13 octobre, 2006

Moi et le cinéma !


Moi et le cinéma, tout un poème ! Parce que je vais vous avouer que je n'aime pas le cinéma. Au risque de vous choquer, pour moi ce n'est pas plus un art que la bande dessinée, tout au plus euh un passe-temps sympa pour ceux qui font les films comme pour ceux qui les regardent.

En plus depuis plusieurs dizaines d'années, les salles de cinéma sont interdite aux fumeurs ce qui m'ennuie puisque je fume (FUMER TUE) et on ne peut pas appuyer sur pause pour aller pisser un coup.

En plus, y'a plein de gens dans la salle et surtout devant moi. Et puis c'est vachement cher pour ce que c'est. Parce que payer 10€ pour poser son cul sur un siège sans pouvoir allonger ses jambes pour regarder les grimaceries d'acteurs stupides, c'est très exagéré.

Dans les faits, je suis quelqu'un d'éminemment brillant voire brillantissime et donc, j'adore lire. Parmi mes moultes qualités dont je ne manquerai pas de vous informer, je dois vous avouer que mon imagination fertile sera toujours plus efficace que le cinéma : leur morceau de pellicule pourrie n'atteindra jamais la perfection de mon cinéma personnel.

Et puis le cinéma n'a rien inventé ,avant lui (le drame en direct), la tragédie grecque est la première systématisation du spectacle social. Le théâtre antique permettait, comme le psychodrame moderne, d'opérer une catharsis, une purification de l'âme, une liquidation des complexes, la purgation des passions. En vivant, par procuration, les émotions et les crimes des personnages de la pièce (comme du film aujourd'hui), le spectateur se libèrait de ses propres pulsions ou angoisses, les malheurs des autres l'aidaient à supporter ses propres malheurs.

Aristote est un des premiers à avoir analysé le genre tragique. "La tragédie est l'imitation d'une action noble conduite jusqu'à sa fin (...) c'est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d'une narration, et qui, par l'entremise de la pitié et de la crainte accomplit la purgation des émotions de ce genre." (Poétique). alors c'est-y pas de la vraie culture çà messieurs les abonnés des Cahiers du cinéma ???

En plus, en tant que libéral (oh le vilain mot !) convaincu, savoir qu'on me vole du fric pour subventionner des films, me met hors de moi ! Est-ce que je demande des subventions moi ? Me fair epayer une prestation qui ne m'intéresse pas, quel culot ! De quel droit devrais-je payer les passe-temps de ces nazes ? Arghhh, beuuurkkkk, j'enrage !

Ca y est, j'imagine déjà les lecteurs (oui j'ambitionne toujours d'avoir des lecteurs et je consulte compulsivement les stats de fréquentation de mon blog) penser : "Non mais quel sombre con, pour mépriser ainsi le septième art et les acteurs. En plus pour qui il se prend ! Ca m'étonne aps, pff, c'est un libéral !".

Sachez chers lecteurs que je me fous de vos commentaires oiseux. Je suis l'alpha et l'oméga de la suffisance et ma devise est :

Chacun mes idées


Mais reprenons ce brillant exposé. Pourquoi parler de cinéma puisque je n'aime manifestement pas cela ? Simplement parce que ma profession de psy me met en relation avec ce pseudo-peptième art pour deux raisons :

D'une part, étant une star dans ma profession, une sorte d'himalaya de l'aide à autrui, j'ai parfois parmi ma clientèle des réalisateurs, acteurs et autres directeurs de production ou producteurs de cinéma (Qui ? Qui ? demande la foule ! Et le secret professionnel alors ?). Donc, peut-être pas chaque jour mais euh assez régulièrement tout de même, le cinéma entre par effraction dans mon cabinet. Eh oui, lecteur tu as bien lu, ce sous-art ose s'immiscer dans l'antre de la vraie culture discrète mais réelle qu'est mon cabinet.

D'autre part, j'adore illustrer mes propos en thérapie, j'adore fournir des exemples afin de mieux me faire comprendre. C'est ainsi que lorsque je parle d'une personnalité pathologique par exemple, pour bien me faire comprendre, j'illustre ladite description d'un exemple pris dans le cinéma. Ce qui me semble normal puisque le cinéma singeant grossièrement et imparfaitement la vraie vie en grossissant les traits de caractère, nous fournit une galerie de portraits illustrant parfaitement les différentes pathologies mentales existantes.

Donc encore récemment, j'explique à une patiente se plaignant d'un proche, que cette personne est sans doute une personnalité sensitive de Kretshmer, une sorte de petit paranoïaque, appelée aussi paranoïaque de souhait. Je poursuis mon exposé brillant en présentant la personnalité paranoïaque, et en différenciant ces paranoïaques de souhaits des grands para,noïaques, appelés aussi pranoïaques de combat.

J'explique qu'à l'époque de Kretshmer, psychiatre allemand, ce dernier avait appelé cette pathologie le délire des gouvernantes anglaises, car on retrouvait souvent une même alliance de symptômes (dépression, faible estime de soi et méfiance exacerbée) chez de jeunes gouvernantes issues de l'aristocratie britannique, venues se placer dans de riches familles bourgeoises. En bref, et là je parle très sérieusement, je pense sincèrement faire un exposé succinct mais complet afin de partager mes connaissances pour qu'une prise de cosncience s'effectue chez chez cette patiente.

Mais une fois l'exposé fait, tout déraille, car je me vois obligé d'apporter en plus une illustration visuelle ! Et hop, le brillant psy devient en un tour de main, un toquard total affirmant haut et fort non seulement son inculture cinématographique mais en plus un goût déplorable à la limite de la beauferie ! Plutôt que de citer quelque illustre film sud-coréen intello (vu en VO non sous-titrée bien sûr), moi j'explique doctement :

"Bon vous avez sans doute vu Les bronzés ? Alors souvenez-vous de la scène lorsque Bobo, interprété par Lui Rego interprète son sketch des valises. Après qu'il se soit tapé un énorme bide, il se retrouve accoudé au bar en train de prendre un whyskie et Michel Creton rentre et lui parle pour le rassurer. Il lui dit qu'au début, lui aussi s'est tapé des bides, que son sketch était bien mais sans doute pas adapté au public, etc. Et là d'un seul coup, un toquard entre, interprété par Bruno Moynot et directement lui dit "le coup des valises, c'était pour moi le coup des valises ? Oui parce que je peux en avoir autant que je veux des valises". Et là, Luis Rego regarde , abasourdi, Michel Creton. Vous voyez, Bruno Moynot dans cette scène est un bon profil de personnalité sensitive de Kretshmer."

Voilà après un exposé de psychopathologie super sérieux, je me ramasse en racontant une scène des Bronzés que je connais pas coeur !!! Et des exemples comme cela, j'en ai des tonnes avec des films tels que "La grande vadrouille", "Rambo", etc. Tant et si bien que maintenant, lorsque l'on me demande si j'aime le cinéma ou bien si j'ai vu tel ou tel film, je préfère répondre : "Bof, moi vous savez si il n'yapas Bruce Willys au générique, peu de chance que cela me plaise". Une manière comme une autre d'échapper à un débat dans lequel je ne brillerai pas.

***

Soyons sérieux tout de même. En fait, au début du post, je raconte un peu n'importe quoi. Si je n'aime pas aller au cinéma pour les raisons sucitées, en fait j'aime bien certains films. Mais bon, compte tenu de la nature de mon métier, vous comprendrez bien que je n'aie pas forcément envie d'aller voir des drames psychologiques ou des trucs tristes. Les trucs tristes au cinéma ne m'émeuvent pas forcément, sans doute parce j'en vois toutes les semaines de vrais trucs tristes. Et dans ma pratique, on n'est pas dans l'esthétisation et on ne peut pas écrire FIN pour passer à autre chose. Je ne veux pas vous faire larmoyer mais simplement vous dire que ce que je préfère, quitte à passer pour le roi des cons, ce sont les comédies parce que cela me détend et me vide la tête. Si certains ont besoin de drames psychologiques pour s'apercevoir qu'à côté d'eux, tout n'est pas toujours rose pour le commun des mortels, moi ce serait le contraire. Et pour conclure, voici une confidence, mon film préféré reste et restera :

Il sorpasso (Le fanfaron) de Dino Risi