J'ai rencontré un confrère sympa !
De temps à autre, ça fait plaisir de parler boutique avec un confrère. Sauf que, et j'ai déjà du l'écrire mille fois, la plupart de mes confrères m'emmerdent royalement. J'ai l'habitude de dire que notre boulot consiste à objectiver du subjectif de manière à transformer une expérience humaines singulière en une sorte de process permettant d'une part de classer en pathologique/non pathologique et le cas échéant de l'améliorer. Bref, si l'on doit écouter le patient, on doit surtout filtrer et mettre en équation les mots afin de les rendre utilisables dans un "processus de guérison".
Or, il y a les confrères qui psychologisent trop et se noient dans un verre d'eau, attribuant à chaque mot une importance capitale alors que ce n'est pas le cas, et puis il y a cette nouvelle race de scientistes, chez les jeunes psychiatres, qui sont persuadés que tout n'est qu'affaire de dosage de tas de trucs qu'il faudra corriger le cas échéant.
Moi, mars en balance oblige, je suis le cul entre deux chaises. Bien sur que j'écoute même si je parle finalement plus que les patients parce que tout ce qu'ils ont à dire n'est pas forcément important. Et évidemment, que j'approuve la prise de médicaments quand ils sont nécessaires même si la correction apportée par la chimie ne saurait rendre l'expérience humaine vécue par ceux qui souffrent.
De toute manière, pour les premiers, je ne suis pas assez intello et sans doute que mon côté ancien juriste les gène, tandis que pour les seconds, je ne suis pas assez scientifiques. Pensez donc, je ne suis même pas un modeste généraliste, comment pourrais-je rivaliser avec un psychiatre ?!
Je suis donc bien en peine de répondre quand on me demande l'adresse d'un confrère. Normalement, je devrais pouvoir en citer dix alors que je n'en connais plus aucun. En cas de nécessité, je dis aux patients de demander à leur généraliste de les adresser à un psychiatre et c'est tout. C'est dans ces cas que mon vieux maitre et ami, le Dr Pierre C. me manque. Parce que tout comme moi, il savait ménager la chèvre et le choux, naviguant entre l'humain et les cellules.
Et puis mercredi dernier, j'ai rencontré un confrère sympa, un jeune de trente cinq ans. Il m'avait téléphoné la semaine d'avant pour me rencontrer et échanger alors on s'est retrouvé au café. C'était assez rigolo. Je savais aussi que c'était le mec d'une de mes patientes mais j'ai attendu qu'il me le dise de lui-même, lui faisant croire que je ne m'étais douté de rien ! Ces jeunes tout de même !
Si ce n'est qu'il est coiffé comme un dessous de bras et qu'il fait du vélo et que moi je viens d'une époque ou l'on se peignait le matin et ou seuls les enfants et les sportifs faisaient du vélo, j'ai trouvé qu'il envoyait bien et surtout qu'il était capable de briser le cadre pour être efficace.
Il m'a rappelé un apprenti curé que j'ai eu voici des années avant qu'il ne soit ordonné prêtre et qui m'avait dit qu'il était sur qu'il ne serait jamais un bon prêtre mais que pécheur comme il l'était, il s'efforcerait d'être un prêtre bon. J'avais apprécié la nuance.
C'est très difficile de respecter l'esprit plus que la loi et j'ai trouvé qu'il le faisait bien. J'ai eu du plaisir à échanger avec lui et même s'il n'a pas mon talent, faut pas déconner tout de même, je pense qu'il pourrait s'approcher de moi. S'il me lit et j'en suis sur qu'il sache que venant de ma part, c'est un compliment immense.
Bref si on me demande maintenant si je connais un confrère sympa, je saurais à qui adresser les patients même si je préviendrai par avance : attention, il est bien mais ce n'est pas moi non plus !
Après ce remarquable article où vous l'aurez noté, je fais preuve d'une grande humilité, passons à un autre sujet !
1 Comments:
Henri Virlogeux disait également qu'il rencontrait de temps à autres des acteurs sympas.
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