15 novembre, 2014

Je hais les ados !


Enfin, bon je ne les hais pas tous, disons ceux de maintenant, de notre époque. Et encore, je ne doute pas qu'il y en ait des biens. Mais bon, la plupart sont tout de même à chier je trouve. Du moins à Paris, dans ma sphère la plus proche. C'est rare que je croise des ados sympas et intelligents. Je n'attends évidemment pas d'un adolescent qu'il vive comme un adulte, je ne suis pas sur que j'aurais par exemple apprécié Bruno Le Maire adolescent. Mais bon, c'est tout de même sympa de rencontrer un ado qui se passionne pour autre chose qu'Abercrombie ou ses Nike.

Comme ce n'est pas ma spécialité, j'en reçois peu. En ce moment, le plus jeune patient doit avoir dix-sept ans mais il est brillant. Son père voulait en faire un ingénieur mais moi je lui prédis une carrière d’avocat ou de politicien exceptionnelle tant ses aptitudes sociales sont étonnantes pour son âge. Franchement perdre son temps à faire sup' et spé' pour ensuite pointer dans une SSI comme un loqueteux de base alors qu'il pourrait être élu à vingt-cinq ans, y'a pas photo je trouve.

Et puis dernièrement j'ai reçu la mère d'une ado de quinze ans qui se désespérait pour sa fille à propos d'une histoire de cœur pourrie mais pas très grave. J'ai donc écoute la mère une demie-heure avant de voir la fille, la demie-heure restant. Pour être belle, elle est belle et elle le sait. A peine assise, elle m'a tiré la gueule à un point que j'avais rarement vu. Bon, heureusement que je suis patient et que j'ai du métier, parce qu'un plus sanguin que moi l'aurait prise par les cheveux et l'aurait jetée dans les escaliers en lui hurlant : "espèce de petite pute tu pensais te foutre de ma gueule ?".

Moi bien sur, je suis resté très pro, je ne l'ai pas insultée évidemment. Je me suis contenté de lui demander en quoi pourrais-je lui être utile. Et c'est la bouche pincée qu'elle m'a répondu "en rien". Sans me départir de mon air affable je lui ai demandé si elle souhaitait collaborer ou si elle n'était venue qu'à la demande pressante de ma mère. Et là, elle m'a répondu qu'elle n'avait aucune envie d'être là ni de me parler. 

Toujours aussi calme je lui ai dit qu'il n'y avait aucun problème et qu'ayant été payé par sa mère, on allait s'arrêter là et que j'allais passer une chouette demie-heure au café à lire. Et ça, ça l'a énervée. Sans doute parce qu'elle pensait qu'elle pourrait faire son cinéma et me faire tourner en bourrique. Comme si j'étais le micheton de base, le trou du cul de seize ans prêt à se rouler par terre pour ses beaux yeux bleus ! Putain, je n'y crois pas !

Alors je me suis levé, je me suis habillé et je l'ai gentiment poussée vers la sortie. Elle n'en revenait pas et m'a dit "mais alors c'est tout ?". Ce à quoi j'ai répondu qu'à quarante-sept ans, j'avais passé l'âge de subir les caprices d'une gamine de quinze ans. Elle était interloquée. Mais bon, professionnel jusqu’au bout je lui ai cependant précisé que sa mère m'ayant parlé de sa peine de cœur, je me sentais tout à fait capable de l'aider si elle le désirait et que mon cabinet lui était grand ouvert à condition qu'elle veuille bien collaborer et que ce serait à elle de prendre rendez-vous.

Ensuite j'ai pris mon téléphone et j'ai prié sa mère de la prendre devant la porte de l'immeuble. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas besoin de sa mère et moi je lui ai rappelé qu'étant mineure elle restait sous ma responsabilité et qu'il m'appartenait d'avertir la personne ayant l'autorité parentale qu'elle sortait une demie heure avant l'heure dite. Le rappel de sa condition de mineure ne lui a pas fait plaisir mais je m'en suis tapé. Je crois qu'elle en aurait pleuré.

Je l'ai salué d'un sonore "bonne journée jeune fille et à bientôt peut-être" avant d'aller vers mon café préféré juste en face de mon cabinet. Bref, les ados me font vraiment chier mais pas tous évidemment,  mais enfin la plupart tout de même.

De toute manière, cela ne sert à rien de forcer quelqu'un à voir un psy si il ne veut pas !

4 Comments:

Blogger Unknown said...

C'est clair! Inquiète par l'humeur maussade et taciturne de mon ado je l'ai emmené voir une psychologue. Le premier RDV il a montré son humeur négative. Au 2 ème tout était beau, tout était gai ce qui a clôturé la poursuite des séances. Il m'a avouée deux années plus tard qu'il en avait fait exprès pour en être débarrassé...! Comme quoi les ados ils se plaisent à trainer des pieds et prendre les autres pour des cons! Mais c'est juste un cap à passer, celui de l'individualisation je pense...

16/11/14 5:29 PM  
Blogger Le Touffier said...

@Adès Rahmani,

Votre observation recoupe une réflexion récente d'une adolescente de 16 ans.
Elle avait séché une séance de psychothérapie en raison d'un soubresaut humoral négatif (elle pleurait pour le dire autrement). Elle ne se sentait pas en mesure de prendre en charge sa psy pendant une séance entière.
La fois suivante, elle a du supporter pendant une heure un discours lénifiant, modèle standard pour adolescent lobotomisé.
Elle a résisté à la torture mentale en se répétant le mantra suivant : "Tiens, maman, 50 euros dans ton cul".

Votre fils est brillant, une seule séance lui a suffi pour adopter la bonne conduite à tenir : rassurer ses parents. Vous pouvez en être fière.

17/11/14 10:19 AM  
Blogger Unknown said...

@Le Touffier: vous avez raison je peux en être fière. C'était moi en effet qui avait besoin d'être rassurée, culpabilisant sur mon rôle de mère divorcée bourrée de doutes et trop faible à l'époque pour lui faire confiance. Il a su me remettre sur le bon chemin et encore maintenant à 17 ans sa clairvoyance m'est très utile!

18/11/14 12:56 AM  
Blogger Élie said...

"prendre en charge sa psy pendant une séance entière" hi hi hi !

Moi comme je suis mauvaise langue, à chaque fois que je retrouve mes ados à la rentrée, pareils à eux-mêmes, je me dis qu'il n'y a que les légumes qui mûrissent en été. Mais je suis mauvaise langue !

11/6/18 5:43 PM  

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