12 septembre, 2013

Idéalisme et réalisme !


Albert Jacquard est mort ! Euh que dire ? Rien ou si, qu'il repose en paix. Je ne vais tout de même pas cracher sur un cadavre non !? J'ai lu récemment un article sur Contrepoint et j'étais amusé que dans les commentaires, on puisse être pour ou contre Albert Jacquard. Certains se frottaient les mains de contentement à l'idée de la mort d'une crevure gauchiste et d'autres tempéraient ces ardeurs en rappelant qu'il s'agissait de la mort d'un homme.

N'aimant pas prendre partie aussi violemment, je me suis juste amusé à comprendre comment on pouvait être diplômé de l'X et être finalement aussi bébête dans ses prises de positions politiques. bon, on peut être un damné gauchiste certes mais il faut ne pas être capable de raisonnements complexes et rester enfantin pour croire que le crut ce vieil Albert qu'on allait régler tous les problèmes comme ça, d'un coup. Et hop, les aveugles verront, les paralytiques marcheront, le lion et la gazelle iront boire ds coups ensemble au marigot le plus proche et les SDF auront tous un bel appartement avec vue sur la Seine et terrasse.

La parousie est certes sympathique, elle peut nourrir d'un espoir fou ceux qui trop lucides, voient bien que quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde. Mais de là à penser qu'on obtiendra la parousie à coups de décrets et de lois, il y a un pas à ne pas franchir. Personnellement, je me suis toujours défié de ceux qui voudraient faire mon bonheur parce qu'ils comprenaient exactement ce que je veux. Au pire, ça se finit en Corée du Nord et au mieux en USA pour la version riante avec options patriot act et Guantanamo compris pour les déviants. 

Personnellement, je préfère ma version française avec politicard merdiques mais liberté de refaire le monde dans un café. Comme disait Balzac, "le café est le parlement du peuple". Et hop, un peu d'antiaméricanisme et de culture et on se sent tout de suite plus parisien !

Alors que peut-il se passer dans la tête d'un Jacquard pourtant diplômé de l'X pour autant dérailler ? A mon sens, la même chose que ce qui arrive à de gentils garçons qui versent dans la criminalité sans le vouloir, ou à des auteurs de blogs à qui l'on propose d'écrire des livres mais qui s'entêtent à ne jamais le faire ! Le monde trop fade et uniforme dans lequel on vit ne permet plus d'accueillir ceux qui sont en marge tout en étant définitivement normaux.

On propose des carrières aussi bien dans la charité que dans le crime à défaut de permettre de vrais destins de saints ou des rédemptions héroïques. Ce monde triste et terne n'admet aucune différence, ni aucune tête qui dépasse au dessus ou au dessous. L'idéaliste est sommé de canaliser ses espérances dans un parcours politico-humanitaire tandis que l'idiot du village est prié de travailler dans un ESAT.

Il serait aujourd'hui difficile à Saint-Jean de la Croix d'écrire comme à René Fallet de terminer Un idiot à Paris. Le premier serait sans doute secrétaire d'état en charge de l'action humanitaire (comme le fut Xavier Emmanuelli) tandis que le second aurait déjà croulé sous les procès intentés par des associations à moins que son idée d'idiot de village n'ait jamais pu germer puisque ce type de personnage a disparu de la mémoire collective depuis longtemps.

Peut-être qu'à une autre époque Jacquard, sans doute autant marqué par son éducation catholique que le drame qui le rendit défiguré et lui donna sans doute très jeune une autre perception des faits et une certaine lucidité, serait rentré dans les ordres ou du moins se serait tenu proche d'une autorité religieuse.  L'époque n'était plus à cela, le Christ et ses espérances post mortem étaient invalidées par un système qui vendait le bonheur sur terre immédiatement au prix dérisoire d'une simple analyse centrée sur la lutte des classes, paradigme aisé définissant sans se tromper les bons et les salauds. A défaut d'être catho, l'époque lui propose d'être vaguement coco.

Sans doute qu'à l'opposé, d'autres jugés violents et croupissant en prison, auraient eu d'autres destins si l'époque si étaient prêtée. L'époque n'étant plus aux faits d'armes, aux grandes conquêtes, ni aux explorations lointaines et périlleuses, on vit parfois sa génétique avec quelques ratées. On finit toxico ou clodo à défaut d'avoir pu être un héros.

Dans le mal-être, il faut toujours envisager une approche bio-psycho-sociale et la dernière est rarement envisagée. Si je pêche un poisson et que je le pose sur la berge, il ira très mal, non parce qu'il est en mauvaise santé mais parce qu'il est juste fait pour vivre dans l'eau. 

L'époque ou le milieu nous façonnent aussi, faisant de nous des êtres parfois pervertis. Il parait qu'il faut composer avec, que si l'on se sent sanguinaire on doit devenir boucher ou chirurgien. Les psychanalystes appellent cela la sublimation, ce qui revient à faire avec, comme si un atout, ou quelque chose qui vous distingue des autres ne devenait qu'un handicap à compenser. 

Maigre consolation pour tous ceux qu'un sang ardent anime que de savoir que si l'on se rêvait conquérant, l'époque nous permet tout de même de manier le couteau à l'état d'une boucherie !

1 Comments:

Blogger El Gringo said...

à l'étaL d'une boucherie!

Putain de correcteur automatique...

18/9/13 3:02 PM  

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