Hier, je suis passé à Foug !
Non, rassurez-vous, je ne suis pas encore passé moi-même à Foug, c'est mon ami Olive qui m'a annoncé cela hier soir ! Pour ma part, je ne connais cette charmante commune que parce que Laurence y a vécu. Je me demande même comment on peut vivre à Foug, ce que l'on y fait, ce que l'on y espère ? Cela me rappelle, lorsque j'étais petit, bien avant l'invention de la "bande-fm" qui abrite aujourd'hui les radios pour jeunes cons.
A cette époque, on avait le choix entre Europe 1, RTL et bien sur l'inévitable France-Inter, si on était de gauche. Pour les sudistes, il devait aussi y avoir RMC, si je ne m'abuse. Mais, habitant Paris, RMC me semblait totalement exotique et je ne l'ai jamais écoutée.
Chez nous, c'était RTL, point barre. Dans la cuisine, la radio marchait continuellement. Il s'agissait d'un poste monophonique, sans doute un Radiola, ou un Thomson, comme on en fabriquait encore chez nous, en France. Quoique, j'imagine qu'il devait s'agir d'un Philips, car on était très Philips, puisqu'il y avait un revendeur de cette marque à deux pas de chez nous, près de la gare RER que mon père connaissait bien. On lui a même acheté notre premier téléviseur couleur, un monstre qui devait peser cent kilos. Je me souviens même que j'aimais bien cette marque, à cause de l'homonymie qu'elle entretenait avec mon prénom. Pour moi, Philips, c'était le top du top ! C'était comme moi !
J'aimais bien être dans la cuisine, non pour baffrer, mais parce que la table de la cuisine, me permettait de m'étaler, pour m'adonner à différentes occupations solitaires. Non, mauvais esprits que vous êtes, en parlant d'activités solitaires, je ne pense pas à la masturbation, mais à des activités plus prosaïques, telles que le dessin ou la construction de maquette. Il aurait vraiment fallu être la masse pour se masturber sur la table de la cuisine ! Pfff !
Tandis que je dessinais plutôt bien, je n'ai jamais été doué de mes mains. J'achetais avec mon argent de poche, quantité de maquettes, que je salopais invariablement. J'achetai de tout, dans toutes les marques, même si j'aimais moins Heller, la seule marque française. Je pouvais passer des heures à regarder les catalogues. Je n'étais pas le roi des modélsites, avec moi, il fallait que cela aille vite, et que cela ressemble à la photo sur la boîte. C'est ainsi, qu'en peu de temps, je vous montais un char, un avion de chasse, ou un bombardier, le résultat n'étant jamais à la hauteur de mes attentes. Invariablement, ce n'était que pâtés de colle, peinture baveuse et décalcomanies hâtivement positionnées. Mais j'ai persisté quelques temps dan cette activité.
Je pense qu'il y avait un décalage entre ce que j'imaginais dans ma tête et ce que mes mains pouvaient réaliser. C'est ainsi, j'ai toujours été meilleur penseur que réalisateur ! Ma mère, toujours gentille, n'a jamais critiqué mes oeuvres, mais m'a toujours conseillé de prendre mon temps ! J'ai toujours intuité qu'elle cherchait une cause psychologique à mes défaillances manuelles ! Elle n'a compris que bien des années plus tard, que j'étais en fait un redoutable penseur et non un médiocre manuel et que ma vie se passerait à faire faire aux autres ce que je ne savais pas faire !
Que me reste-t-il de cette époque ? Finalement deux choses :
Je me demandais toujours, dans mon jeune, crâne, les doigts tachés de peinture à maquette, comment l'on pouvait vivre dans ces endroits. Habitant proche de Paris, cela me semblait étrange de vivre dans des endroits aux noms si curieux, qui me semblaient loin de tout. J'imaginais invariablement, un village morne et gris, avec une rue centrale, bordée de maison médiocres, environné de champs, et me demandais ce que la personne répondant à Fabrice, pouvait y faire. Alors que je ne connaissais bien sur pas ces gens qui décrochaient à Fabrice, j'étais toujours heureux qu'ils remportent la valise RTL. J'imaginais que les sommes dérisoires proposées par cette radio, leur permettrait de mieux vivre dans leur no man's land, réjouirait leur vie d'alcoolique (on boit toujours dans ces contrées) en leur permettant de s'offrir un quelconque appareil moderne pour égayer leur morne vie (lave-vaisselle, télévision, radio, etc.). J'étais déjà très humaniste.
Pour moi, Foug, que je ne connais pas, c'est un peu cela. Une ville mythique de mon enfance, une ville sans contours précis, un endroit au milieu de nulle-part, un lieu ou un jour, dans les années soixante-dix, quelqu'un a forcément été appelé par Fabrice et a peut-être gagné la valise RTL !
Peut-être que ce sont les parents de Laurence qui ont remporté la valise ? Je songe à sa mère, qui entend le téléphone sonner alors qu'elle écoute RTL. Elle décroche et c'est Fabrice qui lui parle ! Elle n'en revient pas, elle entend mal et Fabrice lui explique qu'il faut éloigner le poste Telefunken (on est dans l'est) du téléphone pour éviter les larsen et d'une voix chevrotante, elle s'entend répondre : "douze- mille-huit-cent-soixante-treize francs". Ca y est elle a gagné ! Elle rêve déjà de la belle blouse neuve, qu'elle a vue au marché, et qu'elle va s'offrir sans le dire à son mari qui n'aime pas les dépenses inconsidérées, de la belle machine à laver Vedette qu'elle a vue chez le marchand samedi dernier à Toul, des lunettes qu'elle pourra offrir à Laurence parce que les siennes sont cassées et qu'elles tiennent avec du sparadrap même que c'est pas génial parce qu'on lui jette des pierre à la récréation ! Et puis, peut-être qu'ils pourront enfin emmener le bébé, la petite dernière qui est bien malade, chez le médecin, le docteur Muller ? Et même, se dit-elle, peut-être que s'il reste un peu d'argent, elle imagine qu'ils iront avec son mari à Paris voir la tour Eiffel avec son mari, et qu'ils feront un tour en un bâteau-mouche ! elle aurait bien aimé voir la mer, mais elle n'y songe même pas, on ne rêve pas de cela à Foug, dans la Lorraine sinistrée, et puis il y a les cartes postales qu'elle a vu une fois, c'est déjà ça, ça lui aurait fait peur la mer, ça semble si grand ! Pour moi la Valise RTL, c'était des images comme celles-ci qui défilaient dans ma tête !
C'est pour cela qu'aujourd'hui, je suis heureux de participer à la reconnaissance de cette commune. Aussi, quand hier, mon ami Olive, l'homme à la Touareg, m'a annoncé qu'il était passé à Foug, cela m'a fait plaisir. Alors qu'il se rendait à Nancy pour un rendez-vous, il est passé par la nationale et a vu le panneau Foug. Plutôt que de rester de marbre, il a repensé à mon blog. Il a même voulu s'arrêter y déjeuner mais le collègue qu'il emmenait préférait se rapprocher de Nancy.
Pas plus lui, que moi, ne connaissions cette ville, et cela m'a amusé de songer, que grâce à mon modeste blog, j'ai presque failli envoyer un client de Paris, un très gros client, au café du centre, le genre de type à commander à la carte et à prendre du vin cacheté et non la cuvée du patron ! Songez qu'au même moment dans ce café, il y ait eu, le grand gagnant de la valise RTL, du 14 novembre 1975 (ce n'était pas la mère de Laurence) ! Imaginez la vie de ce brave homme, accoudé au comptoir devant son verre de Gris de Toul, qui deux fois dans sa vie, aurait eu la chance de voir son triste quotidien rompu par l'arrivée impromptue d'un parisien, d'abord Fabrice, et ensuite Olive dans son Touareg rutilant !
Et après cela, on dira que faire un blog ne sert à rien !
A cette époque, on avait le choix entre Europe 1, RTL et bien sur l'inévitable France-Inter, si on était de gauche. Pour les sudistes, il devait aussi y avoir RMC, si je ne m'abuse. Mais, habitant Paris, RMC me semblait totalement exotique et je ne l'ai jamais écoutée.
Chez nous, c'était RTL, point barre. Dans la cuisine, la radio marchait continuellement. Il s'agissait d'un poste monophonique, sans doute un Radiola, ou un Thomson, comme on en fabriquait encore chez nous, en France. Quoique, j'imagine qu'il devait s'agir d'un Philips, car on était très Philips, puisqu'il y avait un revendeur de cette marque à deux pas de chez nous, près de la gare RER que mon père connaissait bien. On lui a même acheté notre premier téléviseur couleur, un monstre qui devait peser cent kilos. Je me souviens même que j'aimais bien cette marque, à cause de l'homonymie qu'elle entretenait avec mon prénom. Pour moi, Philips, c'était le top du top ! C'était comme moi !
J'aimais bien être dans la cuisine, non pour baffrer, mais parce que la table de la cuisine, me permettait de m'étaler, pour m'adonner à différentes occupations solitaires. Non, mauvais esprits que vous êtes, en parlant d'activités solitaires, je ne pense pas à la masturbation, mais à des activités plus prosaïques, telles que le dessin ou la construction de maquette. Il aurait vraiment fallu être la masse pour se masturber sur la table de la cuisine ! Pfff !
Tandis que je dessinais plutôt bien, je n'ai jamais été doué de mes mains. J'achetais avec mon argent de poche, quantité de maquettes, que je salopais invariablement. J'achetai de tout, dans toutes les marques, même si j'aimais moins Heller, la seule marque française. Je pouvais passer des heures à regarder les catalogues. Je n'étais pas le roi des modélsites, avec moi, il fallait que cela aille vite, et que cela ressemble à la photo sur la boîte. C'est ainsi, qu'en peu de temps, je vous montais un char, un avion de chasse, ou un bombardier, le résultat n'étant jamais à la hauteur de mes attentes. Invariablement, ce n'était que pâtés de colle, peinture baveuse et décalcomanies hâtivement positionnées. Mais j'ai persisté quelques temps dan cette activité.
Je pense qu'il y avait un décalage entre ce que j'imaginais dans ma tête et ce que mes mains pouvaient réaliser. C'est ainsi, j'ai toujours été meilleur penseur que réalisateur ! Ma mère, toujours gentille, n'a jamais critiqué mes oeuvres, mais m'a toujours conseillé de prendre mon temps ! J'ai toujours intuité qu'elle cherchait une cause psychologique à mes défaillances manuelles ! Elle n'a compris que bien des années plus tard, que j'étais en fait un redoutable penseur et non un médiocre manuel et que ma vie se passerait à faire faire aux autres ce que je ne savais pas faire !
Que me reste-t-il de cette époque ? Finalement deux choses :
- D'une part, je suis imparable sur le matériel militaire et les producteurs de films ont intérêt à se tenir à carreaux car je saurai toujours discerner l'erreur ! Et là, vous m'entendrez gueuler : "mais c'est n'importe quoi, ils veulent faire passer un Patton pour un panzer Mark IV, quels cons !". Avec moi, même si le film est bon, rien à faire, si le matériel n'est pas exactement celui qui aurait du être utilisé, je coupe ! C'est que j'en ai salopé des maquettes de chars, alors on ne me la fait pas, je connais les modèles !
- D'autre part, il y avait RTL et notamment la valise ! Tout le monde, sauf les jeunes cons, se souvient de la valise RTL, émission au cours de laquelle Fabrice, appelait des gens choisis au hasard en leur demandant le montant de la valise RTL, qu'il avait préalablement divulgué sur l'antenne. Soit vous connaissiez ce montant, et vous empochiez la somme, soit vous ne l'aviez pas et Fabrice, remettait 500 F (un Pascal carrément !) dans ladite valise et redonnait le montant à l'antenne. De cette émission, il me reste la tonalité, les biip, que l'on entendait. Et là, c'était l'insoutenable suspens : allait-on ou non répondre !? Il me reste aussi les lieux improbables que Fabrice appelait, des endroits perdus dans des régions lointaines.
Je me demandais toujours, dans mon jeune, crâne, les doigts tachés de peinture à maquette, comment l'on pouvait vivre dans ces endroits. Habitant proche de Paris, cela me semblait étrange de vivre dans des endroits aux noms si curieux, qui me semblaient loin de tout. J'imaginais invariablement, un village morne et gris, avec une rue centrale, bordée de maison médiocres, environné de champs, et me demandais ce que la personne répondant à Fabrice, pouvait y faire. Alors que je ne connaissais bien sur pas ces gens qui décrochaient à Fabrice, j'étais toujours heureux qu'ils remportent la valise RTL. J'imaginais que les sommes dérisoires proposées par cette radio, leur permettrait de mieux vivre dans leur no man's land, réjouirait leur vie d'alcoolique (on boit toujours dans ces contrées) en leur permettant de s'offrir un quelconque appareil moderne pour égayer leur morne vie (lave-vaisselle, télévision, radio, etc.). J'étais déjà très humaniste.
Pour moi, Foug, que je ne connais pas, c'est un peu cela. Une ville mythique de mon enfance, une ville sans contours précis, un endroit au milieu de nulle-part, un lieu ou un jour, dans les années soixante-dix, quelqu'un a forcément été appelé par Fabrice et a peut-être gagné la valise RTL !
Peut-être que ce sont les parents de Laurence qui ont remporté la valise ? Je songe à sa mère, qui entend le téléphone sonner alors qu'elle écoute RTL. Elle décroche et c'est Fabrice qui lui parle ! Elle n'en revient pas, elle entend mal et Fabrice lui explique qu'il faut éloigner le poste Telefunken (on est dans l'est) du téléphone pour éviter les larsen et d'une voix chevrotante, elle s'entend répondre : "douze- mille-huit-cent-soixante-treize francs". Ca y est elle a gagné ! Elle rêve déjà de la belle blouse neuve, qu'elle a vue au marché, et qu'elle va s'offrir sans le dire à son mari qui n'aime pas les dépenses inconsidérées, de la belle machine à laver Vedette qu'elle a vue chez le marchand samedi dernier à Toul, des lunettes qu'elle pourra offrir à Laurence parce que les siennes sont cassées et qu'elles tiennent avec du sparadrap même que c'est pas génial parce qu'on lui jette des pierre à la récréation ! Et puis, peut-être qu'ils pourront enfin emmener le bébé, la petite dernière qui est bien malade, chez le médecin, le docteur Muller ? Et même, se dit-elle, peut-être que s'il reste un peu d'argent, elle imagine qu'ils iront avec son mari à Paris voir la tour Eiffel avec son mari, et qu'ils feront un tour en un bâteau-mouche ! elle aurait bien aimé voir la mer, mais elle n'y songe même pas, on ne rêve pas de cela à Foug, dans la Lorraine sinistrée, et puis il y a les cartes postales qu'elle a vu une fois, c'est déjà ça, ça lui aurait fait peur la mer, ça semble si grand ! Pour moi la Valise RTL, c'était des images comme celles-ci qui défilaient dans ma tête !
C'est pour cela qu'aujourd'hui, je suis heureux de participer à la reconnaissance de cette commune. Aussi, quand hier, mon ami Olive, l'homme à la Touareg, m'a annoncé qu'il était passé à Foug, cela m'a fait plaisir. Alors qu'il se rendait à Nancy pour un rendez-vous, il est passé par la nationale et a vu le panneau Foug. Plutôt que de rester de marbre, il a repensé à mon blog. Il a même voulu s'arrêter y déjeuner mais le collègue qu'il emmenait préférait se rapprocher de Nancy.
Pas plus lui, que moi, ne connaissions cette ville, et cela m'a amusé de songer, que grâce à mon modeste blog, j'ai presque failli envoyer un client de Paris, un très gros client, au café du centre, le genre de type à commander à la carte et à prendre du vin cacheté et non la cuvée du patron ! Songez qu'au même moment dans ce café, il y ait eu, le grand gagnant de la valise RTL, du 14 novembre 1975 (ce n'était pas la mère de Laurence) ! Imaginez la vie de ce brave homme, accoudé au comptoir devant son verre de Gris de Toul, qui deux fois dans sa vie, aurait eu la chance de voir son triste quotidien rompu par l'arrivée impromptue d'un parisien, d'abord Fabrice, et ensuite Olive dans son Touareg rutilant !
Et après cela, on dira que faire un blog ne sert à rien !
5 Comments:
et puis voilà, aujourd'hui le 9 juin, on peut lire un peu partout qu'à Foug les bébés peuvent être congelés tellement qu'ils sont arrièrés dans ces contrées!
C'est peut-être à cause de la valise justement . Tu sais celle que la mère de l'infanticide avait gagnée elle aussi . Elle avait pu s'acheter un congélateur!
Je suis originaire de TOUL, mais j'ai passé toute ma jeunesse à FOUG. Ce n'était pas une grande ville, mais j'ai passé des jours heureux ....
je viens de lire le commentaire sur l'infanticide..Avant de croire tout ce que peuvent dire les journaux il faudrai avoir un brin d'intilligence pour ce rendre compte que les journaux ne font que des titres pour vendre du papier. Il n'y a jamais eu d'infanticide..la preuve l'affaire est classée, la justice a fait son boulot correctement. Mais biensûr L'Est Republicain n'en a pas fait son grand titre et tout le monde reste avec une diée fausse dans la tête. Tous des abrutis les journalistes...ils ne cherchent que le scandale sans jamais reconnaitre leur tord et rétablir la vérité.
"Il n'y a jamais eu d'infanticide" : ben merde alors, ça veut dire que le bébé s'est échappé du congélo pour témoigner sur ce sublimissime blog ??? un scoop, vite j'appelle l'est répu !!
La lorraine peut laisser ce sentiment c'est vrai... Moi je me disais la même chose pour les habitants de Paris .Sortir de chez soi et du béton partout, traverser en voiture des tonnes de béton partout, rien que du dure sous les pieds tout le temps,des arbres étouffés dans du béton, des parcs bien bordés par du béton. Des bâtiments grisastres des petites fenètres des gens qui s'entassent les uns à coté des autres,les uns sur les autres un arbre pour des milliers d'habitants! Sans oublier ces magnifiques Nuit roses.. Bref je plaignais les parisiens et les arbres! Et pour en rajouter une couche je ne suis jamais entrer dans la Tour Eiffel en 24 années de passages à ses pieds, d'apercus au loin dans un taxi!! Ah lala les pecnos.. Mais surtout même s'ils remmettent la valise RTL et qu' il m'offre le voyage je n'accepterai jamais!!!!!
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