05 février, 2007

L'AVIS DE LA PSY !

Mon épouse est une femme brillante, une redoutable intellectuelle qui va même à des expositions, chose que je ne fais jamais. Par exemple, dernièrement elle est allée à l’expo sur le cinéma expressionniste allemand, qui était très bien faite. Elle a même acheté le catalogue.

Lorsque je l’ai connue, bien entendu, elle était abonnée à Télérama, le journal de télévision qui n’aime pas la télévision, tandis que j’étais moi-même un inconditionnel de Télé7jours, le magazine des masses laborieuses. Je suis donc un individu stupide certes, mais suffisamment obstiné puisque Télérama n’entre plus chez nous, et que c‘est Télé7jours qui trône sur la table basse. On s’est même abonnés et c’est elle qui paye l’abonnement ! Ceci dit avant de vous foutre de moi, dites-vous que si comme moi, vous aimez lire aux toilettes, ce journal est fait pour vous. Je crois même que c’est le journal le plus lu dans chiottes de France quand on coule son bronze !

Dans le numéro 2436 de cette semaine, Télé7jours n’hésite pas un seul instant et dégaine son titre : « Déco la nouvelle folie de la télé » ! De plus le journal nous promet, une interview des stars du bon goût et la réponse à cette question que l’on se pose tous : « Pourquoi les chaînes de télé s’y mettent toutes ? ».

Vous imaginez bien que face à une telle couverture, c‘est dans un état de fébrilité indescriptible, que j’ai arraché le plastique de mon journal télé préféré, en m’aidant même de mes dents tellement j’étais pressé, presque dans un état second, de le lire rapidement. Et donc, hop direction les toilettes !

Bon l’article est gentil, rien à dire ! C’est du niveau de Télé7jours, ni bon ni mauvais et l’article traite bien ce sujet de société palpitant. Toutefois, mon œil avisé est de suite attiré par un encadré que je vous reproduis ci-dessous in extenso !

L’avis de la psy, Catherine Muller

« Le succès des émissions de décoration fait partie de cette tendance de la société au coaching et au relooking. Cet engouement marque la fin de l’idéologie de Mai 68, où l’on voulait changer le monde. Quand la société a une vision très pessimiste, elle se replie sur elle-même. Comme à l’extérieur, on ne peut pas changer grand-chose, autant rester chez soi et décorer sa maison. En repeignant un mur en rouge, je vois le résultat immédiatement et cela correspond à mes attentes. On s’arrange avec ce qu’on a pour faire le mieux possible. La tentation est de préférer les engagements frileux et conservateurs. »

Déjà, je ne comprends pas pourquoi on mobilise une consoeur sur un tel sujet. C’est même assez pénible je trouve. Entre les psys et les médecins, il y en a toujours un sur un plateau pour révéler d’un ton docte les ressorts inconscients de vos moindres actions. Vous êtes en fait de gros bœufs mais grâce à leurs interventions, vous voilà enfin conscients ! Et même sur un sujet aussi bateau que la décoration, qui à-priori n'appelle pas de commentaires superfétatoires, cela ne rate pas, on rameute une psy ! Comment voulez-vous qu’on nous aime ?

La totalité du commentaire me semble d’une bêtise achevée. Alors si je résume, comme on n’a plus de grands projets tournés vers l’extérieur, on décore sa maison. A l’idéal de mai 68, succèderait une tendance au cocooning. Dans les faits, Mémé Catherine (si elle vieille), nous explique qu'on est soit des types généreux et idéalistes, soit des salauds égoïstes préoccupés par notre papier peint. Dans cette vision en noir et blanc, pas de demie-mesure.

Moui, pourquoi pas ? Pourtant quand j’étais petit, en pleine guerre du Viêt-Nam, je me souviens que la télé n’avait qu’une chaîne mais qu’il existait déjà plein de magazines de décoration ! C'est d'ailleurs rigolo de tomber sur ces magazines remplis de meubles en plastique orange présentés par des nanas en pantalons pattes d'eph. En gros, ce n’est pas parce que les gens se mobilisaient politiquement à l’extérieur, qu’ils délaissaient leurs logis ! Aux Etats-Unis, la contestation de Berkeley a coexisté avec l’émergence d’un style particulier de design !

Enfin, le pire est à la fin. Car de quel droit cette psy, se permet-elle de dire que « la tentation est de préférer les engagements frileux et conservateurs » ? D’où vient cet odieux jugement de valeur ? Pour plaire à Madame, il faudrait que tout le monde balance des pavés à la gueule des CRS ? Est-elle assez nulle pour avoir raté les manifs anti-CPE ? Comment a-t-elle fait pour négliger le battage médiatique fait autour du réchauffement de la planète ? Et lors des retransmissions des grandes manifs anti-G8, où était-elle ? Dans le Lubéron autour de sa piscine ? Là, je serais tenté de dire "grosse conne va !", mais je ne le dirai pas, c'est grossier !

En plus, quand on sait que cette éminente psychanalyste qui a réponse à tout, fait des ménages dans des émissions aussi classieuses, que « C’est quoi l’amour », c’est vraiment se foutre de la gueule du monde, que se la jouer intello à la bouche en cul de poule, pour critiquer les gens qui aiment la déco. Enfin, je constate qu’elle a peut-être des engagements politiques "pas frileux ni conservateurs", mais qu'elle ne crache pas sur la bonne grosse thune facile pour rédiger des commentaires aussi merdiques !

Au-delà de tout cela, c’est vraiment le genre de psy de comptoir ou de bazar, au choix, qui ne rend pas service à notre profession. Dans un prochain article, je vais tenter de définir qu’il existe trois types de psychologie. Ce exemple nous permettra d’appréhender la psychologie de femme, dans ce qu’elle a de plus odieux : des commentaires vides et sans intérêts. Quand, dans un discours, la vacuité remplace la réflexion, en conservant des termes sérieux, sachez-le, vous êtes en pleine psy de nana. Si vous aimez Biba, Elle, Femme actuelle, etc., alors vous voyez ce que je veux dire ! Et comme je ne suis pas sexiste, rassurez-vous, plein d'hommes font aussi de la psy de nana.

A consommer sans modération en buvant son thé dans un endroit branché du Marais.

Bon, comme je suis sympa, si à défaut de lire aux toilettes, vous avez des insomnies, vous pouvez vous endormir en lisant le dernier ouvrage de Catherine Muller : "L'énigme, une passion freudienne : le transfert doit être deviné." aux éditions Erès.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"Comme à l’extérieur, on ne peut pas changer grand-chose, autant rester chez soi et décorer sa maison." C'est un point de vue ... La révolution est au bout du tunnel...
Pauvre personne ... Avoir autant de savoir pour faire un tel constat est consternant ... Tout le monde n'a pas votre militantisme contre la connerie ... Merde ! je transfère ... Amicalement .

6/2/07 4:33 PM  
Anonymous Anonyme said...

Une dernière reflexion avant le néant : a quoi sert le savoir et l'intelligence ?
Merci à Télé 7 jours et à France 2 de nous répondre ...

6/2/07 4:37 PM  

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