De profundis !
Ceux qui me lisent depuis des années connaissaient Sean. Sean avait bien rigolé de la caricature que j'avais faite de lui. Sans doute que cela avait du le flatter.
Caricature ? A peine ! Sean était un homme à part. Venu du nord et issu d'une lignée de mineurs polonais, était un être totalement à part que j'ai eu grand plaisir à fréquenter. Pour décrire sa psychologie improbable, j'avais coutume de le décrire comme un char d'assaut T34 conduit par un psychopathe au cœur d'or. C'était un mélange de force, de violence mais aussi de sensibilité et de gentillesse. Physiquement comme de caractère, il tenait de Depardieu.
A côté de lui, je tenais pour ma part plus de la timide violette, du clerc pointilleux et nuancé. Si d'aventure on m'a parfois trouvé bourrin, sachez qu'à côté de celle de Sean, ma bourrinitude aurait fait figure de ballon de Guebwiller à coté de l'Everest. Lui et moi, nous entendions fort bien, sans doute parce que sa démesure ne me gênait pas, tant elle rendait la mienne très acceptable, tandis que mon esprit nuancé lui était utile. Nous coopérions assez naturellement même si je me montrais plus stratège et lui plus tacticien. En tout cas, il tenait une place de choix dans la galerie de personnes improbables que j'aime à fréquenter. A ses côtés, même le solide Gringeot faisait figure de puceau tatillon, c'est dire si Sean était excessif !
Mangeurs, buveur, baiseur, bosseur, joueur, Sean ne connaissait que l'excès. Mais au moins avait-il eu l'intelligence de cesser de boire. Et c'est lui qui m'emmena la première fois dans une réunion des AA ouverte à tous où il fêtait ses treize ans d'abstinence. C'est une expérience que je n'oublierai jamais et sur laquelle j'avais fait un article voici bien des années.
Sean était intelligent et aimait le risque. Il avait fini par avoir une fort belle situation. Lorsque je l'ai connu il était directeur général d'un important cabinet de syndic de copropriété qu'il tenait d'une main de fer. Ses salariés le redoutaient autant qu'ils l'appréciaient. Peu enclin aux négociations, c'était simple, vous faisiez ce qu'il vous demandait où il vous virait, quelles qu'en soient les conséquences. L'auriez vous menacé des prud'hommes qu'il se serait levé pour vous dire d'aller vous faire enculer avant de se rasseoir et de vaquer à ses occupations en rigolant. Quand on avait eu Sean comme manager, on était sorti de la légion et plus rien ni personne ne vous ferait peur. Ceci dit, il n'était pas rancunier et la plupart du temps, il suffisait de se terrer le temps que sa colère passe. On s'y habituait.
Il était pourtant grandement apprécié par sa capacité à protéger ses troupes. S'il se réservait le droit de vous pourrir la vie comme un boyard l'aurait fait de celle de ses moujiks, il ne l'aurait permis de personne d'autre. Ainsi je me souviens d'avoir parlé à l'une de ses petites gestionnaire de copropriété qui avait été sa salariée. Elle s'appelait Solange, était fille de général et avait été éduquée à Versailles bien loin des corons de Courrières où Sean avait vécu petit.
Je lui avais alors demandé s'il avait été facile de travailler sous les ordres de cet ogre de Sean. Elle m'avait alors dit que passé le moment de stupeur, quand elle avait compris à qui elle avait à faire, cela avait été simple. Sean, m'avait-elle expliqué, n'était pas compliqué, il exigeait de la loyauté et de la bonne volonté mais rien de plus. Il pouvait apparaitre brutal mais ne l'était pas, c'était sa manière d'être et elle l'avait même jugé bien plus sensible qu'il ne voulait le montrer. Il était plus d'une autre époque que d'une autre culture. S'il surprenait c'était forcément en bien car il se montrait bien plus bienveillant que ce que sa rudesse ne laissait deviner.
J'avais acquiescé, connaissant le personnage. Puis elle m'avait narré une aventure qui lui était arrivée l'année passée. Elle débutait alors dans le métier, entamant sa seconde année de gestionnaire de copropriété et n'était pas encore tout à fait rompue à la violence de certaines réunions de copropriétaires. Un soir, lors d'une réunion houleuse, un président de conseil syndical; mécontent de son travail et ulcéré, l'avait traitée de "petite salope".
Le lendemain, elle était encore sous le choc de la violence de l'insulte. Tant et si bien, que Sean s'en était aperçu. Elle avait alors craqué et lui avait avoué la manière odieuse dont elle avait été traitée. Sean lui avait alors dit de se calmer une heure ou deux, de sortir prendre l'air et qu'à son retour, il règlerait le problème. Elle était alors sortie lire en terrasse, le temps de s'apaiser.
A son retour, Sean l'avait convoquée dans son bureau pour régler le différend l'opposant à ce malotru. Il avait alors appelé cette personne et d'une voix suave et aimable lui avait dit qu'il était au courant que sa gestionnaire ne faisait pas l'affaire. L'autre, ne se méfiant de rien, n'avait pas mâché ses mots disant pis que pendre de la petite Solange. D'une voix toujours aussi suave, Sean avait alors proposé à cet homme de le rencontrer dans les plus brefs délais ; sans doute qu'en tant que Directeur général de la société, il saurait proposer une solution valable.
Le président du conseil syndical, flatté que le Directeur général d'une société aussi importante l'appelle en personne avait alors proposé à Sean de le voir le soir même après dix-huit heure. Sean avait accepté et expliqué à Solange qu'ils iraient ensemble et qu'il règlerait le problème. A l'heure dite, Solange montait dans la voiture en compagnie de Sean pour rencontrer le malotru.
Une fois chez lui, Sean s'était présenté de manière sympathique puis, d'un seul coup, comme me le raconta Solange, il s'était approché très près de l'homme, jusqu'à le toucher et lui avait demandé : et moi, est-ce que je suis une petite salope ?
L'homme interloqué n'avait pas su quoi répondre alors Sean avait réitéré sa question en le tutoyant, toujours aussi menaçant : il parait que Solange est une petite salope alors je voudrais savoir si moi aussi, j'en suis une.
Le type assez mal à l'aise avait tenté de le calmer en arguant d'un malentendu, en expliquant qu'il s'était laissé entrainer par sa colère. Sean, le regardant toujours aussi fixement avait encore demandé si lui, aussi était une petite salope. L'autre de plus en plus mal à l'aise lui avait demandé de se calmer. Mais une fois qu'un slave est lancé, rien ne l'arrête. Sean, ne cessait pas de le harceler, jusqu'à ce que l'autre ait vraiment peur. Solange m'avait expliqué, que Sean était était devenu tellement menaçant, et semblait tellement proche de le frapper que le malotru en avait uriné dans son pantalon en tremblant.
Sean l'avait alors saisi par l'oreille en lui intimant l'ordre de se mettre à genoux et l'autre lui avait obéi. Puis, une fois à genoux il lui avait demandé de présenter ses excuses à la jeune Solange, ce que l'autre avait fait en bafouillant. Solange était aussi terrorisée que lui.
Puis, le tenant toujours par l'oreille, il l'avait aidé à se relever et lui avait explique que tout cela resterait entre eux trois. En revanche s'ils s'avisait d'insulter de nouveau Solange ou de remettre le mandat qui liait la copropriété à la société de Sean en cause, alors il reviendrait avec une batte de base-ball pour le tabasser à mort et mettre le feu à son appartement.
Dans les réunions de copropriété, les gens très agressifs sont rarement des gens qui ont connu la violence mais la mime face à des salariés qu'ils imaginent pieds et poings liés. Ce sont souvent, à Paris, des gens issus de CSP+ habitués à la soumission des cadres du tertiaire. Le pouvoir et l'argent qu'ils détiennent les rend souvent odieux plus que véritablement dangereux.
C'est ce qui s'était passé. Face à une gamine de vingt-six, ans le malotru s'était laissé aller aux insultes, mais face à Sean et à son physique de cosaque habitué depuis tout petit à la vraie violence, il avait cédé. Il faut dire qu'ayant vu à une ou deux reprises, Sean très en colère, il était vraiment très impressionnant. Son visage dans ces moments était celui du dingue qui s'en fout de finir ses jours en tôle. Mais il était aussi redoutablement intelligent et il en jouait car il avait compris que dans une bagarre, ce n'est pas forcément le plus fort qui gagne mais celui qui a l'air le plus dingue. Pour un type comme Sean, mettre à l'amende un président de conseil syndical d'une copropriété du XVIIe arrondissement, c'était comme tancer un gamin pénible.
Une autre fois, alors que je faisais une formation pour le compte de son cabinet, j'avais du m'associer avec un type pas très sympathique, un ingénieur centralien. Sean ne l'aimait pas trop non plus. J'avais alors préparé le contrat et l'avait amené à Sean. Sean m'avait alors demandé si tout était correct et je lui avais répondu que de mon point de vue, ça l'était. J'avais rajouté que mon associé du moment l'avait imprimé mais que je ne pensais pas qu'il ait modifié ledit contrat. Sean avait alors demandé à mon associé du moment, s'il avait rajouté quelque chose et l'autre l'avait assuré que non. D'une voix calme, en le fixant dans les yeux, Sean lui avait expliqué : je suis un brave gars qui fait confiance et ça me fait chier de tout relire. Mais si tu as décidé de m'enculer tu le regretteras. Moi, on ne m'encule pas. Si tu le fais, après la formation je suis chez toi, je te tue, je viole ta femme et je mets le feu à ton pavillon. Compris ? L'autre, complètement interloqué, avait bredouillé un oui.
Une fois sorti, mon associé du moment m'avait alors dit que Sean était complètement dingue et que personne ne lui avait jamais parlé comme ça. Moi, connaissant une partie du cinéma de Sean, je lui avais juste rappelé que Sean nous payait très très bien et que d'autre part, c'était un slave et qu'il pouvait se montrer curieux mais qu'il ne fallait pas se formaliser. N'empêche qu'il avait pris l'oseille parce que Sean payait vraiment très très bien et il s'en foutait vu que c'était sa boite qui réglait la facture.
C'était ça Sean, comme je le disais en préambule : un char T34 conduit par un psychopathe au cœur d'or. Un type improbable et totalement anachronique mais particulièrement attachant, un gars qui n'aurait pas hésité à vous massacrer s'il ne vous appréciait pas mais qui était prêt à prendre des risques inouïs pour les gens qu'il aimait. Je suis heureux de l'avoir eu pour ami, d'avoir partagé des dizaines de bons moments avec lui.
Sean n'est plus. Il s'en est allé. Il s'est éteint dans son sommeil d'une crise cardiaque foudroyante. C'est son épouse, qui ne le voyant pas bouger au réveil a constaté son décès. Sean a brulé la chandelle par les deux bouts. Il a bu, mangé, couché et s'est drogué plus que de raison. Il a aussi beaucoup travaillé pour s'extirper de sa triste condition de pauvre gosse du nord. Il avait réussi à l'aube de la quarantaine. Il gagnait beaucoup d'argent qu'il jouait beaucoup au casino, sans doute parce qu'il savait que son passage sur terre serait limité.
C'était un type excessif mais un gars bien. Dans l'Apocalypse 3, il est dit que Dieu vomira les tièdes. Sean était excessif, gelé ou bouillant mais il n'a jamais connu la tiédeur. Je suis sûr que Dieu l’accueillera avec bienveillance dans son paradis.
Ce n'est pas un adieu, tout juste un au revoir. Ici-bas, personne ne t'oubliera, sois en sur !
Le lendemain, elle était encore sous le choc de la violence de l'insulte. Tant et si bien, que Sean s'en était aperçu. Elle avait alors craqué et lui avait avoué la manière odieuse dont elle avait été traitée. Sean lui avait alors dit de se calmer une heure ou deux, de sortir prendre l'air et qu'à son retour, il règlerait le problème. Elle était alors sortie lire en terrasse, le temps de s'apaiser.
A son retour, Sean l'avait convoquée dans son bureau pour régler le différend l'opposant à ce malotru. Il avait alors appelé cette personne et d'une voix suave et aimable lui avait dit qu'il était au courant que sa gestionnaire ne faisait pas l'affaire. L'autre, ne se méfiant de rien, n'avait pas mâché ses mots disant pis que pendre de la petite Solange. D'une voix toujours aussi suave, Sean avait alors proposé à cet homme de le rencontrer dans les plus brefs délais ; sans doute qu'en tant que Directeur général de la société, il saurait proposer une solution valable.
Le président du conseil syndical, flatté que le Directeur général d'une société aussi importante l'appelle en personne avait alors proposé à Sean de le voir le soir même après dix-huit heure. Sean avait accepté et expliqué à Solange qu'ils iraient ensemble et qu'il règlerait le problème. A l'heure dite, Solange montait dans la voiture en compagnie de Sean pour rencontrer le malotru.
Une fois chez lui, Sean s'était présenté de manière sympathique puis, d'un seul coup, comme me le raconta Solange, il s'était approché très près de l'homme, jusqu'à le toucher et lui avait demandé : et moi, est-ce que je suis une petite salope ?
L'homme interloqué n'avait pas su quoi répondre alors Sean avait réitéré sa question en le tutoyant, toujours aussi menaçant : il parait que Solange est une petite salope alors je voudrais savoir si moi aussi, j'en suis une.
Le type assez mal à l'aise avait tenté de le calmer en arguant d'un malentendu, en expliquant qu'il s'était laissé entrainer par sa colère. Sean, le regardant toujours aussi fixement avait encore demandé si lui, aussi était une petite salope. L'autre de plus en plus mal à l'aise lui avait demandé de se calmer. Mais une fois qu'un slave est lancé, rien ne l'arrête. Sean, ne cessait pas de le harceler, jusqu'à ce que l'autre ait vraiment peur. Solange m'avait expliqué, que Sean était était devenu tellement menaçant, et semblait tellement proche de le frapper que le malotru en avait uriné dans son pantalon en tremblant.
Sean l'avait alors saisi par l'oreille en lui intimant l'ordre de se mettre à genoux et l'autre lui avait obéi. Puis, une fois à genoux il lui avait demandé de présenter ses excuses à la jeune Solange, ce que l'autre avait fait en bafouillant. Solange était aussi terrorisée que lui.
Puis, le tenant toujours par l'oreille, il l'avait aidé à se relever et lui avait explique que tout cela resterait entre eux trois. En revanche s'ils s'avisait d'insulter de nouveau Solange ou de remettre le mandat qui liait la copropriété à la société de Sean en cause, alors il reviendrait avec une batte de base-ball pour le tabasser à mort et mettre le feu à son appartement.
Dans les réunions de copropriété, les gens très agressifs sont rarement des gens qui ont connu la violence mais la mime face à des salariés qu'ils imaginent pieds et poings liés. Ce sont souvent, à Paris, des gens issus de CSP+ habitués à la soumission des cadres du tertiaire. Le pouvoir et l'argent qu'ils détiennent les rend souvent odieux plus que véritablement dangereux.
C'est ce qui s'était passé. Face à une gamine de vingt-six, ans le malotru s'était laissé aller aux insultes, mais face à Sean et à son physique de cosaque habitué depuis tout petit à la vraie violence, il avait cédé. Il faut dire qu'ayant vu à une ou deux reprises, Sean très en colère, il était vraiment très impressionnant. Son visage dans ces moments était celui du dingue qui s'en fout de finir ses jours en tôle. Mais il était aussi redoutablement intelligent et il en jouait car il avait compris que dans une bagarre, ce n'est pas forcément le plus fort qui gagne mais celui qui a l'air le plus dingue. Pour un type comme Sean, mettre à l'amende un président de conseil syndical d'une copropriété du XVIIe arrondissement, c'était comme tancer un gamin pénible.
Une autre fois, alors que je faisais une formation pour le compte de son cabinet, j'avais du m'associer avec un type pas très sympathique, un ingénieur centralien. Sean ne l'aimait pas trop non plus. J'avais alors préparé le contrat et l'avait amené à Sean. Sean m'avait alors demandé si tout était correct et je lui avais répondu que de mon point de vue, ça l'était. J'avais rajouté que mon associé du moment l'avait imprimé mais que je ne pensais pas qu'il ait modifié ledit contrat. Sean avait alors demandé à mon associé du moment, s'il avait rajouté quelque chose et l'autre l'avait assuré que non. D'une voix calme, en le fixant dans les yeux, Sean lui avait expliqué : je suis un brave gars qui fait confiance et ça me fait chier de tout relire. Mais si tu as décidé de m'enculer tu le regretteras. Moi, on ne m'encule pas. Si tu le fais, après la formation je suis chez toi, je te tue, je viole ta femme et je mets le feu à ton pavillon. Compris ? L'autre, complètement interloqué, avait bredouillé un oui.
Une fois sorti, mon associé du moment m'avait alors dit que Sean était complètement dingue et que personne ne lui avait jamais parlé comme ça. Moi, connaissant une partie du cinéma de Sean, je lui avais juste rappelé que Sean nous payait très très bien et que d'autre part, c'était un slave et qu'il pouvait se montrer curieux mais qu'il ne fallait pas se formaliser. N'empêche qu'il avait pris l'oseille parce que Sean payait vraiment très très bien et il s'en foutait vu que c'était sa boite qui réglait la facture.
C'était ça Sean, comme je le disais en préambule : un char T34 conduit par un psychopathe au cœur d'or. Un type improbable et totalement anachronique mais particulièrement attachant, un gars qui n'aurait pas hésité à vous massacrer s'il ne vous appréciait pas mais qui était prêt à prendre des risques inouïs pour les gens qu'il aimait. Je suis heureux de l'avoir eu pour ami, d'avoir partagé des dizaines de bons moments avec lui.
Sean n'est plus. Il s'en est allé. Il s'est éteint dans son sommeil d'une crise cardiaque foudroyante. C'est son épouse, qui ne le voyant pas bouger au réveil a constaté son décès. Sean a brulé la chandelle par les deux bouts. Il a bu, mangé, couché et s'est drogué plus que de raison. Il a aussi beaucoup travaillé pour s'extirper de sa triste condition de pauvre gosse du nord. Il avait réussi à l'aube de la quarantaine. Il gagnait beaucoup d'argent qu'il jouait beaucoup au casino, sans doute parce qu'il savait que son passage sur terre serait limité.
C'était un type excessif mais un gars bien. Dans l'Apocalypse 3, il est dit que Dieu vomira les tièdes. Sean était excessif, gelé ou bouillant mais il n'a jamais connu la tiédeur. Je suis sûr que Dieu l’accueillera avec bienveillance dans son paradis.
Ce n'est pas un adieu, tout juste un au revoir. Ici-bas, personne ne t'oubliera, sois en sur !
"Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche."
Saint Jean, Apocalypse, 3
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