Ita missa est !
Hier, c'était la première communion du fils d'un ami. Nous avions rendez-vous à 18h30 pour la messe. J'étais à l'heure. Cela faisait quelques mois que je n'étais pas allé à la messe, exactement depuis les obsèques de Philippe, cet ex-patient dont j'ai parlé voici peu. L'église était bourrée mais mon épouse a pu trouver une place. Moi j'aurais pu m’asseoir de l'autre côté de la travée mais le type qui était au bout du banc m'a dit qu'ils attendaient quelqu'un. Je lui ai dit qu'il y avait de la place pour deux mais il m'a regardé d'un air bête et contrit, n'osant me répondre qu'un étranger les aurait dérangé, lui sa petite famille et leur copain. J'ai eu le temps de lui jeter un "bravo pour la charité chrétienne" avant de me placer loin derrière. Après tout je m'en fous, s'ils veulent rester entre amis pour écouter la messe, grand bien leur fasse.
Après j'ai écouté religieusement, un document en main m'expliquant comment ce pensum allait se dérouler. Puis une demoiselle catégorie Miss Neuneu, a entonné un chant insipide d'une voix de crécelle insupportable. S'il suffisait de chanter juste, cela se saurait. Là c'était juste mais horripilant, à la manière d'une craie crissant sur un tableau noir. Assis sur mon banc, commençant un peu à avoir mal au cul, je me suis perdu dans la contemplation de l'édifice gothique pour détourner mon attention de ce chant merdique aussi mal interprété.
A ce moment là, j'étais en train de me dire qu'on pouvait soit mettre de vrais chants sacrés qui élèvent l'âme et montrent que le lieux où l'on est n'est pas anodin ou encore moins neutre, ou bien verser dans le gospel parce que le rythme binaire et entêtant peut favoriser une certaine transe. Mais bon, moi je trouve qu'entre la musique sacrée et le gospel (ou apparenté), rien n'existe en matière de musique religieuse, à moins de sombrer dans le profane ou pire dans la chanson cucul typée scout. Moi, voir une "bande de ravis de la crèche" entonner des trucs sans mélodie remplis de paroles mièvres, ça me donne juste envie de foutre le camp.
C'est d'ailleurs ce que j'ai fait prétextant la nécessité de donner ma place à une dame âgée que je voyais au fond de l'église. Ce faisant, j'ai aperçu un bon pote qui faisait le pied de grue lui aussi au fond de l'église, adossé contre les portes, parce qu'arrivé trop tard. Quand il m'a demandé comment c'était et que je lui ai répondu chiant comme la plupart des messes, il a décidé de me faire confiance et nous sommes sortis boire un coup à la terrasse d'un estaminet situé juste en face. De là on pouvait vérifier le suivi des opérations et on n'avait pas plus de cinq minutes pour nous rapatrier dans l'église et être vus confits en dévotion par les parents du jeune communiant.
Quelle bande de crapules on fait ! Ceci dit on a passé un bon moment ensemble au rade et comme cela faisait quelques mois que l'on ne s'était pas vus, on s'est raconté les derniers potins. Vu que c'était mon épouse qui avait mon portefeuille dans son sac à main, je n'avais pas un radis sur moi alors je me suis fais rincer la dalle comme un clodo de base. Et puis les minutes tournant, on décidé de se rapatrier comme deux fourbes. Je l'ai laissé passer en premier, me planquant du mieux que j'ai pu derrière lui, pour réintégrer l'église au moment même où ceux qui voulaient communier allaient recevoir le corps du Christ. Bon, pécheurs comme on l'était, on n'a pas poussé l'escroquerie jusqu'à aller avaler une hostie, mais on s'est mêlé au troupeau pour aller choper une place tranquille.
Comme on n'avait pas pensé à éteindre nos portables, ils ont sonné. D'abord le mien et j'ai eu le temps de glisser ma main dans ma poche pour faire taire l'iphone sacrilège avant que celui de mon pote ne sonne lui aussi. On a eu le temps de regarder qui nous appelait, et il se trouve que c'était Olive, celui qui a réussi dans la vie et roule en Ferrari, qui avait profité du cortèges des pénitents allant avaler l'hostie consacrée, pour tailler la fuite des premiers bancs où il était assis. Manque de pot, on était déjà rerentrés nous.
Bien sur la sonnerie intempestive de nos téléphones a fat réagir une nana assise devant nous qui s'est retourné d'abord vers moi avec le bruit de ses cheveux coupés au carré balayant son carré Hermès et un regard courroucé avant de se tourner vers mon pote avec cette fois ci un regard navré. Il faut dire que mon pote n'est pas l'arbitre des élégances et qu'il avait l'air, si ce n'est du clodo moyen, du moins du mec qui devenu SDF depuis peu, tente de se maintenir à peu près propre sans y réussir totalement tant on voit que ses frusques on été dégotées dans un bac de la Croix rouge. Elle n'a donc rien dit se souvenant qu'être catholique, c'est pratiquer la charité et que cela n'aurait pas été bien de s'en prendre à un pauvre gars du quart-monde.
D'ailleurs j'ai chuchoté à mon pote qu'avec sa dégaine de traine-savate, il nous avait sauvé d'un commentaire acide. Mais bon je n'ai pas trop insisté sur le sujet déjà pour ne pas parler durant les quelques minutes qui restaient mais aussi pour souligner le fait que mon pote avait fait des efforts considérables vu qu'une fois, il s'était pointé à un baptême en short de foot, modèle années 70 échancré sur les cuisses. Alors j'ai voulu encourager son effort d'élégance même si du chemin reste à faire. Et puis je me connais, je sais que si j'avais répondu à la donzelle qui nous reprochait nos téléphones, le ton serait monté. Après tout, c'était notre faute, on n'avait qu'à ne pas avoir remis nos sonneries en marche, alors je n'ai rien dit.
Et puis de toute manière, c'était la fin, miss Neuneu a entonné un dernier chant insipide, j'ai vérifié sur le programme qu'on m'avait remis à l'entrée et j'ai vu que dans cinq minutes, je pourrais me barrer, que la punition était levée. Effectivement l'église a commencé à se lever et on a croisé les parents du communiant qui étaient ravis et étonnés de nous voir bien sages dans l'église. Bien sur on a balancé Olive qu'on a accusé justement d'avoir appelé dans l'église alors que nous étions quasiment extatiques.Quand il nous a recroisés, on lui a fait comprendre que ce qu'il avait fait était odieux et qu'il brulerait sans doute dans les flammes éternelle tandis que nous battrions gentiment des ailes en montrant nos fesses roses au paradis comme deux chérubins.
Bref, c'était encore bien chiant. Moi à part les messes de mariage durant laquelle je peux participer au bonheur des mariés, d'enterrement durant lesquelles je peux m'associer à la peine des gens, le reste généralement m'emmerde. Les chants sont tout pourris, les sermons dépassent généralement rarement le niveau d'un leçon de morale républicaine telle que Vincent Peillon voudrait en donner dans les écoles, sauf qu'on colle le nom de Jésus pour rappeler qu'on est à une messe.
Par contre, quand je vais en Corse, chez mon épouse, je n'en rate pas une. Mais il faut dire que le curé de choc qu'ils ont tient plus de Don Camillo que du curé mièvre et un peu chiant habituellement rencontré. On sent que la foi chez lui est un truc sacré, une expérience inattendue et non le fruit d'une histoire familiale (tu seras prêtre mon fils) ou bien un refuge face à un monde menaçant. Bref, au delà de son aspect sacré, la messe qui n'est pas une obligation évangélique, est aussi un spectacle à orchestrer et il faut retenir l'attention des ouailles. Et moi, entre chants gnangnans et sermons sirupeux et convenus, je n'y trouve pas mon compte, je me fais chier comme un rat mort et même que cela me rappelle quand tout petit mes parents m'y emmenaient et que je me trémoussais sur le banc en espérant que ça passe vite parce que j'aurais préféré jouer avec mes légos que de m'emmerder à cent sous de l'heure. Je ne suis pas un super adepte de Paulo Coelho même si je ne reprocherai pas leurs gouts à ceux qui l'aiment.
La messe, cela devrait être la possibilité durant une heure par semaine de nous couper de nos préoccupations quotidiennes, de réfléchir à des tas de trucs auxquels on ne penserait pas forcément, de créer du lien, de cesser de penser qu'à notre gueule, de se souvenir de mettre en pratique les paroles des évangiles, etc., et à la fin, enfin de ce que j'en vois, c'est le plus souvent un spectacle ritualisé et plutôt mièvre.
Je n'ai, quand j'étais jeune, jamais été féru de MJC et autres moyens mis à disposition par les élus pour occuper les jeunes. Je crois que maintenant que je suis devenu adulte, les éducateurs spécialisés et autres animateurs stipendiés, n'ont pas plus la cote avec moi.
Peut être que je suis une vraie tête de con ! Mais bon, je m'accepte. Bon peut-être qu'au dernier moment, sentant l'ombre de la grande faucheuse me recouvrir, je me repentirai de ce que j'ai fait, mais on verra à ce moment là !
A chaque jour suffit sa peine !
2 Comments:
"au dernier moment, sentant l'ombre de la grande faucheuse me recouvrir, je me repentirai de ce que j'ai fait"
A condition d'en avoir le temps. Imagine que tu soit assassiné à coup de camion, comme ça, crac...
Tu sais, ces choses là, on ne les voit pas venir, et c'est imparable!
@Gringeot : comme Coluche ? Non je ne suis pas comme lui un objectif intéressant. Pas de risques. Mais tu vois tu commences à comprendre ce qui s'est passé. Bravo !
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