30 mars, 2015

Syndrome de fatigue chronique ou SFC.


L’encéphalopathie myalgique, dit aussi syndrome de fatigue chronique (SFC), c'est comme la fibromyalgie, tout le monde en a entendu parler et tout le monde a son avis sur le sujet. Parce que ces pathologies touchent plus les femmes, certains y voient une manifestation hystérique destinée à être psychiatrisée, tandis que d'autres croient en une explication physiologique.

Moi, je n'en pense rien de particulier si ce n'est qu'il faut entendre les plaintes des patients et les situer à leur juste valeur. Il y a aussi des gens sincères qui souffrent sans en tirer un quelconque bénéfice et il me semble plus qu'abusif, sous le prétexte qu'on ne parvient pas à les traiter, de les adresser aux psys.  Bien sur il y a aussi des personnes qui se complaisent dans la plainte et auront tendance à exagérer leurs symptômes. Ce sont ceux-là que l'on pourra éventuellement affubler de la qualification d'hystériques. Il ne me semble pas compliqué de faire la part des choses et de les distinguer.

Ce matin, une patiente me consultait justement pour un SFC. Durant tout l'entretien elle m'a semblé parfaitement sincère. Son parcours est celui du combattant, chaque spécialiste rejetant son cas à un confrère, le dernier plutôt que de s'avouer vaincu face à une pathologie dont on connait mal les origines lui recommandant d'aller voir un psychiatre. Ce dernier, tout comme moi, ne trouvant rien de pathologique chez ma patiente, la déclarant saine d'esprit, lui recommandant d'aller consulter je ne sais qui. Et voici plusieurs années que cela dure.

Je n'ai pas pu faire mieux. Je n'ai distingué chez elle aucune trace d'aucune pathologie quelconque. Elle m'a semblé totalement saine d'esprit ! Sa seule souffrance venait en fait de la manière dont elle était traitée. Et elle et moi avions des avis communs sur ce fameux SFC. Il s'agirait sans doute d'une maladie auto-immune qui nécessite de vraies recherches, lesquelles sont faites aux États-Unis. Dans l'attente d'un traitement, il n'y a rien à faire. Ceux qui souffrent d'un syndrome d'Elhers-Danlos ont connu pareille atteinte, eux que l'on taxait de mensonge avant que la recherche ne trouve qu'ils étaient atteints d'une anomalie des tissus conjonctifs.

Bon nombre de pathologie aujourd'hui parfaitement reconnues ont connu pareil parcours, ceux en étant atteint avant que l'on n'établisse un vrai diagnostic se voyant soit accusé de feindre la maladie ou se voyant astreint à un traitement inadapté. 

Aujourd'hui en l'absence de traitement, on recommande à ma patiente une TCC basée sur l'apprentissage de l'effort comme si celui-ci était une phobie. Comme si sa fatigue n'était pas du à une quelconque pathologie bien réelle mais juste à une "peur de faire des efforts".

Elle s'en est remise à moi. Non qu'elle pense que j'aurais une solution mais sans doute pour que je lui dise que je la trouvais parfaitement normale. Sans doute, lisant mes textes, a-t-elle imaginé que j'aurais une solution, un recours quelconque, une idée baroque à lui proposer.

Des idées baroques, j'en ai ! Ce sont les suivantes :
  • D'abord tenir bon et garder son humour et envoyer se faire foutre tout Diafoirus lui parlant de la psychiatriser ;
  • Continuer à se battre pour lire et collecter des documents allant dans le sens d'une reconnaissance scientifique de sa pathologie ;
  • De mon côté, je vais en parler aux médecins un peu "allumés" que je connais, ceux qui savent parfois sortir des sentiers battus et bricoler dans leurs coins sans pour autant avertir leur collègues de peur de passer pour des dingues ;
  • Rédiger cet article car qui sait, peut-être par le plus grand des hasards, un(e) lecteur(rice) aura-t-elle une adresse ou un remède miracle à proposer ;
  • Voir ce que les médecines alternatives proposent sans sombrer dans la superstition et la supercherie ;
  • Brûler un cierge à Sainte Rita et à Saint Jude les patrons des causes désespérées ;
  • Positiver en se disant que finalement c'est un bon moyen de devenir stoïque et aussi balaise qu’Épictète !

  • Alors chères lectrices, chers lecteurs, si l'un(e) d'entre vous a des idées au sujet du SFC, et connait un truc qui a marché, écrivez moi en mail et je transmettrai à ma patiente !

    PA6712@yahoo.fr

    TDAH suite et vraiment fin !


    Une de mes chères patientes vient de m'appeler en me disant qu'on lui avait diagnostiqué un trouble bipolaire de type 2. Moui, pourquoi pas. C'est vrai qu'elle est spéciale parfois mais je me dis que je l'aurais vu. D'un autre côté, c'est vrai que je peux rater des trucs. En tout cas, si elle est bien hyperactive dans tous les sens du mot, elle n'en a pas moins réussi ses études. Et je n'ai jamais observé de dépression chez elle, du moins elle ne m'en a pas parlé. Sans doute, sera-t-elle une des énièmes personnes chez qui, à défaut d'autre chose, on aura diagnostiqué un trouble bipolaire et donné un peu de Dépakine.

    De toute manière, quand j'ai commencé dans les boulot, les troubles bipolaires étaient totalement sous-diagnostiqués et maintenant, j'ai l'impression qu'on en voit partout ! Après les classiques TB1 et 2, sont venus les 3 puis 4 et maintenant certains en comptent jusqu'à 8. Chacun peut avoir son trouble bipolaire rien qu'à lui, son nid douillet. Il y a vraiment cette manie des gens de vouloir être à tout prix dans une boîte avec le médicament qui va bien et les rendra aussi lisses et heureux qu'un militant MODEM !

    Moi j'ai une autre approche. Je pense que sauf s'il existe des symptômes terribles qui altèrent réellement la qualité de vie d'une manière dramatique, il échoit aussi à notre condition humaine de nous accomoder des petites choses et de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Comme le soulignait mon estimé confrère François Roustang : "se plaindre entretient la souffrance". Et il rajoute aussi : "ruminer ses problèmes, ça enferme. C’est pourquoi l’action vaut mieux que l’introspection", tout en admettant que "croire qu’on va guérir de sa douleur intérieure en apprenant à se connaître est la grande illusion du moment". Je ne peux que souscrire à ces propos.

    Le vrai TDAH, on le connait, c'est ce gamin invivable que l'on a déjà vu et dont on ne sait pas s'il lui faudrait des claques ou un médicament tellement il remue et s'oppose à toute forme d'autorité. Mais pour le reste ? Je n'en sais rien. Pas évidement de différencier le TDAH atypique d'une cyclothymie ou d'une dysphorie ! Chacun prêche pour sa chapelle en fonction de ce qu'il a compris des symptômes.  Existe-il des médicaments qui permettent de vivre mieux certains de ces symptômes ? Sans doute. J'en connais un, un chercheur, sous Ritaline, et il jure que cela lui a changé la vie, tandis qu'un autre mis sous Dépakine se sent nettement mieux. Système dopaminergique vs système gabaergique, chacun voit midi à sa porte et ma formation lacunaire en neurobiologie m'empêche de pencher pour l'un ou pour l'autre.

    Et puis, il ya d'autres voies pour s'en sortir. Il y a par exemple celle que montre le Dr Dupagne dans son petit livre sur les Zappeurs dans lequel afin de tenter de circonscrire le TDAH tel qu'il l'entend, il prend pour exemple le personnage du Lieutenant Columbo pour le décrire. Inorganisé, solitaire, distrait tout en étant capable de poursuivre ses idées, incapable de vivre sans son calepin de peur de totu oublier, perdu dans ses pensées, etc. Comme le souligne bien l'auteur, Columbo a valorisé certains traits de caractère habituellement considérés comme de graves défauts. 

    On pourrait aussi analyser de la même manière le personnage de fiction qu'est Sherlock Holmes. Obessionnel, drogué, étrange, etc., voici un personnage qui nous apparait relever du TDAH lui aussi. Il est tellement réel qu'il est difficile de savoir s'il a réellement existé ou non, bien que l'on sache que c'est une fiction. Conan Doyle l'auteur, lui même semblait avoir une personnalité curieuse puisque bien que médecin et scientifique il se passionnait pour la médiumnité.

    Plus proches de nous, la série Docteur House fut un vrai succès. Le personnage est d'ailleurs largement emprunté à sherlock Holmes. Et c'est vrai que, bien que me contrefichant des enquêtes médicales de la série, je trouvais le personnage de Grégory House, pour une fois terriblement réel. Tandis que la plupart du temps, les scénaristes bricolent des personnages peu probables, voici un médecin bien réel dans une fiction. Une fois encore, si l'on devait comprendre de quoi souffre le Dr House, c'est bien d'un TDAH dontil s'agirait avec sans doute un système dopaminergique fonctionnant mal !

    Alors aujourd'hui, je n'en sais pas plus qu'auparavant. Il existe sans doute de vrais TDAH comme il existe de vrais troubles bipolaires. Et puis au milieu de tout cela, il y a juste des gens fonctionnant plutôt correctement bien qu'ayant des troubles psychiques parfois pénibles. Ce sont tous ceux à qui l'on reproche d'être soit "trop", soit "pas assez". Faut-il les médicaliser pour autant ? Je ne le pense pas.

    A leur sujet, je reprendrai ce que Baudelaire disait des dandys (les vrais !) lorsqu'il affirmait que ce sont des hercules sans emploi. Sans doute qu'avec une profession à leur mesure, la plupart serait heureux et verrait leurs troubles devenir des atouts.

    Jésus : où j'assite à des "miracles" !


    Non content de grogner, Jésus, mon patient possédé, fait des miracles ! Comme il s'est mis en tête que sa mission était d'évangéliser, il distribue des médailles miraculeuses à tout le monde. Bien sur, dit comme ça, on pourrait croire que Jésus est un peu taré mais il n'en est rien ! Je vous assure qu'il est très sympathique ! C'est juste un mec normal à qui il arrive des trucs de fou !

    J'ai bien sur eu ma médaille, de même que tous les participants aux séances de cafing. Au début, ça choque un peu mais quand les gens comprennent que c'est Jésus, ils comprennent sa démarche et en parlent librement. Jésus reste un évangélisateur très cool !

    Et voici que la dernière fois, il demande au Jeune Gentilhomme Tourangeau, s'il avait conservé sa médaille miraculeuse. Ce dernier ne voulait pas heurter la sensibilité de Jésus ni le contrer dans sa lubie, a immédiatement sorti sa médaille miraculeuse et ... Et quoi ? Alors qu'elle était à l'origine en métal argenté, la voici qui était devenue dorée !

    Jésus criait bien sur miracle ! Moi qui suis prosaïque, je lui ai juste dit que ce devant être le frottement qui avait ôté le plaquage et révélé l'alliage doré de base ! Jésus n'en croyait rien et ne voulait pas en démordre ! Ceci dit, il admettait mes arguments. Bon, j'avoue que la médaille était argentée dans la masse !

    Et voici qu'hier, je reçois un nouveau SMS de Jésus qui me dit qu'une seconde médaille, celle qu'il a offerte à son petit frère, est aussi devenue dorée. Et là, Jésus exulte. Pourquoi pas. C'est dans ces moments là que j'aurais besoin de Gérard Majax, le magicien célèbre de quand j'étais petit et qui clamait toujours "y'a un truc" avant de le démontrer.

    Majax n'était pas là. Que s'est-il passé ? Je n'en sais rien. Jésus est possédé, Jésus grogne, Jésus sent des odeurs de roses entêtantes dans les églises et pourtant la psychiatrie comme la neurologie ne trouvent rien chez Jésus qui, à part cela, reste quelqu'un de charmant avec qui on peut discuter de tout un tas de choses !

    Soit c'est un signe eschatologique et la fin des temps est proche et je ne saurais trop vous conseiller chers lecteurs de vous repentir ! Soit Jésus déconne à plein tube. Et pourtant, je ne crois pas qu'il déconne. J'en suis même persuadé. Mais bon en brave petit gars du XXIème siècle et alors même que j'assiste à tout cela, je me dis que ce n'est pas possible et qu'il y a un truc. La science est devenue un Dieu !

    Même si au fond de moi, une autre petit voix me dit qu'il n'y a pas de truc ! Bon, Jésus sera peut-être un saint et je serait peut-être représenté sur les vitraux moi aussi en sa compagnie. Ce n'est pas si mal. En ce moment j'ai aussi un chercheur qui ne désespère pas d'obtenir un prix Nobel d'ici trois à cinq ans.

    Un Saint et un prix Nobel, pas mal pour mon activité non ? Je connais des confrères médiatisés qui n'en ont pas autant dans leur clientèle !

    Des nouvelles de Jésus : où je flippe un peu tout de même !


    Jésus m'a écouté. Alors même qu'il avait commencé un exorcisme avec un certain succès, il a bien voulu explorer d'autres causes physiologiques. Parce que je veux bien croire au surnaturel, mais pas tant qu'on aura pas balayé toutes les explications surnaturelles.

    Alors voici quinze jours, c'était un mercredi, Jésus s'est retrouvé face à un neurologue. Un balèze, un praticien hospitalier qui non content d'être un simple neurologue est aussi épileptologue. Et croyez-moi que le gars est une pointure, il a fallu que je pleure et que j'ameute du réseau pour obtenir un rendez-vous avec ce gusse.

    C'est ainsi que la tronche bardée d'électrodes, Jésus s'est plié aux examens qui sont duré des heures. Verdict ? Rien du tout, bon pour le service. Le mec, aussi balèze soit-il, n'a rient trouvé qui clochait. Pas d'épilepsie temporale à l'horizon en particulier, ni rien d'autre à signaler, ce n'est pas neurologique.

    Alors face aux symptômes assez curieux, du bout des lèvres, le neurologue a préconisé un retour à la case départ : la psychiatrie. Et là, Jésus a juste demandé au neurologue s'il pensait qu'un cinquième psychiatre y verrait plus clair que les quatre précédents. Le neurologue n'a rien dit et encore moins quand Jésus lui a avoué que le seul truc qui avait fonctionné, c'était l'exorcisme ! Rien de plus n'a été dit, dans le genre "moi j'ai fait mon boulot, allez voir ailleurs si j'y suis".

    Le dimanche suivant, Jésus avait sa seconde séance d'exorcisme ! Et moi, je l'ai récupéré le mardi suivant, donc la semaine passée. Jésus et moi, on s'entend bien. Il faut dire que je suis le mec ouvert d'esprit. Je ne suis pas à priori contre l'idée de possession même si j'admets que c'est vraiment en dernière intention qu'on doit soupçonner cela. Je ne suis pas le seul. Je connais deux psychiatres, pourtant d'un excellent niveau, qui ont déjà eu recours aux services d'un prêtre exorciste. Bien sur, ils m'en parlent librement en déjeunant mais ne l'avoueront jamais par ailleurs !

    Jésus s'est donc pointé à l'heure au rendez-vous. Toujours aussi sympathique le Jésus. Et puis, il faut admettre que c'est un mal pour un bien, mais que sa "possession" lui aura fait un bien fou ! Plus question de déconner maintenant, ça lui a mis du plomb dans la tête. Il faut dire que vu les symptômes dont il me parle, bruit dans les murs, conversations avec une entité, sensations de brûleurs, etc., ce n'est pas rien la possession. Ça remet les idées en place.

    Là il m'a dit que la seconde séance d'exorcisme lui avait fait du bien mais que maintenant, dès qu'il évoquait sa foi, qu'il en parle ou qu'il prie, il se mettait à grogner ! Moi j'ai écouté benoîtement ce qu'il me disait parce que je ne savais pas ce que pouvait donner un mec en train de grogner. J'ai eu vite fait de voir !

    Parce qu'à un moment, sans doute par volonté de me donner un aperçu de la dernière trouvaile de l'entité qui le possède, s'est mis à parler de dieu, de Jésus et de la conversion des athées. Ce n'était qu'une conversation à bâtons rompus plutôt sympathique ou Jésus me parlait de ses convictions sans qu'il n'y déploie une quelconque activité maniaque ou hypomaniaque. Non, rien qu'un mec qui vous parlerait de sujets qui le passionnent.

    Et là, devant mes yeux ébahis, je l'ai vu se plier en deux, se casser sur le fauteuil comme s'il avait mal, il m'a jeté un drôle de regard. Déjà qu'il a les yeux bleus et un regard un peu dur parce qu'ils sont enfoncés dans les orbites, là son regard m'a foutu les boules comme on disait dans les années quatre-vingt.

    Aussi vrai que je me prénomme Philippe et que j'aime les marcassins, même que je me fais envoyer des courriers chez moi au nom de Philippe Marcassin quand je ne veux pas filer mon vrai nom, j'ai cru que c'était autre chose qui me regardait. Allez si j'étais écrivain œuvrant dans le fantastique, je dirais que j'ai aperçu quelque chose de malveillant l'espace d'un instant dans ce regard qu'il m'a jeté.

    Mais ce n'était que le premier acte de la tragédie. Le second acte est vite arrivé quand Jésus toujours scié en deux s'est mis à grogner. Et pas qu'un peu, le grognement faisait doucement place à un rugissement. Bien sur pas aussi fort qu'un lion mais suffisamment fort pour que j'en conçoive une peur bien légitime.

    Il faut dire que je suis dans une copropriété et que le fait de recevoir des gens possédés qui grognent pourraient me valoir une juste inimitié des autres copropriétaires. J'avoue aussi, que même moi qui n'ai jamais eu peur d'un barge ni d'un taré quelconque, alors que je m'évanouis à la moindre goutte de sang, je n'en menais pas large. Parce que ce que je voyais, c'était suffisamment impressionnant pour foutre les jetons. J'avais en face de moi, un mec courbé en deux sur le fauteuil en train de grogner comme une bête. Et loin derrière, comme masqué par cette "chose" qui le forçait à grogner, j'entendais la voix de Jésus me suppliant de ne pas m'inquiéter.

    Moi, j'ai fait ce qu'on fait dans les films dans ces cas là, j'y suis allé d'un petit Notre-Père et croyez moi je l'ai récité avec ferveur. Les grognements se sont arrêtés et nous avons pu rediscuter. Je ne sais évidemment pas à quoi j'ai été confronté. Durant l'heure de séances, ces grognements se sont fait entendre deux ou trois fois mais de manière atténuée. Et puis, comme j'avais vu que Jésus pouvait en fin de compte les faire taire, j'ai repris confiance.

    Dans l'après-midi, il nous a rejoint au café. Et là en présence de Jean Sablon ça a recommencé, même que lui non plus n'en menait pas large et m'a demandé ce que j'en pensais ! Rien du tout ! Je n'en pense rien. C'est juste là, ça existe et je ne sais pas ce que c'est ! 

    Jésus qui malgré ce qu'il traverse, reste un jeune homme chouette et taquin, nous a même dit qu'à 16h30 pile, il allait envoyer un gros Scud à cette entité. Et effectivement, peu après, C. nous avait rejoint. C. sst charmant mais il n'est pas baptisé et se dit athée. Alors, à 16h30 piles, Jésus, le regardant fixement, et commençant déjà à grogner comme si "l'autre" avait senti le piège, a dit à C "Fais toi baptiser". Et là, ça été la panique, les grognements gutturaux sotn revenus assez forts pour que des gens à la terrasse se retournent.

    Jean Sablon qui a le métabolisme d'un yucca a vite calmé Jésus en lui demandant de se concentrer sur une image neutre et ça a marché. Moi de mon côté j'ai calmé C. qui n'en menait pas large parce que ce n'est pas tous les jours que l'on voit un mec exiger que vous vous faisiez baptiser en grognant sourdement et en vous lançant un regard terrible. 

    Bref, on rigole bien aux séance de cafing ! On avait déjà des personnes plutôt hautes en couleur et maintenant on a notre possédé qui grogne à la demande ! Comme je le disais à Jésus pour détendre l’atmosphère, je vais acheter un attelage pour mettre une caravane au cul de la Jaguar et je vais le produire dans les foires ! Une belle peinture sur les flancs de la caravane annonçant "Tremblez en vous confrontant à Jésus le possédé !" et le business est parti ! 

    Tiens je pourrais rajouter Jean Sablon dont l'inactivité fait parfois croire qu'il est en coma dépassé et qui nous étonne toujours en disant un mot, preuve qu'il est en vie !

    Ma vie parfois c'est un peu Freaks !

    23 mars, 2015

    Des nouvelles du Gringeot !

     Le double bourrelet de cou est encore discernable mais à peine !

    Cela faisait quelques temps que je n'avais pas revu le Gringeot qui se baguenaude tout le temps aux States pour y vendre sa camelote. Rien de plus normal depuis qu'il arbore fièrement des cartes de visites dont le titre ne laisse aucun doute : export manager ! Bon, moi qui le connais bien, je le soupçonne, au volant de sa Chevrolet, arpentant les routes du nouveau monde, d'en profiter pour faire des haltes en rase campagne dans les bars Topless afin de boire une bière et de glisser un ou deux billets dans la ficelle du string d'une danseuse.

    Quiqu'il en soit, depuis qu'il est en main, c'est à dire qu'il a retrouvé une régulière, il a changé le Gringeot. Quoiqu'on en dise, un mec seul ou en couple, c'est pas la même chose. De la même manière qu'on a pu noter qu'un homme secrétait moins de testostérone quand sa femme était enceinte, ce doit être pareil pour les mecs en couple.

    Voici que le Gringeot que je connaissais en motard, toujours vêtu de cuir, portant perfecto avec veste en jean sans manches par dessus ainsi qu'il sied à un biker, est devenu un quinquagénaire respectable. C'est tout juste si je l'aurais reconnu quand je l'ai vu au restaurant ! Fini le crâne râsé et luisant mais à la place un duvet de nourrisson un peu curieux. Quand aux sapes, c'est un désastre ! La chemise vichy et le pull sur les épaules, y'a pas à dire, ça donne tout de suite un look atroce.

    Le Gringeot, mon Gringeot devrais-je dire, celui que je vous vends comme un monstre, s'était mué en quelques mois en cardiologue UMP ! Une vraie dégaine d'élu de droite de sortie sur ses terres de campagne. Un peu plus, et il allait me parler d'Alain Juppé ou tenter de me persuader que Nicolas Sarkozy était le président nécessaire au relèvement de la France. Un poil plus loin dans la détestostérinisation et il allait me parler de son "compagnon". Le Gringeot en icône gay, folâtrant un dimanche après-midi dans les petites rues du Marais de galeries d'art contemporain en expos de photos , voilà à quoi on allait assister si je ne mettais pas le hola !

    J'ai évidemment immédiatement pris un malin plaisir à tenter de détruire tout ce que madame avait mis un temps  fou à construire en lui disant tout le mal que je pensais de cette curieuse transformation. Bien sur madame n'était pas contente et a tenté vainement de m'expliquer que le jean, les caterpillars et le perfecto n'étaient pas les vêtements qu'elle préférait. Sauf qu'elle l'avait connu ainsi, brut de fonderie. Quel besoin de tenter de domestiquer la brutalité ! J'ai toujours détesté les amateurs de bonzaï ces sadiques qui s'ingénient à torturer un sequoia pour en faire un arbuste décoratif.

    Elle n'était pas d'accord avec moi mais le Gringeot si. Donc, j'en ai conclu que le fait d'avoir tenu le Gringeot éloigné de ses amis l'avait ainsi, tel un lion en cage, transformé un animal de compagnie. Putain, si c'est pas triste de voir un mec capable de soulever une voiture d'une main pour changer la roue de l'autre, se balader avec un pull sur les épaules ! Encore quelques mois, et le pauvre va s'acheter une Toyota Prius !

    Il faudra que l'on m'explique un jour pourquoi, bon nombre de bonnes femmes s'entichent de mecs un peu barbares pour leur limer ensuite les crocs et les griffes.


    TDAH suite et fin, j'espère !


    Récemment, je parlais du TDAH. Après moultes lectures, il apparait que le concept est plus que flou.Si les critères énoncés par le DSM sont assez stricts, les sites traitant de cette pathologie le sont moins. Ainsi, on admet qu'il puisse y avoir de l'hyperactivité mais pas toujours. De même, si elle existe, cette hyperactivité pourrait n'être que psychologique, le cerveau tournant à cent à l'heure, sautant d'une idée à une autre, et non motrice. Bref, le TDAH est pour moi, sauf dans sa forme classique du gamin ne tenant pas en place, un grand mystère.

    Il existe d'ailleurs une très très grande variation des chiffres de prévalence de ce syndrome selon les pays ou l'époque étudiée, variant entre moins de 1 % (Hong-Kong) jusqu'à 25 % (États-Unis). L'explication de ces disparités est impossible à opérer : on pourra ainsi bien parler de critères d'évaluation différents ou de facteurs culturels, les petits occidentaux étant pas nature peut-être plus remuants que les petits asiatiques. 

    On note que certains estiment que cette prévalence semble parfois être corrélée à la politique marketing du principal traitement, la Ritaline (méthylphénidate) du laboratoire pharmaceutique Lilly. Effectivement, les critères américains de ce que doit être un enfant parfait sont sans doute curieux. Peut-être ont-ils des attentes démesurées de leurs progénitures qui font qu'un enfant trop remuant serait alors classé comme un cas psychiatrique.  Dès lors, tandis que hausser la voix semble improbable et que donner une fessée serait considérée comme un mauvais traitement, il est possible que bien des couples ait décidé de confier leur tranquillité à une nounou chimique nommée Ritaline.

    De même les causes exactes du trouble du déficit de l'attention ne sont pas bien déterminées, mais des recherches ont porté sur les facteurs neurobiologiques où les causes génétiques liées à ce trouble sont considérées comme importantes pour expliquer son apparition. Neurobiologiquement, il existerait un déficit de dopamine, un neurotransmetteur, qui déterminerait l'apparition du TDAH. Tout ceci dépasse de très loin mes compétences.

    Aujourd'hui, j'ai adressé deux de mes patients à des psychiatres pour qu'ils puissent diagnostiquer un tel trouble. Tandis que l'un m'a expliqué qu'il fallait un courrier pour qu'il soit reçu en consultation hospitalière, l'autre a été mis sous Dépakine, un antiépileptique parfois prescrit pour un trouble bipolaire. Il est d'ailleurs fort possible qu'en voyant mon patient, le psychiatre ait immédiatement songé à un trouble bipolaire. Toujours est-il qu'au bout d'une semaine, le traitement n'agit pas encore. 

    Connaissant parfaitement ce patient, je sais qu'il n'est pas bipolaire mais qu'il souffre bien d'un TDAH avec les troubles classiquement associés (dysphorie, toxicomanie, etc.). Il m'est pour le moment impossible de constater un progrès. Mais il faut laisser le temps au traitement d'agir ou le cas échéant en changer. D'ailleurs mon auguste confrère n'a pas établi de diagnostic précis parlant juste de troubles de l'humeur. Mon patient est lui, suffisamment intelligent pour donner son avis concernant les effets de ce qu'on lui prescrit.

    S'agissant du lien entre douance et TDAH, des pistes intéressantes existent sans doute et seront explorées dans l'avenir. J'ai ainsi pu constater dans ma clientèle que les plus doués avaient effectivement des comportements qui m'apparaissent à moi parfaitement normaux mais pourraient sembler totalement incongrus à quelqu'un de plus orthodoxe que je ne le suis. Il y a tout d'abord cette rapidité à comprendre les choses. Les avoir en thérapie c'est jouer au squash durant une heure. 

    Ils sont rapides et précis et pourvu que leur attention soit mobilisée, on sent que les informations sont parfaitement traitées. En revanche, chez chacun d'eux je distingue des particularités qui n'en font pas des scientifiques parfaits lorsqu'ils sont ingénieurs ou bien l'inverse. Je reste assez stupéfait par le nombre de sujets qui peuvent les passionner. Dans le même temps, je cesse d'être une énigme à mes propres yeux dans la mesure où ils sont tout autant "lubiques" que je le suis.

    J'ai aussi noté dans certains cas une comorbidité avec une dysphorie, ou une cyclothymie, qui persévère. Je ne pense pas qu'elle puisse se "soigner" mais qu'elle est inhérente à cette manière de fonctionner et donc à la douance. D'ailleurs, relisant récemment un vieux Harry Dickson retrouvé curieusement derrière un meuble j'ai été très amusé quand l'auteur, Jean Ray, parlant d'un savant disparu que le célèbre vient de retrouver mort écrit :
    "Newton Stonebridge avait en effet disparu depuis quelques semaines mais on ne s'en alarmait pas outre mesure dans son entourage où l'on était habitué aux fugues soudaines de ce savant misanthrope et original".

    C'est l'image même du professeur Nimbus, aussi intelligent que curieux et vivant un peu dans son monde, personnalité singulière que Hergé immortalise à travers le professeur Tournesol, que l'on a souvent attribué aux gens géniaux quelle que soit la discipline dans laquelle ils excellaient. Certes, notre époque de concours en tous genre, sélectionnant plus les plus soumis que les plus malins, ce type de "savant" semble un peu disparaitre.

    Il semble donc qu'il puisse coexister avec la douance tout un tas de comportements passablement étranges au regard des autres. Le problème vient que la gestion des hauts potentiels en entreprise reste une arnaque dans la mesure où ces derniers sont souvent uniquement assimilés aux X et HEC, produits pourtant terriblement standardisés malgré leur intelligence.

    Je ne pense pas qu'il faille toucher à ces traits de caractères singuliers, qui ne sont que la partie émergente d'un esprit affuté tournant à son rythme. De même je ne suis pas sur que la dysphorie souvent associée à la douance puisse véritablement être guérie à moins d'aller vers une normalisation du comportement, mais surtout des cognitions, impossible à obtenir. Tout au plus peut-on admettre que cette dysphorie ne soit pas si grave qu'elle puisse apparaitre. Bien souvent, quand le ciel se couvre et que les idées noires apparaissent, il suffit de sortir ou de se livrer à une quelconque activité pour les chasser.

    Bref, mes lectures concernant le TDAH, hormis les cas classiques, me laisse perplexe quand à la possibilité de toujours bien le diagnostiquer. Mes questions ont cédé la place à d'autres questions auxquelles il m'est impossible de répondre. Le point positif est de pouvoir offrir une alternative à tous ceux qui ne sont ni dépressif, ni anxieux, tout en l'étant, qui ne sont pas bipolaires, tout en connaissant des hauts et des bas. A tous ceux là, les damnés de la psychiatrie à qui on n'offrira rien, peut-être que le TDAH est une option possible et honorable pour tenter de se comprendre et cesser d'être une énigme. Ne pas savoir et courir d'un diagnostic à l'autre est en effet générateur d'angoisse et de dépression.

    Un des sites que j'ai consulté, parle lui de "zappeurs" pour désigner les personnes atteintes de TDAH et en fait cette description assez amusante et fidèle :

    Chacun d’entre-nous porte en lui une part de zappeur, mais ceux qui ce trait de caractère est intense ont vraiment un cerveau particulier. Leur esprit en perpétuelle agitation peine à se concentrer durablement dès que leur excitation mentale s’émousse. La courbe de leur attention ressemble à des montagnes russes : tantôt intense (devant un jeu vidéo), tantôt nulle (face à la routine). Leur distraction légendaire leur fait perdre régulièrement leurs objets personnels et oublier la moitié des tâches qu’on leur confie. Leur faible tolérance à la contrainte et aux hiérarchies en fait des employés ingérables ou des travailleurs solitaires. Leur patience face aux tâches répétitives est quasi nulle.

    Irritants mais épatants, insupportables mais jamais ennuyeux, fatigants mais stimulants, les zappeurs constituent le principal moteur de l’innovation pour l’espèce humaine. Malheureusement, leur comportement impulsif et leur inconstance dans l’effort les conduit le plus souvent vers l’isolement, la frustration et l’échec.

    Je n'aurais pas mieux décrit ce que je ressens des gens atteints de TDAH ! Quant au traitement, c'est uen autre histoire, celle des neurologues ou des psychiatres.

    08 mars, 2015

    TDAH !


    Il est gentil, poli, mignon et intelligent et il vient me consulter parce que cela ne va pas. Il vient et revient et moi je ne trouve pas. Il s'énerve, court aussi de son côté les psychiatres pour aller mieux et ils ne voient pas plus que moi. Pour faire bonne figure, ils lui donnent des antidépresseurs et des anxiolytiques mais cela ne lui fait rien, il est toujours malheureux.


    Certes il se dit "plutôt de gauche" mais il n'est pas vraiment socialiste. Sinon j'aurais pu comprendre qu'être socialiste crée chez lui une sorte de désespoir. Non, c'est un jeune type sympa, qui verbalise vraiment bien, explique ce qui se passe mais je ne vois pas. Ca ne ressemble à rien de ce que je connaisse, du moins par rapport aux symptômes qu'il offre. Je me dis qu'il faudra attendre l'autopsie pour savoir ce qu'il a vraiment. A moins qu'il ne soit atteint d'une pathomimie du type syndrome de Munchausen.

    Mais tel n'est pas le cas, je le sais sincère dans l'exposé de ses troubles. Sauf que chaque fois qu'il me consulte, il est frais comme un gardon. Il me parle de ses tourments sans que je ne les observe. Il m'explique ensuite qu'il doit être "borderline" et je lui explique que s'il souffrait vraiment d'une personnalité limite, je m'en serais aperçu sans qu'il n'ait besoin de me le dire.

    Et puis, un soir, il déboule dans mon cabinet complètement à bout, au bord du suicide. Là, on sent enfin la grosse déprime, sauf que rien dans son environnement ne le justifie vraiment. Enfin, j'observe des symptômes, on va pouvoir enfin commencer. Comme il est à cran, je fais tout de même attention, parce que je ne voudrais pas qu'il saute par la fenêtre ni même qu'il se jette sur moi pour tenter de m'étrangler.

    Mais bon, même s'il va très très mal, il va suffisamment bien pour que son esprit d'analyse soit intact. Je lui pose donc des questions, auxquelles il répond du mieux qu'il peut. Comme c'est mon dernier patient, j'ai la nuit devant moi pour établir un diagnostic qui tienne la route. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud.

    Et là, je pense soudainement à un TDAH. Certes, il ne correspond pas entièrement aux critères couramment admis pour ce trouble mais il cadre parfaitement avec ce que l'on imagine. Il ne faut en effet pas voir dans le TDAH l'image du gamin hyperactif, le petit fou, que l'on montre tout le temps, incapable de rester en place plus de dix secondes. 

    Le TDAH existe d'ailleurs avec ou SANS hyperactivité. Et pour autant que l'on sache, les symptômes ont tendance à s'atténuer à l'âge adulte. De même, l'hyperactivité n'est pas forcément physique mais aussi mentale.  Ce qui complique encore le diagnostic. L'hyperactivité est un cadre très hétérogène et les troubles associés sont nombreu comme l'angoisse ou la dysthymie.

    De plus mon patient, se signalant par une grande intelligence, il a très vite appris à contrôler ce qu'il pouvait contrôler afin que son comportement apparaisse plus neutre. Il n'en est pas moins touche à tout, ayant poursuivi diverses filières dans l'enseignement supérieur et incapable de maintenir son attention plus de quelques minutes. On note aussi de impulsivité même si il la contrôle plutôt bien. Ça tombe bien, ce sont des patients idéaux parce qu'avec eux, ça va aussi vite que dans un match de squash.

    Une fois la séance terminée, je lui promets de lui envoyer des liens avec des tests afin d'évaluer lui-même s'il se retrouve dans ce diagnostic. Car même si il adhère totalement à l'explication, s'il se retrouve dans ce trouble tant controversé, je préfère qu'il soit familiarisé avant de l'envoyer voir un spécialiste du TDAH.

    Dès lors le traitement consistera soit en une prescription de Ritaline soit en des mesures visant à améliorer l'adéquation de son trouble à la vie qu'il mène. Quoiqu'il en soit, la compensation qu'il tente d'en faire arrive aujourd'hui à ses limites. Il doit être possible de vivre mieux en ayant ces troubles. Dans tous les cas, contrairement à ce que font les américains qui, sous la pression des laboratoires pharmaceutiques mais aussi des attentes liées aux enfants, prescrivent de la Ritaline n'importe comment, celle-ci ne doit être prescrite qu'en cas de handicap social majeur quand le TDAH devient ingérable.

     Globalement, on est atteint d'un TDAH quand ces critères sont globalement sont remplis :

    • être et se sentir désorganisé;
    • avoir de la difficulté à prêter attention (surtout envers des situations qui ne stimulent pas leur intérêt);
    • avoir la bougeotte ou une agitation interne;
    • avoir beaucoup de difficulté à démarrer un projet ou à rester concentré à la tâche;
    • avoir de la difficulté à gérer son temps au point d’être toujours en retard;
    • être incapable de maintenir sa concentration pour une longue période de temps;
    • perdre des objets régulièrement;
    • oublier des détails ou des engagements;
    • être impulsif, menant à une mauvaise prise de décision;
    • souffrir de procrastination et de perfectionnisme chronique;
    • prendre des risques, et plus encore.
    Pour aller plus loin, des tests existent :
    http://www.divacenter.eu/Content/Downloads/DIVA_2_FRANCAIS.pdf
    http://www.tdah.be/tdah/tdah/diagnostic/tests-bilans/170
    http://tdah.be/questionsBrown.pdf

    http://www.hyperactiviteparis.com/tests-en-ligne/test-trouble-attentionnel-enfant/


    01 mars, 2015

    Les vraies rencontres !


    Une de mes patientes qui a quarante ans passés est seule. Pour comble de malchance, elle n'a pas d'enfant et en désire un. Autant vous dire que ce n'est pas gagné. Le temps de rencontrer, de se plaire, de parler d'enfant, je ne suis pas sur qu'elle sera encore féconde. Ce n'est plus de la psychologie mais de la biologie. Mais bon, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Je ne me vois pas lui dire que c'est fichu et d'aller s'acheter un chat quai de la Mégisserie pour combler ses soirées de solitude.

    Il lui faut donc rencontrer. Mais où ? Dans son entourage amical ou professionnel, rien d'évident puisque la plupart des gens sont en couple. Quand à ceux qui ne le sont pas, ils n'ont pas forcément envie de se remettre avec une femme qui veut un enfant. Et ceux qui en veulent ont sans doute d'autres options plus riantes qu'une FIV avec une quadragénaire. Que reste-t-il sinon les sites de rencontres ?

    Ils valent ce qu'ils valent et chacun sait que le pire y côtoie le meilleur. C'est vrai qu'y échouer donne un petit côté has been, un gout de produit en solde. La plupart des gens a rêvé d'une belle rencontre, dans le monde réel, un peu comme ces vieilles pubs Impulse avec cet inconnu qui vous offre des fleurs, ce qui exclut forcément l'idée de la faire sur un site.

    Le site de rencontre c'est bon soit pour s'amuser, collectionner les expériences sexuelles mais pas plus.  A la limite le site de rencontre, ça pourrait concerner les moches, les timides, les divorcées avec des enfants à charge et un ex qui ne s'acquitte pas de la pension alimentaire et de manière générale tous ceux qui ont dépassé la date limite de vente.

    C'est du moins ce que pense ma patiente. Car moi, je pense que vouloir rencontrer, c'est simplement une volonté et rien d'autre. Après rencontrer l'élu(e) de son cœur en faisant la queue à la boulangerie, au théâtre ou sur un site, peu importe. L'important c'est de rencontrer la bonne personne.

    Les rencontres se faisant essentiellement quand on est jeune, soit sur le lieu de travail soit au cours de ses études. Après, une fois que l'on a passé ce cap, on fait ce que l'on peut et puis voilà. J'ai dans ma clientèle des gens mariés qui ont rencontré sur des sites.

    L'un d'eux me faisait d'ailleurs la confidence selon laquelle, il aurait trouvé plus simple de faire son coming out que d'avouer où il avait rencontré son épouse. C'est vrai que trouver la mère de son enfant sur Adopte un mec, c'est nettement moins glamour que dans d'autres situations. Et donc ? Quand vous êtes ingénieur et que dans votre école il y a cinq filles pour trois-cents crevards, les chances sont minces. Et elle le sont d'autant plus que vous n'êtes pas forcément doté d'habiletés sociales extraodrinaires faisant de vous le roi de la fête, le mec que tous les patrons de bar appellent par son prénom.

    On fait avec et c'est tout. Et semaine après semaine, j'encourage ma chère patiente à parfaire son profil, à choisir une meilleure photo, à s'y rendre un peu plus assidument pour discuter avec des partenaires potentiels. Mais rien n'y fait. Elle ne se résout pas à passer le pas. Pour elle, la vraie rencontre c'est dans la vraie vie et non devant un écran. La belle histoire d'amour doit obligatoirement commencer par un échange de regards.

    C'est dommage, les mois passent et ses chances de succès s'amenuisent. J'aimerais lui faire comprendre qu'internet, quoiqu'on en dise, c'est aussi la vraie vie, mais sous d'autres formes. Mais que quoi qu'il en soit, derrière l'écran, il y a toujours des gens.

    Il n'y a pas de vraies ou de fausses rencontres, il y a des rencontres.