22 mai, 2010

Syndrome post-vacances !


J'ai été long à revenir écrire. La psychologie, dans ses formes les plus abouties, qui voit la psychopathologie s'accroitre de néo-pathologies plus délirantes les unes que les autres au fur et à mesure qu'elle colle aux "bobos" de notre époque vient de développer le syndrome post-vacances.

Ce syndrome serait une dépression légère qui toucherait un peu plus d'un tiers des jeunes adultes (25/40ans) revenant de vacances consistant en un sentiment d'inconfort causé par le retour au travail. Suis-je affecté de ce syndrome post-vacances étais-je en droit de me demander moi qui viens de vivre une triste semaine ?

A priori non puisque mon retour au travail s'est effectué sans anicroches. J'ai enchainé les rendez-vous avec mon zèle et ma perspicacité légendaires. Je ne pense pas que mes chers patients aient eu à se plaindre de moi. J'étais bien présent et je n'en avais oublié aucun. Je n'ai pas demandé si son alcoolisme s'arrangeait à une patiente venue pour des problèmes conjugaux pas plus que je n'ai demandé si ses troubles de l'érection s'arrangeaient à un patient venu en consultation pour surmenage au travail.

En revanche, c'est tout le contexte hors professionnel qui m'a bouleversé. Tandis que jeune, j'étais plutôt patriote, j'en suis venu à un tel dégout de mon environnement que je me suis surpris à prononcer très souvent à propos de tout et n'importe quoi : "de toute manière, c'est français donc c'est forcément pourri". Oubliés, nos bombes A et H, le France, le Concorde, les centrales nucléaires, le TGV, l'Airbus, le Minitel et autres réussites bien de chez nous, ne subsiste chez moi qu'un vague dégoût sans doute semblable à celui qu'éprouvait peut-être doute tout dissident ayant vécu à l'époque de la défunte URSS. Encore que Soljenitsyne eut à affronter un adversaire réel et méchant, bien plus que la social-démocratie mollasse et profondément dépressiogène dans laquelle nous sommes contraints de vivre.

J'aimerais à l'instar d'un H16 pouvoir tout traiter à la rigolade mais sans doute dois-je souffrir d'un excès de sensibilité. Que je reprenne mon RER, que j'allume le téléviseur, que j'ouvre un journal ou encore que j'observe mes compatriotes et je ne puis m'empêcher de ressentir une sorte d'anxiété diffuse sur fond dépressif. D'ailleurs cela s'appelle un syndrome anxio-dépressif.

Connaissant fort bien mon métier aussi bien que moi-même, je ne m'alarme pas et puise en moi les ressources pour remédier à cet état de fait. Songeant aux sages stoïciens, je me dis que rien de cela n'est grave et ne peut m'affecter : ce qui est vrai. Mais cela me demande des ressources inimaginables. La lucidité peut occasionner de graves troubles psychologiques. Pour le comprendre, imaginer un peu les dernières heures d'un mec qui aurait été doté d'une excellente vue posté sur la passerelle du Titanic tandis que le commandant et son équipage auraient déserté pour faire les cons dans la salle de bal.

Le premier jour j'ai ainsi assisté au pénible spectacle d'une femme dans le RER hurlant une chanson dans un sabir inconnu tandis que sa fille âgée d'à peine cinq ans et habillée de haillons faisait la quête en faisant moultes grimaces ce qui semblait beaucoup amuser les passagers puisqu'aucun ne semblait offusqué par cette scène médiévale en pleine année 2010. Toute ma journée fut un peu semblable, me permettant de noter dans ce que j'observais ou entendais le délitement de notre société dans la plus profonde indifférence, puisque plus personne ne semble être en mesure de se rebeller. Le seul acte vraiment grave et sévèrement réprimé reste à Paris le fait de rouler dans un couloir de bus. Sinon, pour le reste, tout passe ou presque.

Le débonnaire Big Brother qui nous régit, a réussi encore mieux que l'ancien décrit par Orwell à nous plonger dans une telle hébétude que quelle que soit l'expérience que l'on vive, notre adaptation est permanente. Vivant sous transfusion permanente de l'État qui lui vole le produit de son travail pour le redistribuer au gré de ses délires, enserré dans des lois de plus en plus liberticides qui restreignent les Droits de l'homme comme peau de chagrin, opprimé par des associations quérulentes, le citoyen français a de plus vu l'opinion tellement pénalisée qu'il feint sans doute de ne plus rien remarquer et s'applique donc à ne rien dire. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et plus personne ne s'offusque qu'un sombre crétin d'élu ne fasse cette proposition de loi.

En médecine, on appellerait cela un état de sidération qui est un état d'anéantissement subit produit par certaines maladies, qui semblent frapper les organes avec la promptitude de l'éclair ou de la foudre, comme l'apoplexie ; état autrefois attribué à l'influence malfaisante des astres.

En psychiatrie, cette sidération se retrouve dans des crises d'angoisse intenses ou peut aussi intervenir au cours d'une mélancolie stuporeuse, c'est à dire d'une forme de dépression majeure dans laquelle le ralentissement idéomoteur est au maximum. L'individu qui en souffre semble agir comme un zombi bien que les pensées dépressives persistent à s'agiter sous son crâne.

La mélancolie est donc sans doute la forme la plus aboutie pour échapper à l'abrutissement mis en place par notre système à moins qu'on ne lui préfère l'alcool ou les stupéfiants. La plupart de ces produits étant soit interdit soit sévèrement encadrés, le recours à la toxicomanie légale reste finalement la première solution.

Rappelons que la France est le premier pays pour la consommation d'antidépresseurs et d'anxiolytiques. Il faut bien cela pour tenir.

11 Comments:

Blogger Unknown said...

bon.

je ne connaissais pas l'adjectif "quérulent".

par contre, je connais pas mal de personnes dont cet adjectif résume l'état permanent ...

23/5/10 12:03 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

23/5/10 12:37 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

23/5/10 1:26 PM  
Blogger Gabrielle said...

c'est marrant parce que mon psy revient de vacances cette semaine, et je me demandais si lui aussi ça le barbait de reprendre le boulot, comme nous le commun des mortels :)

24/5/10 9:29 AM  
Blogger Marie Noëlle said...

Merci de mettre des mots là-dessus, de retour dans notre beau pays depuis bientôt un an près quelques années d'absence, je suis toujours en état de "sidération".

24/5/10 1:44 PM  
Blogger V. said...

Tenez bon Monsieur Psy.
Y a des gens qui ont besoin de vous. D'autres qui vous sont proches, même si vous ne les connaissez pas.
Je vous adresse un lien vers le meilleur antidepresseur (comme dit mon fils) ;o)
http://www.youtube.com/watch?v=v1wG9g1wjSA

24/5/10 11:57 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bon, je vois que je ne suis pas la seule à déprimer, alors... ^_^

Dans les commentaires de votre précédent post, je vous avais demandé si le meilleur psy-capricorne de l'univers pouvait me recevoir en consultation... j'imagine que votre silence veut dire "non".

J'aurais quand même espéré une toute petite réponse, même négative, au moins pour dire "Désolé, je suis trop occupé" ou "Zobi, je ne rencontre jamais les lecteurs de mon blog en consultation". J'aurais compris.
Bon. Tant pis.
Je vais me contenter de lire votre blog, alors... c'est déjà mieux que les antidépresseurs ^_^

Amicalement,

Melle Ascendant-Capricorne
--- mon mail : maiiison@yahoo.fr ---

25/5/10 7:03 AM  
Blogger gawin said...

C'est parce que vous manquez de clients que vous vous attelez à tous nous déprimer?

25/5/10 8:37 PM  
Blogger philippe psy said...

@Mlle capricorne : je vous enverrai un mail. Désolé, je ne suis pas un administratif très doué. Et puis en soirée, je suis bourré (de monde pas au picrate) !

26/5/10 8:30 AM  
Blogger Anna said...

Pauvre Philippe. Moi aussi, je fais toujours une petite crise quand je rentre en France. Toutefois comme je suis une blonde éthérée, rien ne dure vraiment. Et passés quelques jours, j'oublie tout ce que j'ai vécu pour finir par croire que je n'ai jamais quitté la France.

Si je croyais en la métempsychose, je me verrais bien réincarnée en poule ou en poisson rouge !

26/5/10 8:46 AM  
Blogger V. said...

à Anna (F...) :
mais si ça se trouve, la métempsychose a déjà frappée et vous êtes déjà réincarnée !
en blonde éthérée...
(ok je sors !)

28/5/10 11:23 AM  

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