28 mai, 2018

99,999% !






Je suis parti dix jours en Corse, d’où mon absence de ce blog. J'ai bricolé, je me suis reposé et j'ai retrouvé la France de mon enfance. Aucun stress !


Avant de partir, je pouvais considérer que j'avais une clientèle sympathique et adorable à 99,99%. De fait, les gens pénibles sont très rares. Les médecins avec qui je collabore me connaissent suffisamment pour m'adresser une clientèle à qui je convienne et qui me convienne. Quant au solde, ils viennent de ce blog, et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'y suis suffisamment explicite pour ne recevoir que ceux à qui ma prose correspond. 

Hélas, les process les mieux étudiés et rodés n'en comprennent pas moins des erreurs. C'est ainsi que j'avais reçu voici quelques années, une jeune femme se plaignant de son compagnon. L'ayant reçu, je l'avais trouvé fort bien si ce n'est qu'il travaillait un peu trop et ne laissait pas suffisamment de temps à son couple. Pour le reste, c'était un type sympathique et équilibré jouissant de nombreuses qualités.

Mais, cela n'avait servi à rien. Ma patiente n'en démordait pas : son compagnon ne correspondant pas totalement à ce que promeuvent les magazines féminins elle avait continué à s'en plaindre. Je les avais alors reçus tous les deux.

Il est toujours compliqué de recevoir un couple parce que je dois me montrer neutre et bienveillant envers les deux. Or l’expérience prouve, du moins la mienne, qu'il y en a toujours un que je préfère. Il ne 'agit pas de départager les torts que l'un ou l'autre a, mais simplement que j'ai pu constater qu'il y en a toujours un pour tenter d'arranger les choses tandis que l'autre campe sur ses positions, désireux d'obtenir réparation.

La première fois que je les avais vus tous les deux, ma patiente m'avait vraiment agacé. Tant et si bien, qu'après avoir tout tenté, je lui avais dit que son mec étant plutôt beau, riche, fidèle et désireux d'avoir des enfants, elle pouvait l'abandonner dans mon cabinet si elle n'en pouvait plus et que je me ferais un plaisir de lui trouver une remplaçante dans les deux jours. Elle n'avait pas voulu, m'assurant qu'elle était très amoureuse.Ils s'étaient fait un bisou dans mon cabinet avant de repartir. J'imaginais que l'affaire était réglée. L'idée qu'elle puisse être remplacée avait suffit à calmer son gros caprice.

Non ! Car ils étaient revenus le mois suivant. Cette fois ci, ma patiente se plaignait que son compagnon n'ait pas les mêmes fantasmes qu'elle : son fantasme consistant à aller au sous-sol de la boutique Chantal Thomass, rue Saint Honoré. Elle semblait trouver cela très coquin et semblait émoustillée à cette idée qu'elle avait encore du pêcher dans un article de Mademoizelle. Las, le pauvre conjoint étant doté de nature d'un sexe en état de marche, il ne trouvait pas très excitant d'aller offrir à sa compagne un canard en plastique avec lequel elle se donnerait du plaisir. L'idée d'aller faire ses emplettes rue Saint Honoré n'était pas dans ses projets.

Ce jour là, j'avais été étonné qu'elle lui propose cela dans la mesure où il ne m'avait jamais semblé être du genre à sombrer dans ces "coquineries si convenues". De fait, la proposition n'avait vraiment  pas enthousiasmé le conjoint. J'avais alors du expliquer à ma chère patiente que l'érection n'étant pas automatique, il ne servait à rien d'entrainer son compagnon dans une aventure à laquelle il ne participerait que pour lui faire plaisir mais sans en retirer une once d'excitation. Peut-être serait il bon qu'ils parlent tous les deux de leurs fantasmes, dans la mesure ou elle semblait totalement ignorer ceux du conjoint.

Ce jour là, je m'étais même risqué à deviner le fantasme de son compagnon. Ayant chargé une photo sur mon Iphone, je lui avais montré et il avait souri en me disant que je le connaissais bien. C'est ainsi que j'avais expliqué à ma patiente que, bien que son conjoint et moi, n'ayons jamais parlé de ses fantasmes, je me retrouvais à mieux le connaitre qu'elle, ce qui était un comble ! Le fantasme n'avait d'ailleurs rien de bien compliqué. Avec une jupe, des bas et des talons hauts, on peut faire des merveille. 

De son côté elle n'avait pas apprécié ce fantasme parce que selon, elle c'était une manière d'assujettir les femmes aux désirs des hommes. Je 'étais alors risque à lui expliquer qu'il ne s'agissait pas pour les femmes de tout tolérer des hommes mais que l'érection était chez les sujets cérébraux un mécanisme complexe, il fallait parfois accepter certains jeux. 

De fait ce n'était pas les "jeux" qui la choquait mais le fait que ce fantasme soit si courant, tellement évident. Elle y voyait une permanence de la femme objet, ce qui la rendait folle. Il faut dire que nous étions en pleine époque de "metoo" durant laquelle toutes les actrices balançaient les producteurs et les acteurs. Ces mêmes actrices qui, je vous le rappelle, nous ont émoustillé avec leurs tenues affriolantes lors de la montée des marches du Festival de Cannes.

#balancetatruie

J'avais alors du l'écouter me traiter de phallocrate et de misogyne tout en rajoutant que mon épouse devait être une vraie soumise pour me supporter. Ce à quoi, j'avais répondu qu'à côté de mon épouse, elle n'était qu'un chaton et qu'avoir du caractère n'était pas se comporter en princesse pénible et qu'il était triste à qu'à trente quatre ans elle puisse montrer moins de maturité que certaines gamines de quinze ans. 

Bref, ça avait chié parce que quand tout est bloqué c'est aussi un moyen de débloquer les choses.  mais aussi parce que je n'ai pas envie de me faire insulter par une semi-débile qui ne comprendrait jamais rien au fonctionnement des hommes alors que ces derniers auraient du deviner ses moindres souhaits. De plus si je suis tout à fait capable de dire à une femme qu'elle m'emmerde, fut-ce la mienne, cela ne fait pas de moi un misogyne. Non mais !

Elle était alors partie un peu courroucée, trainant derrière elle son conjoint avec qui je m'entendais si bien au sujet duquel je me demandais combien de temps il allait supporter cette harpie. Cela m'avait rendu un peu triste dans la mesure, ou bien qu'elle soit chieuse et socialiste, je m'étais plutôt bien entendu avec cette patiente lorsque je l'avais aidée professionnellement. 

Nous en étions restés là et je n'avais plus jamais eu de nouvelles jusqu'à ce vendredi onze mai quand j'ai réçu un très gentil SMS de sa part m'expliquant qu'elle avait donné mes coordonnées à son frère. J'avais été un peu interloqué. Dans le SMS suivant, elle m'avait alors présenté des excuses en m'expliquant que si j'étais "un peu" misogyne, elle était très chiante et qu'elle le reconnaissait. Enfin, dans le troisième SMS, elle m'annonçait être enceinte de six mois et me remerciait d'avoir été si direct avec elle.

Ce vendredi, ma clientèle est devenue sympa à 99,999;%. J'ai bien sur félicité les deux futurs parents.