06 avril, 2012

Les RH !

Photo conne utilisée pour illustrer l'entreprise "où l'on croit en l'homme" !

Récemment un de mes jeunes patients, je crois me souvenir que c'était un centralien ou peut-être un plus modeste Gadzart me parlait des RH en mettant en doute leurs compétences. Pardonnez-moi de citer les écoles mais bon, leur prestige rejaillit sur moi parce que je me dis que j'avais vu juste en estimant que mon lectorat était sans doute le plus brillant qui soit ! En revanche, je ne citerai pas les écoles de moindre importance parce qu'elles ne flattent pas assez mon gros ego et puis que de toute manière vous ne les connaîtriez peut-être même pas ?!

Bref ce jeune homme brillant que j'ai l'honneur de compter parmi mes lecteurs et patients, moi qui ne suis qu'un infâme vermisseau, mettait donc en doute la pertinence des choix de la RH de la société dans laquelle il végétait jusqu'à présent. Bien que je puisse servir de modèle à un sculpteur qui se proposerait de sculpter une allégorie à la neutralité, je ne pus qu'opiner vigoureusement du chef afin de manifester ma totale et entière adhésion à son jugement.

C'est vrai qu'en quinze de métier, j'ai vu un nombre incalculable de personnes en butte à de misérables tracasseries du fait de leur hiérarchie alors que personnellement je n'avais eu aucun problème avec ces personnes. Carrières empêchées, misérables vexations, procédures idiotes systématisées, etc., tout semble concourir pour dégoûter les gens d'aller bosser. Et il semblerait que plus la boîte soit importante, plus les erreurs augmentent comme si au fur et à mesure que le nombre de salariés croissait, les responsables des RH voyaient croître aussi leur niveau d'études et donc le fatras d'idioties qu'on apprend au sujet de la gestion des ressources humaines et qui transforme n'importe quel honnête homme en crétin pompeux.

C'est toujours assez amusant de voir des idiots incapables de sentir les choses et de prendre une décision par eux-mêmes s'entourer de systèmes-experts destinés à leur éviter les erreurs. Les procédures se mettent alors en place à grands renforts de tests psycho-techniques, de procédures apparemment mûrement élaborée mais finalement totalement arbitraires, de théories fumeuses, de grilles diverses et variées et d'évaluations, la totalité étant sensée aboutir au Graal : la totale objectivité !

Curieusement quand ces mêmes ingrédients sont administrés à une société cela donne au mieux une planification à la française et au pire l'URSS, en bref une sorte de monstre qui à l'instar de Chronos finit par dévorer ses enfants pour continuer à persister.

Le problème de cette manière de faire la RH est qu'elle repose sur une erreur consistant à confondre objectivité et vérité. En tant que telle, l'objectivité est ce qui caractérise un objet, par opposition à ce qui caractérise un sujet.Elle caractérise ce qui est propre à l'objet ou, plus généralement, ce qui constitue un objet. L'objectivité s'oppose donc à ce qui n'est qu’apparence, illusion ou fiction mais aussi à ce qui ne serait que mental ou spirituel et donc inobservable puisqu'uniquement ressenti. L'objectivité suppose donc l'invariance (ce qui ne change pas) et l'altérité (ce qui est différent de nous. On constate donc déjà la difficulté à réaliser cette objectivité lorsqu'il s'agit pour un individu d'en juger un autre !

Enfin dans une perspective épistémologique, rappelons que l'objectivité n'est pas synonyme de vérité ! L'objectivité constitue plus un gage de bonne foi, un indice de confiance, et une mesure de la qualité des faits rapportés que l'assurance de la vérité. Ainsi, en sciences dures, certaines théories étaient objectives en leur temps du fait des connaissances de l'époque tout en s'étant révélées fausses.

Dans la psychologie, le DSM frôle et s'enfonce même parfois dans cet écueil car en prétendant pourtant à l'objectivité. Ainsi même si son côté pratique est évident, il apparaît comme une sorte d'américanisation de la pathologie mentale, un fast-food du diagnostic, qui enferme dans le physique, l'observable, le symptôme pur et peu gradué, en faisant, et c'est le comble, le sacrifice de la vie psychique du patient. Des traits de caractères sont psychiatrisés à outrance tandis que des troubles de l'humeur sont totalement banalisés.

Tout ceci pour dire que les RH, une discipline qui devrait pourtant être liée intimement à la psychologie, lorsqu'elles ne sont issues que de procédures, celles où l'on fait venir un candidat dix fois par peur de se tromper dans un recrutement ou celles où l'on propose une grille de gestion de carrière sont généralement objectives mais d'une manière si limitées que cela confine parfois au ridicule. Parce que finalement la seule assurance que l'on ait, c'est que même si elles sont fausses, erronées et bâties sur des théories fumeuses, ceux qui  ont produit ces théories étaient sans doute de bonne foi ! Or, admettons que la bonne foi pour toute corpus de connaissance accouche le plus souvent de systèmes fantoches que de vérités. On se retrouve donc depuis Taylor avec une simplification à outrance de l'individu au travers de l'application erronée de ce que l'on appelle "les sciences de l'ingénieur" à un secteur bien plus complexe.

Finalement, le "nez", le "bon sens" ou encore "l'intuition" ou quelque soit le nom que l'on voudra donner à ce sixième sens que l'on possède tous en nous à des degrés divers possède sans doute autant de valeur que ces théories fumeuses. Même si ce fameux bon sens dont on se défie (parfois à juste raison) ne peut faire l'économie de certaines connaissances.

Mais avouez que dire que vous avez recruté untel parce que "vous le sentiez bien" a moins de gueule que d'expliquer que "le sujet a répondu positivement à la batterie de tests prévue dans le processus de recrutement" et si vous parsemez le tout d'anglicismes, ce sera encore mieux !

Après avoir discuté de tout cela avec mon patient, j'abordais alors le rôle de la psychologie du travail dans les RH. Et ma foi, autant que je puisse l'avoir constaté, je crois que les personnes recrutées aux RH sont le plus souvent de formation juridique et aptes à traiter les problèmes légaux qu'humains. La psychologie du travail, plutôt développée outre-atlantique, conserve pour l'entreprise française des relents de gauchismes et d'idéologie qui ne la font pas tellement apprécier.

Pourtant pour avoir suivi la formation en psychologie du travail à l'INETOP, je constate qu'au-delà des orientations idéologiques sous-jacentes, j'ai réellement obtenu bien plus de connaissances que celles que j'avais par exemple acquises auparavant dans un DEA d'organisation appliquée à l'IAE de Paris où ce que l'on m'a enseigné du management relevait plutôt du bricolage, que de connaissances issues de recherches effectives.

En bref, si vous vous intéressez aux RH, je ne puis que vous recommander la lecture de ces trois ouvrages :

  • Souffrance en France, Christophe Dejours, Point ;

  • La fonction psychologique du travail, Yves Clot, PUF ;

  • RH, les apports de la psychologie du travail, Lévy-Leboyer et coll., Editions de l'organisation ;


Forts de ces lectures, vous constaterez que les gauchistes n'ont pas toujours tort et vous aurez en outre l'insigne honneur et l'avantage certain d'avoir lu des ouvrages que peu de prétendus spécialises des RH ont lus ce qui vous donnera une longueur d'avance sur eux et vous permettra de comprendre des tas de trucs marrants comme tout que vous n'auriez même pas imaginés !

Ainsi, si à juste titre vous pensez que dans votre boîte les RH sont un ramassis de connards, et c'est votre droit le plus strict, apprenez à l'être moins qu'eux ! Bonne lecture.

1 Comments:

Blogger Christine said...

Les livres et théories RH ne sont que prétextes aux règlements de comptes.
On ne parle que rarement, en matière de RH et autres "sciences" molles, de la dégringolade sociale qu'ont connus ces métiers. Dans les bonnes entreprises, on est passé du jeune colonel chef du personnel ou équivalent, entouré de jeunes femmes de bonnes familles, à des femmes-femmes, et je suis polie. Le taux de féminisation est le seul indicateur scientifique dans ces domaines, en attendant que les taux d'extranéité prenne sens, et il est formel : ces métiers sont ravagés par la bêtise et la vulgarité, et ils commencent une tiers-mondisation méritée, par voies interne et externe (les cv, les rapports, les video et les trucs à cases sont aussi bien notés chez les Papous).

Comme les trucs de psy, les RH servent à tout, y compris à anéantir ses proches. Un poste RH est donc devenu une bonne occasion pour une personne de première génération de diplômés, ou jalouse de ses frères, de régler ses comptes avec des gens mieux nés, vraiment diplômés et altruistes, et donc souvent ingénieurs. C'était prévisible, les femmes-filles ne sont là que pour ça, à la demande de dirigeants trop gras et repus, qui croient que la production peut bien être confiée à n'importe qui, surtout les deux meilleurs milliards du tiers-monde portant cravate. Et plus elles sont perverses, plus elles montent, les autres sont renvoyées dans leur foyer vide après usage.

Mais évidemment, les pions de la RH font où on leur dit de faire et ne font que suivre les consignes des profs du public, mais surtout de la télé qui les a élevées. Si les agents faisant nounous et la toile cirée qui les a entendu s'éduquer pouvaient parler, ça serait pire. Heureusement, la télé leur a donné le goût du confort, et elles ont laissé encore un peu les hommes travailler, parce que le lave-linge qui marche est un droit de l'homme et qu'elles aspiraient encore à partager la paye d'un homme où à en hériter.

Mais il vient déjà une autre génération de RH et autres pseudo-diplômés, qui ne croit même plus au lave-linge, au concubinage, aux héritages, au surgelé pour invités et à la télé, et pour qui le travail est un truc virtuel que des esclaves sous-traités peuvent faire aussi bien, pardon mieux, puisqu'ils disparaissent comme des livreurs, sans avoir parlé de la qualité du travail, ni prononcé un mot trop difficile et humiliant pour les fonds de classes de France recyclés.

Je ne les aiment pas ? Non, je les aime à leur place ces pauvres filles : comparant les produits ménagers en chantant les airs recommandés par les radios. Je leur souhaite le bonheur de leurs ancêtres recevant des produits bien faits dans la sécurité de leur foyer-entreprise, pleines d'heureux souvenirs de leurs scolarité ratée, d'exercices infaisables, et d'un bac inaccessible, puis de la liberté retrouvée et de la rencontre, grâce au travail et aux bals, de gens qui en savaient beaucoup plus, et surtout un, leur grand amour. Voilà tout le bien qu'il faut leur souhaiter, et qui leur serait rendu après la faillite, si elles n'avaient pas mis en place leurs pires ennemis, des gens qui veulent les faire disparaître et qui n'ont pas leurs inhibitions.

D'ailleurs la France étant le premier pays des règlements de comptes autorisés contre les véritables élites, il est aussi champion des psychotropes à tout âge, du chômage, de la collectivisation des ressources, des guignols d'état et des mauvaises rencontres recommandées, y compris en entreprise.

28/4/12 12:25 PM  

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