique mais un simple fait divers, une rixe entre bandes rivales, c'est de ne pas avoir entendu de paroles adultes mais juste celles de salauds partisans, dont notre ministre de l'intérieur, qui ne pleurent la victime que par souci électoraliste. Aucune parole d'apaisement n'est sortie de la bouche de nos autorités qui se sont contentées de sonner l'hallali contre leurs ennemis fantasmés. S'ils avaient pu, ils auraient armé les antifas pour leur permettre d'en découdre avec leurs ennemis. On chercherait en vain une attitude digne dans cette hystérie médiatique et partisane. On ne fait qu'entonner le chant des partisans, en appelant à la vengance, sans se demander, une fois, rien qu'une fois, si ces combats d'arrière-garde valent la peine de mourir pour eux.

Lorsque la première mondiale survint, Rudyard Kipling n'était plus en âge de s'enrôler. Il fit tout pour que son fils, John, pourtant réformé pour cause de grave myopie, la fasse. L'instrumentalisant de manière odieuse, il eut l'impression qu'en l'envoyant à la boucherie, ce serait pour lui une manière d'y participer. Les échanges de courriers entre lui et son fils, nous montre le vieil homme vivant cet événement extraordinaire au travers des yeux de son fils. John Kipling, mauvais officier, périt en 1915 avec toute sa section lors de la bataille de Loos. On ne retrouva pas les corps, hachés par les obus, et on ne peut qu'ériger une stèle sur le lieu présumé du bombardement pour leur rendre hommage. Après la guerre, Kipling comprenant sa funeste erreur, fit graver une plaque sur laquelle figurent les vers suivant :
 
"If any question why we died/ Tell them, because our fathers lied"
(Si vous voulez savoir pourquoi nous avons péri / Dites vous que nos père nous ont menti)

N'est pas Kipling qui veut ! Force est de constater que nos va-t-en guerres sont moins avares du sang des autres que de leur confort. Aucun regrets, aucune parole digne d'un homme d'état, décidément ces socialistes et leurs affidés sont des minables. Mourir à dix-huit ans c'est assez triste mais pour de pareils salauds, c'est encore plus monstrueux.

10 juin, 2013

Les mots pour le dire !





Voici qu'un bon ami médecin m'appelle en catastrophe pour savoir si je peux déjeuner avec lui un jeudi. Je regarde mon emploi du temps et me dis qu'en déplaçant un rendez-vous je peux me faire un offrir un repas chaud en terrasse par un de ces nantis de médecins !

 
Même si on se connait bien, et si on se voit régulièrement, je me doute que cette invitation à grailler en urgence, au débotté, alors qu'habituellement il est submergé de boulot, cache quelque chose de louche.

Me voici donc au jour et à l'heure dits installé en terrasse en face de son cabinet en train de fumer ma clope lorsque je le vois débarquer tout souriant. Je me dis que ce sourire qui illumine son visage cache quelque chose de louche.

Et voici qu'on papote, et qu'on papote, et qu'on me demande comment vont les affaires, et la famille, qu'on me redemande si les affaires et la famille vont vraiment bien et moi je me dis qu'autant de sollicitude cache quelque chose.


Et voilà que la serveuse arrive, même que c'est une jolie brune aux yeux bleus, un peu masculine mais souriante comme je les aime et que je suis sur qu'elle est scorpionne même si je ne lui demande pas pour ne pas passer pour un con. Et voilà qu'elle nous donne la liste des plats du jour et que le médecin me dit qu'on va se prendre un bon truc à la carte. Et là, sans rien laisser paraitre, je me dis que tant de munificence cache quelque chose.

Alors comme on se connait bien, je lui demande ce qu'il attend de moi et quel service je peux lui rendre. Et faux-jeton, il me répond que rien du tout, que cela lui fait un immense plaisir de me voir. Et comme je le connais comme si je l'avais fait, je lui demande en quoi je peux lui être utile.

Et voilà qu'il m'explique que cet après midi il reçoit un patient dont il vient d'obtenir les résultats et qui se trouve avoir un cancer foudroyant. D'après lui, si le mec a fait une location en août, peu importe qu'on lui ait vendu une vue sur une décharge pour une vue sur mer parce que de toute manière, il sera mort avant.

Je lui réponds que tout cela est bien triste mais que je ne vois pas comment je peux l'aider car bien que né sous le même signe que le Christ, je ne fais pas encore de miracles. Et c'est alors qu'il me demande comment on doit annoncer ces choses là. Je suis un peu étonné parce qu'après quelques dizaines d'années en tant que généraliste, je pense que ce n'est pas le premier cas dramatique qu'il doit affronter.

Et ce fourbe m'explique que non, qu'il a déjà eu ce genre de cas mais que généralement, il y avait une chance sur un milliard dans les pires cas, ce qui lui permettait de dire au moribond en face de lui, que certes c'était grave mais qu'il y avait un espoir. Et ceci étant dit, il refilait le bébé à un oncologue quelconque qui lui aurait annoncé l'issue fatale en cas d'échec du traitement. Et sans se déballonner, il m'explique : "tu comprends les hospitaliers, ce sont des bourrins, ils annoncent les trucs sans sourciller, ils n'ont pas le même lien que nous avec les patients, parce que nous, on les connait bien".

Je lui dis alors que si un jour, il m'explique que tout va bien, j'ai plutôt intérêt à prendre un autre avis ou à aller acheter un cercueil que de lui faire confiance, et que j'ai bien noté l'information. Il se récrie et me dis que non, mais qu'en fait il y a toujours un mince espoir. Bref, il assume dans le cas d'une chance sur un milliard parce que celui lui permet de vendre de faux espoirs mais quand la partie est finie et perdue, là il n'y a plus personne.

Il est tout penaud mais avoue que c'est ainsi. Alors moi très prosaïquement, je lui explique qu'il n'y a pas vraiment de bonnes manières d'annoncer à un quidam que l'on connait, qu'il va calancher après une agonie merdique dans un service de soins palliatifs. Que même avec un nez de clown et une langue de belle-mère, je suis sur que le mec ne prendra pas bien les choses. Qu'en fait, il faut le dire comme il le sent bien et puis rien d'autre et qu'ensuite, il aura à assurer la colère ou les larmes du condamné.

Et c'est justement ce qui l'ennuie mon médecin. Ce n'est pas tant d'expliquer au mec qu'il va mourir que de gérer la crise émotionnelle que cela va susciter et que par contre-coup cela provoquera chez lui. Bref, il a peur de ses propres émotions.

Alors, je lui dis qu'il peut ne rien dire et remettre le truc à l’oncologue qui prendra en cahrge le cas, qu'il peut aussi attendre que le patient soit dans la rue, ouvrir la fenêtre et lui gueuler qu'il va crever ou bien lui faire un courrier. Rien de tout cela ne lui plait bien entendu, vu qu'il cherche la solution parfaite. Je lui dis qu'il peut aussi picoler avant l'annonce et que le fait d'être bourré l'aidera à créer une sorte de filtre entre lui et les réactions émotionnelles du patient condamné. Cela ne lui plait pas non plus.

Et comme il me parle du patient, je m'aperçois que je le connais puisque c'est un ancien à moi aussi, que j'avais traité pour des problèmes d'alcoolisme. L'espace d'un instant, je me dis que c'est un peu con d'avoir cessé de picoler voici huit ans, sans y avoir touché pour finalement mourir d'un cancer à la con. La vie est injuste, si on avait su ! Mais on ne savait pas.

Je lui propose alors d'être présent vu que je connais très bien ce patient, même qu'on se tutoyait. Le médecin est emmerdé aussi parce qu'il me dirait bien oui mais qu'il sent que c'est un truc qui doit faire seul sans qu'on lui tienne la main.

Je lui dis alors que je n'ai pas de solutions, et qu'il n'y a pas de honte à être triste parce qu'un patient meurt quand on a tout tenté. Et que son problème, c'est son envie de toute puissance alors qu'il n'a qu'une obligation de moyens et rien d'autre. Bref, on se quitte sur ces bonnes paroles et moi je rentre à mon cabinet digérer dans la fraicheur de  mes murs du XVIIème siècle. Parce que de toute manière, il n'y a pas de bonnes solutions. Dire à un mec qu'il va mourir alors qu'il a cinquante-cinq ans, un bon job, une femme et des enfants et que tout va bien dans sa vie, c'est pas facile. C'est pas facile mais c'est inhérent au métier de médecin  ou de soignant en général et puis voilà. Sinon, faut bosser dans une boutique de robes de mariées ou dans un magasin de faces et attrapes !

Bon, une semaine après, je l'ai eu au téléphone et je lui ai demandé comment ça s'était passé. Il m'a dit qu'il n'avait pu rien dire d'autre que l'annonce du cancer et refiler le cas aux hospitaliers d'un service d'oncologie ad hoc. 

Bon, côté fair play y'aurait sans doute à revoir mais, c'est un médecin qui a la vocation, il avait choisi ce job pour sauver des gens et non pour leur annoncer leur condamnation alors, je comprends. Et puis, il n'est pas capricorne alors forcément, il ne pourra jamais être stoïque et vraiment sage ni philosophe.



03 juin, 2013

Pauline, les autorails et le libéralisme !

Vous vous attendiez à un autorail et c'est un marcassin !

Comment me suis-je intéressé aux autorails ? Je ne m'en souviens plus. Autant je pourrais vous dire que j'ai vu des hérissons et que j'en ai dans mon jardin ce qui pourrait expliquer pourquoi je m'y suis intéressé, autant je ne possède pas d'autorail. Je n'ai même jamais pris un autorail et je crois ne jamais en avoir vu un en vrai. D'ailleurs, avant de devenir le tout petit spécialiste que je suis devenu, je crois que j'appelais une micheline un autorail alors que les premières sont des véhicules à pneus produits par Michelin tandis que les seconds ont des roues de type ferroviaire. Je conçois aujourd'hui combien j'étais sot de ne pas connaitre ce genre de choses car c'est le B-A BA de la discipline.

Bon, je me dis tout petit spécialiste du sujet parce que je peux me le permettre. Car il me semble qu'à part de vieux cheminots ou fils de cheminot ou encore petit-fils de cheminot, dument abonnés à La vie du rail, nous sommes peu nombreux en France à faire la différence entre un X3800, un Billard X902 et un Renault VH ! Et encore, je ne vous parle pas du Verney X 212 ni des livrées différentes que chacun de ces astucieux véhicules aura pu aborer selon les époques d'exploitation.

Qu'on le veuille ou non, l'autorail est une passion dévorante mais exigeante que seuls les plus constants peuvent maitriser un jour ! Ne devient pas autoraillologue qui veut, la discipline demande du temps et de l'abnégation dans la mesure où le temps que l'on aurait consacré à faire des choses milles fois plus intéressantes doit être sacrifié sur l'autel de l'autoraillogie. En plus de l'ascèse nécessaire à l'apprentissage de cette âpre discipline, il vous faudra aussi vous habituer à une grande solitude car, qu'on se le dise, peu nombreux sont ceux avec qui vous parlerez d'autorails car c'est une passion aussi rare qu'exigeante. A la fin, puis on se spécialisé, moins on supporte tous les prétendus spécialistes qui sont incapables de faire la différence entre un moteur Poyaud et un MAN.

Ceci dit, moi qui ai appris, qui sais maintenant faire la différence entre un simple autorail et une vraie micheline, je sais aussi qu'il a existé des paulines ! Oui, vous m'avez bien lu ! Vous connaissiez les michelines, nom commun sous lequel, non spécialistes que vous êtes, vous englobiez tous les autorails que vous croisiez, mais vous étiez loin de vous douter qu'il y eut un jour sur notre beau réseau ferré secondaire, des paulines !

Nous devons ces paulines, qui ont moins marqué que les fameuses michelines, à l'un de nos plus brillants polytechniciens, Jean-Raoul Paul, que vous ne connaissiez pas, j'en suis sur. Pourtant sa fiche Wikipédia nous apprend que ce brillant X-ponts s'illustra dans de nombreux domaines, qu'il s'agisse de routes, de transports ferroviaires tout autant que de navigation et sans doute dans bien d'autres domaines que la postérité a oublié. Notre ingénieur en homme providentiel qu'il était fut aussi celui qui se chargea de sauver le train de sa concurrence directe : la route !




C'est en tombant sur un autre lien dédié à ces fameuses paulines que j'ai en effet appris que ces véhicules ont ainsi été appelés affectueusement en souvenir de ce bon polytechnicien, qui déjà à l'époque avait le souci de dépenser l'argent du contribuable pour faire un peu n'importe quoi. Sans doute qu'il avait ses lubies, tout comme moi, sauf que je finance moi-même les miennes. C'est ainsi que notre dispendieux homme d'état, où plutôt de région, puisqu'il semble qu'il ait sévi essentiellement dans le Sud-Ouest,  vécut très mal l'irruption des transports routiers par cars qui concurrencaient évidemment le transport ferroviaire. Plus confortables, plus surs, plus souples, moins chers en termes d'investissements, les cars avaient fini par rendre caduques la plupart des petits lignes secondaires dont les tortillards n'offraient que de médiocres performances aux clients moyennant des coûts d'infrastrcutures énormes.

Mais visionnaire comme le sont souvent ceux qui dépensent l'argent du contribuable, ce cher Jean-Raoul Paul, ne l'entendit pas ainsi et voulut faire revenir le voyageur au train ! Pourquoi ? On n'en sait rien mais on peut imaginer que le car par la souplesse qu'il autorise tant aux exploitants qu'aux usagers, ne permettait plus à une foule d'agents payés par les collectivités de se goinfrer sur la bête ni à l'état de contrôler le citoyen en déterminant arbitrairement le parcours qu'il prendra et les heures auxquelles il voyagera. Jean-Raoul Paul eut ainsi l'idée d'établir un cahier des charges destiné à créer un véhicule autonome ferroviaire, apte à répondre à la concurrence automobile sur les lignes secondaires. 

C’est très exactement un autobus sur rails qui fut mis en chantier, capable de transporter une soixantaine de personnes assises et une tonne de bagages. Bref, visionnaire comme savent souvent l'être ceux qui ont la charge de distribuer notre argent, Jean-Raoul Paul venait de recréer un autobus mais sur rails, c'est à dire un monstre hybride totalement inadapté puisqu'il s'agissait d'un véhicule nécessitant l'emploi d'une couteuse voie ferrée tout en ne permettant pas l'emport d'un grand nombre de passagers ! Notre génie, issu d'une de nos formations élitistes, venait donc de combiner les désavantages du car et ceux du rail ! L'ENA n'était pas encore créée que Jean-Raoul Paul en grand visionnaire laissait déjà augurer la gabegie à venir issues d'idées stupides.

Hélas le génie du grand homme ne sera pas reconnu de son vivant puisque ses paulines ne seront manifestement employées que sur d'obscures lignes secondaires. Mais la mise en place de nos actuels TER prouve cependant que lorsqu'il s'agit de dépenser beaucoup d'argent pour peu de passagers, la SNCF (ou les régions) sait perpétuer l'inventivité du grand homme que fut Jean-Raoul Paul créateur des inoubliables paulines !

Non Jean-Raoul Paul, tu n'auras pas vécu pour rien !

Vous vous attendiez à un marcassin et c'est une pauline !

Cinéma !

 Bientôt sur Arte !

Hier, un de mes chers patients qui est en école de cinéma semblait tout triste parce qu'ayant rendu son court-métrage de fin d'année, il se trouvait tout désœuvré. J'aurais pu lui conseiller d'aller faire la plonge, de devenir équipier chez Mc Do, de faire du télémarketing en vendant des panneaux solaires à Pantin, enfin n'importe quoi pour s'occuper.

Mais j'ai eu une meilleure idée. Il se trouve que la dernière fois, avec lui et quelques autres, nous avions déjeuné rapidement avant d'aller prendre un café rive gauche. Marchait en tête, le jeune gentilhomme tourangeau, tandis que nous suivions. Et tandis que nous passions par les petites rues de Saint-Germain-des-prés, nous avions été stupéfaits de voir à quel point le jeune gentilhomme tourangeau se fondait dans le décor. 

Que l'on soit à la Fontaine Saint-Michel, dans la rue Saint-André-des-Arts, devant le Lycée Fénelon ou à l'Odéon pour terminer place de la Sorbonne, le quartier était fait pour lui. Il avait le physique, la démarche, la suffisance blasée du regard qu'il affectait de jeter sur tout, cette certitude d'être à la fois bien né et d'avoir une culture encyclopédique, suffisaient à faire de lui le petit germanopratin tel qu'on le conçoit de manière caricaturale.

Comme nous étions évidemment aussi jaloux de son aisance naturelle et que nous sommes de mauvaises langues toujours prêts à nous gausser du talent des autres parce que nous en sommes dépourvus, nous le suivions en imaginant des dialogues fictifs, creux et plein d'emphase. Cette promenade devenait pour nous une sorte de film, ou plutôt de documentaire verbeux dans lequel, il ne s'agissait plus de nous promener mais bien au contraire de suivre, comme le ferait n'importe quelle équipe télévisuelle d'Arte, un jeune auteur médiatisé au fil de ses pérégrinations oiseuses dans son quartier de référence.

Le pauvre ne pouvait regarder un immeuble, une boutique ou quoi que ce soit, sans que derrière, nous n’imaginions quelque pensée qu'à notre avis tout jeune auteur médiatisé se devrait avoir. Avait-il simplement jeté un coup d’œil distrait à l'entrée du Lycée Fénelon à proximité duquel nous étions, que nous imaginions déjà qu'il se rappelait les classes préparatoires (Khâgne) qu'il y avait suivies. S'était-il simplement approché d'un présentoir offrant des cartes postales, que nous le pensions perdu dans quelque rêverie sans fin lui rappelant une rencontre avec quelque femme jadis connue, que nous mettions immédiatement en scène, commentant en voix off.

Mais le pire, c'est que tout cela fonctionnait bien. Eussions-nous disposé d'une caméra voire d'un simple appareil photo filmant en HD que le film était dans la boîte. Le pire étant que le produit de notre délire idiot du moment n'aurait pas eu à rougir face à certaines émissions vaguement intellectualistes proposées par France télévision. De la même manière qu'il est possible de générer des jaquettes de livres sans rien avoir écrit, il est tout à fait possible de créer un auteur en vue de toute pièce sans qu'il ait eu besoin d'écrire un traitre mot.

Un physique, une paire de lunettes cerclées de fer, une chemise blanche, une manière de marcher, un décor et des commentaires pompeux en  voix off, et voici Jean-Nicolas des Lys en chair et en os, aussi vrai que s'il existait. La crédulité des spectateurs fait ensuite le reste, donnant à la supercherie des allures de vérité indéniables. Certains ont ainsi pu duper BHL et Télérama, tandis qu'en des temps plus ancien, d'autres se moquèrent des contempteurs de l'art contemporain. A l'instar des buveurs d'étiquettes qui ne se fient qu'à ce qu'il y a écrit sur la bouteille, la fatuité de certains milieux est tel que pourvu que vous donniez des gages en adoptant le même style creux et emphatique qu'eux, vous pouvez leur vendre n'importe quoi.

Tout cela pour vous dire que puisque ce jeune homme s'ennuyait, je lui ai proposé de passer de la fiction à la réalité en réalisant un court métrage mettant en scène ce fameux Jean-Nicolas des Lys. Bon encore faut-il que le jeune gentilhomme tourangeau accepte de jouer le comédien malgré lui ! Mais je ne vois pas qui pourrait le remplacer ! Sincèrement, il est parfait pour le rôle.

Il cadrera, filmera et nous réaliserons les commentaires. On s'amuse comme on peut !


Bizarre vous avez dit bizarre ! (Où l'on parle de voyages et d'amers)


J'ai une conception de la normalité qui m'amène à penser que pourvu que la personne soit cohérente, fonctionne bien, et ne s'en prenne ni aux autres, ni à elle-même, tout va bien. Je n'ai rien d'un normopathe et d'ailleurs, je crois que les gens trop normaux finissent par me faire un peu peur. Au mieux, ils sont profondément ennuyeux tant ils sont prévisibles, au pire ils sont carrément angoissants. Les mécaniques bien huilées, qui démarrent au premier tour de clé, c'est sans doute super quand il s'agit d'une voiture mais pour les gens, ce n'est pas mon truc. A la longue, c'est comme un jeux vidéo dont vous auriez chopé l’algorithme en deux minutes, vous savez au fur et à mesure que vous progressez ce qui se passera. C'est sympa comme application sur un smartphone mais guère plus. Finalement, je crois que j'aime qu'on m'étonne en me disant que finalement, cela n'a rien d'étonnant que je sois étonné. Vous me suivez ? Peut-être que non ...

C'est pour cela que tout à l'heure après déjeuner quand j'ai vu l'ami avec qui j'étais serrer un platane dans ses bras, je n'ai pas été très étonné finalement. Je l'ai laissé faire et j'ai accepté avec bienveillance son explication quand il m'a dit qu'il avait besoin de se recharger électriquement. Je fumais ma cigarette tranquillement.

Après il m'a expliqué que normalement les chênes étaient mieux, plus adaptés mais qu'il fallait faire avec ce que l'on trouvait. Moi, j'ai trouvé cela sage de voir qu'il se contentait d'un platane quand il ne trouvait pas de chênes. Parce qu'en ville, il y a rarement des chênes, plutôt des platanes ou des marronniers, voire d'autres essences. C'est bien de savoir se contenter de ce que l'on trouve. Par exemple, si l'envie me prenait de recharger mes accus et qu'il n'y ait pas un chêne à l'horizon, j'aimerais avoir la sagesse de me contenter d'un platane voire d'un bouleau ou même d'un simple aucuba. Pourtant, je suis sur qu'un aucuba, ces arbustes  à feuilles persistantes que l'on trouve partout, sont moins efficaces qu'un arbre véritable. 

Et puis, comme il me l'explique souvent, quand il fait une passe magnétique à quelqu'un, il sent qu'il se décharge. Il ressent le courant passer de sa main droite à la gauche, il perçoit même une différence de potentiel entre ses deux mains qui lui indique exactement si la personne va bien ou mal. Ensuite, en fonction des personnes, il se décharge plus ou moins.

Il a pris conscience de ce "pouvoir" lorsqu'il était petit alors qu'il était assis sur un banc, désœuvré et les bras ballants. Des pigeons picoraient devant lui et l'un d'eux s'est approché, un crevard qui boitillait et n'avait pas un beau plumage lustré. Comme il est observateur, il a vu que le pigeon restait là, étendait ses ailes et ses pattes. Il a compris qu'un processus était à l’oeuvre et il en a déduit qu'il devait avoir une sorte de fluide. Il a ensuite testé sur d'autres animaux puis sur des gens.

Il ne sait pas d'où cela vient mais il me dit qu'en tant que natif du scorpion, comme de nombreux signes d'eau, il a en lui des ressources étranges. Il perçoit des choses que d'autres ne verront jamais, même les yeux grands ouverts. Bon, le prix à payer, c'est d'être dépendant. Il a déjà perdu une baraque aux courses mais comme il me dit, il s'est calmé et puis il a amélioré ses martingales. Parfois, il se lève, va au comptoir et revient réjoui en me disant que là, il est sur de gagner, il met cinquante euros placés sur un canasson. Quand il gagne il invite, quand il perd, il m'explique combien il aurait pu gagner en fonction de la cote du cheval. 

A côté de cela, il reste très carré puisqu'il a fait polytechnique. Il n'est pas autiste d'Asperger non plus, il est éminemment normal, juste un peu décalé. C'est juste un type suffisamment sérieux pour ne jamais tomber dans la supercherie parce qu'il reste physicien dans son approche des choses mais suffisamment allumé aussi pour voir les vraies nouveautés là où les autres ne verront jamais rien.

Moi qui ne suis doté d'aucun de ces dons extraordinaires, mi qui ne suis capable que de modéliser en intégrant toutes les variables, je trouve cela amusant, troublant voire fabuleux d'être connecté à d'autres choses. Quand je lui dis que je ne ressens pas ce qu'il ressent, il me dit que c'est normal parce que je suis capricorne mais que c'est rassurant pour les types comme lui de bien s'entendre avec les mecs comme moi. J'ai un côté stable et fiable, comme un port d'attache. A défaut de partir pour de lointains voyages comme ces types que j'observe souvent, j'ai au moins cela pour moi d'être stable et fiable. 

Dans le vocabulaire maritime, on appelle cela un amer remarquable.

01 juin, 2013

Spécialiste en profils pour sites de rencontres ! (et en autorails)


Parce que j'ai du en parler à quelques reprises, lors d'articles dédiés à la séduction, un certain nombre de jeunes patients, qui ne voulant pas mourir idiot, et souhaitant rencontrer une femme, viennent me voir.

Comme je leur explique, les femmes n'ont rien de compliqué, bien au contraire, même si elles semblent parfois l'être. Ce n'est que poudre aux yeux, contre-mesures plus ou moins sophistiquées destinées à affoler les missiles de votre détermination, bref pas grand chose quand on a compris que finalement à chaque crapaud sa crapaude et que qui ne tente rien n'a rien. Oui, cher patient ou futur patient, vous aussi vous pouvez avoir une femme rien que pour vous, et cela sans recourir ni à l'amour tarifé ni en lui faisant boire un cocktail au GHB.

Mais comme je le dis souvent, la séduction peut se révéler déconcertante si l'on ne connait rien aux femmes et si on se laisse impressionner par elles. Dans ce cas, plutôt que de mater discrètement l'élue de votre cœur, la fille qui vous plait, du coin de l’œil en n'osant pas lui parler, au risque de passer pour le neuneu de service ou le mec un peu chelou, ayez recours au simulateur !

Vous qui êtes né avec cet outil magique qu'est internet, n'hésitez pas, plutôt que de vous lancer directement dans la vraie vie avec ses risques de ne pas oser et de rougir, à vous inscrire sur un site de rencontre. Et vous aurez là, à portée de clavier, un stock entier de femmes dont la raison d'être sur ce site est justement de vouloir aussi rencontrer l'élu de leur cœur. Vous aurez donc le choix entre des petites, des grandes, des minces, des rondes, des brunes, rousses ou blondes, etc. La vie n'est-elle pas belle ?

Alors certes, je connais, parce que je suis un homme aussi, j'aime me jeter des défis parce qu'un homme, ça peut tout, tout le temps et toujours. C'est un truc bien connu. Cependant, et bien que je ne sois rémunéré par aucun d'eux, je trouve qu'il n'y a aucune honte à avoir, à rencontrer quelqu'un vi l'un de ces sites. Rencontrer quelqu'un de cette manière, ce n'est pas moins bien que de rencontrer dans la vraie vie. Alors cessez de vous dire qu’un homme, un vrai, c'est forcément le mec qui s'avance sur de lui vers sa proie pour lui proposer un drink comme on disait dans les late sixties

Tout le monde n'est pas Sean Connery dans le rôle de 007. Et puis, si vous le voulez, testez dans la vraie vie, moi je m'en fous ! Cependant si vous êtes comme un manche dans cette vraie vie, face aux filles, plutôt que de vous lancer dans un combat aérien où vous feriez descendre en flammes, faites d'abord du simulateur, essayez les sites. Après, si vous n'avez rencontré personne qui vous intéresse sur lesdits sites, rien ne vous empêche de brancher en direct la gonzesse de votre choix. Vous serez aguerri et vous saurez déjouer tous les petits pièges que certaines nous tendent.

De fait, j'ai un certain nombre de patients qui hantent ces sites mais avant d'y aller, il a fallu remplir le sacrosaint profil ! Et là, mon Dieu, ils y mettent autant d'appréhension que s'ils préparaient leurs concours d'entrée dans leurs écoles d'ingés, c'est sans doute même pire. Tout se mélange dans leurs têtes, ils sont perdus entre l'envie d'expliquer qui ils sont et quelles sont leurs attentes, tout en étant soucieux de coller à l'image qu'ils ont du mâle parfait, en souhaitant à la fois être sérieux mais aussi un peu déconnants tout en ne voulant surtout pas d'une fille casse-couilles !

A la fin, s'ils se laissent aller, ça donne un profil de faux cool, genre de type factice produit par les fantasmes d'un petit gars qui voudrait laisser croire qu'il a tout de James Bond, tout en expliquant qu'il est aussi passionné par les jeux vidéos, une sorte de Sean Connery s'éclatant dans des jeux de rôle vêtu d'un smoking ! Et là, comme les filles, même les plus stupides, ont ce petit sixième sens qu'on appelle l'intuition féminine, ce genre de profil ne passe pas !

Il y a quelques mois, j'avais eu le cas d'un petit ingé, très bien, mais qui avait fait un profil façon racaille qui se la pète à un tel point que ça confinait au ridicule. Je lui avais dit que si son truc c'était de se faire une gonzesse du genre Les anges de la téléréalité ou Les chtis à Ibiza c'était parfait, sauf qu’il fallait abandonner les sites de rencontres et aller choper au Macumba Club pour ce genre de filles. E n plus comme j'avais le mec en face de moi, charmant, gentil, avec sa sensibilité et ses doutes, c'était plutôt rigolo d’imaginer que le mec type puisse se la raconter autant sur un site. Faut être cohérent.

Bref, soyez vous même et puis voilà, rajoutez juste ce qu'il faut de mensonges comme le ferait un pubard des années 80 vantant une bagnole. Après tout la 205 GTI n'était pas une Ferrari mais ça se vendait bien. Soyez votre propre Séguéla, rajoutez en un peu, c'est autorisé, gommez adroitement les défauts, sombrez et vautrez vous autant que vous voulez dans ce qu'en droit on nomme le bon dol, c'est à dire l'habileté à vous vendre, mais n'en faites pas des caisses pour sombrer dans l'escroquerie amenant soit l'acheteuse à carrément ne pas vouloir de vous soit à invoquer par la suite un vice du consentement pour vous jeter comme un étron. Le style camelot dans la vraie vie comme sur un site, c'est pénible !

Bref, soyez vous même en omettant juste les trucs les moins glamours de votre personnalité. Par exemple, moi qui vous écris, si j'étais à votre place, je dirais tout un tas de trucs sur moi mais bien sur, j'omettrai de dire qu'hier, j'ai passé plus de deux heures sur le net à lire des trucs sur les autorails. Non que j'en aie honte, puisque je sais que je suis sujet aux lubies et que si j'avais de la place chez moi, j'aurais déjà acquis un X3800, mais que je sache simplement qu'il faut d'abord connaitre tout ce qu'il y a de bien en moi pour accepter les trucs un peu plus compliqués à comprendre quand on n'a pas toutes les cartes en mains. 

Vous voyez, ne pas expliquer à une femme de but en blanc que je peux me passionner momentanément pour les hérissons ou les autorails, c'est du bon dol, rien de plus. Disons que jouer du piano sera plus vendeur que de dire qu'un soir, devant la télévision, j'ai été capable de lire tout ce qui concernait les 320 communes de l'Allier où je ne suis d'ailleurs jamais allé ! Je ne mentirais pas sur moi, je ne me transformerais pas en super héros de pacotille, non je serais sincère avec des limites. Rassurez vous, elles font pareil et c'est de bonne guerre.

Disons que sans aller dans les excès en matière concision du Gringeot qui, en guise de profil, mettrait juste une photo de lui sur sa Harley accompagnée de la phrase "cherche meuf gros seins pour bonne baise et + si affinités", il ne faut pas aller dans l'excès inverse. Rien ne sert d'expliquer que vous êtes  un "mec exceptionnel riche, beau, brillant, chef d'entreprise, bonne tchatche, pour canon" parce que d'une part, il faut être crédible et que les connes capables de vous croire ne courent pas les rues, et que même si vous tombiez sur la reine des crédules, après il faudra assurer en réel. Par exemple, il faudra expliquer à celle que vous voyez pourquoi vous n'êtes pas dans un restau étoilé au Michelin mais en train de diviser l'addition dans un chinois en expliquant en même temps au serveur que vous étiez persuadé que les cocktails maison étaient offerts. Ça ce serait plutôt le genre de GCM.

Hier, tandis que je tentais d'aider un de mes chers patients à remplir un profil, je l'entendais bloquer sur les activités qu'il faisait. Il aime nager, pourquoi pas, qu'il le mette si vraiment la natation est l'affaire de sa vie, ce sera mieux. Mais ensuite, il en était à se dire s'il devait préciser qu'il nageait en piscine et non pas en mer. Vu qu'il est en Autriche, moi je trouvais le détail sans intérêt parce que le bain de mer en Autriche n'est très pas courant. Mais il bloquait là dessus, dans le sens où il éait persuadé que la gonzesse en face de lui, éplucherait son profil comme l brigade financière les comptes de Cahuzac. 

On s'en tape des passe-temps, ce sont toujours à peu près les mêmes. De toute manière, à mois qu’il ne s'agisse d'un truc dévorant, d'une passion qui fasse de vous un militant menant une croisade, de votre vraie colonne vertébrale avant même votre boulot, on s'en fout de vos passions. De toute manière après la lune de miel qui dure six mois, les histoires d’amour finissent toujours le cul sur un canapé à se demander ce qu'il y a à la télévision. 

Et puis passé trente ans, qui en a encore des passe-temps dévorants ? Le boulot et ensuite la famille, les gosse, bouffent tout, alors encore heureux si vous avez un peu de temps pour un diner, un apéro sympa et une semaine de vacances en couple. Passé trente ans, vous êtres trop vieux pour le sport, vous risqueriez d'y laisser vos rotules, vos vertèbres ou carrément votre cœur, et le théâtre, ça fait vieil histrion qui ne veut pas raccrocher les gants. Bref passé trente ans, on commence doucement à faire du lard en s'imaginant encore jeune. Et du côté féminin, on rêve encore de ses vingt ans mais on se dit que ses ovaires vieillissent aussi et on pense aux bébés.

Elles s'en foutent finalement de ces renseignements ! Plus vous en mettrez, vous vous attirerez leur attention sur détails en les éloignant de l'essentiel. Alors qu'en fait, la musique que vous écoutez n'est pas l'essentiel de votre personnalité. A mon sens, une bonne photo avantageuse, c'est à dire pas le truc fait à partir d'un pauvre téléphone merdique, et une phrase sympa et c'est dans la poche. Après c'est la vie qui fait tout parce qu'il est dans la logique que les bergères rencontrent des bergers et les princes des princesses. Alors je lui ai dit à mon petit patient, de cesser de se prendre la tête, de s'en tenir à la bonne photo et à la phrase bateau du genre "ingénieur bien sous tous rapports cherche jeune femme idem" et puis voilà, il y a tout dans cette phrase. Ça sent le mec bien fiable, stable, intelligent avec de bons revenus et une bonne orthographe ; le reste on s'en fout, ça se dit par mail après le premier contact ou lors du premier rendez-vous.

Quant à l'humour, sauf si déjà au collège vous faisiez rigoler tout le monde, laissez tomber ! Rien de pire qu'un mec sympa mais pas plus drôle que la moyenne qui tente la saillie rigolote, ça a toutes les chances de tomber à plat. C'est la même chose pour la culture ! Rien de pire aussi que la citation verbeuse et lénifiante mise dans un profil. On sent que la plupart du temps, le truc a été chopé sur un site et que le mec n'avait jamais entendu parler de l'auteur avant de faire son copier/coller. Jouer l'intello sentencieux n'est pas forcément un avantage concurrentiel !

De toute manière, c'est simple, soit vous êtes moyen, dans la norme et là pas de problèmes, faites un profil classique et sympa et vous trouverez une fille qui vous correspond. Si vous vous sentez exceptionnellement brillant et doté d'une sensibilité hors du commun, alors quel que soit votre profil, au cours du premier mail, vous saurez décrypter tout ce que la fille vous montre et surtout vous cache et vous saurez vous adapter. Testez-la comme si vous étiez en train d'essayer une bagnole, passez de cinquième en troisième et voyez si elle suit, si il y a des chevaux sous le capot, c'est simple, ça se sent tout de suite. Et surtout, si vous angoissez à l'idée de ne pas avoir renseigné tous les champs exigés par le profil du site de rencontre que vous avez choisi, que la fille qui s'en plaindrait est à priori une emmerdeuse.

Donc, voilà une bonne photo et une phrase simple d'accroche !

Psychothérapeute, mauvais côté de la quarantaine, revenus aléatoires, passionné par les autorails, les microvoitures et les hérissons, cherche princesse, âge, physique et profession indifférents, pas trop exigeante, pour vieillir ensemble dans une douce indifférence et partager les charges communes.