01 juin, 2008

Stades de Kohlberg 1 : approche

Voici quelques semaines, une jeune patiente me relate le décès dramatique de la mère d'une de ses amies. Elle m'explique ensuite, qu'elle a accompagné son amie à la faculté où elle devait signer un document administratif. La secrétaire a rappelé que ce document aurait du être signé la semaine dernière. Son amie explique alors que le jour où elle aurait du faire cette formalité administrative, sa mère est décédée.

Loin de s'apitoyer sur son sort, la secrétaire explique que cela ne l'excuse pas et qu'une date est une date. Ni compassion, encore moins de condoléances, la jeune femme se heurte à ce qu'il y a de plus abject dans l'administration. Ma patiente s'énerve alors en faisant remarquer à cette fonctionnaire son odieuse rustrerie.

C'est alors que cette femme lui rétorque qu'elle peut bien dire et faire ce qu'elle veut, et même la menacer d'écrire au président de l'université, que de toute manière elle ne risque rien. La remarque est ans appel et les deux demoiselles sont congédiées. Ma jeune patiente n'en revient pas et quitte le bureau de la rustaude en claquant la porte, durement choquée par tant de méchanceté.

Benoîtement, je lui explique que cette femme est, du point de vue du développement moral, situé au premier des trois stades décrits le psychologue Kohlberg (voir article suivant). Je poursuis en lui disant qu’à mon sens, il n'y a pas grand chose à faire puisque faire naître une conscience morale est difficile, voire impossible dans le cas de sociopathes avérés.

Manifestement, telle que m’a été racontée l’histoire, cette secrétaire administrative en restée à un stade où elle agit en fonction de ce qu’elle peut redouter. C’est ainsi qu’en expliquant à ma patiente qu’elle peut bien écrire au Président de l’Université car elle ne risque rien, elle clame haut et fort qu’elle ne redoute aucune punition.

Cette secrétaire explique donc que ses choix et décisions ne sont pas faits en fonction de ce qu’elle éprouve elle-même en tant qu’adulte qui aurait pu intégrer le bien et le mal, mais en fonction d’un processus de punitions/récompense.

C’est donc un stade de développement moral très bas. C’est celui qu’on retrouve chez les enfants avant l’âge de sept ans mais aussi chez les animaux domestiques. On agit ou non en fonction de ce que l’on espère ou redoute. C’est presque un stade moral mécaniste puisque les réactions sont binaires du type, « si récompense alors j’agis » mais « si punition, alors je n’agis pas ».

On aurait tort de penser que parce qu’un individu est adulte, il pourra faire preuve d’empathie. Rien n’est plus faux, regarder les gens vivre autour de vous et vous constaterez que nombreuses sont les personnes peu avancées sur un stade moral.

Chez ces personnes, outre le diptyque récompense/punition, l’envie et la jalousie seront aussi de puissants moteurs. Fort heureusement, elles sont assez faciles à démasquer. A nous d'éviter de les fréquenter. Malheureusement, certains secteurs, que je ne nommerai pas ici, semble particulièrement attirer ce type de personnes.