25 mars, 2020

Mea culpa !


Ce matin, je discutais avec Lix. Lix, j'ai décidé de le surnommer ainsi parce qu'il a fait polytechnique est un drôle de type. La première fois qu'il m'a vu, il m'a dit qu'il ne connaissait personne de plus intelligent que lui. J'ai eu envie de lui répondre que c'était raté vu que maintenant il avait fait ma connaissance. Mais bon, mon métier consistant à nouer une relation thérapeutique, je n'allais pas commencer à lui en mettre plein la tête dès le départ. En plus Lix est très sympa et sociable.

Je suis naturellement taquin mais j'ai appris à ne plus l'être. Parfois, c'st diversement apprécié et mon plaisir du bon mot m'a parfois valu quelques rancunes alors que, je vous l'assure, je n'avais fait que plaisanter. J'ai ainsi perdu Jean Sablon avec qui je m'entendais pourtant merveilleusement bien. Sans doute en a-t-il eu marre de mes vannes sur son couple que j'estimais bancal. Déjà, est-ce que cela me regarde son couple ? Non ! Au pire, si j'avais eu raison, il m'en aurait parlé. Là, il ne me disait rien et je n'avais pas à intervenir. Même si je pense que sa gonzesse est vraiment spéciale. Quand j'écris "spéciale", je pèse mes mots. C'est pour ne pas fâcher, dès fois qu'il me lise encore. D'ailleurs s'il me lit encore, ça me ferait plaisir qu'il rappelle Jean Sablon ; on s'entendait bien.

Jean Sablon c'était mon coauteur. Quand je prenais ma pause quotidienne entre 14 et 17h ou 15 et 18h, il me rejoignait et ensemble on baissait des scénarios improbables dans lesquels on mettait les gens que l'on connaissaient. C'est dommage que l'on n'ait jamais pris de notes parce qu'on a imaginé des tas de trucs complètement dingues. On était perchés tous les deux et les heures passaient vite. Je regrette vraiment Jean Sablon. 

Et puis, il y a eu le Banquier avec qui je m'entendais bien et là, encore une fois j'ai tout foiré, enfin d'après ce qu'il dit. Il est sans doute un peu susceptible et je suis sans doute un peu trop taquin. Il a une très grosse situation et sans doute que j'ai du froisser son ego en me comportant librement. Une fois encore, c'est dommage, je l'aimais bien le Banquier, on s'entendait plutôt bien. Il a osé dire que j'étais narcissique. Si ça c'est pas de la projection. Comme je le dis toujours, plus jeune, j'ai fait une analyse alors je n'ai plus d'égo, j'ai tout liquidé. A côté de moi, le dalaï-lama est une boule d'orgueil, la moindre fourmi est plus vaniteuse que je ne le suis. S'il me lit et je sais qu'il me lit, que le Banquier sache que je lui présente toutes mes excuses à peu près sincères. Je dis "à peu près" parce que je veux bien faire un pas mais pas me foutre à plat ventre non plus. La bienveillance c'est reconnaitre ses torts mais pas se les attribuer tous. Non mais.


Suis je sorti de mon rôle, lui aie manqué des égards que les prestataires de service doivent aux gens riches qui les paient, c'est fort possible. Je plaide coupable ; je suis parfois assez irrévérencieux. Le fait d'avoir passé l'essentiel de ma vie comme passager clandestin de la société, un pied dans le bizarre et l'autre dans la vraie vie m'aura sans doute faire perdre certains usages. Cela plus le fait que m'étant déclaré anarchiste de droite depuis mes 24 ans, âge auquel je tombais émerveillé sur le Que-sais-je de François Richard, je me suis habitué à vivre comme "roi au royaume de moi-même". 

D'ailleurs maintenant que je pense au Banquier, je me dis que j'aurais bien du mal à me réinsérer dans un emploi du tertiaire. Quand j'entends ma clientèle me parler de leurs N+1, N+2 ou N+3, j'ai mal pour eux même si je sais que c'est la vraie vie et que j'ai bien de la chance d'y avoir échappé. 

Alors sans doute que les années passant, j'ai oublié certains usages. D'ailleurs à quoi me serviraient ils ? Je suis la plupart du temps en contact qu'avec des gens qui me ressemblent peu ou prou. D'ailleurs quand les patients me demandent pourquoi je vais bien, j'ai l'habitude de leur répondre que je fréquente peu de "gens normaux". Bien sur ça m'aide mais parfois ça me dessert, surtout quand je rencontre des gens très hauts placés comme le Banquier. 

Une fois j'ai remis un colonel qui me consultait à sa place. Le gars avait du me prendre pour de la bleusaille. Je lui ai rappelé que d'une part, la fonction primait sur le grade et que dans mon cabinet je restais le commandant de bord et que secondement, j'étais comme les aumôniers, j'avais le garde de celui auquel je m'adressais. Non mais, comme si ses cinq barrettes allaient me faire peur ?! Il n'est plus revenu et je m'en suis foutu ; il était très con. 

Je taquine, je raille, je ne fais pas attention et je blesse sans le vouloir. Quoiqu'à y réfléchir, j'aie trouvé qu'il en faisait un peu trop parce que j'avais été très sympa. La susceptibilité est un vilain défaut. J'étais très susceptible quand j'étais jeune et puis ça m'a quitté le jour ou j'ai compris que c'était le point d'entrée préféré de ceux qui voulaient me déstabiliser. Allez encore une fois, si le Banquier me lit, qu'il sache que je suis vraiment désolé qu'il ait pris les choses de cette manière. Je lui promets que s'il me revoit, je serais mignon comme tout, un vrai nounours tout doux ! Je plussoierai à tout ce qu'il me dit, en ouvrant de grands yeux écarquillés, comme si j'étais un crétin me rassérénant à la fontaine de connaissance ! S'il me lit, il va encore me reprocher d'en faire trop. J'espère que j'aurais pu lui arracher une esquisse de sourire !

Mais bon, il n'est jamais trop tard pour s'améliorer. Je ferai attention à l'avenir. Le plaisir du bon mot m'a trop fait de tort. C'est u cabinet que j'ai pas un endroit où je rode des sketches pour mon prochain spectacle !

***

Cet article fut écrit tandis que j'écoutais de la musique d'ascenseur comme bien souvent ! J'adore la musique d'ascenseur, j'ai l'impression de me trouver dans la réception d'un grand hôtel dans les années soixante.


2 Comments:

Blogger Mourad said...

Oui, mais non, mais bon... Vous êtes qui vous êtes, et c'est très bien ainsi. Une des (rares) grâce de ce virus aura été de vous retrouver au clavier.

Après, l'égo des zôtres... bof! On va tous mourir, la question est quand? Et d'ici là, comment s'occuper et avec qui pouvons nous prendre un verre? Le reste est billevesée. Oui, vous pouvez piquer à l'occasion, mais c'est souvent drôle et ce n'est jamais par méchanceté ou bêtise. Et rien que ça, c'est si rare que ça en devient précieux. Paix (et para bellum!).

28/3/20 3:18 PM  
Blogger cmosorchestra said...

Cela me rappelle les brouilles célèbres d'Henri Virlogeux!

29/3/20 9:52 PM  

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