12 avril, 2012

Nouvelle lubie !

Le pigeon paon c'est vraiment la classe !

Je suis sujet aux lubies. A un autre siècle on aurait dit de moi que j'étais une sorte de lunatique, c'est à dire étymologiquement, quelqu'un dont les comportements sont gouvernés par les mouvements de la lune. Quoique, je ne sois pas un lunatique stricto sensu, puisque ce terme servait auparavant à qualifier les personnes souffrant de troubles bipolaires. 

Je crois que l'on m'aurait qualifié autrement, on aurait dit de moi que j'étais un "original", forme plaisante, mesurée et aimable servant à désigner les individus un peu marginaux et étranges mais gentils. Une sorte d'idiot du village pas tout à fait idiot mais pas totalement intégré non plus, un type dont on se dit qu'il est à l'ouest mais pas suffisamment pour le classer dans les débiles patentés.

Bref, je suis comme je suis et je m'en fous. Et c'est vrai que je suis sujet aux lubies auxquelles je cède parfois comme Ulysse écoutant les sirènes. Ma dernière lubie ce sont les pigeons. Voici trois ans, moi qui suis doté de deux pieds gauches en guise de main, je me suis mis en tête de construire une volière. Il se trouve que dans mon jardin, j'avais un emplacement idéal où au milieu d'un massif d'arbustes, je m'étais dit qu'un édicule serait du plus charmant effet.

C'est ainsi que je me mis à construire de toutes pièces une volière. Pourquoi une volière d'ailleurs ? Je n'en sais rien. Peut-être parce que j'aime bien les oiseaux et qu'une volière ça fait cossu  dans un jardin. Allant chercher bardeaux, cornières métalliques et grillage à fines mailles et peinture, je me mis fiévreusement à réaliser ce que mon esprit dément m'avait fait entrevoir. Mes mains virevoltant, se saisissant tour à tour de la scie, du rabot, du tournevis et du pinceau, donnèrent ainsi naissance à une charmante construction que d'aucuns, beaucoup moins humbles que je ne suis auraient appelé une "folie" ou encore "fabrique de jardin" !

En vérité (je vous le dis), la réalisation s'est étalée sur trois ans car entre temps j'ai été l'objet d'autres crises lubiques qui m'ont amené à lâcher ma volière pour voler vers d'autres cieux. Mais en fin de compte, elle est maintenant là et bien là, sauf la porte que j'ai laissée traîner tout l'hiver dehors et qui se trouve maintenant gondolée et impropre à tout usage. Bon, le résultat est plus probant de loin parce que j'ai pu constater que si j'étais champion pour la manipulation abstraite de toutes les données possibles et inimaginables, je suis incapable de donner corps proprement à un projet. 

Petit déjà alors que je dessinais pourtant bien, je mettais de la peinture partout. Et mes vieux lecteurs se souviendront de mon expérience de maquettiste amateur qui m'a fait me poser la question de savoir si je n'étais pas un dyspraxique non diagnostiqué. Bref, esthète dans mes idées, je me mue en goret voire en verrat dès lors qu'il s'agit de faire quelque chose de mes mains ! Je me révèle donc comme étant un véritable intello pour qui toute praxis semble impossible ; ma demeure ce sont les cimes de la pensées et non la concrétisation vulgaire de projets. On se rassure comme on peut et d'ailleurs comme le me disait récemment un charmant patient venu de Lyon : le secret pour vivre bien c'est de se mentir à soi-même !

Pour parachever le tout, j'ai eu la sotte idée de me faire aider par Lapinou pour les finitions. Comme le pauvre garçon est aussi limité que moi en aptitudes manuelles, cela n'a pas transfiguré le résultat de ma démarche en termes de finitions. Quelle drôle d'idée ai-je donc eue de me faire aider par un socialiste ?

Ma volière est donc de guingois, peinturlurée à la va-vite et le toit est fuyard mais j'ai eu soin de le protéger par en dessous de longues feuilles de plastique transparent punaisées presqu'invisibles à moins de passer la tête par en dessous ce que personne ne fera jamais : malin le garçon non ? De toute manière, il faut vraiment l'observer de près pour voir qu'elle a été réalisée par le mec le moins manuel du monde. De loin, c'est à dire, vue de ma terrasse, elle est pleine de charme et on la croirait là depuis toujours. Et d'ailleurs si on m'en parle, je suis suffisamment imaginatif pour dire qu'elle était là bien avant que j'achète la maison.

En regardant mon oeuvre, je me demande encore comment un menuisier parvient à faire tenir des trucs d'équerre alors que j'en suis incapable. Diantre, parvenu en doctorat, je serais donc incapable de réaliser ce qu'un simple diplômé d'un CAP peut faire ?! Ayant peur de me trouver bien bête, je me dis juste qu'après tout, une Ferrari n'est pas faite pour aller faire ses courses au supermarché du coin ce qui ne veut pas dire qu'elle soit bien moins qu'une Renault Scénic, voilà tout. On se rassure comme on peut !

Et puis, en biologie, on estime que l'évolution est un processus par lequel des populations d'organismes vivants acquièrent et transmettent des traits biologiques nouveaux au travers des générations successives. Chaque espèce est donc le produit de l'évolution mais aussi de la spécialisation sur plusieurs milliards d'années. Et bien moi, ma spécialisation ce n'est pas le travail manuel, voilà tout !

Ma volière étant presque terminée, puisque je dois tout de même finir la porte, me voici donc dans la nécessité de la peupler. Et j'ai jeté mon dévolu sur les pigeons qui ne réclament vraiment qu'un entretien minimum. La lubie étant prise, je me suis jeté sur Amazon, achetant tout ce que la littérature sérieuse pouvait offrir à un amateur éclairé de colombiculture. A peine arrivés par la poste, je me suis jeté sur les trois ouvrages commandés que j'ai dévorés comme si ma vie en dépendait.

Je crois qu'aujourd'hui, alors que je n'ai jamais élevé le moindre pigeon de ma vie, je suis assez calé dans ce domaine pour en parler avec des spécialistes et m'en sortir honorablement. Mon côté intello et ma mémoire me sauveront toujours. A défaut de faire, d'être un grand réalisateur, je me débrouille suffisamment pour que mon absence totale d'expérience dans différents domaines ne soit jamais un handicap pour en parler savamment !

C'est ce que j'expliquais un jour à Laurence concernant sa curieuse pratique de juge de gymnastique. Je lui soutenais qu'après avoir lu une heure ou deux les documents qu'elle détenait sur le sujet, je me faisais fort de la remplacer au pied levé en m'en tirant avec les honneurs (alors qu'effectuer une simple roulade me paraîtrait difficile). Laurence avait réagi vivement comme si je minorais ses connaissances en m'accusant de vanité alors qu'il n'en était rien.

Pourtant, j'en suis persuadé, tous les domaines d'activités sont régis par une sorte d'algorithme qui en définit les bases et la logique. Il suffit de lire, de poser les bonnes équations et de le percer à jour. Après, vous devenez cordonnier avec un cordonnier, boucher avec un boucher, musicien avec un musicien et ...  colombophile avec un colombophile.

Bon voilà pourquoi j'étais un peu absent du blog, plongé dans la menuiserie et l'étude de la colombophilie. Me voici revenu et sans doute qu'un jour, je vous parlerai de coturniculture que j'ai pratiquée aussi en amateur voici quelques années.

Par contre j'ai laissé tomber l'idée de mettre des ruches dans mon jardin. L'apiculture c'est chiant et puis je ne mange pas tellement de miel. En tout cas, je suis sûr qu'il y a un Dieu pour moi parce que juste avant que la raison ne me rattrape, j'avais trouvé sur le bon coin, un lot de dix ruches à un prix défiant toute concurrence !

Le pigeon c'est moins pénible, ça s'élève tout seul et ça ne pique pas. Et puis qui sait, si un jour je deviens vraiment calé en pigeons, je prendrai peut-être une carte UMP pour me lancer en politique sérieusement !

1 Comments:

Blogger El Gringo said...

et puis je ne mange pas tellement de miel.

Bizarre pour un ours...

25/4/12 2:07 AM  

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