Saint-patron et hagiothérapie !
Tout à l'heure, je ne sais plus de quoi nous parlions, ni surtout comment nous en sommes arrivés là, mon épouse me demande à brûle pourpoint : qui est notre saint patron au fait ? Et moi, de lever les yeux au ciel pour le prendre à témoin de l'ignorance impardonnable de mon épouse, de répondre imméiatement : mais c'est Saint-Yves voyons ! Yves Hélory de Kermatin de son petit nom. Évidemment je l'enjoignis, afin de se faire pardonner, de faire participer au pèlerinage en l'honneur à Saint Yves qui aura lieu le 19 mai prochain à Tréguier, sa ville natale, en chantant le fameux Kantik sant Erwan dont voici le refrain :
Nan eus ket e Breizh, nan eus ket unan
Nan eus ket ur sant, evel sant Erwan,
Nan eus ket ur sant, evel sant Erwan.
Nan eus ket ur sant, evel sant Erwan,
Nan eus ket ur sant, evel sant Erwan.
Bien entendu mon épouse, respectant la parole de son saint homme d'époux, moi, me promit d'aller à ce pèlerinage afin de se faire pardonner l'offense faite à son saint patron et en vue de rentrer dans ses bonnes grâce. Joignant la parole à ses intentions, elle se mit immédiatement à chanter ce Kantik sant Erwan et je débarassais le plancher pour me réfugier dans mon bureau car une corse chantant en breton à vite fait de vous casser la tête.
Et c'est là dans l'intimité de mon bureau, qui me sert occasionnellement de cabinet, que je me posais une question lancinante ! Car si j'avais moqué mon épouse ne se rappelant plus de son Saint patron, j'étais moi aussi gros jean comme devant (délicieuse expression surannée) ne sachant pas qui était mon saint patron ! Avais-je seulement un saint patron ou notre profession relativement récente était-elle une pure construction moderniste dédaignée de Dieu ! Qu'allait donc advenir de mon âme après mon trépas si d'aventure je m'apercevais que la profession que j'exerce n'avait point reçu de grâces divines, à un point tel qu'aucun des nombreux saint chrétiens n'avait daigné s'y intéresser !
C'est vrai que la folie ou ses corollaires comme la dépression, l'anxiété et tutti quanti, furent de tout temps, avant que la science moderne ne débarque, traités par des prières et autres recettes magiques. On priait tel saint, on allait faire boire le malade à une fontaine sacrée ou on lui collait la tête dans une débredinoire mais, une chose est sure, on ne l'amenait pas voir un psy. Bon, pour les tourments de l'âme il y avait aussi la philosophie ou la drogue par la suite ! Puis seulement après, vinrent les aliénistes et psychiatres avec leurs armes de destruction massive comme les douches glacées ou la lobotomie en même temps qu'une discipline purement matérialiste émergeait : la psychanalyse. Rien de bien affriolant pour ramener un saint dans la profession !
Aussitôt saisi d'effroit, tandis que me parvenaient les échos assourdis de mon épouse chantant le Kantik sant Erwan dans le salon, j'allumai fiévreusement mon Imac 27' gay friendly, preuve de ma grande ouverture d'esprit, et je tapai comme requête gougueulesque "saint patron des psy", mêlant hardiment psychiatres, psychologues, psychothérapeutes et psychopathes dans le même panier !
Et là, le regard brouillés de larmes, je vis que Dieu, dans sa sainte sagesse nous avait dépêché depuis des siècles et des siècles, non pas un saint, du genre moine barbu évangélisateur, mais une gracieuse vierge pour présider au salut de notre profession ! Qui est-elle ?
Il s'agit tout simplement d'une sainte martyre décédée au VIIème siècle et répondant au doux nom de Dymphne de Geel ! Sacré nom ? On se croirait dans un épisode de Kaamelott vu que c'est un peu la même époque ! D'ailleurs, cette sainte au prénom improbable est aussi connue sous les prénoms de Dympna ou même Dymphna !
Alors que vous dire d'elle ? Rien, vous lirez par vous-même ici, car je ne vais pas faire du copeir coller. Disons que la pauvrette étant martyre et sainte, n'a pas eu la vie facile. Elle a été décapitée par son père qui voulait l'épouser après que lui soit arrivées moultes aventures ! Cette vie tumultueuse a fait d'elle la sainte patronne de tous ceux qui sont atteints des maladies
mentales et d'affections nerveuses (folie et épilepsie) et par extension de ceux qui en ont la charge (ma profession entre autre) et fut par la suite adoptée, compte tenu de sa vie, par les victimes d'inceste et
autres abus sexuels. On la représente tenant un démon enchainé et elle est fêtée le 15 mai ! Si elle protège de la folie, on peut peut-être l'invoquer contre le socialisme ? En tout cas, c'est à tenter !
Pour les dévots, on peut acheter tout un tas de médailles et objets la représentant sur ce site marchand. Je ne sais pas si cela marche mais en tout cas c'est moins cher qu'une consultation chez un psy ! Enfin moi je serais vous, je ferai les deux, j'utiliserais la voie naturelle, les psys, et la voie surnaturelle, la prière à Sainte Dymphne.
Le recours à un saint détenteur d'un pouvoir thaumaturge que l'on nomme savamment l'hagiothérapie et a toujours représenté une voie de guérison. Le saint est invoqué pour obtenir par son intercession auprès de Dieu, la guérison de la pathologie dont on souffre. S'agissant des troubles mentaux, l'hagiothérapie fut la concurrente directe, voire supplanta la médecine jusque dans le courant du XIXème siècle. Les sanctuaires faisant l'objet de pèlerinages restent nombreux, même si un certain nombre sont tombés en désuétude. S'agissant de pathologies mentales, nombreux sont les saints, outre Sainte Dymphne, n'ayant semble-t-il que peu de renommée dans nos confins, que l'on peut invoquer.
On notera que les hôpitaux, même ceux de construction moderne possède toujours un endroit où prier. Face à des pathologies lourdes plaçant le patient face à une issue fatale, il est assez classique d'associer à la médecine des voies moins scientifiques. On ne sait jamais ! C'est de la thérapie à large spectre comme les antibiotiques !
Le recours à un saint détenteur d'un pouvoir thaumaturge que l'on nomme savamment l'hagiothérapie et a toujours représenté une voie de guérison. Le saint est invoqué pour obtenir par son intercession auprès de Dieu, la guérison de la pathologie dont on souffre. S'agissant des troubles mentaux, l'hagiothérapie fut la concurrente directe, voire supplanta la médecine jusque dans le courant du XIXème siècle. Les sanctuaires faisant l'objet de pèlerinages restent nombreux, même si un certain nombre sont tombés en désuétude. S'agissant de pathologies mentales, nombreux sont les saints, outre Sainte Dymphne, n'ayant semble-t-il que peu de renommée dans nos confins, que l'on peut invoquer.
On notera que les hôpitaux, même ceux de construction moderne possède toujours un endroit où prier. Face à des pathologies lourdes plaçant le patient face à une issue fatale, il est assez classique d'associer à la médecine des voies moins scientifiques. On ne sait jamais ! C'est de la thérapie à large spectre comme les antibiotiques !
Le 15 mai prochain, ne vous étonnez pas si vous me croisez chantant un cantique à Sainte Dymphne dans les rues de Paris ! Il n'y en pas que pour Saint Yves !
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