31 janvier, 2015

Croire en ce qui marche !


Gabriele Amorth est le chef des exorcistes du Vatican. Autant vous dire que quand il s'exprime sur le sujet, c'est un cador qui vous parle et pas un scénariste hollywoodien féru d'effets spéciaux. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet dont un qui s'intitule Exorcisme et psychiatrie. Parce qu'il n'est pas contre la psychiatrie, bien au contraire. Il admet que l'on doive toujours faire en sorte de distinguer la maladie mentale de la possession. C'est honnête de sa part. Parce que de l'autre côté, les scientistes, adorateur de la Science, ne font pas toujours le distingo et continuent de traiter des cas qui ne relèvent pas de leur spécialité.

Les lecteurs qui me suivent sont au courant que voici quelques temps, j'ai Jésus dans ma clientèle. Non pas le Vrai qui serait venu me serrer la paluche en bon capricorne qu'Il est mais un autre, un jeune patient dont le cas n'a cessé de m'étonner. Jésus, je le connais bien. Tout allait pour le mieux dans sa vie et puis un jour, il a déraillé sévèrement. Et ma foi, je n'ai jamais trouvé ce qu'il avait. 

Bien sur, j'ai pensé à la schizophrénie mais ce n'était pas cela. Cela ne servait à rien de s'enferrer dans ce faux diagnostique parce que j'avais autre chose en face de moi. Et il aurait fallu être un bien mauvais psy pour se satisfaire de ce diagnostique commode de schizophrénie. Comme le dit un vieux psychiatre de mes amis : la vraie schizophrénie est rare et il y a plus de mauvais psychiatres que de vrais schizophrènes.

J'avais en face de moi un type tout à fait normal qui me racontait des choses totalement anormales. Lui-même avait bien conscience que ce qu'il ressentait semblait complètement fou. J'avais aussi une connaissance intime du sujet, car Jésus je le connais depuis des tas d'années. Je l'avais vu quand il était plus jeune. Je savais aussi qu'il était du genre à s'adonner depuis peu à des expériences mystiques un peu curieuses. Et on en pensera ce que l'on veut, mais il y a des portes qu'il ne vaut pas mieux pousser. 

Jésus, comme il n'a peur de rien et qu'il a une force psychique peu commune, il y est allé avec entrain dans ces pratiques curieuses, ces chemins de traverse de la connaissance, pour voir, simplement pour voir. Alors de la pratique de la sorcellerie, oh juste un ou deux petits rituels, rien de plus, jusqu’à l'ouverture des chakras, il a essayé des tas de trucs. Jusqu'au jour, où il s'est senti tout drôle. 

Comme il ne cessait de me le dire, il se sentait habité par quelqu'un, ou quelque chose, une sorte d'entité qui aurait capté toutes ses pensées, aurait entretenu un dialogue permanent avec lui tout en le faisant souffrir via des hallucinations cénesthésiques telles que des coups ou des brulures. Comme je suis le gars ouvert d'esprit, je l'écoutais Jésus tout en tentant de capter le moindre signe qui m'aurait permis de me dire qu'il était barré et qu'il était grand temps de confier le cas à un hôpital.

L’hôpital on a bien tenté mais dans le service psychiatrique, ils n'ont rien trouvé de probant. Ils n'ont pas retenu la schizophrénie mais on parlé d'état psychotique mixte ou un truc de ce genre, bref rien de précis sauf qu'il fallait qu'ils écrivent un truc. Alors Jésus est revenu me voir parce qu'on s'entend bien et qu'il sait que si j'ai les pieds sur terre, je suis capable d'écouter ses histoires sans le prendre pour un fou.

Je lui ai mis le marché en main en lui disant que l'on allait suivre les deux voies, la voie naturelle en l'adressant à un spécialiste de l'épilepsie parce qu'il aurait pu s'agir d'une épilepsie temporale et que dans ce cas, c'est de la neurologie et que cela dépasse mes connaissances. Mais aussi la voei surnaturelle et que j'allais m'employer à trouver une solution qui une fois encore dépasse mes connaissances parce que l'exorcisme, j'avoue que j'en fais peu.

Je lui ai pris deux rendez-vous avec deux vieux psychiatres en qui j'ai toute confiance. Des gars qui ont fait cinquante ans de psychiatrie, des vieux chibanes comme on les qualifierait dans l'armée de l'air s'ils étaient pilotes, des mecs à qui on le fait pas, qui ne s'émeuvent plus d'un rien, tellement ils ont vu de barges dans leur vie !

Une fois encore, les deux vieux ont été d'accord avec moi. Il ne s'agissait pas de schizophrénie et plus curieusement encore, ils ont admis qu'ils avaient déjà été confrontés avec ce genre de cas lorsque des gens s'adonnaient à des pratiques mystico-religieuses. C'est ce que j'avais noté en farfouillant dans le net. L'un d'eux était d'accord pour lui refourguer une molécule et attendre, tandis que l'autre étant opposé à tout internement, n'était même pas pour un traitement.

Moi, de mon côté, comme au bout de toutes ces années de pratique, je commence à avoir un petit réseau, j'ai trouvé un exorciste. Un, bon, un vrai, pas un cureton qui vous reçoit et qui tandis que vous lui parlez du diable s'ingénie à vous répondre en psychologisant parce que vous comprenez bien que le diable en 2015, faut être un peu dérangé pour y croire.

Celui qu'on m'a recommandé, il exerce à Rome et il revient tous les mois en France durant un weekend. C'est un vieux modèle, pas un prêtre en costume noir, mais un moine en robe de bure qui ne déparerait pas dans le film Le nom de la rose !

Jésus il était à bout e toute manière. Comme il me le disait, il se sentait torturé nuit et jour et il songeait au suicide. Alors rendez-vous a été pris et moi je n'ai fait que le soutenir. A la fin, il n'y croyait même plus alors je l'ai engueulé en lui disant que je n'avais pas fait tout cela pour rien.

Alors, comme un condamné à mort irait vers la guillotine, il y est allé. C'était en province qu''avait lieu le rendez-vous. Ses parents l'ont emmené. Ça devait leur faire drôle d'emmener leur fils à une séance d'exorcisme, surtout que je les connais bien ses parents, et que c'est plutôt le modèle intellos de gauche ! De toute manière comme rien ne marchait plus, ila bien fallu qu'ils ravalent leurs idées et qu'ils y aillent à ce rendez-vous.

C'était un dimanche que cela a eu lieu. J'avais rendez-vous avec Jésus le mardi suivant. Le dimanche soir, il m'envoyait déjà un SMS me disant qu'il sentait du mieux. Et le mardi, quand j'ai ouvert la porte pour le recevoir, ce n'était plus le même. Il était détendu, souriant et il m'avouait que s'il restait quelques symptômes, il notait une grande amélioration.

Il m'a raconté que le prêtre exorciste était plutôt sympa et souriant, qu'il l'avait écouté et penchait pour une infestation plutôt que pour une possession. Les symptômes que ressentaient Jésus lui étaient parfaitement connus et le rituel s'avérait particulièrement efficace pour les combattre. Alors, il a prié et a même dit Satan je te chasse, comme dans les films d'horreurs ! Et là, Jésus a ressenti un truc bizarre en lui et même des trucs physiques comme si quelque chose s'agrippait en lui pour y rester. Le vieil exorciste lui a ensuite recommandé certaines pratiques religieuses en lui disant qu'ils se reverraient dans deux mois.

Voilà ! Voilà tout ce qui avait été fait et j'avais le résultat sous les yeux. Ce type qui une semaine auparavant pensait au suicide comme seul moyen de se libérer après huit mois de lutte, se sentait enfin apaisé même s'il reconnaissait qu'il restait encore à faire. Il était souriant, content et confiant en l'avenir. Tellement confiant que l'après-midi même on le voyait se pointer à une séance de cafing, même que les gens qui l'avaient connu si sombre et désespéré, ne le reconnaissait plus.

Tellement bien que le lendemain, tandis que je déjeunais avec Jean Sablon, ce dernier reconnaissant le changement complètement incroyable qui s'était opéré en Jésus, me demandait "mais tu y crois toi à l'exorcisme ?". Alors que penser de toute cette histoire.

Moi, je reste très prosaïque comme je l'ai expliqué à Jean Sablon. Je crois que dans mon métier, j'ai une obligation de moyens à assurer, c'est ma responsabilité juridique. Et puis c'est ma nature, il faut que je trouve, quitte bien sur à m'adresser à des praticiens d'autres disciplines que la mienne ! Je ne suis pas toutologue, loin s'en faut !

Enfin, même si j'ai des idées arrêtées, par exemple si je considère que le socialisme c'est merdique, je ne suis pas dogmatique pour autant. Je crois juste en ce qui marche. L'exorcisme a marché, j'y crois voilà tout. Et si il faut pour se rassurer, penser que ce n'était que de la suggestion, pourquoi pas après tout. Moi, je ne le pense pas, j'ai vu quelque chose, quelque chose que je ne connaissais pas et qui m'était inconnu et qui foutait un sacré bordel dans la psyché de Jésus, allant jusqu'à tout désorganiser sans pour autant que Jésus ne perde UNE SEULE FOIS le sens des réalités. Voilà tout.

Je crois aussi que l'intelligence peut-être un piège et qu'il y a un vrai péché d'orgueil qui serait celui de l'intelligence, quand on veut à tout prix penser que notre intelligence serait capable de tout circonscrire et que ce qui la dépasse n'existerait tout simplement pas. Je crois pourtant aux atomes que je ne vois pas de la même manière que je crois aux bactéries et aux virus.

Qu'il s'agisse de la science, et le pauvre Semmelweiss a payé cher l'aveuglement idéologique de ses confrères, ou de la pratique psychothérapeutique, l'intelligence doit nous ouvrir à d'autres champs d'expérience et non nous enfermer comme des militants dans ce que l'on sait, ce que l'on maitrise parce que c'est rassurant. Comme le dit Sherlock Holmes, quand vous avez éliminé, ce qui reste, même improbable, doit être la vérité.

Et puis à l'instar de mes deux vieux confrères, si Dieu me prête vie, ce sera sympa le grand âge venu, de me souvenir que je n'ai pas traité que des dépressions ou de l'angoisse, des toxicomanes ou des alcooliques, mais que moi aussi, je me souviendrai qu'une fois, j'ai eu un cas étrange, un drôle de patient que je surnommais Jésus, qui m'a fait perdre mon latin ...

C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité directement ; et de là vient qu'il est toujours disposé à nier tout ce qui lui est incompréhensible ; au lieu qu'en effet il ne connaît naturellement que le mensonge, et qu'il ne doit prendre pour véritables que les choses dont le contraire lui paraît faux.
                                                           Blaise Pascal, De l'esprit géométrique, 1658

26 janvier, 2015

Mon cadeau de Noël et Saint-Gringeot !

Esquisse de la chapelle Saint-Gringeot !
Mon épouse comme chaque année m'a demandé ce que je voulais à Noël. Et comme chaque année, je lui ai dit que je ne savais pas. En fait si, je sais, mais je n'ose pas trop le dire parce que j'ai toujours des idées un peu baroques. Soit des livres stupides comme par exemple sur les fontaines votives et les bois sacrés, soit des trucs parfois très chers et irréalisables comme par exemple une statue équestre de moi-même que chaque commune pourrait commander pour agrémenter leurs places ou jardins comme elles le firent avec la statue du Poilu victorieux d'Eugène Bénet pour les monuments aux morts de la Grande guerre. A force, j'ai toujours un peu peur de passer soit pour un con soit pour un mec un peu bizarre. Alors je me tais.

Cette année comme l'an dernier, j'ai demandé à mon épouse de me retenir Le Gringeot à titre de marque auprès de l'INPI. Elle trouve que c'est une idée de cadeau complètement idiote parce qu'elle aimerait bien m'offrir un truc chic et cher. Mais c'est que moi, j'y suis attaché au Gringeot, ce personnage mythique dont je vous parle depuis tant d'années.

Je me vois bien décliner la marque Le Gringeot sous forme de vêtements, d'articles de sport, de vaisselle, de linge de maison, de lubrifiant intime et autres godemichés et pourquoi pas, céder des licences à des constructeurs automobiles pour qu'il existe enfin une Aston Martin Le Gringeot, enfin fiable avec un quatre cylindres deux litres diesel économique et un coffre digne de ce nom pour charger du bois  ou les valises quand on part en ouikène avec les mômes !

Et comme mon esprit ne s'arrête jamais, j'ai même imaginé une sorte de culte au Gringeot el que je le décris sur mon blog. De la même manière que durant longtemps, et ce malgré la lutte de l'église contre ces relents païens, on s'est ingénié à faire des saints à partir de tout et n'importe quoi, et même d'un lévrier qui avait sauvé un bébé d'une morsure de serpent, j'aurais bien vu un Saint-Gringeot, saint laïc et contemporain vers lequel on se serait tourné pour un peu tout et n'importe quoi. Enfin, chaque fois que l'on se dit que la vie fait chier et qu'on aurait bien besoin d'un truc solide auquel s'arrimer.

Lorsque l'on regarde sur le bon coin, il ne manque pas de petites parcelles de terrains non constructibles situées au diable-vauvert vendues une misère ! J'imaginais alors d'y bâtir une chapelle simple de béton armé et vibré, carrément indestructible comme un bunker allemand, un simple cube massif, avec des fondations solides, sans autre ornementation qu'une niche accueillant un buste minimaliste du Gringeot en acier et une croix faite en ferraille à béton. Bref, la technologie en vente chez Casto ou chez Leroy-Merlin au service de la Foi !

S'agissant d'une œuvre d'art, nulle procédure d'autorisation auprès de la mairie, on coffre, on ferraille à mort et on appelle la toupie pour couler le béton et le tour est joué. On plante un chêne, symbole de la virilité, à côté et hop un nouveau saint est né. Au début les péquenots tireront la gueule de voir ce cube de béton planté là dans leur cambrousse mais après, une fois le pèlerinage entré dans les mœurs, ils feront comme à Lourdes, ils ouvriront des boutiques ces crevards !

Et voilà, un nouveau culte qui nait, un saint accessible comme tout un chacun, un mec simplement fiable qui assure au jour le jour, qui possède une philosophie de vie carrée, une vie sans fioritures, des gouts classiques, qui n'a pas fait de miracles, rien d'hallucinant, un saint qui propose la verticalité à échelle humaine, une sorte de marchepied vers l'espoir alors que les autres saints sont des échelles vertigineuses tendues vers l'éternité que rares sont ceux qui peuvent les emprunter.

La sainteté par le Gringeot, deux marches pour se rapprocher de Dieu. C'est déjà ça !

On pourrait ensuite aller prier Saint-Gringeot pour lui demander n'importe quoi. Par exemple, s'agissant de ses valeurs viriles, les femmes pourraient l"invoquer pour lui demander d'intercéder afin d'avoir un enfant ou pour trouver un mec correct et non un métrosexuel ou un hipster incapable de s'engager, tandis que les hommes pourraient lui demander de les aider à choper des filles, à accroitre leur vigueur sexuelle, la taille de leur verge ou à augmenter leur musculature sans recourir aux anabolisants.

Et comme le Gringeot, c'est pas vraiment le genre de mec à qui on offre des fleurs, même une fois sanctifié, on pourrait en guise d'offrande, laisser un boulon, un écrou, un morceau de fer, une jante ou même un composant électronique. Cela revivifierait la tradition des arbres à loques, sauf qu'un beau boulon c'est autrement plus classe qu'un vieux slip qui flotte au vent sur un arbuste décati.

En cette époque de matérialisme atterrant, le culte thérapeutique de Saint-Gringeot serait un grand pied de nez à tous les marchands en général et aux laboratoires pharmaceutiques en particulier. Je vois bien des médecins dire à mots couverts, aux patients qu'ils ne pourraient plus traiter : pourquoi ne pas tenter un pélerinage à Saint-Gringeot ?

Et dans ces moments là, quand je suis parti, que mon esprit s'emballe, je serais assez idiot pour ouvrir une souscription via paypal pour ériger la chapelle Saint-Gringeot. J'ai déjà trouvé le terrain au milieu de nulle-part. J'ai déjà contacté le vendeur. Cette bourrique me prenait pour un américain en me proposant un prix deux fois plus élevé pour sa parcelle merdique.

Ne me reste qu'à convaincre mon épouse. La connaissant, elle lèvera les yeux au ciel en me disant "fais ce que tu veux après tout !".

M'en fous la marque m'appartient maintenant que j'ai eue mon cadeau, je la gère comme je veux ! La prochaine fois que le Gringeot passe en chair et en os à la maison, comme un gros traitre, je me précipite derrière lui et lui applique un coup de tampon © sur son gros crâne chauve !


Han la la, on me critique ne mail même que ça me rend tout malheureux !

Catherine II de Russie !

Mon article sur les idéologies défensives de métier, me vaut de me faire carrément traiter de phallocrate en mail ! Argh, l'insulte suprême, je suis  mort ! Et dans le même temps, ma lectrice m'explique que si les médecins sont stressés, ils n'ont qu'à faire plus de golf ou partir plus longtemps en vacances aux frais des laboratoires pharmaceutiques ! Ah la la, la pauvrette, si elle connaissait la vie des internes, les exploités du système de soin français !

Je me casse la tête, voire carrément le cul, à relire Souffrance en France de Dejours et même à recompulser le cours de Pascale Molinier, mon ex-prof de psychodynamique du travail à l'INETOP, et voici comment je suis acceuilli. Putain, il faudrait que je me contente d'écrire des trucs sur le Gringeot ou de mettre des photos de marcassins en ligne ! Des trucs consensuels quoi ! La liberté c'est juste pour Charlie et moi je dois me taire !

Et ma lectrice de conclure en plus : "Je suis une féministe, tout comme vous quoique vous en disiez. Vous voudriez que votre femme, votre splendide corse libre et fière, ne puisse pas exercer sa profession ? qu'elle ne puisse pas prendre la pilule ni apprendre à lire ? ou qu'elle claque d'une septicémie parce que son corps de salope tentatrice n'aurait pas le droit d'être vu par le regard d'un toubib ?"

Faudrait que je fasse lire ce passage à mon épouse. Vu le caractère qu'elle a, je ne la vois pas soumise à un mec, coincée dans une cuisine et totalement analphabète. Même notre ancien maire avait peur d'elle depuis une explication houleuse qu'il avait eue avec elle. Et voici que ma lectrice me transforme ma Colomba en soumise. Trop lol comme dirait Lapinou mon filleul socialiste.

Et puis cessons un peu. Les femmes ne sont pas que des victimes, faut arrêter ! Il y a eu des reines, des régentes, des abbesses, une première avocate, une première femme médecin, etc. En revanche, les mecs n'ont pas non plus l'apanage du pouvoir, il y a du prolo qui souffre, du cadre moyen stressé, etc. C'est plus social que sexuel la réalité de la condition de soumis ! 

Une gonzesse riche, et encore plus si elle est belle, aura bien plus de pouvoir qu'un mec fauché et moche. Sortez un peu, moi j'en vois régulièrement des petits mecs avec la tronche grisâtre qui rasent les murs dans leurs frusques de chez Kiabi (la mode à petit prix). Vous pensez que ce sont des héros eux ? Que ce sont des putains de phallocrates ? Ben non, parce que tout cela est social et lié à des enjeux de pouvoir et à des symboles que l'on manipule avec plus ou moins de bonheur en fonction de nos possibilités.

Tenez la fois dernière, on parlait montres avec un de mes patients, un ingé tout ce qu'il ya de plus gentil, et lui qui auparavant se passionnait pour la science, comprend maintenant les enjeux de pouvoirs et admet que posséder une belle montre vous place ipso facto dans la catégorie des winners. C'est stupide bien sur mais c'est comme ça ! D'ailleurs comme il a le poignet fin, je lui ai conseillé une Jaeger-Lecoultre Reverso, un classique qu'on peut toucher pour pas trop cher ! Le monde marche ainsi. Il peut garder sa Swatch qui lui donnera aussi bien l'heure mais il n'appartiendra pas aux cercles du pouvoir. Bien sur après, quand vous êtes reconnu, vous pouvez vous saper comme un loquedu, vous vous en foutez, c'est le comble du snobisme !

 Mais pour en revenir à nos moutons, moi, je ne me sens pas féministe le moins du monde bien que je m'entende généralement très bien avec les femmes. Je ne nie aucun de leur droit sauf celui de m'emmerder en tant qu'homme pour de faux prétextes ou parce que j'utilise un torchon à verres pour essuyer une assiette. Au moins ne me font elles pas chier avec leur foot ! Quoique ces dernières années, elles aient empiété sur ce terrain là aussi. Mais bon, parler entre mecs, ça fait du bien aussi. L'ambiance testostérone agrémentée de vannes bien grasses, c'est sympa. 

Notre déjeuner du mercredi, je l'adore quand on est assis comme des nababs dans une salle rien qu'à nous avec Le Touffier, Chaton, Jean Sablon, le Jeune Gentilhomme Tourangeau et même parfois le petit Jérémie à qui on apprend comme c'est que d'avoir des burnes, et que la belle Soline vient nous servir ! On parle de trucs parfois savants, ou de cul, ou de motos, on se vanne et on rigole bien.

Tiens, la belle Soline, c'est notre Madelon à nous. Et ce n'est pas parce qu'elle nous chouchoute, qu'elle fait sa soumise, bien au contraire. C'est une pièce bien codifiée. On fait semblant d’être des cadors qui décidons et elle nous colle dans sa représentation de ce que devrait être la vie. On reste assis, bien sages, et elle œuvre. L'individu à table, c'est comme l'individu au travail, c'est plus compliqué que cela ne parait.

Tenez la dernière fois, voilà qu'on nous envoie un jeune serveur embauché de la veille. Et la belle Soline de nous demander comment on le trouvait. Comme on est des gars francs, des gars cools mais aussi des gars à principes, on lui a dit qu'il était bien, mais un peu familier tout de même. Parce qu'on peut plaisanter bien sur mais bon, c'est pas pour autant qu'un godelureau de vingt ans va se la raconter avec nous. On est d'accord pour ne pas faire péter les galons mais on est clients tout de même.

Oh putain, vous auriez vu ça, cinq minutes après, le petit nouveau est revenu ramper à notre table, cauteleux et obséquieux à souhait ! La gamine lui avait fait la leçon en lui expliquant qu'on était "sa" table, qu'on était des mecs cools, sympas et respectueux, qu'on laissait des gros pourboires et qu'on devait nous traiter en conséquence. La gamine, parce qu'elle n'a que vingt-et-un ans, ne s'en est pas laissé conter ! Elle l'a mis à l'amende le jeunot qui voulait jouer son kéké façon GO du Club Med' ! Elle lui a collé un gros steak et l'a ramené à de plus justes considérations. Elle lui a appris le métier. Ça c'est de la gonzesse !

Ceci dit même si parfois elle m'envoie des scuds sur mon mail pour me critiquer, je l'aime bien la Cindy, elle est marrante. Elle est super coléreuse, elle démarre au taquet et monte dans les tours immédiatement. C'est le genre à démarrer sans avoir fini de lire l'énoncé ! Marrant, malgré tout ça, elle est diplômée d'un IEP.

Au fait, j'ai une statuette équestre de Jeanne d'Arc sur mon bureau. Si c'est pas de la femme phallique ça, je ne m'y connais pas ! Alors cessez de m'emmerder avec vos procès bidon. Si la psychologie du travail vous intéresse, lisez Dejours et Clot, c'est assez passionnant !

25 janvier, 2015

Foulques-thérapie (2)


Les conseilleurs ne sont pas les payeurs chacun le sait ! C'est pour cela que lorsque mon patient a discuté avec moi de la meilleure manière d'obtenir son augmentation, et que je lui ai conseillé d'agir comme l'aurait fait Foulques Nerra, c'était quitte ou double. La Foulque-thérapie est un peu risquée mais amusante. Au moins si cela ne marche pas, on aura bien rigolé.

Soit son patron, impressionné par autant d'audace capitulait, soit il refusait en lui expliquant qu'ailleurs on lui donnerait peut-être le salaire exigé. Ceci dit, j'étais confiant. On ne se débarrasse pas d'un jeune ingénieur des mines comme d'un équipier chez Mac Do.

Comme cela l'amusait, il a adopté cette tactique et s'est présenté en exigeant beaucoup. Puis, il a attendu. Il a eu un peu peur qu'on ne lui donne rien ou disons, pas grand grand chose. Cela aurait pu se conclure par un joli 2% d'augmentation plus des bons d'achat FNAC.

Et pourtant, je l'ai appris jeudi dernier, la tactique Foulques Nerra a fonctionné. Il a obtenu en cinq minutes d'entretien, près de quinze pour cent d'augmentation. Pas mal non ? Parce que l'on a beau se poser toutes les questions possibles et inimaginables, la meilleure manière d'avoir quelque chose est encore de la demander. A quoi bon finasser et tenter de modéliser la situation longuement. Après, ça passe ou ça casse bien sur. Mais souvenons-nous que seuls ceux qui osent réussissent.

Comme disent les gauchistes, le droit social est un droit de combat. Ce n'est parce que l'on est ingénieur de haut niveau que l'on doit imaginer que l'on est du côté du tôlier. Que dalle ! Un salarié reste un salarié, qu'il soit prolo de base ou cadre sup'. Quand on ne veut plus de lui, on le lourde. Il n'y a que les indemnités qui changent. Ensuite, les clés de votre bagnole de fonction et la CB de l'entreprise seront à déposer à la RH. Avec un peu de chance on vous laissera votre téléphone.
Et encore, si vous l'avez négocié dans le protocole que vous aurez signé ! Sinon, vous serez prié de rapporter votre Iphone 6 !

Idéologie défensive de métier !


Voici quelques jours, un collectif dénommé "Osez le féminisme" dénonçait une fresque ornant la salle de garde du CHU de Clermont-Ferrand au motif que celle-ci représenterait un viol collectif dont personne, jamais personne, peut-être même pas Charlie Hebdo lui-même, n'oserait rire. Au pays de la liberté d'expression, on peut dessiner le Christ qui se fait enculer ou se foutre de la gueule de Mahomet mais pas des femmes. Le sacré a opéré depuis quelques temps un revirement et le blasphème n'est pas là où il était auparavant.

Ayant vu, comme tout un chacun, cette fresque, je n'y ai pas vu un viol collectif mais une sorte de gang bang au cours duquel, la ministre de la santé Marisol Touraine (et surtout sa loi santé) représentée sous les traits de Wonder woman, se faisant pénétrer par des super héros comme Flash, Superman, Batman et Supergirl. On pourra se prononcer sur le bon ou le mauvais goût de l'oeuvre, dans laquelle je ne vois qu'un caricature dans laquelle les médecins dénoncent cette loi. Je suppose que si le ministre en exercice avait été un homme, il aurait lui aussi subi les derniers outrages.

Bien entendu, un collectif de médecins femmes s'insurgent et dénoncent le machisme dans le monde médical dans les colonnes de Libération. Il existe effectivement un rituel lié aux salles de garde assez spécial, du moins jusqu'à ce que celles-ci soit supplantées par les self tenus par Sodexo. Il s'agit avant tout d'un folklore, c'est à dire d'une tradition héritée du XIXème siècle, aube de la médecine moderne et de la création des grands hôpitaux tels que nous les connaissons encore. 

Rappelons nous que le folklore (de l'anglais folk, peuple et lore, traditions) est l'ensemble des productions collectives émanant du peuple et se transmettant d'une génération à l'autre par voie orale ( contes, écrits, récits, chants, musique, danses ou croyances) ou par l'exemple (rites et savoir-faire). A ce titre le folklore n'est pas sexiste mais peut-être très masculin ou féminin en fonction des milieux dans lequel il est né voire neutre. Et qu'on le veuille ou non, la médecine fut un milieu masculin même si depuis quelques années, 60% des PH et 30% des PUPH sont des femmes. 

Au-delà de cette polémique stérile qui est représentative de notre époque, il est intéressant de s'intéresser non pas à cette fresque mais à toutes les fresques qui ornent les salles de garde des hôpitaux. Curieusement, tandis que certaines dénotent un réel talent chez ceux qui les ont peintes, force est de constater qu'elles mettent toutes en scène des corps nus dans des scènes obscènes dans lesquelles les attributs sexuels sont omniprésents.

On aurait beau jeu d'invoquer l'esprit carabin. Il existe sans doute mais n'ayant pas fait médecine, je ne l'ai pas connu. Je me souviens juste de quelques soirées auxquelles des amis étudiants médecins me conviaient quand j'étais jeune. A l'époque, je constatais juste que nous autres, juristes savions mieux nous tenir, puisque nous n'étions jamais saouls avant minuit. C'est vrai que nos horaires étaient plus légers que nous n'avions sans doute pas autant besoin de nous lâcher qu'eux. De la même manière, il est évident que les commentaires d'arrêts dans lesquels on apprenait par exemple que les structures que Coquerel avait édifiées sur son terrain était un abus de son droit de propriété destinée à nuire à Clément-Bayard, étaient sans doute moins angoissants que de voir des malades et des mourants toute la journée.

Il s'ensuit donc que la psychologie du travail a esquissé des explications afin de comprendre pourquoi certaines catégories de travailleurs, avaient érigé en folklore des pratiques que tout un chacun réprouverait. Si il existe des stratégies destinées à éliminer le stress au travail que chacun est libre de mettre en place pour évacuer la pression, on a ainsi pu noter qu'il existait d'autres stratégies nettement plus défensives, radicales, globales mais surtout collectives que certains "métiers" mettaient en place afin de se prémunir contre une organisation du travail devenue très agressive à l'encontre du collectif des travailleurs. On les nommes des idéologies défensives de métier.

Elles sont présentes dans tous les secteurs dans lequel le stress est très élevé et notamment lorsqu'il résulte d'une charge de travail élevée et que la mort est présente, qu'elle puisse être celle du travailleur confronté à des risques mortels ou de celui qui par sa pratique peut tuer autrui. Ces idéologies défensives de métier, apparaissent ainsi pour celui qui ne fait pas partie du collectif des travailleurs comme particulièrement dérangeantes ou choquantes, alors qu'elles n'ont d'autres buts que de rassurer le travailleur en lui proposant un cadre dans lequel on affirme haut et fort que la vie est pmus forte que tout.

C'est ainsi qu'en médecine, milieu dans lequel la maladie et la mort sont tout le temps présente, le jeune médecin au repos érigera en folklore des pratiques au cours desquelles le sexe, en tant que libération de l'angoisse est omniprésent. On peut donc voir dans ces fresques hypersexualisées, non pas des œuvres pornographiques mais plutôt la revanche de la vie, phallus géants, pénétrants des vagins offerts, en une allégorie de la fornication en tant que preuve que l'on est vivant, L'activité sexuelle est en effet l'acte par lequel on se donne du plaisir et l'on donne la vie.

A ce titre, on a pu constater par exemple que les ouvriers œuvrant dans des secteurs très risques comme la construction de building au siècle passé aux États-Unis, avaient eux aussi développé de telles pratiques sous une autre forme. C'est ainsi que tout un chacun a pu admirer des photographies dans lesquelles on voit ces ouvriers déjeunant assis sur des poutrelles, sans s'être assurés par aucun cordage, les pieds dans le vide à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Là où l'on pourrait ne voir que de la bravache voire de la bêtise, c'est avant tout une mise en scène destinée à braver le danger et à assurer que la vie et la chance seront plus forte que la mort due à une chute qui sont mises en scène.

Ces idéologies défensives très "machistes" dans leur mise en oeuvre concernent évidemment des professions très masculines ou auparavant très masculines comme la médecine. Mais elles sont aussi présentes dans des secteurs plus féminins. C'est ainsi qu'une étude avait montré que dans le secteur des soins aux personnes âgées (services de gérontologie, maisons de retraite, etc.), le personnel féminin, infirmières ou aide-soignantes, avait tendance à porter des dessous très affriolants que ne nécessitaient pas leurs fonctions. Les discussions avec ce personnel soignant a fait apparaitre que la présence continue de corps abimés et vieillis entrainait des angoisses qu'elles jugulaient en portant ces dessous extrêmement féminins. Encore une fois, il s'agit e faire triompher la vitalité sur la morbidité au moyen de recours radicaux.

Dans d'autres cas encore, totalement neutres sexuellement, intéressant des milieux axés sur l'innovatione t l'excellence, dans lesquels la compétition est érigée en valeur ultime, ce sont d'autres conduites qui seront valorisées. Parmi celles-ci ce sera le culte de l'excès ou des possessions. Ainsi, parce que le travailleur sait qu'il est perpétuellement sur la sellette, soit parce qu'il comprend que sa société peut disparaitre ou bien qu'il peut lui-même en être viré, il valorisera tous les excès possibles et inimaginables en tant que preuves que pour le moment, il consomme et est bien vivant. On répond aux exigences de l’organisation du travail en allant au-delà de ses demandes et en donnant plus comme s'il s'agissait de triompher d'un jugement ordalique.

L'existence de telles idéologies défensives de métier laisse supposer un collectif de travail extrêmement fort et c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'organisation. Cela indique que les individus ont su créer ce collectif pour endurer les conditions de travail sans décompenser individuellement. A ce titre, mieux vaut une fresque grivoise qui mobilise un collectif de médecins que les voir individuellement prendre du lexomil pour supporter le stress de leur activité.

La découverte la plus importante de la psychodynamique du travail fut de considérer que les gens ne sont pas passifs face à la souffrance issue de l'organisation du travail mais sont capables de s'en défendre de manière surprenante et ingénieuse. Ces défenses n'agissent pas forcément sur le monde réel,  en abaissant les risques ou les contraintes. Les défenses agissent de manière symbolique sur l'environnement en permettant d'éviter la perception de ce qui fait souffrir. C'est une forme de scène de théâtre sur lequel on projette la réalité.

Ces défenses lorsqu'elles se structurent dans des conduites, des représentations, des règles partagées, telles qu'elles existent dans ces fameuses salles de garde, formant un véritable folklore, sont alors nommés des idéologies défensives de métier. Dans les collectifs de travail dans lesquels les hommes sont majoritaires, l'idéologie défensive de métier s'organise autour d'un véritable déni de la vulnérabilité et de la souffrance masculine. Il s'agit même de renforcer ce déni par une attitude méprisante des personnes exprimant ou incarnant la fragilité. 

C'est la raison pour laquelle, lorsqu'une femme entre dans un collectif de travail naguère très masculin, comme le fut longtemps la médecine, elle ne peut être que heurtée par l'idéologie défensive de métier mise en place. Et c'est donc une erreur de juger ces mécanismes à l'aune d'un féminisme idiot alors qu'il s'agit uniquement d'une production psychologique ayant fait ses preuves pour empêcher la souffrance au travail. Dans les collectifs féminins, comme les métiers du soin, la vulnérabilité et la souffrance ne sont pas niées pareillement mais élaborées de manière défensive au travers de techniques différentes, mais existent aussi et pourraient sembler stupides au regard d'un homme.

Bref, l'individu au travail n'est pas un militant associatif socialiste, qui croit avoir tout compris de la complexité humaine, mais un être complexe qui peut mettre en œuvre des stratégies surprenantes pour s'adapter et triompher de certaines agressions issues du milieu dans lequel il œuvre. Avant même de pousser des cris d'orfraies et de hurler comme des chaisières à la vue d'un sexe, il aurait été bon de se demander pourquoi ces fresques existent en salles de garde. Avant de hurler au sexisme, ou à je ne sais quoi, il est toujours utile de se demander pourquoi un tel folklore a pu s'établir et quelle est sa fonction.

Un article du monde en date de juillet 2011, s'étant penché sur l'art dans ces fameuses salles de garde, explique d'ailleurs que :
"Là où la souffrance et la pensée de la mort dominent, il est nécessaire qu'un espace soit dévolu au culte de la fertilité et du plaisir. Comportement archaïque sans doute. Dans les cavernes du paléolithique, les pictogrammes sexuels abondent."

On peut se demander quelle carrière de médecin fera celle qui a dénoncé cette fresque au collectif Osez le féminisme. Sans doute qu'en tant que praticienne, dont les connaissances sont livresques, elle fera son chemin mais je doute qu'elle soit jamais une bonne clinicienne capable de saisir le patient dans son intégrité.Mais peut-être la dénonciatrice n'est-elle même pas interne, et ce serait encore pire.

Beaucoup de bruit pour rien comme bien souvent en France ces dernières années !

23 janvier, 2015

Souvenirs d'enfance !


L'émotion est enfin retombée, il était temps que cette hystérie collective cesse. Voilà, tout le monde était dans la rue, tout le monde a voulu son Charlie Hebdo de collec' et tout est bien qui finit bien. On s'est indigné, on a pleuré, on a communié, on a marché, on a allumé des bougies chauffe-plats, on a assisté en direct aux obsèques de Charb et enfin le gouvernement nosu a dit qu'on allait voir ce qu'on allait voir ! C'est vrai qu'entre l'ancien maire de Tulle, d’Évry et de Cherbourg, c'est du lourd, des types habitués aux grandes décisions, inaugurations de fontaines, galettes des rois, création d'un rond-point, de la graine de De Gaulle ou de Churchill. On peut dormir tranquille.

La semaine passée, je discutais avec l'un de mes chers patients, un jeune avocat, qui s'étonnait de la tournure des événements et surtout de la tristesse ressenties par certaines personnes, alors qu'ils n'avaient aucun lien avec l'une des victimes de ces attentats. Fallait-il y voir de l'hystérie, et donc de la comédie, ou une certaine sincérité et donc en être étonné. 

Parce c'est vrai qu'il faut avoir un sacré degré d'empathie pour pleurer des morts que l'on ne connait pas ! Ceci dit, personne n'a jamais connu la mère de Bambi et sa mort reste tout de même un traumatisme pour bien des enfants. Il s'agit justement d'enfants ! Quoiqu'à la vérité, bien qu'étant adulte, je ne suis pas sur de résister à cette scène, ce qui fait que je n'ai jamais voulu revoir Bambi.

Tandis que je plaidais pour mon explication de la sidération, telle que je l'ai exposée dans un article précédent, j'ai aussi pu avancer un début d'explication à cette débauche lacrymale. J'ai ainsi pu noter lors de ces deux semaines écoulées qu'une catégorie de ma clientèle avait été plus touchée que le reste. Si tout le monde s'accorde à dire que c'est triste, l'une des victimes semblait avoir un statut particulier.

C'est ainsi que chez les 38/42 ans, principalement les femmes, le décès de Cabu a été ressenti plus durement que les autres. Non que cette catégorie de personne ait suivi la carrière du dessinateur mais simplement qu'elles aient toutes gardé en mémoire les prestations de Cabu lorsqu'il participait à l'émission enfantine Récré A2 en compagnie de Dorothée. Dans cette émission, Cabu intervenait pour apprendre aux enfants à dessiner et réalisait en direct ses caricatures. Tous les amateurs d'art, et je sais qu eje suis lu par d'anciens élèves de l’École du Louvre,  se souviendront de la caricature de l'animatrice avec son nez pointu.

C'est en "creusant" un peu avec l'une des patientes qu'i m'en parlait, que j'ai pu réaliser la forte charge émotionnelle liée au décès de Cabu. Parce que beaucoup se souviennent de lui lors de ses prestations dans cette émission enfantine, il a pu bénéficier de l'étiquette de "gentil" que n'avaient pas forcément ses collègues à la dent dure. Cabu c'était donc pour beaucoup, cet éternel adolescent à la drôle de coupe de cheveux et aux lunettes rondes qui les amusait lorsqu'ils étaient petits.

Et comme me le disait ma chère patiente, c'est un peu sur son enfance disparue, ce moment agréable de son existence, ce paradis perdu. A travers la disparition du dessinateur, c'est aussi sur elle, sur son passé qu'elle a aimé pleurer. Jamais auparavant elle n'avait repensé à Cabu pas plus qu'elle n'a jamais acheté Charlie Hebdo. Il aura fallu ce drame, cette exécution pour que le nom du dessinateur soit sur toutes les lèvres et dans tous les journaux.La disparition de Cabu aussi fou que cela paraisse, c'était comme s'apercevoir que ses parents étaient mortels.

Et les souvenirs sont revenus, sans doute pour bien des personnes. A l'instar de la petite madeleine de Proust au travers duquel il revivait son enfance, sans doute que le fait que le nom de Cabu soit ressorti d'un relatif anonymat (qui en parlait avant le drame ?) pour être sur toutes les lèvres aura servi à certains de catalyseur pour se remémorer leur enfance. Certains auront voulu détruire la liberté de la presse dixit le pouvoir, alors qu'ils auront surtout abimé les souvenirs d'adultes.

Personnellement, appartenant à une génération gavée par L'ile aux enfants, je n'aurai jamais ce problème parce que je sais bien, pas depuis très longtemps c'est vrai parce que je suis un grand naïf,  que Casimir n'était qu'une défroque dans laquelle se glissait un comédien. Je sais donc que Casimir ne peut pas mourir et c'est un peu rassurant. Cabu est mort, les madeleines de Proust sont devenues immangeables mais Casimir est vivant !

Je m'adresse donc à tous les terroristes pour leur crier : moi, vous n'assassinerez jamais mon enfance parce que Casimir est immortel ! Même si vous le bruliez, on s'en fout, on peut en recoudre un le lendemain !

Casimir vous nique tous, bande de lâches !

19 janvier, 2015

Le bonheur est sur mon blog !

Photo non contractuelle !

Voici une ou deux semaines, c'est un agriculteur quadragénaire qui m'a écrit de sa Bretagne profonde, où si j'ai tout compris, il élèverait des bœufs ! Fidèle lecteur, il s'étonnait que je n'aie jamais parlé des natifs du signe de la vierge. Ce à quoi je lui répondis que ce blog n'était pas dédié à l'astrologie, qui n'était pour moi qu'une marotte et non ma profession. Afin de ne pas laisser le pauvret sans ressources, je lui enjoignis de s'adresser à Chaton qui est un maître en astrologie et saurait lui donner, le cas échéant, toutes les informations qu'il désirait.

Et c'est ainsi que de fil en aiguille, il me confia qu'il roulait en Kawasaki ZZR mais qu'il était seul et malheureux comme un goret atteint de la fièvre porcine, aucune dulcinée ne partageant ses jours. Je lui répondis derechef que les filles seules, ce n'était pas ce qui manquait à Paris et qu'il serait fondé à mettre ses plus beaux atours, son costume du dimanche et ses souliers en cuir noir, se brosser ses ongles, se faire la raie et se gominer ses cheveux au Pento puis se rendre à la capitale avec son C15 pour y chercher l'amour. Négligeant mes conseils avisés, il a préféré me répondre ceci :

Si tu as des gonzesses en trop , je prends...
En plus d'avoir un gros QI , il faudrait qu'elle ait envie de venir se faire chier en Bretagne centrale , et en hiver svp...
Une solide charpente pour manier la fourche serait un plus.
C'est vrai que la Bretagne du centre ( kreiz breiz) au moment de la mousson, faut pas avoir des tendances à la mélancolie , parce que sinon c'est le génocide assuré.
J'ai passé un an à Perpignan vers 20 ans, moi qui n'avais quasi pas bougé avant, et ce fut un choc. De presque 300 jours de flotte par an , je suis passé à 3 jours...
C'est une erreur de croire que lorsqu'on a connu les fastes et la vie frivole d'un VIP au soleil, on arrivera à s'y faire à ce temps de merde.
Donc si tu connais une nana pas trop superficielle, pas trop canon parce que je ressemble pas à brad Pitt non plus (brad Pitt jeune je précise), pas trop farouche (marre des meufs qui ne savent pas ce qu'elles veulent et qui minaudent passé 30 ans), qui ne cherche pas à me mettre sur la paille avec des gouts de luxe (genre prendre des vacances comme ces aristos de parisiens!), ça m'intéresse.
Je précise que je suis tout à fait disposé à coucher le premier soir .
Je pense que pour décrire mon bled il faut imaginer Foug en moins froid mais avec plus de pluie.
Salutations agricoles.
Voilà ! Vous admettrez que le quidam sait se mettre en valeur et qu'il met tout en œuvre pour  attirer à lui des femmes ! En tout cas, si vous êtes intéressée, écrivez moi et je ferai suivre.
Le fameux Citroën C15 !

Charlie et le Stress post traumatique !


Alors là, attention à ce que j'écris. Entre ceux qui n'ont jamais lu Charlie Hebdo, n'y ont jamais pensé ne serait-ce qu'une seconde de leur vie mais semblent songer que le monde n'aurait plus été pareil sans ce journal, et le nouveau délit d'apologie du terrorisme, j'ai intérêt à planquer mes miches moi ! J'ai intérêt à raser les murs et me recentrer sur ma ligne éditoriale : la psychologie ! De toute manière, je vous l'affirme, je pense comme tout le monde ! Et si tout le monde ne pense pas pareil, alors disons que je pense comme la majorité ! 

Ceci étant dit, j'ai vu que le Figaro avait publié récemment cet article dans lequel on fait état d'une hausse des ventes d'anxiolytiques après les attentats. Alors bien sur, il y a les sans-cœurs qui se sont moqués de ces gens soit disant trop fragiles qui ont recours à la pharmacopée pour traiter leurs angoisses de jeunes filles !


A midi, on m'a même demandé si j'avais reçu de nouveaux patients suite à ces attentats. A la vérité, non, si le chiffre d'affaires de Charlie Hebdo a singulièrement augmenté, le mien n'aura pas varié. Personne ne s'est précipité dans mon cabinet, en se jetant à genoux à mes pieds en me disant sauvez moi j'angoisse depuis le neuf janvier ! En revanche, j'ai eu deux cas qui sont très révélateurs de ce que cette hystérie collective a pu avoir de pernicieux pour l'équilibre des gens plus fragiles.

Le premier est un jeune home qui a ressenti un début de panique alor qu'il échangeait avec un ami qu'il estimait bien connaitre. Se sentant en confiance, plutôt qu'adopter la doxa ambiante, il s'est laissé aller à dire que même si l’exécution des douze de Charlie Hebdo était monstrueuse, ce n'est pas pour autant qu'ilapprouvait la ligne éditoriale de ce journal qu'il jugeait stupide et dangereuse. 

Et c'est à ce moment que cet ami se serait écrié : Comment tu n'es pas Charlie ? Avant de l'agonir d'imprécations par lesquelles, tel un commissaire politique Khmer rouge, il lui avoua que sa prise de position était suspecte. Puis, dégoûté de tant d'absence de sentiment républicain, cet ami s'est levé sans le saluer pour rentrer chez lui.

Mon patient a été ébranlé par cette scène qu'il n'imaginait pas pensable dans la mesure où cet ami lui a semblé être toujours un esprit libre. Comme il me l'expliquera plus tard, il lui a semblé que ce n'était pas simplement une altercation, comme il peut y en avoir même entre amis, qu'il avait vécue mais bien une décharge de haine. Cet ami étant inscrit à un club de tir, mon patient en a développé un sentiment paranoïaque, que l'on doit plutôt rattacher à un syndrome de stress post-traumatique, qui lui donnait à penser que cet ami aurait venir l'abattre chez lui. 

Pour une simple altercation à propos de Charlie Hebdo, en venir à imaginer qu'on pourrait venir vous tuer !? Certes, c'est un patient un peu fragile et surtout doté d'une sensibilité intense mais le fait ne m'étonne pas plus que cela. Mon radar tournant sans cesse dans ma tête pour capter les moindres variations de l'environnement, j'ai ressenti un peu la même chose que ce patient. Moi, biens ur je me suis tu, mais j'ai bien compris que les douze mors de Charlie Hebdo venaient de devenir de vrais martyres auxquels on ne touchait pas. 

Libre à tout un chacun de caricaturer Mahomet mais interdiction absolue de remettre en cause ne serait-ce que du bout des lèvres nos douze nouveaux martyres, sauf à vouloir connaitre la fin du Chevalier de la Barre et à être condamné pour « impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables ». Ces douze martyres ont d’ailleurs eu le droit à leur procession dans chaque ville de France, à leurs cierges (bougies chauffe-plat Ikéa) et même aux cloches de Notre-Dame. Quand l'émotion est à ce point à son comble, il n'est plus temps de raisonner, on se tait et on courbe le joug.

Comme on disait dans la défunte URSS :
Si tu le penses ne le dis pas,
Si tu le dis, ne l'écris pas,
Si tu l'écris, ne le signe pas,
Si tu le signes, ne t'étonne pas.

J'ai pu rassurer ce patient en lui indiquant que ses craintes étaient infondées et que je n'imaginais pas quelqu'un venant l’assassiner pour motif de lèse-Charlie. Il a admis que sa grande sensibilité lui avait fait faire du cinéma et que son angoisse était retombée. Nous avons aussi discuté de la période plus que troublante que nous vivions et de l'égrégore que cela avait engendré.

Un égrégore est en ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome.C'est dans ce cas, une sorte d'exaltation collective répondant, en tant que stratégie de défense, à un état de sidération.

Enfin, deux autres patientes m'ont avoué ne pas se sentir en sécurité en me disant que cet état avait augmenté durant ces derniers jours. Certes, l'idée que l'on puisse être à la merci d'un individu armé d'une kalachnikov n'est pas rassurante. C'est l'attentat combinant la plus forte efficacité puisqu’il ne demande qu'un individu déterminé et des moyens dérisoires pour un résultat meurtrier.

Pour autant, alors qu'il semble que ces armes de guerre ne soient pas difficile à se procurer dans certains endroits, comme l'attestaient déjà des documentaires sur le sujet datant de quelques années, Dieu merci, elles ont essentiellement servi à des actes criminels plutôt qu'au terrorisme. Espérons que la publicité planétaire donnée aux trois terroristes ne donnent d'ailleurs pas d'idée à d'autres. Ce serait aussi le prix à payer pour cette surmédiatisation ! 

En discutant avec ces deux patientes, nous avons vu que cet état de stress existait bien avant ces attentats et que ces derniers n'avaient fait que le catalyser, lui donner plus d'acuité. Les deux ont fait état de la jungle qu'était devenue Paris quand on est une jeune femme obligée de prendre les transports en commun et d'affronter ce que nos bons élus nomment des "incivilités" mais qui pour une femme sont autant d'agressions très difficiles à vivre (insultes, attouchements, etc.).

Enfin, il ressort aussi que la surmédiatisation a donné à ces événements une charge émotionnelle au delà de toute raison. Les chaines d'information tournant an boucle, H24, ainsi que les moyens disproportionnés destinés à arrêter ces trois individus, on pu donner à penser que la France était en guerre, qu'une armée étrangère était aux portes de Paris. Un peu plus, et ils auraient réquisitionné les taxis ! Là où pour toute prise d'otage, telle qu'il s'en est passé une très récemment dans une agence bancaire, on se contente d'envoyer le nombre de spécialistes nécessaires, durant ces journées du neuf au onze janvier, ce fut une vraie débauche de moyens hollywoodiens.

Sans doute que cette débauche de moyens en hommes et en matériel, derrière laquelle de mauvais esprits auront pu voir une instrumentalisation d'un pouvoir exécutif exsangue décidé à faire oublier ses résultats économiques catastrophiques, amplifiée par des médias ultra-présents jusqu'à la nausée, auront pu donner à penser à certains que nous étions en guerre.

C'est sans doute un véritable traumatisme psychique, alors même qu'ils n'étaient proches d'aucune des victimes, qu'auront pu vivre certaines personnes. Un traumatisme psychique est justement un évènement qui par sa violence et sa soudaineté, entraîne un afflux d’excitation suffisant à mettre en échec les mécanismes de défense habituellement présents et efficaces. Il s'ensuit souvent un état de sidération et entraîne à plus ou moins long terme une désorganisation de la psyché.

La sidération est un état de stupeur émotive dans lequel le sujet, est figé ou inerte, allant parfois jqu'à la prte de connaissance ou la catatonie. La sidération agit comme un arrêt du temps qui fige la personne dans le choc traumatique, au point que les émotions semblent pratiquement absentes. La sidération est un blocage total qui protège de la souffrance en s’en distanciant.

C'est justement dans ces moments là qu'il est utile de parler, de mettre à distance les affects traumatisants comme l'angoisse, de revisiter les événements à l'aune de la pensée rationnelle afin d'éviter que les émotions n'agissent seules.

Ainsi qu'on qu'en disent les moqueurs, se croyant toujours au dessus des autres, je comprends tout à fait que les ventes d'anxiolytiques aient augmenté. Au-delà de la tragédie terrible qui a fait dix-sept victimes, il me semble qu'on en a fait trop. Non qu'il aurait fallu minorer les événements mais simplement leur attribuer leur juste gravité ou plutôt réagir de manière plus mesurée et par cette débauche émotionnelle.

Ce n'était pas la wermacht contournant la ligne Maginot, ce n'était que trois individus connus des services de police comme l'on dit. Des individus dont on connait parfaitement le fonctionnement et qui viennent toujours au fantasme religieux via la délinquance. Et moi ce qui m'inquiète, c'est qu'en attribuant une telle charge émotionnelle à ces événements, on ne finisse par créer des émules.

Ce n'est pas pour autant que je finirai sous lexomil. Pas encore !


11 janvier, 2015

Ben euh ...


05 janvier, 2015

Sous le signe de l'audace !


Bon, c'était la rentrée pour moi. C'était marrant, tandis que j'adore mon boulot, dimanche soir, j'étais comme un gosse à la veille de la rentrée des classes ! Je m'étais habitué à rester chez moi durant dix jours, à faire ce que je voulais, c'est à dire pas grand chose mais j'aimais bien. 

Plein de gens racontent qu'ils adoraient l'école mais moi je détestais ça. J'avais de bons résultats même si sur la fin, on ne peut pas dire qu'ils se soient maintenus. Mais bon, j'étais plutôt efficace puisque j'y suis parvenu malgré un travail personnel proche de zéro. Non, je n'aimais pas sortir de chez moi ou alors pas trop souvent, il aurait fallu que la semaine soit concentrée sur deux ou trois jours. Je suis meilleur en boulot intensif qu'en travailleur constant. 

Mais il a fallu que je retourne au cabinet. Ceci dit pour la rentrée je n'avais que des gens sympas et aucun nouveau. C'était bien, ça ressemblait à l'année passée. Et puis, Jean Sablon est venu déjeuner et comme il aime autant ses habitudes que moi, on a fait comme on fait toujours : chinois ou kebab ? Et oui, on sait vivre, on aime les bonnes choses ! Et on n'hésite pas à se vautrer dans un luxe indécent !

On s'en fout, c'est le plaisir de parler ensemble vu qu'on a 99% de points communs. C'est chouette j'ai l'impression de me parler même si on a quinze ans de différence. Il est né vieux comme moi. C'est un saturnien comme moi. Ça change des hipsters qu'on croise un peu partout !

Finalement comme il faisait froid, on est allé chez Fleur de Lotus près du cabinet. Quelques pas à faire et hop on était au chaud. On a pris comme d'habitude, le menu impérial à 7,60€. On ne se refuse rien nous. On donne carrément dans l'impérial. Et c'est là que c'est un peu parti en vrille !

Habituellement on mange toujours la même chose : nems au porc, poulet du chef et nougats chinois, avec un Coca pour lui et une Cristalline pétillante pour moi. Je sais que les gourmands se pourlèchent déjà les babines à l'énoncé de ce repas de roi d'empereur ! Ben oui, on gagne notre vie alors on en profite !

Mais là, sans savoir pourquoi, au lieu des nems au porc, j'ai pris un rouleau de printemps et Jean Sablon m'a regardé un peu décontenancé. C'est vrai que je ne l'ai pas habitué à de telles folies. Mais ça ne s'explique pas, d'un coup d'un seul, une petite voix m'a dit "et si tu changeais pour une fois" et je lui ai obéi !

Comme Jean Sablon me regardait curieusement, je l'ai apaisé, l'ai rassuré en lui disant que je ne devenais pas fou mais que je croyais que l'année 2015 serait placée sous le signe de l'audace ! Et c'est là que m'emboitant le pas, plutôt qu'un Coca, il a carrément pris un Schweppes agrume ! Carrément ! Le truc de dingue ! On n'en revenait pas en portant nos plateaux jusqu'à notre table !

On s'est souri l'air un peu penaud, parce que ça nous faisait vraiment tout drôle de faire des trucs aussi insensés ! Moi j'avais changé mon entrée et lui sa boisson alors que depuis cinq ans, on prenait toujours la même chose. On nous aurait croisé sortant d'un bordel, notre gêne n'aurait pas été aussi grande ! C'était de la folie pure !

Alors quelle leçon en tirer ? Je ne suis pas astrologue même si c'est une marotte mais je crois que si vous êtes né sous le signe du capricorne, comme moi, ou êtes ascendant capricorne, comme Jean Sablon, 2015 sera une année de folie pour vous, placée sous le signe de l'audace la plus débridée !

Sait-on ou tout cela va nous mener ! On a un peu peur tout de même !



03 janvier, 2015

J'oubliais encore en espérant ne plus oublier !


On m'a redemandé mon mail. C'est vrai que je pourrais le mettre dans la colonne de droite du blog. Je pourrais aussi actualiser mes liens. Je pourrais ainsi proposer des liens à tous ceux qui m'ont mis eux-mêmes en lien. Je pourrais ainsi diriger vers cet excellent blog ou cet autre encore, voire aussi celui-ci. D'ailleurs, si vous souhaitez un lien, dites le moi !

Je pourrais faire tout cela si je n'étais pas si négligent. Bon, je le ferai vendredi car j'aurai du temps. en attendant, je vous réitère mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2015. Puisse Sainte Dymphne veiller sur vous, que vous soyez dépressif, anxieux, épileptique, schizophrène, bipolaire, atteint d'un trouble du comportement alimentaire voire un confrère !

J'allais oublier, voici mon mail (en gros, gras et rouge) :

PA6712@yahoo.fr

01 janvier, 2015

Bonne année à tous !


Et voilà, une autre de passée et une qui commence. C'est ainsi que je vous présente à toutes et tous, chères lectrices et chers lecteurs, mes vœux les plus sincères pour cette nouvelle année 2015 ! Puisse cette année vous apporter tout ce que vous souhaitez de mieux et éloigner de vous ce que vous redouter. Quoique parfois, ce que l'on redoute ait parfois du bon car que serait-on sans avoir connu quelques épreuves ? Rien du tout !

Et puis n'oubliez pas que vivant du malheur d'autrui, que deviendrais-je si la vie n'était pas jalonnée de frustration, de douleurs et de deuils divers et variés. Je deviendrais inutile et il ne me resterait qu'à aller planter des pommes de terre ou à me retirer en ermite. Parce que ce n'est pas à mon âge que je pourrais retrouver un travail salarié. Au mieux, je serais accueilli dans une quelconque communauté Emmaüs où je ne serais même pas capable de remettre des meubles en état vu que je ne suis pas manuel. Ceci dit je pourrais conduire la camionnette qui vient chercher les meubles que l'on donne.

Mon projet immédiat n'étant pas de me laisser pousser une barbe et de déprimer en conduisant un Iveco Daily dans une communauté Emmaüs, c'est avec un plaisir teinté de culpabilité que je me contenterai de poursuivre ma vie telle qu'elle est. Si d'aventure vous étiez tenté de me souhaiter quelque chose, soutaitez moi que rien ne change car je ne suis jamais aussi heureux que quand aujourd'hui ressemble à hier et que je sais que demain ressemblera à aujourd'hui !

Je vous réitère donc mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année et n'hésite pas à illustrer cet article d'une image volée sur un site proposant des cartes de vœux virtuelles. J'ai juste ôté le happy new year parce qu'on est en France bordel et pas chez les rosbifs ni chez les amerloques !