Les progrès de l'Empire du Bien !
L’empire du bien progresse d’année en année. De plus en plus on veut notre bien, alors même que nous n’avons rien demandé. Comme disait Coluche, que je n’appréciais pas plus que cela, en parlant des gardiens de la paix : « au lieu de la garder, il ferait bien de nous la foutre ». Il en est un peu de même des politiques, qui pour justifier les prébendes monstrueuses, qu’ils prélèvent sur nous, se sentent obligés, au fur et à mesure, d’inventer de faux problèmes, pour cautionner leur présence, leur utilité mais surtout, leur cupidité. Le monde pourrait être simple, mais il est compliqué parce que certains le veulent ainsi. La complexité leur permet d’exister.
Un enfant, n’est ni un adulte en réduction, ni, surtout pas, un petit être candide et pur, à qui il faut tout donner. Non, ce n’est qu’un adulte en devenir qu’il faut socialiser. En psychologie, cela s’appelle l’élevage des jeunes.
La première année que je suis allé à Las Vegas, en 1993, la ville méritait encore un peu son surnom de « Sin city », la « ville du péché ». Sa réputation, n’était bâtie que sur le jeu, la prostitution, et le vice en général. Cette enclave de quasi non-droit, avait permis à des voyous, rejetés partout, de prospérer, et finalement d’atteindre une forme de dignité,. C'était finalement une expérience de réinsertion sociale extrêmement novatrice, permettant de constater qu’un mauvais garçon de Chicago, pouvait se révéler finalement, être un citoyen respectable, une fois au soleil et dans un cadre plus permissif. Forme de « cour des miracles » moderne, c’était un lieu de relâchement, toutefois suffisamment policé pour qu’il n’y ait aucun risque. La société des voyous, c’est bien connu, a aussi besoin de règles, les siennes, pour prospérer. Et puis, tout voyou cherche au fond de lui à devenir un bourgeois respectable, ce sont les moyens qu’il utilise pour y parvenir qui sont moins respectables pour les autres bourgeois.
Sa fonction sociale était importante car elle permettait à tous les individus, stressés et parfois trop sous contrôle, de venir se soulager. En tant, que capitale de la débauche, parfaitement contrôlée, elle était sans doute pour le système, une forme de soupape évitant la montée de la pression. C’était l’époque où la devise de la ville, était : « What happens in Vegas, stays in Vegas », ce qui signifie, que ce qui arrive à Vegas, reste à Vegas. A l’instar des compagnons de beuveries, les vrais, les bons, sont effectivement toujours ceux qui ne vous rappelleront jamais ce que vous avez fait quand vous étiez saouls, ou pire, se permettront un discours moralisateur.
L’existence de Las Vegas avait sans doute une vraie fonction thérapeutique dans un monde trop normé, trop contrôlé où l’état est partout et la judiciarisation des rapports humains en passe de tout dévorer. Sans doute que l’Internet, comme le fut le Minitel chez nous, bien avant, a un peu les mêmes fonctions, pouvoir sinon être un autre, du moins tenter d’être vraiment soi-même, quelques temps, sans contrôle. Un monde trop policé, trop ordonné, finit toujours par craquer aux entournures, comme un système mécanique dont les pièces seraient montées sans un jeu nécessaire : toute contrainte un peu forte finit par le faire exploser.
C’était une époque ou le Dunes, accueillait les clients. En face, le Sand dressait fièrement sa tour ronde, pas encore démolie pour être remplacé par le Venetian. On pouvait encore assister à un spectacle au Copa Room, salle mythique, dans laquelle le Rat Pack, la bande de copains animée par Sinatra, se produisait dans les années cinquante. Les centres commerciaux, n’existaient pas encore, et vous n’aviez que quelques boutiques dans les hôtels. Les vendeuses étaient généralement d’anciennes show-girls, rattrapée par l’âge, recyclée dans la vente au détail, beautés fanées devenues touchantes, encore capable d’un sourire ravageur quand elle vous appelait «Honey ».
Pourtant, on sentait que quelque chose allait changer, puisque c’était l’année ou l’Excalibur, casino géant en forme de château de conte de fées fut inauguré. A cette époque, personne n’a pris en compte ce que ce bouleversement architectural signifiait pour la ville. Le château de la Belle au bois dormant, au pays des putes, aurait du donner l’alerte. Qui de la candeur ou du cynisme allait gagner ?
J'avais eu le coup de foudre pour cette ville bâtie au milieu de nulle part. C'était un véritable espace de liberté, un no man's land, un des rares endroits de la planète où l'on vous foute la paix. Et pourtant je ne suis ni joueur, ni amateur d'escort girl, juste amoureux de la liberté. J'avais tellement apprécié la ville que je m'y suis même marié. Cela m'a évité la prise de sang requise en droit français pour se marier, la mairie obligatoire, et surtout le portrait de notre voyou national, comme dans les dictatures, accroché au dessus de l'estrade où monsieur le Maire aurait officié !
Ensuite la ville s'est modifiée, les autres géants sont nés, et les anciens casinos ont été rasés. Petit à petit la ville a changé, sans que l’on n’y prenne garde. Le Sands, le Dunes, le Maxim's ont disparu. En janvier 2006, le Boardwalk, a été dynamité. Le Boardwalk était une institution, d’une part parce qu’il était extrêmement bien placé sur le Strip, et que son buffet était ouvert 24h /24h, mais surtout parce, qu’avec « seulement », sept cents, chambres, il avait la réputation d’être familial. C’était un survivant, un petit établissement, coincé entre les gigantesques Monte-Carlo et Bellagio, doté d’un côté bon enfant, avec son casino accessible directement du Strip et ses boutiques un peu cheap. Dans peu de temps, à sa place, sera édifié, Center-City, le plus grand projet immobilier actuel aux Etats-Unis.
En novembre 2006, cefut au tour du Stardust, de disparaître, après quarante-huit ans de bons et loyaux services. Ce fut lors de son ouverture le plus grand hôtel du monde et son enseigne gigantesque, agrémentée d’étoiles, était un repère sur le Strip. Dans le même temps, le Westward Ho, qui lui était contigu a aussi été dynamité. Bientôt, ils seront rejoints dans le cimetière des casinos, par tous les grands anciens. Le prochain sur la lite, sera le Riviera, juste en face, établissement dans lequel on a tourné le film « Casino ». Viendront ensuite le tour, du Sahara, dans lequel le King se maria, puis du Circus-Circus, et enfin du Tropicana puis du Frontier. Ne resteront de ces endroits mythiques, que leurs noms qu’ils donnèrent aux avenues lorsqu’ils furent construits.
En décembre 2006 enfin, a été voté le Nevada Clean Indor Air Act, créant une interdiction de fumer dans les lieux publics, autre que les espaces dévolus au jeu. Ces interdictions s'accompagnent d'un arsenal répressif ainsi que d'un encouragement à la délation. Bien entendu, tout ceci s’est fait au nom des enfants qu’il faut protéger des fumeurs (Tobacco free kids). Avant, tous les établissements possédaient des espaces fumeurs et non fumeurs, maintenant, tout est devenu non fumeur. On pourrait se demander, ce que viennent faire des enfants dans une ville, dont la réputation a été bâtie sur le jeu et la prostitution ? Quoiqu’il en soit, c’est ainsi, l’empire du bien prospère et Las Vegas s’affadit. Ceci dit, le Shérif de Clark County, comté dans lequel se situe Vegas, a décidé que sa police ne s'occuperait pas de cela, car il jugeait la mesure stupide, eu égard à la spécificité de la ville.
La ville soucieuse de ne plus exclusivement dépendre du jeu, a décidé de se transformer en une sorte ce parc d’attraction gigantesque, afin de recevoir des familles. Eventuellement, papa pourra un peu jouer le soir, tandis que maman, pourra faire les boutiques. Quant aux petits, ils auront aussi leurs loisirs. Las Vegas entend devenir la première destination mondiale pour le tourisme.
Le dernier soir, tandis que je marchais sur le Strip, et qu’il devait être un peu plus de minuit, j’ai été heurté par quelque chose. Je me suis retourné pour constater que c’était une poussette.
Lorsque les enfants prennent le pouvoir passé minuit dans une ville, lorsqu’au nom de leur santé, donc je me contrefous totalement, on y interdit de fumer, une ville ne peut plus décemment mériter le nom de « Sin City ».
Mais rassurez-vous, en février 2007, ce sera pareil à Paris. Où faut-il donc que j'aille pour qu'on me foute la paix ? Macao peut-être ?
Ceci dit, comme je vis dans un système stupide géré par des crétins, il y a une chose qui me rassure. Moi, qui, en tant que mâle blanc hétérosexuel chrétien, ne privilégiait d'aucune protection particulière, puisque ne faisant pas partie d'une minorité quelconque, tout ceci va changer. Bientôt, en tant que fumeur, je pourrais arguer d'un harcèlement anti-fumeur et bénéficer dans un proche avenir de lois rien que pour moi. Un système qui décrète en même temps, le bien de tous, et le bonheur de chacun, n'a décidémment aucune logique. Ce n'est qu'un monstre à deux têtes, hésitant sans cesse entre une logique procédurière aveugle et un sentimentalisme idiot.
Quant à ceux que la fumée gêne à Las Vegas, il y a aussi les villes d'eaux qui sont très bien ! En plus, soyez assurés que je ne viendrai jamais vous déranger avec ma fumée à La Bourboule ! Pour ceux qui apprécient ce que fut Las Vegas, visitez ce site !
2 Comments:
Caution, Nevada Clean Indoor Air Act will be enforced in Phil's Garage of Manhattan, Nye County. Violators of the act will be prosecuted!
Avant qu'ils ne viennent là-bas il coulera de l'eau sous les ponts ! De toute manière, j'ai trouve un petit bouclard sympa dont je parlerai dans un futur post.
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