26 octobre, 2014

Drôle de délire ou les dangers du yoga !


Voici deux semaines, je parlais de délire, de la juste appréciation de celui-ci afin de ne pas confondre toutes les productions de la pensées, fussent-elles incohérentes. Ainsi, quand Manuela Delahaye tweete que Margerie, le PDG de total mort dans un accident d'avion, n'avait qu'à prendre l'autocar comme les pauvres, elle ne délire pas mais fait simplement état d'un manque d'intelligence aggravé par une absence totale d'empathie et d'éducation.

Le délire c'est bien autre chose et je vous ferai grâce de réécrire ce que j'ai publié voici peu. Mon cher patient avait beau se savoir possédé du fait d'hallucinations cénesthésiques, je savais que tel n'était pas le cas. Déjà il avait passé le test de l'eau bénite avec succès et s'il est bien un truc que redoute le démon, c'est l'eau bénite surtout celle de Lourdes vendue en petites bouteilles à l'effigie de la Vierge Marie avec la tête qui sert de bouchon !

Et puis, il n'était pas non plus schizophrène comme l'affirmait la débile de psychiatre qui le suivait au même moment affirmant la preuve que la sélection en médecine a beau être terrible, ce ne sont pas forcément les plus fins qui sortent diplômés. Or la psychiatrie n'étant pas une spécialité médicale, ce n'est pas un job d'ingénieur, et il faut un peu de finesse, déjà pour entrer en contact avec le patient et enfin pour être sur de son diagnostic. La schizophrénie et les neuroleptiques pour tous est peut-être une facilité thérapeutique mais franchement ce n'est pas du boulot !

Bon, à force de l'interroger patiemment, il a fini par me dire qu'il avait tenté d'ouvrir ses chakras. Parce que c'est !un drôle de numéro mon patient, toujours prompt à suivre les sentiers non balisés de la connaissance, surtout si c'est un peu hermétique. Tandis que moi, pauvre capricorne, j'en suis à construire ma chapelle avec des parpaings, lui sombre scorpion invoque les esprits célestes.

Il m'a aussi dit qu'il avait ressenti une auréole couronner sa tête ! Alors ça c'est rigolo, parce que d'aura à auréole, il y a peu de lettres en plus et que moi, une aura, ça me fait penser à de l'épilepsie. Et même que ces hallucinations cénesthésiques, ça me ferait diablement penser à une épilepsie temporale. Sauf que si on évoque des hallucinations de ce type au cours de crises d’épilepsie, celles ci ne durent pas six mois. Bref, ça y ressemblait sans vraiment y ressembler.

Comme je suis le bon gars, je voulais bien prendre en compte les explications paranormales de mon cher patient sans pour autant verser dans la possession. De toute manière, il n'en avait pas les signes tels que décrits par l’Église, telles que voyance, glossolalie ou psychokinésie. Non, l'explication devait se trouver à mi-chemin entre une belle explication de capricorne carré ayant les pieds sur terre et celle fournie par mon cher scorpion de patient toujours un peu perché.

Alors j'ai cherché et j'ai trouvé ces liens, celui-ci et celui-là encore. En pratiquant l'ouverture de ses chakras tout seul comme un grand, sans l’assistance d'un maitre confirmé, mon cher patient semblait avoir réveillé Kundalini. Ca parait complètement fou de l'écrire mais c'est la seule explication qui vaille et qui regroupe tous les symptômes qu'il a. J'ai beau ne pas être versé ni dans la magie et encore moins dans les pratiques orientales, mais je suis sur que c'est cela. D'ailleurs la lecture de ces liens lui a parlé.

Parce que j'ai lu depuis, je me susi documenté, le yoga est multiple et il n'y a pas que celui pratiqué par des mémères dans des gymnases pour conserver leur souplesse ou pour mincir. Il y a d'autres formes bien plus mystiques destinées à se connecter à l'univers et recourant à des pratiques moins connues. Bon, moi je suis tellement terre-à-terre que si je pratiquais cela, en fait de Kundalini, ce grand serptent terrible chargé d'énergie, serait plutôt un ver de terre ou un orvet. Mais chez certains, bien plsu réceptifs, dont l'énergie psychique est redoutable, il semblerait que la possibilité existe de provoquer des modifications cérébrales.

Comment ? Je n'en sais rien même si je suppose que cela doit se passer au niveau du gyrus cingulaire. JE ne suis pas neurologue alors je ne pourrais pas vous en dire beaucoup plus mais bon, sans doute que certaines pratiques agissent d'une manière inconnue sur la structure du cerveau créant parfois des effets dévastateurs, un peu comme si l'on s'auto-droguait tout seul comme un grand à coups de mantras. Remarquez, c'est moins cher que l'héro ou la MDMA mais les effets semblent terribles si j'en crois mon patient se disant habité par une présence depuis six mois. C'est le bad trip assuré pour pas un rond.

Alors comme mon patient n'avait absolument aucune confiance en sa psychiatre qui l'avait diagnostiqué schizophrène paranoïde à tort, il m'a demandé des adresses. Et dans mon réseau, j'avais fort heureusement deux psychiatres assez âgés mais suffisamment expérimentés pour ne pas faire de diagnostics au démonte-pneu et pour avoir connu absolument tout ce que l'esprit humain est capable de proposer comme trucs un peu fous.

Pour bien faire, il a consulté les deux. Les deux ont confirmé avoir déjà connu par le passé de jeunes abrutis autant fait joujou avec ces pratiques orientales et ayant eu les mêmes désagréments que mon patient. Le premier psychiatre a considéré que les neuroleptiques étaient inutiles et a recommandé une hospitalisation pour le sevrer et éventuellement trouver une autre molécule plus efficace. Mon patient est donc rentré à l’hôpital où on l'a juste gardé deux jours avant qu'il ne décide d'en partir parce qu'on voulait lui troquer ses neuroleptiques contre ... d'autres neuroleptiques. Se jugeant toujours aussi incompris par un jeune psychiatre hospitalier qu'il ne jugeait pas très malin selon ses dires, il a signé une décharge et zou, dehors !

Il a donc préféré poursuivre avec le second psychiatre qui lui, ne préconise rien de spécial si ce n'est de retrouver une vie plus équilibrée et le cas échéant de traiter son anxiété durant quelques temps. Il lui recommandera aussi un spécialiste de ces questions afin d'agir au mieux.

Voilà, une bonne chose de réglée. C'est vraiment étonnant tout ça. C'est vraiment le dernier truc auquel j'aurais pensé. Mais que voulez-vous à l'instar de Sherlock Holmes (qui aurait mérité d'être capricorne), une fois qu'on a éliminé l'impossible, ce qui reste aussi improbable que ce soit doit être la vérité. C'est sans doute par là que pèchent bon nombre de praticiens qui veulent à tout prix faire cadrer un diagnostic avec leur représenation du monde.

Parce que si à moi, quelqu'un venait me parler de chakras et de kundalini ou de que sais-je encore, j'aurais du mal à la croire, tant je suis un pauvre mec ancré dans le sol. Mais que voulez-vous, ma pratique clinique m'a mise en contact avec tellement de gens différents de moi et pourtant crédibles que je reste persuadé que si j'ai une représentation du monde qui m'est propre, d'autres ont la leur tout aussi valable.

Bref, tout ceci pour vous dire que la prochaine fois que vous voudrez ouvrir vos chakras, faites gaffe, il y a des expériences parfois curieuses en ce bas monde !
.... un fait hors de l'ordinaire est plutôt un indice qu'un embarras.

Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge

PMA, GPA é tutti quanti !


Tiens un sujet qui fâche ou du moins, suffisamment polémique pour faire se lever les boucliers de tous les bienpensants du monde ! Bien sur il s'agit de la PMA et de la GPA. Si la première existe depuis longtemps, la seconde pose d'autres problèmes.

Parce que s'agissant de PMA, on a beau se référer sans cesse à la médecine, souvenons-nous que la PMA la moins chère de toutes consiste simplement à tirer un coup quand on est en période de fertilité, ni vue ni connue, et le tour est joué. Même pas besoin de prévenir le géniteur et si vraiment on se sent malhonnête on l'avertit totu de même. Et puis si quelques années après on a des remords, un bon procès en reconnaissance de paternité et le tour est joué. Elle dispose de dix-huit ans pour le faire et ensuite le délai est prorogé de dix ans pour le moufflet.

Et si vraiment, on est allergique aux mecs, une seringue suffit et le tour est joué dans l’intimité de sa salle de bains. C'est très artisanal bien sur mais cela a le mérite de ne pas subir de stimulation ovarienne et de faire ça en douce loin de la médecine et de la loi. Des femmes qui ont fait un "bébé toute seule", comme le chantait Goldman dès 1987, comme quoi on peut n'être que chanteur et n'en être pas moins visionnaire, il y en atout de même. Je ne peux pas dire que je connaisse des centaines de femmes qui aient agi ainsi mais quelques unes tout de même.

Bon pour d'autres, la PMA tant vantée c'est un peu le parcours du combattant pourvu que l'on s'inscrive dans le cadre de la loi. Ce sera dans un cadre strict. Et le parcours médical n'est pas une partie de plaisir, loin s'en faut. De la stimulation à l'implantation, on comprend vite que la maternité dans certains cas c'est compliqué.

Lorsqu'elles viennent me consulter à l'aube de la quarantaine ou la quarantaine légèrement engagée, sans que le moindre partenaire valable ne pointe le bout de son nez, elles y pensent toutes à ce bébé qu'elles pourraient faire seules. Quant à moi, je n'ai pas à décider même si je comprends leur choix. Chacune d'elle comprend le risque éventuel qu'il y aurait à faire un enfant sans père ou du moins estiment-elles que ce risque existe.

Dès lors, comment aborder ce risque, sachant que rien, ne peut assurer qu'un enfant élevé sans père sera forcément un adulte malheureux. On peut ergoter sur le manque, sur la singularité d'un tel enfant qui sera élevé au milieu d'enfants qui ont eux un père, mais bien malin celui qui saurait affirmer que ce sera forcement l'origine d'une grande souffrance.

Sans doute que pour les plus sensibles, ce manque sera présent, alors qu'il n'existera pas ou peu pour d'autres. Même s'ils ont en commun leurs gènes, les être humains sont bien divers. Un enfant sans père est-il le résultat d'un caprice irresponsable de quadragénaires actives, les fameuses working girls, ou simplement l’expression d'un besoin fondamental et légitime que porteraient en elles les femmes ? Bien malin qui saurait y répondre. En tout cas, ce ne sera pas moi, surtout depuis que Madame Badinter a insisté sur le fait que l'instinct maternel n'existait pas dans son livre L'amour en plus.

Être une femme serait une construction sociale. De toute manière, la construction sociale c'est un peu le truc à la mode. On serait tous pareils, identiques en tous points et puis la société, la vilaine société patriarcale et phallocrate ferait de nous ce que nous sommes. Peut-être que dans une autre société, je ne serais pas allé perdre mon temps sur des forums de bagnoles anciennes mais que j'aurais fait de la couture.

Moi, je ne me prononce jamais sur de tels cas. D'une part parce que même si c'est sans doute pénible, on peut grandir sans père, pourvu qu'il y ait dans le coin une figure paternelle existante. On me dira que c'est facile de dire cela, que moi j'ai eu un père, etc. C'est tout à fait vrai mais d'un autre côté ma profession n'implique pas le fait de dire la loi. Enfin, et justement, je n'ai pas à choisir pour elles, je ne suis pas directeur de conscience. Je peux avoir ma propre opinion sur le sujet sans pour autant l'imposer à ma clientèle. Et puis avec ma mentalité de boutiquier, je me dis qu'après avoir eu la mère comme patiente, j'aurais peut être le gamin dans dix huit ans si ça passe mal ! Faut penser à l'avenir.

Ceci dit sans doute que la PMA me choque moins que la GPA, dussè-je être encore choqué par ces "pratiques" dont les plus progressistes affirment qu'elles sont l'avenir ! Tandis que la PMA n'implique pas la rupture mère-enfant dans la mesure où la femme inséminée aura une gestation normale, il n'en va pas de même pour la GPA.

Et l'adoption me direz-vous ? Dans la mesure où bien évidemment l'enfant adopté n'a évidemment pas été porté par la mère, on pourrait la comparer à la GPA. Elle est à mon sens d'une autre nature. L'adoption est le fruit d'un parcours qui justement fait admettre à la femme que l'enfant qu'elle recueillera sera autant aimé que si c'était le sien qu'elle aurait porté. En ce sens, peut-être que le parcours psychologique menant une femme stérile à admettre l'adoption est-il en quelque chose, semblable à une gestation, fut-elle plus psychologique que physiologique naturellement. Je ne sais pas si de telles études existent. Dans tous les cas, je ne suis pas sur que la mère ayant du abandonner son enfant soit pour autant ravie, quel que soit le destin que cet enfant ait avec ses parents adoptifs.

En l'état, il me semble dangereux d'admettre qu'une GPA puisse simplement consister en un contrat de louage de ventre comme on dirait en droit. Et je trouve assez abominable que Pierre Bergé puisse en toute quiétude affirmer qu'il en va de même du louage de ventre que du louage de sa force physique dans le cadre d'un contrat de travail, comme si il semblait évident que le docker loue ses bras tandis que sa femme louerait ses entrailles. C'est assez curieux d'envisager ainsi la vie du prolo quand on se dit socialiste ! Le type loueait ses bicpes tandis que sa femme en serait réduite à louer son utérus et roule ma poule. Décidément les socialos ont bien changé.


De plus c'est nier que la grossesse soit autre chose qu'un bouleversement physiologique, un peu comme si l'enfant à naitre, cet embryon avait le statut d'un gros fibrome qu'un chirurgien expert vous ôtera d'un coup de bistouri au bout de neuf mois. C'est évidemment nier l'aspect hormonal qui bouleverse les femmes mais aussi ce lien, difficile à définir qui fait qu'une femme enceinte ressentira toujours quelque chose qui nous restera à jamais étranger, à nous les hommes. Mais évidemment en tout cela, je ne suis pas expert. et je ne doute pas qu'une armée de femmes bienpensantes pourrait me persuader du contraire. Moi, je ne reçois que des individus et je ne fonctionne qu'au cas par cas.

En revanche, que dire de la marchandisation de l'enfant ? Certes on peut avancer tous les arguments libéraux pour admettre la GPA, il n'en reste pas moins que si la GPA était autorisée, elle resterait un fait anecdotique. Je n'imagine pas, du moins en France, la pratique se développer. Sans doute qu'au sein d'une famille, la GPA pourra être vue comme une entraide ultime, un peu comme quelqu'un qui ferait un don de moelle osseuse à un proche. Et ce n'est pas sans risques psychologiques par la suite mais au moins s'agit-il du "linge sale" que toute famille est en droit d’avoir sans que l'état ne mette son vilain nez dedans (hormis les violences sur mineurs bien sur).

Je pense que la GPA moyennant espèces sonnantes et trébuchantes resterait minime. On lutte déjà contre la prostitution, qui est souvent vue comme le fait de vendre son corps, ce qui reste abominable dans notre société, et je ne vois pas comment on pourrait soutenir le fait de louer, parce que l'on n'a pas d'argent son ventre à des "nantis". Il faut être un californien sans foi, ni loi autre que le désir de posséder, pour se lancer dans le recrutement d'une future parturiente à louer. Fort heureusement, tous les êtres humains sur terre n'appartiennent pas à la caste des Real housewives de la téléréalité qui justement ne vivent pas vraiment dans la réalité mais dans un monde un peu fictif dans lequel, tandis Manuel taille les haies, James s'occupe de la piscine (et parfois de madame), Bob les aide à sculpter leur corps, Carmen fait le ménage, une autre femme portera l'enfant qu'elles voudront à cinquante ans pour faire plaisir à leur troisième mari.

Je ne vois même pas comment on pourrait organiser juridiquement un tel contrat et je souhaite bonne chance au couple qui voudrait, contrat notarié en main, arracher le bébé à la femme qui l'a porté durant neuf mois et décide de le garder. A moins qu'il n'existe un rapport odieux, dans lequel la femme louant son ventre ne serait qu'une pauvre fille paumée et totalement soumise au désir des "riches", j'ai du mal à imaginer qu'un tel contrat puisse être moralement défendu. De toute manière le droit français ne le permet pas. Et j'ai bien conscience en écrivant cela de passer pour un salaud de gauche vilipendant les désirs des riches.

Bien sur à ce stade de la discussion, j’imagine qu'on pourrait me dire que les gens sont libres et que je n'ai pas à traiter de "pauvre fille", celle qui ferait commerce de son utérus, pas plus que je ne suis en droit de juger une prostituée. C'est tout à fait vrai. Le seul problème, c'est que les fois où j'ai reçu des femmes qui faisaient commerce de leurs charmes dans mon cabinet, alors même qu'elles se voulaient affranchies et sures d'elles, leur belle indifférence fondait comme neige au soleil au fur et à mesure qu'elles me parlaient de leur vie. Laquelle vie expliquait bien souvent ce choix discutable de se prostituer.

Et pourtant je me suis toujours gardé d'apporter le moindre commentaire négatif, quoique je puisse penser de cette activité. Le plus fou finalement, c'est que dans notre société d'abondance où les services sociaux pallient au pires situations, certaines de ces jeunes femmes se soient prostituées essentiellement pour assouvir leur désir de consommation. Parfois une paire de Louboutin coute plus cher que le prix demandé en boutique ! Mais posséder ces escarpins est aussi une manière détournée de s'octroyer de la valeur, quand on manque d’estime de soi, fut elle un peu factice.

Certes certains de mes camarades libéraux, souvent jeunes je suppose, imaginent que l'on pourrait louer son ventre aussi bien qu'on vendrait un rein et ses cornées, mais ce ne sont que des suppositions. A moins d'avoir une morale proche de zéro et des traits psychologiques faisant de soi un sociopathe, j'ai du mal à imaginer que l'on puisse ensuite se vanter d'avoir acheter un rein à un "pauvre" comme si on avait juste acheté une baguette de pain.

Certes parfois nécessité fait loi mais je préfère vivre dans un pays où l'on organiserait par exemple mieux le don d'organe que dans un autre où l'on pourrait se procurer des pièces détachées auprès du quart monde. Je dois être un incurable moralisateur, une sorte de vieux con. Admettre que les gens peuvent bien faire ce qu'ils veulent pourvu que leur consentement soit libre et éclairé n'empêche pas de garder le sens de la mesure. C'est en cela qu'on distingue l'adulte de l'adolescent.

Par exemple, je  ne suis pas contre la drogue. L'usage de certains produits, comme celui de l'alcool, peut être récréatif. Pour autant, je ne me vois pas conseiller à qui que ce soit de prendre de l’héroïne ou bien certains autres produits à la toxicité redoutable. Je n'ai pourtant pas envie d'interdire mais de conseiller car c'est un devoir qui échoit à toute personne adulte responsable. Après tout, la nature en un simple jardin, recèle bien des pièges mortels en termes de produits toxiques. Et pourtant aucune loi ne réglemente la plantation d'un if ou d'une digitale par exemple.

C'est un peu pour tout cela que je me suis tenu loin de l'agitation faite autour de ces problèmes de PMA et de GPA. Non que je m'en fiche comme mes pauvres réflexions vous le prouvent, mais simplement que quelle que soit la solution adoptée, parfois les mesures prises sous l'emprise d'un modernisme ou d'un progressisme forcené, portent en elles-mêmes leur propre arrêt de mort.

Ainsi en est-il de la drogue. Tous ces chanteurs qui en faisait grand usage durant les années soixante-dix ont compris que soit on mourrait d'une overdose, soit on arrêtait. Et je gage que chacun d'eux, maintenant riches à millions, ont leur coach sportif et leur diététicien personnel. Il faut bien que jeunesse se passe.

Il n'y a que la bêtise qui ait du mal à passer, surtout quand elle se revêt des oripeaux d'une pensée soit-disant originale. Bref, il y a des débats qui sont simplement dans l’air du temps et cela ne sert à rien de s'agiter. On peut bien tout autoriser, le réel est là qui veille et les gens, dans leur multitude, sont bien plus raisonnables qu'on ne l'imagine. De toute manière, il suffit qu'elles existent, pour que les chose se fassent !

Finalement ce débat, et l'importance qu'il a pris, a sans doute une signification bien plus politique que psychologique. Cela annonce que la gauche, de plus en plus inapte à se saisir des problèmes de sa clientèle électorale de base, a su se concentrer sur des sujets sociétaux novateurs pour tenter d'exister et finalement y parvenir. Tandis que la droite, vidée de toute substance idéologique, est condamnée à la suivre à chaque fois sans jamais rien proposer d'innovant.

Quant aux libéraux que j'apprécie parfois, il suffit souvent aux plus simples d'entre eux, qu'une chose soit interdite pour qu'ils aient envie de l'autoriser. Il faut bien que jeunesse se passe !

12 octobre, 2014

Délire !


En psychologie, on nomme délire, une perturbation globale, parfois aiguë et réversible, parfois chronique, du fonctionnement de la pensée amenant une personne à élaborer un système de croyances erronées. En tant que pathologie, le délire se distingue d'une croyance basée sur une information fausse ou incomplète produisant une simple erreur de raisonnement.

C'est Karl Jaspers, psychiatre et philosophe qui fut le premier à définir trois principaux critères de délires de son ouvrage de 1913 intitulé General Psychopathology. Ces critères sont :
  • le fait d'être sûr de cette croyance tenue avec une conviction absolue ;
  • le fait que la croyance ne puisse pas être changée par des contre arguments convaincants ou par la preuve du contraire ;
  • la fausseté ou l'impossibilité de la croyance.
On voit donc que bien que les efforts de Jaspers soient louables, le diagnostic de délire est délicat car chacun de ces critères sont plus qu'ambigus. A l'époque actuelle, soyons certains que Jeanne d'Arc tout comme le Christ auraient chacun fini, obèses, dans une cellule capitonnée bourrés de zyprexa jusqu'à ce que l'un et l'autre renient leurs croyances pour sortir. Encore que le Christ, même interné eut plsu de chance que Jeanne d'Arc puisqu'il lui aurait suffit de mourir et de ressusciter.

La notion de délire est d'ailleurs l'arme favorite des régimes totalitaires pour psychiatriser le dissident et le rendre "fou" aux yeux des autres. Si les agissement de la défunte URSS nous sont bien connus, gageons que ceux de notre société actuelle, bien qu'elle nous paraisse plus policée et vraiment démocratique, seront étudiés dans quelques dizaines d'années. Le délirant c'est le fou que l'autre désigne comme tel pour l'exclure de la communauté et le priver de ses droits. C'est donc avant même que cela ne concerne le champ de la psychiatrie, une affaire de société.

Le discours délirant peut être analysé selon cinq axes : mécanisme, thème, degré d'adhésion, degré de systématisation, extension. Il peut débuter par des hallucinations ou des interprétations. Le problème vient ensuite de la durée ou non de ce délire. Ainsi on s'alarmera si le délire se produit sur plusieurs mois. Nul besoin de le faire si le délire est produit par une intoxication et ne dure que quelques heures ou jours.

De même, on doit analyser s'il y a systématisation ou non de ce délire. Le délire est dit systématisé si la croyance parait cohérente alors même que celle-ci ne s'établirait que parmi peu de personnes. Ainsi lors de délire paranoïaque (délire qui est systématisé), le patient explique être persécuté, il donne des raisons possibles de cette persécution, et parfois même l'interlocuteur adhère au discours. On nommait avant la paranoïa "folie raisonnante". En revanche, on parlera de délire non systématisé si la croyance apparait aux oreilles du clinicien ou de l'entourage comme totalement incohérente.

On peut aussi déterminer des délires schizophréniques, qui apparaissent totalement fous des délires non schizophréniques qui semblent bien plus structurés. Ainsi, je me souviens que mon professeur de piano qui commençait doucement à entrer dans la psychose m'avait raconté un jour que nous prenions un café place de la Sorbonne que nous étions entourés d'ennemis, lesquels se distinguaient par leurs canines taillées en pointe. Il ne fallait pas être un clinicien hors pair pour diagnostiquer là un vrai délire nécessitant une prise en charge rapide, ce qui fut fait.

En revanche, voici peu un jeune malien bien éduqué me demandait un rendez-vous au cours duquel, il m'expliqua tous les symptômes qu'il endurait et notamment des cauchemars terribles au cours desquels les morts voulaient l'entrainer dans leurs tombes ou des lions le dévorer. Et quelle qu'ait été la manière très imagée dont il me raconta cela, il ne s'agissait pas d'un délire mais plutôt de l'expression culturelle des symptômes d'une extrême angoisse telle qu'on en voit au cours des dépressions anxieuses. On voit donc que la nature du délire est aussi lié à un fait culturel et que ce qui serait analysé chez nous comme une psychose ne le serait pas en Afrique par exemple. Une bonne cure d'effexor prescrite par un médecin connaissant fort bien l'Afrique a suffit à calmer ce jeune homme là où un psychiatre moins au fait des différences culturelles aurait peut-être prescrit des neuroleptiques.

Bref l'analyse d'un délire est parfois terriblement ardue. On aura beau faire des tas de distinctions nosographiques pour tenter de mettre les gens dans la petite boite qui leur convient, il n'en reste pas moins que face à l’expression d'un délire il faut être circonspect avant de se jeter tête baissée dans la bonne grosse explication psychiatrique avec cure de neuroleptiques à la clé. Allez donc différencier une dépression psychotique d'un trouble schizo-affectif, si tant est que l'une et l'autre soit bien des entités distinctes. Dans les deux cas, c'est comme si l'esprit renonçait au présent pour apaiser la souffrance et ce n'est pas pour autant de la psychose.

Et pour compliquer le tout, il y a évidemment les cas où les causes du délire seront trouvées par la suite et n'auront aucune origine psychologique mais au contraire une bonne vieille explication physiologique comme une tumeur cérébrale, la maladie de Parkinson, l'épilepsie, l'intoxication à certaines drogues, problèmes métaboliques ou endocriniens, etc. A la grande foire aux délires, chaque spécialité à son stand, qu'il s'agisse de la neurologie, de la psychiatrie bien sur mais aussi la cardiologie et tant d'autres encore.

En matière de délires, qu'ils soient systématisés ou non, on sent toujours quelque chose de bizarre chez la personne qui pète un plomb. Chez les schizophrènes, on appelle cela le syndrome de discordance, qui fait que la personne semble totalement désorganisé comme ces types qui cessent de prendre leur traitement et que l'on voit brailler dans les rues à tue-tête. Dans le cadre d'un déliré systématisé aussi, on sent que quelque chose ne va pas tant le paranoïaque nous semble rigide.

Finalement la pire expression d'un délire, c'est quand le patient vous raconte ce qu'il ressent en restant distancié malgré sa souffrance. Qu'il vous explique ce qu'il perçoit, la manière dont il analyse les choses tout en sachant bien que ce qu'il décrit semble proprement délirant. Qu'il est capable de vous expliquer que le vent lui parle tout en restant capable de déconner avec vous. Là, c'est le pire parce que je ne sais pas à qui j'ai à faire. Est-ce un type qui délire pour une bonne raison (tumeur cérébrale ou autre, qu'en sais-je ?) ou bien un futur saint que je suis en train de recevoir et dont l'effigie ornera les vitraux d'une basilique dans cent ans ? Ce pourrait être une simple schizophrénie paranoïde, tous les symptômes sont présents sauf l'adhésion massive au délire et la bizarrerie.

Avant d'envisager le surnaturel, on envisage toujours le naturel ! Alors je lui ai dit de passer un IRM, ce qui a déjà été fait. Je lui ai dit d'en repasser un et je l'ai confié à un psychiatre âgé qui normalement ne reçoit plus de nouveaux patients depuis dix ans. Mais vu le cas, il s'est montré intéressé. Cet octogénaire a le don d'être un très bon médecin tout en étant parfois allumé ce qui lui permet de sortir des chemins balisés. Ce sera peut-être une cause organique toute bête qu'aucun des ânes qui ont examiné mon patient n'a vu. Ce sera peut-être autre chose !

C'est peut-être par exemple l’expression d'un intense complexe de culpabilité qui, ne parvenant pas à s'exprimer, choisit une forme religieuse basée sur l'expiation pour se manifester. C'est fort possible que tout ceci ne soit finalement que psychologique mais de toute manière, j'ai besoin d'un diagnostic différentiel et le cas échéant d'un traitement afin de pouvoir agir.

Jusqu'à présent la seule chose qu'on ait faite pour ce patient, c'est de le blinder de neuroleptiques qui le défoncent sans pour autant atténuer ses perceptions curieuses d'être possédé. Bref, je cherche, je mobilise des gens que j’espère un peu plus malins que la moyenne pour traiter le cas. 

Dépressif avec un syndrome confusionnel, voire schizophrène paranoïde ou bien saint, l'avenir le dira ! Mais quand tout cela sera fini, je pourrais lui dire qu'il m'a bien fait chier tout de même. Parce qu'en général, moi j'aime bien trouver le truc en moins de quinze minutes.

07 octobre, 2014

Intermède !

Il devient difficile de trouver de bonnes photos de marcassins. Celui-ci est photographié avec sa mère. Ce qui relance bien sur le débat sur la GPA et la PMA d'une manière distanciée et élégante.

Un jour, j'irai dans la forêt de Rambouillet photographier des marcassins.

06 octobre, 2014

Manif et mariage pour tous !

Suis pas fan de Mesrine mais bon je cherchais un bras d'honneur pour souligner ma position sur le sujet et il est capricorne comme moi !

On m'a encore reparlé de la Manif pour tous !

C'est marrant, mes patients de gauche qui me trouvent cools pensent que je suis de gauche et ceux de droite, me trouvant tout aussi cool, me pensent de droite. Tant et si bien que si les uns m'imaginent vitupérer contre la Manif pour tous, ramassis de réactionnaires, les autres me verraient bien rejoindre le cortège des opposants à ce mariage pour tous, et rejoindre ainsi les forces de progrès.

Ce n'est pas si simple que cela car si je me suis souvent plaint de la position de Mars en Balance dans mon ciel astral, qui fait un peu gay alors qu'on attendrait le dieu de la guerre dans un signe un peu plus couillu, j'en ai toujours retiré une capacité à peser le pour et le contre. Et ma foi, si sociologiquement, et en tant qu'ancien de l'Institution Sainte-Marie, je pourrais me sentir proche des gens de La Manif pour tous, il y a cependant un petit je ne sais quoi qui fait que je n'ai participé à aucun de leur rendez-vous.

Sans doute que défiler sagement ne faisait pas partie de mes projets. Non que je sois de nature violente mais simplement que j'estime que pour affronter un état obèse et tout puissant il faille faire valoir une capacité de nuisance qui lui fasse peur. Et s'il y a bien une chose qui ne fasse pas peur à l'état quel qu'il soit, c'est une bande de mecs en Loden qui marchent sagement où on leur dit en tenant par le bras leurs épouses en robes Liberty. accompagnés de leurs enfants sapés chez Bonpoint. L'union de Burberry et Laura Ashley ne me semble pas une bonne option politique, bien que je n'aie rien contre ces deux marques.

Enfin ayant eu souvent des patients homos, je ne me vois pas leur interdire un cadre juridique pour leur union. Soit on leur jette des pierres, on psychiatrise l'homosexualité et on les condamne au bûcher, soit on admet les situations et on se débrouille pour régulariser un état de fait qui existe depuis que le monde est monde sans pour autant tout foutre cul par dessus tête.

Je n'étais donc ni pour ni contre, ne me sentant pas au départ vraiment concerné. La seule chose qui m'ait choqué, c'est qu'on utilise le mot "mariage". On pouvait tout aussi bien créer un cadre légal donnant les mêmes droits et l'appeler union civile que cela n'aurait rien changé. Car même si le mariage est un contrat, destiné à administrer le patrimoine des époux et l'éducation des enfants, il revêtait pour beaucoup un caractère sacré et une tradition multiséculaire à laquelle il était malvenu de s'attaquer de manière aussi maladroite et stupide. Seuls les ultras des deux bords auraient été fâchés par une simple union civile remplissant les mêmes offices.

Les religieux les plus ultras auraient hurlé au signe eschatologique prouvant l'emprise du démon sur la France tandis que les militants homosexuels les plus radicaux auraient dénoncé l'emprise des milieux réactionnaires sur une république en danger. En revanche, les gens de bonne volonté aurait accepté ce nouveau contrat.

Je pense qu'utiliser le terme mariage, c'était bien sur fait exprès, pour provoquer le bourgeois, pour écraser les traditions à grands coups de godillots socialistes. Ce n'était donc pas innocent mais bien voulu de manière à créer un ennemi comme l'explique cet excellent article de Contrepoints (avec un "s" à la fin). Comme le soulignait l'auteur de l'article, ce brave Philippe Muray dans L'empire du bien expliquait : « Le Bien a toujours eu besoin du Mal, mais aujourd’hui plus que jamais. Le faux Bien a besoin d’épouvantails ; moins pour les liquider, d’ailleurs, que pour anéantir, à travers eux ou au-delà d’eux, ce qu’il pourrait rester encore, de par le monde, d’irrégularités inquiétantes, d’exceptions, de bizarreries insupportables, enfin les vrais dangers qui le menacent, quoique l’on n’en parle jamais ».

Finalement d'un côté comme de l'autre, l’enjeu est psychologique et c'est à celui qui désignera l'autre comme étant le mal absolu pour le déshumaniser. Dès lors, c'est une compétition qui a lieu dans laquelle, le discours désigne l'ennemi comme étant celui du genre humain tout entier. Les progressistes considèrent que les conservateurs sont contre l'amour tandis que ces derniers assurent que les premiers sacrifient les enfants sur l'autel de leurs idées. Il ne s'agit pas d'avoir un débat structuré et distancié sur un sujet de société mais de faire du marketing politique basé sur l'émotionnel de manière à gagner des points en s'auto-désignant comme étant celui qui a triomphé des ténèbres.

Dans la mesure où le gouvernement a abandonné la plupart des leviers de décisions à d'autres instances internationales, il ne reste plus grand chose pour donner l'illusion de gouverner au bon peuple qui l'a élu. Alors quand on est à droite, on trifouille un peu dans l'économie et l'identité nationale tandis que lorsque la barre est à gauche, on bricole du coté des impôts et des machins sociétaux. Cela les occupe, en faisant croire au bon peuple qu'il reste encore une droite et une gauche avec des projets. Faut vraiment être naïf ou carrément idiot pour se soucier des élections.

Bref à quoi bon se préoccuper d'un non-problème qui ne désigne que l'état socialiste pour ce qu'il est, une entité morte tentant d'assurer sa survie en n'ayant plus rien d'autre à proposer que ce qui pourra opposer les gens les uns aux autres, les amener sans cesse à la confrontation la plus violente qui soit. C'est aussi con que de décider de se déclarer une guerre parce qu'un archiduc de mes deux s'est fait assassiner loin dans les Balkans. Le mariage pour tous tel qu'il a été mis en place, ce n'est qu'un électrochoc destiné à ranimer le cadavre de la société, un jouet destiné à amuser. 

Je ne sais même plus où je voulais en venir, tellement je me tape de ce qui est devenu, par la faute d'un gouvernement idiot, un problème. Si à l'origine, il était simple de régler la situation, de manière apaisée et intelligente, tout a été fait pour envenimer les choses, pour faire se battre les gens entre eux, pour faire en sorte que le combat s'éternise en mentant aux uns et aux autres. Battez-vous sans moi.

Bref, je m'en tape, mais ça je viens de le dire. Je conspue cet état manipulateur merdique. Voilà !