30 décembre, 2013

Neurologie, F1 et Bigorexie !


On doit vivre dans un pays vachement bien pour qu'en ce moment les informations soit équitablement réparties entre la quenelle de Dieudonné, les attentats de Volgograd et l'accident de ski de Schumacher (Schumi pour les intimes). Ils ont juste oublié de parler du vol du vélo de Madame Michu. Si l'on peut admettre que l'on nous informe de tout, j'ai parfois du mal à comprendre comment se hiérarchise l'information. A croire que le chômage dont l'inversion de la courbe se fait attendre ne soit pas une information plus intéressante que cela.

C'est vrai qu'avec les restaus du cœur, le chômage est sans doute moins douloureux, au moins on ne meurt plus de faim A moins que tout ceci ne soit que des contre-feux allumés par un pouvoir impuissant plus capable de propagande et de grossières manipulations que d'actions politiques efficaces et concrètes. Mais je n'irai pas jusque là, ne voulant pas passer pour un paranoïaque adepte de la fameuse théorie du complot !

Ce qui me passionne moi depuis ce matin, ce sont les bulletins de santé de Schumi. Il faut savoir que même si je souhaite bien sur voir cet ancien septuple champion du monde de F1 remis sur pied, il n'était pas mon coureur préféré, loin de là. Mon ami Olive, celui qui a réussi dans la vie et roule en Ferrari et en BMW aussi, et a même un VTT qui lui a coûté un bras, et un train de vie à rendre jaloux le sultan du Brunei, l'adorait alors que moi il me laissait plutôt froid. 

Et pourtant, Schumi et moi sommes capricornes ce qui, compte-tenu de ma marotte pour l'astrologie aurait du me le faire apprécier. Mais même pas ! Moi je préférais Alain Prost, ce petit mec quelconque pourtant né sous le signe des poissons. Sans doute que son côté saturnien qui l'avait fait surnommer le professeur me plaisait plus que la grande gueule d'Ayrton Senna ou de Schumacher. J'aime bien le côté humble et tâcheron parfois ; je trouve cela touchant. 

Alors Schumi s'est pris une grosse tôle en ski et c'est très triste même si cela me conforte chaque jour dans ma décision sagement réfléchie de ne jamais faire de sport, et ce depuis très longtemps. J'ai encore le souvenir de ces cours de gymnastique fastidieux durant mes années de collège. En revanche, à l'époque du lycée, on m'avait enfin fichu la paix et j'avais enfin pu m'adonner à mon principal plaisir, papoter avec des gens bien, le cul sur un muret en fumant des clopes. C'est terrible à dire, voire même cruel, mais au moins aurais-je vécu plus longtemps que Aryton Senna dont l'hygiène de vie devait pourtant être meilleure que la mienne.

D'ailleurs à ce titre, on devrait retenir qu'une bonne hygiène de vie devrait de comporter aussi bien un régime diététique adapté (fruits et légumes, ni clopes ni alcool) mais aussi une profonde aversion pour l'exercice physique autre que modéré. Car tout comme l'alcool est à consommer avec modération, le sport l'est aussi. Et si l'on ne peut qu'encourager les gens à adopter une meilleure hygiène de vie en leur conseillant une activité régulière, comme la marche oisive, il ne faut pas pour autant les entrainer vers des pratiques nocives pour la santé comme le sport. 

Soumis au démon de la compétition puis à l'enchainement des entraînements, le sportif se retrouve vite dépendant de sa pratique, coutumier qu'il est d'obtenir sa dose d'endorphines et de dopamine comme un pauvre gars du ghetto accro à son crack. C'est terrible mais c'est ainsi et c'est même une maladie reconnue par l'OMS qui se nomme la BIGOREXIE. Voilà, je vous l'ai mis en capitales.

Si vous êtes malade à l'idée de ne pouvoir taper dans un ballon, de ne pouvoir faire l'idiot sur un cheval d'arçon ou bien de mettre vos Nike pour aller courir, il y a toutes les chances que vous souffriez de bigorexie et que cela vous soit fatal un jour. Les plus chanceux collectionneront les fractures et les claquages, les moins chanceux mourront d'une crise cardiaque ou d'un choc funeste. Moi, triste fumeur dont la santé préoccupe tant tout ce qui porte un short ou un survêtement, il était temps que je renvoie l’ascenseur à ces censeurs (belle allitération non ?).

La bigorexie est une addiction sans substance comme l'est le jeu pathologique. C'est selon la définition exacte, un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale. En ce sens, le malchanceux Schumi est un bigorexe (cela se dit-il ?) victime de sa pathologie. A-t-on idée à son âge déjà avancé pour un sportif de s'élancer tout schuss dans le hors piste ? Quand on n'a plus l'âge de conduire uen voiture de course, est-il raisonnable de faire du ski alpin alors qu'une bonne paire de raquettes permet de passer un bon moment sans trop de risques avant d'aller se réchauffer au coin d'un feu en buvant un vin chaud ?

Et donc ce matin, tandis que je prenais un café en compagnie de ma belle-mère, j'avais mis BFM qui diffusait le bulletin de santé du champion. Et incapables d'avoir des nouvelles exactes, les journalistes, comme à leur habitude, en étaient réduits à faire des conjectures à grands renforts d'experts. Aujourd'hui, ce n'était plus les géopolitologues et autres criminologues, c'était les neurologues qui avaient la vedette ! Et ne sachant rien du cas précis du champion de F1, ils en étaient à meubler à grands coups de lieux communs.

Ainsi, a-t-on appris qu'un sportif de haut niveau récupérait mieux qu'un autre ! Ah oui ? Et pourquoi ? Bien sur, on admettra que le sportif de haut niveau est un battant et qu'il est à priori en meilleure santé qu'un individu lambda. Autant je peux souscrire à la première proposition, autant la seconde est sujette à controverse quand on voit ce que certains sportifs s'enfilent. Mais bien sur, sans doute suis-je un très mauvais esprit et le dopage est-il un leurre, une sorte de conspiration entretenue par les ennemis du sport pour disqualifier les sportifs ! Là encore, les avis sont partagés puisque certains expliquent que l'espérance de vie d'un champion de football américain est de quarante-sept ans tandis que d'un autre côté, alain Mimoun est décédé à quatre-vingt ans.

Enfin, bon l'âge c'est l'âge et si je veux bien admettre qu'un type sain qui s'entretiennent correctement présente moins de risques opératoires qu'un type comme moi qui mange n'importe quoi et fume des JPS, pour le reste je m'insurge. On a beaucoup parlé d'énergie cinétique et effectivement c'est un peu le problème que l'on oublie. Car si il n'y a aucun doute qu'un battant comme Schumi soit bien plus acharné et combattif que moi (qui ai déjà du mal à décoller mon cul du canapé pour aller ratisser mes feuilles dans le jardin ) s'il y avait une rééducation à faire, il n'en est pas moins vrai aussi que rien ne prouve qu'à vitesse égale, son crâne casqué heurtant un rocher ait eu plus de résistance que le mien. Et avant de parler de rééducation, il faut voir l'impact du rocher sur le crâne qui l'a heurté.

A ce titre, je ne connais pas le tour de tête de Schumi mais j'ai toujours eu un mal fou à trouver des casques de moto. J'ai vraiment une grosse tête sans pour autant savoir si c'est parce que j'ai un gros cerveau ou un crâne épais ! Donc, affirmer qu'un sportif de haut niveau s'en tirera mieux qu'un pékin comme moi, c'est aller vite en besogne surtout en matière de neurologie. Un coup dans la tête, c'est un coup dans la tête. Et pour une fois, nous sommes au moins tous égaux à moins de prétendre que le sport musclerait le crâne qui se trouverait dès lors protégé, ce qui me semble évident totalement idiot.

Bref comme trop souvent, les experts tournaient en rond ce matin, ne disposant pas de plus d'informations que moi et eussent-ils été chefs de service, nanti de leur grade de PUPH, et rompu à toutes les opérations possibles, que sans le scanner et les bilans médicaux en main, ils étaient bien incapables de faire le moindre pronostic. Je me souviens que voici quelques années, j'avais demandé à un neurologue en qui j'ai toute confiance, quel pouvait être le pronostic de quelqu'un se trouvant dans le coma alors même qu'aucun traumatisme crânien n'était à déplorer.

Il m'avait répondu sagement que la neurologie c'était un peu la loterie. Qu'il fallait déjà que la personne sorte du coma et qu'ensuite, passé un mois, si aucun progrès n'était survenu, rien ne devait être espéré à moins d'un miracle auquel il n'était pas défendu de croire, que la neurologie c'était comme ça et qu'il restait beaucoup de choses à découvrir. C'était un peu hard à entendre mais au moins le type était direct. Et puis cela m'avait rassuré, me sentant moins seul en tant que pauvre psy face aux cas que j'avais en face de moi parfois. Lui aussi, auguste PH de l'APHP était parfois démuni. Ce que c'est que le monde non si même monsieur le docteur ne sait pas ? On est bien peu de chose ! Heureusement qu'il nous reste les cierges à Sainte Rita.

Alors chères lectrices, chers lecteurs, en cette fin d'année, méfiez vous des excès de toutes sortes, qu'il s'agisse de bonne chère, de vins fins ou de sport. Et souvenez-vous que si l'on se sent souvent traité injustement par la vie, il est au moins une chose que la nature a rendu égale, c'est que tout crâne projeté contre un obstacle peut provoquer de graves dégâts !

Sortez casqués en moto, en vélo ou à ski ou même en roller si vous avez cette curieuse pratique ! Quant à toi Schumi, à défaut d’avoir été ton fervent admirateur quand tu étais pilote, la solidarité capricornienne m'oblige à te souhaiter tous mes vœux de très prompt rétablissement !

Je vous souhaite à tous (et à Schumi aussi) un excellent réveillon ! Et défiez-vous de la sournoise bigorexie !


Alors celle-là, mon pote Olive l'adorait ! Hommage à Schumi.

Mysticisme !

 La conversion de Saint Paul (Rubens)

Un peu avant Noël, je reçois un SMS passablement inquiétant d'un de mes chers patients. C'est fou ce qu'en cinq petites lignes, on peut communiquer. Bref, j'apprends que d'un coup, d'un seul, grâce à des lectures récentes, ce cher patient a fait des prises de conscience incroyables. Qu'à cela ne tienne, cela m'est arrivé aussi de lire un livre et de le reposer en pensant que dorénavant je serais moins con. De là à dire que j'aurais vu la Vierge, il y a un pas et si je ne doute pas qu'il puisse y avoir de grandes extases mystiques, je pense que le fil est ténu entre celles qui sont sincères et le vrai pétage de plombs.

En revanche, le ton qui s'en dégage, l'outrance des émotions ressenties et la tonalité logorrhéique dudit SMS m’inquiètent quelque peu. Certes je sais qu'en ces jours de fête, ce patient sera entouré et qu'il ne risque rien mais je doute un peu de la qualité de l'entourage prompt à voir dans toute manifestation émotionnelle un peu dérangeante, l'irruption de la pathologie mentale. C'est un patient que j'ai souvent défendu bec et ongles contre des diagnostics de troubles bipolaires ou encore de schizophrénie qui me semblaient totalement farfelus.

Je laisse passer Noël tout en songeant à ce patient. Ce qui prouve que je mérite mes honoraires puisque je ne facture que le prix de la séance alors que je ne cesse de penser à mes chers patients même lorsqu'ils ne sont pas en face de moi. J'envisage donc d'attendre le vingt-six pour me manifester et prendre des nouvelles de ce patient.

Je n'ai pas besoin de le faire puisqu'il m'appelle de lui-même pour me raconter ce qu'il a ressenti plutôt que vu. Effectivement, on est proche de l'extase mystique. Bien sur psychologiquement, cela peut se comprendre puisque ce jeune patient éduqué dans un milieu appartenant à la gauche bobo me semblait bien trop intelligent pour croire longtemps aux fadaises socialistes qu'on lui avait enseignées. De lectures philosophiques en lectures politiques, il était à prévoir qu'un jour ou l'autre, comme cela arriva à Saül de Tarse qui allait devenir Saint-Paul, il était sur son chemin de Damas et tôt ou tard, les écailles lui tomberaient des yeux.

Toutefois, si je n'ai rien contre les vérités que l'on se prend dans la face comme un direct asséné par Mike Tyson himself, parce que cela arrive parfois, je parviens mieux à comprendre la colère ou la honte par rapport au sentiment de s'être fait berner jusqu'à présent ou bien la joie d'avoir trouvé le droit chemin que cet état quasi maniaque dans lequel je je soupçonnais mon patient de patauger.

Mes connaissances en psychopathologie m'auraient conduit à songer qu'il avait pu faire une bouffée délirante aigüe augurant éventuellement une schizophrénie ou encore une crise maniaque établissant sans conteste le diagnostic de trouble bipolaire. Voilà un peu ce que j'aurais imaginé très prosaïquement si je n'avais pas bien connu ce patient. Or je le connais parfaitement bien, peut être même mieux que ses propres parents.

C'est ainsi qu'une minute après qu'il m'ait appelé et qu'on ait échangé quelques banalités, je lui avoue que son SMS m'a mis un peu inquiété et il convient qu'il n'était pas dans un moment très clair. Et donc, dans un second temps comme je connais bien l'animal, je lui demande juste ce qu'il a pris. Et là, comme il est honnête et qu'il sait que je ne lui ferais pas de leçon de morale, il m'avoue qu'ayant été à une fête, il aurait bu dans un verre qui n'était pas le sien et dans lequel aurait pu se trouver des résidus de drogue.
Voilà une excellente explication qui me satisfait complètement et qui permet de départager la ligne entre le fait psychologique et le fait somatique. Les révélations que lui ont amenées ses lectures sont réelles mais toutefois, l'impact de ses lectures a juste été augmenté par la consommation, volontaire ou involontaire, on s'en moque, d'un produit stupéfiant quelconque. Le pauvre bonhomme fait quelques dizaines d'années plus tard les mêmes expérimentations que Timotyy Leary quand il menait ses expériences avec le LSD.

Je lui dis alors qu'il est certainement simplement perché et qu'il ne faut pas dramatiser mais qu'il doit contacter son médecin de toute urgence afin de ne pas rester dans son bad trip. Comme il me l'explique, il est conscient que les choses tournent un peu trop vite mais il tient bien la rampe. Et il me le prouve en m'expliquant qu'il vient justement d'appeler son médecin qui lui a donné des consignes claires pour redescendre sagement. J'ai beau déteste dédramatiser, il ne faut jamais prendre à la légère ce genre d'événements.

Même si on sent une certaine labilité émotionnelle, je le trouve plutôt clair et en forme et il a totalement conscience de ce qu'il a vécu. Il n'y a aucune rupture avec le réel et je ne suis pou le moment pas très inquiet. A toutes fins utiles, mais je me doute que son médecin lui a déjà dit, je l'enjoins de filer vite aux urgences psychiatriques si son état se maintient. Connaissant un peu les pratiques psychiatriques, je lui conseille de parler immédiatement de la prise de drogue plutôt que de taire les faits et de laisser des psychiatres peut-être peu imaginatifs poser immédiatement un hypothétique diagnostic de schizophrénie ou de crise maniaque qui lui vaudrait un internement.

Manifestement, la prise de benzodiazépines prescrite pas son médecin suffit à le faire redescendre doucement sur terre et deux jours après, prenant de ses nouvelles par téléphone, c'est d'une voix claire qu'il me parle des événements en m'expliquant que cette fois-ci, la came, fut-ce du simple shit, c'est vraiment terminé.

La morale de cette histoire ?

Face à un délire mystique, pensez plutôt à la prise de drogue, voire à une intoxication quelconque, comme dans la célèbre affaire du pain maudit, plutôt qu’immédiatement à une pathologie grave. Enfin, souvenons que malgré tus les messages lénifiants de notre état bien-aimé, pour arrêter la drogue, la clope ou l'alcool, il faut toucher toucher ses limites et se faire peur. Sinon, à toutes fins utiles, voici un lien intéressant.

26 décembre, 2013

Paroles de politiques !


Lors que mon père passe le dimanche, on aime bien regarder les émissions politiques. Qu'il s'agisse de celle de France 5, C politique, présentée par Caroline Roux dont la collection de talons aiguille doit plus marquer la mémoire des fétichistes que la pertinence de ses questions ou bien encore celle de BFM, au cours de laquelle l'intervenant est interrogé par une kyrielle de personnes plus ou moins connues.

Bon, ne nous le cachons pas, ce sont des émissions que l'on regarde pour rire ou sourire, parce que ni mon père, ni moi-même ne sommes encore assez dupes pour croire ne serait ce que cinq pour cent de ce que pourraient dire cinq pour cent de ces politiciens professionnels interviewés. 

Et puis, pour ma part, je n'aimais déjà pas les profs dont l'autorité me heurtait depuis que je suis tout petit, alors ce n'est pas pour faire allégeance à celle d'un quelconque élu. Lorsque je me laisse aller à mes idées de toute puissance, un élu n'est pour moi qu'une sorte de régisseur ou de sous-syndic de copropriété sur lequel je devrais avoir absolument tous les droits, dont celui évident de pouvoir le révoquer ad nutum et auquel je rappellerais sans cesse qu'il n'est là que par ma volonté.

Et puis quitte à m'amuser, j'en ferais pendre quelques uns chaque année, hommes et femmes, parité oblige, pour que ceux qui restent sachent d'où vient leur pouvoir. On pourra me trouver cruel, voire sanguinaire, mais c'est simplement que je suis obligé d'endurer ma destinée céleste puisque que comme Mao et Staline avant moi, je suis né sous le signe du capricorne. Peut-être que dans ma grande mansuétude, je commuerais parfois ces peines en relégation à vie aux Iles Kerguelen. 

Quitte à entretenir à grand frais ces TAAF, autant que cela serve à autre chose qu'à des pingouins et des phoques. Et puis rien que d'imaginer Flamby et NKM (au hasard) vêtus de haillons, grattant la terre pour récupérer des tubercules ou encore déchirant de leurs chicots noirâtres des feuilles de choux des Kerguelen pour se sustenter, me fait plaisir. Peut-être que je leurs rendrais visite de temps à autre, leur lançant une couenne de lard rance pour améliorer leur ordinaire. 

Comme tous les pauvres mecs subissant les méfaits de mes maîtres tout-puissants, que voulez-vous, j'ai parfois des fantasmes d'une cruauté incroyable. Quand on fait l’expérience de Seligman au quotidien, en endurant la méchanceté et la cupidité des élus, soit on s'abat dans la dépression soit on devient psychopathe : je choisis la seconde option. Et puis de toute manière, je m'en fous car aucun d'eux ne sera jamais plus mon élu puisque je ne vote plus, ce qui me semble être l'option politique la plus raisonnable. 

Raisonnable et cruelle en même temps car rien n'est pire à l'histrion ou au narcissique que de voir que son spectacle n'intéresse personne. Pensez donc que le(la) pauvre mec(fille) a claqué du blé pour ses affiches, s'est coltiné les marchés, les serrages de pognes, les émissions de télévision bidons, les soirées électorales, les interviews par des journalopes, les conseils en marketing, les changements de look et tout cela pour .... rien ! Alors là quand je pense à cela, je me vois déjà dans la peau du grand Diogène répondant à Alexandre qui lui demande ce qu'il peut faire pour lui : ôte toi de mon soleil !

Mais revenons à nos moutons, c'est à dire à ces fameuses émissions. Émissions au cours desquelles je me plais soit à traquer la traitrise, ce qui est d'une banalité affligeante chez les élus ou encore la petite phrase bête qui se veut lourde de sens et qui indique que c'est généralement lorsque l'on a pour tout viatique un pois chiche dans la tête, aucun honneur mais du vice à revendre que l'on peut choisir la carrière politique.

J'adore ces petites phrases stupides et je m'en veux de ne jamais les noter mais sans doute d'autres le font-ils pour moi. Certaines de ses phrases m'interpellent toujours dans le sens ou je me demande ce qu'a bien voulu dire le politicien en question tout en me souvenant, que s'agissant d'un élu, il s'agissait sans doute de faire un bon mot, de sonner juste, d'apparaitre dans l'air du temps plutôt que d'exprimer quelque chose d'intelligent et de sensé.

Récemment deux de ces phrases m'ont marquées. La première est due à NKM à qui l'on venait chercher des poux dans la tête à propos de l'écotaxe, instaurée sous le gouvernement dont elle faisait partie. On sentait bien que la donzelle n'avait pas forcément réfléchi au bienfondé de cette nouvelle taxe mais qu'il s'agissait sans doute avant tout de faire moderne et vert afin de draguer une frange de l'électorat à priori peu favorable aux idées de l'UMP. Cette écotaxe était stupide mais dans l'air du temps comme savent uniquement faire tous ces politiciens professionnels qui présentent des programmes successifs comme un chanteur sortirait des disques pour se maintenir à flot et ne pas sombrer dans l'oubli.

Alors comme on la pressait de répondre et que la belle ne savait fichtrement pas quoi répondre parce que tout ça après tout c'était très loin du moins, bien avant son ambition actuelle qui est de conquérir la mairie de Paris, on a vu l'espace d'un instant un flottement puis, tel un chat qui se rattraperait d'une chute en retombant sur ses pattes un peu maladroitement, la voici qui, ayant puisé dans son cerveau puissant (elle est diplômée de l'X tout de même), répond que l'écotaxe devait servir à financer des recherches destinées à trouver une alternative aux camions !?!

Une alternative aux camions ? Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Ah oui, le camion c'est sale et polluant, sauf évidemment quand ça vient vous livrer à domicile, ce qu'une péniche ne fera jamais à moins de financer des infrastructures conséquentes ! Personnellement, la Bièvre passe presque au bout de mon jardin mais il va falloir de sacrés travaux pour la mettre au gabarit Freycinet. Bref, la petite mère NKM ne savait sans doute même plus à quoi servait l'écotaxe, ou sans doute le savait-elle trop, à savoir à roen si ce n'est se la jouer moderne et verte, aussi nous a-t-elle sortie cette saillie médiocre sur laquelle la journaliste, celle aux talons aiguille, n'a pas rebondi. Comme si le gouvernement de bras cassés du sieur Fillon avait pu trouver une alternative aux camions ?! Mon Dieu, on croit rêver. Il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

Plus récemment encore, c'était Bernard Cazeneuve qui en sortait une bien bonne. Nanard, c'est le successeur de Cahuzac, celui qui vous ment les yeux dans les yeux sans ciller. Autant Cahuzac est sans doute un gros voyou mais il était doué en communication le bougre. Tandis que Nanard lui, semble avoir été choisi parce qu'il a la tête de l'emploi. Un seul regard au travers de ses lunettes et vous vous mettez à table ou pire, vous vous roulez par terre en pleurant et en hurlant "j'ai rien fait m'sieur, j'vous jure que j'ai pas de compte à l'étranger". Alors je l'écoutais vaguement discourir sur tout et n'importe quoi quand tout à coup, le voici qui assène comme un insituteur de la troisème république tentant de faire entrer la règle de trois à un petit élève à coup de démonte-pneu : "les services publics sont le patrimoine de ceux qui n'ont rien".

Fichtre, la phrase était belle non ? En plus c'était dit d'un ton n'admettant pas la réplique, comme s'il se fut agi de l'énoncé des dix commandements que Moïse venait de ramener de la montagne. Dites le à haute voix d'un ton pénétré, allez, essayez  : "les services publics sont le patrimoine de ceux qui n'ont rien". Alors là, on sent que ce ministre a du passer par l'école des cadres du parti ou user son fond de culotte en section locale du PS parce que celle là, il fallait la faire. Le type austère derrière ses lunettes de myopes se fait d'un coup justicier et défenseur des pauvres et vous explique que quand on n'a plus rien, ben en fait, on croyait ne plus rien avoir parce qu'en fait on a les service publics. C'est sur que le SDF ou le chômeur avec Pôle emploi, un RER en berne et des fonctionnaires et des élus qui lui coutent un bras, il s'en sort bien. Surtout qu'il paye tout de même la TVA, fut-ce sur son litre de rouge en plastique !

Cette phrase débile me rappelle celle qu'on enseignait à l'ENI voici vingt ans, et qu'on enseigne peut-être toujours, et qu'un ami m'avait rapportée : l'impôt est un instrument de justice sociale. Celle-ci je ne cesse de la sortir à mon filleul Lapinou quand il se plaint des charges. Lui qui naguère a eu une carte du PS voici que maintenant qu'il travaille, il réalise ce que coûte l'état. Et donc chaque fois qu'il se plaint, barguigne, maugrée ou ronchonne, je me fais aussi impérial que Bernard Cazeneuve et d’une voix sépulcrale, je lui dis qu'il doit se souvenir que l'impôt est un instrument de justice sociale ! Maintenant, je rajoute aussi que de toute manière, l'impôt sert à financer les services publics qui sont le patrimoine de ceux qui n'ont rien.

Bref les élus sont vraiment tous (ou presque) à chier et ce qui me rassure, c'est que leurs tracasseries que je subis quotidiennement ne seront jamais à la hauteur du mépris que j'ai pour eux.

 Choux des Kerguelen

25 décembre, 2013

Joyeux Noël !


Je souhaite à tous mes lecteurs un joyeux Noël. Pour cette année, aucune illustration pour égayer mon texte parce que de toute manière, je ne sais pas me servir du moindre logiciel de retouche d'images. En revanche, je vous propose le célèbre cantique de Noël, Minuit, chrétiens. J'ai choisi l'interprétation de Georges Thill, ténor français aujourd'hui un peu oublié.

Pour la petite histoire, si la musique est due à Adolphe Adam, professeur de piano au conservatoire de Paris, dont la plupart de l’œuvre pléthorique est aujourd'hui oubliée, qui connait l'auteur du texte ?

Il s'agit tout bonnement de Placide Cappeau qui était socialiste, anticlérical et républicain. Comme quoi, dieu apparait même aux socialistes et c'est, je trouve un joli conte de Noël ! Qui sait, si dans l'obscurité de sa chambre, à la lumière vacillante d'une bougie, notre bon ministre de l'intérieur, n'est-il pas cette nuit même en train de composer un cantique !? 

Vocatus atque vocatus, deus aderit !

23 décembre, 2013

Avec toi, rien n'est grave !


Je collabore évidemment avec de nombreux médecins avec qui je m'entends généralement très bien. Parfois, certains ont du mal à comprendre que je ne suis ni kinésithérapeute, ni infirmier, ou que sais-je encore, et que je ne pratique donc pas une profession paramédicale qui me placerait sous leurs ordres. Je collabore toujours avec plaisir avec les différents médecins que je côtoie sans pour autant me laisser phagocyter.

Si j'encourage toujours les gens à consulter lorsqu'ils sont très anxieux ou déprimés afin de se faire prescrire des remèdes adaptés, je ne suis pourtant pas un auxiliaire de la médecine. Ma profession est autre puisqu'elle consiste à aider à vivre ou à tenter de vivre correctement au-delà de ce que la science propose. Mon boulot, c'est finalement d'aider les gens à s'accepter en leur permettant de changer ce qu'ils peuvent changer et en tolérant le reste. C'est à peu près l'antithèse de la médecine esthétique finalement. Je suis le type atroce qui dira qu'on doit pouvoir apprendre à vivre avec un trop grand nez ou de trop petits seins.

Parce que la destinée humaine est ainsi faire qu'à moins de pratiquer l'eugénisme dans un premier temps puis de faire de sacrés progrès dans les neurosciences par la suite, rares seront ceux qui seront satisfaits de ce que la vie leur a offert. Certains se trouveront trop ceci ou trop cela, maudiront leur destinée qui ne leur aura pas offert ceci tout en leur prenant cela.De deuils en deuils, la dépression les gagnera, et cela d'autant plus que la société actuelle, vendeuse de faux espoirs, tend à faire miroiter des lendemains qui chantent toujours mieux.

Et puis, il y a les modes et la politique. Et là encor,e nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Mieux vaut être aujourd'hui un bon gros seau d'eau tiède ultra-empathique et suiveur qu'un esprit libre et critique. Que nos réflexions s'éloignent d'un degré de la doxa gauchiste, que l'on refuse de baigner dans la mièvrerie collante ou l’émotionnel crétin et rien ne va plus. S’apercevoir ou du moins imaginer qu'on aurait raison contre la masse des moutons bêlants est aussi une grande source de souffrance.

Bref, si médecine est évidemment utile, il faut se souvenir qu'un antidépresseur aussi efficace soit-il, ne sera jamais qu'une bouée que l'on jette et qui maintient à la surface mais qu'il ne donnera jamais aucun sens à la vie pas plus qu'il ne ramènera l'âme perdue au rivage.

En ce sens, la psychologie fille bâtarde de la biologie et de la philosophie ne doit négliger aucune de ses mères. Il ne s'agit surtout pas de s'affranchir de la biologie pour méconnaitre le cerveau et tout faire reposer sur des causes purement psychogènes au risque de commettre des erreurs terribles, comme à l'époque où la psychanalyse étant reine, on faisait reposer des pathologies comme la schizophrénie ou l'autisme sur la responsabilité familiale.

Il ne s'agit pas pour autant de créer une psychologie totalement scientifique dans laquelle, le libre arbitre ou la destinée ne serait que des notions vagues et non prises en compte parce que scientifiquement non valides dans le cadre de recherches. Malgré l'émergence d'une psychologie évolutionniste, la culture transcende toujours la nature et la condition humaine  est bien plus complexe que les théories de Freud ou le dernier manuel d'évopsy à la mode qui veulent l'enfermer.

Finalement, je suis toujours au milieu du gué. Agacé par des confrères féru de psychologie et qui voudraient voir en l'humain une sorte de tabula rasa sur laquelle l'environnement et l'apprentissage vienne construire la personnalité ou ulcéré par des médecins qui me somment de me transformer en ingénieur en psychopatholologie, directeur d'une norme, je me débrouille pour rester enfermé dans ma tour d'ivoire, me contentant de faire mon métier du mieux que je peux.

Voici une semaine encore, tandis que déjeunais avec un médecin avec qui je parlais d'un patient commun, il ne cessait de me dire que ce dernier serait bipolaire. Je lui ai alors expliqué que ce patient n'était pas bipolaire et que compte tenu de son âge, il serait utile qu'il se souvienne que voici encore peu, la bipolarité était largement sous diagnostiquée tandis que maintenant, ayant inversé la vapeur, on sur diagnostique la bipolarité.

Alors le débat s'est enflammé mais dans un bon esprit évidemment parce que l'on s'apprécie. Tandis qu'il me donnait des arguments faisant pencher le "cas" vers la bipolarité, je lui démontais un par un, avec brio dirais-je. Et à la fin, je lui ai simplement dit qu'issu d'une profession recrutée par concours (comme les fonctionnaires), et vivant de l'impôt (les charges sociales), je comprenais qu'il lui soit difficile de comprendre un individu qui ne suivent pas des rails. Et pour l'emmerder un peu plus, je l'ai accusé de faire de la psychiatrie soviétique et de faire passer pour fou ou malade, toute personne qu'il jugeait "déviante" par rapport à son système normatif crétin.

Je l'ai assuré que de toute manière, je m'entendait très bien avec notre patient commun qui était pour moi un cas assez simple et que je réussirais. Il m'a alors dit qu'il l'espérait non sans me lâcher "de toute manière avec toi, rien n'est jamais grave !". Je lui ai alors dit que si on faisait dépendre son bonheur de choses dépendant de nous, effectivement rien ne serait grave.

Puis, nous avons parlé de choses et autres et il m'a expliqué qu'il avait des cas de cancers terribles et que certains patients décédaient. Et comme j'étais en verve et d'humeur taquine, je lui ai expliqué que cela me semblait gonflé de sa part, de ne pas savoir traiter quelque chose d'aussi purement biologique que des petites cellules qui s'emballent pour former une tumeur tout en ayant le suprême orgueil de tenter de comprendre quelque chose d'aussi complexe que l'âme humaine.

Là, j'ai cru qu'il allait s'étrangler. M'en fous, je connais la méthode de Heimlich, je lui aurais évité de s'étouffer ! Rien n'est grave comme il dit !


20 décembre, 2013

Conseils unisexes ... mais à priori plutôt destinés aux hommes !


Oui, bon, c'est terrible d'être seul et tout le monde ne s'inscrit pas dans le schéma pseudo-dépressif que j'ai décrit dans mon dernier article. Certain(e)s aspirent réellement à une vraie rencontre mais n'y parviennent pas. A peine sont-ils face à la personne qu'ils rêveraient de conquérir qu'ils perdent tous leurs moyens. Ils bafouillent ou se taisent, à moins qu'ils ne parviennent à dire que des platitudes ineptes et se sentent s'enfoncer vers le point de non-retour ou décidément, tout est foiré ! Et encore s'agit de ceux qui vont au contact, un bon nombre n'osant même pas aller jusque là et se contentant de ruminer sur les conditions idéales qui leur permettraient enfin de parler à l'élu(e) de leur cœur.

Le brave Épictète en son célèbre Manuel a déjà répondu à ce problème voici deux mille ans quand il expliqua qu'il y a les choses qui dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas et qu'il faut toujours s'en souvenir afin de faire dépendre de nous ce qui en dépend, et éviter de faire dépendre de nous ce qui n'en dépend pas. C'est simple non ? Sinon, reportez vous au texte d'origine. LE chapitre premier ne dépasse pas trente lignes, avouez que ce n'est pas un gros travail ?

Dans les faits, lorsque vous vous trouvez face à la personne que vous chercher à séduire et que rien ne sort, ou que pire, vous n'osez même pas vous retrouvez face à elle, c'est que vous êtes comme ce musicien venu consulter Épictète parce qu'il angoisse à l'idée de monter sur scène. Vous en venez à vouloir faire dépendre de vous ce qui n'en dépend pas. Ainsi, le philosophe explique-t-il à ce musicien qu'il lui appartient de bien jouer de son instrument, cela dépend de lui, mais que l’accueil du public ne dépend plus de lui, car les autres échappent à notre volonté le plus souvent.

Je me suis demandé s'il pouvait exister des règles simples qui puissent servir de vadémécum et évite l'angoisse de la rencontre. L'idée toute simple serait justement de se souvenir qu'il y a ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. Que l'on peut bien sur agir sur ce qui dépend de nous, nos pensées et nos actions et de là, sans doute influencer les circonstances, mais qu'il serait illusoire de songer que la personne que l'on va tenter de séduire dépende de nous. C'est ainsi que dans ce cadre, il est utile de le souvenir que :


  • On ne peut pas plaire à tout le monde ! De la même manière que vous trouveriez monstrueux d'être obligé de coucher avec une fille qui ne vous plaise pas, l'inverse est vrai aussi. Parfois, sans que l'on sache pourquoi, on ne plait pas à autrui. On peut lui être sympathique mais guère plus, ça n'accroche pas plus que cela, quelles qu'en soient les raisons. Je me souviens ainsi d'une charmante patiente, une jolie brune très sympathique, prototype de la fille de bonne famille, qui ne craquait que pour les types à cheveux longs. Ça parait idiot mais c'est ainsi. J'avais croisé son copain, un ingénieur lambda, et effectivement, c'était le portrait type de l'amateur de métal. Vous auriez pu être diplômé de HEC et rouler en Ferrari, comme mon copain Olive, celui qui a réussi et est très riche et plait généralement à toutes les femmes, sans les cheveux longs, c'était mort !



  • Soyez naturel ! C'est vrai qu'asséné comme cela, ça a tout l'air d'une injonction paradoxale. Comment donner l'ordre à quelqu'un d'être naturel sous la forme d'un ordre ? Quand je préconise d'être naturel, c'est pourtant simple, soyez tout bonnement vous même. Bien sur il n'est pas interdit de forcer sur les points forts et de minimiser les points faibles. Il faut être un peu habile pour se présenter sous son meilleur jour, c'est du bon dol comme on dit en droit à propos de la publicité.

  • Mais n'estimez pas que distordre la réalité soit un bon truc à moins que vous ne soyez sur du one shot. Parce que s'inventer un personnage, jouer à être celui que l'on n'est pas, est une stratégie couteuse et productive. Elle est couteuse psychologiquement parce que tout mensonge épuise psychologiquement et nécessite d'être toujours en éveil pour ne pas commettre d'impair et ne pas se couper. D'autre part, viendra forcément un moment où la réalité reprendra ses droits. Mentir est donc anxiogène. C'est prendre le risque de se retrouver comme le personnage de la chanson Bidon de Souchon.




  • Communiquez vos intentions ! Une fois face à elle, il faut savoir communiquez vos intentions. Bien sur, c'est un équilibre à tenir. Entre le mutisme absolu qui vous fera passer pour un type étrange voire un pauvre mec et les propos inconsidérés (t'es bonne tu sais) qui vous feront passer pour le lourd de service, il y a un juste milieu. L'important c'est de ne pas se faire jeter voire pire, se faire friendzoner comme on dit maintenant. C'est à dire se retrouver coincé dans un noman's land entre le copain coiffeur homo et la meilleure amie.

  • Le pire, ce sont parfois les raisons qui poussent les hommes à ne pas communiquer leurs intentions. Autant, on peu comprendre que ce soit du à une certaine timidité ou à la peur que leur requête ne trouve pas une issue favorable car se prendre une veste (un vent, un râteau, etc.) n'a rien d'agréable, même s'il faut courir ce risque pour rencontrer.  Autant, je suis toujours étonné par les patients qui m'expliquent qu'ils ne veulent pas passer pour de gros dragueurs, des lourds, voir pour des types qui voudraient coucher. Je trouve l'idée amusante dans la mesure où je suppose, qu'à moins qu'elle ne soit désespérément stupide, toute femme qui est invitée à diner ou à prendre un verre par un homme, sait à peu près à quoi s'attendre et peut raisonnablement s’imaginer qu'il a une idée derrière la tête.


    C'est sans doute du à une difficulté de vivre sa virilité. Très souvent ces hommes ont une image idéale de ce que devrait être la virilité et s'imaginent que tant qu'ils ne ressembleront pas à cet idéal, il est inutile de sexualiser une relation afin de faire comprendre à l'élue de leur cœur leurs intentions réelles. Il y a ceux qui voudraient être des bad boys, persuadés que toutes les femmes rêvent de Tony Montana, d'autres qui s'imaginent ne pouvoir plaire qu'après un intensif programme de musculation, comme si les femmes ne craquaient que pour Schwartzy, d'autres encore s'imaginent totalement en bellâtres purs et durs, persuadés que seul Don Draper aurait ses chances en ce bas monde !

    Voilà, c'était les conseils bien prosaïques de la semaine ! Admettez qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, restez vous-même et communiquez vos intentions. 

    Alain Souchon, Bidon

    02 décembre, 2013

    Altérité !


    C'est fou, j'ai l'impression que la solitude s'abat un peu partout. Où que je tourne la tête, ce ne sont que jeunes célibataires trentenaires, ou plus, des deux sexes se lamentant de ne point trouver de partenaire ! On a beau parler et reparler de la solitude des agriculteurs, ou de celle des personnes âgées, celle de mes patients urbains est tout autant alarmante.

    Fut un temps, où l'on disait qu'on rencontrait son conjoint durant ses études ou sur son lieux de travail. Aujourd'hui, il semble que cela ne soit plus vraiment le cas, du moins sur Paris d'où proviennent la majorité de mes patients. Et pourtant, Dieu sait s'ils font le maximum pour trouver, qu'il s'agisse de sortir dans des bars du genre Machin café ou encore de s'inscrire sur des sites de rencontres, mais rien ne se passe, rien ne dure vraiment.

    A travers les témoignages que j'ai pu entendre, j'ai noté certaines constantes qui peuvent éventuellement rendre plus difficile la création d'un couple. Parce que finalement, la question est de savoir si l'on épouse forcément la fille ou le type dont on rêvait ? Il serait amusant de savoir combien de couples durables se sont constitués sur la base d'un coup de foudre mais je ne sais pas si de telles statistiques existent. Aujourd'hui, il me semble que la facilité d'accès aux rencontres et les exigences démesurées soient responsable de cet état de solitude.

    Ainsi, beaucoup de gens sortent et hantent bars et boites de nuit. Les hommes sortent en groupe et les femmes font de même. Les rencontres ont lieu et ne donnent généralement pas grand chose. Sitôt passée la rencontre, une fois l'effet de surprise dissipé, ce ne sont souvent que quelques jours assez mornes durant lesquels l'un attendra les SMS de l'autre tandis que l'autre ne saura comment se débarrasser de l'un. Durant ces quelques jours, comme diraient mes confrères pscyhanalystes, c'est le retrait des projections, la princesse tant espérée n'en était pas une, à moins que ce ne soit que le prince entrevu qui ne soit pas au rendez-vous.

    Qu'à cela ne tienne l'accès au sexe opposé est si facile, qu'il s'agisse des bars, boites de nuit ou des sites de rencontres, que le week-end prochain, on s'y remet en espérant toujours la bonne rencontre, celle qui fera enfin vibrer le cœur. Comme me l'explique souvent un de mes patients, il attendra encore une fois la fille fac eà laquelle il pourra faire "wooow" tandis qu'une de mes patients espérera celui qui sera un peu moins ceci ou un plus cela que celui qu'elle a rencontré la semaine précédente. De toute manière, le stock semble tellement inépuisable qu'il leur semblerait totalement stupide de creuser avec quelqu'un si ce(tte) dernier(e) ne présente pas toutes les spécificités requises dans le cahier des charges.

    Jamais, il n'y a accès à l'altérité, à l'intimité de l'autre. On se séduit en présentant une image totalement idéale et en espérant aussi quelque chose d'idéal de l'autre. Chacun projette sur l'autre ses manques et attend plus de sa conquête une réparation narcissique qu'une vraie rencontre. Finalement, ce "cahier des charges" ne contient pas tant ce qui lui plairait que ce qu'il imagine qui puissent plaire aux autres. En espérant trouver l'élu(e), il tente vainement de séduire son entourage, d'y trouver une place et de conquérir un statut. Il s'agit de montrer sa conquête comme on s'afficherait avec le dernier Iphone ou une belle voiture, pour prouver un statut.

    Ainsi, l'ingénieur un peu coincé dans sa jeunesse qui a enfin accédé à des fonctions prestigieuses espèrera une fille valorisante qui puisse lui prouver que c'est est bien fini de l'époque où il galérait pour faire des rencontres. Maintenant qu'il a un beau costume et qu'il maitrise à peu près bien les codes sociaux qu'il imagine être les bons. De l'autre côté, la petite provinciale arrivée depuis peu à Paris, se voulant plus parisienne que les parisiens, aura hâte de se trouver un hipster, un type qui connait les bonnes adresses, dont le goût est sur afin de ne jamais être prise en défaut.

    Chacun choisissant l'autre comme le miroir dans lequel il aimerait se mirer, aucune histoire réelle ne commence. Bref, on aura beau multiplier les lieux de rencontres, qu'il s'agisse de bars, de boites de nuit, de sites, de soirées pour célibataires, etc., tant que l'accès à l'intimité de l'autre ne fait pas partie du projet et que l'on en reste à la séduction, la solitude sera au rendez-vous.