Nos "ainés" !
Je suis fasciné par l'importance qu'ont pris ces derniers mois les vieillards et encore plus ceux qui croupissent dans les EPHADs en attendant la mort. De puis que l'on sait que le Covid19 fait principalement ses victimes chez les largement plus de soixante-quinze ans, on n'a jamais autant parlé des vieillards. Honte à ceux qui voudraient les confiner, arguant du fait que cela ne sert à rien de maltraiter les forces vives de la nation qui risquent peu pour sauver des vieux !
Non, c’est hors de question, on masquera les enfants, on poussera les étudiants au suicide et les autres au chômage mais on ne touchera pas à un seul des cheveux blancs de "nos aînés". Voilà, le mot est lâché, le vieux, le vioque, le vieillard, le croulant, le débris, le pré-cadavre est devenu par la magie de la période que l'on traverse un "aîné", une sorte de figure tutélaire et sacrée à laquelle on ne touche pas, sous aucun prétexte.
Grâce à a communication, ces vieux qui nous emmerdent à la poste le samedi mati, alors qu'ils ont toute la semaine pour y aller sont devenus intouchables : de vraies vaches sacrées. On les imagine tour à tour en grands-parents gâteaux ou en augustes sages à qui tout est du, chargé d'éclairer notre chemin de la lumière de leur grande expérience.
C'est vraiment magnifique cette image d'Epinal montrant un vieillard chenu et fragile défendu par un ministre.
Dans les faits, qu'en est-il ? Une de mes grand-mères a fini ses jours dans que l'on n'appelait pas encore un EPHAd mais une maison de retraite. Mon frère, l'ainé était son préféré, ce n'est pas pour autant qu'il soit allé la voir. Il s'en foutait. C'est moi qui me cognais les visites, de la même manière que j'ai toujours été l'abonné aux obsèques pour représenter la famille. J'ai certes un côté branleur mais j'ai le sens du devoir.
Je me souviens d ela tristesse des lieux quand j’allais lui rendre visite. Et pourtant, mon père n’avait pas lésiné, l'endroit était magnifique, un superbe château au milieu d'un très bau parc. Mais château ou pas, les vieux restent des vieux et une fois à l'intérieur des lieux, malgré les moulures, les lambris et le parquet au point de Hongrie, ça sentait toujours légèrement la pisse et le désinfectant.
Mais pire que tout, ça sentait l’abandon et la solitude, un vrai cimetière de voiture, une casse ! Je me souviens que lorsque j'arrivais à l'étage où ma grand-mère avait sa chambre, la plupart des portes étaient ouvertes parce que la plupart des vieux qui avaient échoué en ces lieux, n'auraient d'autres spectacles, ni d'autres distractions que de voir passer les personnes qui allaient visiter les rares plus chanceux qu'eux.
Comme je suis un bon garçon, j'avais mes œuvres. Je descendais ma grand-mère dans un salon où nous prenions un café puis au moment de la raccompagner dans sa chambre et après lui avoir dit au revoir, je restais un peu pour papoter avec le pépère d'à-côté un pauvre vieux en fauteuil roulant que personne ne venait jamais voir. Je papotais ensite avec une ou deux vieilles tout aussi solitaires,avant de m'arracher de là au volant de ma sublime Alfa-Roméo Alfasud Sprint 1500 en songeant que nous vivions dans un sacré monde d'enculés. J'avais beau être jeune, j'avais des tas de réflexions sur la vie !
Ayant bonne mémoire, je peux me souvenir précisément de ces visites et de la tristesse qui planait en ces lieux. Je me suis d'ailleurs toujours dit que si tele chose devait m'arriver, je préférerais crever que d'échoucer comme une épave dans un EPHAD. Qu'en sera-t-il ? Je ne sais rie, je sais qu la vie est plus forte que tout et que ce que je dis aujourd'hui n'est pas ce que je ferai demain.
Enfin comme vous le savez, je suis fort sociable et toujours intéressé par la vie des autres, non par indiscrétion, mais simplement parce que j'aime bien écouter les gens me parler de leur vie. Tandis que a formation et mon milieu social devraient me pousser à fréquenter du cradre sup' ou du consultant, ces gens là ne m'ont jamais intéressé. La vie des termintes et des fourmis ne me passionnent pas, soumise qu'elle est a des procédures. Je préfère les gens originaux qui ont ou ont eu des vraies vies et ont des choses à raconter.
C'est ainsi que je connais C., qui exerce la noble profession d'aide-soignante, le grade en dessous d'infirmière, le métier qui consiste à faire la toilette des vieux en se cassant le dos et à leur donner à bouffer, le pire du pire, le métier le plus mal payé et déconsidéré. Aide-soignante, c'est un an d'études pour ensuite aller nettoyer la merde des autres en étant payé le smic. Et pourtant C, adore son métier et n'en changerait pour rien au monde. Elle travaille dans un Ehpad luxueux ou la chambre est à 4000€ par mois et se fait un peu de gratte en faisant des ménages.
Elle n'a rien d'une petite chose mièvre vu qu'elle ressemble plutôt à Jeen Gavin mais en blond avec des cheveux longs. Elle est rapide et efficace et si elle n'enverra jamais de sonde sur mars, ce qu'elle sait faire, elle le fait vite et bien et se montre digne de confiance. Je ne sais même plus comment je la connais, sans doute une rencontre dans un café, mais toujours-est-il qu'on se tutoie, qu'on se fait la bise et que si je la croise, on papote et même que si l'on est prêt d'un rade, je lui offre un café de bon coeur. elle a toujours des tas de trucs à raconter.
Et croyez moi, elle m'ena paré des vieux en ephad, de la manière dont ils sont traités. Oh pas par la résidence d'accueil qui a tout intéret à les conserver le plus longtemps possible mais par leurs proches. Comme elle me l'expliquait, même dans son établissement de luxe, les visites restent rares, on vient à l'anniversaire et à Noël et une fois de temps à autre mais dans les faits, on s'impatiente surtout parce qu'à 4000€ par mois, on voit l'héritage fondre au soleil. Papa et maman ils sont bien gentils mais ils coûtent vraiment cher.
Le pire qu'elle m'ait raconté c'est l’histoire dune femme médecin qui, alors que sa mère était proche de la fin n'a pas voulu renoncer à ses vacances, chargeant C de faire au mieux en cas de problèmes. Mais des histoires plus ou moins semblables, C en a à la pelle. Dans les faits, pour de nombreux vieillards dont elle s'occupe, elle reste l'unique visite, l'unique personne avec qui ils peuvent encore bavarder en attendant la mort.
Alors quand j'entends ces salauds d'élus ou de journalistes nous dire, des sanglots plein la voix, qu'il ne faut pas confiner nos aînés, ça me fait doucement rigoler. Sans doute que ces "boomers" nés jute après guerre, sentant que cela sera bientôt leur tour de croupir dans un mouroir aimeraient bien qu'on les traite mieux qu'ils n'ont traité leurs propres parents.
Saletés de soixante-huitards ! Confinons-les et rouvrons les bars et les restaus !