15 avril, 2012

Douleurs perçues !

Parfois le roi des animaux, l'homme, est à la merci d'un virus qui provoque le terrible rhume !

Chaque fois que j'ai un rhume, je vis un vrai cauchemar. Alors que j'aurais besoin de soutien, de tendresse, d'empathie, d'aide, en bref que l'on me comprenne, me plaigne et me vienne en aide, mon épouse au mieux se fiche de mes plaintes et au pire se met en colère en jugeant que je suis pénible !

Oui, alors qu'elle m'a épousé pour le meilleur et pour le pire, voici que lorsque le pire arrive, un rhume, elle me lâche totalement pour vaquer à ses occupations, me laissant avec mon nez bouché et mon activité cognitive réduite. Le monde est vraiment cruel mais j'ai trop lu les stoïciens pour m'en étonner. Alors je reste seul avec mon terrible rhume, me jetant avec le peu de forces qui me restent sur un doliprane ou un efferalgan pour tenter d'apaiser mon calvaire !

De plus, mon épouse comme toutes les femmes, a un sens pratique très développé mais n'est pas encline à comprendre des choses plus complexes et abstraites. C'est pourquoi notre couple, je suis celui qui pense tandis qu'elle remplit les déclarations d'impôt, signe les T.I.P. et les envoie, gère l'approvisionnement et de manière générale toutes ces menues tâches ancillaires. De mon côté, assis dans un fauteuil ou vautré sur un canapé, je lis des livres ou je surfe, avide de connaissances. La spécialisation de l'espèce est vraiment bien faite ne trouvez-vous pas ?

Parce que comme je lui dis souvent : comment peux-tu dire que je n'ai qu'un rhume et que je ne devrais pas me plaindre ? Es-tu donc en moi pour connaitre mon degré de souffrance ? Mes nocicepteurs sont-ils sans secrets pour toi pour que tu puisses ainsi invoquer de ma part un côté douillet alors tel n'est pas le cas mais que je serais plutôt une sorte de chêne solide sur lequel tu peux t'appuyer (enfin sauf pour les tâches ancillaires pour lesquelles je ne suis pas programmé) ?

Dans les faits, il semble que plusieurs recherches entreprises depuis le milieu des années deux-mille le prouvent, le ressenti de la douleur soit différent selon que l'on soit un homme ou une femme. On imagine que tandis que l'homme séparerait presque totalement douleur physique et douleur morale, la femme en soit incapable mélangeant allègrement les deux.

Dès lors, on peut imaginer que si les plaintes masculines en termes de douleurs morales soient moindres, c'est qu'ils possèdent ou plutôt croient posséder en eux-même les capacités de régler ce genre de problèmes par eux-mêmes. C'est bien connu que les hommes estiment pouvoir tout, tout seul et tout le temps. Ce qui nous vaut généralement une patientèle masculine bien plus abimée dans nos cabinets que la patientèle féminine. Parce que pour qu'il consulte, il faut que l'homme en soit à vouloir se pendre. Et encore ce n'est pas toujours évident !

Peut-être que cette surestimation de ses capacités cognitives à traiter tous les problèmes rend pour l'homme le simple rhume insupportable. Parce que si le rhume ne provoque pas une douleur intense, il rend suffisamment brumeux pour rendre impossible toute concentration et toute production de pensées durant quelques jours et ça, c'est insupportable ! Nous sommes, par un simple petit virus, soudainement privés de notre pouvoir et vidés de nos fonctions vitales qui font de nous des hommes. Tout se dérègle en même temps, on tousse, on renifle, on se mouche et on ne parvient plus à penser. Notre prestance, élément indispensable à notre existence, en prend un sacré coup.  Donc plutôt que de vous moquer de nous en inventant des expressions aussi foireuses que grippe d'homme comme au Québec par exemple, il faudrait sans doute s'intéresser aux répercussions d'un simple rhume sur notre destin d'homme !

Pour moi, ce n'est qu’intuitif mais je le tiens pour acquis, si un simple rhume est si difficile à vivre c'est que nous sommes le produit de la biologie et de constructions sociales qui font que pour un homme, ne plus penser et avoir le cerveau comme de la gelée est insupportable !

En revanche, il semblerait que pour les femmes, douleurs morales et physiques soient inextricablement liées. Une femme aurait plus vite mal et de façon plus intense qu'un homme quelle que soit la zone douloureuse selon des études de la Société Française d'Etudes de la Douleur. Des statistiques semblent démontrer que les femmes souffrent 150 fois plus de migraines, se plaignent 60 fois plus de douleurs aux genoux, 40 fois plus de douleurs cervicales et 30 fois plus de douleurs aux genoux. Pour comprendre cela, on ne possède que des hypothèses.

Ainsi, on peut imaginer que stimulé dès l'adolescence par les maux du cycle menstruel, le système nerveux féminin pourrait être plus réceptif à la douleur, un peu comme si la persistance de douleurs chroniques provoquaient une souffrance psychologique rendant les femmes plus réceptives aux douleurs physiques.

Les émotions semblent aussi jouer un rôle important en provoquant chez les femmes un ressenti différent en présence de douleur physique. Même si le circuit nerveux est identique entre les sexes, il se pourrait que les émotions comme l'appréhension, l'angoisse et le stress interfèrent davantage chez les femmes, ce que montre l'imagerie médicale. 

Dans une perspective psychosociale, une faiblesse de revenus, des situations de rupture, la précarité professionnelle ou encore la solitude peuvent former un contexte favorisant l'apparition de douleurs chroniques voire une somatisation. Alors que confrontés aux mêmes maux, un homme a plus de chances de trouver des dérivatifs.

Bref, les recherches le confirmeront sans doute ces prochaines années, si un homme enrhumé vit un calvaire, il semble pourtant que ce soit les femmes qui se plaignent le plus malgré la réputation que l'on nous fait d'être douillets ! 

C'est pour cela que tandis que je réclame justement que mon épouse me plaigne et me prodigque une attention constante quand j'ai un vilain rhume et que je me mouche (j'en ai les larmes aux yeux rien que de penser à cela), je ne la plains que rarement lorsque par hasard elle ose me faire part d'une douleur quelconque.

Là, je me redresse et d'un ton n'admettant aucune réplique, je lui explique doctement qu'en fait elle croit avoir mal mais que c'est dans sa tête et qu'en fait elle n'a rien, du moins rien d'assez grave qui puisse l'empêcher de vaquer à ses menues occupations auxquelles elle prend toujours plaisir (travaux administatifs, cuisine, ménage, logistique diverse et variée). 

Bien sur, peu avide de comprendre ce qui se passe en elle, elle ose se mettre en colère, me traitant de macho ou pire osant carrément me dire : ah la la quand toi tu as un rhume, tu geins comme une gamine mais moi je n'ai pas le droit de me plaindre !

Mais je ne renonce pas à l'édification patiente de sa culture scientifique en lui expliquant que tout cela est fort compliqué et qu'elle manque sincèrement de connaissances en psychologie, neurologie et endocrinologie pour admettre qu'en fait elle n'a pas si mal qu'elle le pense mais QU'ELLE CROIT AVOIR MAL ! 

Et lorsque malgré toute la patience dont je suis capable, elle reste butée, rejetant toutes mes explications, je me tais alors me contentant d'un : tu crois tout savoir mais est-ce que je te donne des cours de droit moi ? Non ! Ah si un jour tu pouvais avoir mon humilité et ne pas imaginer tout savoir !

Décidément si des études scientifiques récentes et à venir semblent prouver que les femmes seraient plus sensibles à la douleur que les hommes, il est certain que les avocats sont imbus de leur personne et croient tout connaitre !

1 Comments:

Blogger Orage said...

Depuis que je me suis fait vacciner contre la grippe je n'ai plus eu aucun rhume.

2/5/12 5:17 AM  

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