09 décembre, 2010

Burt Reynolds attitude !


La méthode révélée voici quelques années par Mistery pour transformer un AFC (un blaireau ) en PUA (un mec qui chope) se révèle très limitée à l'usage dans la mesure où elle n'englobe pas toutes les situations. De fait, elle se révèle simpliste car si on admettra qu'un AFC est un pauvre gars qui n'arrive pas à se sortir une fille, l'inverse n'est pas vrai. On peut avoir du mal à sortir avec une fille, non parce que l'on est un AFC mais bien au contraire, parce que l'on bouscule toutes les limites en se situant sur un autre plan. En bref, Mistery a pu être aussi frustre et simpliste que Freud en son temps en proposant un modèle simpliste et bien trop général.

C'est ainsi que j'ai eu à rencontrer un cas spécial. Au premier abord, sa qualité d'ingénieur, et ses idées assez arrêtées sur le genre féminin en feraient un AFC parfait. Mais, lorsque l'on creuse un peu, on s'aperçoit bien vite que bien loin d'idéaliser les femmes comme le ferait un AFC, il se contente de les remettre à la juste place qui devrait être la leur selon lui. Les femmes ne lui font pas peur, bien au contraire. Il les trouve simplement plutôt ennuyeuses et manipulatrices. Il trouve que celles qui se disent intelligentes, le sont bien moins qu'elles le pensaient puisqu'elles sont incapables de résoudre une équation différentielle du second degré et encore moins d'avoir une analyse cohérente de la situation économique. En bref, cela ne l'ennuierait pas qu'elles soient à la hauteur de ce qu'elles affirment être mais il trouve qu'elles en font beaucoup pour pas grand chose et qu'une fois démasquées, il n'en reste rien.
Son discours est pourtant loin d'être stupide et aussi stéréotypé qu'il y parait. En bref, pour lui le monde est fait pour les hommes et les femmes peuvent tout au plus avoir un rôle d'assistantes tout à fait utiles. Il ne les rejette pas, il leur donne simplement la juste place qu'elles devraient avoir. Il estime d'ailleurs qu'il lui appartient de les protéger parce que pour lui, elles seront toujours des mineures émancipées. Et pourtant, il adorerait être surpris, tomber sur une femme qui l'étonne mais cela n'est jamais arrivé. A chaque fois qu'une brille, il s'aperçoit que c'était du strass et non du diamant.

Et quand je lui oppose que j'en connais de fort brillantes, il me répond que cela existe mais qu'elles sont pour lui bien trop masculines dans leur manière d'être. Quand je lui explique qu'avec l'intelligence et la volonté d'exister, coïncide toujours un pôle masculin important qui n'est pas forcément rédhibitoire, il m'arrête. Il le comprend fort bien mais cela ne l'intéresse pas vraiment. Je suppose qu'il en voudrait une presque aussi intelligente que lui mais pas trop tout de même, quelqu'un capable de lui donner la réplique mais pas au point de lui voler la vedette.

A l'oppose de l'homme ancien à la Gabin, qui voudrait que la femme soit belle et se taise,  que "la soupe soit servie chaude et à l'heure" comme on dit, mon patient serait bien plus progressiste. Il admet d'ailleurs quelque conquêtes du féminisme. Ainsi, il sera pour la libération sexuelle, c'est indéniable ! Il trouve plutôt agréable qu'une femme vive harmonieusement ses pulsions parce qu'il en profitera.

De la même manière, il n'est pas contre le fait qu'une femme travaille. Ainsi, il admet qu'une femme puisse être secrétaire pour avoir une petite indépendance financière. Mais parlez lui d'une femme pilote d'avion, ingénieur, ou encore médecin, et il rigolera. Ce concept de femmes des années 80, popularisé par Michel Sardou, le fait doucement sourire. Le jour où il prendra un avion piloté par une femme n'est pas encore venu. En revanche, il lui fera confiance pour taper son courrier parce qu'il admet que pour de menues tâches administratives, les femmes le surpassent aisément : il connait ses limites et les accepte. Idem pour le ménage et le repassage qu'il maitrise imparfaitement ! Il le sait et il admet que sans une femme il serait perdu.

S'il est contre la femme des années quatre vingt, il n'est pas pour autant pour celle des années cinquante qu'il aurait trouvée plutôt ennuyeuse et convenue. Son terrain de chasse à lui, ça aurait été celles des années soixante à soixante dix. Ainsi, il trouve que les secrétaires mises en scène par la série Mad men, ont un profil intéressant : indépendantes mais pas trop, intelligentes mais au point d'imaginer dépasser les mâles.

En fait, plus je l'écoute plus je tente de lui trouver un registre. Voici bien longtemps que j'ai perdu l'envie de changer les gens. S'il n'est pas Gabin, il n'est pas non plus un de ces métrosexuels qu'il aborrhe. Sont truc, ce serait d'être entre les deux. Suffisamment macho pour ne pas se faire casser les couilles par la première venue et suffisamment libéral pour lui octroyer quelques droits. Et puis, il les traite bien. Si sa vision un peu datée de la gent féminine peut choquer, il n'en est pas moins un parfait gentleman avec les femmes, pourvu qu'elles sachent rester à leur place.

Je l'écoute et je le regarde et je constate qu'il a des rouflaquettes et du poil sur la poitrine que l'on aperçoit par sa chemise entrouverte. Ce jeune type me rappelle furieusement quelqu'un mais qui ? Ca y est j'ai trouvé ! C'est le charmeur des années soixante-dix, celui qui est mort avec le disco. Habilement, je lui demande s'il n'aurait pas par hasard une "robe de chambre d'intérieur" ? Bien sur qu'il en a une, une belle en soie qu'il revêt le soir après sa journée de travail. 

Les images se bosuculent alors dans ma tête. J'imagine son intérieur, mélange de kitsch et de meubles de style et soudain, je l'aperçois ! Quoi ? Mais la desserte à roulettes, vous savez le petit meuble sur roues sur lequel sont posé une carafe à whisky et les verres en cristal taillé. Cet objet kitschissime que l'on retrouvait dans tout intérieur bourgeois et qui a disparu emporté dans la tourmente Ikéa. De là, je peux aussi imaginer la peau de bête devant l'âtre et même les fausses buches électriques qui y rougeoient. En bref, un intérieur chaleureux où il fait bon s'abandonner après une dure de journée de travail : le havre de paix pour le repos du guerrier.

Je vois alors que bien loin d'être "malade", ce jeune type n'est qu'anachronique. Il aurait du naitre en 1935/1939 pour être heureux. Ce jeune patient est tout simplement la réplique de Burt Reynolds, une sorte de macho moustachu mais progressiste qui serait parvenu jusqu'à nous comme un morceau de bois flotté échouerait sur une plage. Si c'était une bagnole, ce serait la Renault 30 de mon enfance, une berline cossue livrée en série avec vitres électriques et direction assistée mais dotée d'un bon vieux moteur sorti de Flins et étudiés dans les années cinquante, et avec siège en velours s'il vous plait parce que c'est plus confortable.

Le tout forme donc un ensemble un peu daté certes mais très homogène pour qui n'aime pas les surprises. Un ensemble sans électronique superflue mais avec du solide et de l'éprouvé. Le type même qui allume sa clope après l'amour en demandant à la fille "alors c'était comment ?". C'est plutôt pas mal pour celles qui en ont marre des chouineurs, des trop sensibles, de tous ceux qui sous prétexte de se dire "modernes" ne sont en fait que des petits garçons cherchant la réassurance auprès de femmes sérieuses. Finalement, on aime ou on n'aime pas, mais ce n'est pas de la pathologie, juste un mec fabriqué à l'ancienne avec un juste dosage de solutions éprouvées mais doté du confort moderne tout de même : gaz à tous les étages et salle de bain intégrée. Pas un vieux mec à la Gabin avec chiottes sur le palier !

Je n'ose pas trop lui demander mais j'imagine qu'il a tous les disques de Tom Jones chez lui voire même tous les imports de Engelbert Humperdinck, des chanteurs qui savaient faire chavirer le cœur des minettes de leurs voies de ténor, pas des "taffioles" comme Bioley et compagnie ! Parce que quoi qu'on en dise, on a beau trouver ces chanteurs pas modernes, si l'on n'a pas dansé  un slow langoureux sur The last waltz, la main posée discrètement sur le postérieur de la nana et sa tête dans le creux de notre épaule en lui demandant "alors heureuse baby ?", on ne connait rien de la vie. Et ce ne sont pas les bourrins qui se trémoussent sur de l'électro qui vont lui donner des leçons !

J'imagine même quelques 45 tours de Daniel Guichard, un homme un vrai, le seul qui ait réussi à lui tirer quelques larmes avec sa chanson "mon vieux", une ode aux hommes dignes des années passées, à tous ces humbles qui allaient gagner la croûte de leurs familles sans faire chier avec leurs états d'âme ! Par contre, si une gonzesse se pointe, alors là, il doit savoir y faire : lumières tamisées et Burt Baccharach en fond sonore !
Alors que dire ? Rien de bien terrible ! Je le rassure en lui expliquant qu'il n'est pas du tout un AFC mais simplement "un peu anachronique", ce qu'il reconnait bien volontiers. Je lui souhaite vivement de trouver une femme à la manière de Raquel Welch ou d'Angie Dickinson, ces égéries des seventies qui savaient être belles sans faire de l'ombre aux premiers rôles masculins. Mais que bien sur, de telles femmes n'existant plus vraiment sous nos contrées, je ne doute pas qu'aux confins de notre belle Europe, dans des pays pas encore touchés par notre modernisme, il se peut qu'il existe encore des femmes "à l'ancienne".

Je l'incite donc vivement à prendre des cours de russe afin d'aller chercher l'élue de son coeur loin là-bas dans l'est ! Je ne doute pas qu'une femme à l'ancienne sachant faire la part des choses entre un matérialisme avéré, parce qu'on ne vit pas d'amour et d'eau fraiche tout de même, et les sentiments sincères, parce que l'amour c'est sympa tout de même, ne trouve en lui celui qu'elle attendait et qu'elle croyait disparu : une sorte de russe sans les problèmes d'alcool et la violence qui vont si souvent avec.

En tout cas moi, je trouve sympa de faire perdurer la Burt Reynolds Attitude !

17 Comments:

Blogger V. said...

après la cuisinière flammée, la desserte à roulettes !!
Il y en a toujours une flambante neuve, rutilante au miror chez mes parents.
Ce truc que j'ai toujours regardé en me demandant comment était monté le cerveau de ceux qui pouvaient avoir envie d'acheter un truc pareil... inutile et moche et encombrant.
Maintenant je sais : ma mère sait (à son insu) résoudre des équations différentielles du 2nd degré !

9/12/10 1:57 PM  
Blogger philippe psy said...

Vous êtes peut-être la fille de Burt Reynolds ???

9/12/10 2:04 PM  
Blogger Epicier vénéneux said...

Il me semble qu'on en trouve encore en Europe de l'Est certes, mais aussi dans certains États de la Bible Belt, en Afrique du Sud ou en Australie.

9/12/10 2:42 PM  
Blogger V. said...

Maintenant que vous le dîtes...
De la desserte aux femmes qui seront toujours des mineurs émancipées... En passant non loin des équations différentielles... Je dois reconnaître que ça ressemble un peu à mon père...

:o)

9/12/10 3:59 PM  
Blogger V. said...

au pharmacien : Mes parents vivent dans le 15eme arrondissement de Paris ...
Ce qui valide d'autant mieux la thèse de l'anachronisme de Philippe Psy !

9/12/10 5:10 PM  
Blogger philippe psy said...

@V. : la Burt Reynolds Attitude a été très en vogue voici quelques années. Votre père a du être un grand fan !!!

9/12/10 10:14 PM  
Blogger monoi said...

Mon pere a aussi eu une renault 30TX, avec le gros V6, au debut des annees 80! Vous la decrivez d'ailleurs parfaitement.

Pour l'anecdote, je m'etais fait choper au radar sur l'autoroute A4 la 1ere fois que je l'avais emprunte. J'avais 19ans, ca m'avait coute 800frs d'amende.

10/12/10 8:59 AM  
Blogger philippe psy said...

@Monoi :La TX comme vous y allez, moi je parlais de la TS. Et la 20 2.2, vous vous en souvenez ? Sacrée machine, avec un radio K7 blaupunkt !

10/12/10 5:16 PM  
Blogger Caroline said...

Pour approfondir une des jolies phrases du début :Je rajouterai un conseil seulement pour les jeunes Mâles qui s'échoueront ici grâce au mot clé Burt Reynolds qu'il ne faut jamais dire à une femme qu'elle est jolie puisque cela elle le sait, mais qu'elle est intelligente puisque cela elle l' espère!!!!

Un article excessivement qui m'a fait sortir de ma réserve malgré mes promesses je n'ai pas put résister comme je suis faible...mais normale je suis une fille donc je suis à moitié pardonnée ????!!!

10/12/10 9:13 PM  
Blogger marie said...

Moi je suis une "fille de l'Est" et je sais résoudre une équation différentielle même si aujourd'hui cela ne me sert absolument à rien...
Dans ma jeunesse, j'avais rêvé de trouver quelqu'un comme votre personnage et de rester à la maison préparer de petits plats...
Malheuresement, la vie n'est plus comme dans les années 60.
Mon mari a perdu son travail deux fois et chaque fois il a apprécié la liberté de choix donnée par l'argent que je gagne...

10/12/10 9:28 PM  
Blogger Epicier vénéneux said...

V. said...

au pharmacien : Mes parents vivent dans le 15eme arrondissement de Paris ...
Ce qui valide d'autant mieux la thèse de l'anachronisme de Philippe Psy !


J'ai mis un moment à comprendre votre message... je parlais des "femme à l'ancienne sachant faire la part des choses entre un matérialisme avéré", pas des pousse-pousse.

10/12/10 10:13 PM  
Blogger V. said...

au Pharmacien : Il y a en a aussi dans le 15eme arrondissement de Paris. Peut être vont elles de pair avec les dessertes à roulettes ...

;o)

11/12/10 12:57 PM  
Blogger Epicier vénéneux said...

Une véritable faille spatio-temporelle, ce XVième !

11/12/10 7:09 PM  
Blogger V. said...

au Pharmacien : Absolument. D'ailleurs mes parents portent des pyjamas orange fluo et parlent couramment le klingon avec leurs amis (il me revient d'ailleurs que c'est l'un d'entre eux qui a offert la desserte à ma mère lorsqu'elle acquis son grade de capitaine, lui autorisant de piloter en conduite accompagnée le vaisseau que mon père remise par devers lui à la cave).

:o)

12/12/10 2:37 PM  
Blogger Epicier vénéneux said...

remise par devers lui

Dites, la desserte là, est-ce que vos parents s'en servent tout de même car elle a été offerte de bon cœur"?

13/12/10 6:58 PM  
Anonymous Anonyme said...

Une solution toute trouvee pour ce type, qu'il vienne passer quelques temps en Thailande. ;0

18/12/10 3:59 AM  
Blogger V. said...

à l'épicier : nan, c'est pas Preskovitch qui a offert la desserte.
Même s'il venait d'Europe de l'Est...
:o)

19/12/10 12:42 AM  

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