Psychopathologie du travail : mon patron est bizarre !
J'ai déjà longuement parlé de mon ami Sean qui réunit en une seule personne tout ce que le code du travail interdit plus quelques petits trucs que l'on retrouve dans les manuels de psychopathologie. Coléreux, inhumain, dur, imprévisible, perpétuellement dans l'affectif, surfant avec la légalité, Sean est le patron que tout le monde détesterait avoir, mais que les actionnaires s'arrachent. D'ailleurs, quand je lis des trucs sur les conditions effroyables au travail, ou bien que des patients me parlent de ce qu'ils endurent, l'image de Sean s'impose à moi !
Ses origines slaves lui ont donné le goût, que dis-je un atavisme forcené, pour un management assez typé, que l'on pourrait résumer par "marche ou crève". Travailler pour Sean, c'est faire l'expérience de la multiculturalité tant vantée par nos élites, et se retrouver dans la peau d'un moujik du XIIIème siècle, dirigé par un boyard cruel mais efficace, volant autant le peuple que le Tsar. Car je ne le dirai jamais assez, Sean est efficace ! Sean, c'est un mec qui aurait du aller aux USA, il aurait fait merveille dans un fond de pension. Il aurait vu qu'on pouvait exiger quinze pour cent de rendement, alors il aurait immédiatement proposé d'en demander vingt, puis trente.
Et puis, ce qui est bien avec Sean, c'est que vous n'aurez jamais à redouter des entretiens d'évaluation, des 360°, ou ce genre de bêtises récentes qu'adorent les RH. Sean n'évalue pas périodiquement. Ca va ou pas. Quand ça va, vous êtes invité à rester dans sa société, en acceptant les minces miettes qu'il veut bien vous laisser de l'énorme gâteau qu'il se goinfre seul. Si cela ne va pas, vous êtes mis à pied puis licencié après avoir enduré un lourd harcèlement moral qui vous laissera pantelant. Si j'étais cynique, je dirais que tant qu'il y aura des patrons comme Sean, ma profession aura du travail !
Je m'empresse de rajouter qu'en tant qu'ami, c'est quelqu'un d'adorable et d'extrêmement sensible. C'est d'ailleurs la déposition que je ferai quand il sera déféré devant le Tribunal Pénal International. Sean est vraiment quelqu'un de gentil ! D'ailleurs, quand j'ai connu George Killian (dit aussi "Le roux"), ce dernier s'ennuyait ferme dans un emploi peu payé et encore moins gratifiant. Agé de seulement vingt-huit ans, je pensais qu'il devait s'investir dans un métier porteur au seins d'une entreprise dynamique. J'ai donc présenté George Killian à Sean. Sean l'a de suite adoré. Il lui a offert trente pour cent de salaire en plus pour qu'il vienne travailler pour lui. Quant à savoir ce qu'il ferait, il en avait une vague idée, mais ne comptez pas sur lui pour monter un programme de formation. Sean lui a filé un bureau, une tonne de dossiers, et qu'il se démerde.
Depuis, George Killian fait l'apprentissage du n'importe quoi. Dans "Le dernier roi d'Ecosse", le tout jeune médecin personnel d'Idi Amin Ada, nous faisait part de son expérience délirante auprès du dictateur sanguinaire d'Ouganda. Je pense que dans un an, George Killian pourra aussi écrire un livre nous parlant de ce qu'il a vécu auprès de Sean. Comme tous les dictateurs, Sean aime avoir auprès de lui, quelqu'un qui ne le craigne pas, et le calme et le rassure. George Killian est un vrai facilitant doté d'un très grand talent. Alors George Killian bien que récemment embauché est le préféré de Sean. En public ils se vouvoient mais en privé, dès qu'aucun des sept-cents salariés du groupe n'est présent, ils se tutoient et fréquentent les mêmes cercles de jeu.
Parfois George Killian trouve sa situation étrange alors il m'en a parlé. D'une part, je lui ai expliqué qu'il ne fallait pas qu'il trouve une quelconque logique chez Sean. Sean est un tueur, un vrai professionnel de la reprise d'entreprise, mais c'est aussi un artiste de talent perpétuellement dans l'improvisation. Sean, c'est Patton, le mec qui n'est bon que dans les coups de force, les trucs d'envergure. Alors, il faut observer et imiter et rien de plus. J'ai aussi dit à George Killian qu'il serait bon de revoir le film "Il était une fois le Bronx", dans lequel un jeune intègre la Maffia. Ensuite, qu'il se mette dans la peau du jeune Calogero, le héros du film, qu'il considère que Sean est le parrain Sonny, et qu'il le suive s'il veut des responsabilités. Ca marche aussi avec "Les affranchis" bien sur ! C'est toujours l'histoire d'un petit jeune qui fait des petits boulots pour le caïd.
J'ai aussi précisé que s'il en avait marre et qu'il était trop normal pour s'intégrer, et désirait un métier normal, il n'aura pas tout perdu, loin de là. Il aura au moins bénéficié d'une tonne de contacts et d'une très belle carte de visite et pourra se revendre ailleurs pour beaucoup plus cher qu'il ne perçoit aujourd'hui. Et puis, j'ai rajouté qu'avoir travaillé pour Sean, c'est un peu comme avoir fait à la fois Verdun et Stalingrad, qu'ensuite tout paraissait simple. Sean est extrêmement connu dans la profession, on en parle jamais avec respect, mais avec la crainte qu'inspiraient de grands démocrates comme Mao et Staline. George Killian ne m'a pas semblé rassuré. Pauvre Goerge Killian qui glandouillait, privé de tout avenir, dans une filiale d'un énorme établissement public, et qui se retrouve depuis un mois sur le front de l'Est sous les ordres d'un Néron perpétuellement survolté. C'est bien, ça forme les jeunes !
Par exemple il m'a expliqué ce qui s'est passé lors d'une récente réunion totalement apocalyptique. Les affaires de Sean tournent bien et ce dernier s'est persuadé que les roux lui portaient chance parce qu'avec George Killian, il a deux roux dans son équipe. Il a donc convoqué quelques cadres pour leur en faire part. Il a explique qu'avant il n'y avait qu'un roux, mais que depuis qu'il avait recruté un autre roux, il faisait exploser tous les chiffres.
Il en a donc logiquement déduit que les roux étaient des porte-bonheurs. Il a donc demandé si certaines personnes ne voulaient pas se teindre en roux. Trois femmes ont accepté ! Sean, grand et magnanime, et totalement à la masse, a alors déclaré que si lundi, elles venaient teintes en rousses, lui même se ferait un plaisir de venir mardi matin, teint en roux.
C'est un peu ça le management de Sean, des illuminations permanentes mais parfois loufoques alliées à une vraie connaissance de son métier, qui l'ont menées au sommet. N'allez pas croire que Sean soit dingue, pas du tout. Chacun sait que tous les dictateurs sont illuminés, qu'ils ont leurs marottes, leurs dingueries. D'ailleurs, je vous avoue que je suis persuadé que Sean ne croit pas du tout ce qu'il dit, ou juste un tout petit peu, c'est juste une manière de fédérer ses troupes ! Ce mois-ci, ce sera le maître-mot : "pour gagner des parts de marché, il faut être roux !". Si le trimestre prochain, Sean s'aperçoit que les chiffres ont encore augmenté, je suis persuadé qu'il fera en sorte que tout le monde soit roux dans sa société. Ceux qui accepteront resteront et les autres seront virés.
Donc, quand je déjeunerai la semaine prochaine avec Sean, il y a de fortes chances, si ses salariées ne se sont pas dégonflées, pour qu'il soit roux ! Et je sais déjà, qu'il rigolera avec sa grosse tête de slave de sa bonne blague en me disant "tu vas voir, avec le nombre de roux qu'il y a maintenant chez nous, on va exploser la concurrence !"
Les premiers pas de Goerge Killian !
Ses origines slaves lui ont donné le goût, que dis-je un atavisme forcené, pour un management assez typé, que l'on pourrait résumer par "marche ou crève". Travailler pour Sean, c'est faire l'expérience de la multiculturalité tant vantée par nos élites, et se retrouver dans la peau d'un moujik du XIIIème siècle, dirigé par un boyard cruel mais efficace, volant autant le peuple que le Tsar. Car je ne le dirai jamais assez, Sean est efficace ! Sean, c'est un mec qui aurait du aller aux USA, il aurait fait merveille dans un fond de pension. Il aurait vu qu'on pouvait exiger quinze pour cent de rendement, alors il aurait immédiatement proposé d'en demander vingt, puis trente.
Et puis, ce qui est bien avec Sean, c'est que vous n'aurez jamais à redouter des entretiens d'évaluation, des 360°, ou ce genre de bêtises récentes qu'adorent les RH. Sean n'évalue pas périodiquement. Ca va ou pas. Quand ça va, vous êtes invité à rester dans sa société, en acceptant les minces miettes qu'il veut bien vous laisser de l'énorme gâteau qu'il se goinfre seul. Si cela ne va pas, vous êtes mis à pied puis licencié après avoir enduré un lourd harcèlement moral qui vous laissera pantelant. Si j'étais cynique, je dirais que tant qu'il y aura des patrons comme Sean, ma profession aura du travail !
Je m'empresse de rajouter qu'en tant qu'ami, c'est quelqu'un d'adorable et d'extrêmement sensible. C'est d'ailleurs la déposition que je ferai quand il sera déféré devant le Tribunal Pénal International. Sean est vraiment quelqu'un de gentil ! D'ailleurs, quand j'ai connu George Killian (dit aussi "Le roux"), ce dernier s'ennuyait ferme dans un emploi peu payé et encore moins gratifiant. Agé de seulement vingt-huit ans, je pensais qu'il devait s'investir dans un métier porteur au seins d'une entreprise dynamique. J'ai donc présenté George Killian à Sean. Sean l'a de suite adoré. Il lui a offert trente pour cent de salaire en plus pour qu'il vienne travailler pour lui. Quant à savoir ce qu'il ferait, il en avait une vague idée, mais ne comptez pas sur lui pour monter un programme de formation. Sean lui a filé un bureau, une tonne de dossiers, et qu'il se démerde.
Depuis, George Killian fait l'apprentissage du n'importe quoi. Dans "Le dernier roi d'Ecosse", le tout jeune médecin personnel d'Idi Amin Ada, nous faisait part de son expérience délirante auprès du dictateur sanguinaire d'Ouganda. Je pense que dans un an, George Killian pourra aussi écrire un livre nous parlant de ce qu'il a vécu auprès de Sean. Comme tous les dictateurs, Sean aime avoir auprès de lui, quelqu'un qui ne le craigne pas, et le calme et le rassure. George Killian est un vrai facilitant doté d'un très grand talent. Alors George Killian bien que récemment embauché est le préféré de Sean. En public ils se vouvoient mais en privé, dès qu'aucun des sept-cents salariés du groupe n'est présent, ils se tutoient et fréquentent les mêmes cercles de jeu.
Parfois George Killian trouve sa situation étrange alors il m'en a parlé. D'une part, je lui ai expliqué qu'il ne fallait pas qu'il trouve une quelconque logique chez Sean. Sean est un tueur, un vrai professionnel de la reprise d'entreprise, mais c'est aussi un artiste de talent perpétuellement dans l'improvisation. Sean, c'est Patton, le mec qui n'est bon que dans les coups de force, les trucs d'envergure. Alors, il faut observer et imiter et rien de plus. J'ai aussi dit à George Killian qu'il serait bon de revoir le film "Il était une fois le Bronx", dans lequel un jeune intègre la Maffia. Ensuite, qu'il se mette dans la peau du jeune Calogero, le héros du film, qu'il considère que Sean est le parrain Sonny, et qu'il le suive s'il veut des responsabilités. Ca marche aussi avec "Les affranchis" bien sur ! C'est toujours l'histoire d'un petit jeune qui fait des petits boulots pour le caïd.
J'ai aussi précisé que s'il en avait marre et qu'il était trop normal pour s'intégrer, et désirait un métier normal, il n'aura pas tout perdu, loin de là. Il aura au moins bénéficié d'une tonne de contacts et d'une très belle carte de visite et pourra se revendre ailleurs pour beaucoup plus cher qu'il ne perçoit aujourd'hui. Et puis, j'ai rajouté qu'avoir travaillé pour Sean, c'est un peu comme avoir fait à la fois Verdun et Stalingrad, qu'ensuite tout paraissait simple. Sean est extrêmement connu dans la profession, on en parle jamais avec respect, mais avec la crainte qu'inspiraient de grands démocrates comme Mao et Staline. George Killian ne m'a pas semblé rassuré. Pauvre Goerge Killian qui glandouillait, privé de tout avenir, dans une filiale d'un énorme établissement public, et qui se retrouve depuis un mois sur le front de l'Est sous les ordres d'un Néron perpétuellement survolté. C'est bien, ça forme les jeunes !
Par exemple il m'a expliqué ce qui s'est passé lors d'une récente réunion totalement apocalyptique. Les affaires de Sean tournent bien et ce dernier s'est persuadé que les roux lui portaient chance parce qu'avec George Killian, il a deux roux dans son équipe. Il a donc convoqué quelques cadres pour leur en faire part. Il a explique qu'avant il n'y avait qu'un roux, mais que depuis qu'il avait recruté un autre roux, il faisait exploser tous les chiffres.
Il en a donc logiquement déduit que les roux étaient des porte-bonheurs. Il a donc demandé si certaines personnes ne voulaient pas se teindre en roux. Trois femmes ont accepté ! Sean, grand et magnanime, et totalement à la masse, a alors déclaré que si lundi, elles venaient teintes en rousses, lui même se ferait un plaisir de venir mardi matin, teint en roux.
C'est un peu ça le management de Sean, des illuminations permanentes mais parfois loufoques alliées à une vraie connaissance de son métier, qui l'ont menées au sommet. N'allez pas croire que Sean soit dingue, pas du tout. Chacun sait que tous les dictateurs sont illuminés, qu'ils ont leurs marottes, leurs dingueries. D'ailleurs, je vous avoue que je suis persuadé que Sean ne croit pas du tout ce qu'il dit, ou juste un tout petit peu, c'est juste une manière de fédérer ses troupes ! Ce mois-ci, ce sera le maître-mot : "pour gagner des parts de marché, il faut être roux !". Si le trimestre prochain, Sean s'aperçoit que les chiffres ont encore augmenté, je suis persuadé qu'il fera en sorte que tout le monde soit roux dans sa société. Ceux qui accepteront resteront et les autres seront virés.
Donc, quand je déjeunerai la semaine prochaine avec Sean, il y a de fortes chances, si ses salariées ne se sont pas dégonflées, pour qu'il soit roux ! Et je sais déjà, qu'il rigolera avec sa grosse tête de slave de sa bonne blague en me disant "tu vas voir, avec le nombre de roux qu'il y a maintenant chez nous, on va exploser la concurrence !"
Bon, vous avez compris le message, pour réussir, soyez roux. C'était la leçon de management de Sean !
Les premiers pas de Goerge Killian !
4 Comments:
-Rien à voir avec le présent post -Comme ça il paraît qu'on fabrique du savon à partir des faînes ? C'est vraiment très intéressant...
Rappelons toutefois que la faîne ou faine, sans accent circonflexe, est le fruit du hêtre. Du point de vue botanique, ce sont des akènes, qui sont répartis par deux dans des cupules recouverts de poils rigides.
Les faînes constituent un apport de nourriture pour les animaux des forêts : macrofaune (sangliers, chevreuils, cerfs...) ou microfaune (oiseaux (Mésange nonnette par exemple), rongeurs (muscardin, loir)...) peu avant l'hiver au moment de la glandée.
La faîne faisait aussi partie de l'alimentation en Grèce antique. On la mangeait grillée. Les faînes contiennent 40% de matières grasses. Les faînes crues contiennent une grande quantité d'acide oxalique et du triméthylamine. Ce dernier composé est toxique si on le mange en grande quantité, mais le grillage des faînes en réduit la teneur.
Les faînes ont aussi de grandes vertus médicinales. On les fait bouillir comme des châtaignes ou on les broie pour en faire un beurre aux propriétés vermifuges ou parasiticides.
Tous les ans, mon ami Urbain s'administre un vermifuge à base de faînes qu'il récolte au moment de la glandée.
Seuls les glands se lavent avec du savon à base de faînes.
C'est curieux, il y a pourtant une ussine de savon à base de faînes, à Foug.En tous cas certains le disent
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