Le courageux et les deux lâches !
Je sais que je devrais écrire un article sur les différences biologiques hommes/femmes mais j'ai la flemme. Quoiqu'il soit presque écrit, je ne trouve pas une once de courage pour le terminer. Sans doute parce que c'est une publication sérieuse et que moi j'excelle dans le n'importe quoi, l'anecdotique, et le rien. Ceci dit soyez surs que dans quelques jours, vous l'aurez cet article parce que mine de rien, l'idée de me trotte dans la tête.
Alors de quoi vais-je parler aujourd'hui ? Et bien j'aborderai très simplement la notion d'affirmation de soi en vous démontrant par A plus B que je suis parfois un lâche. Ceci étant dit, j'aborderai aussi de manière détournée les relations entre hommes et femmes et les stéreoptypes mais surtout j'écrirais coûte que coûte pour honorer ma promesse d'écrire plus cette année que l'an passé.
Voici quelques jours, je me trouvais en terrasse au café en face de mon cabinet avec un ex-patient et un patient et nous devions gaiement. Le secret professionnel m'empêchant de donner leur vrai prénom j'utiliserai donc des surnoms afin de préserver leur anonymat.
Le premier, l'ex-patient me fait un peu penser à Jean Sablon. Bon si vous n'avez pas eu une grand-mère née dans les années mille-neuf-cent, vous ignorez forcément qui était Jean sablon. C'était le crooner d'avant guerre, le Bill Crosby français, un grand brun avec une fine moustache à la Errol Flynn. Sveltesse, nonchalance élégante et voix de velours, ce type a fait craquer plus d'une minette avant la guerre ! Et à la différence du pignouf de Tokyo Hôtel, Jean sablon a conservé ses fans jusqu'à sa mort parce que l'aimer un jour, c'était l'aimer toujours !
Et c'est vrai qu'en terme de nonchalance, que certains prendraient pour un côté glandeur, et d'élégance naturelle mon ex-patient a vraiment des points communs avec notre crooner d'avant-guerre. Chaque fois que je l'ai vu en consultation, je n'ai jamais pu m'empêcher de l'imaginer négligemment appuyé contre son Victrola un verre à la main. D'ailleurs, plutôt que de chercher du travail, je lui recommande d'aller chanter Vous qui passez sans me voir dans les maisons de retraites en lui garantissant un tabac chez les plus de quatre-vingt-cinq ans ! S'il se débrouille bien, il pourrait arrondir ses fins de mois en ayant une part sur les héritages et même trouver un bel appartement en viager.
Et s'il est partant, je peux même convaincre Laurence de s'associer avec lui, grimée en Rina Ketty parce que parfois quand elle force sur son Babyliss, elle est coiffée de la même manière avec de drôles de crans et les cheveux tout plats même que je croyais que c'était une sorte de mode lorraine, une sorte de 30's revival comme on dirait ! Tenez, j'imagine déjà la photo de leur affiche prise au studio Harcourt comme à la bonne époque !
Le second est un patient j'appellerai le jeune gentilhomme de province. Il a beau vivre depuis quinze à Paris, je lui trouve toujours d'exquises manières tourangelles. Sa diction parfaite et son absence totale d'accent le feront toujours désigner comme un natif de Touraine même s'il se baladait affublé d'un maillot du PSG. On a beau toujours se moquer des gens du Nord à cause de leur accent, que les tourangeaux sachent que leur français parfait les désigne aussi à nos moqueries malgré leurs jolis châteaux même si on les voit peu dans Confessions intimes !
Alors Jean Sablon nous expliquait comment après avoir levé une donzelle sur un site de rencontres, cette dernière lui avait fixé rendez-vous dans un établissement chicos du huitième arrondissement. En plus, il avait constaté qu'elle portait un manteau de fourrure. Sans dire pour autant que la fourrure portée par une jeune femme, ça faisait un peu escort girl, Jean Sablon se demandait surtout où il avait mis les pieds et combien la rencontre allait lui coûter. Il nous expliquait que bien qu'elle soit plutôt bien roulée, l'entente était médiocre et qu'il voyait les verres s'aligner et qu'il se disait que ça ferait cher comme investissement pour pas grand chose vu qu'il ne comptait pas sur une séance de galipettes après. Et alors, voici qu'il nous dit qu'avisant la note faramineuse, il se leva en disant qu'il payait sa part avant de sortir un talbin de sa fouille, de la saluer et de partir.
Le gentilhomme tourangeau et moi-même étions sur le cul. Bardés de principes hérités d'un autre temps, jamais nous n'aurions osé faire cela tout en admettant que cela nous aurait emmerdé de lâcher cent cinquante euros pour une gonzesse sans intérêt. Bon alors pour nous défendre de notre lâcheté, nous avons d'abord commencé à traiter Jean Sablon de rustre en lui disant qu'il était gonflé. Puis, comme nous sommes tous deux honnêtes, nous avons reconnu qu'il avait de sacrées cojones parce que nous on aurait jamais osé nous comporter avec une telle muflerie bien que l'époque soit à l'égalité hommes-femmes. Ben oui, on a la classe ou pas, ce qui pour lui et moi consiste à raquer comme des crétins pour rien.
Dans les faits, je crois que si le jeune gentilhomme tourangeau et moi-même semblions à égalité en termes de lâcheté, je crois que j'ai largement battu tout le monde en termes de muflerie. Parce que moi, pris en étau entre mes principes à la con du genre il faut toujours raquer pour les filles et mon réalisme genre je vais pas payer pour cette grognasse, je n'aurais pas su de quel côté pencher. Tant et si bien que piteusement, j'ai avoué que j'aurais prétexté un appel un peu confidentiel ou une soudaine envie de pisser pour sortir du rade et me casser comme un voleur.
Ce qui au total nous donne le classement suivant :
- Le couillu mufle : Jean Sablon ;
- Le pas couillu gentleman : le jeune gentilhomme tourangeau ;
- Le pas couillu mufle : moi, votre serviteur ;
Quand on voit le nombre de blogs dans lesquels les auteurs se donnent le beau rôle, vous noterez que je parle de moi sans fard, benoîtement, le plus honnêtement du monde ! Ce petit article sans prétention vous aura permis de réviser vos connaissances sur les années trente, de considérer que je suis le psy le plus honnête du monde et enfin de vous remettre en mémoire que parfois aller bien, c'est ne pas se changer mais simplement de s'accepter.
Et moi, en l’occurrence si j'avais été à la place de Jean Sablon, je me serais accepté lâche et mufle parce que parfois, ben je le suis ! Durant dix minutes, le temps de m'éloigner honteusement du café, je me serais dit que ce n'était pas joli-joli comme démarche et puis j'aurais fini par en rire en trouvant de toute manière une justification à mon comportement du genre elle avait qu'à pas me filer rencard dans ce rade hors de prix !
Et puis mine de rien ce petit billet est truffé de stéréotypes sur les rapports hommes-femmes et prépare adroitement l'article brillant que je publierai incessamment sous peu ! Et puis, cela me permet de vous signaler que je suis encore en vie et que je tiens ma promesse de publier plus que l'année passée.
14 Comments:
Jean Sablon n'est pas un mufle c'est juste un gros blaireau comme il y en a partout et plus particulièrement sur les sites de rencontre.
Je me demande toujours pourquoi ces types ne s'adressent pas directement aux bonnes personnes, s'il ne s'agit que de tirer un coup.
En fait, c'est parce qu'ils sont pingres et qu'ils veulent baiser pour moins cher qu'une prestation tarifée.
Euh, Jean Sablon est avant tout un chanteur français décédé en 1994 ! Là, je ne parlais pas du vrai.
Toutefois, même si je comprends votre colère, je la trouve excessive ! Ai-je parlé de "tirer un coup" ? Non, j'ai parlé d'aller plus loin dans une relation et rien de plus. Il se peut aussi que la demoiselle en question ait aussi été une "grosse blaireaute" qui n'ait pas su tirer profit d'un rendez-vous.
Méfions-nous des stéréotypes par lesquels l'homme serait un "gros blaireau" tandis que la femme resterait une "blanche agnelle innocente".
merci Philippe, j'ai simplement repris le pseudo que vous donniez à votre patient !!
dans la mesure où il savait où il avait rdv (un endroit classe, donc forcément onéreux), il se doutait bien que cela n'allait pas lui couter le prix d'un happy meal !
Je ne réagis pas au fait qu'il soit partit en payant sa part et pas celle de la dame (ça je trouve ça très bien, chacun fait 50% du chemin, c'est normal)mais au fait que tel que vous le racontez, il a fait une sorte de calcul sordide qu'il aurait pu éviter d'emblée en refusant de se rendre sur place puisque l'établissement lui semblait "hors de prix" (en tout cas, hors de prix dans la mesure où "il ne comptait pas sur une séance de galipettes" après).
Je lis ce que vous écrivez.
Et le poncif du sale type et de l'agnelle innocente de la même façon que vous l'évoquez régulièrement, je vous répondrai à nouveau que ce n'est pas ainsi que je vois le monde.
Il y a du bon et du mauvais chez les hommes comme chez les femmes et la capitalisation du pire n'est pas systématiquement du côté masculin.
D'accord avec Philippe, cr que dire d'une fille qui accepte de se faire payer le resto en sachant que rien n'a été partagé dans d'autres domaines ?
De plus, j'ajouterais au sujet du "qu'ils veulent baiser" que la nature est bien faite, et que lorsque papa rentre dans maman, les deux sont contents. Je ne vois pas où est le mal de vouloir "baiser".
"il se disait que ça ferait cher comme investissement pour pas grand chose vu qu'il ne comptait pas sur une séance de galipettes après."
"Ai-je parlé de "tirer un coup" ?
==> Hum, oui, absolument.
Il n'a pas été mufle, il a été juste. Le problème étant seulement de considérer que l'accès au sexe pour un homme doive se "payer" et non s'obtenir par le fait d'être (idée complètement saugrenue!) attirant et séduisant. C'est aussi considérer implicitement que le type est si nul au lit et en lui même, que le sexe constitue une corvée pour les femelles. Il faudrait donc les dédommager ! Bien sûr, l'idée est ancrée depuis l'institution du supermarché du mariage, des dots, du contrôle de la descendance, tout ceci a ses raisons, mais ça reste moche.
Et les femmes, effectivement, aiment le sexe. Et bien qu'il soit un réflexe naturel chez les hommes de les castrer sans cesse sur ce point avec un petit air choqué, car ils sont très contrôlants sur l'exclusivité et l'appropriation de la matrice, elles aiment le sexe et c'est tant mieux.
@V : le calcul n'a rien de sordide voyons ! C'est juste un consommateur qui calcule un retour sur investissement. Avant de voir la fille en chair et en os, il ne peut juger de "la marchandise". Ce n'est qu'une fois sur place que ne l'estimant pas aussi bien qu'il l'avait envisagée, il cesse de vouloir contracter et se retire en payant sa part.
@Lucie : Moui, tu as raison mais il y a ces sacrés stéréotypes contre lesquels il faut lutter. Mais au fait d'où viennent ces stéréotypes ? Ne seraient ils pas issus de statistiques compilés par des générations d'hommes ayant constaté qu'effectivement les femmes qui tiennent ton langage sont plus rares que les autres ? C'est ce qui est à creuser et c'est sans doute notre point de désaccord.
@Philippe : mais une dame qui file un rencard à un monsieur dans un endroit qui déjà le fait tiquer, ça devrait logiquement l'arrêter non ?
C'est une information non négligeable !
Car les signaux qu'avaient envoyés la dame suffisaient à ce qu'il change d'emblée de rayon avec son caddy.
Soit elle n'était pas dans ses moyens, soit elle comptait se faire entretenir.
Dans les deux cas, c'était plié.
C'est bien parce qu'il s'agit de "marchandise" et de juger sur pièces que je dis que "Jean Sablon" est un blaireau.
Si elle lui avait plu, le fait qu'elle soit où très bourgeoise ou très vénale aurait changé quelque chose à son ressenti premier ?
C'est donc qu'il ne voulait que tirer un coup.
Et qu'il était prêt à y mettre (!) un certain prix. Autant aller avec une prostituée.
ça c'est assumé question cojones.
@100HP : Je ne vois pas où est le mal de vouloir "baiser".
euh... moi non plus !
lorsque papa rentre dans maman, les deux sont contents
... dites donc... C'est au moins une rime d'une chanson de Rina Ketty, ça !
Si vous avez un problème 100HP, parlez en à Philippe, c'est un grand pro !
Je partage ce que dit "Lucie Trier"... idéalement.
Néanmoins une femme d'expérience m'a avoué qu'un homme qui s'investit matériellement est un homme que l'on retient plus facilement. Evidemment, il s'agit là de considérations mesquines dont le but est d'optimiser la transaction entre deux égoïsmes, on ne cause pas romantisme.
Il n'empêche que pour connaître des jeunes filles de bonne famille et très intelligentes de surcroît qui continuent de s'inscrire (plutôt sciemment) dans les rites traditionnels, laissant donc à leur partenaire masculin le soin de régler l'addition, je m'interroge sur le mal fondé de cette manigance.
De plus, quand l'intérêt est vraiment présent pour la demoiselle, n'est-ce pas flatteur pour le mâle (de donner au moins l'illusion) d'assurer la sécurité ? Mais tout compte fait, flatteur ne semble pas être le mot juste car à vue de nez beaucoup d'hommes semblent partager le dilemme de Philippe (ils se plient à la coutume non sans renâcler intérieurement).
Il est bien clair que la plupart des hommes, à l'instar des femmes, sont encore pénétrés des anciens schémas et les perpétuent parfois bien malgré eux.
Alors, "Jean Sablon" serait-il la figure de proue de l'émancipation masculine ?! Il faudrait l'observer à l'oeuvre dans des circonstances moins "extrêmes" pour en avoir le coeur net !
@Philippe : Mais oui, ces stéréotypes ne sont pas ancrés par hasard. Je diffère de toi sur les raisons de leur longévité ; pour moi ces archétypes se maintiennent non pas parce qu'ils correspondent à une réalité statistique (ce qui reviendrait à les accréditer), mais parce que chaque partie (hommes et femmes) a un intérêt ou une obligation, biologique ou sociale, à maintenir le masque. Parlons-en ! :)
Dans ce genre de rendez-vous, on sait generalement tres rapidement si ca vaut la peine ou non. A partir de la, y aller sans solutions de depart rapide est un peu sot. Ca permet de partir sans froisser personne, et en limitant les couts en argent et en temps.
En ce qui me concerne, l'homme paye meme si c'est a fonds perdus. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ca. Je suis victime des stereotypes!
@Lucie : oui un intérêt biologique et social, le social me semblant relever de l'obligation biologique.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
@ Philippe : Mmm je te vois venir, et je suis d'accord en partie - pour l'autre moitié je crois que je t'ai dit de vive voix ce que j'en pensais. Des bisous.
Enregistrer un commentaire
<< Home