06 février, 2007

L'enfant surdoué et la douance. Ma vie !

Comme je ne passe pas mon temps à éructer contre le ministre de la santé, je suis allé consulter le site Douance.org. L’auteur, Philippe GUILLOUX, a particulièrement étudié le sujet et a même commis un livre, le Guide pratique de l’enfant surdoué, que j’avoue ne pas avoir lu.

Je suis persuadé que l’auteur se prend lui-même pour un surdoué. Dès lors, il s’est sans doute cru autorisé à se poser en spécialiste du sujet. Voici quelques années, j’avais acheté son livre intitulé « Pourquoi les femmes de riches sont belles ? ». C’est un ouvrage de vulgarisation de sociobiologie. Le titre était superbement trouvé, je dois l’admettre ; mais il n’y a que le titre qui soit vraiment bon. Style médiocre, redites, plan confus, j’ai finalement été plutôt déçu. De plus, l’auteur reprend ce qu’écrivent les spécialistes sans lui-même avancer aucune idée originale. Toutefois qu’il soit loué pour son entreprise novatrice dans le domaine de la psychologie puisqu’il s’attaque à des domaines rarement étudiés. La psychologie est plus souvent l’étude de l’individu moyen. Enfin, je rends hommage à ses parents pour lui avoir choisi un si joli prénom.

Alors que nous dit le webmestre de ce site ? Un enfant est dit surdoué quand il a un rythme de développement intellectuel très supérieur à celui normal de son âge, alors que son développement affectif et relationnel correspond aux normes de son âge. Cette différence de croissance entre ces composantes de sa personnalité, que l’on nomme dyssynchronie, le rend très différent des autres enfants, et oblige à des mesures d'éducation adaptées. Toutefois l’auteur semble ne se focaliser que sur le QI. Encore un peu et il nous fera croire qu’un énarque est forcément intelligent.

On est rassuré puisque l'auteur précise ensuite, qu'il faut que soient aussi présents, une hypersensibilité, une grande curiosité intellectuelle, un ennui profond et destructeur en cas d'absence de stimuli intellectuels, un fort sentiment d'être différent des autres apparaissant très tôt, même si l'enfant ne se l'explique pas (il peut même se croire fou ou idiot) et enfin des méthodes d'apprentissage très différente des autres enfants (ce qui peut le rendre complètement inadapté à l'école, où il a 50% de risques d'échouer).

Sur un plan psychopathologique, les surdoués ne semblent pas être plus fragiles, sauf peut-être aux troubles de l'humeur (dépressions unipolaires ou bipolaires). On notera que le manque de reconnaissance des surdoués non diagnostiqués peut créer une grande souffrance, puisqu’ils auront une vie non conforme à leurs capacités, ce qui peut entraîner de grandes frustrations.

Si la douance est si mal connue et appréciée, ce qui fait qu’on pourrait aujourd’hui nous faire croire qu’un énarque, ou plus simplement un ministre de la santé, est un surdoué, c’est que la définition que nous trouvons dans nos dictionnaires est très réductrice :

Selon le Larousse, par exemple, un surdoué serait un enfant dont l'intelligence est supérieure à celle des enfants du même âge. Pour le Robert, tout aussi simplement, un surdoué est un enfant qui est d'un niveau mental très supérieur à la moyenne (QI supérieur à 170).

Cette définition est responsable du malentendu régnant dans la population sur ce qu'est réellement un surdoué : beaucoup imaginent en effet un petit génie à lunettes et très laid, fort en tout, mais surtout matheux et attiré par les sciences ! C’est ainsi que le cinéma les représente de manière caricaturale !

La réalité est bien différente car, rien évidemmennt ne distinguent les surdoués du reste de la population : certains seront matheux, d'autres non et finalement seul leur fonctionnement mental, bien sur invisible à l'oeil nu, diffère quelque peu. Le surdoué n'est pas un avorton à grosse tête affublé de cul de bouteille ! A tire d'exemple, j'ai certes une grosse tête, mais très harmonieusement proportionnée puisqu'elle divinement repose sur un corps athlétique qu'aurait rêvé de sculpter Praxitèle !

Plus que quantitativement plus intelligents, ceux qu'on appelle aujourd'hui dans les entreprises, « les hauts potentiels », ont surtout une intelligence qualitativement différente, à laquelle s'ajoute un comportement psychoaffectif très particulier. Le QI qui semble passionner Philippe GUILLOUX, l’auteur de Douance.org, n'est plus une condition sine qua non.

Plus que la classique « intelligence », difficile à définir, ce sont les caractéristiques suivantes qui dépeignent le mieux les adultes à haut potentiel :

• Hypersensibilité ;
• Hyperstimulabilité : (niveau de réaction plus élevé aux stimuli, être « plus » dans un tas de domaine : plus rapide, plus agité, plus attachant, plus exigeant, plus généreux, plus impatient, etc.) :
• Hyperesthésie ou exacerbation des cinq sens (hyper réactifs aux stimuli sensoriels) ;
• Curiosité exceptionnelle ;
• Imagination débordante, grande créativité ;
• Grande capacité d’observation ;
• Intérêts très variés, saute facilement d'un domaine à l'autre ;
• Capacité de faire plusieurs choses en même temps (suivre deux conversations, parler et écrire, rêver et écouter, etc.) ;
• Recherche la compagnie de personnes plus âgées ;
• Capacité d’attention, persévérance : forte en cas d’intérêt ou alors faible, voire nulle ;
• Sens de l’humour ;
• Rapidement frustré s'il ne trouve pas les personnes ou les ressources pour réaliser ses grandes idées ;
• Grand sens de la justice, de l’équité, et de la moralité. Intolérance à l'injustice, pour lui et pour les autres ;
• Respect des règles bien comprises, mais tendance à questionner l’autorité non fondée ;
• Idéalisme, altruisme, compassion ;
• Grande capacité de raisonnement et de résolution de problèmes ;
• Rapidité d’apprentissage avec des méthode d'apprentissage particulière, surtout en mathématiques et en lecture ;
• Lecture précoce avec une grande avidité ;
• Vocabulaire extensif et excellente mémoire.

Et surtout, on note chez l’enfant surdoué, un grand perfectionnisme, doublé d'une extrême lucidité souvent impitoyable, qui entraînent parfois le doute, la peur de l'échec et finalement l'échec s'il n'est pas bien suivi.


La douance a été particulièrement étudiée en Allemagne. Pour être surdoué, il faut en définitive, avoir une intelligence exceptionnelle, une sensibilité hors du commun se traduisant par une grande créativité, et de très grandes capacités de concentration. Seuls ceux se trouvant à l'intersection de ces trois ensembles peuvent prétendre au titre de surdoué ! Si l'on est, uniquement concentré, on est autiste et on trouve super de regarder les poussière voler, uniquement sensible, on est artiste de rue au festival d'Avignon et on cachetonne, et enfin, uniquement intelligent, on peut devenir chercheur non trouveur au CNRS.

Il ne suffit donc pas d’avoir fait l’ENA ou Polytechnique pour être surdoué. La plupart des étudiants ayant intégré ces formations sont en effet des bourreaux de travail et sont dotés d’un haut QI, mais la créativité leur fait souvent défaut. Le concours d’entrée permet certes d’écrémer le bas en ne conservant que les meilleurs. Mais le concours est aussi une forme d’accès aux études qui nuit grandement aux surdoués du fait de leurs méthodes d’apprentissage particulière.


Si les enfants surdoués représentent 5% des effectifs en maternelle, ils ne sont plus que 0,5% à se retrouver dans les études supérieures. Le gros des effectifs aura été laminé par l’éducation nationale qui ne sait pas prendre en charges ces enfants particuliers. Etre surdoué, ce n’est pas avoir eu une adolescence difficile avec un physique ingrat (petit gros, très maigre à grosse tête) sans amis ni petite copine, qui aurait occasionné un investissement massif dans les études afin d’intégrer une grande école.

Je reste ainsi persuadé que trop d’hommes politiques, par exemple, prennent une revanche sur une adolescence difficile, en rêvant de pouvoir. Pour paraphraser Michel Audiard dans Un singe en hiver, là où l’individu simplement intelligent, aura une cuite mesquine grâce à la connaissance ingérée de manière besogneuse, un sursaut d’ego le rendant pénible à l’âge adulte, et prompt à la ramener en toutes circonstances, le surdoué, lui, connaîtra l’ivresse intellectuelle, qui lui permettra de tutoyer les anges : c’est très différent.

« On ne peut pas se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué, qui ne lui permet aucun aveuglement. »

Arielle Adda, Le livre de l'enfant doué, Editions Solar


4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Parfait.

Restera sans doute à approfondir les nuances au sein même du groupe "les surdoués". :-)

Je relève aujourd'hui l'extrême actualité du dernier paragraphe.

Jo, petit surdoué devenu grand, époux d'une et papa d'un, quelle famille.

10/5/07 3:51 PM  
Blogger A VOS COULEURS said...

Article très intéressant.

10/12/08 11:01 PM  
Blogger Natalia Ilda Sarmento said...

Pour ma part, je relève aujourd'hui l'actualité et l'exactitude de la description des adultes à haut potentiel. Je n'ai jamais été détectée enfant, ne connais même pas la valeur de mon QI (inutile à mes yeux) mais suis une adulte à haut potentiel qui se reconnait dans la description qui en est faite. Dans une société où tout se veut uniformisé, le « être comme tout le monde » m’est incompréhensible…

11/12/08 2:10 PM  
Blogger Max et Sofi said...

Euh, les autistes uniquement concentrés... N'importe nawak. Ok, c'est une blague qui se voulait spirituelle, mais franchement quand on écrit de pareilles âneries, faut penser qu'on pourrait être lu. Notamment par un petit gars ou une petite nenette, qui aurait le syndrome d'Asperger, et qui serait flatté d'apprendre qu'il/elle est dépourvu de sensibilité, et de créativité...
Gaffe avec l'humour, hein. Ca blesse parfois.

3/9/11 8:00 AM  

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