I had a dream !
Assoupi entre deux rendez-vous, je fis un rêve étrange et pénétrant. Sauf qu'au lieu d'une femme que j'aime et qui m'aime, comme dirait Verlaine (*), moi c'est un conducteur du RER B qui apparut, dans mon rêve à moi ! Laissez moi vous l'expliquer, le livrer à votre sagacité !
Amaigri, l'oeil terne, la mimique figée, le pauvre homme avait tout du dépressif, et croyez-moi, je sais les reconnaître. Dans ce rêve, il me raconta alors ses déboires. Sa femme venait de le quitter quelques mois auparavant et ses gosses ne voulaient plus le voir. Depuis peu il avait constaté qu'il se réfugiait dans l'alcool. Toujours en rêve, en clinicien chevronné que j'étais, je l'interrogeais afin de savoir dans quel état il se trouvait.
Il m'avouait qu'il avait de fréquents réveils nocturnes, qu'il avait minci de plus de six kilos en moins d'un mois, qu'il éprouvait des douleurs musculo-squelettiques, des problèmes digestifs, et angoissait à l'idée d'être sérieusement malade. Pour plus de sécurité, je lui faisais passer un IDB, un petit test clinique plutôt bien foutu.
Et là, sans ambages (j'aime bien dire "sans ambages"), je lui annonçais qu'il souffrait d'une dépression sévère mais qu'il avait beaucoup de chance, même une chance inouïe, parce qu'il était tombé chez un des meilleurs psys de la galaxie. J'aurais pu lui dire qu'il avait une chance de cocu, mais je ne trouvais pas cela heureux, eu égard au fait que sa femme l'avait quitté pour un autre ! Je lui demandais alors quel était le génie qui avait eu l'idée fabuleuse de l'envoyer chez moi, puisque j'étais l'homme de la situation le mec à vois, celui qui allait lui sauver la vie, en l'empêchant de se suicider !
Souriant faiblement, l'homme dépressif m'expliquait alors que justement il avait eu mes coordonnées par le docteur X, qui n'avait pas tari d'éloges à mon propos (hmmm), et l'avait assuré que j'étais l'un des meilleurs de la galaxie. Ensuite, ce brave homme se jetait à mes pieds en m'implorant de le sauver. Je le laissais toucher le bout de ma Berluti, parce que je sentais qu'il en avait besoin, puis grand et magnanime, lui demandais de reprendre place dans le fauteuil en face du mien.
Je passais ensuite au recueil anamnétique, et prenais studieusement en note ce qu'il me disait. Afin de lui ouvrir un dossier, car j'ouvre un dossier d'une chouette couleur pour chacun de mes patients, même qu'ils peuvent choisir la couleur s'ils le désirent, je lui demandais son nom. Il m'expliqua s'appeler Robert Chopinot et avoir 42 ans. J'inscrivais donc lisiblement Robert en minuscules, et CHOPINOT en majuscules sur un dossier bleu, puisqu'il avait voulu du bleu.
Professionnel comme à mon habitude, je lui demandais alors sa profession. Et là, Robert, me répondait qu'il était conducteur de RER sur la ligne B. Je me souviens parfaitement de ce moment du rêve, comme si j'avais ressenti une sorte de tension ! Tentant vainement de garder mon calme, je lui redemandais sa profession et il me répondait :" je suis conducteur de RER sur la ligne B, et comme en ce moment on fait grève, j'en profite pour venir vous voir en journée, parce que j'ai aussi des responsabilités syndicales chez SUD".
Perdant mon calme, je lui disais d'une voix forte : "vous êtes vraiment conducteur de RER sur la ligne B ??". Et là, manifestement impressionné par ma colère, il me répondait d'une petite voix, en se tassant sur son fauteuil : "oui c'est cela et je suis militant syndical chez SUD". Perdant tout contrôle, je hurlais alors :" You're talking to me asshole ?? You're talking to me fucking fonctionnaire ?". Parce que dans ce rêve je sais que je m'énervais en anglais et que je ne savais pas comment on disait fonctionnaire dans la langue de Shakespeare!
Ensuite, ivre de rage et de colère, les veines des tempes gonflées d'un lourd sang rouge charriant des globules énormes et les muscles bandés, j'attrapais ce pauvre Robert par les revers de sa pauvre veste de confection, le levais de son fauteuil, avant de le trainer vers le couloir puis vers l'entrée. Une fois là, continuant à le tenir par un de ses revers, j'ouvrais la porte massive et le jetais dehors sur le palier où il me regardait tétanisé !
Le regardant d'un oeil méchant, je lui assénais alors violemment : "espèce de pauvre merde, à cause de toi, je galère depuis plus d'une semaine, alors ta dépression je m'en branle ! Moi aussi je fais grève connard ! En sortant de chez moi, tu tournes à la première à droite, tu poursuis sur cent mètres et tu verras la Seine. Arrivé là, tu t'y balances et tu te noies. Tu ne feras plus chier personne pauvre con. Et avant de partir, je tenais à te dire que je comprends que ta femme t'ait quitté. De toute manière, je suis sûr que tu la baisais mal !". Et je lui claquais la porte au nez avec une violence peu commune.
C'est à ce moment que je me suis réveillé. La violence de l'huis se refermant me sortit immédiatement de la torpeur dans laquelle j'étais. Réveillé, je me sentais comme sonné. Même si en tant que cognitiviste, je m'intéresse peu aux rêves, je m'interrogeais tout de même sur celui-ci tant il m'avait semblé violent. Comment moi, pétri d'une bonté d'âme que jalouserait Soeur Thérésa, et d'une vocation qui aurait fait passer Schweitzer pour un salaud, en suis-je arrivé là ?!
Dieu tout puissant, tant d'années de psychanalyse pour en être resté à ce stade. Mais d'où pouvait venir ce type de conflit inconscient. Que symbolisait le RER B, le syndicat Sud, et tout ce fatras ? Quelle symbolique obscure me faudrait-il analyser afin de comprendre ce terrible rêve de colère.
La rame du RER est-elle un symbole phallique ? Rêverais-je inconsciemment d'avoir une verge aussi grande qu'une rame de huit wagons ?! Le syndicat SUD est-il une allégorie au fait que je voudrais inconsciemment m'établir dans le sud de la France ? Je me demande ! Suis-je inconsciemment un abruti à petite bite rêvant de vivre dans le sud de la France ? Ou plus simplement, aurais-je une raison d'en vouloir aux conducteurs du RER B ? Voilà la question qui me taraude ! Quoiqu'il en soit, sachez que dès demain je soumets ce rêve à un confrère psychanalyste chevronné ! Freud, moi qui t'ai tant méprisé; pardonne-moi et aide-moi !
Au-delà de ce rêve stupide mais néanmoins préoccupant, permettez-moi de vous rassurer en vous assurant que ce genre de situations ne peut évidemment pas arriver. Si un conducteur de RER B se présentait à moi, il est clair que j'agirais professionnellement en mettant de côté mes légitimes récriminations catégorielles de contribuable victime de la grève de ces connards.
Il se trouve que contrairement à d'autres catégories d'individus, nous possédons ce que l'on appelle un code de déontologie. C'est à dire des principes éthiques auxquels nous devons nous conformer. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas dans notre profession, comme dans toute autre, des moutons noirs aux comportements abominables. Cependant, le respect d'une éthique est formellement exigé.
Pour rappel, le déontologisme (dérivé d'un mot grec signifiant obligation ou devoir) est la théorie éthique qui affirme que chaque action humaine doit être jugée selon sa conformité (ou sa non-conformité) à certains devoirs. Un Code de déontologie régit un mode d'exercice d'une profession ou d'une activité en vue du respect d'une éthique. C'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public. La déontologie, terme issu du grec deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et de logos, discours est la science morale qui traite des devoirs à remplir.
Cette déontologie rappelle que quelques soient nos sentiments, justes ou non, certains principes d'équité, de respect et de loyauté, nous transcendent en exigeant de nous des comportements dignes de la mission qui nous est confiée. Fut pourtant un temps où les fonctionnaires et assimilés prêtaient serment.
Manifestement si je suis aujourd'hui traité comme une merde par Robert CHOPINOT, conducteur d'une rame de RER B, que celui-ci sache que lui ne sera pas traité comme une merde par d'autres catégories de personnes. Robert et moi n'appartenons pas au même monde. On dit que même les voyous ont un code d'honneur, manifestement certaines personnes sont très en dessous des voyous.
Robert est vraiment un petit garçon.
Amaigri, l'oeil terne, la mimique figée, le pauvre homme avait tout du dépressif, et croyez-moi, je sais les reconnaître. Dans ce rêve, il me raconta alors ses déboires. Sa femme venait de le quitter quelques mois auparavant et ses gosses ne voulaient plus le voir. Depuis peu il avait constaté qu'il se réfugiait dans l'alcool. Toujours en rêve, en clinicien chevronné que j'étais, je l'interrogeais afin de savoir dans quel état il se trouvait.
Il m'avouait qu'il avait de fréquents réveils nocturnes, qu'il avait minci de plus de six kilos en moins d'un mois, qu'il éprouvait des douleurs musculo-squelettiques, des problèmes digestifs, et angoissait à l'idée d'être sérieusement malade. Pour plus de sécurité, je lui faisais passer un IDB, un petit test clinique plutôt bien foutu.
Et là, sans ambages (j'aime bien dire "sans ambages"), je lui annonçais qu'il souffrait d'une dépression sévère mais qu'il avait beaucoup de chance, même une chance inouïe, parce qu'il était tombé chez un des meilleurs psys de la galaxie. J'aurais pu lui dire qu'il avait une chance de cocu, mais je ne trouvais pas cela heureux, eu égard au fait que sa femme l'avait quitté pour un autre ! Je lui demandais alors quel était le génie qui avait eu l'idée fabuleuse de l'envoyer chez moi, puisque j'étais l'homme de la situation le mec à vois, celui qui allait lui sauver la vie, en l'empêchant de se suicider !
Souriant faiblement, l'homme dépressif m'expliquait alors que justement il avait eu mes coordonnées par le docteur X, qui n'avait pas tari d'éloges à mon propos (hmmm), et l'avait assuré que j'étais l'un des meilleurs de la galaxie. Ensuite, ce brave homme se jetait à mes pieds en m'implorant de le sauver. Je le laissais toucher le bout de ma Berluti, parce que je sentais qu'il en avait besoin, puis grand et magnanime, lui demandais de reprendre place dans le fauteuil en face du mien.
Je passais ensuite au recueil anamnétique, et prenais studieusement en note ce qu'il me disait. Afin de lui ouvrir un dossier, car j'ouvre un dossier d'une chouette couleur pour chacun de mes patients, même qu'ils peuvent choisir la couleur s'ils le désirent, je lui demandais son nom. Il m'expliqua s'appeler Robert Chopinot et avoir 42 ans. J'inscrivais donc lisiblement Robert en minuscules, et CHOPINOT en majuscules sur un dossier bleu, puisqu'il avait voulu du bleu.
Professionnel comme à mon habitude, je lui demandais alors sa profession. Et là, Robert, me répondait qu'il était conducteur de RER sur la ligne B. Je me souviens parfaitement de ce moment du rêve, comme si j'avais ressenti une sorte de tension ! Tentant vainement de garder mon calme, je lui redemandais sa profession et il me répondait :" je suis conducteur de RER sur la ligne B, et comme en ce moment on fait grève, j'en profite pour venir vous voir en journée, parce que j'ai aussi des responsabilités syndicales chez SUD".
Perdant mon calme, je lui disais d'une voix forte : "vous êtes vraiment conducteur de RER sur la ligne B ??". Et là, manifestement impressionné par ma colère, il me répondait d'une petite voix, en se tassant sur son fauteuil : "oui c'est cela et je suis militant syndical chez SUD". Perdant tout contrôle, je hurlais alors :" You're talking to me asshole ?? You're talking to me fucking fonctionnaire ?". Parce que dans ce rêve je sais que je m'énervais en anglais et que je ne savais pas comment on disait fonctionnaire dans la langue de Shakespeare!
Ensuite, ivre de rage et de colère, les veines des tempes gonflées d'un lourd sang rouge charriant des globules énormes et les muscles bandés, j'attrapais ce pauvre Robert par les revers de sa pauvre veste de confection, le levais de son fauteuil, avant de le trainer vers le couloir puis vers l'entrée. Une fois là, continuant à le tenir par un de ses revers, j'ouvrais la porte massive et le jetais dehors sur le palier où il me regardait tétanisé !
Le regardant d'un oeil méchant, je lui assénais alors violemment : "espèce de pauvre merde, à cause de toi, je galère depuis plus d'une semaine, alors ta dépression je m'en branle ! Moi aussi je fais grève connard ! En sortant de chez moi, tu tournes à la première à droite, tu poursuis sur cent mètres et tu verras la Seine. Arrivé là, tu t'y balances et tu te noies. Tu ne feras plus chier personne pauvre con. Et avant de partir, je tenais à te dire que je comprends que ta femme t'ait quitté. De toute manière, je suis sûr que tu la baisais mal !". Et je lui claquais la porte au nez avec une violence peu commune.
C'est à ce moment que je me suis réveillé. La violence de l'huis se refermant me sortit immédiatement de la torpeur dans laquelle j'étais. Réveillé, je me sentais comme sonné. Même si en tant que cognitiviste, je m'intéresse peu aux rêves, je m'interrogeais tout de même sur celui-ci tant il m'avait semblé violent. Comment moi, pétri d'une bonté d'âme que jalouserait Soeur Thérésa, et d'une vocation qui aurait fait passer Schweitzer pour un salaud, en suis-je arrivé là ?!
Dieu tout puissant, tant d'années de psychanalyse pour en être resté à ce stade. Mais d'où pouvait venir ce type de conflit inconscient. Que symbolisait le RER B, le syndicat Sud, et tout ce fatras ? Quelle symbolique obscure me faudrait-il analyser afin de comprendre ce terrible rêve de colère.
La rame du RER est-elle un symbole phallique ? Rêverais-je inconsciemment d'avoir une verge aussi grande qu'une rame de huit wagons ?! Le syndicat SUD est-il une allégorie au fait que je voudrais inconsciemment m'établir dans le sud de la France ? Je me demande ! Suis-je inconsciemment un abruti à petite bite rêvant de vivre dans le sud de la France ? Ou plus simplement, aurais-je une raison d'en vouloir aux conducteurs du RER B ? Voilà la question qui me taraude ! Quoiqu'il en soit, sachez que dès demain je soumets ce rêve à un confrère psychanalyste chevronné ! Freud, moi qui t'ai tant méprisé; pardonne-moi et aide-moi !
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Au-delà de ce rêve stupide mais néanmoins préoccupant, permettez-moi de vous rassurer en vous assurant que ce genre de situations ne peut évidemment pas arriver. Si un conducteur de RER B se présentait à moi, il est clair que j'agirais professionnellement en mettant de côté mes légitimes récriminations catégorielles de contribuable victime de la grève de ces connards.
Il se trouve que contrairement à d'autres catégories d'individus, nous possédons ce que l'on appelle un code de déontologie. C'est à dire des principes éthiques auxquels nous devons nous conformer. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas dans notre profession, comme dans toute autre, des moutons noirs aux comportements abominables. Cependant, le respect d'une éthique est formellement exigé.
Pour rappel, le déontologisme (dérivé d'un mot grec signifiant obligation ou devoir) est la théorie éthique qui affirme que chaque action humaine doit être jugée selon sa conformité (ou sa non-conformité) à certains devoirs. Un Code de déontologie régit un mode d'exercice d'une profession ou d'une activité en vue du respect d'une éthique. C'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public. La déontologie, terme issu du grec deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et de logos, discours est la science morale qui traite des devoirs à remplir.
Cette déontologie rappelle que quelques soient nos sentiments, justes ou non, certains principes d'équité, de respect et de loyauté, nous transcendent en exigeant de nous des comportements dignes de la mission qui nous est confiée. Fut pourtant un temps où les fonctionnaires et assimilés prêtaient serment.
Manifestement si je suis aujourd'hui traité comme une merde par Robert CHOPINOT, conducteur d'une rame de RER B, que celui-ci sache que lui ne sera pas traité comme une merde par d'autres catégories de personnes. Robert et moi n'appartenons pas au même monde. On dit que même les voyous ont un code d'honneur, manifestement certaines personnes sont très en dessous des voyous.
Robert est vraiment un petit garçon.
4 Comments:
Fonctionnaire se dit Civil servant dans la langue de Shakespear. Mais aussi wanker.
Merci Alexis !
Branleur, c'est pas un synonyme pour fonctionaire ?
Branleur, c'est bien sur "wanker" en anglais !
Coincidence ? I think not !
PS: Monsieur le blogueur, avez vous pense a mettre les commentaires en libre ?
Tss tss, je vous rappelle chez confrère que c'est le syndiqué qui est conducteur. Pas vous.
Vous fantasmez donc qu'il vous prenne virilement par la face Sud.
Tous des enc*lés vous dis-je !
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