26 décembre, 2019

J'en veux terriblement aux USA 2/2 !


Je disais donc que si les anglais avaient la tradition du club, endroit pénible et compassé, dans lequel un majordome valétudinaire, venait vous apporter une eau chaude pendant que vous lisiez le journal ou que vous parliez à des amis chiants, nous avions nos joyeux bordels et salons littéraires.

 
Voici quelques années, les bordels furent ma lubie, juste avant que je ne me passionne pour l'Everest. J'achetai donc tous les ouvrages sérieux parlant de maisons closes et de demi-mondaines, autrement appelées les "grandes horizontales". C'est ainsi que je retins trois choses :

1- L'expression "c'est le bordel" est d'une rare stupidité car les maisons closes étaient parfaitement organisées dans les moindres détails ;
2- Consommer, 'est à dire monter avec une prostituée, n'avait rien d'obligatoire et la plupart des clients se rendaient au bordel pour y rencontrer des amis, sachant que l'esprit gaulois s’accommodaient mieux d'accortes demoiselles pour faire péter les bouchons de champagne que d'un majordome cacohcyme venu servir de l'au chaude.
3- S'il y eut bien sur des drames, un nombre non négligeable de prostituées, venaient de leurs provinces dans l'espoir de se faire un petit pécule et de repartir y ouvrir un commerce. Finalement, le recours au crédit et l'accès à la formation auront peut-être fait plus contre la prostitution que les lois.

Toujours est-il que les maisons closes parisiennes les plus huppées étaient connues du monde entier. Aujourd'hui, les noms de Chabanais, One-Two-Two ou encore Le Sphynx, évoquent les têtes couronnées et les grandes fortunes qui les hantaient. Le pays qui avait mis le French Can-can, bien que né en Grande-Bretagne à l'honneur, était évidemment qualifié pour être champion des maisons closes. C'est d'ailleurs la célèbre Céleste Mogador, qui mourra Comtesse de Chabrillan, qui amena le Can-Can en France.

Et puis, nous avions les salons littéraires. A ce propos, rappelons aux féministes que les premiers salons littéraires tenus par des femmes datent du XVIè siècle et qu'ils eurent un énorme succès. J'ose espérer que des noms aussi célèbres que Mesdames de Maintenon, de Lenclos ou encore de  Scudéry ne leurs sont pas inconnus. On me rétorquera que "oui mais c'était que des aristos riches". C'est un fait que disposer de temps pour recevoir et parler est généralement le fait des "classes possédantes". Aujourd'hui encore le prolo a d'autres chats à fouetter qu'à tenir salon parce qu'il y a le ménage à faire et le repassage en attente. C'est ainsi que l'on constate que parler de condition féminine est aussi bête que de parler de condition masculine, parce qu'avec de l'argent, quoiqu'on en dise et même que cela ne fait pas le bonheur, ça aide tout de même un peu !

Ces salons littéraires, aussi appelés cercles, bureaux d'esprit, sociétés ou clubs sous l'ancien régime sont vraiment une spécificité française. Car si les anglais, nos éternels concurrents, ont de l'humour, nous, nous avons de l'esprit, ce qui n'est pas peu rien et sans doute supérieur à l'humour anglais. Là, où à l'époque contemporaine, ils ont Peter Sellers, nous avons Gabin, Blier et Ventura servis par Audiard. Bref, nous avons la passion du bon mot et de la construction intellectuelle. Chacun d'entre nous se souvient des excellents Chamfort, le triste, et Rivarol, le rigolo et à une date plus récente Sacha Guitry.

Toujours est-il que nous autres, anglais comme français, avons toujours su faire la différence entre l'essentiel et l'accessoire ce que ne font pas forcément les américains pour qui time is money. L'accessoire, rien à foutre, faut que ça fonctionne et que ça rapporte. 

Qu'il s'agisse des clubs anglais ou de nos salons littéraires, ils ont importé cela en les dénaturant. Il est évident qu'aucun lord anglais ne voudrait faire partie d'un club américain où l'on parle de fric en fumant de gros cigares. Et pour les salons littéraires, ce fut pire encore car leur côté décalé, dandy avant l'heure, fut incompris. Je pense que les américains prirent au sérieux ce que l'on considérait comme un aimable passe-temps. Ils ne comprirent pas que Sartre était plein de duplicité et que derrière le théoricien de la philosophe existentialiste se dissimulait un satyre avide de jeunes étudiantes et ayant compris que quand on n'a pas le physique pour soi, il suffit de jargonner en se donnant un air intelligent pour choper de la "sapiophile". 

La sapiosexualité, pour ceux qui ne sauraient pas encore est le fait pour des femmes d'être attirées par des mecs brillants ou charismatiques. C'est ce qui rend vrai la citation de Guitry : la beauté pour un homme c'est cinq minutes de gagné ! Bien sur si l'on est moche et un peu con, cela devient plus difficle. Bref tout cela pour vous dire que Sartre avait tout compris. Sachant qu'il ne pourrait pas tout miser sur son physique comme le Gringeot, donc j'ai abondamment parlé ici, qui est un adonis taillé en hercule et doté d'un membre impressionnant, il a tout misé sur l'intellect ce qui ne lui a pas mal réussi.

Le salon littéraire, et les coteries germanopratines, qui lui succédèrent a vait donc une double fonction. Bien sur, il s'agissait de se rencontrer entre intellos et de faire assaut de bons mots et de théories savantes mais aussi de choper comme des fous. Parce que quand on est en France, du moins dans l'ancienne France pas encore américanisée, le cul se dissimule souvent derrière les prétextes les plus louables et les plus inattendus.

Qu'il s'agisse de phénoménologie, d'existentialisme, de structuralisme, de constructivisme ou que sais-je encore, qui prenait cela véritablement au sérieux une fois sorti de la Sorbonne ou de la rue d'Ulm ? Sincèrement que reste-t-il d'un Lacan ? Est_ce que quelqu'un en a quelque chose à faire des graphes, des mathèmes et du parlêtre ? Ce maitre en hermétisme aura subjugué certaines personnes et aura plus tenu salon qu'il n'aura été thérapeute, même si je ne doute pas que parfois, cela "aura marché" avec certains.

Et puis, les américains, sans doute complexés par leur manque d'histoire et de culture que la puissance économique ne parvient jamais à compenser, s'emparèrent de la "pensée française". Et comme ils l'ont fait du moindre caillou un peu historique, de la moindre bataille, ils la stadardisèrent, la markètèrent et la dispensèrent dans leurs universités.

Tandis que nous, vieux peuples sachant faire la différence entre l'essentiel et l'accessoire, frivoles comme nous sommes, et tellement habitués aux tourments de l'histoire pour savoir profiter des bons moments quand ils se présentent, aviosn toujours sur rendre à l'université ce qui était à l'université et à la vraie vie ce qui était à la vraie vie, les américains, jeune peuple avide de reconnaissance se mirent à prendre au sérieux nos lubies sorbonnardes et à ne voir dans nos beaux esprits que de purs esprits qu'ils ne furent jamais.

Et depuis, les voilà qu'ils nous bassinnent avec leurs women's studies ou leurs gender studies et autres pensées pénibles standardisées par des gens pénibles n'ayant aucun humour ni recul et n'ayant pas compris que ces théories, tout comme les pantalons à une jambe de Jacques Attali qui ne sont pas faits pour être portés, ces systèmes de pensées aussi astucieux et talentueux soient ils, n'étaient pas faits pour sortir de certains cénacles.

Le drame finalement c'est l'accès de tous à la culture. Tant qu'il s'agit de lire Balzac ou Zola, la culture c'est très bien mais il n'est pas certain que mettre à la portée de tous, toutes les théories loufoques soient une bonne chose. Cela pourra vous sembler bien vaniteux de ma part et je le conçois. Mais aurait-on idée de mettre dans un coffret Chimie2000 vendus à des gosses, tous les ingrédients pour fabriquer un explosif ?

Bref après nous avoir inondé ces dernières années de films pénibles qui sont à l'art ce que sont les franchises à la haute_couture, voilà que les USA nous inondent de théories fumeuses que l'on aurait du garder bien au chaud à l'ENS ou au Deux magots, à l'époque où il n'étais pas envahi de touristes et où l'on pouvait y fumer et y débattre.

Moi, qui me ferais tuer pour le plaisir d'un bon mot, qui sais parler pour ne rien dire, je détesterais que les éléments épars de ma pensée, si toutefois quelqu'un ait pu songer qu'il y eut une unité dans mes écrits, soient condensées et enseignées.

Qu'on se le dise ! Je ne veux pas d'une chaire de Philippe Psy studies à Berkeley !



1 Comments:

Blogger Élie said...

Sartre, chopé Schiappa ?

29/12/19 6:55 PM  

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