22 février, 2014

Je les hais !


Argh, je ne sais pas si les grands esprits communiquent ou si je lui en avais parlé et qu'il m'a piqué mon idée, mais toujours est-il que l'ingénieur chamane a produit un texte fort bien rédigé sur un sujet qui me tenait aussi à coeur : l'abondance des émissions de cuisine.

Ceci dit, même si j'admire sans réserve le fond et la forme du texte de mon confrère, mon approche aurait été un peu différente. Parce que finalement, moi je m'en moque un peu qu'il y ait une surabondance d'émissions culinaires. Après tout, cela reste plus intelligent que le sport de faire la cuisine. Quant à l'aspect chichiteux des recettes, moi qui ai vu la nouvelle cuisine naitre, son importance croître au fur et à mesure que les portions diminuaient, je ne m'émeus même plus des noms alambiqués que prennent les plats.

En revanche, si je les laisse libres les cuisiniers d'imaginer tout ce qu'ils veulent sur leur fourneaux, je suis ulcéré de voir que leur préciosité, leur maniérisme et leur affèterie rejaillit sur le vocabulaire qu'ils emploient. Récemment, tandis que mon épouse regardait l'une de ces émissions, j'ai entendu un cuisinier parler de la jutosité d'un plat qu'il appréciait particulièrement. Les bronzés avaient mis à la mode le terme goutu et Marx surenchérit avec sa jutosité !

Mais pire, encore et là je crois que je pourrais les abattre rien que pour cela, je ne peux supporter cette mode consistant à employer à tort et à travers les locutions "on est sur" et "on part vers". Et qu'il s'agisse d'un plat, d'un produit ou d'un vin, cela n'arrête pas ! On est sur un bon produit, on est sur du bœuf, on est sur un Bordeaux mais on peut aller vers un Bourgogne, ils ne cessent d'être sur quelque chose sans évidemment y être.

Parce que si l'on peut être sur le périphérique aux heures de pointe, sur Mars peut-être un jour, sur une table pour danser parce que l'on est bourré, sur une femme en train d’ahaner comme un bœuf en lui disant "tu la sens bien, on ne pourra jamais être sur du bœuf parce que cela ne se dit pas et que cela ne rime à rien d'y être sauf si vous voulez gâcher une entrecôte ! On peut monter sur un boeuf pour être sur un boeuf mais cela ne rime à rien, car ce sont les chevaux que l'on monte et dans ce cas, on dit que l'on est à cheval et non sur un cheval.

Et ce qui vaut pour "on est sur" marche évidemment pour "on part sur". De la même manière que l'on n'est pas sur du Bordeaux parce que cela ne viendrait à l'idée de personne de se jucher sur le goulot d'une bouteille à moins d'être artiste de cirque, on ne va sur du Bourgogne mais en Bourgogne éventuellement.

Ces néologismes à la con me font frémir au moins autant que quelqu'un qui boit son café en laissant la cuiller dans la tasse. Oui je sais, ça semble idiot mais j'ai horreur de voir quelqu'un faire ça. Et encore qu'un chef étoilé ou MOF puisse donner dans cette mode stupide, je veux bien lui pardonner eu égard à son parcours.

Mais c'est une toute autre histoire quand il s'agit de Sébastien Demorand dans Masterchef. Alors je ne sais pas si je le déteste simplement parce que c'est le frère du célèbre Nicolas Demorand ou simplement parce que je le trouve assommant de bêtise chaque fois qu'il parle. Je pense que c'est les deux ! Alors lui, non seulement il ne sait même pas cuire un oeuf et il se permet de critiquer mais en plus c'est le roi du "on est sur" et "on va vers".

Les rares fois où il m'a été donné de le voir et de l'entendre, des envies de paires de claques m'ont pris. Mon épouse admet qu'il est très con mais trouve qu'il a de très beaux foulards et écharpes. Mais moi, quand je vois ses longues écharpes multicolores, je me fous qu'elles soient jolies ou non, j'ai juste envie d'y faire un nœud coulant et de le pendre avec.

Bon, tout ceci n'a pas grand chose à voir avec la psychologie, je sais. Mais moi j'écoute tout le monde et moi personne ne m'écoute jamais. Alors j'avais juste envie de parler !

9 Comments:

Blogger Unknown said...

Cette détestable manie bien française ne date pas d'hier, rappelez-vous de la "haute coiffure" de esproges et ses capilliculteurs bio-cosméticiens ;)

23/2/14 10:02 AM  
Anonymous Anonyme said...

"je ne peux supporter cette mode consistant à employer à tort et à travers les locutions "on est sur" et "on part vers"."
J'ai exactement la même aversion. Je me retrouve à chaque fois à gueuler devant ma télé quand j'entends ce nouveau tic de langage venu d'on ne sait où pour remplacer un "au niveau de" qui m'agaçait tout autant.
Il faudrait étudier ce phénomène : pourquoi les gens reprennent-ils à leur compte une expression qui ne veut rien dire ? Et surtout, ce qui m'intrigue, c'est toujours : qui est le premier maillon de la chaine, celui qui a lancé le truc ? Celui là, il faudrait l'écorcher vif.

23/2/14 10:26 AM  
Anonymous Anonyme said...

Et que dire aussi des termes suivants :
Réinventer, déstructurer, revisiter...

Ces gens savent-ils que l'estomac s'en fou ?

23/2/14 10:35 AM  
Blogger philippe psy said...

Si vous voulez mon avis Laure, une bonne corde et une branche basse et solide et vous verrez qu'on leur fera l'envie de parler n'importe comment à ces gargotiers :))

23/2/14 3:40 PM  
Blogger V. said...

Et si vous arrêtiez de regarder la télé ?
:-)

24/2/14 2:56 PM  
Anonymous Anonyme said...

@V. Pas possible : une drogue administrée quotidiennement depuis l'adolescence ne s'arrête pas comme ça. Il faut y aller par paliers.

24/2/14 7:21 PM  
Blogger V. said...

@Laurett : mais Philippe a t il seulement commencé les paliers ??? :-)

25/2/14 5:57 PM  
Anonymous Anonyme said...

D'après ce qu'il dit dans l'article, c'est pas lui qui regarde, c'est sa femme qui lui met sous le nez pour le tenter comme un copain toxico qui ne veut pas consommer seul...

26/2/14 10:00 AM  
Blogger V. said...

@Laurett : rhooo... quelle adorable mauvaise foi ce Philippe ! comme si qqn pouvait lui faire faire ce qu'il ne veut pas ! sa femme lui dit aussi de ranger ses bouquins qui traine et à le lire, il ne le fait pas !

28/2/14 1:34 PM  

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