24 septembre, 2008

Les preux chevaliers du XXIème siècle !

Chevalier de la RATP combattant l'hydre libérale !
(collection SUD)

Aujourd'hui, mardi, il y avait un "mouvement social" sur la ligne B du RER. J'adore ce terme de "mouvement social". La grève de ces nantis est devenue tellement impopulaire et ses objectifs délirants, qu'il a fallu inventer un néologisme pour faire passer la pilule.

Ah, j'attends demain pour lire la rubrique Voix express, le microtrottoir du Parisien et voir tous les mensonges qu'on va nous livrer. Comme d'habitude, on retrouvera les idiots utiles qui diront qu'ils comprennent les agents de la RATP et qu'ils les soutiennent dans leur combat même s'ils en pâtissent dans leur vie quotidienne. Il y en aura forcément un qui nous sortira sentencieusement que de toute manière la grève est un droit !

Moi, je m'en fous, j'ai tout prévu. J'ai pris ma moto et je suis allé à Paris. Il faisait encore doux et c'était sympa. La dernière fois, je m'étais tout de même escrimé à prendre un RER. C'était peine perdue, la gare était carrément fermée.

J'avais tout de même eu le loisir d'interroger un agent venu là faire on ne sait quoi, sur les motifs de cette grève. Il avait été fort peu explicite, s'embrouillant totalement. Comme j'avais été un poil agressif, enfin juste ce qu'il faut, j'avais eu la réponse suivante :

"Je vous comprends monsieur, je sais que cela vous ennuie. Mais dites vous que notre mouvement social, c'est aussi pour vous qu'on le fait parce qu'on sait que vous, vous ne pouvez pas faire grève !".

J'avais été estomaqué d'entendre ce type m'expliquer qu'il m'empêchait d'aller bosser pour mon bien. Je me demandais combien avait été payé le "conseiller en communication de crise" pour leur avoir appris à proférer un tel mensonge, une telle énormité.

Sans se dégonfler, l'homme en uniforme verdâtre de la RATP m'avait asséné qu'il faisait grève pour me rendre service. Et pourtant, je suis sur que ce pauvre type croyait ce qu'il disait. Lui, le nanti, à l'abri du risque, des cadences infernales, de la promotion au mérite, de la concurrence et du travail, m'expliquait que moi qui ne voyais en lui qu'un fainéant abusant de son statut, je me trompais lourdement.

Sur de lui, de sa réthorique apprise dans quelque cellule de SUD ou de la CGT, il m'avait expliqué sans ciller, qu'en fait, il était en fait une sorte de preux chevalier dont la mission était de nous protéger, nous pauvres proies privées, des griffes du libéralisme.

Cet agent de la RATP était en fait un moine priant pour le salut de nos âmes, à nous pauvres hères perdus dans un monde matérislite soumis à l'influence du malin. J'avais confondu sa robe de bure avec un uniforme de la RATP. Satan m'avait aveuglé au point de confondre ce saint homme avec un voyou.

Ce prototype même de cette France rancie, incapable de bouger, de se remettre en question, m'expliquait posément qu'il était Saint-Georges combattant le dragon de l'ultra-libéralisme, un guerrier œuvrant pour mon bien comme les chevaliers du temps jadis. Les assemblées générales votant ou non la reconduction de la grève étaient la table ronde des temps modernes.

Là où je n'avais vu que privilèges et avantages indûment acquis sur le dos de la collectivité, repli frileux sur des positions intolérables, j'aurais du comprendre tradition, honneur et défense de la veuve et de l'orphelin.

Un jour peut-être, je deviendrai escroc ou voleur et j'expliquerai à mes victimes que je les ai volées pour leur bien. Je m'entrainerai à faire passer mes méfaits pour de la justice sociale. Je serai le nouveau Robin des Bois. Si, je suis arrêté, j'expliquerai au procureur et au juge d'instruction, que là où ces aveugles ne voient qu'actes délictueux, se dissimule en fait de la générosité que ma trop grande humilité m'empêche d'afficher.

Un aussi, plutôt que d'aller s'enrôler dans des ONG improbables pour risquer la mort ou l'enlèvement sous des soleils lointains, les jeunes idéalistes s'enrôleront en masse à la RATP conscient de la mission humanitaire et civilisationelle de cette grande administration.

Perdu dans un monde bien complexe, je ne vois décidément pas plus loin que mon nez.

Scoop : ils en étaient !

3 Comments:

Blogger BLOmiG said...

ça c'est du bon !

effectivement, j'ai déjà entendu pendant les grêves cette réplique qui tue : "on fait grêve pour vous qui ne pouvez pas la faire"...

D'où je ne peux pas faire grêve ? D'où quelqu'une s'arroge le droit de le faire pour moi.

Le respect du droit de travailler est un des piliers de la liberté individuelle. Ils se comportent donc de manière liberticide, tout en étant persuadé d'être, comme tu le dis si bien, de preux chevaliers.

Tout ça est à gerber ;
Mais ça n'est que la suite logique de l'idéologie étatiste et constructiviste : il devient légitime de décider de ce qui est bien à la place des autres.

à bientôt !

24/9/08 11:54 AM  
Blogger El Gringo said...

Excellent mon cher Phi... euh... Monseigneur.

24/9/08 12:22 PM  
Blogger philippe psy said...

Lomig, El Gringo : Je sens en vous luire l'étincelle de l'altruisme et du don de soi. Quittez le monde profane et entrez à la sainte RATP !

25/9/08 1:33 AM  

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