Le wetback en bikini !

J'aime bien Blogger comme plateforme et cela d'autant plus que je n'en ai jamais testé d'autres. Mais bon, c'est simple et clair et puis voilà et vu ce que j'en fais, cela me suffit amplement. Parfois lorsque je réactualise le blog pour voir s'afficher le dernier message que j'ai écrit, Blogger m'envoie une page de publicité. J'ai noté que c'était toujours les mêmes pages.

D'abord j'ai le droit à La Redoute qui s'affiche en ce moment en me proposant une fille en maillot de bain deux pièces comme si j'étais un acheteur potentiel. Certes la fille semble jolie mais je n'ai pas encore décidé de virer ma cuti et malgré l'immense respect que je porte à la LGBT, je ne pense pas changer de sexe dans un proche avenir. Le mien me convient et tant que cela durera, je vous l'assure je ne porterai pas de petit bikini sexy ! 

D'ailleurs dussè-je changer de sexe que je ne suis pas sur que j'opterai pour ce modèle mais que je prendrais plutôt un une-pièce discret, mes formes ne s’accommodant pas du petit deux pièces à moins de vouloir ressembler à Coluche travesti dans l'inspecteur la bavure. Quant au tanga, je pense que cela me ferait un gros cul alors autant rester classique. Bref, comme vous l'aurez compris, je ferme la page automatiquement sans cliquer sur le moindre lien qu'elle offre. Je ne veux pas de bikini !

Et puis, il y a l'autre publicité émanant parait-il d'un organisme officiel américain (USAGC) si j'en crois le logo figurant sur cette page et dans laquelle on imagine que je serais ravi à l'idée de participer à une loterie me donnant la possibilité de bénéficier d'une green card à vie ! Peut-être n'est-ce d'ailleurs qu'une couillonnade n'ayant rien d'officiel dans le but d'extorquer je ne sais quoi ni par quels moyens à quelques idiots. Dans tous les cas chaque fois que cette foutue page s'ouvre, j'éructe tout seul devant mon Mac gayfriendly) en imaginant ce qui a bien pu passer dans la tête de ceux qui m'envoient cette publicité pour imaginer que je pourrais quitter mon pays.

Je suppose qu'étant rédigée en français, cette publicité s'adresse spécifiquement à nous. Certes, tout n'est pas rose en Union Soviétique de France mais de là à fuir comme le premier mexicain venu fuirait la misère dans l'espoir d'une vie meilleure, il y a un pas ! 

Je comprends que l'on parte si l'on est menacé par le pouvoir en place ou si les conditions de vie deviennent tellement intolérables que seul le départ permette d'espérer. En étant large d'esprit, sans doute que si j'avais été un inventeur génial ne trouvant jamais d'aide auprès des banques que pourtant en tant que contribuables je sauve régulièrement de la faillite, je puisse songer à partir tellement mes recherches me tiennent à cœur. Mais sinon, je ne vois pas ce qui pourrait pousser un français à s'expatrier de la sorte ou du moins à baver devant la fameuse green card comme s'il se fut agi d'un sésame providentiel.

Bien entendu, je ne parle pas d'expérience internationale qui pourrait être utile à un jeune cadre aux dents longues soucieux d'optimiser son parcours professionnel en vue d'intégrer à son retour le board. Non, je parle d'exil tels que l'on connus les siciliens ou les irlandais au XIXième siècle par exemple pour en rester à l'Europe. 

Mais là, cette publicité me prend pour un wetback, un de ces mexicains prêts à tout pour entrer aux USA, quitte à traverser le Rio Grande puis à tenter de passer au travers du grillage défendant l'accès au territoire américain. Je trouve cela étonnant. Peut-être qu'elle s'adresse aussi à tous ces déclassés, DJ, Gogo danseuses et autres barmen, venus du sud ou du nord, que l'on voit à longueur de téléralité, tentant d'échapper à leur sinistre condition en imaginant que le monde de la nuit et de la fête sera la solution !

Il y a sans doute de très belles opportunités de carrières aux USA mais sans doute pas dans mon domaine. Et puis même, je ne me vois pas quitter mon petit coin à moi ou alors pour aller m'enfermer dans de très vieilles pierres au milieu de centaines d'hectares et loin de tout. Le capricorne ne voyage pas et s'adapte peu. De toute manière, même contraint de vivre aux USA, je pense que j'aurais recréé mon coin rien qu'à moi avec un pavillon bien de chez nous même une Renault dans la cour ! Je suis vraiment le pire candidat à l'émigration vers les USA que l'on puisse trouver. Finalement, quand je rêvasse, que je me vois ailleurs, c'est plus en allant fouiller ici que dans les annonces vantant les mérites des pavillons soldés suite à la crise des subprimes aux USA.

Moi je serais du genre à militer pour l'indépendance du Québec avec rattachement de l'état du Maine à la belle province ou ce genre de délires. D'ailleurs, ce doit être de famille puisque mon arrière grand-père étant parti s'installer à New-York, il en revint au bout de dix ans tellement Paris lui manquait. Mon grand-père est né là-bas et chaque fois que j'y suis allé je suis passé voir d'un œil amusé l'immeuble où il vivait sur la 34ème rue. Finalement l'avenue Junot où il termina ses jours possède plus de charme.

Il ne me reste que de vieilles photos en noir et blanc sur lesquelles on voit mon grand-père faire de la luge dans les rues de Manhattan. Je me dis que cela devait être amusant de connaitre la ville à cette époque mais je remercie aussi le ciel de m'avoir fait naitre de ce côté de l'atlantique.  Je crois que paraphrasant le poète, je préférerai toujours la Seine à l'Hudson.

Donc, je demande instamment à Blogger de ne plus m'adresser ces stupides publicités. Je ne porterai pas plus un bikini qu'une casquette des Giants !

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay  (1522-1560)