31 janvier, 2024

Les hommes - prologue


 La semaine passée, je me suis assoupi le soir face à un film comme un petit vieux. Ayant trs largement entamé ma nuit, je me suis donc levé dès potron-jacquet, ce qui signifie que je m'étais levé dès potron-minet, c'est à dire levé tôt pour être compris des générations Y et suivante qui n'a plus de vocabulaire.

Or à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, il n'y a pas grand chose à faire. Les plus érudits auront noté l'élégant emprunt à Victor Hugo tandis que les générations Y et suivante se reporteront à ce lien.

Et donc me voici, rasé et habillé dans mon salon les yeux fixés sur mes pensées, sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, à ne rien faire. Heureusement qu'il y a les écrans.Me voici donc sur ma tablette. Mon épouse m'ayant parlé d'un reportage récemment diffusé sur une chaîne de a TNT que je me mets à rechercher fébrilement.

Hélas, trois fois, hélas, je ne le trouve pas. Mais comme le reportage en question parlait du sous-sol de Paris, je tombe sur la chaîne YouTube d'un certain Sébastien qui semble passionné par la spéléologie. Et comme je n'ai rien de mieux à faire et que e suis du genre glouton en matières de connaissance, vus que je lis et regarde tout et n'importe quoi, je me mets à visionner les vidéos proposées par ce monsieur.

Le gars a une voix agréable et ses vidéos sont courtes et bien montées;, tant et si bien qu ej'en regarde une dizaine. Et bien qu'étant sujet au vertige mais pas du tout suet à la claustrophobie, je sens en moi un certain malaise à l'idée de me trouver à la place de tous ces gens qui partent sous terre, n'hésitant pas à se frayer un chemin dans un étroit goulet parfois inondé. On se met à s'imaginer bloqué sous terre sans moyen de ressortir, mourant de soif et de faim. Quelle fin atroce.

Fort heureusement, dans les vidéos proposées la plupart des gens ressortent à l'air libre sauf un, le dénommé John Jones qui, s'étant aventuré dans une caverne de l’Utah nommée Nutty Putty. Plutôt que de suivre la voie que tout le monde connaissait, ce brave vieux John s'est dit qe ce serait plus sympa de passer par une sorte de conduit de 40 par 25 cm. Il a réussi à y entrer mais y est resté coincé. Et on a eu beau dépêcher tous les spéléologues les plus expérimentés, rien n'y a fait, John Jones est mort coincé, d'une mort atroce entrecoupée de crises d'angoisses atroces.

Son cadavre n'a jamais été remonté et est resté coincé. Depuis, l'entrée de la grotte est scellée et est devenue un tombeau.