08 avril, 2020

Le croque-mitaine !


Mardi j'avais une de mes patientes qui vit place des Vosges par FaceTime. Comme elle tenait à la confidentialité de notre entretien, elle a pris son chien et l'a promené tout le temps de notre séance. A un moment donné, elle a fait fonctionner la caméra arrière de son Iphone et j'ai pu constater que sur la place, si ce n'était pas vraiment l'affluence des grands jours, il y avait tout de même pas mal de monde. Ma patiente m'a même dit que dans l'immeuble où elle vit, ses voisins lui proposaient régulièrement de sortir son chien afin d'avoir une excuse pour être dehors. 

De ce que j'ai pu constater, les gens n'étaient pas en groupes compacts mais plutôt épars. Certains marchaient, vaquant à leurs occupations, faire des courses ou promener le chien, tandis que d'autres s'adonnaient à un jogging assidu. C'était un joyeux bordel où les règles étaient à peu près respectées. De toute manière, je ne crois pas que l'on puisse exiger plus de la population. 

Et puis, ce confinement est criminel. Habituellement ce sont les malades que l'on met en quarantaine et non les gens bien portants. Exiger de personnes qui n'ont pas de symptômes qu'ils se calfeutrent chez eux dans la crainte hypothétique d'un vilain virus est stupide. Si l'on peut compter sur l'intelligence humaine pour ne pas trop se mettre en danger et mettre en place des mesures de bon sens telles que se laver les mains et éviter de se retrouver en groupes trop important, il est illusoire de compter sur une stricte observance des prescriptions gouvernementales et médicales. Il y a une subjectivité humaine avec laquelle on négocie.

Évidemment ça n'a pas raté, le soir, sur tweeter, des photos apparaissaient de différents quartiers de Paris où l'on voyait les gens se promener et les oiseaux de mauvais augure et les délateurs anonymes y allaient de leur langue de vipère pour conspuer cette absence de respect, les pires souhaitant aux promeneurs récalcitrants de finir intubés, les poumons rongés, dans un service de réanimation. Et moi, trollant comme j'aime à le faire, je ne cessais de dire que c'était juste un comportement humain et que pourvu que la prise de risques soit mesurée, ce n'était pas un drame.

J'ai évidemment eu le droit à toutes les insultes et l'on m'a souhaité à moi aussi de finir intubé dans un service de réanimation. J'ai à chaque fois répondu que j'étais un adulte doué de raison tout à fait capable de prendre soin de moi sans qu'un état obèse et incompétent n'intervienne. Mais même ça, ça ne fait pas d'effet. Ces individus dont la plupart sont faits pour le fouet plus que pour la liberté gardent une entière confiance en les capacités de l'état à nous protéger et traiteront de fou l'électron libre qui aurait décidé de s'affranchir ds règles étatiques pour suivre les siennes. 

Les individus sont inégaux face aux règles. Comme le savent les psychologues, la plupart du temps, le législateur édicte une règle mais le citoyen l'interprète. C'est ainsi et notamment en France, pays renommé pour l'indiscipline de ses habitants. Quant à l'Italie, nos voisins, il aura fallu que l'armée patrouille pour que les gens restent chez eux, mais aussi une avalanche de nouvelles quotidiennes macabres pour instaurer la peur. C'est bien simple, en Italie, il semble que l'unique cause de mortalité soit devenue le coronavirus. Qu'un vieux meure et on invoque le coronavirus même si la criminologie nous enseigne que ce n'est pas parce qu'on est sur le lieux du crime que l'on est l'assassin.

Chez nous, pas d'armée mais l'état a lâché les pandores. Les éborgneurs de prolos en gilet jaune ont repris du service en alignant maintenant à coups de contredanses à 135€ parfois sans aucune nuance. Momo, le maçon tunisien que j'emploie souvent, s'est ainsi vu rappeler à l'ordre parce qu'après avoir sorti les poubelles, il s'était permis une pause cigarette sur le muret qui sépare son immeuble du trottoir pour souffler un peu loin de ses gosses et de sa femme. Il a eu beau dire et faire, les pandores sont restés inflexibles : c'est interdit.

Pourtant ce confinement est sans doute la mesure la plus stupide qui soit. Il ne nous est pas adressé. Rassurez-vous l'état n'en a rien à foutre que vous creviez. Si vous pouviez simplement le faire chez vous sans encombrer l’hôpital, ce serait juste mieux. Et encore, maintenant que l'on comptabilise tous les morts, ça la ficherait mal aussi. Même si le nombre de morts est bien en deçà de la catastrophe annoncée par toutes les projections mathématiques débiles, chacun d'eux souligne le fait que l'état si prompt a vous spolier de vos biens n'a rien fait, rien prévu et n'a eu à peu près aucune réaction depuis un mois. Ils font n'importe qui mais c'est vous qui êtes punis.

Aucune réaction si ce n'est d'affréter des TGV pour emmener quelques malades dans des hôpitaux lointains dont les chambres de ranimation sont encore vides avec force de caméras et de commentaires élogieux de la part des journalistes. On rajoutera aussi l'importance de certains moyens destinés à traquer les récalcitrants qui auraient l’audace de se promener seuls en forêt. Qu'ils ne se croient pas à l'abri ; la gendarmerie veille avec un hélicoptère relié à des patrouilles au sol. Du cinéma idiot et de la répression stupide. 

Restez chez vous, non pas pour votre sécurité que l'on aurait pu garantir avec un minimum de précautions telles que la fermeture des frontières, la distribution de masques et de gel hydroalcoolique. Mais non, parce qu'ils en ont été incapables, ils nous confinent et nous, troupeau bêlant nous obéissons plus ou moins par peur du croque-mitaine invisible qui traine dans les rues, là dehors. Peu importe que nous soyons autorisés à sortir sous certaines conditions, l'important c'est d'avoir sa propre attestation signée de sa main comme un chien se promenant la laisse tenue dans sa gueule. Pouvait-on imaginer mesure plus stupide, inhumaine et avilissante ?

Et puis sans doute que, et les complotistes comme on qualifie aujourd'hui ceux qui tentent de comprendre le devinent, y-a-t-il derrière tout cela une forme de mesure punitive. Enfermés les gilets jaunes, à la niche les rebelles et à défaut de LBD et de gaz lacrymogènes dans la figure, on vous jettera quotidiennement un nombre de morts et d'infectés plus ou moins fantaisistes parce que l'important c'est que vous viviez dans la peur et que vous compreniez bien que si l'envie vous prenait de désobéir, vous mettriez votre santé en danger mais surtout celle des autres !

Et gare à ceux qui prendraient un peu ce confinement à la légère, il sera mis au ban de l’humanité, on l'accusera de mépriser les soignants et de vouloir contaminer les bien-portants. On le dit et on le répète, en restant chez vous, vous sauvez des vies. A-t-on jamais entendu slogan plus idiot ? ET que dire de ces maires totalement idiots qui traquent le promeneur solitaire sur une plage ou dans une forêt ? Sans doute ont-ils l'impression de vivre l'affaire de leur vie et de se sentir importants. Pensez-donc, ils peuvent enfin jouir du pouvoir de séquestrer leurs citoyens.

Mais je parle et je n'agis pas autrement. Moi aussi je me fais mes petites autorisations même si bien sur je triche en en ayant plusieurs en poche en fonction des horaires. J'ai un copieur professionnel à la maison, cela ne me coûte rien d'en imprimer à la pelle de ces autorisations débiles. Pourtant je ne sors pas vraiment. Nous nous faisons livrer depuis longtemps. Je ne sors que pour acheter du pain et des cigarettes. Où irais-je de toute manière puisque tout est fermé ? Quand j'ai pas mal de temps, je vais entretenir le jardin de la propriété de mon père que je n'ai toujours pas vendue. Je déteste le sport mais j'aime bien jardiner. 

Et puis il y a une immense terrasse très bien orientée. La cuisine est encore équipée, il y a une cafetière et un réfrégirateur qui regorge de boissons. Deux amis sont passés me voir. C'était assez drôle. On avait l'impression d'être des résistants tentant d'échapper à la police. De toute manière eux aussi sont confinés depuis le début et font aussi peu de déplacements que moi. On s'est retrouvés, on a pris des cafés et on a fumé des clopes. Rien de bien méchant. Nous étions dehors et les risques hypothétiques que nous aurions pu courir n'étaient pas supérieurs à ceux que l'on prendrait en allant faire nos courses de toute manière.

L'un d'eux avait scotché son autorisation de sortie sur la vitre arrière de sa voiture. J'ai trouvé cela malin, ça évite de la chercher. Il m'a dit que cela lui évitait surtout d'avoir à parler à l'un de ces "fils de pute de flic" qui peut ainsi la vérifier facilement sans engager aucun contact. Il semblait très en colère et n'a cessé de me dire : tu imagines qu'à notre âge et avec nos qualifications on doit se justifier auprès de semi-débiles qui ont l'âge d'être nos gosses ?!

Mon autre ami était plus stoïque, question de caractère. Le confinement ne l'enchante guère mais il faut contre mauvaise fortune bon cœur. De toute manière, on ne va pas prendre les armes ni bruler le premier Kangoo sérigraphié qui passe. Il n'a pas tort. Toujours est-il que durant trois heures, on a oublié cette période étrange. On avait l'impression d'être normaux. On a discuté de plein de choses puis on s'est quitté en refaisant chacun notre attestation au cas ou on nous la demanderait. Signe infime de résistance qui nous a fait nous sentir vivants. 

En rentrant j'ai croisé un voisin que je connais bien, presque un pote. C'est un généraliste et lui qui prenait les choses stoïquement est maintenant paniqué. Il m'a laissé drrière sa grille et m'a parlé de son perron car il est persuadé que le virus peut voyager sur plus de huit mètres. Il m'a expliqué que ses enfants faisaient les courses en adoptant une tenue spéciale qu'ils laissaient dans le garage avant de se changer. 

Il m'a raconté qu'un de ses patients âgé de soixante-dix ans était mort en quatre heures du coronavirus. Je lui ai dit que c'était impossible et qu'il devait avoir des symptômes depuis longtemps. Soit qu'il les ait plus ou moins ignoré soit qu'on lui ai dit : ce n'est rien restez chez vous et prenez du Doliprane. J’ai tenté de le raisonner mais rien n'y a fait. Le farouche médecin qui voici un mois n'avait pas peur du virus s'est transformé en petite vieille paniquée.Je l'ai salué et suis rentré chez moi. Je comprends la prudence, pas la la pleutrerie.

Quant à son patient, pauvre de lui qui n'aura eu aucun traitement si ce n'est quand il était trop tard, paix à son âme. Parce que le traitement de Raoult n'est que pour les élus qui ont vite compris que le risque lié à la chloroquine était moindre que celui de ne rien prendre. Il est aussi pour pas mal de médecins de ma connaissance qui se sont tous plus ou moins débrouillés pour avoir leurs boites de Plaquenil au cas ou. On a l'impression d'être dans Titanic quand les premières classes s'engouffrent dans les canots de sauvetages laissant les femmes et les enfants de troisième classe crever à bord.

Le soir sur tweeter j'ai retrouvé les mêmes commentaires haineux et débiles des balances professionnelles fustigeant l'incroyable inconscience du promeneur solitaire ou du jogger qui n’obéit pas à l'état et se moque de nos pauvres soignants. J'ai trollé, prenant un malin plaisir à blesser leur cerveau rabougri. Je sais qu'ils sont tellement idiots que l'ironie et le second degré leur échappe totalement. Ils m'ont bien sûr souhaité de mourir du coronavirus en souffrant beaucoup.

J'enrage et je ne peux rien faire si ce n'est attendre comme tout le monde. J'ai cinquante-trois ans et on me fait le coup du croque-mitaine comme si j'en avais trois. A mes amis ayant voté Macron et qui se plaignait des risques économiques que pourrait couter ce confinement à la France, j'ai répondu qu'ils avaient qu'à mieux voter, que cela leur apprendrait. De toute manière, moi je m'en fous, je n'ai pas de goûts de luxe et j'ai toujours vécu assez simplement. Que ces abrutis qui ont voté Macron se débrouillent, leur ruine ne m'importe guère. 

Compte-tenu de mon mode de vie, je pense qu'il me reste dix sept ans à passer sur terre, ce n'est pas beaucoup. J'ai de quoi tenir assez largement avant de tirer ma révérence. Au pire, je me retirerais dans la maison de mon épouse en Corse. Entre le potager et quelques poules, on se débrouillera.

 Jamais je n'aurais cru que je vivrais ce type d'expérience.

***

Il est évident que ce texte ne constitue pas un appel à désobéir et je ne saurais trop vous conseiller de respecter à a lettre les consignes gouvernementales et de rester chez vous comme ils disent à la télé ! 

Ce que j'écris est le produit de ma propre subjectivité. Souvenez vous que je ne suis qu'un gros con d'anarchiste de droite détestant les élus et les forces de l'ordre même si je ne doute pas que dans le lot, il puisse en exister qui soient de braves gens, mais aussi que l'on me dise ce que je dois faire quand je n'ai pas envie de le faire.

Je ne suis donc pas un exemple à suivre. 


 
 


04 avril, 2020

Trop de réflexion face à la crise !



La première semaine de confinement s'est bien passée. Sans doute que mobilisés par l'adaptation au changement, mes chers patients n'ont pas eu trop le temps de penser à autre chose. Entre le télétravail à adopter pour ceux qui le pouvaient, les courses à faire, le lieu de résidence à choisir quand c'était possible, leur esprit était mobilisé par un mille et un petits soucis qui leur faisait oublier la réalité de la situation. Un départ en vacances un peu chaotique aurait produit le même effet.

Puis, il y eu la seconde semaine. Les choses s’étaient installées. Tout était sensé tourner à peu près bien. L'urgence était passée, il suffisait de continuer à s'adapter à cette situation que personne n'aurait imaginée le mois dernier. Et c'est là que les choses se sont aggravées. 

L'écrasante majorité d'entre eux n'a pas peur du coronavirus et le décompte macabre quotidien, cette sinistre mise en scène gouvernementale n'a pas vraiment de prise sur eux. Non, qu'ils nient la réalité de la situation mais qu'ils estiment l'apprécier à sa juste valeur. Chacun sait que 98% des gens atteints sans s'en sortent sans problèmes mais que lorsque cela s'aggrave, l'âge moyen des personnes décédées est de 71 ans en France et même de près de 80 ans en Italie. 

La plupart, à l’instar de votre serviteur, sait que l'on ne peut accorder aucune confiance en l'état français et que les chiffres publiés sont évidemment fantaisistes. En l'absence de tests pratiqués sur un large panel de population, les statistiques sont nécessairement biaisées et d'un intérêt tout relatif. Peut être l'ai je eu ou pas, et vous qui me lisez aussi, on n'en saura jamais rien. 


On peut aussi estimer que compte tenu des chiffres avancés par le directeur général de la santé, l'épidémie est passée dans le grand est comme en région parisienne et que bien des gens ont pu être en contact avec le virus sans le savoir. Lorsque l'on voit comment il se propage dans un EPHAD, pourquoi imaginer qu'il en serait différemment pour ceux qui ont fréquenté le métro, les cinémas et les théâtres, les restaurants ou tout bonnement leur bureau de la Défense ?

Personne ne nie la réalité de l'épidémie mais pour autant, aucun de mes chers patients ne bascule dans la psychose telle qu'elle est véhiculée par les soignants exerçant dans les services de réanimation. Lorsque je vois une infirmière de réanimation parler, je me souviens que ma mère me tenait les mêmes propos au sujet de la moto que je voulais quand j'avais quinze ans. A l’entendre, j'allais forcément mourir ou au mieux, finir à Garches tétraplégique. J'ai finalement eu ma Suzuki TS50 et je suis toujours en vie. Est-ce du à la grande loterie de la vie ou au fait que j'aie toujours été relativement prudent même jeune ? Je ne le saurai jamais. 

Pour autant, aucun d'eux ne jouerait avec le feu. Le moment n'est pas venu de se faire des tas de bises ni de se tousser à la face. Mais au delà de ces simples mesures de bon sens, aucun de mes patients ne m'a parlé de mesures sanitaires plus drastiques. Certains plus rebelles rompent même le confinement de manière délibérée pour se retrouver en famille lorsqu'ils habitent proches les uns des autres. Il ne s'agit pas de se retrouver à dix personnes mais à quatre ou six. Je sais que c'est très mal et que je devrais hurler que ce sont des assassins en puissance et qu'ils verront bien quand ils seront intubés mais bien sur, je n'en ai rien fait. J'estime qu'ils sont, tout comme moi, parfaitement à même de prendre leur sécurité en main, et en tout cas bien mieux que ne le fera ce gouvernement de brêles.

Bref, tout ceci pourrait fort bien se passer sauf que ... Sauf que c'est bien plus la perception de l'environnement immédiat qui en a plus marqué certains que le virus proprement dit. C'est ainsi que mon cher marquis du mardi m'avait envoyé un message dans lequel il me disait : il faut vraiment qu'on se fasse une séance parce que ta marquise a bien des soucis en ce moment.

Une fois encore, j'ai à faire à un jeune homme extrêmement intelligent tout à fait capable d'appréhender la crise que l'on traverse sans se rouler en boule et gémir. De plus, son milieu social fait qu'il a accès à des informations privilégiées qui donnent à penser que c'est bien plus l’hôpital à bout de souffle que 'on cherche à épargner et l'impéritie du gouvernement que l'on cherche à couvrir, que notre santé que l'on cherche à préserver. N'oubliez pas que les politiques, ayant souvent des traits sociopathiques, n'en ont à peu près rien à foutre de nous. Vous noterez qu'ils ne redoutent que la violence. 

Mon marquis n'est donc pas plus inquiet que cela et tout ce cirque le ferait plutôt sourire. Il est encore jeune, possède une bonne assise sociale et se remettra de la crise. C'est terrible à dire mais nous sommes inégaux face à ce confinement idiot. Certains en paieront le prix fort tandis que d'autres n'auront comme souvenir que la privation d'aller et de venir durant un certains temps.

Ce qui trouble le plus mon marquis n'est donc pas d'appréhender le phénomène avec son intelligence qui traite parfaitement tous les paramètres mais avec son système limbique, cette part animale qui subsiste en nous et que l'on nomme l'instinct. Excellent stratège, il est de fait un piètre tacticien. Il voit lon et plutôt justement à mon sens mais il a du mal à s'adapter.

Le monde est ainsi fait qu'un officier d'état major n'est pas forcément le mieux placé pour être commando. Son système limbique enregistre des modifications de paramètres dans son environnement immédiat et il ne s'adapte que très imparfaitement. Il faut dire que l’immeuble parisien où il réside s'est vidé instantanément des 2/3 de ses habitants, partis vers de plus riantes résidences secondaires. Au rez de chaussée, la boutique et le restaurant sont fermés.

Il n'en fallait pas plus à mon marquis pour noter d’imperceptibles modifications de son environnement : il n'y a plus de bruit. L’ascenseur fonctionne moins, on n'entend plus de portes claquer et si l'on ouvre la fenêtre, peu de bruits aussi puisque la circulation est devenue rare. Comme il me l'explique, ce sont les heures du matin qui sont les plus pénibles. Ces bruits insignifiants ou au contraire agaçants avec les lesquels on avait l'habitude de vivre et qui rythmait notre vie n'existent plus. L'alternance semaine weekend est abolie, tout est calme. Et émergeant du sommeil, mon marquis met deux heures à émerger d'une sorte de torpeur. 

Je lui ai expliqué qu'il était simplement ne train de "rebooter" et qu'un type aussi réfléchi que lui dont la pensée était l'arme ultime n'était pas forcément le mieux placé pour s'adapter rapidement. Ca se fera sur les jours suivants. Je lui ai dit d'imaginer la petite roue multicolore Apple ou encore le sablier Microsoft pour visualiser ce qui se passait dans son cerveau. Un nouveau programme se met en place lui permettant d'appréhender d'une manière réfléchie son environnement. Et c'est vrai que cela se passe mieux. 

Un autre de mes patients résidant en centre ville a eu le même souci. Au début, comme il a cessé son activité professionnelle depuis quelques temps, il plaisantait en disant que finalement les gens allaient vivre comme lui en restant chez eux. Il se sentait mieux armé que nous, estimant que sa vie quelque peu ralentie serait un atout pour affronter cette crise. Il n'en est rien car il y a une différence entre la réclusion que l'on choisit et celle que l'on subit. Celle que l'on choisit, on peut y mettre fin quand bon nous semble ; celle que l'on subit, on n'a d'autre choix que l'endurer. 

Une fois encore, la solitude à laquelle on consent n'est pas la même lorsque l'on sait qu'on peut la rompre à tout moment en allant faire des courses ou boire un café. Posséder un droit sans l'exercer n'est pas la même chose qu'en être privé. C'est ainsi que ce patient s'est trouvé confronté à un environnement qu'il n'avait pas imaginé : le fait que les gens en soient réduits à vivre comme lui a fait que la vie a été abolie. Terminés les bruits du marché, des voitures, des gens, ce brouhaha auquel on ne prend plus garde tellement il est devenu banal. En échange, les fenêtres de l'hôtel particulier de mon patient ne s'ouvrent plus que sur une immense place vide ou nul ne passe. Sa thébaïde d'où il pouvait s'extraire pour se frotter au monde n'est plus qu'un sinistre tombeau.

Et puis, il y a moi, votre serviteur. J'enrage et je tempête parce que je trouve que ce confinement n'est que l'aboutissement d'une incroyable suite de fautes de ce gouvernement d'incapables. Je les déteste à un point que vous n'imaginez même pas. Je pourrais commander un peloton d’exécution et dormir comme un bébé le soir venu. Et pourtant, je vous l'assure et ceux qui me connaissent vous le confirmeront, je suis naturellement bienveillant.

Mais mon confinement se passe bien. Habitant en banlieue dans une grande maison au milieu d'un jardin, rien n'a vraiment changé. Lorsque je rentre du cabinet, je rejoins toujours un endroit calme et il l'est tout autant aujourd'hui. Rien n'a vraiment changé dans mon environnement. J'avais déjà l'habitude de consulter par skype et cela continue même si c'est la totalité de mes consultations qui se font maintenant de cette manière. De fait ma semaine est assez rythmée et je reste le même, que je sois au cabinet, par Skype ou assis à une terrasse de café. C'est d'ailleurs ce qui me manque le plus, de m'asseoir en terrasse avec mes JPS, un bon livre ou des gens sympathiques. Le reste je m'en passe.

Et puis, il y a Jésus, que mes fidèles lecteurs connaissent bien, ce patient un peu perché que j'avais fait exorciser voici quelques années faute de mieux. Jésus m'a appelé pour prendre de mes nouvelles. ll allait bien et comme il me l'a dit, il ne sentait pas bien l'affaire, tant et si bien qu'il s'est barré une semaine avant le confinement pour se réfugier à la campagne chez ses grands parents qui possèdent une exploitation agricole. Il a observé une quarantaine tranquille en résidant dans une maison indépendante puis il s'est mis au travail.Il retape des clôtures, révise les toitures et s'occupe ds bêtes. 

Mais Jésus c'est un tacticien, le genre de type qu'on parachute derrière des lignes avec une mission et qui revient toujours. Je me souviens des médecins qui avaient considéré son cas comme grave et qui aujourd’hui, face au coronavirus se retrouvent commet des poules devant un couteau. Jésus lui, n'a pas ce problème. C'est sur que le placer face à des choix l’engageant sur des années, relevait de l'impossible mais au quotidien, ça reste un des meilleurs que j'ai connus.

Jésus ne fait pas de statistiques, il se contente de s'adapter perpétuellement.


01 avril, 2020

Les gauchos sont de retour !


C'est incroyable ce que les gens peuvent être débiles ! C'est parfois à se taper la tête contre les murs. On a beau assister à la faillite de notre état obèse qui ne parvient même plus à assumer ses missions régaliennes que les crétins qu'il faut tout de même que des abrutis s'en prennent au néo-libéralisme.

Je ne suis pas un fervent partisan de la dérégulation du capitalisme car, tout comme la gauche a pour défaut la jalousie, je sais qu'à droite c'est la cupidité qui veille. Toutefois, je préférerais que ce soit la morale qui revienne et un certain contrôle social qui fasse qu'on montre du doigts les salauds plutôt que de quelconques lois fabriquées à la hâte par des députés généralement crétins.

Ce n'est pas tant les riches qu'il faut montrer du doigt mais ceux qui parmi eux, se seront enrichis par connivence, népotisme, réseaux et autres magouilles. Non qu'ils n'aient pas travaillé mais simplement que la duplicité ne soit une qualités à promouvoir.

Pour autant, que je sache, quel que soit le service public dont dispose nos amis de gauche, l'ensemble aura été financé par le secteur marchand essentiellement. Le secteur public et non marchand n'existant que du fait de la production du secteur marchand. 

Souvenons-nous, qu'à une époque pas si lointaine, un médecin généraliste devait parfois se contenter d'un lapin ou d'une douzaine d'oeufs pour tous honoraires. Quant au secteur public, entièrement financé par l'impôt, il suppose qu'on puisse en prélever. Et pour le moment seul le capitalisme entrepreneurial a été à même de produire suffisamment de richesse pour permettre à notre état de devenir obèse. 

Face à la faillite totale de l'état, on entend donc encore que l'hôpital manque de moyens et qu'on n'investit pas assez dans la santé alors que la prise en charge de la crise nous montre que des pays ayant des budgets santé inférieurs au notre s'en sortent bien mieux.

Si l'on s'en tient à ce tableau dont les chiffres datent de 2014, on constate que les dépenses de santé en France représentent 11,5% du PIB contre par exemple, 11,3% en Allemagne. On le voit nous sommes de toute manière dans le haut du tableau et au dessus de la moyenne mondiale qui est de 9,9%.

La simple question serait donc de se demander non pas si l'on manque de moyens puisque l'on en a mais où passe l'argent ? Les dépenses de l'état sont à ce point un tonneau des danaïdes que l'on pourrait doubler le budget de la santé que l'on manquerait encore de moyens. 

Et si l'on peut accabler l'état, il ne faut pas non plus oublier la population que la gratuité des soins tend à rendre de plus en plus consommatrice et exigeante. Entre la pléthore d'administratifs et d'administration et les arrêts de travail et la surconsommation de médicaments, il faut tout financer. Alors en plus de très mal gérer l'ensemble, il faut aussi faire des coupes claires. 

Dans tous les cas, je ne pense pas que ce soit un problème de financement qui sont importants mais d'usage que l'on en fait. L'état nounou ayant transformé les citoyens en débiles assistés demandant toujours plus, on leur en donnera toujours plus. On se souvient encore de la phrase célèbre de François Hollande : c'est gratuit, c'est l'état qui paye.

Comme j'aurais aimé que durant cette crise des citoyens un peu intelligents se posent la question de savoir ce que l'on faisait des impôts énormes que collecte l'état. Mais non, l'essentiel de ces débiles, constant la carence de l'état quant à sa mission, en déduit juste qu'il n'a pas mis assez de moyens à disposition ! L'état n'est pas un mauvais gestionnaire, il n'est pas assez prévaricateur. Si vous voulez être mieux soigné, acceptez qu'on vous vole encore plus ! 

De plus, ce n'est pas vraiment le budget de la santé qui est en cause mais plutôt l'impéritie des différents gouvernements qui se sont succédés ces dernières années à ne pas prévoir de plans en cas de crise sanitaire. On n'ose se demander ce qu'il en serait en cas de catastrophe nucléaire ? Sans doute serions nous tous confinés avec du paracétamol en attendant que les radiations baissent ? 

Avoir quelques entrepôts avec des stocks stratégiques n'était pas une solution très onéreuse. Sans doute que l'état, de droite ou de gauche ayant oublié ses mission régaliennes préfère financer les avancées sociétales pour paraitre progressiste. Qu'on se rassure, les soignants n'ont ni masques, ni blouses, utilisant pour certains des sacs poubelles, mais le festival du film indigéniste, la théorie du genre ou la transition écologique à base d'éoliennes, seront correctement financés.

On nous dit qu'il y aura un après coronavirus. J'aurais espéré que cet après signe l'arrêt de mort de cet état obèse qui nous pille, nous rançonne pour rien mais non, les idiots demanderont encore plus d'état. 

Comme disait Barbey d'Aurévilly, à part les poètes, les moines ou les soldats, l'humanité est faite pour le fouet !