26 janvier, 2015

Mon cadeau de Noël et Saint-Gringeot !

Esquisse de la chapelle Saint-Gringeot !
Mon épouse comme chaque année m'a demandé ce que je voulais à Noël. Et comme chaque année, je lui ai dit que je ne savais pas. En fait si, je sais, mais je n'ose pas trop le dire parce que j'ai toujours des idées un peu baroques. Soit des livres stupides comme par exemple sur les fontaines votives et les bois sacrés, soit des trucs parfois très chers et irréalisables comme par exemple une statue équestre de moi-même que chaque commune pourrait commander pour agrémenter leurs places ou jardins comme elles le firent avec la statue du Poilu victorieux d'Eugène Bénet pour les monuments aux morts de la Grande guerre. A force, j'ai toujours un peu peur de passer soit pour un con soit pour un mec un peu bizarre. Alors je me tais.

Cette année comme l'an dernier, j'ai demandé à mon épouse de me retenir Le Gringeot à titre de marque auprès de l'INPI. Elle trouve que c'est une idée de cadeau complètement idiote parce qu'elle aimerait bien m'offrir un truc chic et cher. Mais c'est que moi, j'y suis attaché au Gringeot, ce personnage mythique dont je vous parle depuis tant d'années.

Je me vois bien décliner la marque Le Gringeot sous forme de vêtements, d'articles de sport, de vaisselle, de linge de maison, de lubrifiant intime et autres godemichés et pourquoi pas, céder des licences à des constructeurs automobiles pour qu'il existe enfin une Aston Martin Le Gringeot, enfin fiable avec un quatre cylindres deux litres diesel économique et un coffre digne de ce nom pour charger du bois  ou les valises quand on part en ouikène avec les mômes !

Et comme mon esprit ne s'arrête jamais, j'ai même imaginé une sorte de culte au Gringeot el que je le décris sur mon blog. De la même manière que durant longtemps, et ce malgré la lutte de l'église contre ces relents païens, on s'est ingénié à faire des saints à partir de tout et n'importe quoi, et même d'un lévrier qui avait sauvé un bébé d'une morsure de serpent, j'aurais bien vu un Saint-Gringeot, saint laïc et contemporain vers lequel on se serait tourné pour un peu tout et n'importe quoi. Enfin, chaque fois que l'on se dit que la vie fait chier et qu'on aurait bien besoin d'un truc solide auquel s'arrimer.

Lorsque l'on regarde sur le bon coin, il ne manque pas de petites parcelles de terrains non constructibles situées au diable-vauvert vendues une misère ! J'imaginais alors d'y bâtir une chapelle simple de béton armé et vibré, carrément indestructible comme un bunker allemand, un simple cube massif, avec des fondations solides, sans autre ornementation qu'une niche accueillant un buste minimaliste du Gringeot en acier et une croix faite en ferraille à béton. Bref, la technologie en vente chez Casto ou chez Leroy-Merlin au service de la Foi !

S'agissant d'une œuvre d'art, nulle procédure d'autorisation auprès de la mairie, on coffre, on ferraille à mort et on appelle la toupie pour couler le béton et le tour est joué. On plante un chêne, symbole de la virilité, à côté et hop un nouveau saint est né. Au début les péquenots tireront la gueule de voir ce cube de béton planté là dans leur cambrousse mais après, une fois le pèlerinage entré dans les mœurs, ils feront comme à Lourdes, ils ouvriront des boutiques ces crevards !

Et voilà, un nouveau culte qui nait, un saint accessible comme tout un chacun, un mec simplement fiable qui assure au jour le jour, qui possède une philosophie de vie carrée, une vie sans fioritures, des gouts classiques, qui n'a pas fait de miracles, rien d'hallucinant, un saint qui propose la verticalité à échelle humaine, une sorte de marchepied vers l'espoir alors que les autres saints sont des échelles vertigineuses tendues vers l'éternité que rares sont ceux qui peuvent les emprunter.

La sainteté par le Gringeot, deux marches pour se rapprocher de Dieu. C'est déjà ça !

On pourrait ensuite aller prier Saint-Gringeot pour lui demander n'importe quoi. Par exemple, s'agissant de ses valeurs viriles, les femmes pourraient l"invoquer pour lui demander d'intercéder afin d'avoir un enfant ou pour trouver un mec correct et non un métrosexuel ou un hipster incapable de s'engager, tandis que les hommes pourraient lui demander de les aider à choper des filles, à accroitre leur vigueur sexuelle, la taille de leur verge ou à augmenter leur musculature sans recourir aux anabolisants.

Et comme le Gringeot, c'est pas vraiment le genre de mec à qui on offre des fleurs, même une fois sanctifié, on pourrait en guise d'offrande, laisser un boulon, un écrou, un morceau de fer, une jante ou même un composant électronique. Cela revivifierait la tradition des arbres à loques, sauf qu'un beau boulon c'est autrement plus classe qu'un vieux slip qui flotte au vent sur un arbuste décati.

En cette époque de matérialisme atterrant, le culte thérapeutique de Saint-Gringeot serait un grand pied de nez à tous les marchands en général et aux laboratoires pharmaceutiques en particulier. Je vois bien des médecins dire à mots couverts, aux patients qu'ils ne pourraient plus traiter : pourquoi ne pas tenter un pélerinage à Saint-Gringeot ?

Et dans ces moments là, quand je suis parti, que mon esprit s'emballe, je serais assez idiot pour ouvrir une souscription via paypal pour ériger la chapelle Saint-Gringeot. J'ai déjà trouvé le terrain au milieu de nulle-part. J'ai déjà contacté le vendeur. Cette bourrique me prenait pour un américain en me proposant un prix deux fois plus élevé pour sa parcelle merdique.

Ne me reste qu'à convaincre mon épouse. La connaissant, elle lèvera les yeux au ciel en me disant "fais ce que tu veux après tout !".

M'en fous la marque m'appartient maintenant que j'ai eue mon cadeau, je la gère comme je veux ! La prochaine fois que le Gringeot passe en chair et en os à la maison, comme un gros traitre, je me précipite derrière lui et lui applique un coup de tampon © sur son gros crâne chauve !


2 Comments:

Blogger Unknown said...

Juste une petite remarque en passant...: j'ai eu le loisir de parcourir l'ensemble des articles de ce blog et une chose m'a frappée: il se trouve une quantité d'articles qui n'ont suscité aucun commentaire, malgré qu'ils soient brillants (l'époque de la "révolution de jasmin par exemple) ou drôles à ce claquer les jambons, et d'autres qui ont déchainés les passions sans que le sujet ou le ton utilisé n'aient pu laisser entrevoir une telle débauche de réactions. Bon ça ne m'empêche pas non plus de dormir, faut pas pousser, mais c'est très curieux.
Groucho Marx (http://grouchomarx.over-blog.com/)

27/1/15 1:33 PM  
Blogger El Gringo said...

"je me précipite derrière lui et lui applique un coup de tampon © sur son gros crâne chauve"

Me voilà prévenu!

12/2/15 10:28 PM  

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