26 mai, 2008

Connections exotiques ! (2)

Tout n'a pas été facile pour la jeune entreprise d'insertion !
Des travaux étaient à prévoir avant d'accueillir les stagiaires !

En regardant mes connections, j'ai aussi noté que j'avais souvent, et depuis longtemps, des contacts émanant de RMI Informatique à Maxéville en Meurthe-et-Moselle, le pays de Laurence. Durant longtemps, je me suis plu à imaginer RMI Informatique comme une sorte d'entreprise d'insertion destinée à enseigner les rudiments de l'informatique à des chômeurs de longue durée. J'ai du me laisser abuser par ce nom : RMI.

En bon gros garçon idiot, pour moi, RMI signifiait tout simplement Revenu Minimum d'Insertion. Alors, j'imaginais une salle unique meublée de mobilier scolaire beige un peu cheap avec des chaises en plastique rotomoulé et des fenêtres s'ouvrant sur une aciérie abandonnée dont ne seraient restées que les charpentes métalliques rouillées.

Et à l'intérieur, en laissant vagabonder ma fertile imagination, je croyais voir un animateur, dont le maigre salaire aurait été cofinancé par la commune, le département et la région. Cet animateur, c'est Jean-Paul, un enfant du pays qui n'a jamais voulu partir pour Paris bien que son BTS en informatique lui eut réservé une belle carrière. De plus, sa ressemblance troublante avec un acteur de la bande du Splendid ne lui a pas tourné la tête.

Les filles, c'est bien, mais pour Jean-Paul, l'insertion c'est mieux. Et puis, Jean-Paul son coeur est déjà pris par une belle fille de Foug qui s'appelle Laurence ! Par contre il n'aime pas trop son copain réactionnaire qui fait ce blog idiot ! Pour Jean-Paul, ce Philippe est dangereux et il l'a déjà dit à Laurence : "La psychothérapie, c'est l'opium du peuple. C'est un outil d'asservissement que les puissants utilisent pour empêcher les masses populaires de passer à l'action". Laurence l'écoute impavide. Ca ne lui déplait pas quand son Jean-Paul se met en colère comme ça.

Jean-Paul (notez la ressemblance troublante avec un acteur connu !)

Homme aux convictions de gauche solidement ancrées, fils et petit-fils de mineur, moine-soldat de la réinsertion viscéralement attaché à la Lorraine, cet animateur aurait consacré sa vie à enseigner les rudiments de l'informatique à des salariés du secteur secondaire laissé sur le carreau.

C'est ainsi, que je les imaginais, ces ouvriers ou employés au chômage victimes de la mondialisation, dans cette salle, entrés là sur les conseils d'une assistante sociale qui leur aurait vanté les mérites d'une initiation à la micro informatique pour s'en sortir. Il y aurait eu de beaux personnages.

Par exemple, René, licencié à cinquante-deux ans, ancien fondeur fort en gueule, dont la superbe aurait fondu comme neige au soleil face à un simple PC. J'imaginais déjà ses gros doigts gourds enfonçant les touches du clavier trois par trois. Près de lui, parlant à voix basse, Jean-Paul l'aurait rassuré en lui apprenant à ne plus avoir peur de cet inconnu qu'est l'ordinateur.

Pensez-vous, pour René, un ordinateur, c'était un objet mystérieux qu'approchaient uniquement les cadres cravatés ou les secrétaires parfumées, mais pas lui ! Quand on lui avait parlé de souris la première fois, il se demandait ce que venait faire un petit rongeur là-dedans, mais il n'avait pas osé poser de questions pour ne pas avouer son ignorance. Mais, grâce à l'apostolat de Jean-Paul, René s'y est mis et en trois semaines à peine, ça y est il est capable de taper son prénom sous Word et de l'enregistrer. Encore trois semaines et à l'issue de son contrat d'insertion, René pourra faire un courrier et taper son curriculum-vitae tout seul !

René en ensuite parlé à son beau-frère Lucien, celui qui a marié la Jeanine, que tout le monde trouvait si jolie à Maxéville ! Parce qu'il a un sacré parcours de militant syndical, Lucien a tout de suite sympathisé avec Jean-Paul, même s'ils ont des dissensions parce que pour Lucien, le dogme de la dictature du prolétariat, c'est du passé. Une fois qu'il a maitrisé Word, Lucien a décidé de faire des tracts politiques qu'il colle la nuit.

Lucien a eu plus de chance puisqu'il est en préretraite. Cette petite rente, plus les légumes du potager et ce que rapporte un petit bien que possède Jeanine à Jarville-la-Malgrange, leur laisse suffisamment de quoi vivre. L'an dernier, ils ont même pu partir quinze jours en vacances et voir la mer !

Et puis, il y aurait aussi eu Emmanuel qui se faisait surnommer El Gringo, un être au physique inquiétant. Lui, l'informatique ne lui a pas plu. Il a eu beaucoup de mal à comprendre tout cela. Ca lui semble trop irréel, pas assez tangible à Emmanuel tous ces programmes complexes. Lui, ce qui lui aurait plu, si ses parents avaient pu l'envoyer faire des études en LEP, c'était la mécanique moto. Mais la vie en a décidé autrement. De petit boulot en petit boulot, Emmanuel a fini sur le carreau, rincé et vidé et ça a été le parcours classique de la petite délinquance.

C'est l'assistante sociale qui l'a envoyé à sa sortie de prison chez RMI Informatique. Jean-Paul voyant que la subtilité requise par cette discipline ne conviendrait jamais à cet esprit rebelle et un peu simple, ne s'est pas acharné. Mais il n'a pas laissé tombé Emmanuel pour autant et lui a trouvé un stage de mécanique chez un concessionnaire MBK dont Emmanuel est ravi parce qu'il adore labelle mécanique !

Et puis, ensuite, parmi ces fiers mâles sur d'eux, j'imagine une femme timide. Oui, il y a Marino, la modeste Marino. Elle, c'est un peu différent des autres. Après avoir élevé ses deux filles, deux robustes jeunes femmes lorraines, la maison lui a semblé bien vide lorsqu'elles sont parties. D'abord, elle s'est dit qu'elle aurait du temps pour elle. C'est vrai, qu'à deux, avec son mari, elle passe moins de temps aux tâches ménagères. D'abord elle a été contente de pouvoir regarder Derrick à la télévision. Elle ne l'avouera pas, mais elle le trouve bien séduisant Horst Tappert et puis ses enquêtes sont si haletantes !

Ensuite, il y a eu Le renard, et même si elle trouve que Siegfried Löwitz est moins beau que Horst Tappert, elle le trouve bien malin : il mérite bien son surnom ! Et puis, bientôt, il y a eu l'ennui parce que les séries allemandes, c'est bien beau mais c'est trop passif pour Marino qui s'est démenée toute sa vie.

Alors, comme petite, son institutrice trouvait qu'elle avait des dons artistiques, elle a décidé de s'y mettre. Elle a alors décoré des boîtes de thon qu'elle transformait en objets pratiques tels que des cendriers ou des vide-poches. Elle en a même vendu le jour de la Foire de Foug ! Et puis, même cela l'a lassée parce que Marino aime avant tout se sentir utile.

Elle a donc décidé elle aussi de se mettre à l'informatique. D'abord au Club de Foug mais très vite, elle en eu assez du micro-ordinateur unique, un vieux PC XT IBM. Elle a vu à la devanture du marchand de journaux qu'il existait des écrans couleur. Elle en a rêvé. Elle a négocié avec la mairie et a été admise au stage de RMI Informatique. De mauvaises langues prétendent que c'est parce que Laurence, sa fille aînée est la fiancée de Jean-Paul qu'elle a été admise à ce stage de perfectionnement. Mais Marino, elle s'en moque des commérages.

Et là, elle a rencontré Jean-Paul. Jean-Paul s'est beaucoup investi avec Marino dont les connaissances l'ont stupéfié. En six semaines, elle a su utiliser Word et Excel et même MSN pour pouvoir papoter avec ses filles. Et aujourd'hui, elle sait même utiliser Internet.

Voilà, tout ce que j'imaginais moi ! Et comme ça, j'aurais pu en dépeindre plein des personnages que l'abnégation de Jean-Paul, l'animateur militant, aurait sauvé ! Mais comme j'aime bien la précision, j'ai eu l'idée de taper RMI Informatique dans Google. Et je suis tombé sur ce site ! Celui d'une SSII spécialisée dans les télécommunications créée par deux ingénieurs en 1981 et qui compte aujourd'hui cinquante-neuf personnes dont au moins une vient me rendre visite (à moins que ce ne soit un client hébergé chez eux) ! Bon, j'avoue ne rien connaître à ce qu'ils font mais je suis sur que ce sont des pros dans leur domaines !

Adieu Jean-Paul, René, Lucien, Emmanuel et Marino et bienvenue dans le monde moderne !

9 Comments:

Blogger Lau said...

Salut c'est René !!
Je sais pas comment vous avez deviner mais c'est moi que je viens lire votre site car j'aimeré trouver une solution à mon problème.
En fait, j'été licencié parce que je suis IDR (un gars inteligent comme vous doit connaitre, j'en suis sur) et je me bas pour que cette maladie soit reconnu officièlement comme un handicape meme si c'est pas facile d'en parler.
Mon médecin me dit que c'est peutètre dans ma tête que ça se passe, peutètre pourrez vous m'éclairer.
je vous remercie d'avance et que dieu vous garde.

27/5/08 6:59 PM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

Bon, je n'ai pas encore lu l'article du blog, mais j'ai envie de mettre un commentaire sur une réflexion perso.

J'ai lu avant hier et hier un livre de Schopenhauer qui s'intitule "L'art d'avoir toujours raison".

Shopenhauer décrit 38 stratagèmes pour avoir raison quand on a tort.

Il cite Platon, Diogène de Laërce, Socrate, se réfère à Hegel et à la Bible.

Shopenhauer est d'un siècle où il était encore normal pour un intellectuel de puiser à ses sources écrites dans leur langue de rédaction.

Un texte garde sa saveur et sa substance s'il est épargné par la trahison d'un changement de langue.

La Bible se devait d'être lue en Hébreu et en Grec (quoiqu'il soit contestable que la Bible ait été écrite en Grec, langue profane, alors que l'Hébreu s'est maintenu comme langue sacrée, et que le Christ lui même s'adressait au Docteurs du Temple selon toute vraisemblance dans la langue sacrée). Socrate, puis Platon et Diogène de Laërce, devaient être lus en Grec. Hegel devait être lu en Allemand.

Au fond, il était alors inimaginable d'être un lettré si l'on était incapable de dominer le Grec, l'Hébreu, l'Allemand, mais aussi le Latin comme langue de travail des publications des 4 siècles précédents.

Le sanskrit et l'arabe étaient alors des compléments incontournables pour qui se penchait sur les sujets religieux (au-delà des controverses d'interprétation de la doctrine de l'Eglise).

......................

Que reste-t'il au XXI° siècle de cette exigence ??

Il reste que celui qui maîtrise l'anglais peut vivre et publier partout dans le monde.

La langue est dépouillée de son sens en soi. Elle est réduite au rang d'outil.

Dans les langues sacrées syllabiques (le sanscrit, l'égyptien hiéroglyphique, l'hébreu, l'arabe), chaque lettre de chaque mot a une portée symbolique et un rayonnement propre.

Par exemple, la première lettre de la bible s'appelle "beith", qui correspond au "b" de l'alphabet latin.

Le beith est issu du hiéroglyphe qui représente la maison, et lorqu'il est prononcé en Hébreu, il signifie aussi la maison.

Le beith a une correspondance chiffrée, il est le chiffre 2. Le chiffre 2 symbolise le Dieu unique qui se retire en lui-même pour laisser apparaître la dualité.

Méditant sur le sens de cette lettre, on voit pourquoi c'est cette lettre qui est choisie pour débuter le récit biblique de la Genèse.

Et ainsi de la deuxième, de la troisième lettre.

Et l'on peut percevoir avec de l'entraînement et beaucoup d'acceptation et d'humilité la vibration propre du premier mot de la Bible, qui est la composition des vibrations de toutes les lettres qui le composent.

En poursuivant, la première phrase et tout le texte ont leur vibration et leur sens.

Voilà pour l'un des niveaux de lecture d'une langue sacrée. Il y a 70 niveaux de lecture.

Dès lors, comment une civilisation qui utilise des textes anglais pour tous les domaines peut-elle espérer atteindre une quelconque hauteur de vue ?

La même remarque est applicable au Latin, qui est une langue utilitaire et pratique dépourvue de portée symbolique.

La langue utilitaire est le moyen de produire des descriptions pratiques et de faire des déductions de faits entre eux sans recherche de leur source commune.

Remarquez comme la sience se morcelle. Remarquez comme le nombre de spécialisations se multiplie.

Remarquez comme les vérités scientifiques ont une durée de vie de plus en plus courte.

Il est logique que le nombre de spécialisations soit exponentiel puisque la langue même d'expression des Sciences est incapable d'exprimer les Principes qui forment le lien et la source commune de la connaissance.

L'intelligence des "Savants" devient de plus en plus grossière, et ils deviennent incapables de travailler sur ce qui dépasse le raisonnement déductif de courte vue.

Croyant s'élever vers une connaissance toujours meilleure, ils s'enfoncent vers du détail toujours plus secondaire et des vérités de plus en plus éphémères. C'est une grande force du Malin, que de faire croire à la masse des "Savants" qu'ils progressent.

Mais je cultive l'Espérance de voir s'amorcer la remontée.

Toju.

27/5/08 9:09 PM  
Blogger philippe psy said...

@René : IDR ? Je sais ce que c'est !!!

@Sylvain : Pourquoi ce commentaire ici ??

28/5/08 1:52 AM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

Le commentaire est ici car j'ai fini le livre de Shopenhauer à ce moment là, et que quelques fois je me sers de votre blog pour formuler des idées qui se retrouvent ensuite sous une forme ou une autre dans mon blog.

Je sais que vous ne censurez pas les "hors sujet" alors je profite de cet espace de liberté d'expression. Vous m'offrez un Dazibao et je vous en sais gré.

Ca me procure une grande joie de formuler les idées qui sourdent en moi depuis tant d'années.

La joie pure est un signe de la Vérité.

Il est arrivé que cette zone de commentaires serve d'antichambre à mon blog, lequel sert d'antichambre à mon projet politique.

Tout ça se fait dans l'ombre, et seules les interventions que je fais dans les think tank sont à la lumière.

C'est tout un chemin entre le processus de pensée, et leur matérialisation dans l'organisation humaine.

Et comme vous le savez peut-être monsieur Philippe, je me sens très proche de la conception platonicienne du monde suivant laquelle l'idée est préexistante à l'homme. A mes yeux, plus le penseur est inexistant, plus il est un récepteur pur proche des Principes. La maturation est longue pour recevoir l'Idée. La maturation est encore plus longue pour redescendre de l'idée à sa matérialisation.

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Ce Principe s'applique aussi à l'expression artistique, qui est à mes yeux la réception d'une dimension atemporelle.

Remarquons que les oeuvres artistique sont anonymes dans notre civilisation jusqu'au XIV° siècle environ. L'artiste est un récepteur d'une dimension qui le dépasse et est dépourvu de la vanité d'auteur.

Après le XIV° siècle, comme en maints domaines, la chute vers le monde quantitatif et fragmenté s'accélère. L'individu croit exister plus en signant ses oeuvres. Par cet acte de signature, sa relation avec les autres Hommes prend le pas sur sa relation avec la transcendance. En réalité, croyant se lier aux autres en se mettant en avant, il s'en dissocie car il tourne son regard vers les autres au lieu que de tourner son regard à l'identique des autres. ( C'est d'ailleurs là toute la philosophie moderniste de Vatican II).

Toju.

28/5/08 3:24 PM  
Blogger philippe psy said...

Il ne vous manque donc qu'une entéléchie pour mener votre projet à bon port mon cher Toju.

28/5/08 5:13 PM  
Blogger Lau said...

Salut c'est encore René !!

Entéléchie ça a un rapport avec les IDR ?

28/5/08 5:29 PM  
Blogger philippe psy said...

non René, sachez qu'un mot n'a pas forcément de lien avec la gatroentérologie parce qu'il ya "chie" à la fin !

C'est du grec René ! C'est compliqué !

28/5/08 8:13 PM  
Blogger El Gringo said...

Grâce à Jean-Paul, je ne vole plus de Mobylette (ou alors très rarement...)

28/5/08 11:29 PM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

L'entéléchie, c'est l'action faite réalité tangible grâce à sa proximité aevc les Principes.

Par exemple, l'âme est l'entéléchie de Dieu.

Mais ce terme est le véhicule d'une dissonance entre Platon et Aristote.

A mes yeux, cette dissonance est une rupture. Cette rupture se retrouve aujourd'hui sous d'autres formes.

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Explication :

Pour Aristote, l'homme corporel est l'entéléchie de l'âme, et l'âme a en tout cas une entéléchie corporelle.

Non seulement Aristote se place dans une logique déductive, mais de plus il nie l'indépendance de l'âme, sa faculté à être dissociée d'une manifestation corporelle.

En nous sommes déjà dans la querelle entre d'une part une logique déductive qui rejette toute cause au delà de la raison humaine, et d'autre part une logique qui laisse part à la transcendance inateignable et pérenne.

Plus tard, cette querelle se poursuit entre les tenants de la Philosophia Perennis et les progressistes.

Au XX° siècle, les rescapés de la Philosophia Perennis se retrouvent dans certains courants ésotériques, dans une part mise en minorité de l'Eglise catholique, chez les juifs orthodoxes, chez les soufistes, et peut-être dasn une infime fraction de la franc-maçonnerie. En France puis en Egypte, le flambeau a été repris par René Guénon. Mais au total, tout cela ne représente que des gragments épars et pour tout dire dégradés.

Toju

29/5/08 12:32 PM  

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