30 septembre, 2013

Concurrence terrible !


En août, tandis que je disposais de quelques jours, je suis parti là où pas grand monde ne va, dans l'Allier ! Anciennement dénommé Bourbonnais, l'Allier est une très jolie région mais un peu ravitaillée par les corbeaux ! Mais bon, j'avais quelque chose à y faire alors j'y suis allé. De toute manière, les départementales ne me font pas peur, au contraire j'adore. Donc cap sur le centre de la France, nos Iles Kerguelen métropolitaines !

C'est du côté de Moulin, la préfecture de l'Allier, sorte de mégalopole dont les flèches de ses églises se distinguent de loin, que j'ai découvert un patelin dont je n'avais évidemment jamais entendu parler : Saint-Menoux ! Allez, cessez de jouer les malins et avouez que pas un de vous n'en avait jamais entendu parler ? Comme quoi, les instances qui s'occupent du tourisme dans l'Allier laissent un peu à désirer.

Et pourtant à Saint-Menoux, gros bourg assoupi de mille âmes, à tout juste quinze kilomètres de Moulin, existe quelque chose d'extraordinaire : la débredinoire ! Vous roulez sur une belel départementale et zou, d'un coup un panneau vous indique Saint-Menoux, église romane et sa débredinoire. Il y a même un maire communiste au titre des antiquités mais je ne l'ai pas rencontré.

Moi qui avais lu René Fallet, je maitrisais suffisamment de patois bourbonnais pour savoir que dans le coin, le bredin, c'est le pauvre gars, l'idiot du village. J'ai donc saisi que la débredinoire avait un lien direct avec ce mot. Malin comme je le suis, je me suis imaginé qu'une débredinoire devait être un dispositif servant à ôter la bredinerie.

Et hop, je gare le cabriolet sur la place du village et me dirige vers l'église. Même que l'entrée principale étant fermée, j'ai cru que l'église ne se visitait pas le jour où j'y étais. Heureusement que j'ai eu l'idée de faire le tour pour découvrir une entrée latérale parce que cette bande de bredins locaux n'auraient pas eu l'idée de flécher l'entrée. J'imagine que des tas de gens moins sagaces que moi, sont repartis de là sans trouver l'entrée de l'église.

J'entre donc dans l'édifice roman, qui est en pleine réfection, et me dirigeant derrière le chœur, j'aperçois la fameuse débredinoire qui n'est autre que le sarcophage mérovingien abritant les restes de Saint-Menoux.

C'est au VIIe siècle, l'évêque Menulphe (irlandais ou breton), passe par le village alors nommé Mailly-sur-Rose, décide de s'y installer et y décède quelques années après.  Rapidement, des miracles se produisent sur sa tombe et attirent une foule de pèlerins. La dépouille du saint est en effet réputée rendre leurs esprits aux personnes un peu dérangées. Mais le plus beau, c'est que le procédé marche aussi bien pour les simples d'esprit que pour les dépressifs ou les anxieux.

On construit donc un sarcophage dans lequel une partie est utilisée pour recevoir le corps du saint, tandis que l'autre partie est percée d'un trou dans lequel, les personne ayant des problèmes mentaux glisseront leur tête pour en être guéris ou débredinés comme on dit en patois local. En revanche, quand on y glisse la tête, garde à ne pas toucher les bords du trou car la légende dit qu'on risque de récupérer toute la folie que les gens y ont laissé avant ! 

Face de tels miracles, le village est renommé Saint-Menoux et une abbaye de bénédictines est créée au Xe siècle pour accueillir les pèlerins qui affluent. Laquelle sera bien sur rasée à la révolution.

Heureusement que je n'ai pas ouvert mon cabinet dans le coin parce que face à une telle concurrence, je n'aurais pas tenu un mois. On ne rivalise pas face à un saint, surtout que c'est gratuit !


Sur la gauche, la petite fenêtre, passez-y votre tête !

De l'espoir !


Je ne compte plus les patients qui se trouvent nuls, moches gros, bêtes et j'en passe ! Soit qu'ils le pensent eux-mêmes soit qu'il s'agisse d'un constat issu d'une réflexion entendue voici longtemps. Peu importe le degré de fiabilité de l'auteur du jugement, on leur a dit ou fait entendre et les voici marqués à vie au fer rouge du sceau de l'indignité.

Tout à l'heure, mais ne me demandez pas pourquoi, parce que quand je regarde Youtube, je vais et viens et parviens parfois à regarder tout et n'importe quoi, je regardais Fred Astaire et Ginger Rogers danser. Bon, personnellement je trouve Cyd Charisse plus jolie même si dans le même temps, j'ai conscience que parler de danse et de comédie musicale fait un peu gay. 

Je l'assume, j'ai souvent dit que parfois j'avais l'impression qu'une gamine de douze ans sommeillait en moi. Non, que je me travestisse en portant des robes à smocks et des chaussures à brides mais que je sois émerveillé par des trucs qui n'ont rien à voir avec la boxe ou la moto et qu eje confesse uen grande sensibilité. Ceci dit, j'adore aussi la boxe et la moto, qu'on ne me prenne pas pour une gonzesse pour autant ! Mais bon, je ne reverrai pas Bambi pour autant, c'est trop triste !

 "Wow on dirait des anges !"

Alors tandis que je regardais Freddy danser, même que je me disais "woow on dirait des anges" comme John Coffey dans La Ligne verte qui les regardait aussi avant son exécution, ce qui prouve qu'on peut être une brutasse et s'émouvoir d'un spectacle de danse !  Par exemple, je sais que le Gringeot - et il ne m'en voudra pas de l'avoir révélé - a adoré Mamma lia, la comédie musicale basée sur les chansons d'Abba, et qu'il ne déteste pas écouter la BO quand il roule sur sa Harley ! D'ailleurs, moi qui ai pris plusieurs fois l'avion avec lui, je me souviens de l'avoir entendu chantonner Dancing queen, alors qu'il avait ses écouteurs dans les oreilles et ne s'entendait pas. Bien sur par égard pour lui, je ne l'avais encore jamais révélé à quiconque !

Mais bon, parlons de Fred Astaire. Alors comme j'aime creuser, je me suis demandé quelle était sa formation et suis allé sur Wikipedia pour vérifier. Bon, il a commencé la danse tout jeune, puis a enchaîné à Broadway dès l'âge de dix-huit ans avant de se laisser tenter par le cinéma vers trente-quatre ans.

Fred se présente donc aux studios de la RKO, où il effectue un bout d'essai en janvier 1933. Et là, il ne semble pas vraiment impressionner puisqu'on notera juste sur sa fiche après qu'il ait effectué l'audition : « Can't act. Slightly bald. Also dances. » (« Ne sait pas jouer la comédie. Un peu chauve. Danse aussi. »). Ce qui pourrait donner à penser qu'il s'agit du premier crétin venu auditionner pour la Nouvelle Star, vous savez ceux qu'on adore regarder cruellement se faire bâcher par le jury

Bref, celui qui allait devenir une légende de la danse, dominer toutes les comédies musicales durant vingt ans, avant l'arrivée de Gene Kelly, se faisait recaler avec l'étiquette du mec chauve qui joue comme une merde mais dansote un peu, le genre de clodo qu'on aurait payé quelques cents pour faire de la figuration. Bon, il faut croire que quelqu'un d'autre aura visionné le bout d'essai puisque justement Freddy n'a pas entamé une carrière de figurant mais celle qu'on lui connait.

Bref, quand on vous traite, de gros, de débile, de nul, ou que sais-je encore, la meilleure technique est de vous demander qui vous dit cela. Et si c'est vous qui pensez cela de vous-même ? Pareil ! Vous n'êtes pas forcément le mieux placé pour vous juger équitablement, laissez faire ceux qui savent. Mon cabinet depuis quinze ans a été rempli de gens qui se trouvaient tous les défauts de la terre mais s'en sont sortis.

Bon, bien sur, ça ne veut pas dire pour autant que l'inverse soit forcément vrai. On peut être quelqu'un de très bien sans pour autant avoir le talent qu'on imaginait posséder, du moins dans le secteur où l'on pensait l'avoir. Vous me comprenez ? Tout le monde n'est pas Fred Astaire mais on peut très bien vivre sans faire une carrière artistique !

Fred Astaire, Ginger Rogers : Cheek to cheek (Top hat)

28 septembre, 2013

Fous ou méchants ! 2

 Ça doit être bien d'être un animal, aucun socialiste pour vous faire chier !

Et voici encore Chantal Jouanno qui refait parler d'elle. C'est par le plus grand des hasards en zappant que je tombe sur l'émission de Frédéric Taddei que je prends en cours de route. D'un côté des gens dont le redoutable Dupont-Moretti, le ténor du barreau, de l'autre, d'autres gens, dont Chantal associée pour l'occasion avec Clémentine Autain.

Sacrée Chantal qui nous rappelait encore récemment qu'elle était une femme de droite et que l'on voit associée avec une communiste notoire sans se poser la question de savoir si leurs combats sont les mêmes. Mais quand il s'agit du respect des femmes et autres questions sociétales, on voit que les frontières bougent aisément. En revanche, elle qui fustige les minimiss était plutôt proprette et bien coiffée !

C'est vrai qu'avec les questions sociétales, si l'on ne se met pas forcément politiquement en danger, en revanche, il est aisé de passer pour un vieux (vieille) con(ne) voire pour un(e) facho ! Alors, là attention, il s'agit de se positionner de manière à faire moderne, de donner dans l'apparence (comme les minimiss) en privilégiant la forme au fond.

Le premier débat portait sur la prostitution puisque le projet serait de poursuivre les clients et non les prostituées, étant entendu que les premiers sont des porcs tandis que les seconds seraient de pauvres victimes. Et tandis que Dupont-Moretti fait observer qu'il existe déjà des lois qu'il suffit d'appliquer, les deux cruches se récrient. Elles n'ont pas révisé leur droit pénal, sont prêtes à doubler voire à tripler des lois existantes, que l'on aura du mal à faire appliquer, mais restent focalisée dans l'émotionnel. On est habitué, il y a longtemps que plus aucun juriste ne fait de lois.

Peu importe que toutes les prostituées ne soient pas que de pauvres filles toxicomanes ou provenant d'un trafic quelconque mais que certaines aient décidé d'exercer cette profession, les dés sont pipés. De toute manière, l'homme est un porc et doit payer tandis que la femme est sa victime. On n'entendra rien non plus sur le fait que cette profession tant décriée puisse avoir une utilité sociale en permettant à des individus d'assouvir leurs besoins alors qu'ils n'ont justement pas de partenaire. Qui pense aux célibataires, aux moches, à ceux que leurs fantasmes fait préférer ces dames ? Personne et surtout pas Mmes Jouanno et Autain.

C'est d'autant plus amusant que tenter de se positionner ainsi à gauche, à la pointe d'un présumé progrès social tout en niant l'aspect pulsionnel mais aussi irrationnel de l'acte sexuel est tout juste digne d'une dame de charité du second empire. Les féministes, les vraies, celles qui ont vraiment combattu doivent se retourner dans leurs tombes ! Tant de luttes pour revenir à la case départ, celle dans laquelle la femme est le sexe faible, l'éternelle victime. 

Voici quelques années encore, des prostituées revendiquaient leur libre choix, choquaient la bourgeoise et réclamaient un statut de travailleuse du sexe. Et hop, voici que tout cela se termine, que l'ordre moral, comme aiment à l'appeler nos amis socialistes, retombe sur ces luttes ! Une ère prohibitionniste s'abat sur la France : après l'alcool, le tabac voici maintenant le recours aux prostituées que l'on sanctionne. Nos mères veillent encore sur nous, même devenus adultes !

Encore une fois, quelle lubie est-ce donc ? Faut-il être idiot pour songer qu'une loi abolira ce que l'on a coutume de nommer le plus vieux métier du monde. Certes, s'il faut l'encadrer et éviter les dérives, c'est déjà fait depuis longtemps. Et si le succès n'est pas au rendez vous, sans doute faut-il en chercher les raisons dans l'inefficacité des services sociaux, de la police ou de la justice, ou dans leur manque de moyens pour poursuivre leurs missions, plutôt que dans une prétendue absence de lois !

Le débat ayant été tranché et les harpies qui ont l'époque pour elles, n'étant pas revenues à la raison, ce fut un autre débat que lança Taddei. Là, il s'agissait d'un projet de loi dont les détails précis m'échéppent, tellement c'était alambiqué. Il faut un cerveau socialiste, un lobe entièrement dédié à l'enculage de mouches, pour comprendre du premier coup ce que l'on nous réservait.

En gros il s'agissait de corriger une grande inégalité qui réside dans le fait que ce sont les femmes qui prennent leur congé parental plutôt que les hommes. Donc, cela nuit à leur carrière, les pauvres et c'est injuste ! Alors, le projet de loi consiste à tendre un piège aux hommes qui fait que s'ils ne prennent pas leur congé parental, ils amputeront celui auquel aurait le droit leur femme, la sanctionnant de fait !

On fait donc fi de ce qu'aurait pu décider un couple en intégrant dans le dispositif une chausse trappe juridique qui fait que si par malheur, il avait été décidé que c'est madame qui prendrait le congé parental, le piège s'ouvre pour que monsieur soit forcé de prendre le sien. Les conventions valablement formées entre époux, au sein du couple, n'ont plus aucune valeur puisque l'état, au nom d'un égalitarisme qui n'a plus rien à voir avec l'égalité en droit jadis revendiquée, fait en sorte de tordre le bras des cocontractants de manière à ce qu'ils optent pour ce que l'état estime bon pour eux !

Avec de telles lois, on se retrouve dans un scenario pervers façon Saw sauf qu'il ne s'agit pas d'un film mais de la vraie vie ! Plus que du socialisme, c'est purement dictatorial et ce ne fut pas dit sur le plateau ou du moins tout juste chuchoté et encore, suggéré ... Plus personne n'ose s'élever contre des propositions aussi sidérantes, si ce n'est sur le web, sur des blogs ou dans les commentaires suivant les articles de journaux. 

A ce stade, assis sur son canapé, le regard vide le pauvre Dupont-Moretti semblait KO. Mais il y eut encore un autre débat ou la suite du précédent peut-être au cours duquel, nos deux commères s'inquiètérent du droit de garde en cas de divorce. Par souci d'égalitarisme, et surtout du fait que l'homme doit en chier autant qu eles femmes s'agissnt de l'éducation des enfants, il s'agissait de promouvori trè slargement la garde alternée. Clémentine Autain souhaitait d'ailleurs qu'au cas ou l'une des deux partie sla demande et notamment la femme, le juge fasse automatiquement droit à cette demande.

C'est proprement aberrant dans la mesure ou le JAF ne prend ses décisions qu'au regard de l'intérêt de l'enfant et non des désirs des parents. De cela, il n'en fut pas question puisque nos apprenties juristes, qui n'ont sans doute jamais mis le nez dans un code civil ne se rappelaient même pas de cette règle de base. Dans leur idée, le juge ne s'occupait plus de l'enfant pour devenir une sorte d'arbitre, enfin d'arbitre partial à vrai dire, peut-être même un commissaire politique dont le rôle reviendrait juste à vérifier à ce que la parité soit bien mise en place.

Dupont-Moretti a protesté mollement, tenté de faire valoir sa connaissance du droit mais peine perdue, les dés étaient pipés. On mesure la décrépitude d'un régime à son degré d'absurdité et là, c'était à son comble.

Et pour moi, assistant impavide à l'échange surréaliste, cette lancinante question : sont-ils plus bêtes que méchants ou bien l'inverse ?

C'est une époque très dure pour un mec né sous De Gaulle ! C'était vraiment mieux avant.

Fous ou méchants !


J'ai beau connaitre depuis longtemps tout le mal que je pense de la plupart des élus, ils m'étonneront tout de même encore et toujours. Habitué depuis longtemps à leur démagogie crasse, à leur impéritie, à leurs tripatouillages minables, j'ai pourtant beaucoup de mal à me faire à la méchanceté dont certains semblent faire preuve.

C'est vrai que depuis quelques années, sous prétexte de faire le bien d'autrui, car les voies qui mènent à l'enfer sont toujours pavées de bonnes intentions, certains élus adoptent maintenant un comportement à la limite du sadisme, tel qu'en adoptaient certaines mères bigotes à la fin du XIXème siècle vis à vis de leurs enfants. C'était cette fameuse époque ou sous l'impulsion d'évêques à demi-fous ou de savants totalement dérangés, on imagina que la masturbation rendait sourd et qu'il fallait la combattre ou que l'apprentissage du piano se ferait nécessairement dans la douleur et au moyen d'instruments barbares.

Il faut croire que les temps sont cycliques et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil puisque ces fous, qui sont aussi méchants sont de nouveau là prêt à nuire pour notre bien à tous. Et comme auparavant, rien ne peut les arrêter car il est difficile de s'opposer à quelqu'un qui vous sourit en vous disant que vous n'avez rien compris mais que c'est pour le bien de tous. 

C'est ainsi que j'ai appris avec stupeur que les concours de minimiss seraient dorénavant interdits sous peine d'amende (30 000€) et/ou de prison (2 ans). Compte tenu des problèmes économiques et sociaux auxquels la France doit faire face, je vous avoue ne pas avoir compris l'urgence d'une telle mesure. 

Car, même si je ne suis pas friand de tels concours et s'il ne me viendrait pas à l'idée d'y inscrire ma fille si d'aventure j'en avais une, je peux concevoir qu'une mère puisse en avoir envie, voire même qu'elle et sa petite fille puisse, à travers ses concours, trouver un mode relationnel qui les épanouisse. A priori, me semblait-t-il, il ne me semblait pas tellement grave d'habiller une petite fille pour la faire défiler, pas plus que de l'emmener faire les boutiques. Benoîtement, parce que je ne suis pas Torquemada et que je ne vois pas le mal partout, j'avais imaginé que c'était un truc de nanas et puis voilà, une sorte de rituel entre une mère et sa famille auquel moi homme, je n'avais rien à comprendre.

Certes, n'étant pas tout à fait idiot, j'avais bien saisi et imaginé les dérives. La première, c'était que ces concours pour petites filles dérivent gravement vers une hypersexualisation et une féminisation outrancière de ces dernières comme l'attestent certaines photos monstrueuses. Tout le monde se souvient que voici peu, certaines photos de mode mettant en scène une gamine habillée comme une hétaïre avaient choqué. Or, il ne s'agissait pas de concours de minimiss mais de mode, ce secteur même qui persiste à faire défiler des mannequins dont l'extrême maigreur rend inquiet pour leur santé.

Quant au concours américains de minimiss, sont-ils une vraie dérive que l'on devrait redouter ou n'illustrent-ils pas simplement le mauvais gout habituel de nos amis d'outre-atlantique ?Il faut au moins regarder un programme de téléréalité pour voir des filles aussi outrageusement fardées et atrocement attifées que de jeunes américaines pour sortir.

Enfin, il est certain que s'agissant de mères entrainant leur petite fille, on pouvait aussi déplorer que certaines projettent sur leur progéniture leurs espoirs déçus en les forçant à concourir contre leur volonté. Une fois encore, ce n'est pas l'apanage des minimiss mais qu'il s'agisse de chanson, de sport ou que sais-je encore, dès qu'un enfant obtient des performances exceptionnelles, il est à craindre que des parents aient mis la pression. Il va sans dire que l'équilibre d'un enfant est quelque chose de sérieux, toutefois s'agit-il de jeter en prison le père de Serena et Venus Williams ? 

Si la réponse est positive, alors on peut faire de même pour tous les parents d'enfants ayant eu des résultats exceptionnels. Car si pour réussir un concours par exemple, l'intelligence est nécessaire, il faut aussi une éducation stricte et je gage que les parents de chacun des jeunes qui réussissent à entrer à l'X n'ont pas forcément été les parents les plus tolérants du monde et que leurs rejetons n'ont pas du passer beaucoup d'heures devant les jeux vidéo et la télé !

Bref, tout en devinant quelles étaient les dérives possibles de tels concours, je ne voyais pas les raisons qui poussaient à les interdire. Cela me semblait idiot, et même odieux dans la mesure où ces concours, aussi stupides qu'ils puissent paraitre à des gens éduqués et diplômés, issus des CSP+, sont souvent pour des milieux défavorisés, une occasion de se divertir. Bref, à part emmerder le prolo qui lui n'ennuyait personne, je ne voyais pas la raison de cette loi.

C'est alors que me renseignant, je pus lire que Chantal Jouanno, l'instigatrice de cette loi folle a mené ce projet à son terme dans le cadre d'une égalité hommes/femmes dans la mesure ou, comme elle le déclare : "Ne laissons pas nos filles croire dès le plus jeune âge qu'elles ne valent que par leur apparence. Ne laissons pas l'intérêt commercial l'emporter sur l'intérêt social".  Déjà, les mots me choquent, ce galimatias faussement intellectuel à la sauce sciences humaines, qui ne résulte en fait que de préjugés et d'idées à la mode, me semble stupide. 

Ils sont de plus assez étonnants de la part de quelqu'un dont on ne cessa de vanter les résultats en Karaté (12 titres de championne de France) en omettant souvent de dire qu'il s'agissait de Karaté de posture et non de combat. Quitte à entendre la voix d'une femme vraiment couillue, de celles qu'on ne verra jamais dans un concours de minimiss, j'aurais préféré entendre Myriam Lamare, au moins a-t-elle été championne du monde dans un sport, la boxe, qui ne s'apparente pas à de la danse. De plus, pour l'avoir vue sur des plateaux, il me semble que cette chère Chantal est loin de mettre ce qu'elle dit en pratique car elle me semble plutôt faire grand cas de son apparence et de sa toilette. 

Elle me rétorquerait certes qu'elle peut elle, parce qu'elle a fait l'ENA (après un BTS) et qu'elle a donc prouvé qu'on pouvait être belle et intelligente. Serait-ce à dire qu'une petite fille qu'on aurait inscrite dans un concours de minimiss finira forcément en pouffiasse uniquement soucieuse de son apparence ? Je ne suis pas sur que le fait d'avoir été minimiss soit un détail important pour déterminer l'avenir d'un enfant, si ce n'est que ces concours sont bien entendu pratiqués dans des milieux sociaux défavorisés bien plus que dans les bonnes familles.

A ce titre, j'aurais aimé connaitre le pedigree exact de Chantal épouse Jouanno car il me semble peu probable que son parcours estudiantin ne doive pas quelque chose à des relations familiales. J'ai pu constater que bien souvent, à de rares exceptions près, ces femmes ministres toujours promptes à enfourcher le cheval du féminisme et du mérite personnel (cf. Roselyne Bachelot fille de député) sont souvent les filles de. N'ayant aucun renseignements concernant madame Jouanno, je ne pourrais évidemment l'affirmer !

De toute manière, là n'est pas la question, la seule véritable qu'on lui pourrait lui poser c'est, qu'est ce que cela peut lui foutre qu'une petite fille aime porter des robes et marcher sur un podium ? en quoi est ce dégradant ? Pense-t-elle sincèrement que parce qu'elle fera cela, la petite fille pensera qu'elle ne vaut que par son apparence ? Imagine-t-elle que la plupart des filles qui n'ont jamais concouru pour un titre de minimiss feront aussi attention à leur apparence ? Sait-elle, et j'ai de nombreux patients dans ce cas, que pour plaire aux femmes, certains hommes font un régime ? L'apparence, se soucier de son apparence serait-il un vice ?

De plus, est ce que se soucier de son apparence fait forcément de vous un(e) crétin(e) patenté ? Imagine-t-elle que parmi les médecins que ma profession m'amène à fréquenter, certaines sont pire que des minimiss et qu'elles ne sortiraient pour rien au monde décoiffée ? Sont-elles des connes pour autant ? 

Que sont ces raccourcis autant idiots que réducteurs ? Quelles sont ces projections, de quelles blessures narcissiques viennent-elles pour qu'à l'âge adulte, on ait encore de tels combats ? Décidément tout ceci m'échappe ! Comment peut-on être ) ce point aveugle ou stupide pour ne pas comprendre que tout ceci est affaire de milieu et non de sexe ! Que les filles des beaux quartiers ou les filles d'intellos savent déjà qu'en plus de se faire belle, il faut aussi songer à ses études sans qu'elles aient besoin du secours de madame Jouanno.

Quelle peut être la vie de ces gens, leur ennui, leur absence de problèmes, pour se mobiliser ainsi contre de tels moulins à vent. Moi qui vous écris, pourtant sujet aux lubies, je sais encore faire la part entre ce qui est accessoire (mes lubies justement) et ce qui est essentiel (mon métier, ma famille, etc.).
Certes il ne s'agit pas de tirer à boulet rouge sur cette sénatrice car elle n'a pas le monopole des lois ineptes. Si j'en ai parlé, c'est que le sujet me semblait tellement dérisoire que j'ai été étonné que quelqu'un ait pu s'en saisir avec autant de passion ! Il faut bien exister en politique quand on n'a rien de vraiment intéressant à proposer je suppose.

La seule chose que je me demande, c'est s'il faut être plus idiot que méchant agir ainsi ou bien l'inverse ?

Des mannequins anorexiques au thigh gap monstrueux continueront à défiler l’œil éteint dans les défilés tandis que des gamines seront privées de sortie. Sans doute que le secteur de la mode a des arguments que les prolos du Nord ne sauraient avoir !

27 septembre, 2013

Bio de commande !


Projet de bio purement fictive destinée à un jeune peintre que je connais afin qu'il puisse enfin s'inscrire dans les bons réseaux et vendre ses toiles. Merci à Mr B.B. ancien des JC pour les précisions.

***

C'est déjà en esthète véritable que tout jeune Nicolas saisit le monde qui l'entoure. Couleurs, formes, tout est prétexte à l'émerveiller et c'est donc tout naturellement qu'il sait très tôt qu'il sera artiste. Après de brillantes études secondaires, il intègre donc les Beaux-Arts : parcours classique.

Pourtant bien que les cours le passionnent, quelque chose lui manque sans qu'il parvienne à le saisir. Ce sera chose faite lorsqu'en inventoriant la bibliothèque familiale, il tombe sur un exemplaire de Fils du peuple, de Maurice Thorez dédicacé par l'auteur à son grand-père. Dans sa famille, ce grand père est un héros, médaillé de la résistance après qu'il eut intégré le FTP, il restera fidèle au PC malgré la crise hongroise ou le printemps de Prague. Son admiration pour Staline, le héros qui a abattu le fascisme, ne s'éteindra jamais.

C'est en intégrant cette histoire personnelle que Nicolas décide de rompre avec l'art bourgeois pour se consacrer à la peinture du monde ouvrier qu'il découvre. Comme il l'explique souvent, il ne veut pas montrer du beau : le beau ne l'intéresse pas. Une belle chose que des bourgeois accrocheraient au mur pour faire joli, très peu pour lui. Ce qu'il a toujours imaginé, ce serait une production artistico-éducative s'inscrivant dans un cadre politoco-social dont la finalité serait d'orner les mairies ou autres édifices publics. Ce qu'il souhaite, ce sont des œuvres destinées à édifier la conscience de classe des damnés de la terre et non de beaux tableaux.

Si faire quelque chose de simplement joli ne l'intéresse pas, ce n'est pas pour autant qu'il entend rompre avec les canons académiques. Car pour Nicolas, tout ce qui n'est pas figuratif et donc nécessite une longue interprétation est une manière de distraire l'art du monde ouvrier en le maintenant dans le cénacle culturel élitiste composé par ceux qui ont les outils conceptuels pour en saisir l'essence. Nicolas n'est pas un peintre bourgeois et encore moins le peintre des sociaux-traitres comme il se plait à appeler ceux qui ont rompu le programme commun de 1981.

C'est donc du figuratif et uniquement du figuratif qu'il réalisera, se tenant loin des modes. Des œuvres immédiatement accessibles à tout le monde. Au travers de ses toiles souvent de grandes dimensions, il interpelle le visiteur, il capte le regard, il dérange, il rappelle comme il dit souvent que derrière les promesses vaines du libéralisme, il y a le travail, la peine et la sueur des hommes. Ce que l'on vend ne l'intéresse pas, ce qui le passionne c'est comme on produit ces objets. L'usine, l'atelier, le bureau sont ses sources d'inspiration. Le peuple me passionne comme il nous l'avoue en nous dévoilant sa dernière toile "Hotesses de caisse".

Pourtant, il ne veut pas être un énième peintre glorifiant le projet communiste de manière factice. Il ne souhaite pas donner dans l'art pompier qui à force de glorifier tend à transformer les ouvriers en dieux. D'une part, il ne croit pas en Dieu évidemment, et d'autre part, il veut montrer la réalité, juste la réalité sans jamais sombrer dans la libre interprétation de l'artiste qu'il juge tout juste bonne pour ses confrères ratés qui illustrent les affiches de programmes immobiliers destinés aux banlieues bourgeoises.

Glorifier ne l'intéresse évidemment pas, ce qu'il souhaite c'est magnifier, apporter son regard d'artiste sur l'activité humaine pour la montrer telle qu'elle est. L’amplifier pour en souligner l'incomparable gloire sans pour autant la trahir en lui ôtant son cortège de douleurs. Si les couleurs de ses toiles sont souvent sombres, c'est un choix personnel car comme il le souligne, l'exploitation du prolétariat ne nécessite pas de lumières vives, ce n'est pas une fête. Et il rajoute, que ce qu'il tente de montrer c'est la grisaille des espérances déchues du monde ouvrier.

Avec de violents aplats de noirs, de gris, de blanc cassé voire parfois de ce fameux blanc sale dont il a le secret, voici comment apparaissent ses toiles, tel un maelstrom terne duquel ressort pourtant une vraie puissance. Ses toiles ont quelque chose de dérangeant. Si Nicolas maitrise à la perfection son art, c'est en esthète intelligent qu'il en détourne certaines règles, tout entier acquis à son projet.

Les visages ne sont jamais définis car c'est ainsi qu'il voit la condition ouvrière, comme un amalgame d'individus dont on aurait ôté à jamais toute singularité. Ses personnages se définissent par leurs fonctions mais jamais par des traits physiques. C'est très net dans sa toile intitulée Piquet de grève à Florange, dans laquelle le haut fourneau hyper-réaliste se dresse tel un moloch destiné à engloutir un groupe d'ouvriers dont aucun ne semble avoir de vie propre.

Nicolas se veut le peintre de la fureur mais de la fureur maitrisée, celle qui symboliserait le peuple en lutte organisé en régiments ouvriers marchant sur les quartiers habités par les exploiteurs. Chez Nicolas, tout n'est qu'élan retenu,

En revanche, on est saisi par la fidélité avec laquelle il reproduit l'outil de production. Qu'il s'agisse de machine-outils, de hauts-fourneaux, voire de de camions, la fidélité est saisissante, à la limite de la photographie. Et c'est voulu car comme il explique, dans ce monde pris en otage par un capitalisme voyou, les choses, les machines comptent plus pour le patron exploiteur que les hommes.Ce parti pris ressort nettement de son célèbre tableau Sortie d'usine ou les ouvriers ressemblent à des longues silhouettes grises à peine esquissées se détachant nettement sur le mur de l'usine.

Pourtant la couleur n'est pas absente de ses œuvres ! L'observateur notera que de-ci- delà des tâches égaient la peinture sombre. Comme Nicolas se plait à l'expliquer, il a mis de la couleur là où réside l'espoir et uniquement là, qu'ils 'agisse du fronton d'une mairie, de la façade d'une crèche, et de manière générale sur tous les bâtiments publics. Car viscéralement attaché au pactes républicain et à ses valeurs, Nicolas nous montre symboliquement et avec beaucoup d'élégance que le vrai projet, le seul qui vaille sera collectiviste et qu'il serait vain de flatter l'individu.

En revanche, pour ne pas être taxé de peintre des espoirs déçus et parce qu'il croit toujours au projet communiste, Nicolas sait aussi manier la couleur et restituer la joie. C'est ainsi que sa toile "Un soir à la section de Champigny" restitue bien et avec beaucoup de couleur, l'espérance que ces militants investissent dans ces réunions. 

Comme il l'avoue lui-même, ces saynètes sont un peu sa peinture sacrée et loin du dolorisme de la peinture religieuse qu'il aborrhe, il veut montrer que le communisme est et reste source de vie. C'est ainsi que Un dimanche à la fête de l'huma est aussi une toile plutôt gaie dans laquelle il s'est efforcé de traduire l'effervescence que les amis du genre humain mettent à se retrouver ensemble autour de ce grand projet fraternel qu'est cette fête.

On reste parfois étonné par certains détails de ces toiles. Car si l'on peut saisir son œuvre d'emblée par le tragique magistral de la condition humaine qu'elle évoque, l’épopée n'en reste pas moins humaine en s'inscrivant dans le champ historique de la lutte ouvrière. C'est ainsi que l’œil averti qui s'attarderait sur les toiles notera une masse de détails que l'artiste se plait à glisser ça et là comme autant de minuscules témoins que seuls les plus avertis saisiront. 

Effectivement, derrière l'engagement citoyen du peintre, l'humour ne tarde jamais à poindre. Ainsi, dans sa toile Séance au conseil municipal, il sest plu à remplacer les traits du président de la République, celui qu'il n'hésite pas à nommer très courageusement malgré les risques encourus "l'agent des impérialistes", par un de ses maîtres à penser : Jacques Duclos. Comme il le souligne à propos de cette toile réalisée voici déjà trois ans : je voulais dépeindre l'initiative démocratique et sociale en action et il m'est apparu que le visage de Sarkozy n'y aurait pas sa place.

Malgré les emprunts multiples aux luttes sociales du passé, Nicolas n'est pas passéiste comme en atteste l'une de ses dernières œuvres totalement en phase avec l'actualité. Effectivement, la toile Justice sociale, met en scène un contrôleur des impôts en train de vérifier les comptes d'un évadé fiscal surprend par sa terrible actualité. 

Nicolas nous montre qu'au-delà de l'art qualifié de bourgeois, l'artiste peut aussi être un vrai citoyen concerné par les luttes sociales et engagé aux côtés du peuple. Aujourd'hui, Nicolas obtient la reconnaissance. Adulé par les médias, ses toiles s'arrachent. Pourtant loin de sombrer dans l'ivresse de la gloire, il sait rester lucide car comme il l'explique un peu tristement : hélas je n'aurais jamais la médaille d'artiste du peule de l'URSS.

Rétrospective : Nicolas, peintre de la lutte sociale à la Mairie de Paris.


Où l'on reconnait enfin mon talent !


Dire que ce patient était une purge serait injuste. En parler vulgairement comme d'un casse-couilles serait aussi exagéré. Ce n'était qu'un cocaïnomane invétéré avec tous les troubles du comportement induits par cette substance : débit de paroles accéléré, fuites des idées, impossibilité de tenir en place ou de se concentrer plus de dix secondes d'affilée. Et encore, la cocaïne a bon dos dans la mesure où une partie de ces comportements devaient préexister avant qu'il ne se mette à prendre. Il y a des gens comme ça ! Autant je suis un calme, une sorte de moule sur son rocher, autant d'autres individus sont évidemment différents de moi, lui s'étant révélé très très différent de moi.

Le type s'est révélé très intelligent, intuitif, rapide à percevoir les situations et plutôt joueur avec un côté sale gosse qui l'amenait à provoquer, à mettre en doute à la manière du petit con qui s'acharne à saboter votre pouvoir et à s'en prendre à votre statut. D'abord en chamboulant les usages pour tenter de se rendre maitre de la situation dans le genre "c'est moi qui paye alors je décide" puis en s'ingéniant à foutre en l'air tous les progrès que l'on aurait pu obtenir parce qu'il ne se serait pas agi d'admettre qu'un psy, un pauvre connard de psy, puisse avoir raison. A coté de cela, j'admets que ce patient était attachant, avec un bon fond et vraiment amusant. 


Comme j'étais un peu le énième psy qu'il voyant et que je voulais mériter mon surnom de psy de la dernière chance, je me suis accroché. Non que je sois offensif parce que j'ai horreur de ça mais plutôt très bon en défense, dans le genre donjon imprenable. On peut taper, me faire chier, tenter de me faire tourner en bourrique, je tiens bon. On ne peut pas dire que je sois doté des derniers raffinements technologiques mais j'aurais pu être un bel exemple d’architecture militaire philippienne : dans le genre massif et constitué de grosses pierres bien maçonnées ! Autant vous dire qu'il pouvait taper encore et encore, même pas mal !

Il me retenait toujours deux heures pour déjeuner parce qu'il avait décrété que le cabinet n'était pas le lieu propice pour parler. J'aurais pu refuser mais je le sentais venir alors qu'à cela ne tienne, on a déjeuné avec des menus à base de langouste et de premiers grands crus classés. Il avait du blé et voulait jouer les malins et moi j'aime bien bouffer alors pourquoi m'en plaindre ? Bien sur sur les deux heures, quand on parvenait à parler de lui un quart d'heure, c'était le maximum. Mais au moins il venait. Bon, au début il m'a planté mais je m'en foutais puisque, comme je lui disais : "moi je suis payé même s'il ne vient pas et je ne me drogue pas".

Comme il a vu qu'il ne parvenait pas à m'énerver finalement il est venu aux rendez vous. J'ai toujours passé d'excellents moments parce que même si ce n'est pas le patient classique, j'avoue qu'on a bien rigolé. Et puis ce qui m'amusait, c'était aussi de marquer des points sans qu'il le sache. De temps en temps, on parlait de la cocaïne et je restais évasif de manière à lui montrer que quand il voudrait arrêter, il arrêterait que c'était un peu comme la clope pour moi. Et perfidement, tirant une flèche assassine d'une des meurtrières de mon donjon, je lui expliquais qu'alors que cent pour cent des fumeurs de chopais pas un cancer du poumon, en revanche, cent pour cent des gros cocaïnomanes comme lui finissaient par claquer d'une crise cardiaque.

L'idée de mourir à quarante ans d'une crise cardiaque ne l'enchantait guère même si je lui rappelais que c'était arrivé à Joe Dassin et que les gens l'appréciaient encore trente ans après sa mort. Il me répondait qu'il n'avait pas envie du destin de Joe Dassin. Alors perfidement, je rajoutais que son fils était très mignon et que je l'imaginais bien comme John-John Kennedy en train de saluer devant le cercueil de son papa. Là il tirait un peu la tronche mais perfidement encore, avec une sorte de délectation macabre, je lui sortais la célèbre photo du gamin sur mon iphone pour lui montrer en lui disant "tu avoueras que c'est touchant et très classe autant de dignité chez un gosse".

Là je sentais que j'avais gagné des points. Mais bon, si j'avais fissuré ses défenses, le gaillard tenait encore debout et n'était pas prêt à se rendre. Qu'à cela ne tienne, né sous le signe du temps je suis patient. Vint un moment où il me proposa de recevoir son épouse afin de la rassurer. C'était marrant dans la mesure ou j'avais l'impression de rencontrer sa mère qu'il faudrait rassurer. Mais, pourquoi pas si cela pouvait me permettre de gagner du temps pour le traiter. Un divorce à ce moment là n'aurait pas été génial pour mes affaires car il aurait trouvé un prétexte pour prendre encore plus de cocaïne !

J'ai donc reçu madame qui est restée très froide et m'a demandé si déjeuner avec son mari, le tutoyer, etc., était bien conventionnel et si je pensais obtenir des résultats en copinant ainsi outrageusement avec lui ? J'ai juste répondu que n'étant pas psychanalyste, je me tapais du transfert et contre-transfert et que le tutoiement n'était pas un obstacle dans certains cas et ce d'autant plus que son mari et moi n'avions que quelques années de différence. Et puis j'ai rajouté que de toute manière si j'adoptais la même attitude que les confrères qui m'avaient précédé avec le résultat que l'on connait, ce ne serait pas bien malin. Et puis j'ai expliqué que j'avais bon espoir parce que je visais toujours les cent pour cent de réussite. Elle n'a pas semblé convaincue mais bon, elle avait vu ma tronche et me dire un peu tout le mal qu'elle pensait de moi. C'est bien de vider son sac.

Donc, le patient et moi nous sommes revus semaine après semaine avec quelques intervalles durant lesquels pour x ou y raison il ne venait pas. J'ai trouvé quelqu'un pour l'emmener aux NA. J'attendais pas mal de ces réunions dans la mesure où confronté à des gens ayant eu le même problème, il n'aurait plus pu jouer le beau et se retrancher derrière des excuses foireuses pour se droguer. Après être avoir foiré tous les rendez-vous, il est allé à une réunion puis je crois, mais je n'ai jamais demandé pour lui laisser du champ et respecter sa fierté, à d'autres réunions. Alors ça a du jouer et puis aussi le temps qui fait son oeuvre et bien sur le fait qu'à la longue on se lasse de tout même des meilleures choses et que si la cocaïne c'est rigolo, à la longue ça pourrit la vie, ça lasse les gens et que l'étiquette toxico n'est pas si facile à vivre. 

Bref, d'après lui, il a tout arrêté et je suis tenté de le croire. Bon, de temps à autre, il a replongé pour prendre un gramme ou deux mais le cœur n'y était plus, les effets non plus. Et puis moi, j'avais trouvé sa faille et je l'exploitais avec délice. Quand il me parlait de ça, je mimais le petit John-John devant le cercueil de son père, la main sur la tempe en lui disant "tu verras ça aura de la gueule tes obsèques !". Voilà, il a fini par arrêter.

Et puis voici peu, il m'a invité à son anniversaire où je me suis avec mon épouse rendu parce qu'on se connait bien et que l'on s'apprécie. Là, je l'ai trouvé toujours un peu égal à lui-même mais plus calme et manifestement clean. On a bien rigolé et à la fin de la soirée, je vois madame arriver vers moi. Son épouse est jolie mais ce n'est pas Soeur sourire ! En plus comme elle pense que je suis un gros con, elle n'a pas vraiment de raisons de sourire en me voyant. Lors d'une autre réception chez eux d'ailleurs, elle m'avait à peine salué et pris le bouquet que je lui tendais pour le poser sur la table sans même le regarder. J'avais alors dit que c'était sympa de ne pas me l'avoir jeté dans la gueule !

Mais là, elle semblait changée. Elle avait un peu picolé et titubait sur ses talons quand elle s'est approchée de moi. Elle m'a alors dit qu'elle profitait du fait qu'elle ait un peu bu pour me remercier et avouer qu'elle s'était trompée. Comme je ne saisissais pas vraiment, elle m'a expliqué que son mari avait cessé depuis trois moi la cocaïne et qu'elle était ravie, qu'elle le retrouvait et que donc elle s'excusait d'avoir douté et qu'elle me remerciait. Moi bon prince, je l'ai remerciée aussi de me remercier en lui disant que c'était touchant bref c'était la vraie séquence émotions dont rêvent les producteurs.

Et puis après elle m'a dit "pourvu qu'il tienne" et moi j'ai répondu qu'il tiendrait, que j'en étais persuadé. Et elle a rajouté qu'elle espérait que j'aie raison alors moi bien sur, parce qu'il fallait bien que j'ouvre ma grande gueule, parce que sous mes aspects humbles et calmes en fait je suis une super boule de concentré d'orgueil, j'ai répondu que j'avais toujours raison et qu'elle était bien placée pour le savoir !

23 septembre, 2013

Mère et soupente !


Bon, le titre de cet article est totalement stupide au premier abord. Mais qu'est ce que ça veut dire "mère et soupente" d'abord ? On cherche un sous entendu grivois, un double sens intelligent et finalement on se dit qu'on ne comprend pas.

Alors je m'explique. En fait au moment j'ai pensé à la soupente, je voulais écrire un article sur les mères. Et je me suis dit que comme je n'aurais pas grand chose à dire sur les mères, enfin pas en général mais cette fois-ci, et pas vraiment beaucoup de choses à écrire sur les soupentes, je pourrais lier les deux. D’où le titre un peu curieux quand on ne sait pas qu'en fait, c'est ma manière de faire deux petits articles en un seul plus grand.

Alors commençons par les mères. Comme je le disais, parfois je reçois les mères de mes plus jeunes patients ou bien elles me téléphonent. Ca les rassure d'entendre dire que leur fiston ou leur fistonne (ça se dit ?) vont bien et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Je prends alors ma plus belle voix de basse, je jargonne et zou, je rassure maman qui ne sera plus un poids pour ledit fiston ou ladite fistonne (on dirait que ça se dit).

Tout se passe généralement bien sauf quand le fiston ou la fistonne vient du blog. Parce que parfois ils ont l'idée de dire que leur psy a un blog. Alors c'est très gentil de leur part dans la mesure où c'est sans doute destiné à rassurer la mère. Or, le problème vient souvent du fait que la personne qui me consulte à partir du blog est un lecteur(trice) récurrent(te) et non un lecteur occasionnel, c'est à dire quelqu'un capable de discerner le sérieux dans le fatras de bêtises, capable de voir qu'au-delà des photos de marcassins, je suis aussi capable de réflexion sur certains sujets. 

Or, lorsque maman tombe chez moi, elle le fait sous le coup de l'impulsion et là où elle pensait tomber sur un truc carré, bien mis en page et super sérieux, elle se retrouve parfois sur n'importe quel article, par exemple le précédent dans lequel j'aborde le petit bleu de Gascogne. Et là, l'impression est désastreuse ! Elle pense tout de suite "mais qui c'est ce con" enfin pas exactement en ces termes mais un peu tout de même. Les plus sérieuses tentent de lire autre chose, certaines n'accrochent pas à mon style plutôt fait pour les hommes et les femmes de tête et hop, me voilà définitivement classé parmi les dingues alors que je ne le suis pas. Et j'aurais beau faire et dire et jurer que je suis un mec sérieux pour qui son blog n'est qu'une détente, elles s'en foutent. Un blog, ce doit être comme une chambre à coucher, rangé et ordonné avec aucun jouet qui traine, à fortiori aucun marcassin !

Par exemple la semaine dernière j'ai reçu la mère d'un patient qui s'inquiétait. On papote, on papote et je me dis que ça à l'air de rouler. Surtout qu'en plus j'avais passé l'aspirateur le matin même et fait les poussières pour qu'elle n'ait pas l'impression de tomber chez Gros Dégueulasse. Je jargonne, je fais le type intelligent, j'envoie du lourd. Jusqu'à ce que la mère en question me dise que son fils m'a connu via mon blog. Et qu'elle rajoute "je suis allée voir". Et là, ça fait comme un froid. Bon, au fond de moi, je m'en fous et je rigole mais bon,  je me dis que pour un entretien destiné à la rassurer, ce n'est pas gagné. 

L'espace d'un moment je me dis que si elle a vu les photos de marcassins, elle n'a peut être pas saisi l'essence du running gag comme disent les ricains pour ne retenir que la stupidité des propos ! Et puis, mélanger le grave et le drôle, le sérieux et le rigolo, ce n'est pas toujours apprécie, un peu comme si maître de cérémonies à des obsèques je sortais face au cercueil "au fait vous la connaissez celle de la pute qui ...". Faut pas tout mélanger c'est vrai ! Mais bon, elle m'a quitté en souriant et je pense l'avoir convaincue. Au pire, je m'en fous le mouflet est majeur ! Je l'ai aussi reçue pour faire plaisir.


Bon le sujet des mères étant clôt, abordons les soupentes. Il se trouve qu'une fois publié l'article, je file vite voir sur le blog voir s'il est bien sorti et s'il rend bien au niveau mise en page. Et là, je m'aperçois qu'à peine publié, zou, les lecteurs apparaissent sur le compteur de visites ! Je vois, un, deux, trois quatre, dix lecteurs parfois annoncés. J'ai l'impression d'être au bord d'un bassin, d'avoir appaté et de voir les tits poissons venir à moi. C'est magique !

Je me dis que c'est moi qui ai fait tout ça et j'en suis tout retourné, là assis devant mon Imac dans ma pauvre soupente ! Une larme coule sur mon beau visage et je me dis que bloguer est décidément une bien noble activité ! 

Bon, voilà pour les soupentes, c'est terminé.

Un blog permet à l'êre dénué de talent de croire qu'il écrit une oeuvre
Honoré de Balzac

Scoop !

Allez, on arrête tout, on stoppe les rotatives, on détruit les journaux déjà imprimés et on refait la une ! On savait que le chien était le meilleur ami de l'homme mais on vient de découvrir que le chien pouvait aussi être le meilleur ami du marcassin ! 

On avait tous en tête l'image d'une meute de petits bleus de Gascogne, courant après un sanglier au cours d'une partie de chasse. Et bien ce n'est pas toujours vrai ! 

D'ailleurs, pour ceux qui ne le savaient pas, un petit bleu de Gascogne est un chien de chasse et non un fromage ! Oui, on en apprend toujours ici !

Chien et marcassin !
Petit Bleu de Gascogne !
Bleu d'Auvergne Normal !

Message personnel !

Bon alors, voilà, il y a un lecteur qui m'a laissé un commentaire en m'expliquant qu'il ne fallait pas le publier mais le contacter à l'adresse qu'il donne, sauf que cette adresse ne fonctionne pas. Alors voilà où il peut m'écire et où l'on peut m'écrire en général vu que cette adresse ne lui est pas réservée :

pa6712@yahoo.fr

Sinon, en glandant sur la toile, j'ai noté que bien des blogs m'avaient mis en lien. Je les remercie, cela me touche beaucoup car je vous trouve beaux et intelligents de m'apprécier ainsi. Sachez que si je ne vous ai pas mis moi-même en lien, ce n'est pas par mépris mais par manque d'organisation chronique. Je le ferai quand j'y penserai le problème étant que quand j'y pense, je me dis que je le ferai demain et que je ne le fais pas le lendemain, ce qui fait que je ne le fais jamais. Alors, si vraiment vous voulez un lien, dites le moi en commentaire ou par mail et je vous promets de le faire.

Sinon, je préviens Alex que c'est Nico qui a les clés du camion et qu'il les a déposées chez Chaton. Si il n'est pas chez lui c'est qu'il prend une pinte chez Zezette le bar en bas !

Voilà, j'ai tout dit !



"Message personnel" de Françoise Hardy, une chanson de quand j'étais petit (1973) et qui colle avec le titre de mon article ! Pas con le mec hein ?!

Ben alors ! Que font les psychanalystes ?


Allons, le souvenir est encore vivace même si lui pensais sans doute être un homme d'état ne restera pas vraiment dans les annales de notre histoire. De qui puis-je donc parler ? Voyons ! De Nicolas Sarkozy bien sur. Certes, comme un bel épouvantail, toutefois un peu mité, il continue de servir occasionnellement quand il s'agit pour le gouvernement actuel que ce n'est pas de sa faute mais de celle de Nicolas Sarkozy. 

Parfois aussi, quand je discute avec quelques socialistes que je connais, ils me reparlent de lui, un peu comme si le détester et le calomnier avait été le combat de leur vie. Alors que soyons francs, tout le monde l'a oublié Nicolas ! Il a beau avoir une barbe de trois jours et trainasser çà et là,  à la manière d'un personnage du cinéma muet persuadé de tenir le premier rôle, tout le monde s'en fout de lui, il est passé à la trappe de l'histoire. Il faut vraiment être un journaliste politique pour s'en soucier et lui donner de l'importance. Voir en Nicolas un personnage providentiel capable de nous sauver, c'est vraiment n'importe quoi ! Certes, même si l'on sait qu'en politique on ne meurt jamais, il n'en reste pas moins que l'oiseau a du plomb dans l'aile et qu'il se passera sans doute un paquet d'années avant qu'on l'oublie, et encore ...

A cette époque, et je me souviens que cela m'avait grandement choqué, tout ce que la gauche comptait de psys renommés, essentiellement des psychanalystes d'ailleurs, s'étaient penchés sur le cas Sarkozy, que dis-je s'étaient jetés telles des hyènes sur le cas de ce pauvre homme. Pourtant, nul n'était besoin d'être un grand clinicien pour percer les mystères de Nicolas, ses failles narcissiques béaient telles des fissures dans bâtiment menaçant ruine. Et puis, j'avais trouvé le procédé assez peu déontologique dans la mesure ou ce que l'on perçoit ne devrait pas dépasser le cadre d'une conversation privée. Est-ce que ces psys auraient aimé qu'on jette en pâture leur psyché sur la place publique. Et les voici, eux prêts à s'indigner de la téléréalité, faire de même en rendant public ce qui aurait du relever de la seule intimité.

Manifestement, cette analyse publique sera restée une mode éphémère puisque je n'ai pas le souvenir d'avoir lu quoi que ce soit sur la psyché de notre nouveau président. Certes François Hollande est moins haut en couleurs que l'ancien président et on aurait beau chercher, fouiller et triturer sa psyché, on ne trouverait rien de plus que ce que présente n'importe lequel des conseillers généraux un peu habile et ambitieux depuis la troisième république : de l'ambition, de la petite magouille politicienne, de l'impéritie nageant finalement dans un bon fond. D'ailleurs la crise syrienne est là pour le prouver, Hollande est très vite dépassé dès qu'il joue dans la cour des grands.

On pouvait haïr Sarkozy mais le peut-on de Hollande ? Certes, les plus paranoïaques jureront que son sourire niais n'est que façade mais qu'en fait il n'est que duplicité, je n'en crois rien. Je peux certes me tromper lourdement et me laisser abuser par un sociopathe qui ne se déclarera que plus tard, mais je crois finalement que Hollande n'est une sorte de Jérome Ozendron, le personnage fétiche des albums de Lauzier, un manipulateur au petit pied, qui contrairement à l'anti-héros de la BD, aura réussi à la faveur d'un immense coup de pot. Hollande, c'est un peu le pote que vous retrouvez trente ans après et dont vous découvrez qu'il est devenu PDG d'un grand groupe alors que dans votre souvenir, c'était uniquement un bon élève doublé d'un gros nul. C'est le mec qui vous fait vous dire : "putain si j'avais su, j'aurais plus bossé parce que j'étais vraiment mieux que lui".

Alors c'est vrai que pour un psy, un qui aimerait la psychopathologie, la psychodynamique, qui adorerait démonter pour voir comment ça marche, François Hollande n'est pas le jouet idéal. Son mécanisme, à l'instar de celui d'un réveille-matin à remontage manuel, est un truc connu voire archi-connu, c'est simple et sans surprise, avec des ressorts et de bêtes rouages, même si finalement ça tourne bien puisqu'il occupe la plus haute marche de l'état.

Bref, on s'en tape un peu et c'est le drame. On adorerait se passionner pour un machiavel et on ne se passionne que pour ses manches trop courtes, ses gaffes et sa cravate de travers. Je comprends donc que mes confrère ne se soient pas jetés comme la misère sur le monde sur le cas de notre bon président. D'ailleurs, c'est à se demander si ce brave type n'est pas juste là pour la figuration et si d'autres ne gouvernent pas en sous-main !

En revanche, parmi la brochette de ministres, sous-ministres et sous-sous-ministres, l'un d'eux se détache du lot. Qui donc ? Allons, vous l'aurez tous deviné puisqu'il s'agit de Manuel Valls, dénommé Manuel Gaz par certains manifestants ou Manolito par les intimes. Pourtant, à moins d'être affligé d'une grave myopie sans correction, n'importe qui aurait remarqué les points communs entre notre ancien président et notre ministre de l'intérieur. 

Qu'il s'agisse de taille, de tics, de grande gueule ou du positionnement politique à géométrie variable (le plus à droite s'ouvrant à gauche ou le plus à gauche pratiquant une politique soit disant sécuritaire de droite), de goût pour les sondages, l'un et l'autre semblent avoir hérité des mêmes options. S'agissant de voitures, quelqu'un de bien plus méchant que je ne le suis nous aurait explique que l'un et l'autre nous font penser à ces petites anglaises que produisirent les firmes britanniques avant de sombrer : un moteur ancien gavé par deux gros carburateurs SU dans une petite carrosserie marrante, toujours dans les tours mais hélas dénuées des dernières options en matière de sécurité (suspensions indépendantes, ABS et airbags), avec une fiabilité très relative, toute une époque et sortie de route assurée ! Sortie de route en 2012 pour Nicolas et sans doute prévue en 2017 pour Manuel dont je suis à peu près sur qu'il ne sera jamais président.

Bref, voici un ministre de gauche qui ne cesse de parler de pacte républicain, à moins qu'il ne s'agisse de valeurs républicaines (qui sont les notres) ou de contrat social mais reste perçu comme étant le plus à droite par les gens de gauche comme (parait-il) les gens de droite et pas un confrère pour se jeter sur un homme pareil que dis-je, un phénomène pareil ! Pour se demander ce qui peut l'animer, ce qui peut lui faire prendre un chemin puis un autre, passant un jour du racisme pur jus (selon les normes en vigueur) au combat antiraciste peu après ! Moi, benoîtement, j'aurais tendance à me dire qu'un homme capable d'autant louvoyer sans se planter, de donner le change avec une telle maestria aux gens de droite comme à ceux de gauche, suit vraiment une trajectoire étonnante méritant une analyse minutieuse de sa psyché.

Son parcours politique atypique méritait aussi une étude minutieuse car il est rassurant de savoir que l'on peut ne pas avoir fréquenté ni l'IEP Paris ni l'ENA et pourtant s'en sortir dans la vie politique. Ce que c'est que d'avoir des amis qui vous aident et vous forment. C'est dans ces moments là que je me dis que si je n'avais pas fréquenté autant d'abrutis sympathiques au demeurant, moi aussi j'aurais pu être ministre. Je n'aurais pas de C6 avec cocarde, je me contenterai de ma Visa, après tout les deux voitures sortent de chez le même constructeur, c'est une consolation dans mes moments de spleen.
Mais bon ce que j'en dis. D'une part, je ne suis pas chargé de faire la psychanalyse des membres du gouvernement et cela tombe bien puisque je ne suis pas psychanalyste. De plus, je l'avais dit à l'époque, je trouve un peu médiocre de jeter ces analyses en pâture. La psychiatrie russe telle qu'on la pratiquait dans l'ex URSS n'est pas ma tasse de thé. Enfin, je ne suis pas assez fou pour m'en prendre à un ministre de l'intérieur ! Autant Guillaume Garot ou Frédéric Cuvillier (je ne les connaissais pas voici une minute, je suis allé pour voir leurs noms), j'osais direct et je sortais ma rapière, autant Manuel Valls, j'avoue avoir un peu peur ! Mais bon, avouons le, comment faire un bon papier en parlant d'illustres inconnus, fussent-ils nourris à nos frais.

J'avoue donc ma lâcheté et je me prosterne devant les puissants. Je n'ai tout de même pas une âme en carton mais tout juste en fer blanc, et certainement pas en acier. Alors, sachez monsieur le ministre de l'intérieur que je vous aime beaucoup. Je n'ai déjà pas participé aux manifs pour tous, évitant en cela d'être mis en garde à vue, ce n'est pas pour me fâcher sur un blog en livrant à l'appétit morbide de quelques voyeurs les secrets de votre psyché que je pourrais discerner.

En plus, c'est vrai, et là ce n'est que mon sentiment et non pas de la psychopathologie, qu'il inspire plus la crainte que Nicolas Sarkozy. Autant, tchatcheur comme je puis l'être, j'aurais trouvé un terrain d'entente avec Sarko que je suis sur que face à Manuel, je suis mort à moins qu eje ne prenne le maquis car on a pu constater qu'en Corse, ce n'était qu'entouré d'une garde impressionnante que notre matamore se déplaçait, se contentant de prononcer son discours dans l'enceinte d'une gendarmerie. Mais, comme je n'ai guère envie de passer des années proscrit dans une bergerie oubliée sur les contreforts du Cinto, je préfère me taire.

Certes, peut-être que le fait que la presse soit de son côté y est pour quelque chose ? On se sent isolé parfois dans un combat quand on a face à soi un ministre, la police, la justice et les supplétifs de la presse. Ça parait peut-être idiot mais c'est plus facile de hurler avec les loups ! Et puis je vous avoue que les coups de menton mussoliniens quand il parle, moi ça me fait frémir ! Et puis parler en France devient assez compliqué, quand ce n'est pas un ministre qui vous tombe dessus, ce peut être une association, ça a vite fait de vous ruiner de raconter n'importe quoi. Alors, pas de psychanalyse hâtive pour monsieur le ministre dont vous ne saurez rien, du moins rien qui ne vienne de mon analyse au cas ou j'aurais pu en faire une !

En conclusion, sachez que je vous apprécie beaucoup monsieur le ministre de l'intérieur ! Me gusta mucho ! M'agrades molt ! Voilà ceci étant dit en français, espagnol et catalan, s'il ne comprend pas que je suis son fan inconditionnel, ce sera vraiment dommage !

En attendant, j'attends que les mêmes illustres confrères qui firent leurs choux gras de l’inconscient de Nicolas Sarkozy fassent de même avec celui de ce ministre.

Moi !

Satan est de retour !


Chacun de nous connait la phrase de Baudelaire issue de ses Petits poèmes en prose qui explique que la plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas. Chacun de nous, du moins ceux possédant un peu de culture et connaissant cette citation, trouvait après une seconde de réflexion qu'elle était fine et pleine de bon sens. Puis, on n'y pensait plus parce que justement, le diable, Satan ou quelque soit le nom qu'on lui donne, n'a plus vraiment droit de cité dans notre monde moderne. Aujourd'hui, les forces de l'enfer prennent plus l'apparence d'une centrale nucléaire ou de semences de Monsanto que celle d'un diable cornu aux pieds fourchu.

Bien sur, on lui permet d'exister occasionnellement dans quelques films quand on a envie de se faire un peu peur en voulant croire l'espace d'une heure et demie que l'on ne connait pas tout du monde qui nous entoure mais que des forces pourraient être là tapies dans l'ombre. Alors, on frissonne un peu en regardant la tête de la petite fille tourner à 360° tandis qu'elle profère des insultes d'un ton guttural et puis on l'oublie.

C'était chose vraie jusque là car croyez-moi, psy installé à Paris, si j'avais pensé que l'on m'aurait parlé du malin, je ne l'aurais pas cru. Ou alors j'aurais imaginé que de telles paroles émaneraient de quelques individus confits en dévotion à la mode américaine prompts à voir le diable partout (hutterers, amish, etc.) mais jusqu'à présent aucun patient n'est venu me voir en carriole. Il aurait pu aussi s'agir d'individus atteints de pathologies graves (paranoïaques, schizophrènes, etc.) et encore eut-il fallu qu'il s'agisse de grands délirants, lesquels ont bien peu de chance de se retrouver dans mon cabinet puisqu'ils sont détectés bien avant du fait de leurs conduites bizarres.

Bref malgré une éducation religieuse accomplie à Sainte-Marie au cours de ma scolarité, pour moi comme pour tant d'autres, Satan c'était un peu le pauvre type, un pauvre acteur cachetonnant de-ci delà, tout juste bon à effrayer des âmes simples. Au pire, je le revêtais des oripeaux du diablotin qui me pousse à reprendre d'un plat trop riche alors que je ne devrais pas ou à acheter un paquet de clopes tandis que je sais que je pourrais me contenter de ma e-cigarette. Bref, Satan pour moi c'était juste le laisser-aller des âmes, si ce n'est en carton, du moins en fer comme la mienne et non en acier comme j'en ai rêvé plus jeune.

Et paf, voici que Satan se rappelle à moi en juin dernier. Et une fois encore, il ne s'agit pas des radotages d'une pauvre vieille femme que l'on traite habituellement de grenouille de bénitier ni même d'un fou délirant la bave aux lèvres. Du tout ! Celui qui me parle de Satan que j'avais fini par oublier et auquel je ne pensais jamais est un jeune patient d'un peu moins de trente ans. On se connait bien et il se permet d'être libre avec moi. La séance était finie et comme j'avais un peu plus de temps que d'ordinaire du fait d'un rendez-vous suivant annulé, lui et moi nous mettons à papoter de tout et rien.

Notre discussion dérive sur l'état du monde et principalement sur l'état de la France. Et là ou mes petits camarades libéraux et anarcho-droitistes (ça se dit ça ?) voient plutôt dans les errements de la classe politique, la preuve de son impéritie crasse, de son amateurisme et de sa seule volonté de remporter les élections pour se maintenir coûte que coûte, voici que mon jeune patient soudain devenu grave m'explique que c'est bien plus compliqué et simple que cela et qu'il me sort "Satan est déchainé". 

Tandis que je lui demande de préciser son point de vue, il m'explique très doctement que la nature du mal à changé. Il ne s'agit plus d'une prédation normale, celle que tout un chacun a déjà vécu (avoir plus et.ou avoir ce que l'autre possède) mais d'un mal plus sournois et incomparablement plus dangereux, une véritable volonté de destruction. Tandis que l'on connaissait cette cupidité que Marx a mis en musique dans son concept de lutte des classes, il s'agit là de quelque chose qui dépasse de loin cet antagonisme entre être et avoir, entre épanouissement et amassement ou spiritualité et matérialisme. 

Selon mon jeune patient, il ne s'agit plus de combattre nos vilains penchants mais beaucoup plus d'affronter le mal en lui-même, cette distinction que les juristes américains font entre malum prohibitum et malum per se. Le premier se définissant par le fait que le mal résulte du non respect d'un interdit, lequel peut être juste ou non, tandis que le second, le fameux malum per ses résulte d'une action mauvaise en elle-même au delà de tous critères légaux. C'est l’opposition entre le "jussum quia justum" and "justum quia jussum,"le fait de faire quelque chose parce que c'est juste et celui de faire une chose parce que c'est exigé.

De fait cette distinction est importante car l'un tout en étant préjudiciable est moins grave que l'autre. Ainsi on peut imaginer que le diable revêt plusieurs  acceptions, lesquelles sont plus ou moins graves car plus ou moins liées à notre condition humaine. Celui que l'on connait le mieux est indiscutablement lié à ce que nous sommes, c'est lui qui nous pousse à boire plus que de raison, à vouloir plus, à nous droguer, etc. Il reste finalement éperdument humain dans la mesure où il nous pousserait à n'être qu'humain c'est à dire à nous défier de toutes les vertus cardinales que sont la sagesse, la tempérance, la justice et la force (de caractère). C'est finalement, celui que je combats dans les thérapies. A ma manière, je suis un petit exorciste !

En revanche, l'autre part cachée du diable, celle que l'on connait le moins, celle qui échappe à notre entendement, celle que l'on présente dans les films d'horreur, n'a d'autre fin en soi que de combattre Dieu et d'imposer le royaume du monde en lieu et place du Royaume des cieux. Il n'a plus pour objectif de nous pervertir nous, en tant qu'êtres humains en nous détournant des vertus cardinales mais bien au contraire de mener un combat surnaturel qui nous dépasse.

Dans une certaines mesure, si l'on ramenait cette curieuse conversation à propos du diable à la psychopathologie, on pourrait dire que le diable que l'on connait le mieux est celui qui fait perpétrer un assassinat par jalousie, cupidité et de manière générale sous l'emprise de passions malsaines. L'autre partie, ce Satan dont parlait mon jeune patient, c'est cette partie diabolique que l'on retrouve chez certains malades mentaux dont on ne comprend pas le mobile alors même qu'ils ne sont pas fous au sens premier du terme c'est à dire pas privés de raison.

C'est la question que durent se poser les confrères qui analysèrent le cas de la petite Marie Bell lorsqu'en 1969, alors âgée de onze ans seulement, elle assassina deux très jeunes enfants après les avoir torturés. L'un d'eux, le docteur Orton expliquera ce qu'il ne peut que constater sans justement en trouver les raisons : "cette enfant offre tous les symptômes de sociopathie à un degré que je n'avais jamais constaté chez un être si jeune. Elle est dénuée de tous sentiments comme si elle était extérieur au genre humain".

C'est de ce diable là dont me parle mon jeune patient. Il ne s'agit plus de Moloch mais de Satan selon la distinction classiquement faite. J'ai évidemment conscience de la nature de ce texte et moi habituellement plutôt prompt à me défier de la supercherie et encore plus de la superstition, je crois peu ou prou adhérer à la vision de ce jeune patient. Du moins quand j'y pense car je suis trop dans la praxis pour réfléchir à ce point.

Le plus étonnant est qu'en septembre, tandis que je discutais avec un autre patient, du même âge que moi et exempt de toute pathologie grave, il me fit à peu près la même réflexion concernant le diable. Et alors que je lui expliquai que quelques mois avant un jeune patient m'avait dit être persuadé que Satan était déchaîné, ce patient me dit qu'il en était lui-même persuadé. Qu'après avoir analysé différentes crises et prises de position sur différents sujets, il était persuadé qu'il ne s'agissait plus d'erreurs mais bien d'une sorte de plan concerté, d'actions concrètes. Je crois que peu ou prou, il m'expliqua qu'à un certain degré d'erreurs et d’errements, on pouvait invoquer l'erreur ou ma bêtise mais qu'une suite ininterrompue d'erreurs ne pouvait être due qu'à un plan ourdi consciencieusement.

J'avais déjà eu cette discussion avec un vieux psychiatre de mes amis, hospitalier et peu enclin à sombrer dans les délires mystiques. Et lui même avait admis qu'à certains moments de sa longue carrière, face à l'inexplicable, il avait eu la nette impression d'avoir à faire au mal à l'état pur.

Quant à moi, bien que j'accueille ces discussions avec tout le sérieux nécessaire, j'en resterai à ma lutte contre les démons mineurs, ceux qui font picoler plus que de raison, ceux qui font se droguer, redouter l'avenir ou s'abattre dans le désespoir. Je ne me sens pas de taille à lutter contre Satan, pas encore ...


Mary Bell !


Point de rupture !


Il est habituel d'entendre les gens se plaindre des forces de l'ordre. Soit qu'on leur reproche de ne pas faire suffisamment bien leur travail, soit qu'on les accuse au contraire de trop bien faire leur travail. Cependant, les griefs à l'encontre de la  Police émanaient habituellement plus de certaines catégories de la population ayant maille à partir avec elle compte tenu de leur comportement : étudiants chevelus, racailles, manifestants récurrents, etc. Bref, lorsque les coups de matraque et les gardes à vue pleuvaient sur la clientèle habituelle, les bonnes gens ne s'en souciaient pas plus que cela. Ces bonnes gens, bourgeois petits ou gros, bien établis considéraient que les forces de l'ordre remplissaient justement bien leur mission consistant à ... maintenir l'ordre.

Et puis, vint le mandat de Nicolas Sarkozy et les procédures et les "violences policières" augmentèrent en flèche. Ce n'était plus les mêmes qui étaient visés mais chacun de nous, qui au détour d'un banal contrôle de police, pouvait se retrouver menotté au radiateur d'un commissariat comme un vulgaire malfrat. Je ne saurai sans doute jamais ce qui incita notre président à donner de tels ordres. 

Sans doute que Sarko l'américain, inspiré par ce qui se passait outre-atlantique et grand admirateur de l'Amérique avec un très grand A, se dit qu'il pourrait faire la même chose chez nous et que notre bonne vieille habitude de nous engueuler avec un flic, que l'on pouvait respecter sans toutefois le craindre, n'était plus de mise dans un monde moderne procédurier. Et comme ma profession est en prise directe avec le réel, je me mis à entendre de bons bourgeois, des gens au dessus de tout soupçon, se plaindre des force de l'ordre comme s'il s'était agi de n'importe quel gauchiste. 

Quoique que le gauchiste n'ayant jamais vraiment aimé la police se soit trouvé sans doute moins violent envers elle, dans la mesure ou il n'en attendait rien de bien. En revanche, notre bon bourgeois qui après des décennies de bonne cohabitation avec un corps chargé de veiller sur lui et ses biens, s'est trouvé bien dépourvu lorsqu'il a constaté qu'il serait dorénavant traité comme un malfrat, voire pire, étant entendu que lui était solvable et beaucoup plus craintif. 

Alors que la police et la grande majorité des citoyens avaient vécu en relative bonne intelligence depuis quelques décennies, voici que Nicolas Sarkozy, aveuglé par l'Amérique et ses pratiques, transforma un maintien de l'ordre plutôt bonhomme en quelque chose qui ne nous ressemblait plus. Le gardien de la paix, et toute sa mission était contenue dans sa désignation, se mua en bras armé d'une politique sécuritaire qui pour le plus grand malheur du bourgeois s'abattait sur lui plutôt que sur d'autres. 

De l'avis général, il devenait moins risqué de cambrioler ou de tuer que de rouler un kilomètre heure au dessus de la limite autorisée au volant d'une Peugeot 307. L'ère du "ça va pour cette fois-ci mais que je ne vous y reprenne pas" asséné d'un ton ferme mais aimable avait vécu. De l'avis général, sans doute que lassé de ne rencontrer aucun succès ni dans la politique économique mise en oeuvre, et encore moins dans dans la lutte contre la délinquance ou le crime, le pouvoir en place pressé d'obtenir du succès s'était mis en tête de chasser des proies plus faciles : les automobilistes. 

C'est ainsi qu'alors que les atteintes aux biens et aux personnes bondirent en flèche tandis que chaqe mois on nous nous annonçait que le nombre de morts sur la route baissait. L'état avait enfin des résultats. Bien sur de mauvaises langues expliquèrent que les airbags, ABS, ASR et autres progrès techniques dont sont dotés nos véhicules actuels avaient plus fait pour notre sécurité que la répression et que l'on devait plus la vie aux ingénieurs qu'à l'état. D'autres encore, tentèrent de dire qu'aux prix prohibitif auquel était vendu le carburant amenait les gens à moins rouler ce qui entrainait mécaniquement une baisse du nombre de tués sur la route. 

L'état se moqua de ces explications et considéra qu'il était le seul responsable de tout cela. Et comme le bourgeois, petit ou gros, à l'inverse du gauchiste patenté et du malfrat professionnel, n'était pas habitué à faire les frais de la violence policière, il ne sut s'organiser et amendes, retrait de points et suspension de permis plurent sur lui ! Mais las, lors des grandes manifestations contre le mariage pour tous, les coups et les jets de gaz lacrimogène s'abattirent sur lui. Faisant partie de la catégorie des gens bien élevés, notre bourgeois ne s'y attendait pas. Mais si le pouvoir avait changé, celui qui tenait la tête du ministère de l'intérieur semblait être taillé dans le même bois que l'ancien président de la République et bien décidé à "casser du bourgeois".

C'est ainsi que moi, bien assis dans mon fauteuil et dont la profession consiste à écouter les plaintes des gens, je me mis à entendre des confessions inhabituelles. Les bourgeois, je parle là des CSP+, habituellement partisans du maintien de l'ordre se mirent à proférer des paroles terribles, de mots que l'on aurait cru sortir de la bouche d'un militant d'Action directe plutôt que de celle d'un diplômé d'ESC. 

Je me souviens encore par exemple de ce professionnel de l'immobilier, un type gentil, intelligent et sans problèmes, qui lassé du énième contrôle routier s'était mis à parler comme le pire des malfrats. Il me racontait dans le menu détail son aventure, la manière intolérable dont les flics lui avaient parlé, de haut, comme à une racaille, leur zèle, leur bêtise aveugle, leur goût de la répression. Il avait noté que le divorce était consommé entre lui, le brave con de contribuable toujours en train de bosser et ces putains d'élus et leur milice.

Et là, alors qu'il s'était toujours considéré comme un brave garçon, il se souvenait que, tandis qu'un flic lui parlait mal debout contre sa portière, lui avait rivé ses yeux sur le pistolet réglementaire que le fonctionnaire portait à sa ceinture et que l'espace d'un instant, il s'était pris à rêver de le lui arracher de l'étui, et de lui vider le chargeur en pleine face. Comme il me l'expliqua en souriant, l'étui n'était pas attaché et le policier beaucoup plus petit que lui, ça aurait été sinon facile du moins pas très compliqué. Et comme je lui demandais pourquoi il n'était pas passé à l'acte, il m'avait dit qu'il n'était pas un assassin et qu'en plus il avait beaucoup trop à perdre. En revanche, il avait compris qu'on ait envie de le faire et même qu'on le fasse et que sa vision du monde avait changé. Lui qui était habituellement du côté du manche, avait ressenti ce que c'était qu'être de l'autre côté. Et comme il me l'avait dit, depuis l'ère sécuritaire Sarko, il avait compris ce que pouvaient resentir ceux qui se faisaient contrôler dix fois par jour.

J'ai aussi le souvenir d'une autre patiente, une femme bien, quelqu'un qui justement était inconnue des services de police, une bonne contribuable, cadre sup' bardée de diplômes dans une quelconque entreprise. Alors qu'elle me parlait, elle m'expliqua s'être fait peur elle-même tandis qu'elle écoutait les nouvelles sur une chaine d'information. Elle venait d'apprendre qu'un policier avait été tué dans je ne sais plus quelles conditions et voici, alors qu'habituellement ses pensées auraient été faites de compassion pour la famille de la victime, elle avait juste pensé "bien fait, un connard de moins au bord de la route". Elle avait noté le changement parce que cela ne lui ressemblait pas de se réjouir de la mort d'autrui. D'une certaines manière, comme elle me l'avait dit, elle avait juste déshumanisé sa victime qui n'était plus un être humain mais juste le bras armé d'un pouvoir honni.

Récemment encore, alors que je prenais un café avec un ex-patient, il fut sidéré de voir un véhicule de la police nationale se garer dans le couloir de bus, tandis qu'un fonctionnaire en descendait pour s'acheter des cigarettes. Je l'entendis alors dire "si moi j'avais fait ça, c'était la prune assurée". Je le rassurai en lui disant que de l'autre côté de la rue, c'était plutôt les motards de la police nationale qui se garaient n'importe comment pour faire leurs emplettes chez le traiteur chinois. Et comme il me demandait comme je parvenais à rester aussi zen, je le rassurai en lui expliquant que je n'étais pas zen du tout mais que je savais que si lui et moi constations de tels dysfonctionnements, cela n'avait pas du échapper à d'autres mieux à même de les faire cesser. De fait souvenons-nous que la Securitate roumaine a participé aux émeutes de 1989 parce que ses plus hauts gradés avaient compris que maintenir un tel régime n'était plus possible.

Bref, l'usage intempestif des forces de l'ordre comme d'une milice imbécile n'est pas pour le pouvoir une tactique intelligente dans la mesure ou il tend à créer une cause commune entre des catégories de personnes qui s'opposaient alors. Ce phénomène de coalescence, fort bien expliqué par ce jeune ingénieur, tend à unir les failles de la société afin de créer une ligne de rupture. C'est sans aucun doute ce qui explique la défaite de Sarkozy alors que son challenger n'avait rien pour séduire. Détesté par la gauche, ce crétin qui se croyait plus roué qu'il ne l'était a même réussi à mettre les siens contre lui. C'est sans aucun doute ce qui se passera pour le suivant, Hollande qui sera battu en 2017 s'il osait toutefois se représenter, et ainsi de suite jusqu'à un éventuel grand soir durant lequel les élus seraient pendus avec les tripes des fonctionnaires comme l'espèrent certains !

Certains corps constitués, comme la police et la justice, doivent être au dessus de tout soupçons et maniés avec une grande délicatesse sous peine de faire éclater le système. Si on peut tolérer à la marge certains comportements parce que les gens qui les constituent restent humains, on ne peut tolérer de graves manquements répétés. La violence et la répression aveugles n'amènent que le désespoir et rien n'est pire que cela. C'est lorsque l'on a conscience que les choses ne changeront pas, que l'on n'a plus aucun pouvoir sur elles, que l'on s'enferme dans une position dépressive ou pseudo dépressive de laquelle peut surgir n'importe quoi dans la mesure où cette situation amène soit de l'autoagressivité (conduites à risques) soit de l'hétéroagressivité (violences).

De même, le sentiment d'injustice ressenti par la population est tel que le vieux slogan police partout, justice nulle part clamés auparavant par les seuls gauchistes est maintenant entonné par les droitards. Ce sentiment qu'ont de plus en plus de gens de contribuer à un système qui ne leur offre que peu de rétribution est un terreau fertile sur lequel peuvent pousser toutes les contestations. Et le pire est que cette coalescence dont je faisais état est en passe de devenir une réalité. 

Il n'y a qu'à constater que de grands blogs politiques apparemment totalement opposés comme H16 et E&R sont bien plus unis qu'ils n'auraient pu l'imaginer. Car tandis que l’un fustigera les collectivistes et les seconds les libéraux, tous s'entendent finalement pour conspuer l'amoralité totale de nos dirigeants et de leurs affidés (forces de l'ordre, presse, etc.). Viendra bientôt le moment ou militant alter mondialiste chevelu et libéral diplômé d'une ESC se donneront la main pour renverser le pouvoir. Comme il est écrit dans la bible le loup habitera avec l'agneau et le léopard gitera avec le chevreau.

Cette révolte des gens bien élevés, de ceux qui payent sans rien dire, c'est pour moi, une nouvelle forme de désespoir que j'ai à traiter. Alors que jusque là, les gens se confrontaient aux vicissitudes de la vie, chômage, amours déçues, etc., aujourd'hui, ils se trouvent face à un pouvoir qui les humilie sans cesse. Violences policières, répression judiciaire, humiliation de toutes sortes (murs des cons, élus rarement condamnés, augmentation inconsidérée des impôts, etc.), c'est un véritable climat dépressogène qui règne sur la France. Tandis qu'on pouvait s'imaginer vivre correctement en observant les règles de bonne vie en société, certains constatent que tel n'est plus le cas. Pris en tenaille entre la délinquance vraie d'un côté et un pouvoir politique cruel, mesquin et devenu fou de l'autre, le citoyen lambda souffre à un point inimaginable.

La plupart de nos concitoyens formatés par des siècles de gouvernement croient encore fermement en cette partition "oratores / bellatores / laboratores" et se trouvent fort démunis lorsqu'ils constatent ou imaginent que les bellatores deviennent juste le bras armé d'oratores (élus) corrompus et très éloignés des souffrances du peuple.

Alors certes, le temps n'est pas venu ou les gens se saisiront qui d'un fusil, qui d'une barre de fer pour monter à l'assaut des palais nationaux ou des mairies mais je suis étonné de la tension dont font état certaines personnes fonctionnant jusqu'alors parfaitement bien. Et que les élus des grands partis n'imaginent pas que l'argument selon lequel le Front National n'aurait pas de programme économique viable soit quelque chose qui touche les gens. Non, il me semble que les gens s'en moquent et que pour eux, voter FN soit aujourd'hui le seul moyen dont ils diposent pour punir les élus en palce et les faire souffrir autant qu'ils souffrent eux-mêmes.

C'est vraiment une souffrance nouvelle à laquelle il est difficile de faire face que celle qui consiste pour nombre de nos concitoyens à se dire qu'en plus des aléas de la vie, ils deviennent aussi la proie de l’arbitraire sans espoir d'une aide quelconque de la part de ceux chargés de les défendre.

Quant à moi, je fais mon travail et pour le reste, je fais mienne la devise de Lao Tseu, lequel devait être capricorne :

Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.