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29 janvier, 2021

Bienvenue chez les dingues !

 


Mes chers patients se satisfaisant de skype, je ne suis plus à mon cabinet que le jeudi. Les lieux de convivialité, comme on dit aujourd’hui, cafés et restaurants, étant fermés, il ne m'est plus possible de m'adonner au cafing, mon sport préféré. Mais restant extrêmement sociable, je continue à voir du monde. 

Je déteste déjeuner. Quand je suis seul, je me roule en boule et je ne mange pas et si ça persiste, j'ai le poil terne et je perds du poids. Fort heureusement, malgré les conditions difficiles que nous traversons, il se trouve toujours quelqu'un pour partager ce que je nomme maintenant mon "déjeuner de clodo". Eh oui, tout étant fermé, les seul endroits restants accessible restent les bancs publics.

J'ai mon banc à moi, juste en face de a porte de l'immeuble où j'officie.Il faut dire que personne ne s'y assied jamais parce qu'il est coincé entre les parkings à vélos que cette folle d'Hidago a fait installer un peu partout. Il est toujours libre et accueillant bien que le bois un peu dur finisse par faire mal au cul. Je me suis dit que je devrais m'équiper d'un petit coussin.

Ce jeudi, nous étions trois à ce déjeuner de clodo. Il y avait L'ami des stars, un ancien patient qui connait tout le monde et Jerry, un gars très sympa de tweeter et puis moi. Comme on n'est pas des avares, on avait jeté notre dévolu sur le menu à 10,50€ proposé par la boulangerie d'en face consistant en un sandwich, une tartelette et une boisson.

On devisait de manière fort sympathique en regardant passer les zombies masqués lorsqu'une fois ce pantagruélique déjeuner fini, j'ai proposé d'offrir le café. Je suis comme ça, je suis un prince, au diable l'avarice !

De retour sur notre banc favori, on s'est dit que c'était le moment de se fumer une petite clope avec le café, enfin sauf Jerry, vu qu'il ne fume pas. Clope au bec et gobelet de café en main, nous continuions a bavarder lorsqu'un quidam chapeauté et muni d'un masque FFP2, vous savez les gros masques en bec de canard, passant près de nous, nous lance un regard noir et remue sa tété en signe de dénégation. Manifestement, quelque chose dans notre attitude le choquait, sans doute, le fait que malgré les mesures liberticides, nous nous obstinions à arracher à cette période folle un peu de chaleur humaine.

L'ami des stars demande alors à ce malotru quel est le problème et ce dernier, se retournant nous lance : j'ai été réanimateur messieurs et laissez-moi vous dire que vous faites n'importe quoi ! J'ai évidemment lâché l'affaire bien qu'au fond de moi, j'aurais bien eu envie de lui dire "d'aller se faire enculer bien profond". L'ami des stars aurait bien aimé en découdre mais je l'ai retenu, lui expliquant que cela ne servait à rien.

Comme il me l'expliqua : "tu te rends compte que j'ai soixante-deux ans et que j'ai passé l'âge qu'un inconnu me tance comme un garnement et me fasse des leçons de morale". Il m'a ensuite demandé comment j'avais pu rester si calme face à cette incroyable agression. Il trouvait l’attitude de ce type tellement odieuse que cela suffirait à lui faire passer une mauvaise journée. Je lui ai alors expliqué que cela ne servait à rien d'avoir lu Sénèque, Cicéron et Marc-Aurèle si c'était pour ne jamais tenter d'appliquer leur philosophie ; parfois il faut rester stoïque. 

J'ai ensuite rajouté qu'en tant que psy j'étais plutôt fasciné par ce type de comportements parce que l'époque révèle vraiment ce qu'il y a de pire chez les individus, qu'ils soient délateurs ou donneurs de leçons. 

Alors c'est vrai que tout au fond de moi, j'ai eu envie de d'insulter ce type et peut-être même de le gifler très violemment de manière à ce qu'ils se souviennent qu'en faisant la morale à des inconnus, on prend des risques. Mais à quoi bon ?

Combien de fois ai-je dit  des patients confrontés à certaines situations : "si vous avez décidé de débarrasser le monde de la connerie, levez vous très tôt, couchez vous très tard et vivez très longtemps et encore !".

J'ai décidé d'appliquer les principes que je vante, voilà tout.


7 commentaires:

  1. Bonjour,

    Il est parfois encore plus simple et agréable de la jouer neuhneuh :

    « Ne vous inquiétez pas, c’est du déca et du tabac bio importé du Paraguay »
    ...
    « Virus ? Non non, Airbus. L’hygrométrie de leurs soutes est idéale pour le tabac »


    Rester stoïque est bien trop souvent énergivore.

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  2. On peut être bardé de diplômes et être sacrément bête(même si on peut ne pas avoir de diplômes et l'être tout autant) après du haut de ses connaissances il aurait pu comprendre que le masque est surtout utile dans un milieu confiné .

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  3. Au pire de l'hiver la distance de fuite des oiseaux se réduit. La dépense énergétique de la fuite n'est engagée qu'à la dernière extrémité. Elle pourrait leur être fatale.

    On pourrait imaginer une analogie avec les humains sous COVID.
    Affaiblis par l'absurdité de la situation, les confinements et les privations sensorielles et sociales, ils se ménagent. Ils ne s'engagent pas dans des luttes vaines, dévoreuses d'énergie.

    Ce n'est pas le délicieux récit du vieux grincheux qui me fait penser ça. Ni Cicéron, ni Poincaré (hahaha).
    C'est la mollesse des agressions des grincheux de tout poil.
    Hier encore ils auraient consacré beaucoup d'énergie à nous pourrir pour une cigarette en terrasse.

    La dizaine de grincheux à avoir réagi à mon profil de médaille toujours à l'air libre m'ont semblé étonnamment mous du genou.

    Ils lâchent une première phrase agressive, la deuxième est déjà plus molle et la troisième peine à venir. Déjà ils quittent l'arène.

    Qu'ils soient anti-masque ou pro-masque, les gens sont fatigués.

    Le Français, cet éternel râleur, cet interdicteur de marcher sur la pelouse, de fumer à l'air libre, d'écraser les cyclistes, s'épuise très vite dans son exercice favori.

    On est mal, franchement on est mal.

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  4. Je ne porte pas le masque dehors, jamais, et j'ai plusieurs fois été interpellé agressivement aussi, par des gens croisés dans la rue ou au parc. Je me suis vite rendu compte que ça ne sert à rien de chercher à argumenter, finalement ces pauvres excités ne font que décharger leur peur et leur stress accumulés sur le premier réfractaire venu.
    Maintenant, si on m'agresse je réplique brusquement "facho!", ou bien "parano!". Ca suffit pour les faire disjoncter de leur petit délire.

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  5. Bonjour, je voulais vous présenter mon 3ème roman félin « TROPIQUE DU CHAT » (ISBN: 979-10-348-1430-5 / Christine LACROIX), une invitation au voyage sans bouger de chez vous, qui vient de sortir chez Evidence éditions. Il est disponible en broché et en ebook en librairie, chez la boutique évidence ou sur les sites en ligne :https://www.amazon.fr/dp/B084NYFSRL/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1.  C’est un voyage exotique sur l’île papillon. Vous y découvrirez les paysages, la faune et la flore de la Guadeloupe avec pour guide Toussaint Louverture, un chat créole. Un road movie antillais qui vous emporte loin de chez vous. En voici le résumé : Toussaint Louverture est un général de cavalerie né en 1743 à Saint-Domingue. En 1791 il posa la première pierre d'une nation noire indépendante en Haïti. Toussaint Louverture est aussi le héros de «Tropique du chat». Un «Cat-ribéen» qui raconte son île d’azur et de jade à travers ses yeux de félin. Blanchette est une petite chatte métropolitaine qui vit sa deuxième vie en gris, et rêve de lapis-lazuli et d’émeraudes. Sept mille kilomètres d’océan les séparent. Mais le destin se moque des distances… Un extrait est à lire sur mon blog félin : http://chat-pitre.over-blog.com Colonne en bas à droite, dans « MES ECRITS ». Portez-vous bien. AMICHAT. CHRISTINE LACROIX

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  6. Droit au suicide, bordel !

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  7. @Luso,
    Non.
    Pas de "droit" au suicide, pas d'inscription dans la loi. Mais c'est trop tard, je sais que c'est en train d'arriver.
    Le suicide assisté devrait toujours, toujours être hors la loi.
    Faites attention à ce que vous appelez de vos vœux, malheureux...

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