24 avril, 2013

Réflexions amusées !


Ce soir, j'ai vu des gens heureux et d'autres tristes : la loi sur le mariage pour tous venait d'être votée à l'assemblée nationale. Comme tout un chacun, je n'ai pu échapper durant les mois qui viennent de s'écouler aux heurts entre partisans et détracteurs de ce bouleversement. 

Ayant pris la décision de ne plus voter, car c'est je crois le pire camouflet à infliger à des élus puisque cela revient à leur ôter toute légitimité, je me suis tenu assez loin de tout cela. Je n'ai été dans aucun camp et me suis abstenu de manifester. Tout étant joué par avance, je me suis abstenu de perdre mon dimanche après midi à arpenter les enclos dans lesquels les pouvoir publics avaient parqué les manifestants afin qu'ils gênent le moins possible. Mais, je n'ai rien raté de l'échange.

L'organisation des manifestations semblaient pourtant sans faille. Rien ne manquait, ni les camions avec les sonos, ni goodies, ni les slogans ! Pourtant, il était évident que tout ceci serait un échec. 

Je me souviens voici bien des années que j'avais discuté avec un chauffeur de bus syndiqué à la CGT lors d'une énième grève de la RATP. Tandis que je lui demandais si le fait de nuire ainsi à des salariés en les empêchant de se rendre à leur travail ne lui pesait pas sur la conscience, le quidam m'avait répondu que c'était malheureusement inéluctable. Et il avait poursuivi en me disant que le droit du travail était un droit issu de combats, un droit de haute lutte et non une affaire de ronds de cuir ! 

Et le bougre n'avait pas tort car il est fort à parier que si certains n'avaient pas bravé la loi en vigueur à l'époque, les salariés feraient encore des semaines de six jours de douze heures. J'ai beau être libéral, je sais tout de même que sans un petit coup de gueule des salariés, il est rare que les tôliers accordent facilement leurs largesses. C'est vrai que payer correctement les gens ça bouffe les marges.

Bref, le droit dont on apprend, si mes lointains souvenir sont justes, qu'il prend sa source dans la coutume, la doctrine et la jurisprudence, a aussi parfois pour origine le coup de pied qu'une catégorie excédée met au cul d'une autre. C'est ainsi, on n'est pas des bisounours et si le dialogue est toujours préférable, la main dans la gueule produit aussi de bons résultats.

Finalement, ce qui m'a amuse durant ces derniers mois, c'est de voir les socialistes pourtant peu avare de jeter les gens dans la rue quand il s'agit de contrer la droite, se mettre à adorer la préfecture de police et se retrancher derrière une légalisme forcené. Quant à la droite, conduite par Frigide Barjot, elle aura mis tout en œuvre pour tenter de copier la manière de faire de la gauche.

Si ce n'est qu'encore une fois la gauche reste toujours maitresse des débats, rompue qu'elle est à l'agit'prop tandis que la droite qui joue les gauchistes, se raidit au premier coup de sifflet, habituée qu'elle est à traverser dans les clous. Qu'on lui parle de légalité, de respect des lois, qu'on la tance sur la présence de quelques éléments réputés d'extrême droite et la voici qui retrouve ses réflexes de petite soumise et rentre dans le rang. 

Quant à ses leaders naturels, les chefs de l'UMP, on les a sentis durant tout le conflit comme des girouettes ne sachant pas très bien d'où venait le vent ni quelle conduite adopter dans la mesure où un mauvais positionnement aurait pu les priver d'une partie de leur électorat. La palme revenant à NKM, qui d'habitude si disserte, n'a pas pipé mot et s'est contenté de s’abstenir, comptant sans doute dans la bataille qu'elle prépare pour prendre la mairie de Paris pouvoir à la fois obtenir le vote des conservateurs et des progressistes.

Voici donc la pauvre Frigide qui pleure sur D8, la voici ensuite qui se repent d'avoir parlé de "sang", et la voici enfin, au comble de la soumission lors de la dernière manifestation expliquer à ses ouailles qu'il faut photographier les agents perturbateurs afin de les dénoncer à la police. Ce n'est plus une manifestation, c'est un jardin d'enfants pour adultes. Avec de tels crétins, le pouvoir en place peut dormir sur ses deux oreilles et c'est ce qu'il a fait. Il a laissé ces manifestants marcher, il en a gazé certains qui dépassaient les bornes, mis d'autres en garde à vue. Bref, il s'est comporté avec eux avec le mépris que n'importe quel maître aurait pour des domestiques trop soumis, n'importe quel général victorieux pour un adversaire trop couard.

Ce n'était pas les troupes qui étaient mauvaises mais ceux qui les conduisaient comme toujours en France. Le jour où massés sur l'avenue de la Grande armée, ils étaient parait-il plus d'un million, il aurait suffit d'un sursaut et les pauvres deux mille CRS massés là auraient pris leurs jambes à leur cou, ou plus vraisemblablement pris le parti de manifestants tant la police a démontré par le passé sa rapidité à se ranger du côté des plus forts, et laissé la voie libre jusqu'à l’Élysée. Quant aux as de la gazeuse, ils auraient été lynchés sur place.

Hélas ou heureusement, je ne me prononcerai pas, n'est pas Bonaparte qui veut et surtout pas Frigide Barjot. Et l'on peut se répandre en imprécations et hurler dans les micros, la route est longue pour passer des trépignements stériles à un 18 brumaire

Tout est joué depuis quarante ans et qu'il existe ou non une alternance, la gauche reste maîtresse de la vie politique en France, la droite ne jouant que les utilités. Hegel disait que rien de grand ne se fait sans passion et sans doute que la passion nécessite la violence.

La violence est elle légitime ou non ? Tout dépend de la foi que l'on met dans le combat que l'on mène. En tout cas, jamais des lions menés par des ânes n'ont jamais gagné aucun combat. Je ne dis pas que l'action violente soit la panacée mais simplement que le pouvoir a plus tendance à écouter ceux qui ont les moyens de s'opposer à sa violence légitime (flics et armée) que ceux qui ont une totale confiance en les institutions. D'ailleurs la violence peut prendre plusieurs formes et pas seulement le cassage de gueule et l'incendie de voitures. L'humour quand il est caustique devient aussi quelque chose de terriblement efficace pour décrédibiliser un adversaire.

La gauche n'est sans doute ni plus honnête ni plus compétente que la droite mais elle est intelligente, elle sait exploiter les situations en surfant sur l'émotion. Celui qui maitrise les rouages de la psychologie sociale maitrise bien plus le monde que le cupide qui ne maitrise que les subtilités des marchés.

Finalement, mon brave conducteur de bus, tout CGT qu'il soit, avait tout saisi de la politique. Derrière la façade policée des institutions, ce sont de vrais combats qu'il faut mener. Les partisans de l'ordre et du respect des institutions n'ont rien compris, et leurs adversaires qui leur ont toujours rappelé la nécessité de les respecter, exploitant jusqu'à la lie ce conformisme stupide, avaient tout compris.

Vae victis !

1 Comments:

Blogger Aède said...

J'ai bien rit comme souvent en vous lisant. J'aime le côté "j'assume" et auto-dérision. Et les portraits subtiles d'une grande acuité. Et je souvent non conventionnelle. Et même que des fois ça me fait réfléchir sur ma propre pratique. C'est dire si ce blog me parle ;)
Je prend plaisir à vous lire. Alors merci :)

27/4/13 8:28 PM  

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