27 septembre, 2013

Bio de commande !


Projet de bio purement fictive destinée à un jeune peintre que je connais afin qu'il puisse enfin s'inscrire dans les bons réseaux et vendre ses toiles. Merci à Mr B.B. ancien des JC pour les précisions.

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C'est déjà en esthète véritable que tout jeune Nicolas saisit le monde qui l'entoure. Couleurs, formes, tout est prétexte à l'émerveiller et c'est donc tout naturellement qu'il sait très tôt qu'il sera artiste. Après de brillantes études secondaires, il intègre donc les Beaux-Arts : parcours classique.

Pourtant bien que les cours le passionnent, quelque chose lui manque sans qu'il parvienne à le saisir. Ce sera chose faite lorsqu'en inventoriant la bibliothèque familiale, il tombe sur un exemplaire de Fils du peuple, de Maurice Thorez dédicacé par l'auteur à son grand-père. Dans sa famille, ce grand père est un héros, médaillé de la résistance après qu'il eut intégré le FTP, il restera fidèle au PC malgré la crise hongroise ou le printemps de Prague. Son admiration pour Staline, le héros qui a abattu le fascisme, ne s'éteindra jamais.

C'est en intégrant cette histoire personnelle que Nicolas décide de rompre avec l'art bourgeois pour se consacrer à la peinture du monde ouvrier qu'il découvre. Comme il l'explique souvent, il ne veut pas montrer du beau : le beau ne l'intéresse pas. Une belle chose que des bourgeois accrocheraient au mur pour faire joli, très peu pour lui. Ce qu'il a toujours imaginé, ce serait une production artistico-éducative s'inscrivant dans un cadre politoco-social dont la finalité serait d'orner les mairies ou autres édifices publics. Ce qu'il souhaite, ce sont des œuvres destinées à édifier la conscience de classe des damnés de la terre et non de beaux tableaux.

Si faire quelque chose de simplement joli ne l'intéresse pas, ce n'est pas pour autant qu'il entend rompre avec les canons académiques. Car pour Nicolas, tout ce qui n'est pas figuratif et donc nécessite une longue interprétation est une manière de distraire l'art du monde ouvrier en le maintenant dans le cénacle culturel élitiste composé par ceux qui ont les outils conceptuels pour en saisir l'essence. Nicolas n'est pas un peintre bourgeois et encore moins le peintre des sociaux-traitres comme il se plait à appeler ceux qui ont rompu le programme commun de 1981.

C'est donc du figuratif et uniquement du figuratif qu'il réalisera, se tenant loin des modes. Des œuvres immédiatement accessibles à tout le monde. Au travers de ses toiles souvent de grandes dimensions, il interpelle le visiteur, il capte le regard, il dérange, il rappelle comme il dit souvent que derrière les promesses vaines du libéralisme, il y a le travail, la peine et la sueur des hommes. Ce que l'on vend ne l'intéresse pas, ce qui le passionne c'est comme on produit ces objets. L'usine, l'atelier, le bureau sont ses sources d'inspiration. Le peuple me passionne comme il nous l'avoue en nous dévoilant sa dernière toile "Hotesses de caisse".

Pourtant, il ne veut pas être un énième peintre glorifiant le projet communiste de manière factice. Il ne souhaite pas donner dans l'art pompier qui à force de glorifier tend à transformer les ouvriers en dieux. D'une part, il ne croit pas en Dieu évidemment, et d'autre part, il veut montrer la réalité, juste la réalité sans jamais sombrer dans la libre interprétation de l'artiste qu'il juge tout juste bonne pour ses confrères ratés qui illustrent les affiches de programmes immobiliers destinés aux banlieues bourgeoises.

Glorifier ne l'intéresse évidemment pas, ce qu'il souhaite c'est magnifier, apporter son regard d'artiste sur l'activité humaine pour la montrer telle qu'elle est. L’amplifier pour en souligner l'incomparable gloire sans pour autant la trahir en lui ôtant son cortège de douleurs. Si les couleurs de ses toiles sont souvent sombres, c'est un choix personnel car comme il le souligne, l'exploitation du prolétariat ne nécessite pas de lumières vives, ce n'est pas une fête. Et il rajoute, que ce qu'il tente de montrer c'est la grisaille des espérances déchues du monde ouvrier.

Avec de violents aplats de noirs, de gris, de blanc cassé voire parfois de ce fameux blanc sale dont il a le secret, voici comment apparaissent ses toiles, tel un maelstrom terne duquel ressort pourtant une vraie puissance. Ses toiles ont quelque chose de dérangeant. Si Nicolas maitrise à la perfection son art, c'est en esthète intelligent qu'il en détourne certaines règles, tout entier acquis à son projet.

Les visages ne sont jamais définis car c'est ainsi qu'il voit la condition ouvrière, comme un amalgame d'individus dont on aurait ôté à jamais toute singularité. Ses personnages se définissent par leurs fonctions mais jamais par des traits physiques. C'est très net dans sa toile intitulée Piquet de grève à Florange, dans laquelle le haut fourneau hyper-réaliste se dresse tel un moloch destiné à engloutir un groupe d'ouvriers dont aucun ne semble avoir de vie propre.

Nicolas se veut le peintre de la fureur mais de la fureur maitrisée, celle qui symboliserait le peuple en lutte organisé en régiments ouvriers marchant sur les quartiers habités par les exploiteurs. Chez Nicolas, tout n'est qu'élan retenu,

En revanche, on est saisi par la fidélité avec laquelle il reproduit l'outil de production. Qu'il s'agisse de machine-outils, de hauts-fourneaux, voire de de camions, la fidélité est saisissante, à la limite de la photographie. Et c'est voulu car comme il explique, dans ce monde pris en otage par un capitalisme voyou, les choses, les machines comptent plus pour le patron exploiteur que les hommes.Ce parti pris ressort nettement de son célèbre tableau Sortie d'usine ou les ouvriers ressemblent à des longues silhouettes grises à peine esquissées se détachant nettement sur le mur de l'usine.

Pourtant la couleur n'est pas absente de ses œuvres ! L'observateur notera que de-ci- delà des tâches égaient la peinture sombre. Comme Nicolas se plait à l'expliquer, il a mis de la couleur là où réside l'espoir et uniquement là, qu'ils 'agisse du fronton d'une mairie, de la façade d'une crèche, et de manière générale sur tous les bâtiments publics. Car viscéralement attaché au pactes républicain et à ses valeurs, Nicolas nous montre symboliquement et avec beaucoup d'élégance que le vrai projet, le seul qui vaille sera collectiviste et qu'il serait vain de flatter l'individu.

En revanche, pour ne pas être taxé de peintre des espoirs déçus et parce qu'il croit toujours au projet communiste, Nicolas sait aussi manier la couleur et restituer la joie. C'est ainsi que sa toile "Un soir à la section de Champigny" restitue bien et avec beaucoup de couleur, l'espérance que ces militants investissent dans ces réunions. 

Comme il l'avoue lui-même, ces saynètes sont un peu sa peinture sacrée et loin du dolorisme de la peinture religieuse qu'il aborrhe, il veut montrer que le communisme est et reste source de vie. C'est ainsi que Un dimanche à la fête de l'huma est aussi une toile plutôt gaie dans laquelle il s'est efforcé de traduire l'effervescence que les amis du genre humain mettent à se retrouver ensemble autour de ce grand projet fraternel qu'est cette fête.

On reste parfois étonné par certains détails de ces toiles. Car si l'on peut saisir son œuvre d'emblée par le tragique magistral de la condition humaine qu'elle évoque, l’épopée n'en reste pas moins humaine en s'inscrivant dans le champ historique de la lutte ouvrière. C'est ainsi que l’œil averti qui s'attarderait sur les toiles notera une masse de détails que l'artiste se plait à glisser ça et là comme autant de minuscules témoins que seuls les plus avertis saisiront. 

Effectivement, derrière l'engagement citoyen du peintre, l'humour ne tarde jamais à poindre. Ainsi, dans sa toile Séance au conseil municipal, il sest plu à remplacer les traits du président de la République, celui qu'il n'hésite pas à nommer très courageusement malgré les risques encourus "l'agent des impérialistes", par un de ses maîtres à penser : Jacques Duclos. Comme il le souligne à propos de cette toile réalisée voici déjà trois ans : je voulais dépeindre l'initiative démocratique et sociale en action et il m'est apparu que le visage de Sarkozy n'y aurait pas sa place.

Malgré les emprunts multiples aux luttes sociales du passé, Nicolas n'est pas passéiste comme en atteste l'une de ses dernières œuvres totalement en phase avec l'actualité. Effectivement, la toile Justice sociale, met en scène un contrôleur des impôts en train de vérifier les comptes d'un évadé fiscal surprend par sa terrible actualité. 

Nicolas nous montre qu'au-delà de l'art qualifié de bourgeois, l'artiste peut aussi être un vrai citoyen concerné par les luttes sociales et engagé aux côtés du peuple. Aujourd'hui, Nicolas obtient la reconnaissance. Adulé par les médias, ses toiles s'arrachent. Pourtant loin de sombrer dans l'ivresse de la gloire, il sait rester lucide car comme il l'explique un peu tristement : hélas je n'aurais jamais la médaille d'artiste du peule de l'URSS.

Rétrospective : Nicolas, peintre de la lutte sociale à la Mairie de Paris.


5 Comments:

Blogger El Gringo said...

Euh, c'est quoi ce texte à la con?

28/9/13 7:33 AM  
Blogger philippe psy said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

28/9/13 12:11 PM  
Blogger philippe psy said...

Il s'agit d'une bio fictive proposée à Nicolas que tu connais pour lui permettre de percer sur le marché artistique. Tout est bien sur faux.

28/9/13 12:57 PM  
Blogger H. said...

Bonjour

Chapeau bas devant cette prose à la fois critique et biographique. Dommage qu'on ne puisse voir les œuvres en question. Elles devraient susciter l'intérêt d'un esthète comme Pierre Cergé ou Julien Eray (ça le changera des montres).

28/9/13 2:34 PM  
Blogger philippe psy said...

Oui, il parait que Bertrand Felanöe y a aussi trouvé beaucoup de fraicheur !

28/9/13 4:00 PM  

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