26 octobre, 2014

PMA, GPA é tutti quanti !


Tiens un sujet qui fâche ou du moins, suffisamment polémique pour faire se lever les boucliers de tous les bienpensants du monde ! Bien sur il s'agit de la PMA et de la GPA. Si la première existe depuis longtemps, la seconde pose d'autres problèmes.

Parce que s'agissant de PMA, on a beau se référer sans cesse à la médecine, souvenons-nous que la PMA la moins chère de toutes consiste simplement à tirer un coup quand on est en période de fertilité, ni vue ni connue, et le tour est joué. Même pas besoin de prévenir le géniteur et si vraiment on se sent malhonnête on l'avertit totu de même. Et puis si quelques années après on a des remords, un bon procès en reconnaissance de paternité et le tour est joué. Elle dispose de dix-huit ans pour le faire et ensuite le délai est prorogé de dix ans pour le moufflet.

Et si vraiment, on est allergique aux mecs, une seringue suffit et le tour est joué dans l’intimité de sa salle de bains. C'est très artisanal bien sur mais cela a le mérite de ne pas subir de stimulation ovarienne et de faire ça en douce loin de la médecine et de la loi. Des femmes qui ont fait un "bébé toute seule", comme le chantait Goldman dès 1987, comme quoi on peut n'être que chanteur et n'en être pas moins visionnaire, il y en atout de même. Je ne peux pas dire que je connaisse des centaines de femmes qui aient agi ainsi mais quelques unes tout de même.

Bon pour d'autres, la PMA tant vantée c'est un peu le parcours du combattant pourvu que l'on s'inscrive dans le cadre de la loi. Ce sera dans un cadre strict. Et le parcours médical n'est pas une partie de plaisir, loin s'en faut. De la stimulation à l'implantation, on comprend vite que la maternité dans certains cas c'est compliqué.

Lorsqu'elles viennent me consulter à l'aube de la quarantaine ou la quarantaine légèrement engagée, sans que le moindre partenaire valable ne pointe le bout de son nez, elles y pensent toutes à ce bébé qu'elles pourraient faire seules. Quant à moi, je n'ai pas à décider même si je comprends leur choix. Chacune d'elle comprend le risque éventuel qu'il y aurait à faire un enfant sans père ou du moins estiment-elles que ce risque existe.

Dès lors, comment aborder ce risque, sachant que rien, ne peut assurer qu'un enfant élevé sans père sera forcément un adulte malheureux. On peut ergoter sur le manque, sur la singularité d'un tel enfant qui sera élevé au milieu d'enfants qui ont eux un père, mais bien malin celui qui saurait affirmer que ce sera forcement l'origine d'une grande souffrance.

Sans doute que pour les plus sensibles, ce manque sera présent, alors qu'il n'existera pas ou peu pour d'autres. Même s'ils ont en commun leurs gènes, les être humains sont bien divers. Un enfant sans père est-il le résultat d'un caprice irresponsable de quadragénaires actives, les fameuses working girls, ou simplement l’expression d'un besoin fondamental et légitime que porteraient en elles les femmes ? Bien malin qui saurait y répondre. En tout cas, ce ne sera pas moi, surtout depuis que Madame Badinter a insisté sur le fait que l'instinct maternel n'existait pas dans son livre L'amour en plus.

Être une femme serait une construction sociale. De toute manière, la construction sociale c'est un peu le truc à la mode. On serait tous pareils, identiques en tous points et puis la société, la vilaine société patriarcale et phallocrate ferait de nous ce que nous sommes. Peut-être que dans une autre société, je ne serais pas allé perdre mon temps sur des forums de bagnoles anciennes mais que j'aurais fait de la couture.

Moi, je ne me prononce jamais sur de tels cas. D'une part parce que même si c'est sans doute pénible, on peut grandir sans père, pourvu qu'il y ait dans le coin une figure paternelle existante. On me dira que c'est facile de dire cela, que moi j'ai eu un père, etc. C'est tout à fait vrai mais d'un autre côté ma profession n'implique pas le fait de dire la loi. Enfin, et justement, je n'ai pas à choisir pour elles, je ne suis pas directeur de conscience. Je peux avoir ma propre opinion sur le sujet sans pour autant l'imposer à ma clientèle. Et puis avec ma mentalité de boutiquier, je me dis qu'après avoir eu la mère comme patiente, j'aurais peut être le gamin dans dix huit ans si ça passe mal ! Faut penser à l'avenir.

Ceci dit sans doute que la PMA me choque moins que la GPA, dussè-je être encore choqué par ces "pratiques" dont les plus progressistes affirment qu'elles sont l'avenir ! Tandis que la PMA n'implique pas la rupture mère-enfant dans la mesure où la femme inséminée aura une gestation normale, il n'en va pas de même pour la GPA.

Et l'adoption me direz-vous ? Dans la mesure où bien évidemment l'enfant adopté n'a évidemment pas été porté par la mère, on pourrait la comparer à la GPA. Elle est à mon sens d'une autre nature. L'adoption est le fruit d'un parcours qui justement fait admettre à la femme que l'enfant qu'elle recueillera sera autant aimé que si c'était le sien qu'elle aurait porté. En ce sens, peut-être que le parcours psychologique menant une femme stérile à admettre l'adoption est-il en quelque chose, semblable à une gestation, fut-elle plus psychologique que physiologique naturellement. Je ne sais pas si de telles études existent. Dans tous les cas, je ne suis pas sur que la mère ayant du abandonner son enfant soit pour autant ravie, quel que soit le destin que cet enfant ait avec ses parents adoptifs.

En l'état, il me semble dangereux d'admettre qu'une GPA puisse simplement consister en un contrat de louage de ventre comme on dirait en droit. Et je trouve assez abominable que Pierre Bergé puisse en toute quiétude affirmer qu'il en va de même du louage de ventre que du louage de sa force physique dans le cadre d'un contrat de travail, comme si il semblait évident que le docker loue ses bras tandis que sa femme louerait ses entrailles. C'est assez curieux d'envisager ainsi la vie du prolo quand on se dit socialiste ! Le type loueait ses bicpes tandis que sa femme en serait réduite à louer son utérus et roule ma poule. Décidément les socialos ont bien changé.


De plus c'est nier que la grossesse soit autre chose qu'un bouleversement physiologique, un peu comme si l'enfant à naitre, cet embryon avait le statut d'un gros fibrome qu'un chirurgien expert vous ôtera d'un coup de bistouri au bout de neuf mois. C'est évidemment nier l'aspect hormonal qui bouleverse les femmes mais aussi ce lien, difficile à définir qui fait qu'une femme enceinte ressentira toujours quelque chose qui nous restera à jamais étranger, à nous les hommes. Mais évidemment en tout cela, je ne suis pas expert. et je ne doute pas qu'une armée de femmes bienpensantes pourrait me persuader du contraire. Moi, je ne reçois que des individus et je ne fonctionne qu'au cas par cas.

En revanche, que dire de la marchandisation de l'enfant ? Certes on peut avancer tous les arguments libéraux pour admettre la GPA, il n'en reste pas moins que si la GPA était autorisée, elle resterait un fait anecdotique. Je n'imagine pas, du moins en France, la pratique se développer. Sans doute qu'au sein d'une famille, la GPA pourra être vue comme une entraide ultime, un peu comme quelqu'un qui ferait un don de moelle osseuse à un proche. Et ce n'est pas sans risques psychologiques par la suite mais au moins s'agit-il du "linge sale" que toute famille est en droit d’avoir sans que l'état ne mette son vilain nez dedans (hormis les violences sur mineurs bien sur).

Je pense que la GPA moyennant espèces sonnantes et trébuchantes resterait minime. On lutte déjà contre la prostitution, qui est souvent vue comme le fait de vendre son corps, ce qui reste abominable dans notre société, et je ne vois pas comment on pourrait soutenir le fait de louer, parce que l'on n'a pas d'argent son ventre à des "nantis". Il faut être un californien sans foi, ni loi autre que le désir de posséder, pour se lancer dans le recrutement d'une future parturiente à louer. Fort heureusement, tous les êtres humains sur terre n'appartiennent pas à la caste des Real housewives de la téléréalité qui justement ne vivent pas vraiment dans la réalité mais dans un monde un peu fictif dans lequel, tandis Manuel taille les haies, James s'occupe de la piscine (et parfois de madame), Bob les aide à sculpter leur corps, Carmen fait le ménage, une autre femme portera l'enfant qu'elles voudront à cinquante ans pour faire plaisir à leur troisième mari.

Je ne vois même pas comment on pourrait organiser juridiquement un tel contrat et je souhaite bonne chance au couple qui voudrait, contrat notarié en main, arracher le bébé à la femme qui l'a porté durant neuf mois et décide de le garder. A moins qu'il n'existe un rapport odieux, dans lequel la femme louant son ventre ne serait qu'une pauvre fille paumée et totalement soumise au désir des "riches", j'ai du mal à imaginer qu'un tel contrat puisse être moralement défendu. De toute manière le droit français ne le permet pas. Et j'ai bien conscience en écrivant cela de passer pour un salaud de gauche vilipendant les désirs des riches.

Bien sur à ce stade de la discussion, j’imagine qu'on pourrait me dire que les gens sont libres et que je n'ai pas à traiter de "pauvre fille", celle qui ferait commerce de son utérus, pas plus que je ne suis en droit de juger une prostituée. C'est tout à fait vrai. Le seul problème, c'est que les fois où j'ai reçu des femmes qui faisaient commerce de leurs charmes dans mon cabinet, alors même qu'elles se voulaient affranchies et sures d'elles, leur belle indifférence fondait comme neige au soleil au fur et à mesure qu'elles me parlaient de leur vie. Laquelle vie expliquait bien souvent ce choix discutable de se prostituer.

Et pourtant je me suis toujours gardé d'apporter le moindre commentaire négatif, quoique je puisse penser de cette activité. Le plus fou finalement, c'est que dans notre société d'abondance où les services sociaux pallient au pires situations, certaines de ces jeunes femmes se soient prostituées essentiellement pour assouvir leur désir de consommation. Parfois une paire de Louboutin coute plus cher que le prix demandé en boutique ! Mais posséder ces escarpins est aussi une manière détournée de s'octroyer de la valeur, quand on manque d’estime de soi, fut elle un peu factice.

Certes certains de mes camarades libéraux, souvent jeunes je suppose, imaginent que l'on pourrait louer son ventre aussi bien qu'on vendrait un rein et ses cornées, mais ce ne sont que des suppositions. A moins d'avoir une morale proche de zéro et des traits psychologiques faisant de soi un sociopathe, j'ai du mal à imaginer que l'on puisse ensuite se vanter d'avoir acheter un rein à un "pauvre" comme si on avait juste acheté une baguette de pain.

Certes parfois nécessité fait loi mais je préfère vivre dans un pays où l'on organiserait par exemple mieux le don d'organe que dans un autre où l'on pourrait se procurer des pièces détachées auprès du quart monde. Je dois être un incurable moralisateur, une sorte de vieux con. Admettre que les gens peuvent bien faire ce qu'ils veulent pourvu que leur consentement soit libre et éclairé n'empêche pas de garder le sens de la mesure. C'est en cela qu'on distingue l'adulte de l'adolescent.

Par exemple, je  ne suis pas contre la drogue. L'usage de certains produits, comme celui de l'alcool, peut être récréatif. Pour autant, je ne me vois pas conseiller à qui que ce soit de prendre de l’héroïne ou bien certains autres produits à la toxicité redoutable. Je n'ai pourtant pas envie d'interdire mais de conseiller car c'est un devoir qui échoit à toute personne adulte responsable. Après tout, la nature en un simple jardin, recèle bien des pièges mortels en termes de produits toxiques. Et pourtant aucune loi ne réglemente la plantation d'un if ou d'une digitale par exemple.

C'est un peu pour tout cela que je me suis tenu loin de l'agitation faite autour de ces problèmes de PMA et de GPA. Non que je m'en fiche comme mes pauvres réflexions vous le prouvent, mais simplement que quelle que soit la solution adoptée, parfois les mesures prises sous l'emprise d'un modernisme ou d'un progressisme forcené, portent en elles-mêmes leur propre arrêt de mort.

Ainsi en est-il de la drogue. Tous ces chanteurs qui en faisait grand usage durant les années soixante-dix ont compris que soit on mourrait d'une overdose, soit on arrêtait. Et je gage que chacun d'eux, maintenant riches à millions, ont leur coach sportif et leur diététicien personnel. Il faut bien que jeunesse se passe.

Il n'y a que la bêtise qui ait du mal à passer, surtout quand elle se revêt des oripeaux d'une pensée soit-disant originale. Bref, il y a des débats qui sont simplement dans l’air du temps et cela ne sert à rien de s'agiter. On peut bien tout autoriser, le réel est là qui veille et les gens, dans leur multitude, sont bien plus raisonnables qu'on ne l'imagine. De toute manière, il suffit qu'elles existent, pour que les chose se fassent !

Finalement ce débat, et l'importance qu'il a pris, a sans doute une signification bien plus politique que psychologique. Cela annonce que la gauche, de plus en plus inapte à se saisir des problèmes de sa clientèle électorale de base, a su se concentrer sur des sujets sociétaux novateurs pour tenter d'exister et finalement y parvenir. Tandis que la droite, vidée de toute substance idéologique, est condamnée à la suivre à chaque fois sans jamais rien proposer d'innovant.

Quant aux libéraux que j'apprécie parfois, il suffit souvent aux plus simples d'entre eux, qu'une chose soit interdite pour qu'ils aient envie de l'autoriser. Il faut bien que jeunesse se passe !

1 Comments:

Blogger E-S said...

"Je n'ai pourtant pas envie d'interdire mais de conseiller car c'est un devoir qui échoit à toute personne adulte responsable"

Eh oui, on ne rend pas les gens moraux par la force, mais par l'exemple.

29/10/14 2:08 PM  

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