Manuel Valls enfin compris !
Comme les deux malandrins avaient été vus par ma belle-mère, celle-ci a été invitée à venir voir les photos du fichier afin de reconnaitre éventuellement ceux qui m'avaient éhontément volé mon Toshiba portable.
C'est ainsi, qu'en fin de journée, mon épouse et moi nous étant libérés de nos obligations professionnelles, nous l'avons emmenée au commissariat. L'idée la faisait rire parce que chez elle, au pays, c'est plutôt l'omerta qui règne même que les pauvres Valls et Taubira sont obligés de venir en Corse pour leur dire que la police c'est bien et qu'il faut collaborer avec !
Moi, l'ide me fait plutôt rigoler et dans la voiture, je la rassure en lui disant que tout cela restera entre nous sur le continent et que jamais à Corte on ne saura qu'elle a mis les pieds de son plein gré dans un commissariat, et que sa réputation restera sans taches.
Arrivés au commissariat, c'est une jeune femme, un lieutenant qui nous reçoit. Elle est aimable et plutôt mignonne et elle a autant une allure de flic que moi celle d'une dentelière. Pas de doute, elle doit foutre la frousse aux vrais bandits. Après avoir emprunté le même ascenceur que la dernière fois et suivi le même couloir, nous parvenons à son bureau qui est tout aussi encombré que celui dans lequel nous avions déposé plainte.
Dans la pièce, il y a un autr ebureau auquel est assis un type avec un air pas commode qui ne nou sgratifie même pas d'un bonsoir dès fois que cela lui arracherait la gueule. Alors, on fait comme lui et on l'ignore. Il a une bonne tête de con, de ceux qui lors de contrôles routiers s'autorise à mal vous parler simplement parce qu'ils ont un uniforme sur le dos. Je sens qu'il n'y a pas si longtemps ce mec était dans la tenue, faisait de la VP ou trainait dans un car Police Secours. D'ailleurs il a toujours son pétard collé à la ceinture de son jean.
Pas troublé par l'impolitesse de son collègue, le jeune lieutenant s'assied et nous invite à faire de même. Ma belle-mère semble un peu inquiète et le lieutenant tente de la rassurer en lui disant que tout va bien se passer et qu'elle n'a pas à avoir peur. Ma belle-mère l'assure, avec son accent corse à couper au couteau, qu'elle n'a pas du tout peur mais que cela lui fait drôle de venir dans un commissariat. Comme le lieutenant semble un peu interdite par cette entrée en matière, mon épouse lui dit que traditionnellement un corse qui collabore avec la police c'est aussi incongru que Khomeini attablé devant une choucroute Chez Jenny.
Moi je lui dis que si elle veut, après on pourra faire une photo souvenir qu'elle pourra envoyer à son ministre de tutelle pour lui montrer qu'il n'a pas perdu son temps en allant en Corse demander aux natifs du coin de collaborer. Au bureau d'à côté, Ducon n'en perd pas une miette et comme on sent que c'est vraiment le mec qui dans la vie aime faire peur aux autres, on sent que cela le fait un peu chier, que l'on ne soit pas ratatinés sur nos sièges et super impressionnés d'être confrontés à la police judiciaire. Putain dire qu'il a du entrer dans la police pour devenir un homme et que même là, parfois on ne le prend pas au sérieux.
On a alors le droit à une séance durant laquelle le lieutenant tourne l'énorme écran (modèle 15 pouces à tube cathodique) vers ma belle-mère pour lui montrer tous ceux qui auraient pu s'introduire chez nous. Comme ma belle-mère a vu les deux types, elle n'en démord pas, selon elle ils avaient entre vingt-cinq et trente ans mais pas plus. Elle visionne tout un tas de photos toutes plus pourries les unes que les autres afin de débusquer ceux qu'elle aurait vus.
Bien sur, comme on est en France, il ne faut pas compter sur des photos nettes de type identité judiciaire. Non, les photos clean, prises de face et sans sourire, ça c’est réservé pour les passeports des honnêtes gens. Mais quand un mec se fait serrer, manifestement, il a le droit à un cliché tout pourri ultra sombre et on se demande même si parfois certains ne sont pas des photos qu'il a lui même envoyées. C'est limite si parfois les prévenus n'ont pas envoyé une photo prise au cours d'un repas d'anniversaire.
Ma belle-mère pense en reconnaitre un, un brun d'environ vingt-cinq ans, mince et étique. Mon épouse a alors l'idée de demander de quand date la photo et le lieutenant interloquée, regarde la date du fichier et constate que la photo date de 1991 ce qui fait que si le mec avait vingt-cinq ans à l'époque, il en a aujourd'hui quarante-six. On n'a pas l'impression de perdre notre temps !
Nous prenons congé et nous avertissons le lieutenant que lesdits cambrioleurs ayant sonné chez nous pour voir s'il y avait du monde, il y a toutes les chances pour que leur visage soient enregistrés sur le vidéophone. Elle trouve le renseignement intéressant et nous promets de passer vendredi, puisqu ele vendredi c'est mon jour de relâche et que je peux la recevoir à toute heure.
Nous prenons congé, Ducon assis au bureau à côté de nous salue toujours pas. On nous ramène à l'accueil et nous rentrons chez nous.
Vendredi, le lieutenant m'a appelé vers 16 heures en me disant qu'elle ne pourrait pas passer. Je lui ai dit de contacter mon épouse parce que moi, je finissais trop tard. L'ayant jointe, elle a expliqué qu'elle ne pourrait pas venir parce que le soir elle finissait à 18H30.
C'est ce que l'on nomme le service public à la française, un truc qui coûte la peau du cul au public mais qui ne rend pas vraiment service. Comme j'étais énervé, j'ai écrit à mon maire pour faire comprendre à ce trou du cul que plutôt que de claquer le blé du contribuable dans des conneries, il devrait songer à assurer les missions régaliennes liées à son mandat.
D'après ce que j'ai appris, il y a eu près de trente cambriolages dans le coin en une semaine. Vu l'efficacité des services de police, je me demande si je ne vais pas m'y mettre moi aussi. Enfin, il n'y a pas mort d'homme et cette petite expérience, m'aura certes coûté mon Toshiba mais m'auras surtout permis d'approcher les forces de police.
C'était instructif et ça valait bien les 579 euros que m'avait coûté mon portable : on comprend quà l'époque les inconnus n'avaient pas fait un sketch mais un travail ethnologique. Et puis, maintenant j'ai une serrure toute neuve !
"A fortiori le policier doit être conscient de la responsabilité et de la tache morale qui lui décombe"
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